mardi 10 mai 2016

CALIGULA, LA VERITABLE HISTOIRE

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmplakater.wordpress.com

Caligula II: The Untold Story/Emperor Caligula: The Garden of Taboo de David Hills (Joe D'Amato). 1982. Italie. 1h32 (version cut) / 1h50 (version Uncut X) / 2H05 (version longue Uncut X). Avec Laura Gemser , Oliver Finch , David Brandon , Gabriele Tinti , Michele Soavi.

Sortie salles U.S le 6 Janvier 1983 en version censurée.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien.
1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


Avertissement ! La version Uncut comprend diverses séquences pornographiques dont une séance de zoophilie risquant d'offenser certaines âmes trop prudes ! 

« Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent ! »
Epigone bisseux du film scandale de Tinto Brass tourné 2 ans au préalable, Caligula porte inévitablement la signature de son auteur transalpin, spécialiste du gore vomitif comme l'avaient si bien transfigurées ses illustres zèderies Anthropophagous, Horrible et surtout son chef-d'oeuvre nécrophile, Blue Holocaust. Joe d'Amato ne reculant une fois encore devant rien pour provoquer le dégoût et ébranler le spectateur, témoin d'une débauche aussi meurtrière qu'érotomane. Peplum horrifico-porno tourné avec des bouts de ficelles et des acteurs de seconde zone (dont une figuration issue du milieu porno), Caligula retrace le destin putassier du plus célèbre empereur de Rome. Obnubilé à l'idée de gouverner le monde par le chantage et une violence expéditive car rivalisant de provocations à châtier ses nombreux ennemis, il s'efforce d'asseoir sa triste réputation afin d'émuler l'immortalité des dieux. Son goût insatiable pour l'autocratie le mène donc à une déchéance immorale aux confins de la folie comme le souligne la récurrence de ses cauchemars nocturnes. Mais une esclave, Miriam, s'empresse de venger la mort d'une de ses comparses par un stratagème de séduction.


« Plût aux Dieux que le peuple n'eut qu'une seule tête. »
Ce scénario linéaire bourré d'ellipses (montage approximatif) et d'incohérences (principalement le comportement équivoque de Miriam éprise de fougue amoureuse pour l'empereur avant de se culpabiliser in extremis), Joe d'Amato l'exploite avec autant de maladresses (notamment le profil parano de Caligula) que de savoir-faire dans son parti-pris de cristalliser un climat poisseux littéralement obsédant. Tant par l'aspect onirique des cauchemars inquiétants que Caligula intériorise avec prémonition, que les banquets fétides où orgies sanglantes et sexuelles s'agencent pour plonger le spectateur dans un délire baroque. En dépit de sa faiblesse narrative prétexte à une mosaïque de provocations visuelles assez réalistes et choquantes (la fameuse séquence de zoophilie, l'empalement par l'anus !), Caligula insuffle au fil de la dérive schizo de son antagoniste un climat d'étrangeté vénéneux, comme le souligne parfois la partition hypnotique de mélodies lancinantes. Hormis une direction d'acteurs assez inexpressifs, l'objet de décadence est également renforcé du jeu délétère de David Brandon endossant par son charisme trouble et l'intensité d'un regard frigide un pervers sanguinaire hanté par des exactions toujours plus irraisonnées (Spoil ! le sort réservé à Miriam fin du Spoiler). On peut également mettre en valeur la présence secondaire de Laura Gemser incarnant avec une émotion parfois poignante une esclave introvertie partagée entre la colère, les sentiments (ses rapports inopinément charnels avec Caligula) et une rancoeur punitive teintée de désespoir.


« Le pouvoir donne ses chances à l'impossible. »
Délire scabreux profondément malsain, opaque et étrangement fascinant, Caligula ose inscrire de manière insalubre la décadence putassière d'un empereur rongé par sa mégalomanie et sa paranoïa morbide. Dans une facture bisseuse de série B au rabais, Joe d'Amato parvient tout de même à transcender la maigreur de son budget par son réalisme historique (on y croit, aussi minimaliste que soit la topographie des décors cheap et sa timide figuration) et surtout l'aura tangible d'un climat trouble de séduction. Une expérience licencieuse à l'aura de souffre indécrottable, à prescrire inévitablement auprès d'un public averti.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire