Photo empruntée sur Google, appartenant au site thecanniballecteur.wordpress.com
de Jess Franco. 1976. Suisse/Allemagne de l'Ouest. 1h32. Avec Klaus Kinski, Josephine Chaplin, Andreas Mannkopff, Herbert Fux, Lina Romay, Nikola Weisse, Ursula von Wiese, Hans Gaugler, Francine Custer, Olga Gebhard...
Sortie Salles France: 31 Janvier 1979. US: 12 Octobre 1979.
FILMOGRAPHIE: Jesús Franco Manera (né le 12 mai 1930 à Madrid) dit Jess Franco est un cinéaste espagnol. Son premier long métrage est achevé en 1959 premier d'une longue série de plus de 200 films. 1962: l'Horrible Dr Orlof, 1966: le Diabolique Dr Zimmer, 1970: Les Nuits de Dracula, Eugénie de Sade, 1971: Vampyros Lesbos, 1973: La Comtesse Noire, Christina, princesse de l'érotisme, 1976: Jack l'Eventreur, 1980: Mondo Cannibale, 1981: Sadomania, l'Abime des Morts-vivants, 1988: Les Prédateurs de la Nuit, 1996: Killer Barbys.
"La cape noire et le lac de sang".
Énième adaptation libre du célèbre éventreur de Whitechapel sous la houlette de l’inénarrable Jess Franco, Jack l’Éventreur s’avère, à mon sens, l’une de ses plus brillantes réussites — du moins l’une des plus ludiques et accessibles. Son ambiance immersive, à la fois inquiétante et fangeuse, distille un malaise trouble : un gore tantôt crapoteux (quelques visions complaisantes dignes d’un « d’Amato ketchup » qui maculent la rétine) et un portrait intimiste du serial killer que Klaus Kinski endosse ici avec un flegme timidement patibulaire. L’acteur promène sa sinistre cape noire, nonchalamment, presque banalement.
Déplaçant l’action dans un village de Zurich (le film est une production germano-suisse), Franco transcende la forme par un éventail de décors saillants : le cabaret d’un rouge rutilant, les ruelles brumeuses, le bois engourdi de vapeurs, le petit lac engorgé de cadavres, ou encore l’antre domestique de l’Éventreur, hanté par sa domestique complice. Et ce, malgré une scénographie somme toute étriquée.

Fascinant et entêtant, bercé d’un climat de sensualité inévitablement morbide et putassière (jusqu’à une séquence quasi nécrophile, d’une crudité à fleur de chair), Jack l’Éventreur attise notre curiosité en auscultant la psychose d’un misogyne cerné par ses hallucinations d’une chair profane — stigmates d’une enfance martyrisée par une mère abusive et catin. Plus proche d’un Maniac de Lustig (version « Z » — Franco oblige !) que du traditionnel tueur en haut-de-forme, le film déroule une structure narrative sans surprise, mais subtilement nourrie du quotidien du docteur : ses soins aux plus démunis (jusqu’à leur avancer quelques pièces), ses étreintes impossibles et inavouées avec la propriétaire du logis, et ses nuits sanglantes où il éventre, sans ciller, les prostituées les plus distraites.
Et si son final, convenu, aurait gagné à mordre plus violemment, il parvient malgré tout à relancer l’intérêt : la chute du monstre s’achève, haletante et brusque. On savoure aussi quelques seconds rôles attachants, complices ou voyeurs : l’aveugle lucide, le pêcheur cupide, la domestique à l’instinct pervers tapi, l’inspecteur sur le qui-vive que André Mannkopff campe avec — trop ? — de sobriété, tous injectant un soupçon de dérision macabre à la fresque.
"Franco éventre Jack, Kinski murmure le couteau".
En dépit d’un canevas trivial, Jack l’Éventreur reste une heureuse surprise dans la filmographie pléthorique de Franco : une vision personnelle du mythe londonien, à la fois réaliste, étrange, envoûtante, soignée — portée par un Klaus Kinski ombrageux, taiseux, timoré presque.
P.S: « Pour la petite histoire, c’est à Trèves, pendant mon service militaire en Allemagne, que j’ai eu le choc de le découvrir sur grand écran. »
* Bruno
27/02/11 - 22/03/18 - 16.06.25. 5èx
Merci
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