vendredi 7 juillet 2017

LES SORCIERES / PACTE AVEC LE DIABLE

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site priceminister.com

"The Witches" de Cyril Frankel. 1966. Angleterre. 1h31. Avec Joan Fontaine, Kay Walsh, Alec McCowen, Ann BellAnn Bell, Ingrid Boulting, John Collin, Michele Dotrice.

Sortie salles Angleterre: 9 Décembre 1966. U.S: Février 1967. Inédit en salles en France

FILMOGRAPHIE: Cyril Frankel est un réalisateur anglais né le 28 décembre 1921 à Stoke Newington en Londres. 1950 : Explorers of the depths. 1950 : Eagles of the fleet. 1951 : Wing to wing. 1953 : The nutcracker. 1953 : Man of africa (documentaire). 1954 : Make me an offer. 1955 : It's great to be youg. 1957 : No time for tears. 1958 : She didn't say no! 1958 : Alive and kicking. 1960 : Scheidungsgrund : Liebe. 1960 : Never take sweets from a stranger. 1960 : School for scoundrels. 1961 : Don't bother to knock. 1961 : On the fiddle. 1963 : The very edge. 1966 : Pacte avec le diable. 1967 : The trygon factor. 1975 : La Trahison. 1990 : Eine frau namens Harry.


Perle de la Hammer méconnue en France si bien qu'elle resta inédite en salles si je ne m'abuse, les Sorcières préfigure avec 2 ans d'avance le chef-d'oeuvre de Roman Polanski, Rosemary's Baby. De par son parti-pris de dépoussiérer le thème de la sorcellerie dans un cadre contemporain et son sens suggéré d'exploiter appréhension et paranoïa de la victime sans outrance grand-guignolesque. Et ce en dépit de sa dernière partie autrement vrillée lors des incroyables séances de sabbat incantées autour de fanatiques transis d'émoi. Fascinant et délirant, ce dénouement horrifique vaut son pesant de cacahuètes par son illustration flamboyante et l'audace de quelques situations scabreuses si j'ose dire, notamment si on se réfère à l'époque dans lequel le film fut conçu (la mélasse comparable aux excréments que se partagent goulûment chaque fidèle provoque un dégoût viscéral !). Après avoir été agressée par une expérience vaudou lors d'une mission en Afrique, Gwen Mayfield retourne dans son pays anglais pour y exercer un nouveau poste d'institutrice. Fraîchement débarquée au sein du petit village de Cornouailles, celle-ci est rapidement contrainte de s'inquiéter de la relation amoureuse de deux adolescents que les habitants pointent du doigt avec médisance


Suspense horrifique charpenté par le truchement d'une ossature narrative soigneusement contée, Les Sorcières joue la carte de la sobriété pour mieux nous adhérer à son cauchemar ésotérique où les forces du Mal sont sur le point de parfaire un stratagème morbide Spoil ! (sacrifier une vierge pour le compte d'une égérie avide de seconde jeunesse Fin du Spoil). Ponctué de quelques détails inquiétants et du comportement suspicieux de certains citadins tantôt irascibles, tantôt sournois, l'intrigue est bâtie du point de vue aussi bien vulnérable que preux de l'institutrice en quête investigatrice depuis l'incident d'un ado mystérieusement sombré dans le coma. Davantage dramatique au fil de péripéties macabres et machiavéliques que notre héroïne découvre (et subit !) avec une contrariété contenue, les Sorcières insuffle un subtil climat de tension au sein d'une réalité quotidienne corrompue par la science de la sorcellerie. Elégante, droite et mature dans sa posture d'éducatrice empathique plongée dans une improbable énigme surnaturelle, Joan Fontaine domine l'écran avec densité cérébrale dans sa faculté de déceler les tenants et aboutissants d'une étrange confrérie et d'y déjouer leurs forces obscures non sans subterfuge (coup de théâtre inopiné à la clef lors du sort précaire de la victime !).  


Méconnue et occultée en France malgré sa résurrection en Dvd (merci Seven 7 !), les Sorcières demeure un petit bijou de suspense et d'épouvante éthéré sous l'autorité infaillible de la Hammer et la présence épurée d'une Joan Fontaine bougrement convaincante dans sa fonction d'institutrice policière ballottée par une conspiration sectaire. Fascinant, captivant et lestement vénéneux sous l'esthétisme sépia d'un charmant hameau faussement paisible ! 

Bruno Dussart
2èx

jeudi 6 juillet 2017

MULHOLLAND DRIVE

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de David Lynch. 2001. 2h26. U.S.A/France. Avec Naomi Watts, Diane Selwyn, Laura Harring,
Justin Theroux, Ann Miller, Dan Hedaya, Lori Heuring, Angelo Badalamenti.

Sortie salles France: 21 Novembre 2001. U.S: 12 Octobre 2001

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).


Une perte identitaire au sein de l'industrie du 7è art. 
Histoire d'amour passionnelle au sein de l'univers impitoyable et si illusionniste d'Hollywood, Mulholland Drive oppose deux récits contradictoires afin de semer doute et confusion à travers l'identité trouble de deux jeunes actrices prometteuses aptes à concourir pour la célébrité. A la suite d'un accident de voiture conduit par deux mystérieux individus, une jeune femme brune est frappée d'amnésie. A proximité du crash, elle s'enfonce dans un bosquet pour se diriger vers la ville de Mulholland Drive. Elle finit par entrer à l'improviste au sein d'une demeure occupée par une actrice néophyte, Betty Elms, elle-même chaudement hébergée par sa tante. Rapidement éprise d'amitié, Betty décide d'épauler l'inconnue dans sa quête identitaire, ce qui les mèneront vers une découverte macabre.  


Magnifiquement incarné par Naomi Watts et Laura Harring crevant l'écran à chacune de leurs apparitions, Mulholland Drive emprunte le cheminement d'un thriller à suspense comme seul Lynch, alchimiste inné, a le secret. Car constamment trouble et envoûtant, imbitable mais aussi limpide quant aux rapports (autrefois) intimes des deux héroïnes en proie à l'investigation, sa narration déstructurée est conçue à la manière d'un puzzle que le spectateur s'efforce de remodeler sans en saisir tous les tenants et aboutissants. Emaillé de séquences érotiques d'une sensualité épurée (l'intense échange du baiser durant l'audition de Betty, l'étreinte sexuelle de cette dernière avec Rita nous hypnotisant les sens !), Mulholland Drive demeure un vénéneux objet de séduction que notre duo saphique se partage entre passion des sentiments et rancune meurtrière. C'est ce que la seconde partie, brutalement dramatique et ramifiée dans les psychés contradictoires des héroïnes, nous impose à travers le dédale tortueux de deux personnalités où se disputeront trahison, cupidité et jalousie.


Une histoire d'amour dans la cité des rêves
Envoûtant, onirique, cocasse, absurde et méthodiquement fascinant au sein d'un environnement baroque indicible, Mulholland Drive cultive au final une superbe histoire d'amour écorchée vive sous l'impulsion torride de deux actrices talentueuses corrompues par la chimère d'Hollywood. Sombre récit d'échec personnel parmi le témoignage d'une foule de complices aussi bien interlopes que véreux, David Lynch y revêt son talent de conteur singulier afin d'imposer sa signature personnelle. Pour cela, il emprunte par ailleurs le truchement du thriller obsessionnel où les indices irrésolues nous laissent fatalement en suspens (du moins au 1er visionnage). On se laisse pour autant facilement bordé par la main de ce rêve éveillé parmi l'emprise lascive de deux égéries d'Hollywood traversant l'écran de Lynch avec une désillusion romanesque. Rien que pour elles (les protagonistes et les comédiennes ne faisant qu'une !), Mulholland Drive constitue un précieux moment de cinéma d'une finesse sensorielle.  

Bruno Matéï
2èx

Récompenses:
Festival de Cannes 2001 : Prix de la mise en scène, ex æquo avec The Barber de Joel et Ethan Coen.
César 2002 : Meilleur film étranger.
BAFTA 2002 : Meilleur montage pour Mary Sweeney.

mardi 4 juillet 2017

REMO, SANS ARME ET DANGEREUX

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

"Remo Williams: The Adventure Begins" de Guy Hamilton. 1985. U.S.A. 2h01. Avec Fred Ward
Joel Grey, Wilford Brimley, J.A. Preston, George Coe, Charles Cioffi, Kate Mulgrew.

Sortie salles France: 19 Mars 1986. U.S: 11 Octobre 1985

FILMOGRAPHIEGuy Hamilton, né le 16 septembre 1922 à Paris (France) et mort le 20 avril 2016 à Majorque en Espagne, de parents britanniques, est un réalisateur britannique. 1952 : L'assassin a de l'humour (The Ringer). 1953 : Le Visiteur nocturne. 1954 : Un inspecteur vous demande. 1955 : Les Indomptables de Colditz. 1956 : Charley Moon. 1957 : Manuela. 1959 : Un brin d'escroquerie.
1959 : Au fil de l'épée. 1961 : Le Meilleur Ennemi. 1964 : L'Affaire Winston. 1964 : Goldfinger.
1965 : The Party's Over. 1966 : Mes funérailles à Berlin. 1969 : La Bataille d'Angleterre. 1971 : Les diamants sont éternels. 1973 : Vivre et laisser mourir. 1974 : L'Homme au pistolet d'or. 1978 : L'Ouragan vient de Navarone. 1980 : Le miroir se brisa. 1982 : Meurtre au soleil. 1985 : Remo sans arme et dangereux. 1989 : Sauf votre respect.


Film culte des années 80 ayant bercé toute une génération, à l'instar du tout aussi fun et débridé Commando, Remo sans arme et dangereux est un divertissement d'action follement réjouissant sous l'impulsion épique d'un thème électro de Craig Safan et Tommy Shaw aussi inoubliable. Et ce en dépit de l'aspect totalement improbable de l'entrainement rigoureux de Rémo entamant une initiation héroïque avec une agilité surréaliste (il faut le voir esquiver les balles par la seule vélocité de son corps ainsi que la force de son esprit !). Officiellement décédé après une interpellation musclée avec des malfrats, le policier Samuel Makin est en fait le jouet d'une organisation secrète délibérée à l'exploiter pour nettoyer la ville des dirigeants les plus véreux, notamment ceux appartenant à une base militaire. Avec l'aide d'un vieux chinois et durant une longue épreuve de force aussi bien morale et physique, Samuel devient Remo auprès de l'enseignement d'une bravoure sans armes. Truffé d'humour voir d'hilarité (parfois involontaire quant au caractère "hénaurme" de certains exploits physiques - Chiun accourant sur l'eau d'un lac à grandes enjambées - !), de bonne humeur et de chaleur humaine autour de la relation amicale que se partagent progressivement Remo et son mentor, Maître Chiun, Remo s'extirpe du ridicule, aussi naïf soit son concept singulier (un super-héros sans panoplie se défendant à mains nues contre les balles ennemies !). Dénué d'une once de prétention et assumant pleinement le côté saugrenu de ces péripéties au sein d'un schéma narratif somme toute classique, Guy Hamilton parvient pour autant à rajeunir le genre académique en cette époque sacro-sainte des Eighties grâce à la générosité de son action tantôt inventive, tantôt vertigineuse.


A l'instar de certaines séquences de haute voltige (l'épreuve d'acrobatie sur la grande roue, l'affrontement musclé du haut de la statue de la liberté en rénovation - l'escalade sur le tronc d'arbre déplacé dans les airs par un câble porteur) provoquant la sensation d'ivresse ! Nous sommes d'autant plus impressionnés par l'habileté de la réalisation et du montage n'en faisant jamais trop (ou alors si peu !) pour épater la vue avec souci artisanal du détail technique. Bref, une époque révolue donc conçue sur l'authenticité de cascades impeccablement coordonnées si bien que l'ère numérique n'en n'était pas encore à sa prémices. Au-delà de l'aspect fun des moments d'entraînements à la fois cocasses et improbables, et du passage à l'acte belliqueux de Remo sur le terrain militaire, Rémo renchérit son charme en la présence d'un trio pétulant militant les valeurs d'amitié et d'amour (et ce en dépit du machisme badin de Chiun !). Fred Ward incarnant sans nul doute son rôle le plus sympathique à l'écran dans celui du (super) héros infaillible si bien que l'acteur au charisme viril compte sur la dérision et la bonhomie de sa posture surhumaine afin de se démarquer de l'orgueil. Dans celui du manager placide plein de sagesse et de bons préceptes, Joel Grey lui partage la vedette avec davantage de cocasserie puis l'empathie progressive qu'il cultive auprès de son comparse avec poignante dignité (notamment ce final où perce une émotion sensible quant à l'éventuel sort dramatique de Chiun ou de Remo !). Enfin, affublée d'une robe militaire longiligne, la charmante et si rare Kate Mulgrew se fond dans la peau d'un major avec une innocence et un naturel fondés sur la noblesse de sentiments aussi sincères qu'amoureux.


Inévitablement naïf et à la limite du grotesque lors de certaines séquences homériques hallucinées, Remo, sans arme et dangereux s'extirpe miraculeusement du ridicule, voir de la série Z de luxe, grâce à sa cocasserie en roue libre monopolisant tout le cheminement narratif, à ses péripéties davantage explosives si je me réfère à la touche guerrière de la dernière demi-heure (ajoutez notamment l'aspect dépaysant du vaste cadre forestier magnifiquement filmé) et surtout grâce à la camaraderie de l'attachant trio héroïque débordant de spontanéité et chaleur humaine (j'insiste encore là-dessus !) pour nous combler de béatitude communicative ! 

Dédicace à Olivier Hancart, Ludovic Hilde, Abdala Bouzebiba
Bruno Dussart
3èx

lundi 3 juillet 2017

GHOST STORY

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr 

"Histoire de fantômes" de Stephen Weeks. 1974. Angleterre. 1h27. Avec Murray Melvin, Larry Dann, Vivian MacKerrell, Marianne Faithfull, Barbara Shelley, Anthony Bate, Leigh Lawson...

Sortie salles France: 22 Septembre 1976. Angleterre: 19 Mars 1974

FILMOGRAPHIE: Stephen Weeks est un réalisateur, scénariste et producteur anglais né en 1948 à Hampshire. 1984: The Bengal Lancers! 1984: L'épée du vaillant. 1976: Scars (TV Movie documentary). 1974: Histoire de fantômes. 1973: Gawain and the Green Knight. 1971: I, Monster.


Il y a des raretés dont on ferait mieux de ne pas exhumer de l'oubli.

Eric Binford

vendredi 30 juin 2017

L'AMBULANCE

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant à senscritique.com

"The Ambulance" de Larry Cohen. 1990. U.S.A. 1h35. Avec Eric Roberts, James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Janine Turner, Eric Braeden, Richard Bright.

Sortie salles France: 5 Juin 1991. U.S: 29 Mars 1990

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. 1995 Fausse identité (TV Movie) 1996: Original Gangstas. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Echec public aux States mais joli succès dans l'hexagone (notamment sous l'effigie de sa Vhs), l'Ambulance est une série B trépidante typiquement représentative de son auteur, l'illustre Larry Cohen. Créateur entre autre de la série Les Envahisseurs et de deux chefs-d'oeuvre du fantastique moderne, le Monstre est Vivant et Meurtres sous Contrôle. A partir d'un pitch aussi original que cocasse, l'Ambulance met en exergue une course-poursuite infernale entre un dessinateur de BD délibéré à appréhender une mafia médicale exerçant des trafics d'êtres humains afin de guérir les diabétiques. Dans le rôle (à contre-emploi) du méchant chirurgien, on est surpris de retrouver l'acteur Eric Braeden issue de la série TV Amour, gloire et beauté, se fondant ici dans la peau d'un savant fou moderne avec une dérision macabre gentiment convaincante. Et ce en dépit d'un cabotinage assumé que chaque acteur incarne avec aplomb enjoué afin d'accentuer le caractère débridé du contexte horrifique aussi bien singulier qu'improbable.


Bien conscient de ses facilités qu'il empreinte durant un cheminement narratif à la fois homérique et pittoresque, Larry Cohen ne prend jamais au sérieux son argument sardonique et privilégie l'énergie de sa mise en scène maîtrisant efficacement rebondissements et imprévus avec une générosité en roue libre. L'Ambulance alternant sans temps morts investigation policière infructueuse (les flics stéréotypés en prennent plein leur grade dans leur posture décervelée !) et survival urbain que notre héros (formidablement campé par la verve amicale du fringant Eric Roberts swinguant dans une "cool attitude" !) encourt à perdre haleine, notamment afin de retrouver saine et sauve une jeune inconnue rencontrée plus tôt dans le centre-ville. Outre les présences très attachantes de nos principaux protagonistes s'évertuant à courser les malfrats en blouse blanche, on est également ravi de retrouver une foule de seconds-couteaux bien connus des amateurs de B movies (James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Richard Bright, Nicholas Chinlund), sans compter quelques caméos inopinés (Stan Lee en personne et Lou Ferigno !) se prêtant au jeu du pastiche avec bonhomie.


Pur divertissement de samedi soir fertile en frénésie visuelle (photo saturée en sus !) sous l'impulsion excentrique de comédiens s'en donnant à coeur joie dans les outrances gestuelles et verbales si bien qu'on les croiraient sortis d'une bande-dessinée, l'Ambulance est le prototype par excellence de la série B galvanisante (aussi naïve soit-elle !) dans son concentré d'humour, d'actions et de cascades aussi bien funs que décomplexés ! A redécouvrir avec un réjouissant sourire d'ado ! 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 29 juin 2017

OKJA

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Bong Joon-ho. 2017. Corée du Sud/U.S.A. 2h01. Avec Ahn Seo-hyeon, Tilda Swinton, Paul Dano, Jake Gyllenhaal, Byeon Hee-bong, Steven Yeun, Lily Collins

Diffusé sur Netflix en Corée du Sud, États-Unis et France : 28 juin 2017 

FILMOGRAPHIE: Bong Joon-ho est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le 14 septembre 1969 à Séoul. 2000 : Barking Dog. 2003 : Memories of Murder. 2006 : The Host. 2009 : Mother. 2013 : Snowpiercer, le Transperceneige. 2017 : Okja.


Bouleversant témoignage contre l'exploitation et la barbarie animale sans misérabilisme et encore moins de complaisance (en dépit de certaines séquences difficiles, notamment son éprouvante dernière partie qui arrachera des larmes aux plus sensibles !), Okja a de quoi remuer les consciences auprès des carnivores, complices malgré eux d'une inépuisable souffrance animale instaurée au sein d'abattoirs insalubres souillés par les larmes et le sang des victimes innocentes qui ne demandaient qu'à vivre dans la quiétude. Poème familial pétri de tendresse et d'humanité lorsqu'une jeune coréenne s'éprend d'amour auprès de son animal de compagnie, en l'occurrence un cochon génétiquement modifié, Okja nous relate un périple haletant pour la survie lorsque ce dernier embrigadé de force chez une multinationale est prochainement contraint de finir dans les assiettes du consommateur dupé par une propagande fallacieuse.


Car dénonçant la cupidité et la corruption des lobbys et de l'agroalimentaire impliqués dans la pratique des OGM, Bong Joon-ho traduit son histoire avec pudeur (notamment sa première partie affichant avec poésie un panorama naturel idyllique) et pincée d'humour (l'incroyable course-poursuite perpétrée à travers ces centres commerciaux puis culminant sur l'autoroute !). Car dosant habilement, et avec brio technique bluffant de réalisme (notamment le design détaillée de la créature plus vraie que nature !) action inventive inscrite dans la fantaisie (les bravoures étant transfigurées avec l'hallucinante fluidité d'une caméra formaliste !) puis enchaînant doucement avec le drame et l'horreur, le réalisateur télescope les genres parmi l'efficacité d'un cheminement narratif à l'issue indécise. Certes un chouilla prévisible avouons-le mais pour autant truffé d'inventions (visuelles) et d'adrénaline lorsque des militants de la cause animale s'efforcent de prêter main forte à notre héroïne exploitée à des fins mercantiles face à une population ricaine lobotomisée par la pub. D'une riche intensité quant à sa douloureuse progression dramatique et le jeu profondément humble des protagonistes en quête désespérée de bravoures, Okja déploie une palette d'émotions lyriques derrière son manifeste pour le droit de vie animale lorsque ceux-ci sont envoyés dans des camps d'extermination après y avoir été maltraités en labo expérimental.


Un cri d'alarme contre la corruption agroalimentaire et la barbarie des abattoirs
Evitant manichéisme et pathos grâce à sa modestie d'illustrer sans fioriture ni effet de manche (en dehors des discours volontairement empathiques de la multinationale mégalo) sa fragile histoire d'amour entre une fillette et un cochon, Okja laisse surtout en mémoire l'effroyable constat d'un intolérable génocide animalier afin d'éveiller notre part de responsabilité hantée par le remord. Au rythme d'une partition aussi discrète que gracile y émane un conte désenchanté aussi bien dur que dérangeant mais profondément tendre et humaniste dans son message (désespéré) de tolérance envers la candeur animale.   

Bruno Dussart.

Ci-joint la critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-okja/

mercredi 28 juin 2017

Le Bazaar de l'Epouvante

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site ilaose.blogspot.fr

"Needful Things" de Fraser Clarke Heston. 1993. U.S.A. 2h01. Avec Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J. T. Walsh, Ray McKinnon.

Sortie salles France: 13 Juillet 1994. U.S: 27 Août 1993

FILMOGRAPHIE: Fraser Clarke Heston est un réalisateur et scénariste américain, né le 12 février 1955 à Los Angeles. 1990 : L'Île au trésor (téléfilm). 1991 : Sherlock Holmes et la croix de sang (téléfilm). 1993 : Le Bazaar de l'épouvante. 1996 : Alaska. 2011 : The Search for Michael Rockefeller (documentaire).


Discrédité dès sa sortie et occulté depuis, le Bazaar de l'épouvante est une sympathique adaptation d'un roman de Stephen King au pitch original mais inévitablement sans surprise et redondant. Son ambiance familiale d'une bourgade côtière résidée par d'aimables habitants découlant au fil du récit alarmiste vers une intéressante réflexion sur l'emprise du Mal lorsqu'un antiquaire décide d'y semer le chaos parmi les citadins victimes de vendetta. Emaillé de séquences chocs parfois impressionnantes de par leur parti-pris réaliste (l'agression à l'arme blanche entre les 2 voisines fait froid dans le dos), le Bazaar de l'Epouvante  est servi des interprétations spontanées de Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia et Amanda Plummer ajoutant un peu de densité au récit tracé d'avance. C'est ce qui pose problème avec cette aimable série B dénuée de suspense en dépit de la bonne volonté du réalisateur Fraser Clarke Heston (fils de Charlton Heston) à tenter de susciter une fascination délétère auprès du personnage sournois de Max Von Sydow plutôt honnête dans sa posture cruelle mais pas aussi magnétique qu'escompté en démon impérieux.  

Eric Binford.
2èx