jeudi 22 mars 2018

JACK L'EVENTREUR

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thecanniballecteur.wordpress.com

"Jack the Ripper" de Jess Franco. 1976. Suisse/Allemagne de l'Ouest. 1h32. Avec Klaus Kinski, Josephine Chaplin, Andreas Mannkopff, Herbert Fux, Lina Romay, Nikola Weisse, Ursula von Wiese, Hans Gaugler, Francine Custer, Olga Gebhard...

Sortie Salles France: 31 Janvier 1979. US: 12 Octobre 1979.

FILMOGRAPHIE: Jesús Franco Manera (né le 12 mai 1930 à Madrid) dit Jess Franco est un cinéaste espagnol. Son premier long métrage est achevé en 1959 premier d'une longue série de plus de 200 films. 1962: l'Horrible Dr Orlof, 1966: le Diabolique Dr Zimmer, 1970: Les Nuits de Dracula, Eugénie de Sade, 1971: Vampyros Lesbos, 1973: La Comtesse Noire, Christina, princesse de l'érotisme, 1976: Jack l'Eventreur, 1980: Mondo Cannibale, 1981: Sadomania, l'Abime des Morts-vivants, 1988: Les Prédateurs de la Nuit, 1996: Killer Barbys


Enième adaptation libre du célèbre éventreur de Whitechapel sous la direction de l'inénarrable Jess Franco, Jack l'Eventreur s'avère à mon sens l'une de ses plus brillantes réussites. Du moins l'une des plus ludiques et accessibles, de par son ambiance immersive à la fois inquiétante et malsaine, son gore tantôt crapoteux (quelques images complaisantes dignes d'un "d'Amato ketchup" marquent les esprits) et du portrait intimiste imputé aux serial-killer que Klaus Kinski endosse ici avec un flegme patibulaire. L'acteur promenant sa sinistre cape noire de manière aussi bien nonchalante qu'insidieuse. Déplaçant l'action au sein d'un village de Zurich (le film est une production Germano-Suisse), Jess Franco transfigure la forme parmi l'éventail de décors saillants (le cabaret d'un rouge rutilant, les ruelles brumeuses, le bois envapé, le petit lac jonché de cadavres ou encore le repère domestique de l'éventreur notamment fréquenté par sa domestique complice), et ce en dépit d'une scénographie assez limitée.


Fascinant et envoûtant au gré d'un climat de sensualité inévitablement morbide (comme le souligne vulgairement une séquence limite nécrophile et assez viscérale si bien qu'elle risque de provoquer un "haut le coeur" chez les plus sensibles); Jack l'Eventreur titille notre curiosité malsaine à travers la psychose d'un misogyne en proie aux hallucinations d'une charnalité impure. La faute incombant à son enfance martyre causée par une mère abusive et catin. Plus proche d'un Maniac de Lustig (en mode "Z", Franco oblige !) que du traditionnel éventreur en bonne et due forme, Jack l'Eventreur s'avère également avisé dans sa structure narrative pour autant dénuée de surprises. Le réalisateur s'efforçant surtout à nous décrire les faits et gestes quotidiens du docteur partagé entre ses occupations professionnelles (il vient en aide aux plus démunis au point de leur avancer certains frais), intimes (sa relation amiteuse aussi bien complexe qu'impossible avec la propriétaire de son foyer) et criminelles (il trucide sans vergogne les prostituées les plus distraites). Et si son final éculé aurait gagné à être autrement plus intense et inventif, il parvient malgré tout à éveiller l'intérêt, la descente aux enfers du tueur s'achevant de manière néanmoins haletante et précipitée. On s'amuse également de quelques seconds-rôles attachants dans leur posture complice ou observatrice (l'aveugle prévoyant, le pêcheur cupide, la domestique inconséquente nantie d'instinct pervers tacite) parvenant à donner chair à leur personnage avec un soupçon de dérision.


En dépit d'un schéma narratif trivial et du jeu peu persuasif d'Andre Mannkopff incarnant l'inspecteur Selby sans trop d'inspiration (on s'amuse néanmoins de son affable présence), Jack l'Eventreur demeure une heureuse surprise au sein de la carrière pléthorique de Jess Franco. Une vision personnelle du tueur londonien à la fois réaliste, étrange et soignée (sa reconstitution historique est en prime immersive à souhait) sous l'impulsion d'un Klaus Kinski autrement ombrageux et taiseux. 

* Bruno
27/02/11 - 22/03/18. 4èx

mercredi 21 mars 2018

On l'appelle Trinita

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Lo chiamavano Trinità..." de Enzo Barboni. 1970. Italie. 1h50. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Farley Granger, Dan Sturkie, Gisela Hahn.

Sortie salles France: 21 Juillet 1971. Italie: 22 Décembre 1970. U.S: 4 Novembre 1971

FILMOGRAPHIEEnzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.


                                "Venez mes frères ! - Qui c'est qui lui a dit qu'on était frères ?"

Gros succès international si bien qu'une suite fut rapidement mise en chantier par Enzo Barboni himself, On l'appelle Trinita est sans doute l'une des meilleures comédies du duo impayable Bud Spencer / Terence Hill. Et si le pitch, à la fois classique et folichon, ne brille pas par son originalité, (se faisant passer pour des shérifs au sein d'une petite ville, 2 frères que tout oppose vont prêter main forte à une communauté mormone molestée par des brigands mexicains ainsi qu'un major cupide), le climat aussi bien burlesque que rocambolesque que parviennent à générer les "Laurel et Hardy" (du western parodique) pallie ces carences de par leur tranquillité sereine fraîchement irrésistible.


Car outre la complémentarité très attachante de ces derniers s'en donnant à coeur joie dans leur dissension fraternelle et postures héroïques inébranlables (Hill jouant le frère "pot de colle" féru de la gâchette, Spencer l'aîné bourru résolument indépendant), l'inventivité des bastons à la fois ludiques et très spectaculaires (Spencer, passé maître dans l'art de foutre des baffes et gros poings sur la tête de ses adversaires) et les gags bonnards qu'ils enchaînent par provocation nous irradie d'un sourire aux lèvres permanent. A l'instar d'un bambin de 5 ans fasciné par la magie de l'écran et du jeu malicieux de ses héros à peine dérivés d'une bande-dessinée (Hill et Spencer sont d'autant plus charismatiques dans leur stature flegme de cow-boy mal rasés). Bien évidemment, l'humour pittoresque qui se dégage de leur orgueil et arrogance à se gausser de leurs rivaux ne fait nullement preuve de subtilité. Mais pour autant, et par la magie de l'entreprise latine résolument artisanale (le film adopte d'ailleurs une vraie facture de western poussiéreux en format cinémascope), on s'enjaille couramment et on rit de bon coeur grâce à leur esprit de dérision aussi bon enfant qu'assumé.


