dimanche 25 septembre 2016

INSTINCT DE SURVIE

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site zone-telechargement.com

"The Shallows" de Jaume Colle Serra. 2016. U.S.A. 1h26. Avec Blake Lively, Óscar Jaenada, Sedona Legge, Brett Cullen, Angelo José Lozano Corzo.

Sortie salles France: 17 Août 2016. U.S: 24 Juin 2016

FILMOGRAPHIE: Jaume Collet-Serra est un réalisateur catalan, né le 23 Mars 1974 à Barcelone.
2005: La Maison de Cire. 2007: Goal 2: La Consécration. 2009: Esther. 2011: Sans Identité. 2014: Non-Stop. 2015: Night Run. 2016: Instinct de Survie.


                                             Une chronique de Jean-Marc Micciche

Vue l'accueil mesuré voire glacial de Instinct de survie, ben moi je monte au créneau pour défendre ce petit film certes n'échappant à des défauts d'écriture mais qui à mon sens remplit bien son cahier des charges. Le programme de Instinct de survie est dénué d'aucune autre ambition que de nous livrait un spectacle et des frissons. Le film débute de manière direct avec la présentation d'une jeune femme traversant la jungle en jeep accompagnée d'un guide pour l'amener sur une plage secrète. A travers une séquence toute en simpliste, le réalisateur impose un personnage, un cadre et un enjeu. Apres le départ de celui-ci, la jeune femme, une véritable déesse blessée dans son cœur commence un rituel propre au surfeur. Fétichisée, filmée avec un soupçon d'érotisme, la jeune femme s'impose dans ce paradis oublié dominé par un fantasme (la mère nourricière des rochers). Et puis arrive cette scène visuellement fabuleuse où la jeune femme semble dompter les vagues avec une grâce inouïe captée par la merveilleuse camera de Collet Serra. Un paradis bientôt souillé par une figure monstrueuse. Simplement, le réal impose une touche de danger, un bruit un regard et puis une vision, celle d'une baleine à l'agonie avec des plaies immenses.


La suite vous la connaissez, vous l'avez dans la bande annonce et c'est exactement ce qu'on va voir non sans que la virtuosité du réal éclate comme celle magnifique (mais que les défenseurs des belles images creuses de The Néon Démon oublient de célébrer), cette ombre menaçante apparaissant dans l'ombre de la vague au moment d'attaquer la jeune femme. Tout le reste du film consistera à mettre en place un programme narratif claire et minimaliste, la jeune femme est bloquée sur un rocher, tout l'intérêt du film consistera à voire comment le réal va établir un suspense non pas à travers un récit dont j'entrevois déjà les moqueries (ben on disait la même chose avec Gravity) mais vraiment à travers l'espace, donc de découpage, donc de cinéma. Limiter le film à ses défauts (certains font tout un plat avec cette mouette allant jusqu'à dire que ça prend tout le film alors que dans les faits, on a 5 minutes bout à bout c'est beaucoup). Donc oui le film a les défauts des séries B de films de monstres, l'intrigue et le cheminement du récit est prévisible, le sort du requin est expédié et certains fx sont discutables. Mais ces défauts véritables (je les nie pas) sont largement compensés par un sens de l'image et la capacité du réal à sublimer un corps blessés. Instinct de survie n'est pas un grand film mais le film recèle suffisamment de qualités pour être apprécié à sa juste valeur.

J.M



Un p'tit mot subsidiaire de Bruno Matéï:
Moi qui avais une petite appréhension après avoir découvert l'excellente petite surprise, In the deep, j'ai été également surpris par ce sympathique survival aquatique constamment efficace, assez tendu, visuellement splendide et bien rodé (même si l'héroïne pêche un peu par manque d'expressivité). Par contre, quant à la complicité amicale entamée avec la mouette, je cherche encore où le ridicule eut pu s'instaurer !

B-M

vendredi 23 septembre 2016

Le Survivant / The Omega Man

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.com

"The Omega Man" de Boris Sagal. 1971. U.S.A. 1h38. Avec Charlton Heston, Anthony Zerbe, Rosalind Cash, Paul Koslo, Eric Laneuville, Lincoln Kilpatrick.

Sortie salles France: 24 Novembre 1971. U.S: 1er Août 1971

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Boris Sagal est un réalisateur et producteur américain né le 18 octobre 1923 à Ekaterinoslav (Ukraine), décédé le 22 mai 1981 à Portland (Oregon). 1963 : Le Motel du crime. 1965 : La Stripteaseuse effarouchée. 1971: Le Survivant. 1978: Angela. 1982: La 3è guerre mondiale (télé-film).


Seconde adaptation de Je suis une Légende, célèbre roman de Richard Matheson publié en 54, Le Survivant reste le film le plus célèbre de Boris Sagal, réalisateur prolifique ayant surtout oeuvré pour la TV avec diverses séries et télé-films durant les années 50 à 80. Car c'est en 1981 que Boris Sagal tire sa révérence lors du tournage de son dernier film, La 3è guerre mondiale, après avoir été décapité par le rotor de queue d'un hélicoptère. Petit classique post-apo des Seventies, Le Survivant relate la confrontation belliqueuse entre un praticien (unique survivant immunisé contre une épidémie mondiale), et une communauté sectaire atteint d'albinisme après avoir été frappés par le virus. Vivant reclus dans un palais de justice et ne sortant que la nuit du fait de leur hyper sensibilité à la lumière, ces derniers multiplies les stratégies d'attaques afin de nuire à la tranquillité de Robert Neville. Mais un soir, retenu prisonnier par ses membres prénommés "la famille", il est sauvé in extremis par une afro-américaine. Ensemble, ils partent rejoindre un autre clan de survivants quand bien même Neville tentera de les immuniser contre la maladie en recréant un vaccin à partir de son sang. Série B efficacement menée dans son schéma narratif extériorisant un sentiment d'isolement tangible entre deux accalmies romanesques (la relation entre Robert et Lisa peut toutefois céder à l'ennui) et confrontations homériques, Le Survivant n'a pas l'ambition de révolutionner le genre par son intrigue un chouilla redondante et sans surprises (si on épargne la découverte des nouveaux rescapés et la noirceur de son final assez cruel).


Conçu comme un divertissement d'anticipation dénué de prétention car modestement haletant, Le Survivant distille un charme vintage, Seventie oblige, par son ambiance réaliste de désolation (les cités urbaines chargées de silence et évacuées de vies humaines nous ensorcellent la vue) et par la présence secondaire de personnages attachants servant de faire-valoir au briscard Charlton Heston. Ce dernier endossant avec son charisme viril le rôle pugnace d'un médecin militaire partagé entre le devoir de préserver sa vie et celle de ses nouveaux acolytes. On peut également intenter une certaine ambiguïté dans sa posture opiniâtre à refuser de porter assistance à "la famille" qu'il pourrait sans doute guérir depuis l'élaboration du nouveau vaccin. On apprendra néanmoins plus tard que son égoïsme et son intolérance étaient justifiées quant au comportement obscurantiste et psychotique des mutants renouant avec une foi primitive du fait de leur dégénérescence cérébrale. Ces derniers encapuchonnés de vêtements noirs et portant des lunettes de soleil s'avérant par ailleurs photogéniques dans leur stature ténébreuse héritée de l'inquisition. Là encore, le Survivant marque quelques points par son pouvoir de fascination formel si bien que ces antagonistes font office d'icone horrifique, quand bien même nous serons notamment décontenancés d'apprendre que leur comportement rétrograde et meurtrier émane de la nocivité cognitive du virus (Spoiler !!! ceci expliquant sans doute pourquoi Lisa semble subitement possédée d'un comportement hostile après avoir été frappée par le virus Fin du Spoiler).


A partir d'une histoire simple efficacement contée dans ces enjeux de survie se disputant les notions de progressisme et d'obscurantisme, Boris Sagal parvient avec sincérité à nous immerger dans sa scénographie dystopique sous l'impulsion attachante de personnages héroïques et d'un climat urbain sensiblement feutré. En dépit de son rythme défaillant à mi-parcours il y émane un sympathique divertissement, notamment auprès de son charme rétro, que Charlton Heston porte sur ses larges épaules, entre aplomb et spontanéité. A privilégier toutefois à la génération 80. 

B-M. 4èx
02.06.23.

jeudi 22 septembre 2016

LE DRIVE-IN DE L'ENFER

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

"Dead-End Drive In" de Brian Trenchard-Smith. 1986. U.S.A. 1h30. Avec Ned Manning , Natalie McCurry , Peter Whitford , Wilbur Wilde , Dave Gibson , Sandie Lillingston , Ollie Hall.

