vendredi 1 avril 2016

LA FORET D'EMERAUDE

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Emerald Forest" de John Boorman. 1985. U.S.A. 1h54. Avec Powers Boothe, Charley Boorman, Ruy Polanah, Meg Foster, Dira Paes, Eduardo Conde, William Rodriguez

Sortie salles France: 26 juin 1985. U.S: 3 juillet 1985.

FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni).
1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


"La forêt amazonienne disparaît au rythme de 2500 hectares par jour. 4 millions d'indiens y vivaient. Il n'en reste que 120 000. Quelques tribus n'ont eu aucun contact extérieur. Il savent encore ce que nous avons oublié." Paragraphe du générique de fin.

Gros succès commercial en France ayant réuni plus de 2,6 millions de spectateurs à sa sortie en 1985, La Forêt d'Emeraude pâti aujourd'hui d'une certaine indifférence chez nous programmateurs audiovisuels en dépit de sa notable réputation. Oeuvre écolo dénonçant la déforestation auprès de magnats sans vergogne, aventure humaine aussi exaltante que furieusement sauvage, la Forêt d'Emeraude s'inspire d'une histoire vraie lorsqu'un père de famille, ingénieur de chantier pour la fondation d'un barrage, s'efforça durant plus de 10 ans à retrouver son fils enlevé par une ethnie indienne. Choc des cultures entre la civilisation moderne et celle archaïque d'une tribu indigène, John Boorman nous dépeint scrupuleusement les us et coutumes des "Invisibles" avant que l'homme moderne ne vienne piétiner leur terre pour les chasser dans un motif pécuniaire. Par ces rapports de force déloyaux émane un saisissant contraste entre les chantiers en construction et le bout de terrain forestier que les "Invisibles" désespèrent à préserver malgré leur foi en une mère nature philanthrope.


Observant de prime abord avec souci documentaire leur condition de vie harmonieuse parmi le témoignage du père recueilli au sein leur foyer depuis une rixe contre les Féroces (un peuple amazonien autrement hostile), Boorman déclare sa flamme à la faune, la flore et à l'indien qui y réside dans un florilège d'images dantesques sublimant sa nature paradisiaque. Faisant preuve d'une réflexion mystique quant aux pouvoirs occultes d'une ethnie pacifique, La Forêt d'Emeraude prend la tournure d'un conte existentiel sous l'autorité de dame nature prête à perpétrer sa revanche contre la cupidité de notre civilisation moderne. Par le biais d'une poignante histoire d'amour entre un père et son fils, la narration finit par amorcer une tournure plus dramatique et violente lorsque le paternel, conscient de sa culpabilité vénale, finit par prendre conscience que son rejeton ne pourra jamais s'adapter à sa société de consommation fondée sur le goût du lucre, la perversion du profit et l'exploitation humaine (celle des ouvriers mais aussi la traite des blanches que les "féroces" négocieront au profit d'armes vendus par la pègre).


Périple initiatique d'un duo parental plongé dans une société primitive antimatérialiste où la nature se porte garante à préserver leur civilisation bâtie sur la tolérance, le respect d'autrui et l'amour patriarcal, La Forêt d'Emeraude nous laisse un goût d'amertume lorsque John Boorman nous dévisage de notre corruption vénale et de notre irrespect pour l'environnement. Magnifique.

jeudi 31 mars 2016

La Maison de la Terreur / La Casa con la scala nel buio / Blade in the Dark

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com  

de Lamberto Bava. 1983. Italie. 1h48 (version intégrale) - 1h36 (France). Avec Andrea Occhipinti, Anny Papa, Fabiola Toledo, Michele Soavi, Valeria Cavalli, Stanko Molnar.

Sortie salles France: 23 décembre 1987. Italie: 11 mai 1983

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et scénariste italien, né le 3 avril 1944 à Rome.
1980: Baiser Macabre. 1983: La Maison de la Terreur. 1984: Apocalypse dans l'océan rouge. 1984: Blastfighter. 1985: Demons. 1985: Midnight Horror. 1986: Demons 2. 1991: Body Puzzle. 2006: Ghost Son.


