jeudi 22 mars 2018

JACK L'EVENTREUR

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thecanniballecteur.wordpress.com

"Jack the Ripper" de Jess Franco. 1976. Suisse/Allemagne de l'Ouest. 1h32. Avec Klaus Kinski, Josephine Chaplin, Andreas Mannkopff, Herbert Fux, Lina Romay, Nikola Weisse, Ursula von Wiese, Hans Gaugler, Francine Custer, Olga Gebhard...

Sortie Salles France: 31 Janvier 1979. US: 12 Octobre 1979.

FILMOGRAPHIE: Jesús Franco Manera (né le 12 mai 1930 à Madrid) dit Jess Franco est un cinéaste espagnol. Son premier long métrage est achevé en 1959 premier d'une longue série de plus de 200 films. 1962: l'Horrible Dr Orlof, 1966: le Diabolique Dr Zimmer, 1970: Les Nuits de Dracula, Eugénie de Sade, 1971: Vampyros Lesbos, 1973: La Comtesse Noire, Christina, princesse de l'érotisme, 1976: Jack l'Eventreur, 1980: Mondo Cannibale, 1981: Sadomania, l'Abime des Morts-vivants, 1988: Les Prédateurs de la Nuit, 1996: Killer Barbys


Enième adaptation libre du célèbre éventreur de Whitechapel sous la direction de l'inénarrable Jess Franco, Jack l'Eventreur s'avère à mon sens l'une de ses plus brillantes réussites. Du moins l'une des plus ludiques et accessibles, de par son ambiance immersive à la fois inquiétante et malsaine, son gore tantôt crapoteux (quelques images complaisantes dignes d'un "d'Amato ketchup" marquent les esprits) et du portrait intimiste imputé aux serial-killer que Klaus Kinski endosse ici avec un flegme patibulaire. L'acteur promenant sa sinistre cape noire de manière aussi bien nonchalante qu'insidieuse. Déplaçant l'action au sein d'un village de Zurich (le film est une production Germano-Suisse), Jess Franco transfigure la forme parmi l'éventail de décors saillants (le cabaret d'un rouge rutilant, les ruelles brumeuses, le bois envapé, le petit lac jonché de cadavres ou encore le repère domestique de l'éventreur notamment fréquenté par sa domestique complice), et ce en dépit d'une scénographie assez limitée.


Fascinant et envoûtant au gré d'un climat de sensualité inévitablement morbide (comme le souligne vulgairement une séquence limite nécrophile et assez viscérale si bien qu'elle risque de provoquer un "haut le coeur" chez les plus sensibles); Jack l'Eventreur titille notre curiosité malsaine à travers la psychose d'un misogyne en proie aux hallucinations d'une charnalité impure. La faute incombant à son enfance martyre causée par une mère abusive et catin. Plus proche d'un Maniac de Lustig (en mode "Z", Franco oblige !) que du traditionnel éventreur en bonne et due forme, Jack l'Eventreur s'avère également avisé dans sa structure narrative pour autant dénuée de surprises. Le réalisateur s'efforçant surtout à nous décrire les faits et gestes quotidiens du docteur partagé entre ses occupations professionnelles (il vient en aide aux plus démunis au point de leur avancer certains frais), intimes (sa relation amiteuse aussi bien complexe qu'impossible avec la propriétaire de son foyer) et criminelles (il trucide sans vergogne les prostituées les plus distraites). Et si son final éculé aurait gagné à être autrement plus intense et inventif, il parvient malgré tout à éveiller l'intérêt, la descente aux enfers du tueur s'achevant de manière néanmoins haletante et précipitée. On s'amuse également de quelques seconds-rôles attachants dans leur posture complice ou observatrice (l'aveugle prévoyant, le pêcheur cupide, la domestique inconséquente nantie d'instinct pervers tacite) parvenant à donner chair à leur personnage avec un soupçon de dérision.


En dépit d'un schéma narratif trivial et du jeu peu persuasif d'Andre Mannkopff incarnant l'inspecteur Selby sans trop d'inspiration (on s'amuse néanmoins de son affable présence), Jack l'Eventreur demeure une heureuse surprise au sein de la carrière pléthorique de Jess Franco. Une vision personnelle du tueur londonien à la fois réaliste, étrange et soignée (sa reconstitution historique est en prime immersive à souhait) sous l'impulsion d'un Klaus Kinski autrement ombrageux et taiseux. 

* Bruno
27/02/11 - 22/03/18. 4èx

1 commentaire: