jeudi 22 septembre 2016

Le Drive-in de l'enfer / "Dead-End Drive In"

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Brian Trenchard-Smith. 1986. U.S.A. 1h30. Avec Ned Manning , Natalie McCurry , Peter Whitford , Wilbur Wilde , Dave Gibson , Sandie Lillingston , Ollie Hall.

Sortie salles Australie: 1er Août 1986

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Brian Trenchard-Smith est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur anglais né en 1946. 2014: Drive Hard. 2013 Meurtre à double face. 2011 Un bungalow pour six (TV Movie). 2010 Arctic Blast. 2009 Pimpin' Pee Wee. 2007 Tyrannosaurus Azteca. 2006 Rendez-moi mon fils! (TV Movie).  2006 In Her Line of Fire. 2005 USS Poséidon (TV Movie). 2003 DC 9/11: Time of Crisis (TV Movie). 2003 The Paradise Virus (TV Movie). 2002 Les fantômes de High River (TV Movie).  2002 Péril sur Sydney (TV Movie). 2001 La prophétie des ténèbres II. 1996: Leprechaun: Destination cosmos (Video). 1995: Leprechaun 3 (Video). 1995: Sahara (télé-film). 1994: Night of the Demon. 1989: Out of the Body. 1989: Le dernier assaut. 1988 La marque de la panthère. 1988 Strike of the Panther. 1986: Le Drive-in de l'enfer. 1986: Le secret du lac. 1986: Jenny Kissed Me. 1983: Le gang des BMX. 1982 Les traqués de l'an 2000. 1980 La rage de la casse. 1979 Le jour des assassins. 1976 Deathcheaters. 1975 L'homme de Hong Kong. 1974: The Making of Stone (TV Movie). 1973 Inside Alvin Purple (TV Movie).


"Le Drive-in de l’Enfer : prisonniers du néon, esclaves du vide"
Brian Trenchard-Smith, réalisateur anglais prolifique, reste surtout connu pour le cultissime Les Traqués de l’an 2000 et la sympathique série B Le Gang des BMX. Mais en 1986, il revient en force avec une pelloche encore plus barrée, portée par un concept aussi improbable que ridicule - comme le suggère sans détour son titre : Le Drive-in de l’Enfer.

Le pitch : dans un futur apocalyptique, après quelques échauffourées avec des flics et des ferrailleurs, un jeune marginal et sa petite amie décident de passer la soirée dans un drive-in. Mais pendant qu’ils batifolent dans l’habitacle, on leur dérobe les roues de la voiture ! Une situation grotesque, et pourtant, c’est le point de bascule. Très vite, le garçon comprend qu’il est prisonnier dans ce gigantesque parking, dirigé d’une main équivoque par un taulier impassible. Au fil des jours, las de sa condition servile, il tentera de fuir ce purgatoire, au moment même où la police déverse une nouvelle cargaison d’immigrés dans le camp.

À la lecture d’un tel pitch, on se demande bien ce qui a pu traverser l’esprit de Trenchard-Smith pour conter, avec un tel aplomb, les déboires d’un loser et de sa compagne, séquestrés au cœur d’un drive-in dégénéré, forcés à cohabiter avec une populace de punks et marginaux décérébrés. Le film adopte la forme d’un huis clos futuriste aux allures de bande dessinée : graffitis criards sur les façades, costumes débridés, typologies grotesques. Mais derrière le vernis, la narration patauge dans une affligeante banalité. Notre héros, timoré et sans relief, flirte avec l’inexpressivité ; sa compagne, en veilleuse permanente, bavasse avec les zonards entre deux provocations et quelques vaines tentatives d’évasion.

Et pourtant... Aussi trivial que singulier, Le Drive-in de l’Enfer tire son étrange magnétisme de son concept absurde d’embrigadement forcé, de ce microcosme en décomposition morale, et du portrait rétrograde d’une communauté excentrique, en roue libre. Un immense drive-in hérissé de carcasses calcinées, de néons blafards, de fast-foods pour nourrir et neutraliser cette faune résidente. Chacun tue le temps dans l’oisiveté la plus complète, tandis que notre héros - un peu moins passif que les autres - rêve d’évasion, avec une obstination de plus en plus martiale. Et dans son dernier acte, le film bascule enfin : gunfights, poursuites, cascades... mis en scène avec une maladresse attendrissante, presque touchante dans sa démesure.


Aberration filmique venue de nulle part, et bannie des salles hexagonales, Le Drive-in de l’Enfer s’impose comme une hallucinante curiosité bis, joyeusement foutraque malgré une narration farcie d’incohérences et d’absurdités (comment ce drive-in a-t-il pu être transformé en camp retranché du jour au lendemain ?). Un délire surréaliste, totalement déconnecté du réel, qui fonctionne à plein tube dans sa logique propre, pour peu qu’on s’abandonne à son délire décomplexé. Un OVNI délicieusement impayable et littéralement en envoûtant - à condition de faire abstraction de l’affiche racoleuse, génial pastiche bon marché d’Orange Mécanique.
À (re)découvrir, absolument.

— le cinéphile du cœur noir
3èx. 02.08.25 Vostf

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