mercredi 1 avril 2015

LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN (The Revenge of Frankenstein)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site fuckyeahhammerhorror.tumblr.com

de Terence Fisher. 1958. Angleterre. 1h29. Avec Peter Cushing, Francis Matthews, Eunice Gayson, Michael Gwynn, John Welsh, Lionel Jeffries.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville.
1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Un an après le succès de Frankenstein s'est échappé, Terence Fisher renoue avec les expériences frauduleuses du baron dans La Revanche de Frankenstein. Une suite quelque peu ternie par son demi-échec en salles en dépit d'un résultat assez convenable dans l'hexagone. Après avoir échappé à la guillotine, le baron Frankenstein réussit à s'exiler 3 ans plus tard en Allemagne pour renouer avec ses travaux. C'est avec l'aide d'un assistant et d'un bénévole qu'il continue de parfaire sa mission, celle de créer l'être parfait en transplantant le cerveau d'un génie dans le corps d'un autre sujet. Prenant à contre-pied l'aspect explicitement horrifique de la créature du précédent volet, La Revanche de Frankenstein adopte une démarche beaucoup plus subtile pour mettre en exergue la nouvelle identité d'un monstre estropié. Car complexé d'une infirmité physique, Karl accepte de se prêter à l'expérience scientifique du baron pour retrouver une apparence ordinaire dans le corps saint d'un étranger. Qui plus est, pourvu d'un cerveau intelligent, Frankenstein se motive à l'exploiter afin de créer l'être parfait.


L'apparence beaucoup plus humaine de cette créature hybride renforce l'intensité dramatique émanant de sa situation démunie lorsqu'elle prend conscience que sa fonction cognitive lui remémore la douleur qu'elle éprouvait autrefois dans son ancien corps. D'où une réflexion sur la réminiscence et l'autosuggestion à travers le trouble de la neurologie. Devenu à son tour monstre de foire car à nouveau emprisonné dans un corps dégénératif, son désespoir l'entraîne vers une rancune meurtrière. Cet excellent scénario, nous le devons à un fidèle artisan de la Hammer, Jimmy Sangster. Ce dernier n'hésitant pas non plus à verser dans l'ironie caustique lorsque le Baron souhaite se substituer au monstre par le biais d'une conclusion aussi déroutante que couillue. Se raillant de la religion comme le laisse suggérer Frankenstein depuis ses premières expériences sur la résurrection, le prologue en rajoute une louche dans l'humour noir lorsqu'un prêtre se retrouve finalement décapité par guillotine pour tenir lieu du vrai coupable. En ce qui concerne la caractérisation du Baron, le personnage est ici beaucoup plus posé, moins excentrique et plus avisé afin de paraître aux yeux des autres un scientifique avenant plutôt discret. Aussi à l'aise que dans son précédent rôle, Peter Cushing insuffle un charisme taillé sur mesure dans sa posture de praticien plus sournois à accomplir ses méfaits parmi l'indulgence d'un adjoint moins retors. 


Toujours aussi captivant mais moins spectaculaire et horrifique que son modèle, La Revanche de Frankenstein tire-pari de sa perspicacité narrative à renouveler le concept scientifique du Baron dans une horreur aussi insinueuse qu'insidieuse. Le ressort psychologique de la créature cultivant notamment une réflexion sur l'apparence corporelle avide de sainteté. Un thème d'actualité on ne peut plus édifiant dans une société aussi matérialiste que la notre ! 

La chronique de Frankenstein s'est échappé: http://brunomatei.blogspot.fr/…/frankenstein-sest-echappe-c…

Bruno Matéï
3èx.  

mardi 31 mars 2015

A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site shocktillyoudrop.com

de Ana Lily Amirpour. 2014. U.S.A. 1h39. Avec Sheila Vand, Arash Marandi, Marshall Manesh, Dominic Rains, Mozhan Marno, Rome Shadanloo.

