jeudi 13 juillet 2017

DR JEKYLL ET LES FEMMES. Prix du Meilleur réalisateur, Catalogne 81.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site therockyhorrorcriticshow.com

"L'Etrange cas du Dr Jekyll et Miss Osbourne" de Walerian Borowczyk. 1981. France, Allemagne, Angleterre. 1h31. Avec Udo Kier, Marina Pierro, Patrick Magee, Gérard Zalcberg, Howard Vernon, Clément Harari.

Sortie salles France: 17 Juin 1981 (Int - 18 ans). U.S: Inédit en salles.

FILMOGRAPHIE: Walerian Borowczyk est un cinéaste et plasticien polonais né le 2 septembre 1923 à Kwilcz, près de Poznań (Pologne), mort le 3 février 2006 au Vésinet en région parisienne.
1967 : Le Théâtre de monsieur et madame Kabal. 1968 : Goto, l'île d'amour. 1971 : Blanche. 1974 : Contes immoraux. 1975 : L'Histoire du péché. 1975 : La Bête. 1976 : La Marge. 1977 : Intérieur d'un couvent. 1979 : Les Héroïnes du mal. 1979 : Collections privées. 1980 : Lulu. 1981 : Docteur Jekyll et les femmes. 1983 : L'Art d'aimer. 1987 : Emmanuelle 5. 1988 : Cérémonie d'amour


Repéré chez les vidéophiles lors de son exploitation Vhs sous l'étendard suprême d'Hollywood Video, Dr Jekyll et les Femmes est une aberration filmique comme il y en a peu dans le paysage horrifique. Déjà impressionné et curieux de l'aspect glaçant de sa bande-annonce monocorde uniquement conçue sur des "arrêts sur image" (plans érotico-gores s'enchaînant par des fondus enchaînés !), les fans du genre s'étaient empressés de le louer afin de découvrir ce que renferme au final l'éventuel objet sulfureux inspiré du roman de Stevenson. Ou plutôt d'une ébauche que l'écrivain dû sacrifier sous le joug de son épouse Fanny Van de Grift considérant son oeuvre comme insipide. C'est donc de cette version invisible que Borowczyk s'efforce de mettre en images à renfort de sexe et de sang (le film étant d'ailleurs interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie). A mi-chemin entre le film d'auteur et la série B provocatrice, Dr jekyll et les Femmes nous transfigure une descente aux enfers singulière si bien qu'il s'agit aisément de l'adaptation la plus malsaine, la plus dérangeante et la plus insaisissable qu'on ait pu voir sur pellicule.


D'une simplicité triviale, le récit plutôt redondant nous dépeint la nuit de cauchemar que subiront les hôtes aristocrates du Dr Jekyll au sein de sa demeure tentaculaire. Pour cause, un maniaque sexuel sévit à proximité depuis la découverte d'une fillette battue à mort (le prologue s'avérant déjà particulièrement malsain par sa violence rugueuse et ce en dépit du hors-champs !). Un par un, ils vont périr sous les sévices de l'énigmatique Edouard Hyde quand bien même la fiancée de celui-ci observe ses exactions avec troublante fascination. Endossé par une poignée d'illustres seconds couteaux bien connus des amateurs de Bis (Udo Kier - Du sang pour Dracula - , Marina Pierro - La Morte-vivante -, Patrick Magee - Le Chat Noir - , Gérard Zalcberg - les Prédateurs de la Nuit -, Howard Vernon - l'Horrible Dr Orlof -, Clément Harari - Inspecteur Labavure, excusez du peu !), Dr Jekyll et les Femmes distille une atmosphère sensiblement fétide au sein d'une unité de temps et de lieu exiguë. Saturé d'une incroyable partition dissonante aussi bien envoûtante que vénéneuse, la mise en scène auteurisante de Borowczyk s'approprie de cadrages alambiqués sous une splendide photo ouatée parfois émaillée d'éclairages d'un onirisme azur. Expérimental dans sa recherche stylisée et son parti-pris provocateur de mettre en exergue de saisissantes images scabreuses parfois à la limite de la pornographie, Dr Jekyll et les Femmes se vit comme un cauchemar halluciné explosant les frontières de la réalité. Les acteurs outranciers, car possédés par la soumission et la domination, s'en donnant de bon train dans les expressions théâtrales et le mimétisme effarouché.


Déliquescence morale de la haute société
Résolument baroque (notamment l'impensable métamorphose de Jekyll dans sa baignoire impure !) et visuellement splendide au sein de décors gothiques tantôt sensuels, tantôt inquiétants, Dr Jekyll et les Femmes se dispense de moralité pour mettre en exergue la folle étreinte amoureuse d'amants maudits submergés par la fascination du meurtre et de la perversion sexuelle (et ce jusqu'au vampirisme, à moins d'y évoquer une certaine forme de cannibalisme). Il en émane une oeuvre hybride ineffable, une expérience érotico-horrifique aussi charnelle que diaphane au risque de diviser l'opinion peu enclin à apprivoiser un délire aussi inconfortable, méphitique et austère. Mais pour les fans de curiosité malsaine inscrite dans un surréalisme indicible, Dr Jekyll et les femmes s'avère difficilement oubliable sitôt le générique mutique écoulé ! 
Pour Public averti

Dédicace à Isabelle Rocton
Eric Binford.
2èx

Récompense: Prix du Meilleur réalisateur lors du Festival international du film de Catalogne en 1981.

mercredi 12 juillet 2017

SEX ADDICT / BAD BIOLOGY

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemur.f

"Bad Biology" de Frank Hennenlotter. 2008. U.S.A. 1h25. Avec Charlee Danielson, Anthony Sneed, Krista Ayne, Jelena Jensen.

Sortie Dvd France: 18 Août 2009. U.S (dvd): 26 Janvier 2010

FILMOGRAPHIE: Frank Henenlotter est un réalisateur américain né le 29 août 1950 à New-York. 1982: Frères de sang. 1988: Elmer, le remue-méninges. 1990: Frères de sang 2. 1990: Frankenhooker. 1992: Frères de Sang 3. 2008: Sex Addict.


16 ans après Frères de sang 3, Frank Henenlotter nous revient plus vigoureux et fringant que jamais avec Bad Biology, vulgairement titré chez nous Sex Addict. Si avec Frères de sang 2 et 3 il n'a pas su se renouveler pour renouer avec ses antécédentes réussites (son 1er coup d'essai cultissime, Elmer et à moindre échelle Frankenhooker), Frank Henenlotter semble avoir rajeuni de 16 ans (c'est le nombre d'années séparant Frères de sang 3 de ce dernier projet) tant celui-ci retrouve sa verve (les dialogues débridés fusent tous azimuts !), sa causticité et son talent inné de transgresseur à travers le thème sulfureux de l'addiction sexuelle. Une jeune nymphomane, vraie mutante constituée de 7 clitoris, multiplie les rencontres d'un soir à une cadence infernale jusqu'au jour où elle entrevoit l'immense orgasme d'une prostituée perpétrée par un célibataire aussi érotomane. Sauf que ce dernier s'efforce pour autant de calmer la libido de son pénis de taille disproportionnée en le gavant de psychotropes. C'est le début d'une descente aux enfers que nos amants vont indépendamment se partager (le récit étant scindé en deux parties afin d'émettre ensuite un parallèle avec leurs journaux intimes) avant de se réunir pour transcender un commun orgasme.   