Largement inspiré par Ténèbres d'Argento et un peu moins de Blow Up (pour la résolution de l'assassin à travers une pellicule), Lamberto Bava nous offre avec la Maison de la Terreur un sympathique ersatz du Giallo à défaut de nous passionner vers une ultime demi-heure un tantinet poussive par moments. Hormis ce léger handicap, le cinéaste parvient à instaurer un suspense soutenu au sein de son thriller typiquement transalpin, ponctué comme le veut la tradition de meurtres sanglants assez réussis pour nous impressionner en mode viscéral. Le PitchMusicien pour le cinéma, Bruno loue une résidence afin de parfaire sa dernière composition en toute tranquillité. Alors qu'une jeune voisine vient lui rendre visite pour l'accoster, cette dernière est assassinée par un mystérieux rôdeur. Inquiet par sa disparition, Bruno ne tarde pas à suspecter qu'un meurtre vient d'être commis dans sa villa. Par le biais du huis-clos domestique auquel l'ombre du tueur plane à chaque recoin, Lamberto Bava nous confectionne donc un psycho-killer anxiogène futilement atmosphérique. 


Par l'entremise d'un leitmotiv musical (parfois rébarbatif avouons-le) et d'une scénographie domestique aimablement stylisée, le cinéaste s'efforce de singer le cinéma d'Argento si bien que certains plans dans les poursuites et exactions (la position des victimes, l'aménagement du jardin de la villa) semblent avoir été calqués sur Ténèbres (notamment la tenue vestimentaire des voluptueuses actrices lascives). Sans compter ses éclairages oniriques chargés de teintes limpides et bleu-ciel afin d'agrémenter son design domestique. Pourtant, ce sentiment largement référentiel est pallié par la sincérité de Lamberto Bava soucieux d'y façonner un psycho-killer étrangement inquiétant au sein d'un dédale mortuaire. Le cinéaste transfigurant avec application permanente chaque recoin de la demeure à l'instar d'un théâtre macabre batifolant avec la mort. Qui plus est, il parvient avec assez de créativité à styliser deux meurtres dans la manière d'assassiner suivi de l'art de l'agonie morbide. Sans déflorer la résolution de l'intrigue également inspirée d'un grand classique du genre, Bava finalise sa conclusion avec une certaine habileté afin de justifier la pathologie traumatique du tueur en corrélation avec le cinéma de genre.


Hormis un jeu d'acteurs perfectible quelque peu attachant dans leur modeste sincérité et les références saillantes empruntées à Ténèbres (esthétisme limpide à l'appui au sein d'une villa harmonieuse), La Maison de la Terreur dilue un mystère latent gentiment magnétique autour de fulgurances criminelles à la fascination morbide. S'efforçant de rendre une copie de travail formellement ciselée, Lamberto Bava s'extirpe miraculeusement de la médiocrité grâce à son aimable ambition d'émuler son maître, et ce en dépit de quelques baisses de rythme (et d'intérêt) lors de sa dernière partie rehaussée d'un final crédible. 

Dédicace à Céline Trinci.

*Bruno
23/03/23. 3èx.

mercredi 30 mars 2016

Démons 2

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

de Lamberto Bava. 1986. Italie. 1h31. Avec David Edwin Knight, Nancy Brilli, Coralina Cataldi-Tassoni, Bobby Rhodes, Asia Argento.

Sortie salles France: 27 Mars 1987

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et scénariste italien, né le 3 avril 1944 à Rome.
1980: Baiser Macabre. 1983: La Maison de la Terreur. 1984: Apocalypse dans l'océan rouge. 1984: Blastfighter. 1985: Demons. 1985: Midnight Horror. 1986: Demons 2. 1991: Body Puzzle. 2006: Ghost Son.


Un an après le succès de Démons, Lamberto Bava rempile pour une suite aussi lucrative mais façonnée avec cette même sincérité et générosité dans son alliage d'action et de gore typiquement transalpins. Exploitant à nouveau l'unité de lieu par le biais d'un vaste immeuble, l'intrigue se focalise en premier acte sur la réception mouvementée d'un anniversaire d'étudiante. Alors qu'à la TV est diffusée une série B d'horreur captivante, eu égard de la fascination des spectateurs, un démon s'extirpe de la lucarne pour y agresser la locataire de la fiesta. Brièvement possédée par le Mal, elle transmet sa contagion auprès de ses camarades. C'est le début d'une épreuve de survie que quelques rescapés vont tenter de surpasser depuis leur condition d'embrigadement. Car privés d'électricité et incapables de s'extirper de leur appartement, ils vont user de bravoure et d'adresse pour se prémunir contres les affronts démoniaques.