Sortie salle France: 14 Janvier 2015. U.S: 21 Novembre 2014

Récompenses:
Festival du cinéma américain de Deauville 2014: Prix de la Révélation Cartier pour Ana Lily Amirpour (sélection officielle)
Festival international du film de Catalogne 2014: Carnet Jove Jury Award pour Ana Lily Amirpour
Citizen Kane Award for Best Directorial Revelation pour Ana Lily Amirpour
Gotham Awards 2014 : Bingham Ray Breakthrough Director pour Ana Lily Amirpour
Film Independent's Spirit Awards 2015 : Someone to Watch Award pour Ana Lily Amirpour

FILMOGRAPHIE: Ana Lily Amirpour est une réalisatrice, scénariste et productrice américaine.
2014: A Girl walks home alone at night.


Première essai de long-métrage pour la réalisatrice Ana Lily Amirpour, A Girl walks home alone at night est la transposition d'un de ses courts homonymes déjà récompensé au Festival Noor du film Iranien de Los Angeles. Malgré sa relative sortie confidentielle, le film s'attribue d'un succès d'estime chez certains festivaliers, à l'instar du jury de Deauville et de Catalogne (voir ci-dessus).


Tourné en langue perse dans un noir et blanc immaculé, le film emprunte le thème du vampirisme avec la volonté contemplative d'une mise en scène expérimentale oscillant les non-dits de personnages en dérive existentielle. L'action prenant pour cadre un no man's land iranien où quelques marginaux s'adonnent au proxénétisme, à la prostitution et à la drogue pour se donner un semblant de vie à leur existence moribonde. Surgie de nulle part, une femme vampire affublée d'une cape longiligne hante les lieux pour repérer les pêcheurs indociles et les sacrifier. Jusqu'au jour où cette dernière, consciente de son statut délétère, se laisse amadouer par une liaison amoureuse avec un "Dracula" candide ! Voilà en gros le résumé laconique de cette intrigue nébuleuse, une couverture en soit afin de privilégier l'expérimentation d'un climat hermétique où la nature crépusculaire semble détachée du temps quand bien même les rares citadins qui y déambulent suggèrent la nonchalance sentencieuse. Rythmé au son d'une partition éclectique alternant New-wave, Rock et Techno, A Girl walks home alone at night prend le parti de dérouter et fasciner le spectateur dans un brassage de séquences onirico-charnelles (tous les échanges de séduction confinant le couple en étreinte et leur rencard nocturne parfois terni par les vapeurs industrielles) et d'estocades intempestives. L'agissement taciturne de la fille vampire et celui ambigu des citadins exposés à la fragilité de leur quotidien rehaussent d'autant plus l'étrangeté qui s'exalte de son esthétisme perméable.


Pourvu d'un rythme languissant risquant de nuire une frange du public peu habitué à ce type d'expérience abstraite (réfractaires à Under the Skin et Eraserhead, vous pouvez passer votre chemin !), A Girl walks home alone at night fait office d'ovni, tantôt ensorcelant, tantôt opaque, dont l'originalité de ton emportera l'adhésion des plus réceptifs. 

Bruno Matéï

lundi 30 mars 2015

MANGE TES MORTS: Tu ne diras point. Prix Jean Vigo, 2014.

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site papystreaming.com

de Jean-Charles Hue. 2014. France. 1h34. Avec Frédéric Dorkel, Michael Dauber, Jason François, Moïse Dorkel, Philippe Martin, Alexandre Reboncourt

Sortie salles France: 25 Septembre 2014

FILMOGRAPHIE: Jean-Charles Hue est un réalisateur, plasticien et vidéaste français, né en 1968 à Eaubonne. 2009: Carne Viva. 2011: La BM du Seigneur. 2014: Mange tes morts: Tu ne diras point


Oeuvre indépendante au budget minimaliste, Mange tes Morts met en exergue la virée nocturne de quatre marginaux Yéniches (groupe ethnique semi-nomade d'Europe que l'on peut comparer aux Roms) après que le frère aîné eut purgé 15 ans de réclusion pour homicide. Le jour même de sa libération, et par l'influence du benjamin Jason, ils décident de dérober 25 tonnes de cuivre dans le camion d'un entrepôt. 


Pour info, "Mange tes Morts" est une élocution originaire du dialecte manouche signifiant une insulte de haine envers la personne injuriée. Epousant la carte du docu-vérité afin de renforcer l'ultra réalisme des situations et comptant sur l'amateurisme des comédiens néophytes au jeu futilement maladroit, Mange tes Morts réussit à nous immerger durant 1h35 dans l'intimité de quatre paumés ayant comme seul repère l'impériosité de leur doyen inculte. De par l'absence de perspicacité de ce dernier et l'ignorance de ses camarades, cette équipée peut rivaliser avec l'archétype des pieds nickelés tant elle accumule les bévues avec une maladresse intarissable. Si les touches d'humour prêtent parfois même à sourire dans leurs rapports amicaux et divergences de points de vue, l'issue pessimiste (et prévisible) de leur escapade nocturne insuffle l'anxiété par leur inconscience collective à faciliter le danger. Outre l'aspect frénétique de leur nuit étrangement solaire (de par les néons orangers des réverbères qui illuminent l'itinéraire routier et la fumée s'exaltant des usines du Nord), la caractérisation humaniste des protagonistes (solidarité de camaraderie, sens de l'honneur familiale) nous rappelle toujours que l'élément déclencheur de leur mission émane d'une rage de vivre dans leur condition marginale de laissés-pour-compte. Avec ses gueules Yéniches plus vraies que nature et au sens de la répartie volubile, Mange tes Morts réussit donc à nous familiariser parmi la communauté gitane du point de vue d'une jeunesse anachronique sans repère.   


Les Nuits Fauves
Reposant entièrement sur les épaules amateuristes de comédiens novices un peu malhabiles mais néanmoins touchants de sincérité, et sur l'ultra réalisme d'une réalisation parfois expérimentale, Mange tes Morts réussit à dépasser le stade de la fiction dans sa manière documentée à ausculter les états d'esprit de jeunes délinquants aussi fragiles que suicidaires. A découvrir ! 

Remerciement à Pascal Frezzato
Bruno Matéï

vendredi 27 mars 2015

LA NUIT DU LOUP-GAROU (The Curse of the Werewolf)

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.com

de Terence Fisher. 1961. Angleterre. 1h31. Avec Clifford Evans, Oliver Reed, Yvonne Romain, Catherine Feller, Anthony Dawson, Josephine Llewellyn, Richard Wordsworth.

Sortie salles U.S: 7 Juin 1961

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Après avoir rendu hommage à Frankenstein, Dracula, la Momie et le Dr Jekyll, Terence Fisher s'inspire du roman de Guy Endore pour traiter du mythe de la lycanthropie avec la Nuit du loup-garou. Au 18è siècle, une servante muette donne naissance à un enfant après avoir été violée par un vagabond rendu fou de ses années d'emprisonnement en cachot. Recueilli par un couple après la mort de sa mère, le jeune Léon subit la nuit de terrifiants cauchemars lorsqu'il se voit égorger des brebis pour s'abreuver de leur sang. Atteint d'une malédiction depuis le destin sordide de ses parents, Leon se transforme en loup-garou les nuits de pleine lune pour commettre d'horribles meurtres. 


Bougrement inspiré dans sa métaphore sur l'instinct bestial et l'animosité (rancunière) qui sommeille en nous, Terence Fisher se surpasse une fois de plus dans l'art de nous narrer un récit certes prévisible mais transcendé par une mise en scène virtuose ainsi que le profil psychologique de son personnage infortuné. Oliver Reed exprimant avec vigueur une dimension humaine désespérée dans sa condition meurtrie d'avoir été le rejeton d'une malédiction. Incarnation de l'aliénation et de la souffrance de ses parents, Leon symbolise donc la victime primitive lorsque l'iniquité a décidé de s'acharner sur son sort. En prenant soin de nous avoir auparavant documenté sur la genèse miséreuse de ses parents et les conditions bestiales dans lesquelles ils survécurent avant de mourir, Terence Fisher crédibilise l'identité filiale avant de nous immerger dans l'esprit torturé de l'avorton de la honte. Une bête humaine incapable de se délivrer de son instinct meurtrier en dépit de l'amour d'une femme prévenante. Par le biais de cette romance impossible, le cinéaste rehausse l'aspect poignant de cette tragédie dont la Belle et la Bête se fait écho lorsque Léon, rongé par l'injustice, pleure sa condition monstrueuse pour comprendre l'issue irréversible de son sacrifice. En attisant aussi l'expectative de son apparence animale, le film privilégie suspense lattent et suggestion afin de retarder l'apparence horrifiante du lycanthrope. Quand bien même les maquillages astucieux entrevus dans le dernier quart d'heure font preuve de subtilité pour décrire le caractère sauvage et démuni de la bête traquée.