Méga trip libidineux résolument dévergondé, film monstre aussi mal élevé qu'immoral (les nouveaux-nés jetés dans les poubelles, son final horrifique faisant écho à Frères de sang, et plus reconnaissable, Elmer !) que notre réalisateur underground dépeint avec une dérision corrosive, Bad Biology alterne cocasserie et dégoût viscéral sous le pilier de situations surréalistes à la fois scabreuses et incongrues. Et ce en dépit d'une intrigue linéaire dénuée de surprises à l'exception de son final orgasmique aussi déjanté que grotesque. Baignant comme de coutume dans le mauvais goût, la provocation et la subversion à renfort d'érotisme à mi-chemin de la pornographie, Bad Biology y enfante une immense farce sur l'emprise sexuelle au travers de scènes anthologiques (aaahh cet orgasme féminin que l'on peut sans réserve considérer comme le plus long et vertigineux de l'histoire du cinéma !) que vous ne serez pas prêts d'oublier ! Car véritable ovni atypique émanant d'un esprit tordu mais lestement sarcastique, Bad Biology cumule les insolences salaces sous l'impulsion de comédiens extraverties s'en donnant à coeur joie dans les ultra-jouissances corporelles. Tant et si bien que le récit irrésistiblement fantaisiste n'est qu'un florilège de situations outrancières par le biais de la masturbation et des orgasmes en rut.


Satire au vitriol sur la dépendance sexuelle illustrant par l'occasion le pénis le plus monstrueux du cinéma, Bad Biology joue la carte de la provocation épicurienne dans un esprit second degré aussi bien décapant que décalé. Marque de fabrique d'un des maîtres du cinéma underground aujourd'hui plus pétulant et juvénile que jamais ! 
Pour public averti

Bruno Matéï
2èx

mardi 11 juillet 2017

ATOMIC COLLEGE

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Class of Nuke 'Em High" de Richard W. Haines, Michael Herz et Lloyd Kaufman. 1986. 1h23. Avec Janelle Brady, Gil Brenton, Robert Prichard, Pat Ryan, James Nugent Vernon, Brad Dunker, Gary Schneider.

Sortie salles France: 3 Juin 1987. U.S: 12 Décembre 1986

FILMOGRAPHIE: Lloyd Kaufman (né Stanley Lloyd Kaufman Jr. le 30 décembre 1945) est un réalisateur, producteur et acteur de cinéma underground et indépendant américain. 2017: Return to Return to Nuke 'Em High Aka Vol. 2. 2016 Grindsploitation. 2013 Return to Nuke 'Em High Volume
1. 2006 Poultrygeist: Night of the Chicken Dead. 2006 Debbie Rochon Confidential: My Years in Tromaville Exposed! (Video). 2004 Tales from the Crapper (Video) (non crédité). 2000 Citizen Toxie: The Toxic Avenger IV. 1999 Terror Firmer. 1996 Tromeo and Juliet. 1990 Sgt. Kabukiman N.Y.P.D. 1989 The Toxic Avenger Part III: The Last Temptation of Toxie. 1989 The Toxic Avenger Part II. 1988 Troma's War (as Samuel Weil). 1986 Atomic College (as Samuel Weil). 1984 Toxic (as Samuel Weil). 1983 The First Turn-On!! (as Samuel Weill). 1982 Stuck on You ! (as Samuel Weil). 1981: Waitress! (as Samuel Weil). 1979 Squeeze Play (as Samuel Weil). 1978 The Fur Trap. 1977 My Sex-Rated Wife (as David Stitt).1977 Exploring Young Girls (as David Stitt). 1976 Les Nympho Teens (as David Stitt). 1976 The Divine Obsession (as Louis Su). 1974 Sweet & Sour (as H.V. Spyder). 1973 The New Comers (as Louis Su). 1973 Ha-Balash Ha'Amitz Shvartz (non crédité). 1971 The Battle of Love's Return. 1969 The Girl Who Returned.


Troma: office de la contre-culture
Film culte des années 80 au même titre que son homologue Toxic avenger, Atomic College demeure également le cartoon vitriolé de tous les excès. Baignant dans une insolence résolument décomplexée sous l'impulsion de protagonistes extravagants aussi bien fêlés qu'écervelés, Atomic College conjugue humour bas d'plafond et gore débridé à un rythme échevelé ! Le pitch d'une rare trivialité tournant autour de la rivalité d'une bande de punks, anciens élèves du lycée de Tromaville, contre l'autorité d'enseignants et d'étudiants les plus entêtés. A la suite d'une fuite radioactive d'une centrale nucléaire située à proximité de leur établissement scolaire, certains d'eux se transforment en mutants et sombrent dans une folie meurtrière. Toutefois, légèrement contaminés par les effets radioactifs d'un joint, un jeune couple tente de s'opposer à la bande lors de règlements de compte ultra-violents.


Dès lors, dans une ambiance électrique d'hyper tension et d'incidents meurtriers, élèves et délinquants se confrontent au moment même où un monstre né des conséquences de la radioactivité est sur le point d'éclore. Rustre, bête et méchant (le passage à tabac d'une vieille dame !) et déjanté comme de coutume chez la Firme Troma, Atomic College reprend à peu de choses près les ingrédients salaces et gorasses de Toxic Avenger avec une alchimie plus ou moins égale. Et ce en dépit d'un cheminement narratif foutraque truffé d'invraisemblances et d'incohérences mais pour autant transcendé d'un débordement de situations toutes plus folingues et hilarantes les unes que les autres. Et ce avec l'appui d'un montage ultra dynamique et d'une partition rock de seconde zone où son thème entêtant ("Nuke 'Em High" !) s'impose avec une plaisante métronomie ! Car si Atomic College empile sans modération des gags acnéens enfantés par un cerveau déficient, l'ambiance survoltée de bonne humeur que les acteurs parviennent outrancièrement à exprimer et surtout l'inventivité des séquences gores rehaussées d'FX en latex plutôt adroits parviennent à nous galvaniser par leur énergie récréative !


100% pur jus de culte chez la centrale Tromaville ! 
Teen movie horrifico-potache à la croisée de Class 84 (notamment ce final explosif où nos méchants punks kidnappent la fille du héros afin de l'entraîner dans les sous-sols du lycée !) et de Toxic Avenger (les lycéens se transformant en super mutants alors qu'un monstre visqueux est sur le point de les déglutir !), Atomic College affiche un "politiquement incorrect" en roue libre sous une facture polychrome de bande dessinée viciée. A revoir illico avec un attendrissant sourire de sale gosse ! 

Bruno Matéï
4èx

lundi 10 juillet 2017

THE LOST CITY OF Z

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de James Gray. 2016. U.S.A. 2h21. Avec Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller, Tom Holland, Angus MacFadyen, Edward Ashley, Nicholas Agnew, Ian McDiarmid.

Sortie salles France: 15 Mars 2017. U.S: 21 Avril 2017

FILMOGRAPHIE: James Gray est un réalisateur, scénariste et producteur américain né à New York en 1969. 1994 : Little Odessa. 2000 : The Yards. 2007 : La nuit nous appartient. 2008 : Two Lovers. 2013 : The Immigrant. 2016 : The Lost City of Z.


D'après l'histoire vraie de l'explorateur anglais Percy Fawcett délibéré durant toute sa vie à retrouver les traces d'une éventuelle cité d'or au coeur de la forêt amazonienne, The Lost city of Z renoue avec le souffle épique et romanesque des récits d'aventures les plus authentiques. Car riche d'une intensité émotionnelle parfois bouleversante au travers de séquences intimistes sans fard, James Gray semble touché par la grâce d'avoir aussi majestueusement narré (structure limpide en sus) cette incroyable épopée humaine prônant les thèmes des valeurs familiales, du courage, de l'espoir, du dépassement de la peur, de l'obsession, du sens de l'amitié (les rapports indéfectibles entre Percy et ses 2 comparses) et de la tolérance envers les ethnies sauvages discréditées ou parfois exploitées à l'esclavage chez l'homme blanc.


D'une ampleur visuelle à couper le souffle au sein de vastes décors naturels hostiles (extérieurs tournés en Colombie) confrontant l'homme à une survie suicidaire (rations précaires d'eau et de nourriture, maladies, affronts meurtriers de tribus indigènes à proximité des fleuves, faune sauvage à l'affût), The Lost city of Z nous oriente vers un voyage mystique (son final évocateur faisant appel à une idéologie spirituelle) sous l'autorité inflexible de Percy Fawcett. Un explorateur érudit et patriotique pétri de valeurs, de sens du devoir et en avance sur son temps quant à sa morale imputée à l'égalité des sexes et au racisme que l'acteur Charlie Hunnam endosse avec noble sobriété. Cette foi furibarde et désespérée de sillonner sa cité perdue, son endurance de poursuivre sans relâche cet Eldorado durant plusieurs décennies nous invoque stupeur et dignité par son courage physique, sa force de caractère, sa résilience de longue haleine, et ce en dépit des sacrifices qu'il est contraint de s'imposer auprès de sa fonction parentale. Car partagé entre le sens du devoir familial et sa passion professionnelle, ce dernier pour autant révérencieux et compréhensif aura tout de même l'aubaine de se confronter à une épouse aussi humaine car d'autant plus patiente, optimiste et tolérante en dépit de son désarroi affectif et de sa crainte du trépas. Là aussi James Gray dresse l'honorable profil d'une femme fidèle privilégiant au final l'entreprise héroïque de son époux, l'actrice Sienna Miller l'incarnant avec une juste discrétion, entre force d'esprit, franchise et élégance épurée.


En terre inconnue
Passionnant et subtilement envoûtant en dépit d'un début gentiment placide prenant son temps à exposer sa trame, The lost city of Z est un grand moment de cinéma sous l'oeil avisé de l'éminent James Gray maîtrisant la puissance de son récit sous une fulgurance visuelle tangible. Magnifique portrait d'un destin aventurier, progressiste avant-coureur dont la raison de vie n'était que de changer l'avenir et y imposer sa signature afin de confronter l'évolution du monde aux civilisations inconnues, The Lost city of Z demeure une flamboyante épopée humaine derrière une rage de vaincre l'échec, et ce quitte à en sacrifier son destin. D'une sensibilité jamais démonstrative émane un chef-d'oeuvre humble où son intensité dramatique nous bouleverse sans nous prévenir, et ce pour nous transformer psychologiquement parlant. 

Bruno Dussart

vendredi 7 juillet 2017

LES SORCIERES / PACTE AVEC LE DIABLE

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site priceminister.com

"The Witches" de Cyril Frankel. 1966. Angleterre. 1h31. Avec Joan Fontaine, Kay Walsh, Alec McCowen, Ann BellAnn Bell, Ingrid Boulting, John Collin, Michele Dotrice.

Sortie salles Angleterre: 9 Décembre 1966. U.S: Février 1967. Inédit en salles en France

FILMOGRAPHIE: Cyril Frankel est un réalisateur anglais né le 28 décembre 1921 à Stoke Newington en Londres. 1950 : Explorers of the depths. 1950 : Eagles of the fleet. 1951 : Wing to wing. 1953 : The nutcracker. 1953 : Man of africa (documentaire). 1954 : Make me an offer. 1955 : It's great to be youg. 1957 : No time for tears. 1958 : She didn't say no! 1958 : Alive and kicking. 1960 : Scheidungsgrund : Liebe. 1960 : Never take sweets from a stranger. 1960 : School for scoundrels. 1961 : Don't bother to knock. 1961 : On the fiddle. 1963 : The very edge. 1966 : Pacte avec le diable. 1967 : The trygon factor. 1975 : La Trahison. 1990 : Eine frau namens Harry.


Perle de la Hammer méconnue en France si bien qu'elle resta inédite en salles si je ne m'abuse, les Sorcières préfigure avec 2 ans d'avance le chef-d'oeuvre de Roman Polanski, Rosemary's Baby. De par son parti-pris de dépoussiérer le thème de la sorcellerie dans un cadre contemporain et son sens suggéré d'exploiter appréhension et paranoïa de la victime sans outrance grand-guignolesque. Et ce en dépit de sa dernière partie autrement vrillée lors des incroyables séances de sabbat incantées autour de fanatiques transis d'émoi. Fascinant et délirant, ce dénouement horrifique vaut son pesant de cacahuètes par son illustration flamboyante et l'audace de quelques situations scabreuses si j'ose dire, notamment si on se réfère à l'époque dans lequel le film fut conçu (la mélasse comparable aux excréments que se partagent goulûment chaque fidèle provoque un dégoût viscéral !). Après avoir été agressée par une expérience vaudou lors d'une mission en Afrique, Gwen Mayfield retourne dans son pays anglais pour y exercer un nouveau poste d'institutrice. Fraîchement débarquée au sein du petit village de Cornouailles, celle-ci est rapidement contrainte de s'inquiéter de la relation amoureuse de deux adolescents que les habitants pointent du doigt avec médisance


Suspense horrifique charpenté par le truchement d'une ossature narrative soigneusement contée, Les Sorcières joue la carte de la sobriété pour mieux nous adhérer à son cauchemar ésotérique où les forces du Mal sont sur le point de parfaire un stratagème morbide Spoil ! (sacrifier une vierge pour le compte d'une égérie avide de seconde jeunesse Fin du Spoil). Ponctué de quelques détails inquiétants et du comportement suspicieux de certains citadins tantôt irascibles, tantôt sournois, l'intrigue est bâtie du point de vue aussi bien vulnérable que preux de l'institutrice en quête investigatrice depuis l'incident d'un ado mystérieusement sombré dans le coma. Davantage dramatique au fil de péripéties macabres et machiavéliques que notre héroïne découvre (et subit !) avec une contrariété contenue, les Sorcières insuffle un subtil climat de tension au sein d'une réalité quotidienne corrompue par la science de la sorcellerie. Elégante, droite et mature dans sa posture d'éducatrice empathique plongée dans une improbable énigme surnaturelle, Joan Fontaine domine l'écran avec densité cérébrale dans sa faculté de déceler les tenants et aboutissants d'une étrange confrérie et d'y déjouer leurs forces obscures non sans subterfuge (coup de théâtre inopiné à la clef lors du sort précaire de la victime !).  


Méconnue et occultée en France malgré sa résurrection en Dvd (merci Seven 7 !), les Sorcières demeure un petit bijou de suspense et d'épouvante éthéré sous l'autorité infaillible de la Hammer et la présence épurée d'une Joan Fontaine bougrement convaincante dans sa fonction d'institutrice policière ballottée par une conspiration sectaire. Fascinant, captivant et lestement vénéneux sous l'esthétisme sépia d'un charmant hameau faussement paisible ! 

Bruno Dussart
2èx

jeudi 6 juillet 2017

MULHOLLAND DRIVE

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de David Lynch. 2001. 2h26. U.S.A/France. Avec Naomi Watts, Diane Selwyn, Laura Harring,
Justin Theroux, Ann Miller, Dan Hedaya, Lori Heuring, Angelo Badalamenti.

Sortie salles France: 21 Novembre 2001. U.S: 12 Octobre 2001

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).


Une perte identitaire au sein de l'industrie du 7è art. 
Histoire d'amour passionnelle au sein de l'univers impitoyable et si illusionniste d'Hollywood, Mulholland Drive oppose deux récits contradictoires afin de semer doute et confusion à travers l'identité trouble de deux jeunes actrices prometteuses aptes à concourir pour la célébrité. A la suite d'un accident de voiture conduit par deux mystérieux individus, une jeune femme brune est frappée d'amnésie. A proximité du crash, elle s'enfonce dans un bosquet pour se diriger vers la ville de Mulholland Drive. Elle finit par entrer à l'improviste au sein d'une demeure occupée par une actrice néophyte, Betty Elms, elle-même chaudement hébergée par sa tante. Rapidement éprise d'amitié, Betty décide d'épauler l'inconnue dans sa quête identitaire, ce qui les mèneront vers une découverte macabre.  


Magnifiquement incarné par Naomi Watts et Laura Harring crevant l'écran à chacune de leurs apparitions, Mulholland Drive emprunte le cheminement d'un thriller à suspense comme seul Lynch, alchimiste inné, a le secret. Car constamment trouble et envoûtant, imbitable mais aussi limpide quant aux rapports (autrefois) intimes des deux héroïnes en proie à l'investigation, sa narration déstructurée est conçue à la manière d'un puzzle que le spectateur s'efforce de remodeler sans en saisir tous les tenants et aboutissants. Emaillé de séquences érotiques d'une sensualité épurée (l'intense échange du baiser durant l'audition de Betty, l'étreinte sexuelle de cette dernière avec Rita nous hypnotisant les sens !), Mulholland Drive demeure un vénéneux objet de séduction que notre duo saphique se partage entre passion des sentiments et rancune meurtrière. C'est ce que la seconde partie, brutalement dramatique et ramifiée dans les psychés contradictoires des héroïnes, nous impose à travers le dédale tortueux de deux personnalités où se disputeront trahison, cupidité et jalousie.


Une histoire d'amour dans la cité des rêves
Envoûtant, onirique, cocasse, absurde et méthodiquement fascinant au sein d'un environnement baroque indicible, Mulholland Drive cultive au final une superbe histoire d'amour écorchée vive sous l'impulsion torride de deux actrices talentueuses corrompues par la chimère d'Hollywood. Sombre récit d'échec personnel parmi le témoignage d'une foule de complices aussi bien interlopes que véreux, David Lynch y revêt son talent de conteur singulier afin d'imposer sa signature personnelle. Pour cela, il emprunte par ailleurs le truchement du thriller obsessionnel où les indices irrésolues nous laissent fatalement en suspens (du moins au 1er visionnage). On se laisse pour autant facilement bordé par la main de ce rêve éveillé parmi l'emprise lascive de deux égéries d'Hollywood traversant l'écran de Lynch avec une désillusion romanesque. Rien que pour elles (les protagonistes et les comédiennes ne faisant qu'une !), Mulholland Drive constitue un précieux moment de cinéma d'une finesse sensorielle.  

Bruno Matéï
2èx

Récompenses:
Festival de Cannes 2001 : Prix de la mise en scène, ex æquo avec The Barber de Joel et Ethan Coen.
César 2002 : Meilleur film étranger.
BAFTA 2002 : Meilleur montage pour Mary Sweeney.

mardi 4 juillet 2017

REMO, SANS ARME ET DANGEREUX

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

"Remo Williams: The Adventure Begins" de Guy Hamilton. 1985. U.S.A. 2h01. Avec Fred Ward
Joel Grey, Wilford Brimley, J.A. Preston, George Coe, Charles Cioffi, Kate Mulgrew.

Sortie salles France: 19 Mars 1986. U.S: 11 Octobre 1985

FILMOGRAPHIEGuy Hamilton, né le 16 septembre 1922 à Paris (France) et mort le 20 avril 2016 à Majorque en Espagne, de parents britanniques, est un réalisateur britannique. 1952 : L'assassin a de l'humour (The Ringer). 1953 : Le Visiteur nocturne. 1954 : Un inspecteur vous demande. 1955 : Les Indomptables de Colditz. 1956 : Charley Moon. 1957 : Manuela. 1959 : Un brin d'escroquerie.
1959 : Au fil de l'épée. 1961 : Le Meilleur Ennemi. 1964 : L'Affaire Winston. 1964 : Goldfinger.
1965 : The Party's Over. 1966 : Mes funérailles à Berlin. 1969 : La Bataille d'Angleterre. 1971 : Les diamants sont éternels. 1973 : Vivre et laisser mourir. 1974 : L'Homme au pistolet d'or. 1978 : L'Ouragan vient de Navarone. 1980 : Le miroir se brisa. 1982 : Meurtre au soleil. 1985 : Remo sans arme et dangereux. 1989 : Sauf votre respect.


Film culte des années 80 ayant bercé toute une génération, à l'instar du tout aussi fun et débridé Commando, Remo sans arme et dangereux est un divertissement d'action follement réjouissant sous l'impulsion épique d'un thème électro de Craig Safan et Tommy Shaw aussi inoubliable. Et ce en dépit de l'aspect totalement improbable de l'entrainement rigoureux de Rémo entamant une initiation héroïque avec une agilité surréaliste (il faut le voir esquiver les balles par la seule vélocité de son corps ainsi que la force de son esprit !). Officiellement décédé après une interpellation musclée avec des malfrats, le policier Samuel Makin est en fait le jouet d'une organisation secrète délibérée à l'exploiter pour nettoyer la ville des dirigeants les plus véreux, notamment ceux appartenant à une base militaire. Avec l'aide d'un vieux chinois et durant une longue épreuve de force aussi bien morale et physique, Samuel devient Remo auprès de l'enseignement d'une bravoure sans armes. Truffé d'humour voir d'hilarité (parfois involontaire quant au caractère "hénaurme" de certains exploits physiques - Chiun accourant sur l'eau d'un lac à grandes enjambées - !), de bonne humeur et de chaleur humaine autour de la relation amicale que se partagent progressivement Remo et son mentor, Maître Chiun, Remo s'extirpe du ridicule, aussi naïf soit son concept singulier (un super-héros sans panoplie se défendant à mains nues contre les balles ennemies !). Dénué d'une once de prétention et assumant pleinement le côté saugrenu de ces péripéties au sein d'un schéma narratif somme toute classique, Guy Hamilton parvient pour autant à rajeunir le genre académique en cette époque sacro-sainte des Eighties grâce à la générosité de son action tantôt inventive, tantôt vertigineuse.


A l'instar de certaines séquences de haute voltige (l'épreuve d'acrobatie sur la grande roue, l'affrontement musclé du haut de la statue de la liberté en rénovation - l'escalade sur le tronc d'arbre déplacé dans les airs par un câble porteur) provoquant la sensation d'ivresse ! Nous sommes d'autant plus impressionnés par l'habileté de la réalisation et du montage n'en faisant jamais trop (ou alors si peu !) pour épater la vue avec souci artisanal du détail technique. Bref, une époque révolue donc conçue sur l'authenticité de cascades impeccablement coordonnées si bien que l'ère numérique n'en n'était pas encore à sa prémices. Au-delà de l'aspect fun des moments d'entraînements à la fois cocasses et improbables, et du passage à l'acte belliqueux de Remo sur le terrain militaire, Rémo renchérit son charme en la présence d'un trio pétulant militant les valeurs d'amitié et d'amour (et ce en dépit du machisme badin de Chiun !). Fred Ward incarnant sans nul doute son rôle le plus sympathique à l'écran dans celui du (super) héros infaillible si bien que l'acteur au charisme viril compte sur la dérision et la bonhomie de sa posture surhumaine afin de se démarquer de l'orgueil. Dans celui du manager placide plein de sagesse et de bons préceptes, Joel Grey lui partage la vedette avec davantage de cocasserie puis l'empathie progressive qu'il cultive auprès de son comparse avec poignante dignité (notamment ce final où perce une émotion sensible quant à l'éventuel sort dramatique de Chiun ou de Remo !). Enfin, affublée d'une robe militaire longiligne, la charmante et si rare Kate Mulgrew se fond dans la peau d'un major avec une innocence et un naturel fondés sur la noblesse de sentiments aussi sincères qu'amoureux.


Inévitablement naïf et à la limite du grotesque lors de certaines séquences homériques hallucinées, Remo, sans arme et dangereux s'extirpe miraculeusement du ridicule, voir de la série Z de luxe, grâce à sa cocasserie en roue libre monopolisant tout le cheminement narratif, à ses péripéties davantage explosives si je me réfère à la touche guerrière de la dernière demi-heure (ajoutez notamment l'aspect dépaysant du vaste cadre forestier magnifiquement filmé) et surtout grâce à la camaraderie de l'attachant trio héroïque débordant de spontanéité et chaleur humaine (j'insiste encore là-dessus !) pour nous combler de béatitude communicative ! 

Dédicace à Olivier Hancart, Ludovic Hilde, Abdala Bouzebiba
Bruno Dussart
3èx

lundi 3 juillet 2017

GHOST STORY

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr 

"Histoire de fantômes" de Stephen Weeks. 1974. Angleterre. 1h27. Avec Murray Melvin, Larry Dann, Vivian MacKerrell, Marianne Faithfull, Barbara Shelley, Anthony Bate, Leigh Lawson...

Sortie salles France: 22 Septembre 1976. Angleterre: 19 Mars 1974

FILMOGRAPHIE: Stephen Weeks est un réalisateur, scénariste et producteur anglais né en 1948 à Hampshire. 1984: The Bengal Lancers! 1984: L'épée du vaillant. 1976: Scars (TV Movie documentary). 1974: Histoire de fantômes. 1973: Gawain and the Green Knight. 1971: I, Monster.


Il y a des raretés dont on ferait mieux de ne pas exhumer de l'oubli.

Eric Binford

vendredi 30 juin 2017

L'AMBULANCE

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant à senscritique.com

"The Ambulance" de Larry Cohen. 1990. U.S.A. 1h35. Avec Eric Roberts, James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Janine Turner, Eric Braeden, Richard Bright.

Sortie salles France: 5 Juin 1991. U.S: 29 Mars 1990

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. 1995 Fausse identité (TV Movie) 1996: Original Gangstas. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Echec public aux States mais joli succès dans l'hexagone (notamment sous l'effigie de sa Vhs), l'Ambulance est une série B trépidante typiquement représentative de son auteur, l'illustre Larry Cohen. Créateur entre autre de la série Les Envahisseurs et de deux chefs-d'oeuvre du fantastique moderne, le Monstre est Vivant et Meurtres sous Contrôle. A partir d'un pitch aussi original que cocasse, l'Ambulance met en exergue une course-poursuite infernale entre un dessinateur de BD délibéré à appréhender une mafia médicale exerçant des trafics d'êtres humains afin de guérir les diabétiques. Dans le rôle (à contre-emploi) du méchant chirurgien, on est surpris de retrouver l'acteur Eric Braeden issue de la série TV Amour, gloire et beauté, se fondant ici dans la peau d'un savant fou moderne avec une dérision macabre gentiment convaincante. Et ce en dépit d'un cabotinage assumé que chaque acteur incarne avec aplomb enjoué afin d'accentuer le caractère débridé du contexte horrifique aussi bien singulier qu'improbable.


Bien conscient de ses facilités qu'il empreinte durant un cheminement narratif à la fois homérique et pittoresque, Larry Cohen ne prend jamais au sérieux son argument sardonique et privilégie l'énergie de sa mise en scène maîtrisant efficacement rebondissements et imprévus avec une générosité en roue libre. L'Ambulance alternant sans temps morts investigation policière infructueuse (les flics stéréotypés en prennent plein leur grade dans leur posture décervelée !) et survival urbain que notre héros (formidablement campé par la verve amicale du fringant Eric Roberts swinguant dans une "cool attitude" !) encourt à perdre haleine, notamment afin de retrouver saine et sauve une jeune inconnue rencontrée plus tôt dans le centre-ville. Outre les présences très attachantes de nos principaux protagonistes s'évertuant à courser les malfrats en blouse blanche, on est également ravi de retrouver une foule de seconds-couteaux bien connus des amateurs de B movies (James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Richard Bright, Nicholas Chinlund), sans compter quelques caméos inopinés (Stan Lee en personne et Lou Ferigno !) se prêtant au jeu du pastiche avec bonhomie.


Pur divertissement de samedi soir fertile en frénésie visuelle (photo saturée en sus !) sous l'impulsion excentrique de comédiens s'en donnant à coeur joie dans les outrances gestuelles et verbales si bien qu'on les croiraient sortis d'une bande-dessinée, l'Ambulance est le prototype par excellence de la série B galvanisante (aussi naïve soit-elle !) dans son concentré d'humour, d'actions et de cascades aussi bien funs que décomplexés ! A redécouvrir avec un réjouissant sourire d'ado ! 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 29 juin 2017

OKJA

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Bong Joon-ho. 2017. Corée du Sud/U.S.A. 2h01. Avec Ahn Seo-hyeon, Tilda Swinton, Paul Dano, Jake Gyllenhaal, Byeon Hee-bong, Steven Yeun, Lily Collins

Diffusé sur Netflix en Corée du Sud, États-Unis et France : 28 juin 2017 

FILMOGRAPHIE: Bong Joon-ho est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le 14 septembre 1969 à Séoul. 2000 : Barking Dog. 2003 : Memories of Murder. 2006 : The Host. 2009 : Mother. 2013 : Snowpiercer, le Transperceneige. 2017 : Okja.


Bouleversant témoignage contre l'exploitation et la barbarie animale sans misérabilisme et encore moins de complaisance (en dépit de certaines séquences difficiles, notamment son éprouvante dernière partie qui arrachera des larmes aux plus sensibles !), Okja a de quoi remuer les consciences auprès des carnivores, complices malgré eux d'une inépuisable souffrance animale instaurée au sein d'abattoirs insalubres souillés par les larmes et le sang des victimes innocentes qui ne demandaient qu'à vivre dans la quiétude. Poème familial pétri de tendresse et d'humanité lorsqu'une jeune coréenne s'éprend d'amour auprès de son animal de compagnie, en l'occurrence un cochon génétiquement modifié, Okja nous relate un périple haletant pour la survie lorsque ce dernier embrigadé de force chez une multinationale est prochainement contraint de finir dans les assiettes du consommateur dupé par une propagande fallacieuse.


Car dénonçant la cupidité et la corruption des lobbys et de l'agroalimentaire impliqués dans la pratique des OGM, Bong Joon-ho traduit son histoire avec pudeur (notamment sa première partie affichant avec poésie un panorama naturel idyllique) et pincée d'humour (l'incroyable course-poursuite perpétrée à travers ces centres commerciaux puis culminant sur l'autoroute !). Car dosant habilement, et avec brio technique bluffant de réalisme (notamment le design détaillée de la créature plus vraie que nature !) action inventive inscrite dans la fantaisie (les bravoures étant transfigurées avec l'hallucinante fluidité d'une caméra formaliste !) puis enchaînant doucement avec le drame et l'horreur, le réalisateur télescope les genres parmi l'efficacité d'un cheminement narratif à l'issue indécise. Certes un chouilla prévisible avouons-le mais pour autant truffé d'inventions (visuelles) et d'adrénaline lorsque des militants de la cause animale s'efforcent de prêter main forte à notre héroïne exploitée à des fins mercantiles face à une population ricaine lobotomisée par la pub. D'une riche intensité quant à sa douloureuse progression dramatique et le jeu profondément humble des protagonistes en quête désespérée de bravoures, Okja déploie une palette d'émotions lyriques derrière son manifeste pour le droit de vie animale lorsque ceux-ci sont envoyés dans des camps d'extermination après y avoir été maltraités en labo expérimental.


Un cri d'alarme contre la corruption agroalimentaire et la barbarie des abattoirs
Evitant manichéisme et pathos grâce à sa modestie d'illustrer sans fioriture ni effet de manche (en dehors des discours volontairement empathiques de la multinationale mégalo) sa fragile histoire d'amour entre une fillette et un cochon, Okja laisse surtout en mémoire l'effroyable constat d'un intolérable génocide animalier afin d'éveiller notre part de responsabilité hantée par le remord. Au rythme d'une partition aussi discrète que gracile y émane un conte désenchanté aussi bien dur que dérangeant mais profondément tendre et humaniste dans son message (désespéré) de tolérance envers la candeur animale.   

Bruno Dussart.

Ci-joint la critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-okja/

mercredi 28 juin 2017

Le Bazaar de l'Epouvante

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site ilaose.blogspot.fr

"Needful Things" de Fraser Clarke Heston. 1993. U.S.A. 2h01. Avec Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J. T. Walsh, Ray McKinnon.

Sortie salles France: 13 Juillet 1994. U.S: 27 Août 1993

FILMOGRAPHIE: Fraser Clarke Heston est un réalisateur et scénariste américain, né le 12 février 1955 à Los Angeles. 1990 : L'Île au trésor (téléfilm). 1991 : Sherlock Holmes et la croix de sang (téléfilm). 1993 : Le Bazaar de l'épouvante. 1996 : Alaska. 2011 : The Search for Michael Rockefeller (documentaire).


Discrédité dès sa sortie et occulté depuis, le Bazaar de l'épouvante est une sympathique adaptation d'un roman de Stephen King au pitch original mais inévitablement sans surprise et redondant. Son ambiance familiale d'une bourgade côtière résidée par d'aimables habitants découlant au fil du récit alarmiste vers une intéressante réflexion sur l'emprise du Mal lorsqu'un antiquaire décide d'y semer le chaos parmi les citadins victimes de vendetta. Emaillé de séquences chocs parfois impressionnantes de par leur parti-pris réaliste (l'agression à l'arme blanche entre les 2 voisines fait froid dans le dos), le Bazaar de l'Epouvante  est servi des interprétations spontanées de Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia et Amanda Plummer ajoutant un peu de densité au récit tracé d'avance. C'est ce qui pose problème avec cette aimable série B dénuée de suspense en dépit de la bonne volonté du réalisateur Fraser Clarke Heston (fils de Charlton Heston) à tenter de susciter une fascination délétère auprès du personnage sournois de Max Von Sydow plutôt honnête dans sa posture cruelle mais pas aussi magnétique qu'escompté en démon impérieux.  

Eric Binford.
2èx

mardi 27 juin 2017

L'INVASION DES FEMMES ABEILLES

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Invasion of the Bee Girls" de Denis Sanders. 1973. U.S.A. 1h26 (Uncut). Avec Cliff Osmond, Wright King, Ben Hammer, William Smith, Anita Ford, Victoria Vetri.

Sortie salles France: 1er Juin 1973

FILMOGRAPHIE:  Denis Sanders est né le 21 Janvier 1929 à New York City, décédé le 10 Decembre 1987 à San Diego, California, USA. 1982: Computers Are People, Too! (TV Movie documentary).  1973 Invasion of the Bee Girls. 1971 The American West of John Ford (TV Movie documentary). 1971 Soul to Soul (Documentary). 1970 Elvis Show (Documentary). 1964 Shock Treatment. 1964 One Man's Way. 1962 La guerre est aussi une chasse. 1959 Crime & Punishment.


Drôle de curiosité indépendante que cette Invasion des femmes abeilles réalisée par Denis Sanders, spécialiste ricain de documentaires et séries TV ! Inédit en salles en France si je ne m'abuse et sorti il y a quelques années en Dvd chez Bach Films dans une édition somme toute passable (je vous recommande d'ailleurs de vous reporter vers la version HD 720 P dispo sur le blog Ciné-Bis-Art !), l'Invasion des femmes abeilles puise son charme par son irrépressible étrangeté émanant d'un cadre érotique teinté d'onirisme (la séquence raffinée du coït entre un sexagénaire et le Dr Harris) lorsqu'il ne s'agit pas de séquences chocs gentiment impressionnantes (le regard pénétrant des femmes abeilles aux yeux d'ébène, la métamorphose de l'une d'elles durant une expérimentation supervisée par Susan Harris !). Car ici point (ou si peu) d'effets-spéciaux visuels pour nous épater mais l'aura vénéneuse d'une ambiance fantasmatique plutôt insolite lorsque des femmes génétiquement modifiées s'entreprennent de séduire les mâles auprès d'ébats sexuels morbides Les victimes succombant à l'infarctus à la suite d'épuisement sexuel ! On peut d'ailleurs prêter une allusion à Frissons de Cronenberg pour son thème vénérien et l'intensité des ébats charnels appuyés d'une ambiance malsaine autrement sous-jacente !


Une séquence fort cocasse interviendra d'ailleurs un peu plus tard lorsque le maire de la ville annoncera à ses habitants d'interdire la copulation avec leur compagne lors d'un couvre-feu, quand bien même un des témoins de la salle protestera de vive voix (et avec fermeté !) d'imposer une décision aussi stupide et intolérante ! Durant ses meurtres à répétition, un inspecteur (campé par l'illustre William Smith - Le Riche et le Pauvre - New-York ne réponds plus -) s'efforce d'en élucider le mystère au moment même de s'éprendre d'une jeune assistante. Si l'intrigue minimaliste et nébuleuse s'avère plutôt tirée par les cheveux, et que la réalisation télévisuelle pêche d'un manque de maîtrise, Denis Sanders parvient toutefois à captiver et séduire grâce à l'aspect singulier de l'entreprise scientifique que dirige un défilé de jeunes mannequins étrangement sensuelles dans leur posture impassible ! Mention spéciale au charme indéfectible d'Anitra Ford crevant l'écran à chacune de ses apparitions félines ! D'autre part, on ne reste pas non plus insensible à la partition entêtante de l'illustre Charles Bernstein particulièrement inspiré par les sonorités Soul/Jazzy de Lalo Schifrin héritées de l'Inspecteur Harry. La photo colorée, contrastée et soignée rehaussant en prime l'aspect festif/bigarré/rétro d'une intrigue aussi déjantée dont quelques séquences indicibles marquent les esprits !


Jamais ennuyeux et plutôt amusant sous l'impulsion décomplexée d'un pitch aussi bien saugrenu que débridé, l'Invasion des femmes abeilles demeure une fort sympathique curiosité tirant parti de son charme au travers de curieuses séquences baroques (notamment cette rixe musclée entre l'inspecteur Agar et les violeurs de sa compagne) où science-fiction, érotisme et horreur s'entrecroisent de manière aléatoire !

Bruno Matéï
2èx

jeudi 22 juin 2017

FRANKENSTEIN CREA LA FEMME

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Frankenstein Created Woman" de Terence Fisher. 1967. 1h28. Angleterre. Avec Peter Cushing, Robert Morris, Susan Denberg, Thorley Walters, Barry Warren, Duncan Lamont.

Sortie salles France: 31 Octobre 1967. Angleterre: 18 Juin 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Quatrième volet de la saga Frankenstein que Terence Fisher reprend sous ses ailes après le sympathique essai de Freddie Francis, Frankenstein créa la femme serait l'un des épisodes les plus réussis et controversés selon l'éditeur Seven 7. Pour ma part, même si j'ai plus d'affection et de considération pour Frankenstein s'est échappé, la revanche de Frankenstein, le Retour de Frankenstein et Frankenstein et le monstre de l'enfer; Frankenstein créa la femme parvient sans peine à me fasciner pour m'immerger dans sa romance empoisonnée. De par la structure ciselée de son scénario original et la caractérisation de personnages infortunés (les amants) ou dépravés, tel ce trio d'aristocrates détestables auquel l'innocence en paiera le lourd tribut. Car prenant pour thèmes l'amour, la vengeance et la mort du point de vue d'amants d'outre-tombe, Terence Fisher en extirpe un jeu de séduction mortelle sous l'impulsion d'une Némésis étrangement séduisante et candide. Cette dernière n'étant que le jouet cérébral de son amant préalablement guillotiné pour un crime qu'il n'a pas commis.


Un peu plus tôt, Terence Fisher aura pris soin de nous familiariser avec l'étreinte amoureuse que se partagent secrètement l'assistant Hans et la serveuse Christina, du fait de son visage défiguré sur l'hémisphère gauche. Mais trois gentlemans sans vergogne et impudents vont littéralement faire voler en éclat leur liaison passionnelle avec une cruauté sournoise. Pendant ce temps, le baron et son adjoint Hertz mettent au point une nouvelle expérience de résurrection où l'âme pourrait voguer d'un corps à un autre ! Captivant et passionnant, Frankenstein créa la femme insuffle une belle intensité dramatique sous couvert d'une vendetta singulière inscrite dans le surnaturel, et ce en suggérant au possible les séquences-chocs avec dérision macabre. Quand bien même Terence Fisher privilégie l'audace d'inverser les codes par le biais d'une créature "féminine" nouvellement fringante car auparavant estropiée et vitriolée. Néanmoins complice car aussi inconsciemment avide de rancoeur punitive, cette dernière insuffle une inquiétante emprise sensuelle à travers sa devise criminelle de châtier non seulement les responsables de la condamnation de son compagnon mais aussi de son propre Spoiler ! suicide ! Fin du Spoil. Le baron et son adjoint adoptant pour le coup une posture de culpabilité si bien qu'ils vont tenter de réparer leur tort en tentant d'alpaguer Christina victime de dédoublement de personnalité. Cette idée astucieuse de lui draper juste après son décès une faste apparence dans un nouveau corps et de lui permettre d'accomplir une vengeance surnaturelle parmi une complicité spirituelle renforçant la nature insolite du mélo en berne.


Etrange, envoûtant, sensuel et cruel, Frankenstein créa la femme ne manque pas d'aura subtilement vénéneuse pour réactualiser la saga avec l'originalité d'un script assez audacieux (d'où son éventuelle controverse à sa sortie !) et l'inspiration de sa mise en scène estampillée Fisher brossant d'autant mieux sa distribution charismatique.

Dédicace à Eric Draven
Eric Binford.
2èc

mardi 20 juin 2017

L'AVION DE L'APOCALYPSE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

"Incubo sulla città contaminata" d'Umberto Lenzi. 1980. Italie/Mexique/Espagne. 1h28. Avec Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Mel Ferrer, Francisco Rabal, Maria Rosaria Omaggio.

Sortie le 11 Décembre 1980 en Italie, 23 Juin 1982 en France.
Version Française Censurée: 1h19, Version Italienne ou Anglaise: 1h28'10"
Interdit au moins de 18 ans lors de sa sortie en France.

FILMOGRAPHIEUmberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie). 1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne, 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.


Les zombies spaghettis se déchaînent !
Après avoir surfé sur le succès controversé de Cannibal Holocaust avec La Secte des Cannibales, l'inénarrable Umberto Lenzi s'empresse la même année d'exploiter le filon du zombie movie initié par Romero avec Zombie mais aussi par Fulci avec l'Enfer des Zombies. Précurseur du film d'infectés, l'Avion de l'Apocalypse préfigure avec 20 ans d'avance le zombie sous "emphétamine" coursant sa victime tous azimuts ! Une idée singulière qu'exploiteront avec succès Zack Snyder et Danny Boyle pour l'Armée des Morts et 28 Jours plus tard ! Le pitchA l'aéroport, un journaliste attend l'atterrissage d'un avion afin d'accueillir un professeur notable. Mais un autre appareil non identifié atterri pour libérer une cohorte de monstres humains se jetant violemment sur les témoins médusés ! Lors d'un déchaînement de violence barbare, ces derniers sont sauvagement trucidés et dévorés par ces créatures assoiffées de sang. L'invasion ne fait que commencer ! Sous couvert de message écolo dénonçant les dangers du nucléaire et la folie contagieuse de l'homme avide de progrès technologique, Umberto Lenzi tente de se démarquer de son comparse Lucio Fulci. Notamment auprès de la caractérisation des morts-vivants, ou plutôt de celle des infectés si bien qu'aucun mort récalcitrant ne semble revenir à la vie ! En l'occurrence, des passagers d'un avion clandestin sont promptement épris de folie meurtrière faute d'une défaillance radioactive potentiellement causée par la centrale nucléaire adjacente. Assoiffés de sang afin de régénérer leurs tissus, ils commettent les exactions les plus sordides et sadiques ! Le prologue échevelé sorti d'une bande-dessinée pour adulte y exploite déjà un massacre dantesque à renfort de mitraillages et agressions aux armes blanches (hache, couteau, serpe) ! Gros plans sur les chairs éclatées ou striées, gorges tranchées, bras sectionnés, hurlements des victimes prises à parti par ces ahuris sanguinaires ressemblant à s'y m'éprendre à des têtes de pizza carbonisée ! Quant au cheminement narratif en état d'urgence, il alterne opérations militaires musclées et échappée d'un journaliste frondeur avec ce même souci du spectacle décérébré oh combien jouissif !


Tant et si bien que l'aventure foutraque, effrontée (de par sa violence crapoteuse) et saugrenue (pour ses moult situations excentriques) s'avère miraculeusement efficace au gré de son grain de folie vigoureux ! Massacre organisé autour d'un plateau TV puis d'un club de gym (avec, à l'appui, donzelles dévêtues dont l'une d'elles aura le bout de sein saucissonné au couteau !), carnage improvisé dans un centre hospitalier (Rodriguez emprunta d'ailleurs l'idée pour son hommage bisseux Planet Terror) alors que les praticiens sont en pleine opération chirurgicale, puis agressions récurrentes au sein de foyers domestiques ! Ces séquences nerveuses habilement montées étant d'autre part rehaussées de l'audace de certaines dérives gores artisanales (du moins dans la version uncut, à l'instar de l'énucléation d'un oeil en gros plan et d'une perforation d'un sein au tisonnier, pompage évident au cinéma de Fulci !). Quelques imprévus viennent également égayer l'intrigue somme toute triviale mais si pétrie d'agressions cannibales ! A l'instar du couple réfugié dans un coin de campagne ou lorsque deux jeunes femmes se confinent à l'intérieur d'une cave (une séquence de claustration au climat d'angoisse palpable comparable à l'assaut cauchemardesque signalé plus tôt dans l'hôpital !). Quand bien même notre héros journaliste campé de façon lymphatique par l'inexpressif Hugo Stiglitz (mais c'est aussi pour ça qu'on l'aime !) tente parmi son épouse de fuir la ville assiégée pour se reclure sur le manège d'un luna-park ! Là encore une idée inventive impromptue fort cocasse si bien que le couple doit se hisser sur un grand huit afin d'échapper à l'assaut des zombies agrippés au manège ! Quant à sa conclusion dérisoire, personne ne peut oublier sa fameuse supercherie puisque l'intrigue n'était qu'un affreux cauchemar que notre héros venait de fantasmer en plein sommeil ! A moins qu'il ne s'agissait d'une prescience, ou quand le cauchemar devient réalité ! Ah ah !


Les pizzas étaient trop cuites !
Efficacement haletant autour d'une intrigue homérique qui plus est scandée d'un score funèbre de Stelvio Ciprianil'Avion de l'apocalypse se décline en fleuron Z bien ancré dans son âge d'or d'exploitation où tout était permis pour le plus grand bonheur des fans. Un nanar généreusement ludique préservant son charme rétro auprès de ces dialogues risibles, voirs impayables, du cabotinage des acteurs impassibles et de sa figuration déjantée tout juste recrutée chez Domino Pizza ! Enfin, sa complaisance gore typiquement ritale ainsi que le jeu minimaliste mais attachant de l'hilarant Hugo Stiglitz accompagné du vétéran Mel Ferrer (en général opiniâtre) élèvent ce classique au rang d'incontournable du Bis transalpin. 

P.S: La Vostfr dispo sur la galette de Neo (tant anglaise qu'italienne) est rallongée de 9 minutes à contrario de sa VF tristement charcutée

*Bruno
20.06.17 (5èx)
08.08.11