lundi 23 mai 2016

THIS IS NOT A LOVE STORY. Grand Prix du Jury, Prix du public, Sundance 2015.

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

Me and Earl and the Dying Girl de Alfonso Gomez-Rejon. 2015. U.S.A. 1h46. Avec Thomas Mann, Olivia Cooke, RJ Cyler, Jon Bernthal, Nick Offerman, Connie Britton, Molly Shannon.

Sortie salles France: 18 Novembre 2015. U.S: 3 Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Alfonso Gomez-Rejon est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né au Texas. 2014: The Town That Dreaded Sundown. 2015: This is not a love story.


Un jeune étudiant, discret et détaché, s'efforce de se lier d'amitié avec l'une de ses élèves atteinte de leucémie.

Un sujet lacrymal facilement complaisant mais traité ici sans pathos (à contre-emploi des "Etoiles contraires"), le réalisateur alliant réalisme et poésie pour contrecarrer les traditionnels clichés du Teen movie et du mélo. De par l'originalité de sa mise en scène inventive (multipliant les références aux classiques du cinéma) et les moments d'intimité pleins de fantaisies que se partagent sobrement le couple, This is not a love story parvient à nous séduire sous l'impulsion de comédiens inscrits dans le naturel.


En dépit du rythme défaillant d'un cheminement narratif peu captivant car dénué de surprises, la dernière demi-heure, terrassante d'émotion, vous mettra KO pour sa réflexion existentielle sur le sens de l'amitié et de la mort. Rien que pour son intensité dramatique improvisée et ses éclairs de féerie rédemptrice, This is not a love story mérite franchement que l'on s'y attarde.

Merci à Mylène et Frederic ^^

Récompenses: Grand Prix du Jury
Prix du Public, Sundance 2015



vendredi 20 mai 2016

GOMORRA. Grand Prix, Cannes 2008

                                                              Photo empruntée sur Google, dépendante du site Cineclap.free

de Matteo Garrone. 2008. Italie. 2h17. Avec Toni Servillo, Salvatore Abruzzese, Salvatore Ruocco,
Gianfelice Imparato, Maria Nazionale, Carmine Paternoster.

Sortie salles France: 13 Août 2008

FILMOGRAPHIE: Matteo Garrone, né le 15 octobre 1968 à Rome, est un réalisateur de cinéma italien. 1997: Terra di mezzo. 1998: Ospiti. 2000: Estate romana. 2002: L'Étrange monsieur Peppino. 2004: Primo amore. 2008: Gomorra. 2012: Reality. 2015: Tale of Tales.


En Europe, la Camorra a tué plus que tout autre organisation criminelle. 4000 morts en 30 ans. 1 tous les 3 jours. 
Scampia est l'endroit au monde où l'on vend le plus de drogue. Le chiffre d'affaires par clan est d'environ 500 000 euros par jour. 
En empilant les déchets toxiques traités par la Camorra, on atteint 14 600 mètres de haut. L'Everest fait 8850 mètres. Il y a 20% de cancers en plus dans les zones contaminées. 
Les bénéfices des activités illégales financent des activités légales partout dans le monde. 
La Camorra a investi dans la reconstruction des Tours jumelles à New-York. 


Pour rappel, la Camorra est une mafia italienne urbaine d'origine napolitaine à contrario de Cosa Nostra, mafia issue d'un milieu rural. Le film entrecroise les tranches de vie de 6 personnages en collaboration avec cette organisation criminelle. Leur destin précaire les plongeant dans une dérive de règlements de compte sanglants depuis les félonies et la concurrence mégalo du camp adverse. Avec souci d'ultra réalisme documenté, Matteo Garrone nous plonge dans l'enfer du crime sous l'impulsion de gueules burinées criantes de vérité. Les acteurs, pour la plupart non professionnels (3 d'entre eux ont d'ailleurs réellement écopés des démêlés avec la police), dégageant une intensité viscérale dans leur faciès impérieux sous le pilier d'une mise en scène hyper travaillée. Véritable reportage pris sur le vif à contre-courant de toute forme de romantisme (on est à l'antipode du Parrain de Coppola), Gomorra dévoile l'envers du décor sordide d'un ghetto miséreux où des familles mafieuses s'y sont implantées. De la nouvelle génération décérébrée (les destins dérisoires de Marco et Piselli et l'insertion du petit Toto) en passant par l'autorité des patriarches et des retraités sclérosés, Gomorra inscrit sur pellicule (et de façon méticuleuse) leur portrait vicié avec une puissance dramatique terrifiante. A l'instar de leurs exactions intimes négociées en groupe pour décider du sort d'une femme ou de deux ados en ascension délinquante. Car en dépit de tractations infructueuses, les plus fourbes et sournois emprunteront la trahison, la vengeance et la riposte le plus brutale afin de remporter la mise.


Crapuleux et terrifiant pour son ultra réalisme fétide et la névralgie d'une dramaturgie impromptue, Gomorra constitue sans doute le témoignage le plus tangible jamais décrit sur la mafia italienne. La mise en scène documentée (et personnelle) de Matteo Garrone optant le climat blafard d'un enfer urbain où corruption et criminalité de grande envergure se chevauchent pour des enjeux de cupidité et d'autorité. 

Info subsidiaire Wikipedia:
Certains acteurs sont des gens de la région napolitaine sans aucune référence professionnelle. Le 11 octobre 2008, Bernardino Terracciano, interprète de Zi Bernardino dans le film, a été arrêté dans le cadre d'une opération policière contre le clan des Casalesi. Le 5 janvier 2009, Giovanni Venosa, autre acteur de Gomorra, est lui aussi arrêté dans le cadre d'une enquête sur la collecte du pizzo. Salvatore Fabbricino, interprétant un des camorristes, est lui aussi arrêté pour avoir fait partie d'un commando qui a fait six morts auprès de ressortissants africains.

Récompenses: Grand Prix du jury au Festival de Cannes 2008
European Film Awards 2008 :
Meilleur film européen
Meilleur réalisateur (Matteo Garrone)
Meilleur acteur (Toni Servillo)
Meilleur scénario (Roberto Saviano et Matteo Garrone)
Meilleure photographie (Marco Onorato)

mercredi 18 mai 2016

GODS OF EGYPT

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alex Proyas. 2016. U.S.A/Australie. 2h07. Avec Nikolaj Coster-Waldau, Gerard Butler, Courtney Eaton, Geoffrey Rush, Emma Booth.

Sortie salles France: 6 Avril 2016. U.S: 26 Février 2016

FILMOGRAPHIE: Alex Proyas est un réalisateur, producteur et scénariste australien, né le 23 Septembre 1963 en Egypte. 1994: The Crow. 1998: Dark City. 2002: Garage Days. 2004: I, Robot. 2009: Prédictions. 2012: Paradise Lost. 2016: Gods of Egypt.


Incendié par les critiques du monde entier (à 2/3 exceptions) sermonnant sans réserve cette luxueuse production de "navet", Gods of Egypt fait office d'ovni de la démesure dans son melting pot de situations homériques toutes plus improbables les unes que les autres. Piquant à tous les râteliers des idées et situations éculées aux classiques du serial (Indiana Jones en tête), de l'heroic fantasy (le Choc des Titans, Jason et les Argonautes), du Space Opera (Star Wars, Flash Gordon, Dune) et du peplum (principalement les B movies des années 60), Alex Proyas nous élabore un blockbuster au surréalisme enchanteur. Fort d'un casting cabotin déversant avec sérieux et ironie des dialogues régulièrement impayables, ce spectacle flamboyant (décors grandioses et photo rutilante !) parvient à extérioriser un sentiment de sympathie chez le spectateur tant Proyas nous évade avec une générosité opulente. 


L'histoire d'une simplicité enfantine se condense à la confrontation des dieux Egyptiens, Horuth et Seth. Deux frères au pouvoirs surhumains se disputent le trône depuis que l'un d'eux s'est engagé dans une rancune orgueilleuse. Après avoir été banni de son temple et rendu aveugle par Seth, Horuth se morfond dans le silence loin de son peuple. Mais un jeune héros fringant du nom de Bek parvient à retrouver sa trace dans le désert pour le solliciter à combattre le nouveau roi et ainsi récupérer son trône. Dès lors, entre deux romances éperdues et le chaos escompté des ténèbres, une grande aventure semée d'embûches s'engage vers eux avec la complicité d'un défunt Dieu. D'un pitch rebattu, Proyas en extirpe un spectacle épique hallucinant de naïveté cocasse (souvent involontaire) tant les morceaux de bravoures déployés font preuve d'une fantaisie débridée sous l'impulsion de personnages aussi grotesques qu'attachants (notamment la taille robuste des Dieux, leur mutation métallique et leurs déplacements aériens !). Clairement estampillé pour un public familial, Alex Proyas se permet d'échauder des séquences monstrueuses de destruction massive avec l'appui de créatures en effets numérisés. Et de manière désordonnée (trois actions distinctes nous sont même décrites en temps réel !) de nous livrer un récit héroïco-mystique où les forces de l'au-delà (les fameuses portes de la mort) vont également servir de vecteur émotionnel pour le sort d'une princesse. Cette action quasi omniprésente alternant de façon pétulante l'épique, la féerie et l'anticipation parvient miraculeusement à nous distraire par le biais d'un esprit Bis irrésistiblement effronté. L'ère numérique déployée ici sans modération se substituant aux moyens dérisoires de la série Z artisanale.


Con comme la lune mais implacablement fun, hilarant et attachant, et esthétiquement aussi fulgurant que boursouflé, Gods of Egypt constitue le divertissement de tous les excès auquel l'extrême générosité du cinéaste et la dérision affable des comédiens parviennent à dépasser toutes ses scories. A condition de le savourer au second degré, ce nanar clinquant risque fort dans les décennies prochaines de se faire une place singulière dans l'écrin de la Bisserie post-moderne. 

mardi 17 mai 2016

TRIPLE 9

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site traileraddict.com 

de John Hillcoat. 2015. U.S.A. 1h55. Avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus, Gal Gadot, Woody Harrelson, Kate Winslet, Teresa Palmer

Sortie salles France: 16 mars 2016. États-Unis: 26 février 2016

FILMOGRAPHIE: John Hillcoat est un cinéaste australien né en 1961 au Queensland. 1988: Ghosts… of the Civil Dead. 1996: To Have and to Hold. 2005: The Proposition. 2009: La Route. 2012: Des hommes sans loi. 2016: Triple 9


Révélé par La Route et (à moindre échelle) par des Hommes sans loi alors qu'il nous avait préalablement estomaqué avec son western sauvage, The Proposition, John Hillcoat réinvente aujourd'hui le polar hard-boiled avec Triple 9. 999 signifiant le code d'alerte des services de police lorsque l'un d'eux est grièvement blessé par l'ennemi. Rameuté en masse, ils tentent alors en dernier recours de sauver leur comparse. Entre les hostilités du cartel mexicain et de la mafia russe, un jeune flic dur à cuire se retrouve mêlé à une odieuse conspiration. A savoir, devenir la cible meurtrière de flics ripoux contraints d'exécuter une ultime fois un cambriolage pour le compte d'Irina Vlaslov, l'épouse d'un éminent mafieux mis sous verrou. Mais rien ne se déroulera comme prévu... Fort d'un casting prestigieux opposant d'illustres vétérans (Woody HarrelsonKate Winslet) aux talents de la nouvelle génération (Casey Affleck, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus ), Triple 9 est l'occasion pour ces têtes viriles de nous livrer un superbe numéro d'acteurs.


