mardi 17 mai 2016

Triple 9

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site traileraddict.com 

de John Hillcoat. 2015. U.S.A. 1h55. Avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus, Gal Gadot, Woody Harrelson, Kate Winslet, Teresa Palmer

Sortie salles France: 16 mars 2016. États-Unis: 26 février 2016

FILMOGRAPHIE: John Hillcoat est un cinéaste australien né en 1961 au Queensland. 1988: Ghosts… of the Civil Dead. 1996: To Have and to Hold. 2005: The Proposition. 2009: La Route. 2012: Des hommes sans loi. 2016: Triple 9


Révélé par La Route et, à moindre échelle, par Des Hommes sans loi, après nous avoir estomaqués avec son western sauvage The Proposition, John Hillcoat réinvente aujourd’hui le polar hard-boiled avec Triple 9. « 999 » désigne le code d’alerte des services de police lorsqu’un agent est grièvement blessé. Tous accourent alors pour sauver leur comparse. Entre le cartel mexicain et la mafia russe, un jeune flic dur à cuire se retrouve pris dans une conspiration odieuse : devenir la cible sacrificielle de flics ripoux contraints d’exécuter un dernier cambriolage pour le compte d’Irina Vlaslov, épouse d’un mafieux sous les verrous. Mais rien ne se déroulera comme prévu…

Fort d’un casting prestigieux opposant des vétérans (Woody Harrelson, Kate Winslet) à la nouvelle génération (Casey Affleck, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus), Triple 9 offre à ses figures viriles un superbe numéro d’acteurs. Leur prestance brute incarne un jeu vicié de corruption policière, autour de l’héroïsme d’une jeune recrue venue s’interposer avec loyauté. Exploitant un scénario éculé de trahison policière en collusion avec la pègre, John Hillcoat réussit pourtant à le transcender par la virtuosité de sa mise en scène, qui nous propulse de plein fouet dans une urgence constante. Braquages, courses-poursuites et règlements de comptes s’enchaînent avec une redoutable efficacité, portés par un fil narratif vénéneux. Les fusillades, magnifiquement chorégraphiées, nous clouent au siège par leur intensité effrénée, amplifiée par un score aux résonances presque horrifiques.

À travers cette intrigue structurée où se dressent les portraits d’individus véreux (jusqu’au chef de la police, qui noie sa solitude dans l’alcool et la drogue), Hillcoat met en exergue la déliquescence d’une cité en perdition. La police y peine à imposer son autorité face aux pouvoirs conjoints du cartel mexicain et de la mafia russe. L’ultra-réalisme de cette urbanité marginale s’accompagne d’éclairs de violence sèche, marquant l’agonie des victimes. Cette crudité poisseuse, fruit des exactions criminelles, nourrit l’intensité dramatique de l’enquête fébrile de Chris Allen, tandis que les ripoux ploient sous le chantage des Russes. Le jeune flic redouble de risques pour tenter de les appréhender, sans se douter que la menace s’étend jusque dans sa propre hiérarchie.


Passionnant et mené tambour battant par une mise en scène vertigineuse, Triple 9 distille une ambiance opaque, envoûtante, au cœur d’une cité au bord du marasme. Outre ses éclairs d’action incisifs et sa violence à vif, le film est transcendé par ses têtes d’affiche martiales — Kate Winslet, méconnaissable en baronne soviétique, en tête.

— le cinéphile du cœur noir

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