mercredi 4 octobre 2017

VIENS CHEZ MOI J'HABITE CHEZ UNE COPINE

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinecomedies.com

de Patrice Leconte. 1981. France. 1h25. Avec Michel Blanc, Bernard Giraudeau, Thérèse Liotard,
Anémone, Sylvie Granotier, Marie-Anne Chazel, Béatrice Costantini, Gaëlle Legrand.

Sortie salles France: 28 Janvier 1981

FILMOGRAPHIE: Patrice Leconte est un réalisateur, scénariste et metteur en scène français né le 12 novembre 1947 à Paris. 1971 : Blanche de Walerian Borowczyk (assistant réalisateur). 1976 : Les Vécés étaient fermés de l'intérieur. 1978 : Les Bronzés. 1979 : Les bronzés font du ski. 1981 : Viens chez moi, j'habite chez une copine. 1982 : Ma femme s'appelle reviens. 1983 : Circulez y a rien à voir. 1985 : Les Spécialistes. 1987 : Tandem. 1989 : Monsieur Hire. 1990 : Le Mari de la coiffeuse. 1991 : Contre l'oubli. 1993 : Tango. 1994 : Le Parfum d'Yvonne. 1995 : Lumière et Compagnie. 1996 : Ridicule. 1996 : Les Grands Ducs. 1998 : Une chance sur deux. 1999 : La Fille sur le pont. 2000 : La Veuve de Saint-Pierre. 2001 : Félix et Lola. 2002 : Rue des plaisirs. 2002 : L'Homme du train. 2004 : Confidences trop intimes. 2004 : Dogora : Ouvrons les yeux. 2006 : Les Bronzés 3. 2006 : Mon meilleur ami. 2008 : La Guerre des miss. 2011 : Voir la mer. 2012 : Le Magasin des suicides. 2014 : Une promesse. 2014 : Une heure de tranquillité.


A peine remis des succès successifs des Bronzés et des Bronzés font du ski, le maître (néophyte) de la comédie populaire Patrice Leconte enchaîne en 1981 avec Viens chez moi j'habite chez une copine. Un vaudeville taillé sur mesure sous l'impulsion musicale du chanteur Renaud et d'un trio d'acteurs (de la vieille école si j'ose dire) au diapason ! Et le public de se ruer à nouveau en masse pour applaudir la colocation amiteuse entre un joyeux drille et un couple éminemment débonnaire. Amis de longue date, Daniel accepte d'héberger Guy dans son appartement après que ce dernier fut expulsé de son emploi de pompiste faute de vol. Impertinent et encombrant, Guy finit par semer la zizanie au sein du couple que menaient harmonieusement Daniel et Françoise. 


Un pitch simpliste, supra léger, que Patrice Leconte maîtrise pourtant avec un infaillible savoir-faire et une redoutable efficacité si bien que quelques décennies plus tard ce divertissement typiquement franchouillard n'a pas pris une mini ride ! De par la multitude de quiproquos et déconvenues que Guy enchaîne sans modération par son esprit de camaraderie taillé dans la désinvolture et la maladresse, et des instants de tendresse découlant au final de ces rapports houleux entre Daniel et Françoise. Michel Blanc crevant l'écran à chaque seconde dans celui de l'acolyte influençable aussi bien flâneur que fripon et donc redoublant de culot pour subvenir à sa survie et d'enchaîner par la même occasion les conquêtes sexuelles d'un soir (on notera sur son carnet de rencontres l'apparition hilarante de la comédienne Anémone en artiste de cirque égrillarde !). Quant au couple de prime abord adéquat que représentent Daniel et Françoise, l'excellent et regretté Bernard Giraudeau et la non mais séduisante (et beaucoup trop rare) Thérèse Liotard insufflent à l'écran une fraîcheur, une candeur et une spontanéité naturellement saillantes. Autant dire que ce trio pétri d'humanisme et de fourberie, d'esprit de solidarité et d'amitié déclenchent sourires, rires et bonne humeur au gré de mésaventures urbaines que Guy influence parmi la fâcheuse conséquence du larcin.


Oasis de fantaisie, de drôlerie et de cocasserie en roue libre (les minutes défilent à une vitesse d'omnibus au rythme de dialogues incisifs !), Viens chez moi j'habite chez une copine affiche un ton libertaire aussi bien tendre que charmant autour des conséquences du chômage et de la colocation, de l'amitié et de l'amour, de l'infidélité et la réconciliation. A revoir d'urgence pour témoigner notamment à nouveau de son irrésistible pouvoir de séduction que suscitent communément l'habileté de sa mise en scène ainsi que son sémillant casting ! (il s'agit d'ailleurs peut-être même du meilleur rôle de Michel Blanc ! ). Un vrai film "d'acteurs" en somme issus du café théâtre ! 

Bruno Dussart
2èx

mardi 3 octobre 2017

CA VA COGNER

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Any Which Way You Can" de Buddy Van Horn. 1980. U.S.A. 1h55. Avec Clint Eastwood, Sondra Locke, Geoffrey Lewis, Ruth Gordon, John Quade, Roy Jenson, Bill McKinney, William O'Connell.

Sortie salles France: 25 Mars 1981. U.S: 17 Décembre 1980

FILMOGRAPHIEBuddy Van Horn est un cascadeur et réalisateur américain né le 20 août 1929. 1980 : Ça va cogner. 1988 : L'inspecteur Harry est la dernière cible. 1989 : Pink Cadillac.


"Signale, à droite !"

Reprenant les mêmes ingrédients que son modèle sous la houlette de Buddy Van Horn (James Fargo  ayant céder sa place), Ca va cogner ne déçoit pas si bien qu'il s'avère aussi réussi, voir même un chouilla plus drôle lorsqu'il s'agit de brocarder à nouveau la bande des motards férus de vengeance à appréhender leur ennemi juré, Philo. Comédie d'action aussi bien généreuse que tendre mais un peu moins bâtie sur le road trip, Ca va cogner continue de prôner les valeur de la camaraderie et l'entrain de la baston auprès de nos itinérants Philo et Lynn (rabibochés le temps d'une brève explication et d'une étreinte dans une grange !), Orville (Geoffrey Lewis, charismatique et plus vrai que nature en acolyte de longue date !), Sénovia (irrésistible Ruth Gordon en mémé bourrue !) et l'impayable orang-outang, Clyde. Victime d'un chantage auprès d'un combat de rue qu'il hésite à acquiescer alors que ses amis lui conjurent d'y renoncer, Philo est d'autant plus indécis lorsqu'il se lie d'amitié avec son rival, Elmo (campé par William O'Connell, inoubliable Falconetti de la série TV Le Riche et le Pauvre !). Un homme d'affaire réputé pour être un cogneur inégalable mais pour autant quelque peu réfractaire lorsqu'il s'agit de s'opposer à égal de soi. L'intrigue se clôturant par leur rencontre au sommet au gré d'un pugilat aussi violent qu'interminable, et ce sans trop ébranler les spectateurs les plus jeunes impliqué dans une aventure bonnard pétrie de simplicité et de sentiments.


Divertissement familial sans prétention donc car inscrit dans la décontraction, la réconciliation (celle des motards, de Lynn et d'Elmo auprès de Philo) et la bonhomie (en dépit d'une fortuite séquence de snuf animalier, affrontement complaisant entre un furet et un crotale !), Ca va cogner laisse comme empreinte une série B à la fois attendrissante et (gentiment) cocasse sous l'impulsion de comédiens fringants se prêtant au jeu de la déconnade dans une sérénité libertaire. 

Eric Binford.
2èx

lundi 2 octobre 2017

GERALD'S GAME

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Mike Flanagan. 2017. U.S.A. 1h43. Avec Carla Gugino , Bruce Greenwood, Carel Struycken, Henry Thomas, Kate Siegel.

Sortie TV Netflix: 29 septembre 2017

FILMOGRAPHIEMike Flanagan, né en 20 mai 1978 à Salem (Massachusetts), est un cinéaste américain. 2000 : Makebelieve. 2001 : Still Life. 2003 : Ghosts of Hamilton Street. 2006 : Oculus: Chapter 3 - The Man with the Plan. 2011 : Absentia. 2013 : The Mirror (Oculus). 2016 : Pas un bruit (Hush). 2016 : Before I Wake. 2016 : Ouija : les origines. 2017 : Jessie (Gerald's Game).


Thriller psychologique singulier de par son contexte de survie tout en intimité et son traitement surréaliste réservé aux états d'âmes de l'héroïne en proie aux hallucinations, Gerald's Game est un superbe portrait de femme que Mike Flanagan traite avec autant de dignité que de réalisme. La banalité du quotidien s'exprimant ici à travers une étouffante situation de claustration au sein du cadre exigu d'une chambre tamisée. Réunis dans un chalet le temps d'un week-end, un couple en perdition tente d'offrir un second souffle à leur déconvenue sexuelle. Menottée au lit en guise de jeu lubrique, Jessie éprouve rapidement un malaise quant au comportement ambigu, pour ne pas dire sado-maso  de son époux. Mais suite à un malaise cardiaque, celui-ci succombe laissant Jessie complètement démunie depuis l'entrave de ses menottes. Attiré par le sang du cadavre tombé sur le sol, un chien errant pénètre dans la chambre. 


Abordant le drame psychologique sous couvert de thriller horrifique émaillé de quelques séquences gores (les exactions du chien cerbère et surtout un acte sacrificiel à la limite du supportable) ou angoissantes assez éprouvantes (notamment l'apparition de - l'éventuelle - "faucheuse"), Gerald's Game traite du traumatisme infantile avec une émotion rigoureuse. Car traitant des thèmes sulfureux de la pédophilie et de l'inceste au sein d'une famille dysfonctionnelle, la réminiscence que nous relate l'héroïne hantée de culpabilité extériorise un climat malsain plutôt déroutant et dérangeant. De par la froideur de sa mise en scène privilégiant un ton austère (voir aussi onirique au gré d'une éclipse lunaire) sous l'impulsion d'un jeu d'acteurs très convaincant. D'ailleurs, habituée aux seconds-rôles durant la majorité de sa carrière, Carla Gugino porte le récit sur ses épaules avec une dimension humaine souffreteuse. De par sa situation de survie d'extrême urgence auquel les minutes sont comptées et ces hallucinations récurrentes laissant planer un soupçon de folie contagieuse. Entièrement dédié à sa caractérisation fébrile et désorientée, le récit aride met en image ses pensées morales par le principe des fantômes de son esprit. Son défunt mari apparaissant régulièrement pour tenter de l'aiguiller ou de la contredire face à ses doutes et erreurs, quand bien même le double d'elle même tente de la rappeler au raisonnement d'un secret infantile préjudiciable.


C'est donc une initiation au courage et à la constance, une thérapie interne que nous relate singulièrement Mike Flanagan par le biais d'un récit de Stephen King aussi captivant que d'une âpre cruauté. L'héroïne en chute libre corporelle (voire aussi morale) parvenant in extremis par son épreuve à châtier ses démons afin d'accepter le deuil d'un inceste. Une excellente adaptation d'une belle dignité humaine parvenant avec maîtrise à élever le thriller à une dimension autrement plus substantielle pour le traitement de ses personnages torturés. 

Eric Binford.

vendredi 29 septembre 2017

DOUX, DUR ET DINGUE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

"Every Which Way But Loose" de James Fargo. 1978. U.S.A. 1h54. Avec Clint Eastwood, Sondra Locke, Geoffrey Lewis, Beverly D'Angelo, Walter Barnes, Roy Jenson, James McEachin

Sortie salles France: 4 Avril 1979. U.S: 20 Décembre 1978

FILMOGRAPHIE: James Fargo, né le 14 août 1938 à Republic, Washington, États-Unis, est un réalisateur et producteur américain. 1976 : L'inspecteur ne renonce jamais. 1978 : Caravans. 1978 : Doux, dur et dingue. 1979 : Le Putsch des mercenaires. 1982 : L'Exécuteur de Hong Kong.


Comédie d'aventures menée tambour battant au travers d'un road trip bucolique, Doux, dur et dingue surfe sur les films de bastons bonnards initiés par Bud Spencer et Terence Hill. Si bien qu'ici les gags enfantins et les pugilats de rue (et de saloon !) s'enchaînent de manière métronomique au rythme d'une country-music que Sondra Locke chantonne dans les cabarets face à une clientèle prolétaire. Sans doute afin de casser son image de flic fasciste dans la série des Inspecteur Harry, Clint Eastwood se moque ici de lui même avec une décontraction (inévitablement) attachante dans la peau d'un marginal au grand coeur (il tombe naïvement amoureux d'une allumeuse au point de la poursuivre durant son périple national) pratiquant les combats clandestins avec une réputation indétrônable. Epaulé d'un orang-outan badin, de son acolyte Orville et d'Echo, l'amie de ce dernier rencontrée sur une aire de marché, nos héros sans peur ni reproches sillonnent les contrées du Colorado en se confrontant notamment aux moult provocations de deux flics revanchards et d'une bande de motards à la limite de la déficience mentale. Au-delà de cette galerie de francs-tireurs excentriques aussi bien provocateurs qu'entêtés, on peut également noter l'apparition survitaminée de l'illustre Ruth Gordon (Harold et Maud, Rosemary's Baby) dans celle d'une mémé renfrognée plutôt irascible à daigner imposer son identité d'un âge avancé. Bien évidemment, et de manière parfaitement assumée, Doux, dur et dingue ne vole pas bien haut dans son alliage de gags et bastons d'un intérêt purement récréatif quand bien même la bonhomie de nos héros au grand coeur et le tempérament survolté de leurs rivaux opiniâtres nous enseignent une bonne humeur expansive entre deux étreintes amoureuses.


Dépaysant (magnifiques paysages ruraux du Colorado) généreux et terriblement sincère dans son florilège de péripéties saugrenues, poursuites et altercations musclées, Doux, dur et dingue enflamme la comédie populaire (en dépit de la violence aride de certains combats qu'Eastwood transcende en héros viril) avec une extrême simplicité à la fois exubérante et attendrissante. A revoir avec une vibrante nostalgie et à savourer entre potes du samedi soir affublés de packs de bières généreuses en mousse !

Bruno Dussart
2èx 

jeudi 28 septembre 2017

SEVEN SISTERS

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"What Happened to Monday" de Tommy Wirkola. 2017. Belgique/U.S.A/France/Angleterre. 2h04. Avec Noomi Rapace, Willem Dafoe, Glenn Close, Marwan Kenzari, Pål Sverre Hagen, Adetomiwa Edun.

Sortie salles France: 30 Août 2017 (Int - 12 ans). U.S: 18 Août 2017

FILMOGRAPHIE: Tommy Wirkola est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma norvégien, né le 6 décembre 1979 à Alta dans le comté de Finnmark. 2007 : Kill Buljo : ze film. 2009: Dead Snow. 2010 : Kurt Josef Wagle og legenden om fjordheksa. 2013 : Hansel et Gretel : Witch Hunters. 2014 : Dead Snow 2. 2017 : Seven Sisters.


Blockbuster estival chaudement accueilli en France (1 356 119 entrées), Seven Sisters porte la signature du norvégien Tommy Wirkola, réalisateur des sympathiques délires gores Dead Snow 1 et 2Dans un futur proche, faute d'une surpopulation, du réchauffement climatique et des pénuries alimentaires, les autorités ont décidé de limiter le nombre de naissances à un seul enfant par foyer. Mais bravant l'interdit, une mère morte en couches donne naissance en secret à des septuplées. L'époux décide alors de les cacher dans une chambre secrète de son appartement sous couvert de conditions drastiques enseignées à ses filles. 30 ans plus tard, l'une des soeurs disparaît mystérieusement durant un rendez-vous professionnel. Au moment où ces dernières tentent de la retrouver, les agents du CAB sont sur le point de débusquer leur tanière ! Empruntant l'anticipation dystopique héritée du parangon Soleil Vert et consorts (thèmes similaires sur la surpopulation, la pollution et les pénuries alimentaires auprès d'une dictature sans vergogne), Seven Sisters constitue un formidable film d'action aussi intègre que généreux en diable.


L'action rebondissant sans cesse grâce aux multiples directions que les héroïnes parcourent ardemment afin de retrouver leur soeur et préserver leur unité familiale. Et ce sans céder à la gratuité du spectacle racoleur, de par l'efficacité d'un script structuré sublimant le portrait de 7 jumelles converties contre leur gré en fugitives aussi pugnaces que valeureuses. Sur ce point détonnant, on peut vanter la prestance (hybride) de Noomi Rapace se fondant dans les corps de 7 personnages distincts sous l'impulsion d'une palette de sentiments contradictoires. L'actrice oscillant sans rougir une émotion tantôt poignante (pour les revirements étonnamment dramatiques que le script s'adonne sans complexe), tantôt oppressante (pour les stratégies de défense à perdre haleine qu'elles doivent décupler afin de déjouer la menace permanente des agents du CAB). Outre l'attrait effréné et la lisibilité des séquences homériques fertiles en cascades et sanglants gunfights, Seven Sisters cultive une finaude audace à détourner les codes par le biais d'une dramaturgie inopinément insolente ! Car exploitant habilement le genre du survival pur et dur au sein d'un cadre urbain blafard (superbement contrasté par la morphologie d'immeubles grisonnants dressés les uns contre les autres), Tommy Wirkola crédibilise son univers futuriste étouffant où pauvreté et exclusion sont une fois de plus dépréciées par une dictature plus immorale et implacable qu'elle n'y parait.


En dépit de certaines facilités et pirouettes narratives un chouilla improbables lors de sa dernière partie aussi bien palpitante qu'émouvante (mais un peu trop vite expédiée à mon sens par ses  rebondissements en pagaille), Seven Sisters renchérit embuscades, soubresauts et péripéties vertigineuses au sein d'une dystopie insidieusement cynique. Sans jamais perdre de vue la dimension humaine de ses héroïnes implacablement molestées (d'autant plus compromises entre trahison et  sens du sacrifice), Tommy Wirkola insuffle une poignante (et cruelle) émotion pour nous impliquer dans leur épreuve de survie en chute libre. Sous le pilier du Blockbuster ludique mais intelligemment exploité, Seven Sisters demeure donc une excellente surprise dans le paysage si habituellement lisse et conventionnel de l'actionner bourrin, avec en guise d'épilogue un plaidoyer pour le libéralisme et le droit à la naissance multiple. 

Bruno Matéï

mardi 26 septembre 2017

COMTESSE DRACULA

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site anolis-film.de

"Countess Dracula" de Peter Sasdy. 1971. Angleterre. 1h34. Avec Ingrid Pitt, Nigel Green, Sandor Elès, Maurice Denham, Patience Collier, Peter Jeffrey

Sortie salles France: 7 Décembre 1972. Angleterre: 31 Janvier 1997. 

FILMOGRAPHIE: Peter Sasdy est un réalisateur anglais, né le 27 Mai 1935 à Budapest.
1970: Une Messe pour Dracula. 1971: La Fille de Jack l'Eventreur. 1971: Comtesse Dracula. 1972: Doomwatch. 1972: The Stone Tape (télé-film). 1973: Nothing but the Night. 1975: Evil Baby. 1975: King Arthur, the young Warlord. 1977: Welcome to blood City. 1983: The Lonely Lady. 1989: Ending up (télé-film). 1991: Sherlock Holmes and the leading lady (télé-film).


Réalisé par Peter Sasdy la même année que (l'autrement audacieux) La Fille Jack l'Eventreur, Comtesse Dracula est l'adaptation horrifique de la célèbre Comtesse Bathory (La Comtesse Sanglante) publiée en 1962 par Valentine Penrose. Prenant pour thèmes la jeunesse éternelle, l'inceste et le vampirisme de manière aussi bien déroutante qu'originale, Comtesse Dracula relate la déliquescence morale de cette dernière avide de retrouver sa jeunesse après avoir découvert que le sang d'une jeune domestique serait l'antidote pour lui rendre sa beauté. Eprise d'amour pour le lieutenant Imre Toth, elle multiplie les sacrifices humains afin de préserver leur liaison passionnelle. Mais leur relation est pour autant ternie par la jalousie du capitaine Dobi, complice meurtrier de la comtesse délibéré à compromettre leur futur mariage. Baignant dans une atmosphère à la fois fétide et malsaine sous l'impulsion d'une galerie de personnages sans vergogne, Comtesse Dracula distille un vénéneux parfum de séduction auprès d'une comtesse incestueuse (elle courtise son propre fils !) ne reculant devant aucun tabou pour parvenir à ses fins.


Epaulé d'une servante insidieuse et d'un capitaine fourbe et mesquin, le trio diabolique multiplie les subterfuges pour duper l'entourage et ce afin de taire l'horrible vérité sur la Comtesse. Cette dernière se faisant passer pour sa propre fille (préalablement kidnappée par un paysan russe) afin de justifier son éclatante beauté. Parfois dérangeant pour la posture licencieuse de la comtesse s'adonnant sans scrupule aux crimes gratuits au sein de décors raffinés d'un château baroque (teintes grisâtres à l'appui  formant un saisissant contraste à son architecture gothique !), Comtesse Dracula exploite efficacement le mythe du vampire avec une audacieuse modernité. Sa grande réussite émanant de ces personnages rogues cités plus haut alors qu'un lieutenant plutôt intègre va peu à peu sombrer dans la complicité malgré lui, faute d'un implacable chantage. Outre cette étude de caractères des plus sulfureuses et passionnantes (d'autant mieux servi par un solide casting de seconds-rôles !), l'actrice Ingrid Pitt dévoile son corps plantureux avec une dimension érotique éhontée. Imprégnée de vanité, d'ingratitude et de lâcheté, l'actrice se pavane avec assurance face à ses hôtes et les manipulent à sa guise parmi son emprise de séduction juvénile. Sa présence magnétique insufflant au sombre récit une intensité exponentielle au fil de ses exactions putassières quand bien même son amant préalablement innocent ne pourra se résoudre à s'extirper de son emprise après avoir découvert l'horrible supercherie.


Excellente série B émaillée d'effusions sanglantes et d'érotisme soft au sein d'une intrigue immorale baignant dans une sensualité méphitique, Comtesse Dracula adopte une fois de plus sous l'égide de la firme une démarche couillue pour innover dans l'horreur archaïque, et ce grâce à l'intensité d'un portrait historique scabreux réactualisé dans un contexte surnaturel. 

Bruno Dussart
2èx

lundi 25 septembre 2017

L'ANGE DU MAL, REDEEMER.

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Redeemer: son of Satan" de Constantine S.Gochis. 1978. U.S.A. 1h23. Avec Damien Knight, Jeannetta Arnette, Nick Carter, Nicki Barthen...

Sortie salles France (uniquement au Rex de Paris): Mars 1978 (Int - de 18 ans). U.S: 7 Avril 1978

FILMOGRAPHIE: Constantine S.Gochis est un réalisateur américain. 1978: L'Ange du mal.


Du plus profond de la nuit, la main du Rédempteur apparaîtra pour punir ceux qui ont vécu dans le pêché...
Distribué par Scherzo durant la sacro-sainte époque de la Vhs (les vidéophiles, fascinés par sa rutilante jaquette, s'y étaient rués pour le louer en Vostfr à l'orée des années 80 !), L'Ange du Mal / Redeemer est l'unique réalisation de l'américain Constantine S. Gochis. Résolument rare, oublié et peu connu, le film ne connut d'ailleurs sur notre territoire qu'une sortie salles durant le Festival du film Fantastique du Rex à Paris. Empruntant la voie du psycho-killer de manière peu commune, de par sa mise en scène personnelle brodant autour d'une série de crimes un climat d'étrangeté atypique, Redeemer est une fascinante curiosité pour les amateurs de relique doucereusement malsaine.


Car si le hors-champ est privilégié durant la plupart des meurtres, sa résultante, l'inventivité et la cruauté dont le tueur fait preuve nous provoquent une fascination dérangée; notamment par son caractère à la fois cru et réaliste. A l'instar de la jeune femme périssant noyée la tête dans un lavabo après de longues minutes d'agonie. Sans doute la séquence la plus extrême et éprouvante que les ablutophobes auront peine à endurer. Quant à son pitch linéaire (et parfois équivoque), il se résume au huis-clos horrifique lorsque 6 anciens camarades de lycée réunis pour l'occasion de retrouvailles se retrouvent piégés à l'intérieur d'une bâtisse par un mystérieux tueur affublé de divers déguisements. Là aussi, le réalisateur adopte un parti-pris baroque quant à la caractérisation de ce dernier plutôt emphatique lors de ses allégations intégristes, gouailleur dans son accoutrement excentrique et véloce lorsqu'il parvient toujours à piéger chacune de ses proies aux moments aléatoires. En dépit de son maigre scénario plutôt prévisible donc et d'un début languissant, Constantine S. Gochis parvient grâce à sa réalisation tantôt maladroite, tantôt ambitieuse, à maintenir l'intérêt dès que nos protagonistes pénètrent dans la propriété le temps d'une soirée cauchemardesque.


Epaulé du jeu plutôt convaincant des comédiens méconnus, notamment lorsqu'ils font face à leur peur et à la panique, d'un score électro atmosphérique, d'une étrange photo désaturée aux éclairages parfois soignés (en précisant ayant découvert le film en Blu-ray) et d'un montage parfois (volontairement ? !) désordonné, Redeemer ne ressemble à rien de connu pour élever le psycho-killer vers une dimension hermétique. Celle d'un puritanisme s'adonnant à l'expiation criminelle. 

Remerciement à feu Lupanars Visions.

Bruno Matéï
2èx

samedi 23 septembre 2017

CA

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"It" de Andrés Muschietti. 2017. U.S.A. 2h15. Avec Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Jeremy Ray Taylor, Sophia Lillis, Finn Wolfhard, Wyatt Oleff, Chosen Jacobs.

Sortie salles France: 20 Septembre 2017. U.S: 8 Septembre 2017

FILMOGRAPHIEAndrés Muschietti est un scénariste et réalisateur argentin, né le 26 août 1973
2013: Mama. 2017: Ça.


« Le remake de Ça d'Andy Muschietti réussit à aller au-delà de mes attentes. Relaxez. Attendez. Et appréciez. ». Stephen King. 
Meilleur démarrage de tous les temps pour un film d'horreur (50 425 786 $ pour son premier jour d'exploitation) qui plus est renforcé de critiques élogieuses outre-atlantique, Ca est la 1ère adaptation ciné du célèbre roman de Stephen King après que Tommy Lee Wallace se soit prêté à un (sympathique) traitement télévisuel en 1990. Récit d'aventures initiatiques au sein d'une horreur cartoonesque, Ca constitue une fabuleuse pochette surprise dans son melting-pot d'action et d'épouvante en roue libre. Plongée en apnée dans le désagrément de la peur du point de vue d'ados à la fois chétifs et débrouillards, Ca exploite les thèmes du dépassement de soi, de la maturité, de la solidarité, voir aussi de l'inceste avec une efficacité permanente. Car si les séquences horrifiques scandées d'une bande-son assourdissante et d'un montage percutant ne font pas preuve de subtilité, Andrés Muschietti est suffisamment habile et talentueux pour ne pas faire sombrer le navire dans une redondance rébarbative. Et ce grâce en priorité à la prestance sardonique du clown habituellement conçu pour amuser et faire rire la galerie comme il est de coutume dans les festivités du cirque.


Détourné en l'occurrence au profit d'une horreur malsaine par ses exactions cannibales (le traitement impitoyable réservé aux ados s'avère d'autant plus rigoureux notamment lorsqu'il s'agit de dénoncer en filigrane l'inceste d'un père abusif !), ce nouvel archétype railleur constitue donc un solide alibi pour cumuler les poursuites et situations horrifiques que chaque ado endure indépendamment avant de s'allier pour mieux combattre leur cause. Le clown, maître chanteur et affabulateur, manipulant d'autant mieux leur psyché au gré d'hallucinations collectives que ceux-ci matérialisent par leur manque de confiance, leurs sentiments de crainte de l'inconnu et de la peur du noir. Des séquences chocs originales, inventives, épiques et terrifiantes sensiblement influencées par l'imagerie débridée de Evil-dead et de la saga Freddy. Toutes ces péripéties savamment coordonnées et brillamment réalisées évitent donc la gratuité (chaque ado contraint d'affronter avec un courage inouï une terreur morbide à moult visages !) pour persévérer ensuite dans la vigueur d'une épreuve de force communautaire que ces derniers vont transcender durant un second round affolant. Outre la facture (diablement) ludique de leurs vicissitudes incessamment cauchemardesques, Ca bénéficie en prime d'une étude de caractère scrupuleuse (au sein de l'époque des années 80 !) si bien que les ados à l'esprit autonome s'avèrent censés (Bill, l'aîné non dupe du stratagème de grippe-sou à se fondre dans le corps de son défunt frère !), expressifs, pugnaces (au sens viscéral !) et profondément humains dans leurs bravoures de dernier ressort ! De par leur fragilité à se mesurer à plus fort que soi (notamment ce trio de délinquants littéralement lâche et fielleux qu'ils doivent en prime contrecarrer), leur élan de solidarité et leur éveil amoureux (l'épilogue des "au-revoir" insufflant une émotion candide bouleversante auprès d'un duo en éclosion sentimentale).


Horror Circus
Sorte de Stand by Me au vitriol (notamment pour ses thèmes tournant autour du difficile cap de la perte de l'être cher et du passage à l'âge adulte), Ca génère émotions fortes et poignantes quant à au sort précaire de nos héros sévèrement ballottés par un clown sans vergogne. Et à cet égard, et par son regard aussi patibulaire que magnétique, la prestance charismatique de Bill Skarsgård (nouvel icone diablotin du cinéma d'horreur !) provoque un malaise persistant lors de la plupart de ses apparitions (d'une gestuelle) outrancière(s), à l'instar du prologue anthologique n'hésitant pas à recourir à une horreur inopinément démonstrative lorsqu'il s'agit d'y sacrifier l'innocence. Une séquence glaçante, terriblement dérangeante, assurément le moment le plus choc et douloureux du film. Divertissement horrifique à la fois intelligent et audacieux par son climat sombre, malsain et terrifiant évoluant dans un cadre enfantin, Ca traite enfin et surtout de l'handicap de la peur du point de vue transitoire d'une adolescence en quête d'affirmation et de respect de l'autre. Une excellente première partie donc, en escomptant un second segment autrement plus adulte et encore plus éprouvant. 

Eric Binford

La critique de Peter Hooper
NO SPOLIER !
Note : 5 / 6
// Grime story //
Ou cas ou vous maniganceriez de m’attendre tapis dans l’ombre, grossièrement accoutré en Bozo et prés a bondir dans le but de m’effrayer : je ne souffre pas de coulrophobie! Même si vos intentions s’avéraient nobles, ne mangeant pas non plus de bonbons, vous risqueriez une décharge de Taser. Vous voila a présent au courant : ne passez pas a 5000 volts !
Immunisé contre cette phobie je pouvais donc découvrir cette nouvelle version du roman éponyme de Maître King, sans peur mais également sans reproche, car je n’ai jamais caché l’attente d’une relecture modernisée de celle de Tommy Lee Wallace. Bien que (forcément) grand fan, son fort datage du début des 90 et son format téléfilmesque ouvraient quelques belles perspectivistes, surtout lorsque l’on connaît le contenu prolixe de l’œuvre de référence.
Après sa mère veilleuse fantastico/épouvantable « Mama » (2013) , séduisante mais imparfaite Bisserie, on attendait une confirmation du talent d’Andrés Muschietti, détecté a travers quelques plans. Si la scène introductive du gamin à la poursuite d’un bateau en papier achevant son voyage dans l’égout, constitue l’incontournable point d’ancrage roman/téléfilm, un nouveau traitement s’avérait forcément très piégeur. La forme originelle, auréolée d’un statut culte, pouvait suffire à démolir en cinq minutes les cent trente suivantes. Sans dévoiler quoi que se soit puisqu’elle est omniprésente dans tout les trailers, je m’avancerai juste a dire qu’il y manque un « morceau » de choix, réservé aux spectateurs en salle, et qui a lui seul permettra sûrement de « détacher » celle des 90’s de vos esprits…D’autant que l’on y découvre également le néo grippe-sou...sur lequel je reviendrai plus loin. Ce coup de maître introduit une réussite qui va s’avérer totale : nous sommes sans l’ombre d’un doute face a une œuvre charnière dans l’horreur post-moderne, je pèse mes mots.
Muschietti va respecter le background de l’histoire, mais en choisissant de la situer entièrement en 1988, le point d’arrivée du film de Wallace.
C’est la que l’on découvre le nouveau « club des ratés », un bande de jeunes dont les grossiers (et volontaires) stéréotypes vont se lisser très rapidement jusqu'à devenir la toile de fond absolument parfaite pour la mise en place de cette intrigue horrifique. Un excellent casting et une direction d’acteurs millimétrée qui vont contribuer, avec une reconstitution pertinente des années 80, à une parfaite immersion. Toute la force de la narration va reposer sur ces jeunes dont la caractérisation, entre ceux de « Stand by me » et des « Goonies », va leur donner toute légitimité pour arriver a surmonter leur peur et terrasser le « mal ». Du « petit gros » victimaire, au frère bègue du disparu en passant par le déconneur de service, sans oublier la nana de l’équipe, tous réinsufflent le parfum savoureux d’un teen movie vidéo-clubien, brillamment reconditionné pour être respiré et accepté par toutes les générations.
On sait que le roman de king, dans la première partie exploitée ici, portait sur le message du passage à l’age adulte. Muschietti va faire briller la métaphore. A ce titre le personnage de Beverly est le plus intéressant. La jolie Sophia Lillis, portrait craché de la Molly de « Breakfast club »(ce que ne manque pas de lui rappeler Richie -Finn Wolfhard- celui qui a « avalé un clown »…), est victime d’un père « très entreprenant », l’occasion de la scène la plus choquante du film ou dans une explosion d’hémoglobine très shining-ienne(…) se confondent le trouble des premières règles et la violence d’un possible viol : aussi puissamment graphique qu’incroyablement suggestif !
Et le clown dans tout « ça » ? Zut, J’allais oublier….
Exit la tenue iconique du personnage, idéale pour abuser de la confiance des enfants avec ses couleurs gaies et son air faussement amuseur. Le boogeyman maléfique est ici vêtu d’un costume défraîchi et usé lui conférant une allure théâtralisée le renvoyant au pittoresque clown blanc, sorte de Pierrot plus lunatique que lunaire. Chacune des scènes ou Grippe-sou ramène sa « fraise » on retient son souffle, surtout dans les gros plans sur son visage, sorte de mixe entre le faciès Joker-ien de Nicholson, et le regard de D'Onofrio pétant les plombs dans « Full metal jacket ». Une coquetterie dans l’œil lui confère un air définitivement effrayant. Si ce personnage est parfaitement réussit on le doit à la mise en scène de Muschietti, qui le renvoie volontiers à son statut originel de bouffon (sidérante scène ou on le voit gesticuler dans une roulotte en feu !), l’humour et les attitudes jamais très loin des putasseries d’un Freddy Krueger (clin d’œil fortement appuyé par cette affiche de « Nightmare on elm street » a l’entrée d’un ciné…). On pouvait rêver de le voir un peu plus souvent, mais le récit est si tellement intelligemment articulé autour de ces « ratés » que cela aurait probablement été néfaste pour le liant de l’histoire, et l’ensemble aurait perdu l’oxygène nécessaire pour réussir a affronter le monstre dans les égouts de la ville. Bill Skarsgård accomplit l’exploit (lui aussi…) de faire oublier Tim Curry. Son antre ou le réalisateur nous livre un bouquet final très Lovecraftien est esthétiquement époustouflante, comme pas mal d'autres plans !
Andrés Muschietti nous livre la meilleure car la plus sérieuse bobine horrifique vue depuis (très) longtemps. En réorchestrant habilement les nouveaux codes du genre a base de Jump scares ( assez rares pour fonctionner ), sans (trop) forcer sur le volume d’un sound design devenu au fil des années une simple agression auditive, sa mise en scène inspirant le respect a la fois des amoureux des fantasmes littéraires de Stephen King, des nostalgique du film de Wallace, ceux des 80’s (celle de mes années lycées) et des fétichistes de la VHS, et plus globalement celui des cinéphiles exigeants.
Avec ce Teen-horror-movie, respectueux de l’esprit originel, il échappe aux peaux de bananes de la classification PG-13 – pour une œuvre qui réussit à être aussi effrayante sur le fond qu’hypnotique sur la forme. A en devenir coulorphile : Magistral !

vendredi 22 septembre 2017

REVEILLON SANGLANT / LES MUTANTS DE LA SAINT SYLVESTRE

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site horreurdvd.blogspot.fr

"Bloody New Year" de Norman J. Warren. 1987. Angleterre. 1h29. Avec Suzy Aitchison, Nikki Brooks, Colin Heywood, Mark Powley, Catherine Roman.

Sortie salles France: 11 Mai 1987

FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur anglais, né le 25 Juin 1942 à Londres. 1962: The Dock Brief (troisième assistant réalisateur). 1965: Fragment. 1966: La Nuit des Généraux (troisième assistant réalisateur). 1967: Sailor from Gibraltar (troisième assistant réalisateur). 1967: Her Private Hell. 1968: Loving Feeling. 1976: L'Esclave de Satan. 1977: Le Zombie venu d'ailleurs. 1979: Outer Touch. 1979: La Terreur des Morts-vivants. 1981: Inseminoid. 1984: Warbirds Air Display. 1985: Person to Person. 1986: Gunpowder. 1987: Réveillon Sanglant. 1992: Meath School. 1993: Buzz.


Aberration filmique signée Norman J. Warren, petit artisan british à qui l'on doit les classiques bisseux Inseminoid, Le zombie venu d'ailleurs et le non moins sympathique l'Esclave de Satan, Réveillon sanglant demeure une série Z aussi insipide que poussive. Car il faut bien avouer il n'y a quasiment rien à sauver au sein de ce naufrage, croisement risible entre Evil-Dead, la Croisière s'amuse et le Carnaval des Ames ! Des comédiens inexpressifs incarnant des personnages bêtas dénués de distinction en passant par un pitch grotesque éludé de cohérence (notamment cette faille spatio-temporelle afin de justifier la routine des fantômes figés en 1959 lors d'un bal de St-Sylvestre !), Réveillon Sanglant décuple l'ennui au gré de situations redondantes à la fois grand-guignolesques et rébarbatives (3 jeunes couples réfugiés sur une île seront persécutés par des zombies jusqu'à ce que mort s'ensuive !). On se console modestement sur la poésie morbide de certaines scènes chocs particulièrement débridées (voire tantôt gores) en escomptant son générique de fin d'une rare platitude.


Une ânerie dégingandée à réserver uniquement aux nostalgiques de la Cinq... ^^

Bruno Matéï
3èx

mercredi 20 septembre 2017

CA ("il" est revenu)

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site lazy-bum.com

"It" de Tommy Lee Wallace. 1990. U.S.A/Canada. 3h04. Avec Harry Anderson, Dennis Christopher, Richard Masur, Annette O'Toole, Tim Reid, John Ritter, Richard Thomas, Tim Curry.

Diffusion TV, U.S: 18 Novembre 1990

FILMOGRAPHIETommy Lee Wallace est un réalisateur, monteur, acteur et scénariste américain, né en 1949 à Somerset, dans le Kentucky (Etats-Unis). 1982: Halloween 3. 1988: Aloha Summer. 1988: Vampires, vous avez dits vampires 2. 1990: Ca (télé-film). 1991: And the sea will tell (télé-film). 1992: The Comrades of Summer (télé-film). 1992: Danger Island (télé-film). 1994: Witness to the execution (télé-film). 1994: Green Dolphin Beat (télé-film). 1996: Born Free: A New Adventure (télé-film). 1996: Alliance Interdite (télé-film). 1997: Steel Chariots (télé-film). 1998: Une Voleuse de charme (télé-film). 1998: l'Ultime Verdict (télé-film). 2002: Vampires 2 - Adieu Vampires. 2010: Helliversity.


Conçu pour la TV, Ca est l'adaptation édulcorée d'un copieux roman de Stephen King publié en 1986. Précédé d'une réputation notable auprès d'une certaine génération de spectateurs, particulièrement impressionnés par la physionomie effrayante de son boogeyman cloownesque, cette variation sur l'affres de la peur réussit en partie à provoquer l'effet escompté. Après être parvenus à détruire un mystérieux clown kidnappeur d'enfants, sept amis se réunissent 30 ans plus tard afin de combattre une ultime fois leur terreur infantile. Scindé en deux parties distinctes, l'action se situe de prime abord à la fin des années 50 dans une contrée bucolique du Maine des Etats-Unis. A travers des flash-back alternant passé et présent, l'intrigue nous remémore l'amitié solidaire d'un groupe de 7 enfants (surnommés "le Club des ratés" !), incessamment persécutés par un clown diabolique planqué sous les égouts. Epris d'hallucinations collectives émanant de ces pouvoirs surnaturels mais également victimes de brimades envers un trio hostile de durs à cuire, nos petits héros vont devoir s'unifier afin de mieux se prémunir et repousser leurs pires frayeurs. Visuellement soigné dans sa reconstitution archaïque des fifties, Tommy Lee Wallace souhaite nous confronter à l'inquiétude grandissante de cette poignée de héros juvéniles aussi couards que vaillants à repousser le Mal.


De manière introspective, le réalisateur nous confronte à leurs tourments cérébraux, leurs doutes et leur crainte pour tenter de déjouer un ignoble clown dévoreur d'enfants. Baptisé "Grippe-sou" ou "Ca", il s'approprie lâchement de la peur candide des enfants pour les entraîner vers les sous-sols d'un égout érigé sous les Lumières-Mortes. La bonhomie attachante des personnages juvéniles confrontés à moult évènements terrifiants (visions sanglantes d'hallucinations surnaturelles que seul un enfant apeuré peut percevoir) et leur caractère bien distinct véhiculent chez le spectateur une indéniable empathie. D'autant plus qu'ici le monstre hybride auquel il s'opposent adopte une forme rassurante de clown railleur. Une entité machiavélique aussi insidieuse que perfide pour tenter d'amadouer l'enfant candide, proie facilement plus influençable que la responsabilité de l'adulte. La seconde partie restitue l'action du faubourg de Derry au début des années 90, c'est à dire 30 ans après que les sombres évènements s'y soient déroulés. Nous retrouvons donc l'existence esseulée de chacun de nos protagonistes confrontés à une piètre vie amoureuse et amicale mais nantis d'une situation professionnelle plutôt avantageuse. Réunis une seconde fois après l'engagement commun d'un pacte si Ca était amené à renaître un jour, nos héros aujourd'hui adultes vont renouer avec leur réminiscence traumatique afin d'exorciser leur pire terreur à double visage ! A savoir, combattre Spoil ! une entité arachnide venue d'un autre monde Fin du Spoil derrière sa défroque criarde de clown (un subterfuge vestimentaire afin d'amadouer la naïveté de ces proies innocentes).


Grâce à l'originalité de son intrigue habilement conditionnée autour d'une icône démoniaque que nos héros molestés déjouent avec une densité psychologique aussi fragile que pugnace, Ca traite efficacement de l'esprit de cohésion et d'amour pour repousser nos terreurs les plus préjudiciables. Par l'entremise singulière d'un clown brocardeur se nourrissant de nos craintes et de notre chair, Tommy Lee Wallace aborde enfin une réflexion sur le courage de vaincre notre lâcheté afin de braver la duperie du Mal. Sympathique, ludique, assez prenant et parfois anxiogène à défaut d'être transcendant pour laisser une empreinte indélébile dans le genre horrifique. 

Bruno Matéï
31.12.12. 2èx (120 v)

mardi 19 septembre 2017

DANS LES GRIFFES DE LA MOMIE

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thetelltalemind.com

"The Mummy's Shroud" de John Gilling. 1967. Angleterre. 1h30. Avec André Morell, John Phillips, David Buck, Elizabeth Sellars, Maggie Kimberly, Michael Ripper, Tim Barrett.

Sortie salles Angleterre: 18 Juin 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne). 1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.


Troisième et dernier opus consacré à la "momie", Dans les Griffes de la Momie surpasse de loin et à tous les niveaux le médiocre Les Maléfices de la Momie tourné en 64. Réalisé par l'illustre John Gilling, (l'Impasse aux Violences, l'Invasion des Morts-vivants, la Femme Reptile), Dans les griffes de la Momie bénéfice de savoir-faire dans sa réalisation studieuse où rien n'est laissé au hasard quand bien même sa structure narrative donne chair à ses personnages sous le pivot d'une discorde familiale. 1920, Egypte. Stanley Preston, son épouse et quelques archéologues tentent de retrouver la sépulture du pharaon Kah-To-Bey. Sur place, avec une longueur d'avance, son jeune fils épaulé de Sir Basil Walden parviennent à dénicher son tombeau. Si ensuite les retrouvailles entre le fils et le père font d'abord preuve d'enthousiasme après une découverte aussi historique, la cupidité de ce dernier motive un geôlier à réveiller la momie afin de se venger de sa profanation. 


Efficace est le maître mot de cette intrigue à suspense décrivant avec attention les dissensions morales entre un fils et son père opportuniste alors qu'autour d'eux les morts pleuvent. Tout l'intérêt résidant dans leur contradiction houleuse à se disputer la meilleure conduite morale au moment même où une ambiance d'insécurité gagne du terrain au fil de crimes non élucidés. Par le biais de ces découvertes macabres exercées par une cause surnaturelle, nous en apprendrons un peu plus sur le comportement vaniteux, condescendant (ses rapports castrateurs avec son adjoint), égotiste et cupide de Stanley Preston avide de rentrer au bercail en compagnie de son trophée tant convoité. Alors que le fils, loyal et d'une saine raison, tentera vainement de le résonner, faute de son attitude aussi lâche qu'ingrate (notamment celle d'avoir envoyé en psychiatrie Sir Basil Walden après qu'il eut été mordu par un serpent). Au centre de leurs rapports intraitables, les épouses de ces derniers vont observer avec gravité et dépit cette déchéance familiale avant de se résigner à réagir de la manière la plus équitable. Emaillé de séquences chocs assez cruelles pour la mise à mort des victimes lâchement sacrifiées, Dans les griffes de la momie fait naître une empathie auprès de deux personnages qui ne méritaient pas pareil traitement alors que son angoisse sous-jacente séduit en intermittence avant de nous impressionner lors des apparitions cinglantes de la momie superbement maquillé sous ses épais bandages.


Série B mineure au sein de l'industrie de la prestigieuse Hammer, Dans les griffes de la momie n'en demeure pas moins un excellent divertissement horrifique d'un esthétisme exotique fulgurant (aussi bien ses décors naturels que domestiques assortis d'une photo polychrome), notamment de par son efficacité narrative soutenue à mettre en exergue une cellule familiale en crise.  

Eric Binford.
2èx

lundi 18 septembre 2017

LA RUEE DES VIKINGS

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"Gli invasori" de Mario Bava. 1961. Italie. 1h20. Avec Cameron Mitchell, Alice Kessler, Ellen Kessler, George Ardisson, Andrea Checchi, Jean-Jacques Delbo.

Sortie salles France: 10 Juillet 1963. Italie: 7 décembre 1961

FILMOGRAPHIE:  Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Réalisé par le maître du gothisme italien, La ruée des Vikings surfe sur le succès du chef-d'oeuvre de Richard Fleischer, les Vikings avec beaucoup moins de talent. Faute principalement à une intrigue classique non dénuée d'intérêt mais dépourvue de suspense, d'intensité et de surprises. On se rabat alors son sympathique casting plus ou moins impliqué dans les enjeux guerriers, sur sa violence tantôt corsée pour l'époque et sur sa fulgurance formelle dont on remarque bien la patte stylisée du maître (photo flamboyante assortie d'éclairages surréalistes). Dispensable donc surtout venant de la part du maestro mais pour autant distrayant chez les amateurs de curiosité archaïque.

Bruno Matéï

vendredi 15 septembre 2017

MARY. Prix du Public, Deauville 2017

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Gifted" de Marc Webb. 2017. U.S.A. 1h41. Avec Chris Evans, Mckenna Grace, Jenny Slate, Octavia Spencer, Lindsay Duncan, Julie Ann Emery.

Sortie salles France: 13 Septembre 2017. U.S: 7 Avril 2017

FILMOGRAPHIEMarc Webb est un réalisateur américain né le 31 août 1974. 2009 : (500) jours ensemble. 2012 : The Amazing Spider-Man. 2014 : The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros. 2017 : Mary. 2017 : The Only Living Boy in New York.


Prenant pour thème l'éducation parentale du point de vue d'une surdouée infantile que l'oncle et la grand-mère vont se disputer la garde devant un tribunal, Mary évite intelligemment les clichés usuels du mélo à faire pleurer dans les chaumières et du film de procès grâce à sa mise en scène ciselée, à son casting inscrit dans la sobriété et à ces enjeux d'une adversité parentèle imputée à une cause filiale. A savoir, doit-on réserver un traitement particulier chez les enfants surdoués quant à leur carrière scolaire ou au contraire les adapter à la société en compagnie d'enfants normaux ? Et comment peut-on rétablir un équilibre parental au sein du foyer lorsque la mère n'est plus ? Durant l'intense confrontation entre le fils et la mère se résignant à emporter la mise, le réalisateur épargne d'autant mieux les stéréotypes en nous brossant des personnages lucides au caractère fort mais d'une colère contenue afin d'éviter la fanfaronnade pour nous impressionner. Avec son visage de jeune bellâtre, Chris Evans parvient aisément à faire oublier sa photogénie "tape à l'oeil" par le biais d'une dimension humaine toute en retenue comme le soulignent les moments les plus bouleversants qu'il doit traverser lorsque ce dernier se résigne à placer sa nièce dans une famille d'accueil après un dilemme moral. Dans celle de la petite Mary, génie de la mathématique, Mckenna Grace crève littéralement l'écran par son naturel étonnamment mature pour un si jeune âge (7 ans s'il vous plait !) si bien que sa fraîcheur, sa spontanéité mais aussi son désarroi de se voir ballottée d'un foyer à un autre arracheront les larmes aux plus sensibles. Par son jeu expressif aussi bien dégourdi que sensible mais aussi par la maîtrise de ses sentiments, on peut peut-être prêter une allusion à l'acteur Ricky Schroeder lors de sa révélation du déchirant Champion, remake signé Franco Zeffirelli (et au sujet similaire - la dissension parentale pour la garde d'un enfant -).


Un joli mélo donc réalisé avec soin, efficacité, pudeur et humilité, et ce afin d'épargner sinistrose et pathos sous le pilier d'une intrigue intensément humaine militant contre l'exploitation (scientifique) d'un enfant grâce à l'amour d'une dignité paternelle.  

Eric Binford

jeudi 14 septembre 2017

LA ROSE ET LA FLECHE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Robin and Marian" de Richard Lester. 1976. U.S.A. 1h46. Avec Sean Connery, Audrey Hepburn,
Robert Shaw, Richard Harris, Nicol Williamson, Denholm Elliott, Ronnie Barker.

Sortie salles France: 26 Octobre 1977. U.S: 21 Avril 1976

FILMOGRAPHIE: Richard Lester est un cinéaste américain né le 19 janvier 1932 à Philadelphie. 1962 : It's Trad, Dad! 1963 : La Souris sur la Lune. 1964 : Quatre garçons dans le vent. 1965 : Le Knack... et comment l'avoir. 1965 : Au secours! 1966 : Le Forum en folie. 1967 : Comment j'ai gagné la guerre.1968 : Petulia. 1969 : L'ultime garçonnière. 1973 : Les Trois Mousquetaires. 1974 : Terreur sur le Britannic. 1974 : On l'appelait Milady. 1975 : Le Froussard héroïque. 1976 : The Ritz. 1976 : La Rose et la Flèche. 1979 : Cuba. 1979 : Les Joyeux Débuts de Butch Cassidy et le Kid. 1980 : Superman 2. 1983 : Superman 3. 1984 : Cash-Cash. 1989 : Le Retour des Mousquetaires. 1991 : Get Back.


"Tu me trouves vieille et laide ? Tu aimes quelque chose en moi ? Il y a si longtemps que je n'ai rien ressenti. Je donnerai tout pour retourner 5 minutes dans le passé. Robin, sois méchant, fais moi pleurer !" Lady Marianne.
Sommet d'émotions Spoil ! inconsolables quant à l'issue tragique, inévitablement prévisible, que nous réserve son épilogue d'une cruelle noirceur fin du Spoil, La Rose et la Flèche fait parti de ses oeuvres maudites, de par sa rareté éhontée et le manque de reconnaissance du public et de la critique aussi discrets que timorés. D'une fragilité à fleur de peau pour ses thèmes opposant l'amour et la vieillesse du point de vue du couple, la Rose et la Flèche affiche le légendaire Robin des bois sous son aspect le plus humainement fragile en dépit de sa persuasion à braver l'usure du temps. L'intrigue relatant avec une évidente nostalgie ses moments intimistes avec son amour retrouvé puis sa dernière bataille contre le le shérif de Nottingham quand bien même Marianne (superbement campée par la délicieuse Audrey Hepburn en bonne soeur candide !) le suppliera de renoncer à ce dernier affront afin de rattraper leur temps perdu d'un amour galvaudé. Car en l'occurrence, et après avoir combattu sans relâche durant plus de 20 ans, Robin est persuadé de perdurer ses exploits héroïques pour à nouveau vaincre son ennemi, et ce en dépit de son âge avancé.


Derrière ce récit d'aventures médiévales entrecoupé de scènes d'actions aussi intenses que spectaculaires (outre la lourde tâche de Robin et Petit Jean d'escalader le rempart d'un château, on est surpris de la sauvagerie finale du mano a mano à l'épée que s'infligent jusqu'à épuisement le shérif et Robin) se tisse donc une fable sur le refus de vieillir et la peur du trépas. Pétris d'amour l'un pour l'autre mais terriblement amères et nostalgiques de leur passé révolu, Robin et Marianne tentent vainement de renouer avec leur amour d'autrefois, faute de la vanité de ce dernier obstiné à prouver à lui même et ses acolytes qu'il reste encore la légende de toujours. A travers ses sentiments d'orgueil, d'entêtement et d'égoïsme, Sean Connery se contredit face caméra avec un humanisme prude derrière son apparence virile car entaché d'un physique vieillissant et du regret d'être passé à côté de l'amour de sa vie. Bouleversant, pour ne pas dire déchirant Spoil ! lors de ses adieux invoqués avec sa douce Marianne, l'acteur nous transmet un tsunami d'émotions quant à son acceptation finale de céder à une rédemption macabre Fin du Spoiler. Grand moment de cinéma qui arrachera des larmes aux plus sensibles (le magnifique score gracile de John Barry y doit aussi beaucoup !), La Rose et la flèche se clôture de manière aussi belle qu'inique derrière le mythe d'un philanthrope aujourd'hui mis à nu face à ses propres sentiments de dépit !


D'une sensibilité, d'une fragilité et d'un lyrisme bouleversants, La Rose et la Flèche transfigure le cinéma d'aventures rétro avec réalisme, audace et intelligence, et ce tout en respectant les normes du divertissement. Car derrière ce poème sur l'atavisme de la vieillesse, les regrets du passé et la désillusion d'une jeunesse perdue s'y dévoile l'une des plus belles tragédies romantiques que le cinéma nous ait offert. Ambitieux mais modeste à immortaliser de manière couillue le personnage de Robin des Bois, Richard Lester nous prodigue un chef-d'oeuvre de mélancolie et de tendresse sous l'impulsion du duo incandescent Audrey Hepburn / Sean Connery

Clin d'oeil à Gilles Vannier et Berangere S. De Condat-Rabourdin 
Bruno Dussart
3èx