Western parodique familial qui allait enflammer la carrière du duo légendaire Bud Spencer/Terence Hill (tout en décontraction inégalée !), On l'appelle Trinita constitue une cure de bonheur anti-dépressive pour le public de 7 à 77 ans. D'une sincérité et d'une générosité encore plus touchantes aujourd'hui (du moins auprès de la génération 80 !), ce pur divertissement Bis parvient à rajeunir le genre spaghetti sous l'impulsion de la chanson entêtante de Franco Micalizzi se prêtant harmonieusement à l'ambiance aussi chaleureuse. Simplement magique !

Box Office France: 2 624 948 Entrées ! 

* Bruno
3èx

mardi 20 mars 2018

THE ROAD WITHIN

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site thepsychword.com

de Gren Wells. 2014. U.S.A. 1h40. Avec Robert Sheehan, Dev Patel, Zoë Kravitz, Robert Patrick, Kyra Sedgwick.

Sortie Dvd France: 13 Décembre 2017. U.S: 17 Avril 2015 (limité)

FILMOGRAPHIEGren Wells est une réalisatrice et scénariste  américaine, née le 28 Juin 1974.
2014: The Road Within.


Passé à la trappe d'une exploitation salles sur notre territoire et en sortie limitée Outre-atlantique, The Road Within fait à mon sens office de bijou maudit, de par sa faible réputation beaucoup trop discrète, et ce en dépit de critiques et d'un accueil public favorables. Illustrant sans pathos ni misérabilisme le road trip d'un trio de jeunes patients échappés de leur clinique en lieu et place d'ennui, The Road Within nous touche droit au coeur sous l'impulsion alerte de comédiens sidérants de naturel. A point tel que sitôt le générique clôt, nous éprouvions une mélancolie douce amère de devoir s'en séparer si précipitamment. C'est dire si Vincent (atteint du syndrome de la Tourette), Alex (souffrant de TOC) et Marie (anorexique endurcie) parviennent communément à nous amuser et émouvoir avec une spontanéité, une fringance et une innocence tantôt cocasses, tantôt bouleversantes. Et ce en dépit de leurs actions marginales peu recommandables (vol d'essence et de voitures, larcin dans une épicerie) mais pour autant contrebalancées d'un goût du risque, de l'aventure et du désir de vivre bâtis sur une irrésistible impertinence.


A travers leurs pérégrinations à tenter de rejoindre un bout d'océan afin d'exaucer le voeux de Vincent (déposer les cendres de sa mère récemment décédée), Gren Wells (dont il s'agit ici de son 1er essai) trouve la juste mesure à conjuguer humour, tendresse et émotion sans sombrer dans le mélo, la caricature et encore moins la raillerie à travers les expressions exubérantes de trois paumés apprenant à coexister avec leur maladie mentale. Récit initiatique à accepter leur fardeau grâce aux valeurs de l'amitié et de l'amour, The Road Within milite pour le droit à la différence et le dépassement de soi à condition que le sujet parvienne à travailler une forme de paix intérieure. Au-delà de la grande complicité terriblement attachante des comédiens épatants de verve et d'innocence (de par la beauté de leur âme et la pureté de leurs sentiments), on peut également applaudir les prestances contrairement matures de Kyra Sedwick en médecin conciliante et Robert Patrick en paternel égoïste gagné par la culpabilité et le remords, faute d'une carrière politique en ascension. Et ce au détriment de l'amour de son fils. A travers leur filature routière à tenter de localiser les 3 rebelles, la réalisatrice parvient là aussi à toucher et à amuser lors de leur confidence intime et crises de colère, notamment en abordant le thème de la démission parentale avec une modestie dénuée de prétention. 


Invitation à l'évasion à travers les panoramas californiens, vent de fraîcheur baignant dans l'insouciance d'une liberté expansive, The Road Within fait constamment appel à l'émotion la plus tendre et sémillante à travers les vicissitudes de trois jeunes adultes furieux de leur condition d'exclusion. Dévoilant avec une étonnante pudeur et un refus de voyeurisme une magnifique leçon de tolérance, de compréhension (envers autrui) et d'amour durant leur quête de convalescence, The Road Within s'enrichit d'un cheminement narratif aléatoire ponctué de rebondissements pittoresques (l'échange des voitures volées) et de péripéties folingues. A découvrir fissa si bien que nos trois lurons marquent de leur empreinte frondeuse une épopée rocambolesque avec une liberté d'esprit aussi humaine qu'ordinaire ! 

* Bruno

Ci-joint l'avis d'une inconnue: gvuxmvr parce que j'ai été très sensible par ses impressions (si humaines), tant et si bien qu'elle est parvenue à me convaincre de céder à la tentation du désir.

Evidemment, les performances de Robert Sheehan et de Dev Patel (hyper talentueux) sont au coeur de la beauté et de la réussite du film. Ils sont littéralement à couper le souffle. Une fois que nous rentrons dans leur monde, leur jeu d'acteur nous retient jusqu'au bout. Ce film très touchant de réalisme, c'est un road trip qui forme des équipes inattendues. Les dialogues sont terribles, pleins de vérité et des fois empreints d'un humour contagieux. Ce genre de films mériterait d'être bien plus reconnu car il vaut vraiment le coup, c'est une bouffée d'air frais, et pourtant le sujet est très sérieux. L'histoire est jolie, elle prouve que ceux que l'on enferme pour troubles mentaux ont probablement plus d'humanité et de maturité en eux que ceux qui les côtoient mais qui sont à l'extérieur des quatre murs et se prétendent "normaux". Cette petite équipe de bras cassés est très attachante, ils connaissent la valeur des petites choses qui rendent heureux. On peut dire que la tension est quasiment toujours à son maximum, et on se demande si les plombs des personnages ne vont pas péter en même temps que ceux des spectateurs ! Qu'est-ce qu'on rit ! Mais qu'est-ce qu'on pleure aussi... Comme c'est humain ! La photographie est aussi très jolie, car elle est toujours en accord avec l'état intérieur des personnages. Autant dire que je recommande vraiment ce film !