Plaisir innocent du samedi soir comme le fut brillamment son congénère, Démons 2 exploite le filon d'un succès mérité en surenchérissant dans l'action et le gore festifs. Multipliant les situations de claustration au sein d'un ascenseur, d'un club de muscu et de 2/3 appartements, l'intrigue alterne les allers/retour sur la condition recluse de survivants scindés en groupe. De par la vigueur des affrontements sanglants aussi improbables que délirants s'ajoute la qualité artisanale d'effets spéciaux souvent spectaculaires (le clin d'oeil ironique alloué à Videodrome ou encore le ghoulie s'extirpant de l'estomac d'un marmot). Emaillé de séquences oniriques stylisées (l'apparition nocturne des démons aux yeux fluorescents), Démons 2 fait notamment preuve d'inventivité dans leur aspect grand-guignolesque, à l'instar du chien et du bambin en phase de mutation. Bordélique à plus d'un titre, les séquences horrifiques se succèdent sans répit dans une ambiance de folie expansive si bien que survivants et démons se combattent avec la même insolence primitive. Nombre de séquences parfois grotesques sombrant dans l'hilarité improvisée, tant par le cabotinage outré des comédiens que certaines stratégies d'attaque amorcées en véhicule. Ce climat d'hystérie collective se traduit aussi par la physionomie spumescente des monstres vociférant insatiablement leur soif d'exactions !  


Si l'effet de surprise est aujourd'hui rompu et que le scénario élémentaire repose uniquement sur l'esbroufe (en dehors de son équivoque conclusion), Demons 2 renoue généreusement avec l'esprit ludique du survival en huis-clos, la touche surréaliste en sus. Lamberto Bava s'efforçant de renouveler l'action des pugilats sanglants en exploitant habilement l'éclectisme des décors. Une bisserie d'exploitation au charme encore plus factuel qu'à sa glorieuse époque. 

La Chronique de Demons: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/demons-demoni.html

*Bruno
04.01.24. Vistfr

mardi 29 mars 2016

COCOON. Oscar 87 du meilleur acteur pour Don Ameche.

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com 

de Ron Howard. 1985. U.S.1. 1h56. Avec Don Ameche, Wilford Brimley, Hume Cronyn, Brian Dennehy, Jack Gilford, Steve Guttenberg, Maureen Stapleton, Jessica Tandy

Sortie salles France: 27 Novembre 1985. U.S: 21 Juin 1985

FILMOGRAPHIE: Ron Howard est un réalisateur et acteur américain, né le 1er Mars 1954 à Duncan, Oklahoma.
1977: Lâchez les bolides. 1982: Les Croque-morts en folie. 1984: Splash. 1985: Cocoon. 1985: Gung Ho. 1988: Willow. 1989: Portrait craché d'une famille modèle. 1990: Backdraft. 1992: Horizons Lointains. 1994: Le Journal. 1995: Apollo 13. 1996: La Rançon. 1999: En direct sur Ed TV. 2000: Le Grinch. 2001: Un Homme d'Exception. 2003: Les Disparus. 2005: De l'ombre à la lumière. 2006: Da Vinci Code. 2008: Frost/Nixon. 2009: Anges et Démons. 2011: Le Dilemme. 2013: Rush. 2014: Au coeur de l'Océan. 2016: Inferno.


Enorme succès commercial à sa sortie en salles si bien qu'une suite fut rapidement mise en chantier 3 ans plus tard, Cocoon s'inspire clairement du cinéma de Spielberg par son esprit féerique à exploiter une intervention extra-terrestre avec une sobre simplicité. Dénué de prétention mais s'appuyant sur la facilité des bons sentiments, Ron Howard aborde les thèmes de la vieillesse et de l'acceptation du deuil parmi l'efficacité d'un pitch pittoresque. Dans une maison de retraite, un trio d'acolytes sclérosés parvient à rajeunir après avoir pataugé dans la piscine d'une propriété privée. Seulement, l'endroit est également le refuge d'un groupe extra-terrestre venu y déposer des cocons après que ces derniers eurent été soutirés de l'océan. Leur stratagème est donc de récupérer leurs comparses pour les rapatrier dans leur lointaine galaxie après des siècles d'hibernation.


