de John Hillcoat. 2015. U.S.A. 1h55. Avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus, Gal Gadot, Woody Harrelson, Kate Winslet, Teresa Palmer
Sortie salles France: 16 mars 2016. États-Unis: 26 février 2016
FILMOGRAPHIE: John Hillcoat est un cinéaste australien né en 1961 au Queensland. 1988: Ghosts… of the Civil Dead. 1996: To Have and to Hold. 2005: The Proposition. 2009: La Route. 2012: Des hommes sans loi. 2016: Triple 9
Révélé par La Route et (à moindre échelle) par des Hommes sans loi alors qu'il nous avait préalablement estomaqué avec son western sauvage, The Proposition, John Hillcoat réinvente aujourd'hui le polar hard-boiled avec Triple 9. 999 signifiant le code d'alerte des services de police lorsque l'un d'eux est grièvement blessé par l'ennemi. Rameuté en masse, ils tentent alors en dernier recours de sauver leur comparse. Entre les hostilités du cartel mexicain et de la mafia russe, un jeune flic dur à cuire se retrouve mêlé à une odieuse conspiration. A savoir, devenir la cible meurtrière de flics ripoux contraints d'exécuter une ultime fois un cambriolage pour le compte d'Irina Vlaslov, l'épouse d'un éminent mafieux mis sous verrou. Mais rien ne se déroulera comme prévu... Fort d'un casting prestigieux opposant d'illustres vétérans (Woody Harrelson, Kate Winslet) aux talents de la nouvelle génération (Casey Affleck, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus ), Triple 9 est l'occasion pour ces têtes viriles de nous livrer un superbe numéro d'acteurs.
Leur prestance burnée imposant chez la plupart un jeu vicié de corruption policière autour de l'héroïsme d'une jeune recrue venu s'interposer avec loyauté. Exploitant un scénario éculé de trahison policière en concertation avec la pègre, John Hillcoat parvient à réinventer les codes grâce à la virtuosité de sa mise en scène nous immergeant de plein fouet dans une situation d'urgence. Les séquences de braquages, poursuites sur bitumes et règlements de compte sanglants s'enchaînant avec une redoutable efficacité au fil oppressant d'un cheminement narratif vénéneux. Quant aux scènes de fusillades remarquablement chorégraphiées, elles nous plaquent au siège par leur intensité effrénée avec la sonorité d'un score à résonance horrifique ! Par le biais d'une intrigue structurée dressant les portraits sournois d'individus véreux (même le chef de la police plutôt largué panse sa solitude avec l'emprise de stupéfiants et d'alcool), John Hillcoat met en exergue la déliquescence d'une cité en perdition où la police tente difficilement d'imposer sa mainmise face aux pouvoirs du cartel mexicain et de la mafia russe. L'ultra réalisme imparti à cette urbanisation marginale est rehaussé d'éclairs de violence arides quant à l'agonie latente des victimes. Cette crudité poisseuse imposée par leurs exactions engendrant une intensité dramatique au fil de l'investigation fébrile de Chris Allen et parmi la contrainte des ripoux assignés à opérer le chantage des russes. Ce dernier redoublant les risques à tenter de les appréhender sans se douter que la menace émane également de sa propre hiérarchie.
Passionnant et rondement mené grâce à l'efficacité d'une réalisation vertigineuse et à la tension des enjeux dramatiques, Triple 9 insuffle une ambiance opaque terriblement ensorcelante au coeur d'une cité urbaine au bord du marasme. Outre ses éclairs d'action et de violence puissamment incisifs, Triple 9 est transcendé par les postures martiales de têtes d'affiche infaillibles (Kate Winslet s'avérant par ailleurs quasi méconnaissable en baronne soviétique !).
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