mardi 23 février 2016

LAND OF THE DEAD (le territoire des morts).

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

de George A. Romero. 2005. U.S.A/Canada/France. 1h37. Avec Simon Baker, John Leguizamo, Dennis Hopper, Asia Argento, Robert Joy, Eugene Clark, Joanne Boland.

Sortie salles France: 10 août 2005. U.S: 24 juin 2005

FILMOGRAPHIE: Georges Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York. 1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead.


20 ans après le Jour des Morts-vivantsGeorges Romero s'entreprend en 2005 d'offrir une suite à sa légendaire trilogie avec Land of the Dead. Série B horrifique avant tout conçue sur l'action d'affrontements homériques entre survivants et zombies, Land of the dead continue d'exploiter le thème de l'intelligence des zombies par le biais du souvenir et de l'instinct des habitudes que le docteur Frankenstein avait préalablement su expérimenter sur le sujet Bub. L'action d'aujourd'hui prend pour cadre une cité urbaine de Pittsburgh juste après l'apocalypse. Après avoir été trahi par le gouverneur Kaufman, un mercenaire latino s'y rebelle en lui dérobant l'éclaireur, un camion ultra perfectionné pourvu de lance-roquettes. Exigeant une rançon contre l'engin blindé, Kaufman renonce à sa transaction et fait appel à Riley afin de récupérer l'éclaireur. Epaulé de son adjoint Charlie et d'une marginale, ils partent accomplir leur mission au moment même où les zombies doués de lucidité s'organisent en masse pour affronter les vivants.


Etablissant une analogie au terrorisme du 11 septembre par le biais (avant-coureur) d'une menace interne, Land of the Dead exploite une intrigue suffisamment haletante et captivante pour y dénoncer la responsabilité d'un dirigeant en tractation avec un activiste aussi véreux. En l'occurrence, Cholo, employé de ravitaillement de nourriture délibéré à récupérer sa part du gâteau après avoir été dupé. Avec ironie (notamment le portrait à contre-emploi de Dennis Hopper) et une violence gore décomplexée, George A Romero parvient à mettre en exergue une flamboyante bande-dessinée conçue sur l'efficacité d'enjeux de survie entre mercenaires, rupins et zombies. Outre l'intensité de cette dangereuse mission à se disputer la mise d'un fourgon customisé, Romero s'attarde également à dresser un portrait humaniste sur cette communauté désoeuvrée de zombies en instance de conscience. Eveillés par la perspicacité rebelle d'un afro américain, ces derniers vont s'efforcer de concrétiser leur vengeance après avoir été exploités par la cupidité de leurs ancêtres. Formellement fascinant dans une photo scope aux teintes noires/azur, la scénographie urbaine affiche un onirisme macabre aussi envoûtant que mélancolique, comme le soulignent les états d'âme endeuillés de nos zombies et la loyauté de dernier ressort des survivants. Pourvu d'un charisme infaillible, les comédiens remarquablement dessinés parviennent à donner chair à leur personnage avec une vérité humaine parfois poignante et un héroïsme jamais pédant (si on épargne le zèle assumé de l'excellent John Leguizamo). Outre ses têtes d'affiche souvent méconnues mais très attachantes par leur esprit de cohésion (principalement le duo Riley/Charlie), Land of the Dead est également rehaussé de la présence photogénique des zombies putréfiés. Des êtres hagards sillonnant les ruelles urbaines avec une amertume souvent empathique dans leur condition démunie. Sous l'impulsion de cette menace en voie de sédition, l'univers crépusculaire dans lequel ils évoluent nous magnétise l'esprit parmi la sobre émotion d'un score fragile (on pense aussi à l'ambiance noire et ensorcelée d'un Carpenter).


Si Land of the Dead n'atteint jamais la quintessence de la trilogie par son manque d'ambition et le contexte éculé de son message socio-politique, George Romero parvient tout de même à cristalliser une solide série B constamment efficace par sa structure narrative vigoureuse et la virilité d'un jeu d'acteurs à la complicité commune. Petit bémol, et en dépit de sa sympathique prestance, on aurait peut-être aimé un peu plus d'entrain de la part d'Asia Argento pour affirmer sa stature guerrière malgré la beauté effrontée de son charme félin. 



lundi 22 février 2016

LES 7 CITES D'ATLANTIS

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Warlords of Atlantis" de Kevin Connor. 1978. Angleterre. 1h36. Avec Doug McClure, Peter Gilmore, Shane Rimmer, Capitaine Daniels, Lea Brodie, Michael Gothard, Hal Galili, John Ratzenberger, Derry Power.

Sortie salles France: 12 juillet 1978. U.S: 15 Mai 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni).
1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.


Spécialiste de l'aventure mythologique comme en témoignent le 6è Continent, Centre Terre-septième continent et Le Continent Oublié, Kevin Connor rajoute une corde à son arc avec Les 7 cités d'Atlantis, juste avant d'achever son cycle parmi le Trésor de la Montagne sacrée. Un spectacle familial aussi exaltant que spectaculaire lorsqu'une poignée d'aventuriers échouent sur l'île engloutie d'Atlantis pour y côtoyer une étrange civilisation. Car depuis la dictature du chef Atmir, ils vont devoir user de stratégies afin de s'échapper de ce lieu tenu secret depuis des millénaires. Nanti d'effets spéciaux cheap mais néanmoins assez convaincants lorsqu'il s'agit de donner chair aux monstres préhistoriques, Les 7 Cités d'Atlantis exalte un parfum rétro réjouissant dans son alliage de fantaisie et d'action périlleuses, de fantastique, de merveilleux mais aussi d'anticipation, sachant que le peuple extra-terrestre d'Atlantis est issu de la planète Mars. Si l'intrigue simpliste n'apporte aucune surprise au cheminement de survie de nos héros, la vigueur des affrontements avec les monstres, les échanges de tirs entamés contre l'ennemi et les situations excentriques (l'expérience du casque aux visions prémonitoires) cultivent une modeste efficacité sous l'impulsion attachante de personnages solidaires. C'est sans compter sur la bonhomie des comédiens de seconde zone (l'acteur fétiche en tête Doug McClurese) se prêtant au jeu héroïque avec ferveur alors que d'autres vont servir de transfuge pour endosser une fonction insidieuse inscrite dans la cupidité. Une manière efficiente d'épicer l'intrigue de quelques revirements autour de la convoitise d'une relique en or.


Cheap et naïf par son récit débridé, sa scénographie en carton pâte ou en matte-painting et ses monstres articulés, mais dégageant un charme rétro irrésistiblement attachant, Les 7 Cités d'Atlantis constitue un divertissement familial généreux et sincère dans sa modeste création dénuée de prétention. 


vendredi 19 février 2016

MASSACRE AU CAMP D'ETE

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site contrebandevhs.blogspot.fr

"Sleepaway Camp" de Robert Hiltzik. 1983. U.S.A. 1h24. Avec Felissa Rose, Jonathan Tiersten,
Karen Fields, Christopher Collet, Mike Kellin, Katherine Kamhi, Paul DeAngelo, Tom Van Dell.

Sortie salles U.S: 18 Novembre 1983

FILMOGRAPHIE: Robert Hiltzik est un producteur, scénariste et réalisateur américain.
1983: Massacre au camp d'été. 2008: Return to Sleepaway Camp (Video) .


Précédé d'une réputation sulfureuse pour la révélation traumatique du meurtrier lors d'un dénouement resté dans toutes les mémoires, Massacre au camp d'été surfe sur la vague déferlante du Slasher forestier initié par Vendredi 13. Bien que sa conclusion aussi originale qu'effrayante parvient réellement à susciter un malaise tangible, Massacre au camp d'été fait pâle figure comparé à son modèle et ses disciples beaucoup plus ludiques et maîtrisés (Carnage, Humongous, Survivance, Rituals). En dépit d'idées plutôt originales pour le genre (le trouble identitaire chez un refoulé sexuel et l'homosexualité suggérée chez certains suppléants autoritaires), l'intrigue peine à motiver notre intérêt tant les situations éculées sont paresseusement exploitées autour des humiliations quotidiennes d'une souffre-douleur autrefois traumatisée par la mort accidentelle de son père. Depuis ses persécutions, ses oppresseurs vont un à un faire les frais d'un mystérieux meurtrier multipliant les stratégies afin de les trucider de la manière la plus cruelle.


Sans une once de suspense ou de tension et sans chercher à nous interroger sur l'éventuelle culpabilité d'un ou de plusieurs suspects, Robert Hiltzik émaille son récit de mises à mort gentiment spectaculaires mais désamorcées du hors-champ si on épargne un meurtre à l'arme blanche assez grotesque quand on se réfère à la posture inexpressive de la victime. Privilégiant la résultante du crime, le réalisateur réussit tout de même à provoquer une certaine répulsion lorsqu'un cuisinier s'ébouillante le visage avec une marmite et quand un ado se retrouve coincé dans les WC pour s'opposer à un essaim d'abeilles. Au faible intérêt narratif où l'on peine notamment à distinguer le caractère puéril de chaque personnage, le réalisateur n'épargne pas non plus le ridicule lorsque le moniteur du camp est persuadé que le fidèle ami d'Angela constitue le véritable meurtrier. Multipliant les outrances physiques et verbales, Mike Kellin (l'alcoolo entrevu dans le prologue de Survivance) fait preuve d'un cabotinage grotesque à tenter de nous convaincre que cet éventuel suspect serait à l'origine des méfaits. Difficile donc d'éprouver une quelconque empathie à cette clique de vacanciers passant leur temps à batifoler et flirter quand il ne s'agit pas de se gausser d'Angela. Souvent mutique et prostrée dans une lassante expression d'apathie, Felissa Rose parvient aussi timidement à éveiller la compassion dans son statut infortuné.


Faute d'une réalisation aseptique, d'un scénario redondant et d'une direction d'acteurs maladroite, Massacre au camp d'été ne parvient pas à captiver par son absence flagrante de suspense et de tension, et ce en dépit du contexte singulier imparti à la pathologie de l'assassin. Néanmoins, avec une grande indulgence, on peut juger le spectacle futilement plaisant avant de se confronter à l'horreur viscérale de sa conclusion perturbante. Rien que pour ce moment d'anthologie, Massacre au camp d'été mérite tout de même le coup d'oeil. 

jeudi 18 février 2016

LES FLEURS DE SANG / LA NUIT DE L'EPOUVANTAIL

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorphilia.com

"Dark Night of the Scarecrow" de Frank De Fellita. 1981. U.S.A. 1h39. Avec Jocelyn Brando, Larry Drake, Charles Durning, Tonya Crowe.

Diffusion TV U.S: 24 Octobre 1981

FILMOGRAPHIEFrank De Fellita est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 3 Août 1921 à New-York. Il est le scénariste et producteur de l'Emprise et Audrey Rose.
1991: Scissors.  1986 Killer in the Mirror (TV Movie).  1981 Les fleurs de sang (TV Movie). 1979: The Two Worlds of Jennie Logan (TV Movie).  1973 Danger Doberman (TV Movie) (as Frank DeFelitta).  1965 The Stately Ghosts of England (TV Movie) .  1962 The DuPont Show of the Week (TV Series) (1 episode) . - Emergency Ward (1962).  1961 Assignment: Underwater (TV Series) (1 episode) . - Dead Weight (1961)


Télé-film horrifique devenu au fil des décennies un petit classique du genre, La Nuit de l'Epouvantail (ou les Fleurs de sang si je me réfère à son exploitation en VHS) marqua toute une génération de spectateurs grâce à ses multi-diffusions sur la chaîne la Cinq. Sous son format télévisuel, on est agréablement surpris de se retrouver face à une facture cinégénique ! Tant par le soin apporté à la réalisation, à la musique envoûtante, à la prestance dépouillée des comédiens (Charles Durning en tête dans un rôle de pervers insidieux reniant toute réflexion irrationnelle !), à sa photo contrastée et à son ambiance inquiétante qui va planer durant tout le cheminement anxiogène des coupables. A la suite de l'agression d'une fillette par un chien; Bubba, l'idiot du village, est accusé à tort par un quatuor d'ouvriers avides d'auto-justice. Planqué derrière l'apparence d'un épouvantail au milieu d'un champ, Bubba est froidement abattu par ces derniers, persuadés qu'il était à l'origine du meurtre de la fille. Mais cette dernière survit pourtant à ses blessures. Rongés par le remord, ils décident de maquiller le crime. Relaxés par la justice, ils se retrouvent dès leur sortie persécutés par une présence invisible si bien que l'un d'eux succombe à un accident meurtrier. 


En exploitant habilement le thème de l'épouvantail meurtrier, Frank De Fellita parvient à faire naître une certaine angoisse grâce à la suggestion d'un surnaturel sans fard. Et c'est bien là la vraie qualité de La Nuit de l'Epouvantail (renouer avec un Fantastique éthéré) tant le cinéaste réfute à se laisser animer par un regain de surenchère ou de grand guignol (l'épouvantail symbolique étant également peu présent à l'écran). L'intrigue privilégie donc l'expectative des meurtres souvent perpétrés de manière accidentelle si bien que l'on est en droit de se questionner sur l'éventuelle culpabilité d'un complice revanchard (la mère de Bubba, l'avocat et la fillette seront successivement suspectés par les complices criminels). En jouant avec les nerfs de ces quatre gugusses malmenés par leur leader autoritaire et épris de panique à affronter le danger sous-jacent, Frank De Fellita distille un suspense diffus au fil de leurs tourments tout en dressant un portrait dérisoire sur leur médiocrité morale. Epaulé d'un score lancinant, l'ambiance ombrageuse y gagne en intensité parmi son efficacité narrative s'attachant surtout à dénoncer la lâcheté et l'intolérance de tortionnaires incapables de discerner la bonté de l'innocence. Par l'impulsion spontanée d'un personnage déficient inévitablement attachant, on peut vanter la prestance émotive de Larry Drake tant il parvient à susciter l'empathie pour sa tendre amitié entretenue avec la fillette mais aussi pour sa condition psychologiquement torturée d'endurer une traque impitoyable avant de subir la cruauté d'un lynchage communautaire. S'identifiant à ce personnage martyr, nous éprouvons donc un vrai intérêt à suivre les motivations occultes d'une menace sans visage et à y découvrir qui se cache éventuellement derrière le masque parmi l'impuissance terrifiée des quatre engeances.


Grâce à son efficacité narrative et l'art de relater avec simplicité un conte horrifique promu par l'effet de suggestion (la dernière image onirique marque aussi les esprits), La Nuit de l'Epouvantail captive et inquiète sous l'impulsion d'un surnaturel indicible titillant l'imagination névrosée de ses oppresseurs. Digne d'une oeuvre de cinéma, une excellente série B à redécouvrir avec vif intérêt !

18.02.16 (3èx)
15.03.11 (422 v)

mercredi 17 février 2016

L'IMPORTANT C'EST D'AIMER. César de la meilleure actrice, Romy Schneider.

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site critikat.com

d'Andrzej Zulawski. 1975. Allemagne/France/Italie. 1h52. Avec Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc, Claude Dauphin, Roger Blin, Gabrielle Doulcet, Michel Robin, Guy Mairesse, Katia Tchenko.

Sortie salles France: 12 février 1975 (avec mention: Interdit aux - de 18 ans).

FILMOGRAPHIE: Andrzej Zulawski est un réalisateur, scénariste, écrivain, metteur en scène de théâtre polonais, né le 22 Novembre 1940 à Lwow (Lviv).
1971: La Troisième partie de la nuit. 1972: Le Diable. 1975: L'Important c'est d'aimer. 1981: Possession. 1984: La Femme Publique. 1985: L'Amour Braque. 1987: Sur le globe d'Argent. 1989: Mes Nuits sont plus belles que vos jours. 1989: Boris Godounov. 1991: La Note Bleue. 1996: Chamanka. 2000: La Fidélité. 2015: Cosmos.


                                                Une chronique exclusive de Mathias Chaput

Synopsis :
Servais Mont est un reporter photographe qui a couvert de grands événements, notamment la guerre du Vietnam et les conflits en Algérie...
Dorénavant il végète un peu à droite à gauche, scrutant le moindre scoop pouvant lui rapporter un maximum d'argent facile...
Il n'hésite donc pas à faire des photos pornographiques en effectuant des clichés de gens partouzards à leur insu, derrière une glace sans tain !
Alors qu'il déboule clandestinement sur le tournage d'un film, il prend en photo l'actrice Nadine Chevalier alors qu'elle effectue une scène très difficile à jouer (l'amour avec un homme sur le point de mourir)...
Très vite une relation ambigüe va se nouer entre les deux protagonistes car le mari de Nadine est impuissant et ne lui fait, pour ainsi dire, jamais l'amour...
Nadine voit en Servais un échappatoire et une possibilité d'assouvir et de réguler ses pulsions et ses fantasmes sexuels débridés !
Mais l'homme reste hermétique à tout celà...
Le film relate donc les difficultés des relations dans un couple et transcrit les tenants et les aboutissants d'un périclitement conjugal, avec comme issue, soit la mort soit la déception éternelle...


Mon avis :

"L'important c'est d'aimer" est un des films les plus "posés" du grand Zulawski, ici beaucoup moins de survoltage et de délires baroques que l'on retrouvera dans ses métrages postérieurs...

Zulawski prend tout son temps pour délivrer les émotions et les angoisses de ses comédiens et s'applique, comme toujours, à relater des tranches de vie de gens écorchés vifs, souffrant d'une pathologie inhérente à leurs conditions, en l'occurrence ici, à leurs vies de couples !

Dès le démarrage, on est dans le ton : Romy Schneider se donne à fond et sans retenue et Testi semble comme un électron libre, vacillant dans un univers d'opprobre, cerné par un entourage de pervers aussi repoussants que sociopathes...


Les personnages secondaires sont également bien entamés notamment Michel Robin en vieil alcoolique atteint de délirium et Kinski déjà à la folie bien amorcée qui électrise le film par sa composition au summum de la catharsis...

Ceci étant, "L'important c'est d'aimer" n'occulte nullement l'aspect dramatique et tragique et fait des transferts/parallèles entre le monde virtuel (celui du cinéma) et l'univers réel (les difficultés du quotidien et de la gestion d'un couple)...

Ce n'est d'ailleurs pas innocent si l'oeuvre de Zulawski s'inspire de la "Nuit américaine", sorte de mise en abyme de la pièce de théâtre que Nadine essaie, non sans mal, de jouer, captant avec difficultés ce que le réalisateur veut lui inculquer et insuffler...


Zulawski, par son immense talent, arrive avec facilité via une direction d'acteurs au cordeau, à décortiquer des situations lambda et fréquentes, que nous avons tous plus ou moins déjà rencontrées, et provoque un bouleversement affectif aussi bien dans ses séquences que chez le spectateur...

En gros, il nous explique que le plus simple c'est juste d'AIMER sans se poser de questions et rendre heureux ceux qui nous entourent et que l'on aime...

La dernière phrase du film veut tout dire et se conclut par un "Je t'aime" dans  la bouche de Romy Schneider !

Je dédicace ma critique à Pierre, qui lui aussi a tant d'amour à donner et à recevoir !

Note : 9/10

Récompense: César de la Meilleur Actrice, Romy Schneider, 1976.

mardi 16 février 2016

SUBURRA

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Stefano Sollima. 2015. Italie/France. 2h15. Avec Pierfrancesco Favino, Greta Scarano, Jean-Hugues Anglade, Elio Germano, Alessandro Borghi, Giulia Gorietti, Lidia Vitale, Claudio Amendola.

Sortie salles France: 9 décembre 2015. Italie : 14 octobre 2015

FILMOGRAPHIE: Stefano Sollima, né le 4 mai 1966 à Rome, est un cinéaste et réalisateur italien. FILMS: 2012: A.C.A.B.: All Cops Are Bastards. 2015: Suburra. SERIES TV: Un posto al sole - soap opera (2002), La squadra - série TV, 7 épisodes (2003 - 2007), Ho sposato un calciatore - mini série (2005),
Crimini - série TV, épisodes Il covo di Teresa, Mork et Mindy et Luce del nord (2006 - 2010)
Romanzo criminale, 22 épisodes (2008 - 2010). Gomorra, 12 épisodes (2014 - 2015).


Révélé par le film A.C.A.B. et les séries TV, Romanzo Criminale et Gomorra, Stefano Sollima n'en finit plus de prouver l'étendue de son talent avec une nouvelle bombe sépulcrale, Suburra. D'une puissance émotionnelle rigoureuse pour les revirements impromptus des vendettas criminelles (on ne devine jamais quel est la prochaine victime à trépasser et par qui elle sera exécuté !), l'intrigue retrace avec souci de réalisme et de limpidité le déclin en chute libre de clans mafieux se disputant le projet de casinos parmi la complicité véreuse d'un parlementaire et d'un cardinal. Ou comment la mort par overdose d'une mineure va déclencher chez eux une dérive d'exactions revanchardes depuis la culpabilité d'un politique. Fort d'une mise en scène épurée et d'une bande-son stylisée constamment ensorcelante, Suburra nous immerge de plein fouet dans cet univers vénéneux où chacun des témoins tentent d'accéder à la suprématie avec une détermination intraitable. L'emploi de la violence chez la nouvelle génération s'avérant notamment désordonnée et d'une cruauté sans limite dans leurs pulsions de rancoeur et d'allégeance. A cet égard, les éclairs de violence poisseuse qui traversent le récit font preuve d'une crudité acérée quand bien même une certaine fascination malsaine s'en extrait sans sombrer dans la complaisance.


Chaque exécution n'étant que le vecteur des conséquences tragiques d'une réaction en chaîne de vendetta mafieuse. Si l'intrigue éculée a déjà été maintes fois exploitée dans les classiques du genre que Scorcese, De Palma, Mann et Coppola ont su optimiser avec quintessence, Stefano Sollima parvient à renouveler les codes grâce à la virtuosité de sa réalisation d'une précision métronome, son réalisme brut, sa tension alerte et à l'autorité viscérale de comédiens criants de vérité. Des sales gueules burinées au pouvoir de séduction infaillible dans leur posture orgueilleuse à se disputer la mise d'une transaction pharaonique. Ténébreuse lorsque la ville d'Ostie nous est représentée comme un dédale tentaculaire corrompu par le Mal, Suburra fait appel au lyrisme par sa puissance dramatique en ascension, puis à l'onirisme désenchanté lorsque les hommes rêvent d'un Eden inaccessible quand bien même les femmes dépendent de leur machisme avant que l'une d'elle n'entreprenne une riposte. Sous l'impulsion vaniteuse de ces témoins tributaires de leur déchéance vénale, Suburra fascine et hypnotise nos sens avec une vigueur émotionnelle vertigineuse. Car on ne compte plus les scènes d'anthologie tantôt sensuelles (sexe et mort s'uniformisent lors d'un triolisme), tantôt criminelles (la fusillade dans le supermarché, la poursuite en voiture, Spoil ! la mort d'un rival sous les yeux impuissants de son amie fin du Spoil) que Stefano Sollima transcende au gré d'une charpente narrative souvent inopinée par ces ripostes furibondes.


Vision hallucinée et crépusculaire d'un univers de corruption proche du chaos (le préambule nous averti déjà d'une fatale apocalypse et la chronologie journalière des évènements dramatiques va confirmer la prophétie !), Suburra dépeint le venin du pouvoir par le biais du sexe et de l'argent. Un monde de déchéance humaine où chacun des rupins lâches, cyniques, pleutres et insidieux vont payer le prix fort de leur insolence mégalo. Fort d'une bande-son électrisante appuyant un lyrisme désenchanté, ce polar mafieux confine irrémédiablement au chef-d'oeuvre opératique par son réalisme aussi poisseux que stylisé et sa distribution au charisme félin étrangement séducteur. 



samedi 13 février 2016

AMY

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Asif Kapadia. 2015. Documentaire. 2h02. Amy Winehouse, Mitchell Winehouse, Janis Winehouse, Raye Cosbert, Nick Shymanksy, Blake Fielder-Civil, Mos Def, Tyler James, Juliette Ashby.

Sortie salles France: 8 Juillet 2015. U.S: 3 Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Asif Kapadia, né à Hackney (Londres) en 1972, est un cinéaste britannique d'origine indienne. 1994 : Indian Tales. 1996 : The Waiting Room. 1996 : Wild West. 1997 : The Sheep Thief. 2001 : The Warrior. 2006 : The Return. 2007 : Far North. 2008 : Uneternal City
2008 : Trancity. 2008 : My World. 2010 : Senna. 2012 : The Odyssey. 2013 : Standard Operating Procedure. 2015 : Amy. 2016 : Ali and Nino


Chronique express:

Gloire et décadence d'une cendrillon trop fragile pour subsister.

Retraçant avec une émotion aussi prude que rigoureuse l'ascension puis le déclin de la diva du Jazz, Amy Whinehouse, ce documentaire unique nous immerge de plein fouet dans sa quotidienneté intime et professionnelle sans faire preuve de voyeurisme ou de racolage pour sa déliquescence liée à la toxicomanie et pour l'instabilité sentimentale de ses liaisons conjugales. Sous l'impulsion fragile car humaniste d'une mélomane jamais prétentieuse, son parcours fulgurant nous dévoile l'envers du décor du showbizz par son statut de célébrité. Une manière probante de régler aussi des comptes avec la cupidité des producteurs, la rapacité des journalistes et la raillerie des médias vis à vis de sa déchéance autant morale que physique. Emaillé de chansons inoubliables autour de l'intervention familiale, les managers et les proches amis, Amy met en exergue parmi leur humble témoignage son désarroi, sa solitude, son impuissance et son épuisement à se défaire de l'alcool et la drogue depuis sa dictature professionnelle (elle est contrainte de respecter la clause de ses contrats) et sa rupture amoureuse. Hypnotique car immersif et sensoriel, il en émane un bouleversant (pour ne pas dire déchirant) portrait de femme-enfant par son franc naturel, son insouciance libertaire, sa fantaisie parfois exubérante, sa passion des sentiments et son désir immodéré de tendresse.


Biopic exhaustif inscrit dans sa passion musicale, Amy suscite une intensité émotionnelle en chute libre pour son parcours chaotique car c'est dans la mort (le suicide ?) qu'elle fuira la pression et les paillettes de sa starisation pour accéder malgré elle (la célébrité n'a jamais été son ressort professionnel) à une figure emblématique du jazz.

Dédicace à Guylian Pinchard et Frederic Serbource