Comédie fantastique à l'esprit de légèreté et de fraîcheur, Cocoon cultive une indéniable sympathie en la présence pétulante de couples du 3è âge en instance de renaissance puis celle attendrissante d'E.T candides (FX adroits à l'appui pour consolider leur apparence incandescente). Les comédiens septuagénaires s'en donnant à coeur joie dans leur dynamique de groupe à concerter les virées nocturnes avec une appétence de liberté qui incitera les autres pensionnaires à se jeter dans la piscine de jouvence. Au-delà de la fougue extravertie de ces vétérans du 3è âge, l'acteur Steve Guttenberg prête son talent de distrait empoté avec beaucoup de naturel, quand bien même sa partenaire féminine campée par la délicieuse Tahnee Welch (fille de Raquel Welch s'il vous plait !) insuffle un charme concupiscent dans une fonction gentiment fallacieuse. Réflexions sur le sens de la vieillesse et l'injustice de la mort, Ron Howard les abordent avec humour, émotion poignante et poésie sous l'impulsion d'une idéologie spirituelle. Nos retraités ayant finalement opté pour une vie éternelle, on peut y voir une métaphore sur l'acceptation du deuil du point de vue de la famille endeuillée par la disparition de l'être aimée. Malgré l'évidente naïveté de son traitement et le côté superficiel de la réalisation, Ron Howard s'extirpe de ses lacunes grâce à la complicité fougueuse des comédiens et l'originalité du sujet compromettant la survie d'E.T et de vieillards parmi l'esprit rédempteur de la fraternité.


Conte féerique sur la fidélité de l'amour et l'acceptation de la mort, Cocoon repose sur la sincérité de Ron Howard à s'influencer modestement du cinéma de Spielberg. Hormis l'aspect un peu mièvre du climat onirique et de sa caractérisation humaine pleine d'optimisme, ce spectacle familial tire parti de son attrait grâce à l'efficacité du concept fantasmatique (la cure de rajeunissement chez des retraités en fin de vie) où les comédiens laissent libre court à une insolence galvanisante. 

Récompenses: 1986 : Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Don Ameche
1986 : Oscar des meilleurs effets visuels pour Industrial Light & Magic
1986 : Saturn Award du meilleur réalisateur pour Ron Howard

29.03.16 (4èx)
07.06.02

lundi 28 mars 2016

LA LEGENDE DE BEOWULF

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Beowulf" de Robert Zemeckis. 2007. U.S.A. 1h55. Avec Ray Winstone, Anthony Hopkins, Angelina Jolie, John Malkovich, Robin Wright, Brendan Gleeson, Crispin Glover, Alison Lohman

Sortie salles France: 21 Novembre 2007. U.S: 16 Novembre 2007

FILMOGRAPHIE: Robert Zemeckis est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 14 Mai 1951 à Chicago (Illinois).
1978: Crazy Day. 1980: La grosse Magouille. 1984: A la Poursuite du diamant vert.1985: Retour vers le Futur. 1988: Qui veut la peau de Roger Rabbit. 1989: Retour vers le Futur 2. 1990: Retour vers le Futur 3. 1992: La Mort vous va si bien. 1994: Forrest Gump. 1997: Contact. 2000: Apparences. 2000: Seul au monde. 2004: Le Pôle Express. 2007: La Légende de Beowulf. 2009: Le Drôle de Noël de Mr Scrooge. 2013: Flight. 2015: The Walk.


Entièrement réalisé en performance capture que Zemeckis avait déjà utilisé pour Le Pole Express, la Légende de Beowulf retrace le parcours fallacieux d'un illustre guerrier compromis par sa cupidité et son désir de notoriété. C'est après avoir vaillamment combattu le monstre Grendel que la mère de ce dernier se résigne à lui soumettre un pacte en guise de vengeance. Attisé par la place du trône que le roi Hroogar lui avait déjà promis s'il rapportait la tête du monstre, Beowulf accepte d'enfanter un fils à la mère de Grendel et de lui céder une licorne d'or afin d'acquérir la gloire. Spectacle d'héroic-Fantasy regorgeant de bravoures homériques très impressionnantes (les interventions erratiques du monstre, le combat épique avec le dragon), la Légende de Beowluf traduit une belle vigueur dans la fluidité des combats aériens et des pugilats sanglants. Effrayant à plus d'un titre, de par son apparence putrescente et ses exactions impitoyables, Grendel parvient pourtant à nous susciter une certaine compassion par sa condition de victime malgré lui avec l'appui d'une mère chérissant.


Mais au-delà du ressort trépidant des affrontements bellicistes chorégraphiés avec inventivité, le spectacle moyenâgeux puise notamment sa densité dans la caractérisation humaine de ses personnages. L'intrigue vénéneuse se focalisant sur les actes et les conséquences morales de Beowulf depuis sa rencontre avec une créature divine. Guerrier aguerri reconnu pour son courage et sa force physique, ce dernier n'hésite pas à duper son entourage sur les circonstances de ses exploits héroïques. Sans jamais céder à la surenchère gratuite (l'action étant au service d'un fil narratif privilégiant la passation de pouvoir entre souverains liés au secret), Zemeckis amorce une ampleur à la dimension humaine quant au cheminement de perdition de Beowulf. Notamment lorsque sa remise en question éveillera chez lui culpabilité et désir de rédemption quelques décennies après ses triomphes. Héros torturé d'avoir lâchement trompé les siens au prix de la célébrité et de la cupidité, Beowulf nous insuffle une inévitable empathie depuis sa conscience meurtrie d'avoir osé tolérer un pacte avec le diable. C'est sous l'apparence trompeuse d'une déesse plantureuse que notre héros céda même si celle-ci profita de ces pouvoirs occultes pour mieux l'assouvir. Esthétiquement envoûtant et richement détaillé pour retranscrire avec réalisme et onirisme une scénographie médiévale inscrite dans le bruit et la fureur, la Légende de Beowulf alterne l'action spectaculaire et l'émotion poignante, notamment avec le soutien moral du second-rôle féminin, Wealtheow. Une épouse mélancolique lucide de ses échecs conjugaux depuis les trahisons communes de Hroogar et Beowulf auprès de leurs pairs.


A travers la simplicité d'un scénario efficacement structuré, la Légende de Beowulf insuffle une belle densité humaine pour le profil insidieux d'une légende héroïque fascinée par le pouvoir. Sous couvert d'un film d'aventures haletant et violent, c'est donc un divertissement anticonformiste que nous propose Zemeckis en taillant la carrure d'un héros faillible conscient de ses faiblesses humaines.  

vendredi 25 mars 2016

SWEENEY TODD: Le Diabolique Barbier de Fleet Street

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Sweeney Todd: The Demon Barber of Fleet Street" de Tim Burton. 2007. U.S.A/Angleterre. 1h56. Avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Edward Sanders, Jamie Campbell Bower, Timothy Spall, Jayne Wisener

Sortie salles France: 23 janvier 2008. U.S: 21 Décembre 2007

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2007: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.


D'après un roman écrit en 1846 par Malcolm Rymer et Thomas Peckett, Sweeney Todd serait inspiré des exactions d'un véritable serial-killer. Un barbier ayant sévi à Paris au 14è siècle parmi la complicité d'un pâtissier résidant en face de son échoppe. Ce dernier cuisinant des pâtés en croûte à partir des cadavres de son acolyte. Adapté ensuite au cinéma, en télé-film, en radiophonie et en pièce de théâtre de 1847 à 2006, Sweeney Todd réapparaît en 2007 sous la forme d'une comédie musicale horrifique sous la houlette de Tim Burton. A la vision d'un spectacle aussi iconoclaste et hardcore financé par Hollywood, on se demande comment le réalisateur ait pu convaincre ses producteurs. Le réalisateur ne lésinant pas sur les gerbes de sang pour ces égorgements en série d'un réalisme tranché. Prenant pour thèmes la vengeance, la romance et la folie, Sweeney Todd retrace le sombre destin d'un barbier londonien emprisonné durant 15 ans pour un motif dérisoire. Faute d'un juge véreux féru d'amour pour sa maîtresse, Benjamin Barker fut condamné aux travaux forcés. Avec la complicité d'une pâtissière spécialiste de tourtes à la viande, ce dernier se résigne à changer d'identité afin de parfaire sa terrible vengeance auprès du juge Turpin et ainsi retrouver sa femme emprisonnée chez cet imposteur.