Leur prestance burnée imposant chez la plupart un jeu vicié de corruption policière autour de l'héroïsme d'une jeune recrue venu s'interposer avec loyauté. Exploitant un scénario éculé de trahison policière en concertation avec la pègre, John Hillcoat parvient à réinventer les codes grâce à la virtuosité de sa mise en scène nous immergeant de plein fouet dans une situation d'urgence. Les séquences de braquages, poursuites sur bitumes et règlements de compte sanglants s'enchaînant avec une redoutable efficacité au fil oppressant d'un cheminement narratif vénéneux. Quant aux scènes de fusillades remarquablement chorégraphiées, elles nous plaquent au siège par leur intensité effrénée avec la sonorité d'un score à résonance horrifique ! Par le biais d'une intrigue structurée dressant les portraits sournois d'individus véreux (même le chef de la police plutôt largué panse sa solitude avec l'emprise de stupéfiants et d'alcool), John Hillcoat met en exergue la déliquescence d'une cité en perdition où la police tente difficilement d'imposer sa mainmise face aux pouvoirs du cartel mexicain et de la mafia russe. L'ultra réalisme imparti à cette urbanisation marginale est rehaussé d'éclairs de violence arides quant à l'agonie latente des victimes. Cette crudité poisseuse imposée par leurs exactions engendrant une intensité dramatique au fil de l'investigation fébrile de Chris Allen et parmi la contrainte des ripoux assignés à opérer le chantage des russes. Ce dernier redoublant les risques à tenter de les appréhender sans se douter que la menace émane également de sa propre hiérarchie.


Passionnant et rondement mené grâce à l'efficacité d'une réalisation vertigineuse et à la tension des enjeux dramatiques, Triple 9 insuffle une ambiance opaque terriblement ensorcelante au coeur d'une cité urbaine au bord du marasme. Outre ses éclairs d'action et de violence puissamment incisifs, Triple 9 est transcendé par les postures martiales de têtes d'affiche infaillibles (Kate Winslet s'avérant par ailleurs quasi méconnaissable en baronne soviétique !). 

    lundi 16 mai 2016

    LANDMINE GOES CLICK

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com 

    de Levan Bakhia. 2015. Géorgie. 1h50. Avec Sterling Knight , Spencer Locke , Dean Geyer , Kote Tolordava, Giorgi Tsaava

    Sortie salles Géorgie: 1er Juin 2015

    FILMOGRAPHIE: Levan Bakhia est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur georgien.
    2011: 247°F. 2015: Landmine Goes Click


    Rape and Revenge originaire de la Géorgie, Landmine goes click dépeint la descente aux enfers d'un couple de touristes, Chris et Alicia, pris à parti avec les humiliations d'un métayer après le départ précipité de l'amant de celle-ci. Chris ayant avoué à son meilleur ami une liaison avec sa compagne, Daniel avait déjà prémédité une terrible vengeance. Le pied posé sur une mine, Chris est contraint de resté immobile en attendant les éventuels secours du garde-chasse. Impuissante, Alicia tente en dernier ressort de creuser une tranchée au moment même où un chasseur et son chien viennent s'immiscer à l'improviste. Dès lors, un danger bien plus délétère se profile à l'horizon ! Série B d'un réalisme horrifique par son concept de survival brutal si bien que la première partie oscille humiliations et sévices sexuels, Landmine goes click part d'une idée insolite lorsque qu'un jeune touriste est contraint de témoigner impuissant au calvaire de son amie. Le pied posté sur une mine, Chris va entamer une épreuve de force avec une patience surdouée. Contraint d'espérer l'arrivée des secours sur une durée de 4 heures, il doit en prime affronter l'hostilité d'un redneck sadique cumulant les brimades auprès de ses proies.


    Plutôt bien soutenu, et avec l'appui d'un jeu d'acteurs assez convaincant, le suspense distille une tension toujours plus ardue pour le sort fragile des touristes. Par leurs comportements de stress et de malaise et parmi le jeu de provocations putassières imposé par leur tyran, on songe inévitablement à la Dernière maison sur la Gauche jusqu'à sa dérive primitive du viol (une séquence démonstrative s'attardant d'ailleurs un peu trop sur l'expression des visages). La seconde partie dérangeante continuera d'ailleurs d'explorer le schéma narratif de Craven du point de vue d'un justicier déterminé à se venger. Par son climat oppressant émanant du huis-clos domestique où des otages innocents vont à leur tour subir les bizutages, Landmine goes click éprouve un peu plus par sa violence gratuite engendrée par un bourreau sans vergogne. Jusqu'au-boutiste, l'issue de l'intrigue détonne pour nous laisser sur une impression amère de déchéance morale. Sa réflexion sur la vengeance s'avérant ici habilement exposée du point de vue de la remise en question finale du vindicateur. Une image forte qui en dit long sur le caractère vénéneux de la haine et l'incapacité d'y refréner ses pulsions perverses.


    Haletant, efficace et tendu, Landmine goes click repose beaucoup sur la dimension humaine des personnages exprimant une palette d'émotions de révolte et de désespoir par leur situation d'otages en survie. Psychologiquement éprouvant pour le chemin de croix de la victime et davantage malsain chez le cheminement immoral du justicier, sa conclusion glaçante fait mouche pour dénoncer l'avilissement d'une haine rendue ingérable.  

    vendredi 13 mai 2016

    LA FALAISE MYSTERIEUSE

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site retro-hd.com

    The Uninvited de Lewis Allen. 1944. U.S.A. 1h39. Avec Ray Milland, Ruth Hussey, Donald Crisp,
    Cornelia Otis Skinner, Dorothy Stickney.

    Sortie salles : 10 février 1944

    FILMOGRAPHIE: Lewis Allen est un réalisateur britannique, né le 25 décembre 1905 à Oakengates, Telford, décédé le 3 mai 2000 à Santa Monica (Californie).
    1943 : Freedom Comes High. 1944 : La Falaise mystérieuse. 1944 : Our Hearts Were Young and Gay
    1945 : Those Endearing Young Charms. 1945 : L'Invisible meurtrier. 1947 : The Perfect Marriage
    1947 : Suprême aveu (en). 1947 : La Furie du désert. 1948 : Une âme perdue. 1948 : Verdict secret.
    1949 : Enquête à Chicago. 1951 : Rudolph Valentino, le grand séducteur. 1951 : Échec au hold-up.
    1952 : Les Fils des mousquetaires. 1954 : Je dois tuer. 1955 : Un pruneau pour Joe. 1955 : Témoin à abattre. 1958 : Je pleure mon amour. 1959 : La Lorelei brune ou La Fugitive du Rhin. 1963 : Decision at Midnight.


    Edité en Blu-ray et Dvd sous l'effigie de Wild Side Video et vendu comme l'un des films les plus effrayants selon Martin Scorcese, La Falaise Mystérieuse peut enfin aujourd'hui s'exhumer de sa torpeur. Série B modeste tournée en noir et blanc et préfigurant les futurs sommets d'effroi que seront La Maison du Diable et Les Innocents, la Falaise Mystérieuse joue la carte de suggestion pour tenter d'impressionner le spectateur. Car il faut bien l'avouer, cette curiosité oubliée suscite plus la sympathie amusée que la terreur escomptée. L'allégation du maître Scorcese s'avère donc à mon sens disproportionnée (ou pire mensongère) et ressemble plus à un alibi commercial, à l'instar de son confrère James Cameron ayant prodigué avec constance ses éloges à Terminator Genesys.



    Séduits par la scénographie côtière d'une bâtisse située à proximité d'une falaise, un frère et une soeur décident de l'acheter pour une modique somme. Mais rapidement, des voix inquiétants perçues dans la nuit vont importuner nos propriétaires. Dès lors, Roderick et Pamela vont enquêter sur l'ancienne résidente, Mary Meredith, mystérieusement décédée des années au préalable. Cette intrigue futile, Lewis Allen l'exploite avec efficacité d'un rythme soutenu par le biais d'une investigation de longue haleine que concertent le couple de héros, la fille de la défunte disparue et un praticien. Emaillé de quelques traits d'humour afin de désamorcer les situations trop anxiogènes, La Falaise Mystérieuse parvient à divertir et instaurer un climat d'inquiétude avec l'intelligence du hors-champ sonore. Les séquences les plus réussies émanant des voix d'outre tombe oscillant pleurs, rires et râles pour distiller un (timide) malaise. Par l'entremise éthérée de spectres en fâcheuse contradiction, le réalisateur prend plaisir à détourner les rôles pour mieux nous égarer tout en nous révélant des indices au compte-goutte autour d'une relation filiale en quête identitaire et de rédemption. Enfin, en parallèle du récit en suspens, il cultive un goût pour la romance que partagent fougueusement Roderick et Stella, la fille persécutée de Mary.


    Reposant sur l'autorité d'une mise en scène inspirée et servi par des comédiens attachants dans leur motivation impromptue de détectives, La Falaise Mystérieuse parvient à divertir sous le principe modeste de la série B. Attention toutefois au slogan dithyrambique révélé par Martin Scorcese, vous risqueriez d'être sévèrement déçus !  

    jeudi 12 mai 2016

    MUSTANG. Meilleur premier film, César 2016.

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Deniz Gamze Ergüven. 2015. Germano-franco-turco-qatari. 1h37. Avec Güneş Nezihe Şensoy,
    İlayda Akdoğan, Tuğba Sunguroğlu, Elit İşcan, Doğa Zeynep Doğuşlu.

    Sortie salles France: 17 Juin 2015. Turquie: 23 Octobre 2015.

    FILMOGRAPHIE: Deniz Gamze Ergüven est une réalisatrice, scénariste et actrice franco-turque, née le 4 juin 1978 à Ankara en Turquie.
    2004: Libérables (court). 2006: Mon trajet préféré (court). 2006: Une goutte d'eau (court). 2015: Mustang


    Drame social d'une rigueur toujours plus grave, Mustang traite du patriarcat au sein de la société Turque, alors que paradoxalement, en 1934, le droit de vote pour les femmes fut autorisé chez eux bien avant l'hexagone (1945). A travers le terrible destin de 5 orphelines livrées à la dictature de leur grand-mère et d'un oncle, la réalisatrice franco-turque met en exergue l'idéologie obscurantiste de son pays depuis l'arrivée au pouvoir d'un nouveau parti patriarcal (l'AKP) instauré depuis 2003.


    Cette régression morale, Deniz Gamze Ergüven l'illustre à travers le calvaire de ces soeurs avides de liberté et de désir d'aimer mais toujours plus contraintes de se confiner dans le mutisme depuis les nouvelles normes drastiques exigées par des parents rétrogrades. C'est bien connu, plus on interdit les choses, plus on est tenté de les braver ! Et ces adolescentes recluses dans leur cocon familial (l'oncle à installer des barreaux derrière chaque fenêtre et leur a interdit de retourner à l'école) vont donc user de stratagèmes d'évasion et de rébellion afin de s'accorder un semblant d'épanouissement. Parmi la subtilité d'une mise en scène jamais démonstrative (la réalisatrice use d'ellipses pour aller droit à l'essentiel et ainsi éviter les conventions) et le talent sémillant d'une distribution juvénile débordante de naturel, Mustang provoque une émotion prude réfutant le misérabilisme. Car ces portraits fragiles d'ados en quête d'amour et de désir sexuel nous émeut sobrement par leur situation désoeuvrée à subir le machisme d'un patriarche aussi insidieux qu'immoral (Spoil ! ses abus sexuels perpétrés sur une des filles ! Fin du Spoil).


    Illustrant avec vitalité la crise adolescente de cinq soeurs en quête de fantaisies et d'amour (tant du point de vue des fréquentations que de leurs parents démissionnaires) puis cédant ensuite au désespoir de leur situation de claustration, Mustang dérange, émeut, prend aux tripes le spectateur, témoin impuissant des traditions archaïques d'une société patriarcale imposant les mariages forcés afin de taire leurs effronteries. Hymne à l'émancipation de la cause féminine, cette oeuvre magnifique aborde sans fard la désillusion existentielle avant de ranimer l'espoir d'une révolte féminine au bord du suicide. Bouleversant. 

    Récompenses:
    Festival de Cannes 2015 : Label Europa Cinema21 (sélection Quinzaine des réalisateurs3,22)
    Festival international du film d'Odessa 2015 : Duc d'or du meilleur film
    Festival international du film de Stockholm 2015 : prix du meilleur scénario23
    Prix LUX du Parlement européen 201524
    Festival international du film de femmes de Salé 2015 : Prix du scénario
    21e cérémonie des prix Lumières 2016 :
    Prix Lumières du meilleur film
    Prix Heike Hurst du meilleur premier film
    Prix Lumières du meilleur espoir féminin pour Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit Işcan, Tuğba Sunguroğlu et Ilayda Akdoğan
    Prix de la meilleure photographie pour David Chizallet
    Goya du meilleur film européen 2016
    Festival de Valladolid 2015 : Espiga de plata Largometraje, Premio "Pilar Miro" al mejor nuevo director.
    Prix du cinéma européen 2015 : Prix découverte - prix FIPRESCI
    41e cérémonie des César 2016 : Meilleur scénario original. Meilleur montage. Meilleure musique
    Meilleur premier film.

    mercredi 11 mai 2016

    APPEL INCONNU

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site goldposter.com

    El Desconocido de Dani de la Torre. 2015. Espagne. 1h40. Avec Dani De La Torre, Luis Tosar, Javier Gutiérrez, Goya Toledo.

    Sortie salles Espagne: 25 Septembre 2015.

    FILMOGRAPHIE: Dani de la Torre est un réalisateur espagnol né en 1975 à Galicia.
    2013: Gala premios Mestre Mateo 2012 (télé-film). 2015: Appel Inconnu


    Suspense oppressant prenant pour cadre restreint l'habitacle d'une voiture auquel un père et ses deux enfants y sont embrigadés de force depuis l'amorce d'une bombe confinée sous les sièges, Appel Inconnu parvient à nous tenir en haleine dans sa succession de revirements alertes ! Grâce à la maîtrise de sa mise en scène et à la géométrie du montage, Dani de la Torre insuffle une belle vigueur au cheminement narratif sous l'impulsion de protagonistes démunis contraints de céder au racket d'un étranger cupide. Sans céder à la facilité de l'esbroufe pour sa situation hostile sur le qui-vive, le réalisateur préconise un réalisme percutant pour nous convaincre de la véracité du fait singulier. A savoir, une prise d'otage échelonnée à distance par l'entremise de téléphones portables !


    Ce concept insolite va imposer au fil de son huis-clos routier une sévère épreuve de force pour le père de famille. Si bien que son entourage familial et professionnel, ainsi que la police en alerte n'auront de cesse de le suspecter d'être l'instigateur de la prise d'otages. Fustigeant en sous texte social la corruption financière du management, Appel Inconnu insuffle une intensité dramatique du point de vue moral du criminel et de la victime, au moment même de la déconvenue d'une cellule familiale en crise. Au-delà de l'aspect effréné de quelques courses-poursuites sur bitume et de la solide gestion du suspense, Appel Inconnu met en exergue le portrait galvaudé d'un père de famille Spoil ! peu à peu rongé par le remord d'une lâcheté et en quête désespérée de rédemption afin de préserver la vie de ses enfants fin du Spoil. Par l'entremise des rapports intimes entretenus avec sa fille aînée, Dani de la Torre accentue l'empathie d'une vibrante relation paternelle davantage gagnée par la fraternité.


    Thriller à suspense mené avec savoir-faire et impeccablement servi par une distribution sans fard, Appel Inconnu oscille réalisme et vigueur dramatique face à un contexte de survie sur le fil du rasoir. On pardonne donc la facilité d'une bravoure finale futilement improbable et quelques clichés usuels au genre que l'intrigue exploite (efficacement) dans sa dernière partie (son principe éculé de la vengeance criminelle et l'identité du coupable). Un excellent divertissement taillé sur mesure.  

    Dédicace à Seb Lake.

    mardi 10 mai 2016

    CALIGULA, LA VERITABLE HISTOIRE

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmplakater.wordpress.com

    Caligula II: The Untold Story/Emperor Caligula: The Garden of Taboo de David Hills (Joe D'Amato). 1982. Italie. 1h32 (version cut) / 1h50 (version Uncut X) / 2H05 (version longue Uncut X). Avec Laura Gemser , Oliver Finch , David Brandon , Gabriele Tinti , Michele Soavi.

    Sortie salles U.S le 6 Janvier 1983 en version censurée.

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien.
    1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


    Avertissement ! La version Uncut comprend diverses séquences pornographiques dont une séance de zoophilie risquant d'offenser certaines âmes trop prudes ! 

    « Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent ! »
    Epigone bisseux du film scandale de Tinto Brass tourné 2 ans au préalable, Caligula porte inévitablement la signature de son auteur transalpin, spécialiste du gore vomitif comme l'avaient si bien transfigurées ses illustres zèderies Anthropophagous, Horrible et surtout son chef-d'oeuvre nécrophile, Blue Holocaust. Joe d'Amato ne reculant une fois encore devant rien pour provoquer le dégoût et ébranler le spectateur, témoin d'une débauche aussi meurtrière qu'érotomane. Peplum horrifico-porno tourné avec des bouts de ficelles et des acteurs de seconde zone (dont une figuration issue du milieu porno), Caligula retrace le destin putassier du plus célèbre empereur de Rome. Obnubilé à l'idée de gouverner le monde par le chantage et une violence expéditive car rivalisant de provocations à châtier ses nombreux ennemis, il s'efforce d'asseoir sa triste réputation afin d'émuler l'immortalité des dieux. Son goût insatiable pour l'autocratie le mène donc à une déchéance immorale aux confins de la folie comme le souligne la récurrence de ses cauchemars nocturnes. Mais une esclave, Miriam, s'empresse de venger la mort d'une de ses comparses par un stratagème de séduction.


    « Plût aux Dieux que le peuple n'eut qu'une seule tête. »
    Ce scénario linéaire bourré d'ellipses (montage approximatif) et d'incohérences (principalement le comportement équivoque de Miriam éprise de fougue amoureuse pour l'empereur avant de se culpabiliser in extremis), Joe d'Amato l'exploite avec autant de maladresses (notamment le profil parano de Caligula) que de savoir-faire dans son parti-pris de cristalliser un climat poisseux littéralement obsédant. Tant par l'aspect onirique des cauchemars inquiétants que Caligula intériorise avec prémonition, que les banquets fétides où orgies sanglantes et sexuelles s'agencent pour plonger le spectateur dans un délire baroque. En dépit de sa faiblesse narrative prétexte à une mosaïque de provocations visuelles assez réalistes et choquantes (la fameuse séquence de zoophilie, l'empalement par l'anus !), Caligula insuffle au fil de la dérive schizo de son antagoniste un climat d'étrangeté vénéneux, comme le souligne parfois la partition hypnotique de mélodies lancinantes. Hormis une direction d'acteurs assez inexpressifs, l'objet de décadence est également renforcé du jeu délétère de David Brandon endossant par son charisme trouble et l'intensité d'un regard frigide un pervers sanguinaire hanté par des exactions toujours plus irraisonnées (Spoil ! le sort réservé à Miriam fin du Spoiler). On peut également mettre en valeur la présence secondaire de Laura Gemser incarnant avec une émotion parfois poignante une esclave introvertie partagée entre la colère, les sentiments (ses rapports inopinément charnels avec Caligula) et une rancoeur punitive teintée de désespoir.


    « Le pouvoir donne ses chances à l'impossible. »
    Délire scabreux profondément malsain, opaque et étrangement fascinant, Caligula ose inscrire de manière insalubre la décadence putassière d'un empereur rongé par sa mégalomanie et sa paranoïa morbide. Dans une facture bisseuse de série B au rabais, Joe d'Amato parvient tout de même à transcender la maigreur de son budget par son réalisme historique (on y croit, aussi minimaliste que soit la topographie des décors cheap et sa timide figuration) et surtout l'aura tangible d'un climat trouble de séduction. Une expérience licencieuse à l'aura de souffre indécrottable, à prescrire inévitablement auprès d'un public averti.

    lundi 9 mai 2016

    10 Cloverfield Lane

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site offi.fr 

    de Dan Trachtenberg. 2016. U.S.A. 1h43. Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher, Jr., Maya Erskine, Mat Vairo

    Sortie salles France: 16 Mars 2016. U.S: 11 Mars 2016

    FILMOGRAPHIE: Dan Trachtenberg est un réalisateur et scénariste américain.
    2016: 10 Colverfield Lane



    Prenant pour cadre le huis-clos intimiste d'un bunker auquel trois survivants s'y sont confinés depuis une éventuelle attaque chimique, 10 Cloverfield Lane n'est pas la suite du documenteur catastrophiste de Matt Reeves. Le titre du film se référant ici exclusivement à l'adresse du lieu unique de l'action. Mais en dépit de son absence de pyrotechnie visuelle, nous restons tout de même un peu dans l'esprit de Cloverfield pour son aspect "fin du monde" ainsi que la révélation dantesque de son intrigue. Série B modeste privilégiant sans retenue la suggestion afin de cultiver un suspense tendu autour de trois personnages en discorde, 10 Cloverfield Lane parvient à retenir l'attention grâce à l'étude des caractères contradictoires. Renforcé du jeu équivoque de l'impressionnant John Goodman et des prestances aussi convaincantes de John Gallagher et surtout de Mary Elizabeth Winstead en héroïne de dernier ressort, l'intrigue laisse planer assez habilement le doute quant aux agissements équivoques du propriétaire du bunker.


    Car sujet aux excès de colère et de violence lorsque l'un d'eux tente de s'échapper par la sortie au risque de contaminer les membres du bunker, Howard Stambler y extériorise un caractère castrateur conçu sur la bienveillance d'autrui. Mais s'agit-il d'un kidnappeur (comme le laisse sous-entendre son ancienne relation avec Megan) ou d'un aimable secouriste ? (comme le souligne le prologue lorsque Michelle opère une embardée sur l'autoroute). La réponse finira par éclore au fil des stratégies d'évasion que nos deux rescapés vont solidairement tenter de commettre en cataminie. Quant à la menace externe qui plane sur les épaules de nos survivants, nous restons constamment dans une perpétuelle perplexité à savoir si Howard Stambler aurait tout inventé pour mieux contenir l'interrogation de ses otages Spoil ! malgré la preuve oculaire d'une victime moribonde laissée à l'extérieur de la bâtisse fin du Spoil. La seconde partie autrement explicite nous dévoile enfin l'envers du décor de cette éventuel péril atomique par le biais de séquences inquiétantes réussies par leur réalisme fascinatoire, qui plus est superbement éclairé lors d'un climat opaque. 


