Photo empruntée sur Google, appartenant au site priceminister.com
"The Witches" de Cyril Frankel. 1966. Angleterre. 1h31. Avec Joan Fontaine, Kay Walsh, Alec McCowen, Ann BellAnn Bell, Ingrid Boulting, John Collin, Michele Dotrice.
Sortie salles Angleterre: 9 Décembre 1966. U.S: Février 1967. Inédit en salles en France
FILMOGRAPHIE: Cyril Frankel est un réalisateur anglais né le 28 décembre 1921 à Stoke Newington en Londres. 1950 : Explorers of the depths. 1950 : Eagles of the fleet. 1951 : Wing to wing. 1953 : The nutcracker. 1953 : Man of africa (documentaire). 1954 : Make me an offer. 1955 : It's great to be youg. 1957 : No time for tears. 1958 : She didn't say no! 1958 : Alive and kicking. 1960 : Scheidungsgrund : Liebe. 1960 : Never take sweets from a stranger. 1960 : School for scoundrels. 1961 : Don't bother to knock. 1961 : On the fiddle. 1963 : The very edge. 1966 : Pacte avec le diable. 1967 : The trygon factor. 1975 : La Trahison. 1990 : Eine frau namens Harry.
Perle de la Hammer méconnue en France si bien qu'elle resta inédite en salles si je ne m'abuse, les Sorcières préfigure avec 2 ans d'avance le chef-d'oeuvre de Roman Polanski, Rosemary's Baby. De par son parti-pris de dépoussiérer le thème de la sorcellerie dans un cadre contemporain et son sens suggéré d'exploiter appréhension et paranoïa de la victime sans outrance grand-guignolesque. Et ce en dépit de sa dernière partie autrement vrillée lors des incroyables séances de sabbat incantées autour de fanatiques transis d'émoi. Fascinant et délirant, ce dénouement horrifique vaut son pesant de cacahuètes par son illustration flamboyante et l'audace de quelques situations scabreuses si j'ose dire, notamment si on se réfère à l'époque dans lequel le film fut conçu (la mélasse comparable aux excréments que se partagent goulûment chaque fidèle provoque un dégoût viscéral !). Après avoir été agressée par une expérience vaudou lors d'une mission en Afrique, Gwen Mayfield retourne dans son pays anglais pour y exercer un nouveau poste d'institutrice. Fraîchement débarquée au sein du petit village de Cornouailles, celle-ci est rapidement contrainte de s'inquiéter de la relation amoureuse de deux adolescents que les habitants pointent du doigt avec médisance.
Suspense horrifique charpenté par le truchement d'une ossature narrative soigneusement contée, Les Sorcières joue la carte de la sobriété pour mieux nous adhérer à son cauchemar ésotérique où les forces du Mal sont sur le point de parfaire un stratagème morbide Spoil ! (sacrifier une vierge pour le compte d'une égérie avide de seconde jeunesse Fin du Spoil). Ponctué de quelques détails inquiétants et du comportement suspicieux de certains citadins tantôt irascibles, tantôt sournois, l'intrigue est bâtie du point de vue aussi bien vulnérable que preux de l'institutrice en quête investigatrice depuis l'incident d'un ado mystérieusement sombré dans le coma. Davantage dramatique au fil de péripéties macabres et machiavéliques que notre héroïne découvre (et subit !) avec une contrariété contenue, les Sorcières insuffle un subtil climat de tension au sein d'une réalité quotidienne corrompue par la science de la sorcellerie. Elégante, droite et mature dans sa posture d'éducatrice empathique plongée dans une improbable énigme surnaturelle, Joan Fontaine domine l'écran avec densité cérébrale dans sa faculté de déceler les tenants et aboutissants d'une étrange confrérie et d'y déjouer leurs forces obscures non sans subterfuge (coup de théâtre inopiné à la clef lors du sort précaire de la victime !).
Méconnue et occultée en France malgré sa résurrection en Dvd (merci Seven 7 !), les Sorcières demeure un petit bijou de suspense et d'épouvante éthéré sous l'autorité infaillible de la Hammer et la présence épurée d'une Joan Fontaine bougrement convaincante dans sa fonction d'institutrice policière ballottée par une conspiration sectaire. Fascinant, captivant et lestement vénéneux sous l'esthétisme sépia d'un charmant hameau faussement paisible !
Bruno Dussart
2èx
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