Emaillé de mélodies musicales éclectiques chantonnées avec emphase par la troupe des comédiens, Sweeney Todd ne cesse d'opposer la comédie et l'horreur pure dans un brassage d'émotions austères. Scandé d'un apparat gothique, tant par l'esthétisme funèbre des décors expressionnistes, des costumes, de sa photo désaturée et d'une reconstitution criante de vérité, Sweeney Todd enivre la vue sous l'impulsion du duo maudit, Todd / Mrs. Lovett. Johnny Depp endossant avec une froideur hiératique un barbier mélancolique transi de rancoeur incurable depuis son inéquitable culpabilité. Outre sa prestance magnétique taillée dans une carrure funeste, Helena Bonham Carter lui partage la vedette avec une sensualité trouble en complice secrètement amoureuse. Par l'intensité de son regard vénéneux, celle-ci parvient à émuler le jeu délétère de son équipier masculin par le biais d'une sournoiserie subtilement sous-jacente. Si l'intrigue dramatique occulte toute notion de suspense et de vigueur quant à la vengeance méthodique du tueur, Sweeney Todd parvient tout de même à séduire et effrayer grâce à son ambiance hybride quasi indicible. Tant par le stylisme de sa violence barbare que sa galerie d'antagonistes peu recommandables. Nous sommes d'autant plus déconcertés du réalisme du climat opaque (voir parfois même dépressif) que la tournure cruelle des évènements ne laisse place à aucune illusion. La folie morale du barbier étant retranscrite sans aucun romantisme comme le soulignera radicalement l'issue nihiliste de l'épilogue. 


Tour à tour baroque et sardonique et d'un romantisme à la cruauté tragique, Sweeney Todd constitue un spectacle horrifique atypique pour l'attrait exaltant des numéros musicaux et la sauvagerie d'un ultra-gore à couper au rasoir. Réfutant le spectacle agréablement ludique, Tim Burton nous façonne avec brio technique un ovni ineffable, à l'instar de ses références au cinéma muet et de la modernité de l'horreur graphique. Par son climat onirico-macabre aussi méphitique qu'envoûtant, il est préférable d'avertir le spectateur de la teneur malsaine de son aura vitriolée. 

jeudi 24 mars 2016

STAR WARS, EPISODE VII: LE REVEIL DE LA FORCE

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdsreleasedates.com

"Star Wars Episode VII: The Force Awakens" de J. J. Abrams. 2015. U.S.A. 2h18. Avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Harrison Ford, Carrie Fisher, Mark Hamill, Peter Mayhew et Joonas Suotamo, Domhnall Gleeson

Sortie salles France: 16 décembre 2015. U.S: 18 Décembre 2015

FILMOGRAPHIE: J.J Abrams est un réalisateur, producteur, compositeur, acteur et scénariste américain pour le cinéma et la télévision, né le 27 Juin 1966 à New-york. Il est en outre le créateur des séries TV, Lost, Alias, Felicity, Fringe, Undercovers, Alcatraz et Obb Jobs.
2006: Mission Impossible 3. 2009: Star Trek. 2011: Super 8. 2013: Star Trek into the darkness. 2015: Star Wars, le réveil de la force.


                                     Comme on dit si bien: l'avatar ne vaudra jamais l'original.

Emaillé de séquences d'action à couper le souffle et de la rencontre franchement poignante du duo séculaire Harrison FordCarrie Fisher, un sympathique divertissement aux intentions sincères évidentes (réconcilier l'ancienne et la nouvelle génération du public) mais dénué d'âme, de fureur et de passion, d'intensité dramatique et de chaleur humaine (ou si peu, à l'instar de son climat austère !), faute d'un scénario scolaire aux enjeux vides d'intérêt (2h07 pour entrevoir l'apparition escomptée de Luke Skywalker !).

P.S: Mention spéciale pour la révélation Daisy Ridley tout à fait convaincante dans son rôle juvénile d'insurgée en initiation héroïque.