* Gvuxmvr (27.03.17)


Gren Wells

lundi 19 mars 2018

BAD MOON

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Eric Red. 1996. U.S.A. 1h20. Avec Mariel Hemingway, Michael Paré, Mason Gamble, Ken Pogue, Hrothgar Mathews.

Sortie salles France: Inédit (à vérifier). U.S: 1er Novembre 1996.

FILMOGRAPHIE: Eric Red (Eric Joseph Durdaller), est un réalisateur scénariste et auteur américain, né le 16 février 1961 à Pittsburgh (Pennsylvanie). 2015: Night of the Wild (téléfilm). 2008: 100 Feet. 1996: Bad Moon. 1996: Undertow (TV Movie). 1991: Body Parts. 1988: Cohen and Tate.


Une série B tout juste bonnard, car naïve et simpliste. De par son cheminement narratif que l'on connaît par coeur, ses personnages souvent caricaturaux (la mère, le fils et surtout le démarcheur commercial), ses séquences ridicules (la posture orgueilleuse à 2 reprises de Michael Paré face au berger allemand) et ses fx perfectibles (tant auprès de la créature mécanique trop guindée que vulgairement numérisée). On retient surtout son final spectaculaire assez original et au montage maîtrisé lorsque s'affrontent belliqueusement le chien et le loup. Efficace et inoffensif, le spectacle gentiment ludique s'oublie vite sitôt le rideau tombé.


* Bruno

samedi 17 mars 2018

GHOSTLAND. Grand prix / Prix du public / Prix du jury Syfy, Gérardmer 2018.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Pascal Laugier. 2018. France/Canada. 1h29. Avec Crystal Reed, Emilia Jones, Anastasia Phillips, Taylor Hickson, Mylène Farmer, Adam Hurtig.

Sortie salles France: 14 Mars 2018 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Pascal Laugier est un réalisateur Français né le 16 Octobre 1971.
Courts-Métrages: 1993: Tête de Citrouille. 2001: 4è sous-sol. Longs-métrages: 2004: Saint Ange. 2008: Martyrs. 2012: The Secret. 2017: Ghostland.


"Et plus le corps est entravé, plus l’esprit est libre" MF
Fourbu, assommé, bouleversé tandis que l'obscurité de la salle laisse place à la lumière pour nous rappeler à l'ordre de notre (morne) quotidienneté. Spectateurs éclectiques (ados / adultes) et moi même sommes sortis de la projo à l'instar de zombies mutiques et bourrus ! Faute d'avoir perçu le cri du coeur d'un réalisateur engagé à honorer le genre autant qu'à déclarer sa flamme à la fragilité de l'innocence du point de vue féministe à nouveau molesté tous azimuts, pour ne pas dire martyrisée par un Mal (ici) psychotique ! Métaphore sur la cruauté d'un monde sans pitié (comme l'exprime si bien Mylène à sa fille dans un rôle maternel équivoque plutôt convaincant à défaut d'être renversant !), Ghostland singe le conte de fée avec un réalisme contemporain pour mettre en appui une réflexion existentielle sur le mal-être adolescent, la jalousie, la quête identitaire, la peur de l'engagement, et donc de grandir. Notamment à travers le courage de vaincre ses démons, de surpasser nos frayeurs les plus préjudiciables afin d'accéder à une forme nouvelle de confiance en soi, de maturité. Et ce au détriment de se complaire dans le rêve, refuge mélancolique de nos souvenirs d'enfance pour fuir les adultes autant que nos responsabilités. D'une splendeur gothique axée sur l'onirisme macabre où le moindre détail domestique nous fascine autant qu'il assigne au malaise (imaginez un croisement vitriolé de Dolls, Massacre à la tronçonneuse et La Maison des 1000 morts), Ghostland est une invitation à la farce macabre, à la terreur escarpée et étouffante sous l'impulsion d'une bande-son stridente aussi percutante que celle d'Evil-Dead de Raimi.


"Souffrir pour accéder au bonheur"
Nanti d'un scénario à couper au couteau, de par ses thèmes susnommés et d'une construction narrative difficilement prévisible (le pitch adopte un revirement fortuit au bout d'une demi-heure de manière terriblement poignante !), Pascal Laugier s'amuse avec les codes (et faux semblants), les détournent (le 1er quart d'heure inverse efficacement les rôles victime/bourreau lors de règlements de compte cacophoniques), les malaxent et les retournent comme une crêpe au sein d'une pochette surprise "hurlante". Pour ce faire, fort d'un montage dynamique roublard à mon sens, il manipule nos nerfs avec une intensité dramatique constamment éprouvante de par son enchaînement d'exactions punitives dénuées de raison et d'un réalisme perturbant (larmes et sueurs où s'allient folie et détresse, visages tuméfiés en plan large afin d'accentuer la résultante de la douleur "morale"). Chemin de croix de survie pour Hansel et Cretel subitement projetées dans notre société moderne (où la sauvagerie irréfléchie est reine) pour être constamment mises à l'épreuve afin de tester leur résilience, Ghostland inquiète (surtout auprès de sa première partie misant sur l'expectative autant que l'interrogation), oppresse et fascine à la fois de par son esthétisme cauchemardesque semé de monstres et figurines frigides (les poupées de porcelaine dans une posture étrangement guindée). Mais pas que ! Il déstabilise en outre notre sens de l'orientation (la maison de tous les cauchemars s'édifie en dédale vertigineux lorsque l'ouverture d'une porte peut-être l'objet d'une menace incontrôlée) au coeur d'une attraction de folie furieuse parfois bouleversante. Eu égard du parti-pris auteurisant de Laugier à sublimer les portraits névralgiques de deux soeurs aux points de vue contradictoires mais mises à l'épreuve pour s'acheminer vers la solidarité, voir peut-être la délivrance.


La Fureur de (sur)vivre.
Pavé dans la marre pour le genre horrifique trop souvent conformiste, consensuel et donc impersonnel, Ghostland honore autant la série B de samedi soir puissamment erratique et effrénée que le film d'auteur pour scander la noblesse de l'amour et celle de la bravoure à travers une fratrie en voie (désespérée) de communication et de réconciliation, faute d'une épreuve insolente de survie. Pour parachever, coup de coeur au jeu si viscéral d'Anastasia Phillips en victime éplorée au confins de la démence, et surtout à la présence aussi fragile que fébrile de Crystal Reed en écrivaine ambitieuse néanmoins ballottée par le doute de l'affirmation et l'appréhension de la célébrité. 

* Bruno
24.02.24. 2èx. Vostfr

vendredi 16 mars 2018

LE MARGINAL

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Jacques Deray. 1983. France. 1h39. Avec Jean-Paul Belmondo, Henry Silva, Carlos Sotto Mayor, Pierre Vernier, Maurice Barrier, Claude Brosset, Tchéky Karyo.

Sortie salles France: 26 Octobre 1983

FILMOGRAPHIEJacques Deray, né Jacques Desrayaud le 19 février 1929 à Lyon, et mort le 9 août 2003 à Boulogne-Billancourt, est un réalisateur de cinéma français. 1960 : Le Gigolo. 1963 : Rififi à Tokyo. 1963 : Symphonie pour un massacre. 1965 : Par un beau matin d'été. 1966 : Avec la peau des autres. 1966 : L'Homme de Marrakech. 1969 : La Piscine. 1970 : Borsalino. 1971: Doucement les basses. 1971 : Un peu de soleil dans l'eau froide. 1972 : Un homme est mort. 1974 : Borsalino & Co. 1975 : Flic Story. 1977 : Le Gang. 1978 : Un papillon sur l'épaule. 1980 : Trois hommes à abattre. 1982 : Les Secrets de la princesse de Cadignan. 1983 : Le Marginal. 1983 : Credo (TV). 1985 : On ne meurt que deux fois. 1987 : Le Solitaire. 1987 : Maladie d'amour. 1989 : Les Bois noirs. 1991 : Contre l'oubli. 1991 : Netchaïev est de retour. 1993 : Un crime. 1994 : 3000 Scénarios contre un virus (segment « Arnaud et ses copains »). 1994 : L'Ours en peluche. 1998 : Clarissa (TV). 2000 : On n'a qu'une vie (TV). 2001 : Lettre d'une inconnue (TV).


               Un divertissement sans prétention taillé sur mesure pour Bébel et la génération 80.

En pleine notoriété depuis Le Professionnel et l'As des as, Bebel récidive avec Le Marginal si bien que le public se rue à nouveau en masse (4 956 822 entrées) pour assister à ces nouveaux exploits clairement influencés par les récents succès d'Un justicier dans la ville, de l'Inspecteur Harry (et de l'Anti-gang me chuchote Jean François Dupuy). Belmondo endossant le rôle burné d'un commissaire aux méthodes expéditives afin de démanteler une filière de drogue commanditée par le trafiquant Meccaci (campé par le vétéran Henry Silva au charisme patibulaire saillant). Si l'intrigue éculée n'apporte rien de neuf pour le genre, Jacques Deray  (Borsalino 1 et 2, La Piscine, Flic Story, 3 Hommes à abattre, On ne meurt que 2 fois) possède suffisamment de métier et de savoir-faire pour nous emballer un divertissement d'action mené tambour battant dans son lot de poursuites en voitures et hélico, règlements de comptes sanglants et bastons épiques (celle du bistrot s'avère la plus jouissive dans ses accents semi-parodiques que n'aurait renié Bud Spencer) au coeur d'une faune parisienne peu fréquentable.


D'ailleurs, Deray en profite pour nous dresser une visite nocturne dans ses bas-fonds malfamés (trafic sexuel chez des antillais, corruption dans une boite gay, tapin sur les trottoirs de Pigalle) que Bébel arpente quotidiennement sourire aux lèvres pour interroger anciennes connaissances, complices influents et témoins dévoués. Sur ce dernier point, on peut notamment apprécier la présence divinement lascive de la brésilienne Carlos Sotto Mayor assez crédible en prostituée au grand coeur si bien qu'elle forma un couple à la ville avec Bébel dès la sortie du film. Outre son rythme nerveux fertile en humour et action, Le Marginal ne serait après tout qu'un banal divertissement policier s'il ne bénéficiait de l'icone fringante Jean-Paul Belmondo portant le film de ses larges épaules avec autant de force tranquille que de cool attitude. Ce dernier parvenant à dynamiser l'intrigue dans sa bonne humeur sans fard, sa démarche distinguée et son sens adroit de l'offensive outrepassant sans gêne la légalité.


C'est donc avec un pincement au coeur que la génération 80 pourra à nouveau accueillir Le Marginal sous l'impulsion entêtante de la mélodie de Morricone ! De par son charme rétro héritier d'une époque obsolète (la défroque des acteurs et son urbanisation estampillée "80" parmi ses bistrots à flipper et ses marchés publics) où la symbiose des acteurs virils emportaient tout sur leur passage.  

* Bruno

jeudi 15 mars 2018

LADY FRANKENSTEIN

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"La figlia di Frankenstein" de Mel Welles et Aureliano Luppi (co-réalisateur non crédité). 1971. Italie. 1h40. Avec Joseph Cotten, Rosalba Neri, Paul Muller, Peter Whiteman, Herbert Fux,

Sortie salles France: 16 Août 1973 (Paris). Italie: 22 Octobre 1971

FILMOGRAPHIEMel Welles est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur américain, né le 17 Février 1924 in New York City, New York, USA, décédé le 19 Août 2005 en Virginie, USA. 1977: Joyride to Nowhere. 1971 Lady Frankenstein. 1968 Les mercenaires de la violence. 1968 Llaman de Jamaica, Mr. Ward (uncredited). 1967 Le baron vampire. 1964 Un commerce tranquille. 1960 La petite boutique des horreurs (exterior sequences, uncredited). 1960 Code of Silence.


Perle rare du ciné Bis transalpin, Lady Frankenstein préfigure avec 2 ans d'avance le chef-d'oeuvre décadent de Paul Morrissey, Andy Warhol et Antonio Margheriti, Chair pour Frankenstein. De par ses éclats de violence gore typiquement latins, son climat malsain plutôt décomplexé et son soupçon de polissonnerie mâtiné de nécrophilie (voir la séquence couillue auquel Tania éprouve un orgasme sexuel lors d'un ébat meurtrier !). Bordélique en diable (le montage elliptique vaut son pesant de cacahuètes !), truffé d'incohérences, de dialogues intelligibles et de personnages sommaires pour autant attachants dans leur complicité romantico-meurtrière (le trio diabolique Tania / Marshall / Thomas) Lady Frankenstein baigne dans un climat de délire horrifique résolument "autre" pour qui idolâtre les nanars involontairement cocasses. Reprenant dans sa 1ère partie le schéma éculé du chef-d'oeuvre de James Whale (l'exhumation de cadavres par des fossoyeurs, les expérimentations organiques et la résurrection du monstre perpétrée par le créateur et son assistant sous une nuit orageuse), l'intrigue bifurque ensuite dans le n'importe nawak lorsque Tania, fille du défunt Dr Frankenstein s'efforce de convaincre l'adjoint de ce dernier d'offrir son propre coeur et son cerveau afin de lui créer l'être parfait pour ses appétits sexuels, et ce par l'entremise du jeune corps de Thomas.