Sortie salles Australie: 1er Août 1986

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Brian Trenchard-Smith est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur anglais né en 1946. 2014: Drive Hard. 2013 Meurtre à double face. 2011 Un bungalow pour six (TV Movie). 2010 Arctic Blast. 2009 Pimpin' Pee Wee. 2007 Tyrannosaurus Azteca. 2006 Rendez-moi mon fils! (TV Movie).  2006 In Her Line of Fire. 2005 USS Poséidon (TV Movie). 2003 DC 9/11: Time of Crisis (TV Movie). 2003 The Paradise Virus (TV Movie). 2002 Les fantômes de High River (TV Movie).  2002 Péril sur Sydney (TV Movie). 2001 La prophétie des ténèbres II. 1996: Leprechaun: Destination cosmos (Video). 1995: Leprechaun 3 (Video). 1995: Sahara (télé-film). 1994: Night of the Demon. 1989: Out of the Body. 1989: Le dernier assaut. 1988 La marque de la panthère. 1988 Strike of the Panther. 1986: Le Drive-in de l'enfer. 1986: Le secret du lac. 1986: Jenny Kissed Me. 1983: Le gang des BMX. 1982 Les traqués de l'an 2000. 1980 La rage de la casse. 1979 Le jour des assassins. 1976 Deathcheaters. 1975 L'homme de Hong Kong. 1974: The Making of Stone (TV Movie). 1973 Inside Alvin Purple (TV Movie).


Brian Trenchard-Smith est un réalisateur anglais prolifique à qui l'on doit surtout le cultissime Les Traqués de l'an 2000 ainsi qu'une sympathique série B, le Gang des BMX. Mais en 1986, il nous revient une nouvelle fois en force (si je peux me permettre cette expression surfaite !) avec une pelloche encore plus barrée par son concept aussi improbable que ridicule comme le suggère notamment son titre, Le Drive-in de l'Enfer. Dans un futur apocalyptique, après avoir essuyé quelques bévues avec la police et des ferrailleurs, un jeune marginal et sa petite amie décident de passer la soirée dans un Drive-in. Alors qu'on vient de lui dérober ses roues de voiture (une situation totalement invraisemblable si bien que le couple copulait dans l'habitacle du véhicule au moment de la fraude !), il comprends qu'il est retenu prisonnier au sein de ce gigantesque parking dirigé par un taulier équivoque. Au fil des jours, lassé de sa condition servile, il tente en désespoir de cause de s'échapper au moment où la police rameute des immigrants dans le refuge. 


A la lecture de ce pitch saugrenu, on se demande ce qui a bien pu passer par la tête de Brian Trenchard-Smith à conter modestement les vicissitudes d'un loser et sa petite amie embrigadés de force dans un drive-in, d'autant plus contraints d'y cohabiter parmi la populace de punks et marginaux décérébrés. Empruntant la démarche du huis-clos sous un aspect futuriste de bande-dessinée (graffitis bigarrés sur les murs des enseignes, costumes débridés des quidams à l'appui !), le réalisateur utilise son cadre singulier avec l'appui d'une narration affligeante de banalité. Notre héros aussi timoré qu'inexpressif et sa petite amie en léthargie passant leur temps à bavasser avec les délinquants entre deux, trois provocations physiques et tentatives d'évasion. Aussi trivial que singulier, le Drive-in de l'Enfer puise principalement son charme dans son concept insensé d'embrigadement, microcosme en régression morale, et le portrait rétrograde conféré à cette communauté excentrique. Un gigantesque drive-in ornementé de carcasses de véhicule (parfois incendiés), de pubs et de Fast-food afin de contenter et préserver la survie des résidents. Chaque protagoniste à la psychologie sommaire tuant leur temps à batifoler insouciamment pendant que notre héros rebelle tentera de se libérer de cette dictature (inexpliquée !) avec une constance toujours plus martiale. C'est ce que nous dévoile au final les 20 dernières minutes dans son lot de gunfights, poursuites et cascades mises en scène avec une maladresse éminemment attachante.


Aberration filmique surgie de nulle part, d'autant plus bannie de nos salles hexagonales, Le Drive-In de l'Enfer constitue une curiosité Bis gentiment ludique malgré l'affligeante banalité d'une narration truffée d'incohérences et de non-sens (le drive-in customisé en camp retranché du jour au lendemain ! ?). Un nanar déluré totalement surréaliste si bien que le spectateur semble déconnecté de la réalité avec une complicité distraite. Du moins chez l'amateur d'ovni impayable et en faisant fi de l'évocation "Orange Mecanique" de son affiche en trompe l'oeil ! 

B-M. 2èx

mercredi 21 septembre 2016

STARRY EYES

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kevin Kolsch et Dennis Widmyer. 2014. U.S.A. 1h38. Avec Alex Essoe, Amanda Fuller, Noah Segan, Fabianne Therese, Shane Coffey, Natalie Castillo.

Inédit en salles en France. Sortie U.S: 14 Novembre 2014.

FILMOGRAPHIE: Kevin Kolsch et Dennis Widmyer sont des réalisateurs, producteurs et scénaristes américains.
2016: Holidays (segment "Valentine's Day"). 2014: Starry Eyes. 2009: Absence. 2003: Postcards from the Future: The Chuck Palahniuk Documentary (Documentaire).


Inédit en salles en France et sous support numérique, Starry Eyes porte la signature de deux réalisateurs néophytes si bien qu'il s'agit de leur second long-métrage si j'occulte leur documentaire (Postcards from the Future: The Chuck Palahniuk Documentary). Jeune serveuse de fast-food en intermittence, Sarah rêve d'accéder à la consécration en postulant pour un rôle majeur de film d'horreur. Mais sa rencontre avec un éminent producteur va l'influencer à arpenter un voyage au bout de l'enfer. Alors que The Neon Demon de Nicolas Winding Refn fut accueilli en grande pompe à la montée des marches de Cannes et qu'une majorité du public et de la critique l'encensèrent, Starry Eyes sort dans l'indifférence générale comme en témoigne notamment sa discrète sortie en salles ricaines. Car prenant pour thèmes similaires l'élitisme et le culte de la célébrité qu'une jeune comédienne en herbe tente d'accéder avec constance désespérée, Starry Eyes épouse la carte d'une horreur psychologique hérité du cinéma de Lynch et de Polanski.


Tant par sa mise en scène expérimentale s'efforçant de distiller un malaise lestement palpable chez le portrait d'une héroïne en mal d'amour et de reconnaissance que de ses décors opaques provocant un sentiment d'insécurité éthéré lorsque Sarah auditionne face au témoignage présomptueux de deux jury. Par le biais de son cheminement psychologique endurant et contradictoire à céder ou à refuser le chantage d'un producteur lubrique, Starry Eyes constitue une charge virulente contre l'industrie prolifique du 7è art quand bien même nos deux auteurs n'hésitent pas à y dénoncer leurs méthodes immorales à repousser les limites de la bienséance lorsqu'une jeune actrice est forcée de se mettre à nu devant une caméra voyeuriste. Jusqu'où peut-on exploiter son éventuel talent au risque de provoquer chez le sujet une dégénérescence morale en perte identitaire ? Métaphorique quant au vampirisme de ces producteurs dénués d'humanité, Starry Eyes emprunte le genre fantastique pour mieux nous ébranler et semer la confusion chez l'esprit névrosé d'une actrice en perte de repères. Le spectateur étant témoin de ces agissements et réflexions personnelles avec une attention si scrupuleuse que l'on s'identifie viscéralement à sa déchéance immorale ! Ce qui nous converge à un dernier acte littéralement cauchemardesque si bien que le réalisme d'un gore crapuleux nous imposera des exactions à la limite du soutenable ! On peut d'ailleurs reprocher la facilité à laquelle les réalisateurs font preuve pour clôturer leur intrigue hermétique alors que l'impact émotionnel de ses séquences horrifiques escarpées nous dérangent par le refus du hors-champ !


"Le comédien est une personne atteinte de schizophrénie (in)contrôlée."
Bad trip expérimental jusqu'au-boutiste dans sa vision terrifiante d'une industrie hollywoodienne pactisant avec le mythe de Faust, Starry Eyes met à mal les sens du spectateur partagé entre l'effroi et l'empathie d'une victime soumise par le Mal. Pour parachever, on peut saluer le talent et la beauté virginale d'Alex Essoe se livrant (et se transformant) corps et âme face caméra avec une acuité viscérale. 

Dédicace à George Abitbol
B-M

mardi 20 septembre 2016

SAVAGE WEEK-END

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site mondoconfidential.wordpress.com

de David Paulsen  et John Mason Kirby (non crédité). 1976/79. 1h28. U.S.A. Avec Christopher Allport, Jim Doerr, David Gale, Devin Goldenberg, Marilyn Hamlin, Caitlin O'Heaney, Jeff Pomerantz, William Sanderson.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: David Paulsen est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1976/79: Savage Week-end. 1980: Schizoïd.


                                                              Chronique express

Une curiosité Bis inédite en salles en France mais tout juste exhumée de l'oubli grâce à notre éditeur chéri Artus Films ! En dépit de l'évidente maladresse de sa mise en scène, du jeu superficiel des comédiens méconnus, des dialogues risibles et des incohérences narratives (notamment les motivations vaseuses du tueur), Savage Week-end parvient à distiller un climat malsain sous l'impulsion de séquences lubriques parfois audacieuses (la traite de la vache !) que des protagonistes interlopes ne cessent de s'échanger afin de tuer l'ennui. Qui plus est, en exploitant soigneusement le cadre bucolique d'une nature idyllique émane un petit pouvoir d'envoûtement, notamment grâce au parti-pris documenté d'une réalisation bricolée bien ancrée dans son époque symptomatique des Seventies.
Une sympathique mauvaise série B donc, psycho-killer avant-coureur, à privilégier aux inconditionnels de curiosité marginale, à condition aussi de s'y préparer avec beaucoup d'indulgence.

B.M

lundi 19 septembre 2016

LA DERNIERE ORGIE DU 3E REICH / DES FILLES POUR LE BOURREAU / BOURREAUX SS

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site ladylink.org 

"L'ultima orgia del III Reich" de Cesare Canevari. 1977. Italie. 1h32. Avec Marc Loud, Daniela Levy, Maristella Greco, Antinesca Nemour, Fulvio Ricciardi, Caterina Barbero.

Sortie salles France: 7 Décembre 1977. Italie: 31 Janvier 1977

FILMOGRAPHIE: Cesare Canevari est un réalisateur et scénariste italien né en 1927 à Milan, décédé le 25 Octobre 2012. 1983: Delitto carnale. 1977 Des filles pour le bourreau. 1976 Parties déchaînées. 1974 Il romanzo di un giovane povero.  1970 ¡Mátalo! 1969 Moi, Emmanuelle. 1968 Una iena in cassaforte. 1965 Un tango dalla Russia.  1964 Per un dollaro a Tucson si muore.


Sorti deux ans après Ilsa, la Louve des SSLa Dernière orgie du 3è Reich exploite avec une intelligence inhabituelle le filon de la Nazisploitation initiée par les Damnés, Portier de Nuit et Salon Kitty. Dans le sens où Cesare Canevari évacue l'aspect grand-guignolesque des séquences traditionnelles de tortures SS pour privilégier la dimension humaine équivoque échangée entre une jeune déportée et un commandant tyrannique. Ce qui ne veut pas dire que cette production scabreuse ne s'épargne pas de distiller un climat obscène aussi fétide que déviant lors de certaines séquences d'humiliations, d'exécutions et de cannibalisme à la limite de la nausée. Pourtant, si certains effets-chocs se laissent un peu gagner par une certaine complaisance (insert de gros plans gores ou X), le cinéaste évite l'esbroufe de sa violence graphique par le biais d'un montage concis et d'effets de mise en scène où le hors-champs prédomine. Lisa est envoyée dans un "camp d'amour" afin de satisfaire les appétits lubriques d'une clientèle nazie. Le Commandant Conrad von Starker est particulièrement sensible au comportement impassible de cette dernière si bien qu'il s'efforce de lui infliger diverses tortures afin de la faire craquer. Peu à peu s'installe entre eux une étrange relation amoureuse sur fond de masochisme.


Série B d'exploitation sombrée dans l'oubli depuis sa sortie salles et VHS, La Dernière orgie du 3è Reich surprend agréablement par son réalisme blafard et l'aura perméable du climat obscène qui en émane sous l'impulsion du duo d'amants maudits. On peut d'ailleurs saluer le jeu cabotin des comédiens beaucoup plus convaincants que de coutume si bien que l'on finit par s'attacher aux rapports ambivalents du couple d'anti-héros qu'endossent assez sobrement Adriano Micantoni et Daniela Poggi. L'intérêt premier du métrage résidant dans leurs rapports de force qu'ils se disputent vulgairement avant que des liens amoureux ne viennent les compromettre. Par la posture ambiguë de Lisa hantée par la culpabilité (celle d'avoir été potentiellement responsable de la mort de ses parents), La Dernière orgie du 3è Reich distille un climat trouble de mélancolie et de perversion depuis son passé éhonté et ses rapports masochistes entamés avec Conrad. Corrompue par le vice et le mal depuis les sévices et humiliations quotidiennement perpétrés par son bourreau, Lisa sombre peu à peu dans une déchéance sexuelle masochiste afin de préserver sa vie. Son attitude condescendante face à la pitié d'une de ses amies en instance de survie accentuant la frigidité de son éthique en perdition.


Bien que les séquences d'humiliations et de torture se succèdent sans trop de répit avec une audace parfois burnée (la séquence vomitive du repas et le châtiment qui s'ensuit auprès d'une juive, les délires scatos d'une des déportés, les orgies sexuelles sadiennes), Cesare Canevari parvient à s'extraire de la routine grâce à l'aura incongrue de son climat licencieux et l'autorité des comédiens aux caractères bien trempés (notamment Alma, antagoniste faire-valoir qu'endosse brillamment Maristella Greco !). Sous couvert d'énième réquisitoire contre la barbarie Nazie y émane donc une troublante histoire d'amour à l'odeur de souffre si indécrottable qu'il est difficile de s'en extraire ! (comme le souligne d'ailleurs le magnifique thème de sa chanson italienne !). 

La Chronique d'Holocauste Nazi: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/06/holocauste-nazi-la-bestia-in-calore.html

B.M. 2èx

31

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Rob Zombie. 2016. U.S.A. 1h42. Avec Sheri Moon Zombie, Lawrence Hilton-Jacobs, Meg Foster, Jeff Daniel Phillips, Malcolm McDowell, Torsten Voges, Daniel Roebuck, Elizabeth Daily, Judy Geeson, David Ury.

Sortie DTV: Janvier 2017. U.S: 21 Octobre 2016

FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts.
2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem. 2016: 31.


                     Un recyclage (involontairement) parodique de "la maison des 1000 morts".
                 Ma 1ère déception chez le maître référentiel de bobines insalubres des Seventies.

Un esthétisme onirico-horrifique toujours aussi stylisé, une vulgarité lubrique assumée, un score électro entraînant emprunté à Carpenter (clin d'oeil furtif aux Goblin en sus !), des trognes burinées comme on n'en voit plus au ciné, des meurtres incisifs magistralement filmés, mais une intrigue linéaire poussive finissant malheureusement par provoquer la lassitude. Faute des situations de survie où s'enchaînent sans passion ni acuité attaques et contre-attaque par des protagonistes secondaires finalement peu investis dans leur fonction victimisée. Et donc l'intrusion finale du nouveau super tueur sombre dans l'auto-parodie à force de gestuelle outrancière et de rictus racoleur.
Vraiment dommage d'être passé à côté du divertissement sardonique si bien que son ambiance étrange de fête foraine cartoonesque aurait pu être beaucoup mieux expressive.

B.M

                                                         
                                                             Le mot de Jean-Marc:

Séance découverte avec le très attendu '31' du très discuté Rob Zombie. Il est indéniable qu'en l'espace d'une douzaine d'année, le cinéma de Zombie fait preuve d'une évidente singularité dans le cinéma d'horreur. Extrême dans ses partis pris, que ce soit dans ses personnages bien décalqués, sa mise en scène au bord de l'explosion, ses sujets nihilistes. Logique qu'un tel cinéaste ne fasse pas l'unanimité surtout à l'aube de son auteurisant Lords of salem. A l'annonce de 31 et de son sujet, ses fans pensaient sans doute tenir un projet hors norme, un truc bien crade, un ovni comme pouvait l'être certains films 'autres' des années 70 et 80 (L'enfer des armes, Maniac, Calligula, Cannibal Holocaust et d'autres encore). Les fans de The Devil's reject s'en délectaient d'avance, une sorte de running man dégénéré. S'il y a bien une chose qu'on ne peut pas retirer à 31 c'est qu'il ressemble effectivement bien à son auteur, par son casting, par ses partis pris visuels et de montages, par son ambiance, par sa vision freak du monde. Mais si 31 est effectivement un film d'auteur, c'est surtout la vision mégalomane d'un artiste qui a totalement perdus le sens de la réalité et de ce que doit être un film : des perso écrits, une exposition claires, une intrigue qui évoluent. Tout ça est explosé par un Zombie en totale roue libre n'arrivant plus à faire la différence entre une scène d'horreur et une scène grotesque. Irritant, mou, inintéressant, le film vire au film racoleur et vulgaire.

Jean-Marc Micciche