"What Happened to Monday" de Tommy Wirkola. 2017. Belgique/U.S.A/France/Angleterre. 2h04. Avec Noomi Rapace, Willem Dafoe, Glenn Close, Marwan Kenzari, Pål Sverre Hagen, Adetomiwa Edun.
Sortie salles France: 30 Août 2017 (Int - 12 ans). U.S: 18 Août 2017
FILMOGRAPHIE: Tommy Wirkola est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma norvégien, né le 6 décembre 1979 à Alta dans le comté de Finnmark. 2007 : Kill Buljo : ze film. 2009: Dead Snow. 2010 : Kurt Josef Wagle og legenden om fjordheksa. 2013 : Hansel et Gretel : Witch Hunters. 2014 : Dead Snow 2. 2017 : Seven Sisters.
Blockbuster estival chaudement accueilli en France (1 356 119 entrées), Seven Sisters porte la signature du norvégien Tommy Wirkola, réalisateur des sympathiques délires gores Dead Snow 1 et 2. Dans un futur proche, faute d'une surpopulation, du réchauffement climatique et des pénuries alimentaires, les autorités ont décidé de limiter le nombre de naissances à un seul enfant par foyer. Mais bravant l'interdit, une mère morte en couches donne naissance en secret à des septuplées. L'époux décide alors de les cacher dans une chambre secrète de son appartement sous couvert de conditions drastiques enseignées à ses filles. 30 ans plus tard, l'une des soeurs disparaît mystérieusement durant un rendez-vous professionnel. Au moment où ces dernières tentent de la retrouver, les agents du CAB sont sur le point de débusquer leur tanière ! Empruntant l'anticipation dystopique héritée du parangon Soleil Vert et consorts (thèmes similaires sur la surpopulation, la pollution et les pénuries alimentaires auprès d'une dictature sans vergogne), Seven Sisters constitue un formidable film d'action aussi intègre que généreux en diable.
L'action rebondissant sans cesse grâce aux multiples directions que les héroïnes parcourent ardemment afin de retrouver leur soeur et préserver leur unité familiale. Et ce sans céder à la gratuité du spectacle racoleur, de par l'efficacité d'un script structuré sublimant le portrait de 7 jumelles converties contre leur gré en fugitives aussi pugnaces que valeureuses. Sur ce point détonnant, on peut vanter la prestance (hybride) de Noomi Rapace se fondant dans les corps de 7 personnages distincts sous l'impulsion d'une palette de sentiments contradictoires. L'actrice oscillant sans rougir une émotion tantôt poignante (pour les revirements étonnamment dramatiques que le script s'adonne sans complexe), tantôt oppressante (pour les stratégies de défense à perdre haleine qu'elles doivent décupler afin de déjouer la menace permanente des agents du CAB). Outre l'attrait effréné et la lisibilité des séquences homériques fertiles en cascades et sanglants gunfights, Seven Sisters cultive une finaude audace à détourner les codes par le biais d'une dramaturgie inopinément insolente ! Car exploitant habilement le genre du survival pur et dur au sein d'un cadre urbain blafard (superbement contrasté par la morphologie d'immeubles grisonnants dressés les uns contre les autres), Tommy Wirkola crédibilise son univers futuriste étouffant où pauvreté et exclusion sont une fois de plus dépréciées par une dictature plus immorale et implacable qu'elle n'y parait.
En dépit de certaines facilités et pirouettes narratives un chouilla improbables lors de sa dernière partie aussi bien palpitante qu'émouvante (mais un peu trop vite expédiée à mon sens par ses rebondissements en pagaille), Seven Sisters renchérit embuscades, soubresauts et péripéties vertigineuses au sein d'une dystopie insidieusement cynique. Sans jamais perdre de vue la dimension humaine de ses héroïnes implacablement molestées (d'autant plus compromises entre trahison et sens du sacrifice), Tommy Wirkola insuffle une poignante (et cruelle) émotion pour nous impliquer dans leur épreuve de survie en chute libre. Sous le pilier du Blockbuster ludique mais intelligemment exploité, Seven Sisters demeure donc une excellente surprise dans le paysage si habituellement lisse et conventionnel de l'actionner bourrin, avec en guise d'épilogue un plaidoyer pour le libéralisme et le droit à la naissance multiple.
Bruno Matéï
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