Dès lors que celle-ci se glisse dans la peau d'une doctoresse criminelle (difficilement convaincante de par son inexpérience médico-scientifique, mais autrement glamoureuse dans son bagout séducteur), Lady Frankenstein aligne les situations aussi improbables que grotesques avec un sérieux inébranlable (à l'instar des récurrentes intrusions du commissaire présomptueux en investigateur infructueux !). Pendant ce temps, autour des nouveaux travaux de Tania et du Dr Marshall, le 1er monstre préalablement créé par Frankenstein déambule dans la nature et à proximité du village en s'empressant, tel un dément attardé, d'assassiner les villageois les plus imprudents. Avec sa trogne vérolée de pizza mal garnie aussi hilarante qu'un zombie de l'Avion de l'Apocalypse ou qu'un Bossu de la Morgue, notre monstre spaghetti affiche par ailleurs une mine de vengeur "toxic" infiniment irrésistible à chacune de ses extravagances meurtrières. Ce dernier beuglant et gesticulant à tout va pour mieux se faire remarquer et provoquer l'inutile effroi. Au-delà du jeu fantaisiste de cette icône pas si éloignée du cartoon, Lady Frankenstein affiche un esthétisme étonnamment soigné de la part de sa photo sépia et de ses décors domestiques d'un gothisme fiévreux. Une facture formelle assez capiteuse que renchérit en permanence l'actrice Rosalba Neri lors de ses apparitions insidieuses d'aguicheuse lubrique.


A la marge entre la série B et Z, Lady Frankenstein dépoussière maladroitement l'épouvante séculaire à renfort d'érotisme soft et de gore rubigineux. Pour autant, grâce à l'intégrité des  cinéastes et de seconds-couteaux au charisme saillant, ce délire typiquement latin distille un charme vénéneux assez corsé sous l'effigie d'un pitch involontairement impayable (et ce jusqu'à son épilogue sardonique !). Parangon d'une horreur spaghetti low cost "artisanale" et inopinément singulière, les inconditionnels de nanars devraient s'émoustiller sans relâche !

* Bruno

mercredi 14 mars 2018

UTU Redux

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Geof Murphy. 1983. Nouvelle Zélande. 1h48. Avec Anzac Wallace, Bruno Lawrence, Tim Elliott, Kelly Johnson, Wi Kuki Kaa

Sortie salles France: 27 Juin 1984.

FILMOGRAPHIEGeoff Murphy est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste néo-zélandais, né le 13 juin 1938 en Nouvelle-Zélande. 1977 : Wild Man. 1977 : Dagg Day Afternoon. 1981 : Goodbye Pork Pie. 1983 : Utu. 1985 : Le Dernier survivant. 1988 : Never Say Die. 1989 : Red King, White Knight (TV). 1990 : Young Guns 2. 1992 : Freejack. 1993 : Angle mort (TV). 1993 : The Last Outlaw (en) (TV). 1995 : Piège à grande vitesse. 1996 : Don't Look Back (TV). 1999 : Fortress 2 : Réincarcération. 2000 : L'Homme traqué (Race Against Time) (TV). 2001 : Blerta Revisited. 2004 : Spooked.


                Avertissement: Une chronique exclusive rédigée par Boobakar et reprise sur le site                                                        SENSCRITIQUE.COM, dont je partage la même opinion.

Utu est un survival sorti en Nouvelle-Zélande en 1983, où il a eu un gros succès, mais dont les ventes à l'étranger furent décevantes. De ce fait, le film fut rangé dans un placard durant près de trente ans jusqu'à une nouvelle restauration, et un montage un peu plus court, qui fait qu'il sera redécouvert par une nouvelle génération, lui apportant cette fois le succès.
J'avoue que je ne m'attendais pas à ça de Geoff Murphy, qui a fait des tas de films de commande (de Young guns II à Fortress 2 en passant par Piège à grande vitesse, un Steven Seagal !), mais il faut dire que son œuvre néo-zélandaise nous est quasiment inconnue.


Ce film est l'histoire d'une vengeance, celle d'un capitaine Maori, travaillant pour les Anglais lors de la guerre de Nouvelle-Zélande, vers la fin du XIXe siècle, qui voit que l'armée supprime les siens. Fou de rage, il va se battre contre les Anglais et fomenter une armée.
Il faut dire que le film est très beau, toujours comme si le ciel fut toujours couvert, et ça donne un aspect survival pas inintéressant, et ça reste étonnamment violent, à l'image de cette scène très connue où, pour officialiser en quelque sorte sa vengeance, le soldat Maori va aller dans une église, tuer le prête alors qu'il faisait son office, et lui couper la tête pour en quelque sorte déclarer la guerre !

Mais là où Utu pêche un peu, c'est dans sa construction que je trouve particulièrement confuse. Est-ce à cause de de nouveau montage dit Redux (dix minutes en moins), mais le récit est orné de plusieurs flash-backs, et si on n'est pas attentif, il est difficile se perdre dans la narration, car tout s'enchaîne tel quel. Est-ce pour représenter l'aspect mental du personnage, très bien joué par Anzac Wallace, ou la confusion qui régna alors, mais c'est pas facile de s'y retrouver.
C'est un mélange de plusieurs genres, aussi bien l'horreur que le Western, en passant par des scènes d'actions très fortes, comme celle où cet homme va brûler, et tuer, des occupants d'une maison, car pour lui, les blancs sont désormais des ennemis, alors que peu de temps avant, il était leur éclaireur.


Quentin Tarantino qualifie ce film comme le plus important du cinéma Néo-Zélandais, il aura fortement influencé Lee Tamahori, par ailleurs réalisateur de 2eme équipe, pour L'âme des guerriers, mais je ne trouve pas Utu aussi fort que je ne le pensais. Car c'est au fond assez confus pour me satisfaire totalement ; mais attention, je ne remets pas en cause ses qualités picturales qui sont évidentes.  6/10.

* Boubakar (10.03.18)

mardi 13 mars 2018

MOI, TONYA. Oscar de la Meilleure actrice de second rôle, Allison Janney.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Craig Gillespie. 2017. U.S.A. 2h00. Avec Margot Robbie, Mckenna Grace, Sebastian Stan, Allison Janney, Julianne Nicholson, Caitlin Carver, Bojana Novakovic.

Sortie salles France: 21 Février 2018. U.S: 8 Décembre 2017

FILMOGRAPHIECraig Gillespie (né le 1er septembre 1967 à Sydney) est un réalisateur australien. 2007 : Mr. Woodcock. 2007 : Une fiancée pas comme les autres. 2011 : Fright Night. 2014: Million Dollar Arm. 2015 : The Finest Hours. 2017 : Moi, Tonya.


Comédie dramatique pleine de frénésie technique et formelle sous le pilier d'un jeu d'acteurs criants de vérité et d'autodérision (Margot Robbie, Mckenna Grace se disputent la vedette lors d'un cruel affrontement parental), Moi Tonya aborde brillamment le "biopic" pour retracer ascension et déclin de cette patineuse ayant défrayé la chronique à l'orée des années 90 à la suite d'une agression envers sa rivale Nancy Kerrigan. Impeccablement rythmé de par l'ironie pittoresque des situations improbables que Tonya Harding enchaîne au fil de ses fréquentations peu recommandables, Moi, Tonya conjugue rires et larmes avec une efficacité peu commune si bien qu'elle confine au vertige dans ses émotions littéralement contradictoires (on peut clairement diviser le film en 2 parties dans son renversement des situations dramatiques). Et ce tout en restant fidèle à la reconstitution des évènements scrupuleusement décrits du point de vue introspectif d'une patineuse fragile mais pugnace, méprisée par un jury élitiste car accordant trop d'importance aux valeurs morales que Tonya n'a jamais pu relever faute de son esprit rebelle (c'est une redneck politiquement incorrecte de par son éducation maternelle réactionnaire).


Outre le caractère ludique des faits cocasses relatés avec causticité (notamment les stratégies grotesques de pieds nikelés que l'on croirait échappés d'un polar des Cohen), on reste autant stupéfait par l'inventivité de la mise en scène (parfois clippesque et semée de tubes pop-rock) résolument inspirée pour y dresser le bouleversant portrait d'une patineuse aussi bien fragile qu'infortunée mais pour autant battante et stoïque afin de se tailler un nom dans l'histoire du patinage artistique. C'est tout du moins ce qu'elle accomplira en tant que première patineuse américaine d'avoir exécuté un triple axel lors d'une compétition. Alors que les médias de l'époque s'étaient ensuite empressés de relayer l'affaire scandaleuse avec un gout racoleur du sensationnalisme, Craig Gillespie souhaite rétablir la vérité d'après son parcours d'endurance (aussi bien moral que physique) sévèrement compromis par une mère abusive dès son enfance puis par un époux borderline incessamment violent auprès d'elle. Grâce au jeu profondément expressif de Margot Robbie dessinant le magnifique portrait d'une patineuse caractérielle à la fois solitaire (notamment faute de tolérer l'amitié auprès de ses rivales), insolente (sa rébellion et ses joutes verbales auprès de l'orgueil d'un jury inéquitable) et désespérément en mal d'amour (tant auprès de sa mère tyrannique que de son compagnon sadomaso), le personnage si malmené (et prochainement haï du public) se dévoile sous nos yeux avec fébrile sensibilité.


"La vérité on l'a au fond de soi même"
Leçon de courage, de détermination et de bravoure auprès des losers infortunés, hommage plein de tendresse et de dignité envers une tricarde condamnée au pilori par la justice et la foule avide d'esclandre, Moi, Tonya confine au sublime dans son sens du spectacle épique où le tragi-cocasse se télescope avec une dimension humaine inopinément prude. Un moment de cinéma frétillant transfiguré par le duo explosif Margot Robbie/Allison Janney crevant l'écran à chacune de leurs apparitions si bien que leur aparté (dans le sens où elles s'adressent parfois directement à nous spectateurs !) nous immerge d'autant mieux dans leur rivalité triviale à se disputer leur responsabilité sous couvert d'injustice et d'inégalité sociale.

* Bruno

Récompenses: Oscars 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Golden Globes 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
British Academy Film Awards 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Screen  Actors Guild Awards 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Australian Academy of Cinema and Television Arts Awards 2018 :
Meilleure actrice internationale pour Margot Robbie
Meilleure actrice internationale dans un second rôle pour Allison Janney
Critics' Choice Movie Awards 2018 :
Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney

vendredi 9 mars 2018

MR73

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Olivier Marchal. 2008. France. 2h05. Avec Daniel Auteuil, Olivia Bonamy, Catherine Marchal, Francis Renaud, Gérald Laroche, Guy Lecluyse, Philippe Nahon, Clément Michu, Moussa Maaskri.

Sortie salles France: 12 Mars 2008 (Int - 12 ans).

FILMOGRAPHIE: Olivier Marchal est un acteur et réalisateur français, né le 14 novembre 1958 à Talence. 2002 : Gangsters. 2004 : 36 quai des Orfèvres. 2008 : MR 73. 2011 : Les Lyonnais. 2017 : Carbone.


                                           "Dieu est un fils de pute et un jour je le tuerai."

Quatre ans après la révélation 36 Quai des Orfèvres, Olivier Marchal met les bouchées doubles avec le tétanisant et bouleversant MR73. Un uppercut émotionnel implacable sous le schéma d'une trajectoire mortuaire en roue libre. Chemin de croix vertigineux d'un flic aviné condamné à l'infortune puis à la damnation, MR73 laisse en état de collapse sitôt le rideau (de larmes) tombé. D'une noirceur et cruauté inouïes, Olivier Marchal accomplit avec ce polar aussi bien poisseux que sinistrosé la pièce maîtresse de sa florissante carrière, à l'instar de ses aînés les plus notables (Corneau, Chabrol, Tavernier et consorts). De par la densité de son scénario binaire impeccablement charpenté (course contre la montre à déjouer 2 serial-killers en même temps de nous livrer une étude de caractères désabusés), de l'attention de sa mise en scène posée et d'un jeu d'acteurs putassiers (Philippe Nahon, proprement terrifiant de cynisme en monstre irrécupérable !) ou virils que Daniel Auteuil domine avec une vérité viscérale mise à nu face écran.