Formellement prégnant dans l'architecture des décors gothiques, l'onirisme de sa nature crépusculaire et l'incandescence de sa photo sépia, La Nuit du loup-garou est rehaussé du brio imperturbable de son auteur, des seconds-rôles robustes et surtout de l'interprétation magnétique d'Oliver ReedDe par son réalisme et l'émotion intense que l'intrigue abrupte véhicule, il en émane un conte horrifique éprouvant, un chef-d'oeuvre à marquer d'une pierre blanche au même titre que ses congénères contemporains, le Loup-garou de Londres et Hurlements


Bruno Matéï
3èx

    jeudi 26 mars 2015

    FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE (The Curse of Frankenstein)

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinenode.com

    de Terence Fisher. 1957. Angleterre. 1h22. Avec Peter Cushing, Hazel Court, Robert Urquhart, Christopher Lee, Melvyn Hayes, Valerie Gaunt, Paul Hardtmuth, Noel Hood.

    Sortie salles France: 29 Novembre 1957. Angleterre: 2 Mai 1957

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville.
    1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


    Premier volet de la saga Frankenstein remis au goût du jour par la célèbre société Hammer Films, Frankenstein s'est échappé confronte un an avant le Cauchemar de Dracula, nos deux gentlemens de l'horreur, Peter Cushing et Christopher Lee. Enorme succès à travers le monde, Terence Fisher réussit ici à réinventer le mythe sans daigner plagier le chef-d'oeuvre de James Whale et parmi le procédé novateur du Warnercolor. Une parti-pris ostensible afin de favoriser l'anxiété du spectateur devant l'apparence estropiée du monstre du Docteur. 


    Christopher Lee endossant son rôle mutique dans une défroque croulante de mort-vivant au visage lardé de plaies et entailles vérolées ! Réduit au monstre de foire, celui-ci est caractérisé comme la symbiose d'une création improbable façonnée entre les mains du savant-fou. De manière décomplexée, Terence Fisher brossant notamment le portrait d'un docteur désaxé car n'hésitant pas à supprimer témoins gênants et à sacrifier la vie d'autrui pour la réussite de ses travaux sur la création de la vie. Arrogant, mégalo, infidèle, obtus et obstiné, Peter Cushing se délecte à exprimer sans retenue ses sentiments indociles dans une mosaïque de folie, de fureur et de perversité. A l'instar de son comportement cynique échangé avec la gouvernante, car n'hésitant pas à l'humilier et la railler lorsqu'elle lui annonce qu'elle porte son propre enfant. Epaulé d'un conseiller humaniste à contre-courant de son esprit sans vergogne, Robert Urquhart lui partage la vedette avec aplomb et inquiétude pour son témoignage désarmé d'assister à des expériences morbides toujours plus licencieuses (le docteur n'hésitant pas à moult reprises à ressusciter sa créature pour parfaire son ambition !). Outre la force de l'intrigue attisant l'expectative de la réussite scientifique avant les revirements de la fuite du monstre, Frankenstein s'est échappé doit beaucoup de sa densité dans l'acuité des rapports de force émis entre le baron et Paul Krempe. Tous deux se livrant aux échanges de point de vue toujours plus virulents quant à la réflexion morale du bien et du mal et avant d'entraîner l'inévitable déroute du Baron. 


    Mis en scène avec brio dans son influence de dépoussiérer le genre horrifique et brillamment interprété (le trio incompatible se démène avec une rogne en crescendo !), Frankenstein s'est échappé réactualise l'histoire de Mary Shelley parmi l'audace de l'étude caractérielle. Celle du baron symbolisé ici comme un meurtrier orgueilleux littéralement aveuglé par sa déchéance morale. Quant à la fonction monstrueuse de Christopher Lee, il se livre au jeu de la pantomime dans une psychose éperdue et parmi l'exubérance de maquillages graveleux ! Une relecture aussi intelligente que passionnante sous l'effigie gothique d'Hammer Films !

    La chronique de la Revanche de Frankenstein : http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-revanche-de-frankenstein…

    Bruno Matéï
    2èx

    mercredi 25 mars 2015

    LA FRENCH

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

    de Cédric Jimenez. 2014. France. 2h15. Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Céline Sallette, Mélanie Doutey, Guillaume Gouix, Benoît Magimel, Bernard Blancan, Bruno Todeschini, Moussa Maaskri, Féodor Atkine.

    Sortie salles France: 3 Décembre 2014

    FILMOGRAPHIE: Cédric Jimenez est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 26 Juin 1976 à Marseille.
    2012: Aux Yeux de tous. 2014: La French


    Inspiré de l'enquête de Pierre Michel, ancien juge pour enfant recruté pour se charger du grand banditisme Marseillais au milieu des années 70, La French retrace son parcours échevelé pour appréhender un illustre mafieux, Gaëtan Zampa, magnat du trafic de drogue à échelle internationale. On peut aussi rappeler qu'à cette époque la ville de Marseille est considérée comme la capitale mondiale de la drogue traitant en priorité son exportation avec celle des Etats-Unis. Polar français tourné à l'américaine dans la nervosité de sa mise en scène, son sens du découpage affûté, ses éclairs de violence tranchée et le calibre de son budget, La French joue la carte de la fresque mafieuse dans une scénographie exotique du Sud de la France. Tiré d'une histoire vraie dont je tairais le dénouement de l'intrigue quant à l'éventuel victoire du Juge Michel contre le parrain Gaëtan Zampa, le film se permet de prendre quelques distances avec la réalité historique, à l'instar de cette confrontation en tête à tête entretenue entre nos deux rivaux et du destin réservé au truand. 


    D'une durée un peu excessive de 2h15, le film débute comme un solide polar d'une belle efficacité dans les rapports de force intraitables établis entre Michel et Zampa, quand bien même le réalisateur accorde également un certain intérêt à privilégier les relations familiales, principalement celle du Juge davantage terni par sa discorde conjugale. Sur ce point, la faible empathie que l'on éprouve face à leur relation houleuse prouve que le cinéaste ne maîtrise pas cet arc romanesque car trop vite expédié et finalement mal développée dans les rapports de couple. Et malgré la sincérité des comédiens à offrir le meilleur d'eux mêmes (en particulier, le jeu naturel de Céline Sallette découverte dans la série Les revenants !), on a du mal à croire à leurs échanges amoureux en voie de perdition. En prime, le cheminement narratif riche en subterfuges et traîtrises, stratégies de filature et règlements de compte sanglants se perd un peu en cours de route par l'intensité poussive des enjeux. Notamment la manière redondante dont Zampa et le juge Michel alternent accalmies et provocations avant leur prochaine altercation. Hormis ses scories et grâce au savoir-faire de la réalisation, des excellents seconds-rôles aux trognes burinées et des brillantes interprétations de Jean Dujardin et de Gilles Lellouche, le film s'impose comme un divertissement haletant émaillés de moments forts sans jamais glorifier l'univers de la pègre dans leur hiérarchie inflexible. A l'instar de son final à l'émotion rigoureuse car baignant dans l'amertume d'une demi-mesure après avoir ciblé la culpabilité d'un indic et la responsabilité d'une corruption policière. 


    "French Connection" à l'américaine
    Efficace et rondement mené, mais parfois contrebalancé par la défaillance de séquences inutiles s'étirant en longueur, la French se perd un peu à mi-parcours à réguler l'intensité des enjeux lors des rivalités à haut risque. Néanmoins, on se réconcilie à nouveau avec l'intensité émotionnelle de son point d'orgue alarmiste pour finalement approuver ce polar à l'américaine dont la reconstitution des années 70 ne manque pas non plus de carrure. De par l'esthétisme de sa photo sépia, le souci du détail des infrastructures et l'ameublement des logements, les tenues vestimentaires et le charme rétro de sa bande-son pop/disco. 

    Bruno Matéï


      mardi 24 mars 2015

      Capitaine Kronos, tueur de Vampires / Captain Kronos - Vampire Hunter

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorseek.com

      de Brians Clemens. 1974. Angleterre. 1h31. Avec Horst Janson, John Carson, Shane Briant, Caroline Munro, John Cater, Lois Daine, William Hobbs.

      Inédit en salles en France. Sortie Angleterre: 7 Avril 1974

      FILMOGRAPHIE: Brian Clemens est un réalisateur, producteur et scénariste, né le 30 Juillet 1931 à Croydon, décédé le 10 Janvier 2015.
      1974: Capitaine Kronos, Tueur de Vampires.


      Inédit en salles en France et précédé d'un échec commercial à travers le monde, Capitaine Kronos, tueur de vampires est l'une des dernières tentatives pour la Hammer de redorer un second souffle au mythe du suceur de sang. Cette tentative moderne étant conçue à l'origine comme un prototype où devait se succéder en guise de succès une série de films mettant en valeur les bravoures du Capitaine Kronos. Pour la réalisation et son unique incursion derrière la caméra, la production fait appel au scénariste Brian Clemens, réputé pour avoir écrit certains épisodes de la série TV, Chapeau Melon et bottes de Cuir, et préalablement responsable du script du Dr Jekyll et Sister Hyde. Le pitchDans un village, la découverte de cadavres de femmes prématurément sclérosées inquiète la population. Dépêché par le docteur Marcus, Capitaine Kronos et son acolyte, le professeur Grost, se lancent dans une longue traque afin d'appréhender le mystérieux assassin, quand bien même sur leur chemin ils sauvent de la mort une charmante vagabonde. Série B mineure au sein de la filmographie de la HammerCapitaine Kronos, tueur de vampires est un mélange désordonné de situations horrifico-épiques alternant les séquences chocs avec d'autres accalmies (in)volontairement cocasses. Délibéré à détourner les codes du genre, Brian Clemens emprunte quelques idées saugrenues dans les stratégies de défense imposées aux héros et dans leur manière hétérodoxe de tuer le vampire, sans craindre de sombrer dans le ridicule.


      A l'instar de cette victime increvable que Kronos tente de détruire à l'aide du traditionnel pieu et par pendaison. Une séquence improbable où le grotesque se dispute à la cocasserie dans les efforts réguliers de Kronos et de son comparse Grost. Peu favorisé d'un scénario des plus élémentaires (toute l'intrigue se résumant à une traque échevelée au vampire entre deux trêves romanesques !), le film accumule les agressions sanglantes du vampire sans visage (il reste encapuchonné durant la majorité du récit) se nourrissant de l'énergie vitale de ses victimes. Ce concept novateur exploitant le thème de l'éternelle jeunesse influencera d'ailleurs la décennie suivante Tobe Hooper pour son ambitieux projet de science-fiction horrifique, Lifeforce ! Epaulé de décors plus sophistiqués que de coutume (l'antre du château est constitué d'une architecture baroque parmi la fulgurance d'une photo criarde), le film est également traversé de plages d'onirisme stylisé, à l'instar du duel à l'épée que Kronos accomplit contre ses adversaires au sommet d'une nécropole. Peu à l'aise derrière la caméra, Brian Clemens tente de pallier ses carences techniques et narratives avec une succession de séquences hybrides où l'aventure, la romance et l'horreur se condensant dans un esprit semi-parodique. En prime, la stature inexpressive du héros principal endossé par Horst Janson renforce le côté bisseux de l'entreprise en dépit de sa modeste sympathie à relever le défi de ces actes pugnaces. Quand bien même sa charmante compagne incarnée par Caroline Munro se prête au jeu de la séduction dans une posture timorée.


      Maladroit et fauché, sporadique et interlope, mais traversé de séquences oniriques quelque peu marquantes, de scènes gores inventives et baignant dans un climat insolite un tantinet séduisant, Capitaine Kronos, tueur de Vampires fait figure d'avorton hybride au sein de l'industrie Hammer. Les inconditionnels aguerris devraient toutefois trouver l'expérience probablement ludique par sa facture iconoclaste si on sait faire fi de certaines longueurs. 

      *Bruno
      21.01.23. 4èx