    Série B solide, intense, retorse et intelligente misant sur l'expectative d'une révélation potentiellement dystopique, 10 Colverfield Lane y transcende en prime un superbe portrait de femme pugnace que Mary Elizabeth Winstead endosse avec un sang-froid perpétuellement impressionnant. Superbement photographié et immersif dans son cadre exigu de tous les dangers, 10 Cloverfield Lane inquiète puis fascine lors de son dernier acte sous tension impeccablement épaulé d'FX renversants de réalisme. 

    *Bruno
    20.05.23. 2èx. vf

    vendredi 6 mai 2016

    NIKITA. César de la Meilleure Actrice, Anne Parillaud, 1991.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com 

    de Luc Besson. 1990. France/Italie. 1h57. Avec Anne Parillaud, Marc Duret, Patrick Fontana, Alain Lathière, Laura Chéron, Roland Blanche.

    Sortie salles France: 21 Février 1990

    FILMOGRAPHIE: Luc Besson est un réalisateur, producteur, et scénariste français né le 18 mars 1959 à Paris.
    1983: Le Dernier combat, 1985: Subway, 1988: Le Grand Bleu, 1990: Nikita, 1991: Atlantis, 1994: Léon, 1997: Le 5è élément, 1999: Jeanne d'Arc, 2005: Angel-A, 2006: Arthur et les Minimoys, 2009: Arthur et la vengeance de Maltazard, 2010: les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, Arthur 3, la guerre des 2 mondes, 2011: The Lady. 2013 : Malavita. 2014 : Lucy. 2017: Valérian et la Ville aux mille planètes.


    Enorme succès à sa sortie dans l'hexagone (3 546 077 entrées) et outre-atlantique (5 millions de dollars de recettes), Nikita est une première incursion dans le cinéma d'action pour Luc Besson. Jugé à perpétuité après le meurtre d'un policier, une jeune toxicomane se voit proposer une seconde chance par le gouvernement. Accepter le rôle d'émissaire afin d'exécuter de dangereuses missions pour le compte d'une organisation secrète. Après un entrainement intensif et être parvenue à achever sa première tâche, Nikita retourne dans la vie sociale et tombe amoureuse d'un caissier de supérette. Mais 6 mois plus tard, ses supérieurs la rappellent pour un second objectif. 


    A partir d'un scénario original combinant avec efficacité gunfight chorégraphiques et moments intimismes d'étreinte conjugale, Nikita est également l'occasion de nous dévoiler un talent de comédienne hors pair en la présence d'Anne Parillaud, transcendant ici un magnifique portrait de femme-enfant. Aussi fragile que volcanique par son tempérament d'écorchée vive puis soumise à exercer son devoir professionnel afin de payer sa dette à l'état, son initiation au meurtre l'incite à adopter une posture de tueuse opiniâtre avant d'amorcer des signes de faiblesses morales au fil de missions toujours plus ardues. Récompensée du César de la meilleure actrice, l'actrice crève littéralement l'écran à se glisser dans la peau de cet agent secret constamment sur la corde raide et débordante d'émancipation. Sous l'impulsion de ses émois amoureux, Luc Besson souligne le caractère démunie de cette marginale abandonnée de tous à l'exception de son amant Marco (Jean Hugue Anglade, épatant de fringance naturelle !). Alternant les moments de tension lorsqu'elle est contrainte de préméditer sa mission en feignant ses activités devant le témoignage de ce dernier, et les instants de tendresse lorsque le couple se laisser voguer par leur amour fusionnel, Nikita brasse ses émotions contradictoires avec une dramaturgie davantage anxiogène. A l'instar de l'apparition fortuite du "Nettoyeur" (Jean Reno, magnétique par son charisme impassible !) insufflant au cheminement narratif une montée en puissance du suspense et d'ultra-violence incontrôlée !


    Mis en scène avec virtuosité sous l'autorité personnelle de Luc Besson, Nikita réactulise le cinéma d'action moderne sous le pilier d'une étude caractérielle des personnages (Tchéky Karyo se délectant également à entretenir l'ambiguïté dans sa fonction cynique de mentor empathique). Outre l'impact jouissif de ses scènes d'actions scandées d'une partition entêtante, le film repose surtout sur les frêles épaules d'Anne Parillaud oscillant avec une énergie viscérale la tendresse des sentiments et le courage d'un héroïsme en perdition. Un des meilleurs films d'action français des années 90.

    Récompenses: MystFest 1990: meilleur acteur pour Tchéky Karyo (également pour son rôle dans Corps perdus)
    César 1991: meilleure actrice pour Anne Parillaud
    Prix David di Donatello 1991: meilleure actrice étrangère pour Anne Parillaud
    Rubans d'argent 1991: meilleur réalisateur étranger pour Luc Besson

    jeudi 5 mai 2016

    THE MIDNIGHT MEAT TRAIN. Prix du Jury, Prix du Public, Gerardmer 2009.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Ryuhei Kitamura. 2008. U.S.A. 1h43. Avec Bradley Cooper, Leslie Bibb, Brooke Shields, Vinnie Jones, Roger Bart, Tony Curran, Barbara Eve Harris, Peter Jacobson.

    Sortie salles France: 29 Juillet 2009. U.S: 1er Août 2008.

    FILMOGRAPHIE: Ryuhei Kitamura (北村 龍平) est un réalisateur, producteur et scénariste japonais né le 30 mai 1969 à Ōsaka (Japon). 1996: Heat After Dark. 1997: Down to Hell. 2000: Versus, l'ultime guerrier. 2002: Jam Films (segment The Messenger - Requiem for the Dead)
    2002 : Alive. 2003 : Aragami. 2003 : Azumi.  200: Sky High. 2004: Longinus. 2004: Godzilla: Final Wars. 2006 : LoveDeath. 2008: The Midnight Meat Train. 2012: No One Lives. 2014: Lupin III.


    Célébré à Gérardmer avec deux prix mérités, The Midnight meat train emprunte une nouvelle de Clive Barker pour mettre en exergue une narration aussi solide qu'insolite. Alors qu'un boucher sévit dans les métros de New-York en trucidant sauvagement les voyageurs du dernier train, un photographe en quête de notoriété s'efforce de suivre ses agissements quitte à en perdre sa morale. Série B horrifique à l'ambiance hermétique plutôt vénéneuse, The Midnight meat train oscille l'esbroufe de séquences gores assez corsées (en dépit de l'extrême maladresse de certains effets CGI entachés d'un sang oranger !) et l'investigation de longue haleine d'un photographe obsédé à démasquer les obscurs agissements d'un tueur en série. Pour corser la situation hostile, sa compagne toujours plus inquiète de son comportement instable et de ses virées nocturnes s'efforce en parallèle d'enquêter avec l'appui d'un ami.


    Outre la structure ciselée d'une narration pleine de rebondissements et d'idées inquiétantes (les pustules sur le torse du tueur, son journal intime datant de plus de 100 ans !), l'intrigue repose notamment sur la densité caractérielle de ces personnages plongés dans un aventure licencieuse en chute libre. Particulièrement le désarroi progressif du couple lorsque Maya témoigne de l'avilissement moral de son compagnon, Léon. Ce dernier exerçant le métier de photographe avec une trouble ambiguïté (prendre les clichés d'une violente altercation avant de porter assistance à la victime !) depuis son désir de combler les exigences d'une directrice en galerie d'arts. Avec sobriété et la subtilité d'une humeur versatile, Bradley Cooper se glisse dans la peau du voyeur avec une fascination morbide si bien que son cheminement vers la vérité le mènera droit en enfer. Cette initiation à la déliquescence meurtrière, Ryuhei Kitamura la traduit autour de l'efficacité d'un suspense haletant ne lésinant par sur les affrontements barbares lorsque les survivants et notre anti-héros tentent de se dépêtrer de la mort. Quant à la dernière partie rivalisant d'audaces et de surprises car levant le voile sur les mobiles du boucher tueur, le cinéaste transcende un univers sépulcrale avec un pessimisme étonnamment déroutant.


    Slasher atypique au scénario charpenté, The Midnight meat train parvient à fasciner le spectateur pour témoigner de l'errance morale d'un photographe fasciné par le Mal car plongé malgré lui dans un voyeurisme dangereusement fétide. Un solide divertissement à l'odeur de souffre aussi éthérée que capiteuse. 


    mercredi 4 mai 2016

    THE HOUSE OF THE DEVIL

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site glasseyepix.com

    de Ti West. 2009. U.S.A. 1h35. Avec Jocelin Donahue, Tom Noonan, Mary Woronov, Greta Gerwig,
    A. J. Bowen, Dee Wallace.

    Sortie DTV France: 8 septembre 2010 

    FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur.
    2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament.


    Petit artisan de la série B à qui l'on doit les épatants The Innkeepers et The Sacrament, Ti West se fit connaître aux yeux des cinéphiles avec son quatrième long passé par la trappe DTV, The House of the Devil. Pur hommage aux productions horrifiques des années 70 et 80 si bien que l'on jurerait que le film émane de cette époque charnière, cette modeste production joue la carte de la suggestion afin d'honorer ces ancêtres. Que l'on accroche ou pas à son ambiance d'inquiétude diffuse misant sur l'expectative du suspense latent, le soin conféré à sa réalisation provoque une certaine fascination dans la manière avisée du cinéaste à exploiter le cadre architecturale d'une bâtisse classique. Et ce, jusque dans la tenue obsolète des fringues auquel s'affublent chacun des protagonistes.


    Croisement entre Trauma (pour l'accueil patibulaire des proprios sclérosés feignant l'identité d'une belle-mère sans visage), Terreur sur la ligne (pour la solitude anxiogène d'une baby-sitter en perte de repères dans les corridors de la demeure) et Rosemary's Baby (pour son final satanique à l'épilogue convenu), The House of the Devil provoque une irrésistible sympathie dans sa confection artisanale photogénique. D'une simplicité narrative, l'intrigue préconise le climat intimiste d'une jeune baby-sitter confinée dans une demeure gothique le temps d'une nuit d'éclipse. Par l'entremise de détails inquiétants misant également sur les hors-champs sonores (craquements de meubles et chuchotements), Tim West cultive un goût pour l'atmosphère d'inquiétude (partition monocorde à l'appui) plutôt que l'angoisse ou la terreur tangible. Dominé par la présence de la débutante Jocelin Donahue (bien qu'il s'agisse de son 3è rôle au cinéma), cette dernière parvient à donner chair à son personnage candide avec un charisme et une franchise épatants de naturel. Et si la dernière partie laissant libre court à une violence graphique emprunte certaines facilités (Spoil ! la manière banale dont l'héroïne parvient à s'extirper des griffes de ses oppresseurs ! fin du Spoil), l'énergie de la réalisation transcende ces scories parmi la vigueur d'une terreur oppressante.


    Sympathique hommage au cinéma d'horreur des années 70 et 80, The House of the Devil instaure la série B d'antan dans une gestion de suspense et de mystère scrupuleusement envoûtants. Psycho-killer laconique empruntant la démarche d'une hantise satanique sous l'impulsion d'une héroïne en perdition, The House of the Devil réactulise les ficelles du genre avec une efficacité dignement modeste.