Strié par la tristesse du deuil et l'épuisement de l'existence, enlaidi, vieilli et lambiné par l'alcool, Auteuil balade sa dégaine tel un fantôme errant lors d'une quête désespérée de rédemption et d'exutoire au sein d'un monde anxiogène gangrené par l'injustice, la corruption (ici policière) et le Mal à visage humain. D'une intensité dramatique suffocante au travers de visions morbides (la résultante des crimes les plus sordides nous rappelle Seven ou Le Silence des Agneaux), de péripéties et règlements de compte abrupts, MR73 provoque un désarroi moral difficilement gérable face à l'introspection d'un homme accablé par le deuil et seul contre tous à tenter de dévoiler la merde auprès de sa hiérarchie. Sous couvert du poids inextinguible de la culpabilité, du remord et de l'amertume que notre anti-héros traverse sans illusion, Marchal en profite pour nous envoyer en pleine face son cri d'indignation face à une société laxiste où les plus nantis parviennent toujours à taire leurs agissements les plus préjudiciables. Notamment faute d'un instinct pervers indécrottable chez les sujets les plus dérangés. Abordant enfin le thème de la vengeance en dernière ligne droite, MR73 fait ensuite appel au suicide le plus immoral par le truchement d'un ange exterminateur fourbu par le préjudice et la partialité.


Le "Martyrs" du polar français. 
Tragédie sépulcrale d'une noirceur et d'un pessimisme constants de par son regard plein d'acrimonie sur une société aussi fourbe que nécrosée, MR73 triture nos émotions avec une acuité dramatique cafardeuse. Hanté par la présence tricéphale d'Auteuil en coupable / victime / bourreau, ce polar vicié habité par sa déchéance morale est notamment l'occasion pour Marchal de nous livrer une bouleversante oraison auprès des martyrs innocents, puis de nous achever avec la genèse d'un nourrisson clamant sa souffrance dès 1er souffle. Du grand cinéma à la fois dur et crépusculaire, sensible et élégiaque, aussi nihiliste soit son propos rageur (pas de rédemption possible pour les monstres et les vindicateurs), à ne pas mettre pour autant entre toutes les mains. 

Dédicace à Mathias Chaput

* Bruno

La chronique de Mathias Chaput:
Il est des œuvres qui réconcilient avec le cinéma…
« MR 73 » fait partie de ces rares films français qui vous assène un coup de poing en plein visage, un uppercut en plein cœur, Olivier Marchal a réussi à nous projeter dans un univers foisonnant et crépusculaire où gravitent des personnages désespérés et habités par le malheur, mais il transgresse ces situations et ces sentiments par une intrigue policière tout à fait pénétrante et d’une noirceur totale…
Marchal flirte avec les cimes du polar de haut niveau et atteint la perfection dans de nombreuses séquences dont la plus marquante, la finale, il éclabousse les normes, s’approprie son style de façon abrupte par des symbolisations, des métaphores uniques qui vont extrêmement loin dans l’hyper sensibilité (la religion est éclaboussée par le sang, la mort passe par la vie, par la naissance… on suppose même une réincarnation, c’est dire si le transfert et le parallèle sont osés !)…
Au niveau de la direction d’acteurs, Daniel Auteuil prouve une nouvelle fois son authenticité, Philippe Nahon fait encore plus peur que dans « Seul contre tous » et Olivia Bonamy est cinglante de fragilité, enveloppant  un rôle frêle et vulnérable, elle donne la vie comme pour se sauver elle-même…
Les contrastes avec les polars traditionnels sont saisissants, que ce soit la pluie, la nuit, l’atmosphère qui règne dans « MR 73 » tout se démarque de ce que l’on avait pu voir auparavant, Olivier Marchal s’imprègne d’une histoire assez basique pour la renouveler et la transcender à sa façon, de la lumière aux ténèbres, il n’y a qu’un pas…
Froid, glaçant même, « MR 73 » est un polar qui ne ressemble à aucun autre, il pulvérise les codes et amène le spectateur sur une réflexion sur la justice et la vie de ces policiers, loin des clichés que l’on a pu voir et entendre, il donne une dimension mystique à cette profession et le réalisme totalement assumé par Marchal ne peut qu’appuyer et entériner son propos…
Très dur, « MR 73 » fait sortir de l’ombre les pires affres que peuvent vivre des humains et dépassent ces derniers par un espoir, un faible espoir d’arriver à la plénitude et au repos de l’âme…
Fantastiquement mis en scène, « MR 73 » est une œuvre qui laisse des séquelles et qui grave instantanément l’histoire du cinéma français au sommet…

Note : 10/10

jeudi 8 mars 2018

MORTELLES CONFESSIONS

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site lastroadreviews.wordpress.com

"The ConfessionalHouse of Mortal Sin" de Pete Walker. 1976. Angleterre. 1h44. Avec Anthony Sharp, Susan Penhaligon, Stephanie Beacham, Norman Eshley, Sheila Keith.

Sortie salles Angleterre: Février 1976. Inédit en salles en France

FILMOGRAPHIE: Pete Walker est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né en 1939 à Brighton. 1968: l'Ecole du sexe, For men only, 1970: Cool, c'est Carol, 1971: Man of violence, Die Screaming, Marianne, 1972: Quatre dimensions de Greta, le Théâtre de l'angoisse, 1973: Tiffany Jones, 1974: Flagellations, Frightmare, 1976: Mortelles Confessions, Schizo, 1978: Hallucinations, 1979: Home Before Midnight, 1983: House of the long shadows.


Heureuse surprise de la part d'Artus de nous avoir exhumé de l'oubli ce petit classique british réalisé par le franc-tireur Pete Walker, tant et si bien que Mortelles Confessions resta inédit en salles dans nos contrées ! Plutôt couillu de nous dépeindre la dérive licencieuse d'un prêtre rigoriste, Mortelles Confessions baigne dans un climat malsain relativement glacé sous l'impulsion d'un duo d'amants au passé aussi bien trouble que secret. Tout du moins avant que le final jusqu'au-boutiste ne nous dévoile leurs tenants et aboutissants lors d'un bain de sang qui risquera à coup sûr d'en déconcerter plus d'un. Car exit le happy-end de rigueur, Pete Walker privilégiant une conclusion aussi bien équivoque qu'inéquitable quant au sort précaire de l'héroïne mais aussi du serial-killer infiniment perfide. Le pitch simpliste s'oriente vers les épreuves amoureuses que se partagent une jeune femme avec ses deux amants. Après avoir rencontré une vieille connaissance de lycée devenue aujourd'hui homme d'église elle décide de le retrouver dans son havre chrétien. C'est à ce moment fortuit qu'elle aborde le père Meldrum, puritain draconien subitement épris de sentiments pour elle. 


Prenant son temps à planter son intrigue et ses personnages évoluant autour de la morale conservatrice du père Meldrum, Pete Walker distille un suspense sous-jacent au fil de sa trajectoire criminelle toujours plus cruelle et violente, quand bien même l'héroïne démunie s'efforce vainement d'avertir son entourage amical. La faute incombant à la parole évangélique de cet homme d'église considéré comme intouchable car respecté de tous. A partir de l'instant ou Vanessa sombre dans une appréhension désespérée, une tension progressive est scrupuleusement instaurée, quand bien même dans une des chambres du presbytère du tueur, sa mère alitée semble soumise à une majordome borgne aux penchants pervers. Pete Walker accordant notamment pas mal d'intérêt à brosser les comportements à la fois castrateurs et interlopes de ce trio maudit, pour ne pas dire machiavélique, et ce avant de nous dévoiler pour quel véritable mobile le prêtre sombra dans la folie. Au-delà de l'efficacité du récit fertile en péripéties, subterfuges et exactions sanglantes (même si les maquillages ne se limitent qu'à grimer les victimes de ketchup); Mortelles Confessions est également rehaussé de la présence démoniaque d'Anthony Sharp franchement haïssable dans la peau du prêtre véreux, quand bien même Sheila Keith (Flagellation, Frightmare) lui dispute la vedette avec un charisme patibulaire aussi fourbe et insidieux. On peut également souligner l'attachante interprétation de Susan Penhaligon en tant que victime fragile et éplorée.


Psycho-killer glauque modestement réalisé et correctement interprété en dépit de la compétence perfectible de son auteur, Mortelles Confessions constitue un excellent suspense fétide autour du thème du puritanisme si bien que la religion rigoriste est pointée du doigt dans son refus de se plier à la tolérance de l'amour du point de vue du prêtre condamné à la chasteté. A découvrir fissa chez l'étendard Artus Films dans une version HD irréprochable ! 

* Bruno

CARBONE

                                                 Photo emprunté sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Olivier Marchal. 2017. 1h45. France. Avec Benoît Magimel, Laura Smet, Idir Chender, Gringe,
Michaël Youn, Gérard Depardieu, Dani.

Sortie salles France: 1er Novembre 2017.

FILMOGRAPHIEOlivier Marchal est un acteur et réalisateur français, né le 14 novembre 1958 à Talence. 2002 : Gangsters. 2004 : 36 quai des Orfèvres. 2008 : MR 73. 2011 : Les Lyonnais. 2017 : Carbone.


                                  Qui veut atteindre les sommets doit s'attendre aux abîmes.
Humilié par son beau-père cossu et rejeté par sa propre épouse, l'entrepreneur Antoine Roca finit par sombrer dans l'illégalité puis la criminalité en complotant une fraude à la TVA sur les quotas de carbone dans l'Union européenne (argument inspiré d'un fait divers survenu en 2008-2009). Au fil de son ascension et faute d'avoir négocié avec 2 médiocres comparses et une pègre opiniâtre, il se retrouve emmêlé dans des rackets et règlements de compte irréversibles.


Polar dramatique assez prévisible durant son 1er acte, de par ses emprunts à Scarface (toute l'intrigue s'érige autour de l'ascension et le déclin d'un entrepreneur infortuné, fils d'ouvrier) mais rehaussé d'une seconde partie plus intense et surprenante (à l'instar de son épilogue escarpé d'une intensité dramatique poignante - clien d'oeil tacite à "L'Impasse"-, de l'affrontement Depardieu/Magimel et de la déchéance criminelle émanant de leur orgueil), Carbone vaut surtout pour le brio indiscutable de sa mise en scène et d'un jeu d'acteurs infaillibles emportant tout sur leur passage. Marchal vouant un amour indéfectible au polar à l'ancienne sous l'impulsion de gueules striées et de références en l'occurrence ricaines. Car outre les solides présences de Michael Youn, étonnamment dépouillé en comptable véreux, de Depardieu en patriarche condescendant, de Moussa Maaskri en mafieux perfide, de Dani en matrone matoise et de Laura Smet, en faire-valoir sentimentale; le trop rare Benoit Magimel explose l'écran dans celui de l'entrepreneur arriviste préalablement dépité par l'échec professionnel et conjugal, et aujourd'hui contrarié par sa perte des valeurs morales.


Impeccablement rythmé, formellement stylisé et traversé de 2/3 éclairs de violence arides à mi-parcours, Carbone parvient in extremis à captiver sous le pilier (dégingandé) d'une intrigue sans surprise n'évitant pas les clichés, quand bien même la caractérisation humaine des personnages (les plus fragiles) aurait gagné à être mieux développée lors de leur trajectoire illégale où perce euphorie et tensions, remord et culpabilité. Quoiqu'il en soit, on passe malgré tout un très bon moment si bien que Marchal, scrupuleux et maestro en la matière,  prouve à nouveau qu'il reste l'un des + notables dans le paysage du polar français, accompagné d'un Magimel au firmament de sa carrière.  

* Bruno

mercredi 7 mars 2018

COCO. Oscar du Meilleur film d'Animation, 2018.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site disney.wikia.com

de Lee Unkrich et Adrian Molina. 2017. U.S.A. 1h45. Avec les voix originales de Anthony Gonzalez, Gael García Bernal, Benjamin Bratt, Antonio Sol, Alanna Ubach, Renée Victor.

Sortie salles France: 29 Novembre 2017. U.S: 22 Novembre 2017

FILMOGRAPHIELee Unkrich est un réalisateur et monteur américain né le 8 août 1967 à Cleveland, Ohio. 1992 : Le Rebelle (Renegade) (TV). 1994 : Betrayed by Love (TV). 1995 : Toy Story. 1998 : 1001 pattes. 1999 : Toy Story 2. 2001 : Monstres et Cie. 2003: Le Monde de Nemo. 2006 : Cars. 2010 : Toy Story 3. 2017 : Coco.
Adrian Molina est un scénariste américain né le 23 août 1985 à Yuba City. 2017: Coco.


Un superbe hommmage aux défunts et à la famille chez les "tortillas", même si j'escomptais le chef-d'oeuvre de la part de Pixar.
Prévoir les mouchoirs pour le final d'une sensibilité à fleur de peau.
3D au top.

* Bruno

Récompenses: Producers Guild of America Awards 2017: meilleur producteur d'un film d'animation pour Darla K. Anderson
Golden Globes 2018: meilleur film d'animation
British Academy Film Awards 2018 : meilleur film d'animation
Oscars 2018: meilleur film d'animation
Oscars 2018: meilleur chanson originale pour Remember Me de Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez