lundi 10 décembre 2018

The Guilty. Prix du Public, Sundance 2018.

                                                              Photo empruntée sur Facebook, merci Thierry

de Gustav Möller. 2018. Danemark. 1h25. Avec Jakob Cedergren, Jessica Dinnage, Johan Olsen (da), Katinka Evers-Jahnsen, Omar Shargawi (da), Jeanette Lindbæk

Sortie salles France: 18 Juillet 2018. Danemark: 14 Juin 2018

FILMOGRAPHIEGustav Möller est un réalisateur danois né en 1988 à Göteborg, en Suède. 2018: The Guilty.


Drame psychologique ardu transplanté dans le cadre du thriller intimiste (un concept binaire d'autant plus pervers dans les échanges de rôles !), The Guilty ne laisse rien présager du tsunami émotionnel qu'il nous prodigue au fil de son cheminement à suspense ! En attente de jugement au tribunal, un flic est enrôlé opérateur d'urgence. Après plusieurs entretiens éclectiques, il témoigne de l'appel au secours d'une femme kidnappée par un homme dans une camionnette blanche. Au fil de leurs échanges téléphoniques, il va tenter par tous les moyens de la sauver en localisant chaque appel avec l'intervention de la police. Uppercut émotionnel aussi âpre qu'inopinément rigoureux, The Guilty est de prime abord un modèle de suggestion dans le cadre exigu d'un centre de régulation d'appels d'urgence. Le réalisateur ne quittant jamais de vue le héros de l'écran littéralement obsédé à l'idée de résoudre une affaire de kidnapping, si bien que toutes les scènes décrites, exclusivement dictées par les dialogues, font appel à l'imagination du spectateur embarqué dans une sombre histoire de kidnapping. Ainsi, au fil de ses conversations haletantes avec la victime, avec ses collaborateurs et son fidèle adjoint, nous nous prenons autant d'empathie que d'appréhension pour le sort précaire de cette dernière d'une fragilité plutôt névralgique.


Il faut d'ailleurs souligner la précision de la bande-son et la diction très expressive de chaque intervenant (tant en VF qu'en VO !) lors des nombreux échanges téléphoniques que le spectateur écoute aussi scrupuleusement que le héros psychologiquement malmené si je me réfère à ses nombreuses erreurs de jugement qu'il n'anticipa. Car à travers ce récit tendu à l'issue tout à fait incertaine, le réalisateur soulève intelligemment en parallèle une sous-intrigue criminelle à travers le profil équivoque de cet opérateur hanté de culpabilité Spoil ! à la suite d'une bavure policière Fin du Spoil. Et donc, en guise de rédemption, il tentera par tous les moyens de se racheter une conduite en daignant sauver la vie de la victime. C'est donc à mi-parcours, et alors que le héros et la victime commencent à éveiller des sentiments l'un pour l'autre, que l'intrigue adopte une nouvelle ligne de conduite autrement vertigineuse, pour ne pas dire traumatisante à travers un rebondissement d'une cruauté inextinguible. C'est donc à partir de ce point de rupture que The Guilty déploie toute sa puissance dramatique à travers le portrait de deux victimes rongées par leur démon interne, en voie de prise de conscience mais isolées d'une main secourable.


D'une intensité dramatique tempétueuse en second acte brut de décoffrage, The Guilty joue autant avec les nerfs que les sentiments du spectateur pris à parti avec le redoutable faux semblant. Remarquablement incarné par un unique acteur d'une sobriété d'expression bouleversante, The Guilty nous anéantit d'émotions sentencieuses eu égard de la tournure radicale des confrontations scrupuleusement radiographiées avec un art consommé de l'acuité psychologique. Il en demeure aussi inconsolable que traumatisant. 

* Bruno

Récompenses:
Festival du film de Sundance 2018 : Prix du public de la section World Cinema Dramatic.
Festival international du film de Rotterdam 2018 : Prix du public et prix du jury jeunes.
Festival international du film policier de Beaune 2018 : Prix de la critique.
Festival international du film de Transylvanie 2018 : Prix du public.
Festival international du film de Seattle 2018 : Prix du meilleur réalisateur.
Festival international du film de Thessalonique 2018 : Prix d'interprétation masculine pour Jakob Cedergren.
Festival du film de Turin 2018 : Prix du meilleur acteur pour Jakob Cedergren, prix du meilleur scénario et prix du public

vendredi 7 décembre 2018

Bambi

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site samuelowengallery.com

Walt Disney Pictures Presents: Bambi de David D. Hand. 1942. U.S.A. 1h08.

Sortie Salles France: 15 Juillet 1947. U.SA: 13 Août 1942. Belgique: 18 Décembre 1947

FILMOGRAPHIE SELECTIVEDavid D. Hand est un animateur, réalisateur et producteur américain, né le 23 Janvier 1900 à Plainfield, New Jersey (Etats-Unis), décédé le 11 Octobre 1986 à San Luis Obispo (Etats-Unis). 1936: Les Trois petits loups. 1937: Mickey Magicien. 1937: Blanche Neige et les 7 Nains. 1942: Bambi. 1980: Mickey Mouse Disco.


Considéré comme l'un des films les plus bouleversants de Walt Disney au point d'avoir traumatisé toute une génération infantile, Bambi transfigure le conte initiatique sur l'apprentissage et la subsistance existentielle du point de vue d'un équidé primitif. Adapté du roman, Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois, par l'autrichien Felix Salten, cet éloge à l'écologie et la faune nous illustre l'avènement d'un petit faon élevé parmi l'entourage de sa mère et ses amis de la forêt. Dès sa naissance, le jeune Bambi découvre la splendeur de son environnement bucolique ainsi que les joies de l'amitié parmi la complicité du grincheux Monsieur Hibou, Panpan, le lapin taquin, et Fleur, le putois pimpant. Au fil de ses tribulations avec ses fidèles compagnons, le petit cerf craintif va également rencontrer les premiers émois du béguin parmi la grâce taquine de l'élan Féline. Au sein de cette faste nature où chaque saison illumine sa flore environnante, il va aussi apprendre que l'existence n'est pas un jardin d'Eden auprès de ces dangers impromptus avec certaines rencontres hostiles. A l'image de cette terrible tragédie qui marquera à jamais son destin avec la perte soudaine de sa mère, lâchement assassinée par l'homme. Pris sous l'aile paternelle du prince de la forêt, Bambi finit par grandir à travers les règles élémentaires de la bienséance tout en affrontant avec bravoure les déconvenues hostiles d'une vie trépidante.


Chef-d'oeuvre des studios Disney à l'aura d'enchantement inégalable, Bambi demeure un hymne universel à l'enseignement parental, à la noblesse de l'amitié et de l'amour mais aussi au courage d'y transcender son abattement. Avec la bonhomie irrésistible de personnages fantasques étonnamment expansifs et la tendresse du faon en pleine gestation, cette oeuvre lyrique nous déploie un florilège de situations aussi pittoresques qu'attendrissantes. Tant auprès de la caractérisation disparate de chacun des mammifères au tempérament désinvolte ou badin, du soin esthétique de sa végétation forestière ou de la relation maternelle qu'amorce la génitrice de Bambi. Jalonné de péripéties alarmantes (le combat homérique de Bambi contre un cerf, la fuite des animaux pour s'éloigner de la forêt incendiée), Bambi nous évoque notamment la perte de l'innocence à travers l'épreuve tragique qu'un jeune faon endurera pour surmonter le deuil de sa mère. A travers ce drame fortuit cruellement gratuit (qui aura perturbé l'inconscient d'une génération de bambins !), le film n'hésite pas non plus à mettre en exergue l'orgueil putassier de l'homme assoiffé de pouvoir. En l'occurrence, celui du braconnier attisé par le plaisir de traquer des animaux dans le but de les abattre et de s'en nourrir. Ainsi, à travers leurs exactions du loisir criminel résulte aussi une négligence dissipée faute d'un brasier déclaré au coeur de la forêt.


Cantique à la protection animalière et éloge à l'évolution de l'existence, Bambi continue d'émerveiller en toute simplicité, et ce parmi la candeur de personnages fougueux délibérés à vivre sereinement en dépit de l'hostilité de l'homme. Une leçon d'humanisme à méditer auprès des initiés de la chasse derrière une symphonie de la tendresse dédiée à la noblesse de l'innocence.  

* Bruno
09.01.13 (59 v)

jeudi 6 décembre 2018

Dracula et les Femmes Vampires

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de Dan Curtis. 1973. Angleterre. 1h38. Avec Jack Palance, Simon Ward, Nigel Davenport, Pamela Brown, Fiona Lewis, Penelope Horner, Murray Brown.

Diffusion France TV: 12 Mai 1976. U.S: 8 Février 1974.

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie). 1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


Réalisé par Dan Curtis, un des maîtres du Fantastique jamais reconnu à mes yeux (on lui doit tout de même le chef-d'oeuvre Trauma et bien d'autres pépites parmi lesquelles The Night Strangler, La Fiancée du Vampire, la Poupée de la Terreur et la Malédiction de la Veuve noire); Dracula demeure une sympathique adaptation télévisuelle du roman éponyme de Stoker. Car sans révolutionner le mythe séculaire, Dan Curtis possède suffisamment de savoir-faire et d'affection pour le genre afin de rendre assez ludique ce Dracula natif de 1973. Emaillé de séquences atmosphériques franchement immersives, tant auprès de la scénographie gothique des décors domestiques (avec un goût prononcé pour la nuance vermeille), de ses cryptes décaties que de sa nature crépusculaire tantôt onirique (notamment à travers la silhouette spectrale du vampire aussi mutique que diaphane), Dracula parvient efficacement à se renouveler sous l'impulsion d'un Jack Palance étonnamment inquiétant. Patibulaire à travers sa mâchoire carrée et ses petits yeux viciés, ce dernier magnétise l'écran avec (une sobre) conviction si bien que le spectateur reste régulièrement fasciné par ses factions sournoises. Quant aux seconds-rôles assez investis dans leur posture héroïque (la fraternité d'Arthur et de Van Helsing) ou démunie (les victimes féminines en proie à l'hypnose puis à la contamination) on parvient à s'y identifier grâce à leur jeu modéré dénué d'emphase. Et pour parachever dans l'horreur la plus ensorcelante, on apprécie également les quelques apparitions pernicieuses des femmes vampires disséminées à travers l'intrigue pour s'y insurger.


Produit pour la TV dans une facture formellement sépia, ce Dracula 73 parvient donc à s'extirper du carcan télévisuel grâce aux talents communs de Dan Curtis et de Jack Palance assez complices pour plonger le spectateur dans un révérencieux cauchemar gothique honorablement convaincant. 

* Bruno
15.03.13. 47 v
06.12.18. 2èx

mardi 4 décembre 2018

Escalofrio

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site morbius.unblog.fr

"Satan's Blood" de Carlos Puerto et Juan Piquer Simon (non crédité). 1978. Espagne. 1h19. Avec Ángel Aranda, Sandra Alberti, Mariana Karr, José María Guillén, Manuel Pereiro

Sortie salle Espagne: 14 Août 1978

FILMOGRAPHIE: Carlos Puerto est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol. 1982: La vida, el amor y la muerte. 1981 La capilla ardiente. 1980 En mil pedazos. 1978 Escalofrío. 1978 El francotirador.


Curiosité hispanique surfant sur le filon de la démonologie réactualisée par Rosemary's Baby et l'Exorciste, Escalofrio demeure un sympathique produit d'exploitation en dépit de son casting inexpressif et d'une intrigue somme toute triviale. Sollicité par un couple d'inconnus, deux jeunes amants sont hébergés dans leur étrange demeure afin d'assister à une séance de messe noire. En perte de repère car plongés dans un cauchemar incontrôlable, ils s'efforcent pour autant de s'y extirper avant le déchaînement des forces du Mal. Série Z méconnue et oubliée, Escalofrio a bien du mal à crédibiliser son intrigue capillotractée sous l'impulsion d'acteurs superficiels aux comportements souvent incohérents. Principalement au niveau de la posture interrogative du duo héroïque peinant à insuffler une quelconque densité psychologique dans leur désarroi de témoigner d'éléments inexpliqués. On peut d'ailleurs sourire du peu d'empathie éprouvée pour leur berger allemand mystérieusement disparu dans le jardin et de leur approbation non sensique à opiner une séance de messe noire sans se livrer à la réflexion passée l'expérience lubrique. 


Carlos Puerto incluant durant sa première demi-heure des séquences de nudité et sexuelles assez élégamment filmées même si on aurait préférait se divertir auprès de ressorts horrifiques que ce dernier préconise prioritairement lors de ses 10 dernières minutes aussi cauchemardesques qu'incommodantes. On peut d'ailleurs relever en intermittence quelques situations bougrement dérangeantes que le spectateur reluque avec une intense crainte (limite viscérale), notamment lorsque la propriétaire de l'étrange bâtisse s'incline sur un produit alimentaire à l'instar d'un animal primitif. Et donc en dépit de ces défauts majeurs susnommés appuyés d'un charme bisseux, Carlos Puerto parvient à sauver son essai horrifique de la médiocrité grâce à ces décors domestiques tantôt baroques, à la sensualité de certaines images superbement éclairées et surtout grâce à son ambiance lugubre assez palpable rappelant par moments les effluves malsaines de Joe d'Amato  (on peut songer à Blue Holocaust) et de Fulci (pour la Maison près du Cimetière à moindre échelle).


Si on sait faire preuve d'indulgence, Escalofrio peut trouver son public auprès du cinéphage fureteur avide de curiosité introuvable, à condition de l'apprivoiser au second degré eu égard de sa distribution particulièrement fade et mal dirigée. En tout état de cause, certaines rares séquences horrifiques méritent réellement le coup d'oeil (notamment parmi l'intrusion d'une poupée de porcelaine) à travers un climat fétide sensiblement perméable. 

* Bruno

lundi 3 décembre 2018

Lukas

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Julien Leclercq. 2018. France/Belgique. 1h30. Avec Jean-Claude Van Damme, Sveva Alviti, Sami Bouajila, Kaaris, Kevin Janssens.

Sortie salles France: 2 Août 2018

FILMOGRAPHIEJulien Leclercq est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 7 août 1979 à Somain. 2007: Chrysalis. 2011 : L'Assaut. 2013 : Gibraltar. 2016 : Braqueurs. 2018 : Lukas. projet : Prost.


Après l'Assaut, Gibraltar et l'excellent Braqueurs, Julien Leclercq confirme avec Lukas tout le bien que l'on pensait de lui, de par sa maîtrise de la mise en scène et la direction de son casting endossant sans effets de manche des personnages de chair et d'os. Si l'intrigue simpliste n'accorde aucune originalité (après avoir incidemment commis un crime, un ancien videur est contraint de collaborer avec la police pour y infiltrer une organisation criminelle), Julien Leclercq parvient efficacement à la structurer grâce à la précision de sa réalisation (tantôt subjective lorsqu'il filme souvent de dos la masse musculaire de Lukas) et grâce à quelques rebondissements renforçant le réalisme âpre du cheminement mortifié de Lukas. Car à travers le schéma d'un polar noir où plane la désillusion et le pessimisme, il nous établit un superbe portrait paternel écorché par la déveine mais pour autant délibéré à survivre afin de subvenir aux besoins de sa fille.


Ainsi donc, avec sa gueule striée de chien battu, Jean-Claude Vandamme soulève le film du poids de ses épaules avec une dimension humaine empathique (on y ressent une discrète douceur dans son fort intérieur), pour ne pas dire poignante, Spoil ! voire carrément bouleversante, eu égard de la tournure radicale du dénouement fin du Spoil. Sa présence à la fois taiseuse et ténébreuse électrisant l'écran à chacun de ses déplacements dépouillés. A contre-emploi des films d'actions bourrins auquel il y laissa souvent une sympathique empreinte, Lukas joue la carte de la sobriété et de la maturité à travers la solitude de ce sexagénaire buriné par ses cicatrices morales. Et donc, si le film parvient autant à captiver sans s'y démancher, il le doit au réalisme des confrontations (physiques et morales) éludant toute surenchère si bien que les rares scènes d'action dépendent des réactions hostiles des personnages évoluant à travers un insidieux compromis. Outre le brio de sa mise en scène immersive et son esthétisme assez léché où chaque décor est soigneusement exploité, Lukas est chamarré d'une bande-son pulsatile présageant une destinée aussi bien tempétueuse que mortuaire.


Noir, anxiogène, voir dépressif à travers sa scrupuleuse étude de caractères peu recommandables, Lukas se taille une solide carrure de polar sans concessions sans pour autant céder à une vaine violence qu'on a trop l'habitude de reluquer. D'un romantisme assez désespéré et limite envoûtant de par son climat crépusculaire, il est surtout transcendé du jeu magnétique de Jean-Claude Vandamme provoquant dans la plupart de ses apparitions une intensité funèbre. Tout bien considéré, l'une de ses meilleures réussites et son plus beau rôle Spoil ! si bien que pour les plus sensibles le mouchoir est de rigueur fin du Spoil

* Bruno

dimanche 2 décembre 2018

The Predator

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Shane Black. 2018. U.S.A. 1h47. Avec Boyd Holbrook, Olivia Munn, Trevante Rhodes, Sterling K., Brown, Thomas Jane, Jacob Tremblay.

Sortie salles France: 17 Octobre 2018

FILMOGRAPHIE: Shane Black, né le 16 décembre 1961 à Pittsburgh, en Pennsylvanie, est un scénariste et réalisateur américain. 2005 : Kiss Kiss Bang Bang. 2013 : Iron Man 3. 2016 : The Nice Guys. 2018 : The Predator.


Avis furtif (par manque de temps):

Je m'attendais à une nullité (tout le monde ou presque lui ayant fait grise mine !), j'ai été étonnamment surpris !
Réellement fun, décomplexé, volontairement décérébré (l'intrigue ramifiée valant son pesant de cacahuètes !), débridé, sarcastique, épique, intense, drôle, dégénéré. Je n'en n'attendais tout simplement pas tant !
Bien évidemment, et puisque aucun protagoniste ne se prend au sérieux, c'est à savourer au second degré, à l'instar d'un bon gros Bis bourrin, généreux en roue libre et finalement attachant auprès de la fraternité héroïque de nos baroudeurs marginaux.
Petit bémol, dommage que certains CGI foireux viennent un peu ternir le plaisir que procure son haletant final en apothéose (clin d'oeil tacite au Predator de Tiernan).
Une pure bande dessinée culottée au demeurant.

Après, tous ceux qui ont détesté, je ne peux aussi que les comprendre si bien que c'est aux antipodes du chef-d'oeuvre primal de John Mc Tiernan.

vendredi 30 novembre 2018

Les Voyages de Gulliver

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The 3 Worlds of Gulliver" de Jack Sher. 1960. Angleterre/U.S.A. 1h39. Avec Kerwin Mathews, Jo Morrow, June Thorburn, Lee Patterson, Grégoire Aslan, Basil Sydney.

Sortie salles France: ?. U.S: 16 Décembre 1960

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Jack Sher, 16 mars 1913 à Minneapolis - 23 août 1988 à Los Angeles, est un réalisateur, scénariste et producteur américain. Four Girls in Town (1957). Kathy O' (1958). The Wild and the Innocent (1959). Les Voyages de Gulliver (1960). Love in a Goldfish Bowl (1961).


Récit initiatique plein de fantaisie et de magie grâce en priorité au maître des trucages artisanaux, Ray Harryhausen, Les Voyages de Gulliver fleure bon le Fantastique vintage, aussi naïf soit son singulier contexte de survie conçu pour séduire toute la famille. Féerique en diable, cocasse et romantique, les Voyages de Gulliver retrace avec puissance visuelle onirique le parcours conflictuel de ce docteur avide d'ambition dans son désir d'explorer l'Inde afin de parfaire ses travaux médicaux. Or, Gulliver est compromis par un choix cornélien depuis sa relation houleuse avec Elisabeth aussi obtuse que férue d'amour à conquérir son coeur le plus fidèlement. Echoué sur une île après avoir été évincé de son bateau lors d'une tempête nocturne, celui-ci est rapidement kidnappé par des êtres minuscules, les lilliputiens se disputant une guerre clanique pour l'enjeu risible d'un oeuf. Docile, tolérant et doué de raison, Gulliver s'efforce avec philosophie de résoudre leur dissension belliqueuse avant d'à nouveau faire naufrage vers une autre destination, un microcosme de géants aussi vaniteux, ballots et mégalos que leurs homologues de petite taille.


Satire sur l'ignorance, le caprice, l'orgueil et le désir de possession pour y dominer les plus faibles, les Voyages de Gulliver s'avère agréablement conté au fil de péripéties ludiques davantage hostiles et haletantes si bien que Gulliver et Elisabeth devront faire preuve de subterfuges et bravoures pour s'extirper de  situations létales avec comme thématique majeure à déjouer, la superstition du patrimoine médiéval. Baignant dans une photo flamboyante parmi la disparité de décors orientaux, les Voyages de Gulliver constitue un régal formel dans sa capacité de nous évader à travers ces univers à la fois chimériques et métaphoriques parmi d'adroits effets-spéciaux donnant chair à l'infiniment petit et grand. Scindé en 2 parties tenant lieu de reflet de miroir, l'intrigue truffée de péripéties fantaisistes ne cesse d'amuser et dépayser sous l'impulsion d'un casting frétillant s'en donnant à coeur joie dans les railleries, les provocations, l'égoïsme, les sournoiseries et la méchanceté du côté d'ignorants individualistes incapables d'accorder une clémence à une ethnie qu'ils ne peuvent comprendre. Quand bien même le duo prévenant Kerwin Mathews / June Thorburn nous transmet leurs sentiments avec une tendresse indéfectible. Ce qui les convergera à l'issue de leur périple binaire (et grâce à la vigueur de leur amour commun) à rendre compte d'une réflexion sur la dichotomie du bien et du mal dans leur refus de se laisser berner par la haine, la jalousie et la cupidité du pouvoir.


Spectacle flamboyant tous publics aussi insolent qu'enchanteur, les Voyages de Gulliver préserve son pouvoir d'évasion et de fascination en dépit de brèves ellipses narratives que Jack Sher parvient pour autant à pallier à travers des répliques explicatives. Du cinéma Fantastique purement artisanal et délicieusement rétro auprès d'une moisson de trucages bluffants de réalisme poétique. Au demeurant, le spectacle idéal de fêtes de fin d'années !

* Bruno
2èx

jeudi 29 novembre 2018

My girl

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site thefancarpet.com

de Howard Zieff. 1991. U.S.A. 1h42. Avec Dan Aykroyd, Jamie Lee Curtis, Macaulay Culkin, Anna Chlumsky, Richard Masur, Griffin Dunne.

Sortie salles France: 24 Juin 1992. U.S: 27 Novembre 1991

FILMOGRAPHIE: Howard Zieff est un réalisateur et producteur américain né le 21 octobre 1927 à Chicago et décédé à Los Angeles, le 22 février 2009. 1973 : La Chasse aux dollars. 1975 : Hearts of the West. 1978 : House Calls. 1979 : Tendre combat. 1980 : La Bidasse. 1984 : Faut pas en faire un drame. 1989 : Une journée de fous. 1991: My Girl. 1994: My Girl 2.


«Ô mon beau saule pleureur aux fleurs en cascade. Pourquoi fais-tu couler ces larmes de jade ? Parce qu’un jour il a dû te quitter ? Parce qu’un jour il a dû s’en aller ? À tes branches, il aimait grimper Ton cœur regrette-t-il le bonheur de ces jours aimés ? Tes feuilles toutes inondées de soleil. Riait de ses folies, riait de ses merveilles. Bel arbre triste, cesse de pleurer. Retiens ta peine et sache apaiser ton âme. Tu crois que la vie a abandonné ton bel ami. Mais en toi constamment il renaît»

Vendu comme une comédie familiale niaise avec en tête d'affiche l'illustre Macaulay Culkin révélé un an plus tôt grâce à Maman, j'ai raté l'avion, My Girl est l'antinomie du produit standard dénué de personnalité. Car à travers un sujet aussi grave que délicat (l'affres de la mort du point de vue d'une fillette hypocondriaque), Howard Zieff s'extirpe du tire larme et des convenances grâce à son refus de pathos qu'un tel sujet aurait osé racoler s'il eut été entre les mains d'un cinéaste trivial, et grâce à son vibrant casting plein de panache. Tant auprès des adultes (le couple incandescent Dan Aykroyd / Jamie Lee Curtis se prête au jeu sentimental avec une tendre fraîcheur !) que du couple d'enfants que la jeune Anna Chlumsky impose à son partenaire timoré (Culkin s'efface souvent pour s'exprimer en second plan !) avec une liberté d'expression souvent autoritaire.


Prenant son temps à nous caractériser ses personnages à travers deux liaisons amoureuses (celles des  parents jouant la drague improvisée puis des enfants apprentis singeant ces derniers en second acte); My Girl s'érige en récit initiatique du point de vue candide d'une fillette terrifiée à l'idée de mourir depuis la disparition de sa mère (dès sa naissance) et de la profession morbide de son père toujours en deuil conjugal. Pleine de vie, jalouse, possessive et fureteuse à tenter de comprendre le monde des adultes, Vada va sous notre regard scrupuleux apprendre à vivre et à s'exprimer, ou plutôt se forger progressivement une personnalité plus cérébrale à la suite d'une tragédie accidentelle qui bouleversera à jamais son existence féerique. Truffé de séquences intimistes pleines de charme et de légèreté à travers une banalité quotidienne solaire ou à proximité d'une nature onirique, My Girl touche au coeur avec une poignante sincérité. Tant et si bien que la puissance dramatique de son dernier acte nous arrache les larmes au fil de 2 séquences résolument cruelles pour autant expurgées de dramaturgie outrancière (si on épargne une conclusion un chouilla sucrée vis à vis de la maman en berne). Une situation vite pardonnée eu égard de son monologue final d'une vibrante dignité.


"J'apprends avec la souffrance, j'ai appris à comprendre la mort grâce à la souffrance." 
Attachant mélo plein de charme et d'un humanisme à la fois candide et mature (notamment les leçons d'apprentissage qu'inculquent Harry et Shelly auprès de Vada en guise de rédemption); My Girl fait office de conte existentiel à travers la curiosité de celle-ci en voie de réconciliation avec la plus éprouvante des tragédies: celle d'accepter la perte de l'être cher à un âge inconséquent mais chrysalide. 

Dédicace à Cate mini.

* Bruno

mercredi 28 novembre 2018

Planète Interdite

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Forbidden Planet" de Fred McLeod Wilcox. 1956. U.S.A. 1h38. Avec Walter Pidgeon, Anne Francis, Leslie Nielsen, Warren Stevens, Jack Kelly.

Sortie salles U.S: 15 Mars 1956

FILMOGRAPHIEFred M. Wilcox ou Fred Wilcox est un réalisateur américain, né Fred McLeod Wilcox à Tazewell (Virginie) le 22 Décembre 1907, décédé le 23 Septembre 1964 à Berverly Hills (Californie). 1938: Paradise for Three. 1943: Fidèle Lassie. 1946: Le Courage de Lassie. 1948: Le Maître de Lassie. 1948: Cupidon mène la danse. 1949: Le Jardin Secret. 1952: Shadow in the sky. 1953: L'Auto sanglante. 1954: Tennessee Champ. 1956: Planète Interdite. 1960: I passed for White.


« Quelles que soient les intentions des hommes, il existe toujours en chacun une part d’ombre, un consentement au mal ; sans cesse à débusquer, selon les termes de la psychanalyse qui s’affirme alors, jusque dans l’inconscient de chaque être. »
En reconnaissance sur la planète Altaïr IV, l'équipage d'un astronef tente de secourir les derniers survivants que forment le Dr Morbius et sa fille n'ayant plus donné signe de vie 19 ans plus tôt. En dépit du refus péremptoire de ce dernier les avertissant d'un probable danger, le commandant John J. Adams et ses sbires se posent sur leur planète pour y découvrir une technologie avancée.


Grand classique des Fifties, fer de lance de la science-fiction novatrice célébré par son scope couleur, ses FX révolutionnaires, ses décors baroques (conçus en matte painting en arrière plan) et par la présence iconique de Robby le robot, Planète Interdite marqua aussi bien une génération de spectateurs que de cinéastes, eu égard de son pouvoir de fascination encore aujourd'hui prégnant. Tant et si bien que ce chef-d'oeuvre a beau comptabiliser 62 ans d'âge, on continue de rêvasser auprès de son réalisme kitch sous l'impulsion d'un score dissonant volontairement expérimental. Remarquablement interprété et dialogué avec un traitement fouillé pour chacun des personnages (notamment auprès du profil équivoque de Morbius ou de la fragilité candide de la fille de celui-ci en émoi amoureux), Planète Interdite bénéficie en prime d'un scénario complexe pour autant passionnant afin de mettre en garde la mégalomanie du savant désireux de se substituer à Dieu.


Car sous couvert de réflexion sur la part de Mal cohabitant en chacun de nous, l'intrigue met aussi bien en parallèle les dangers du progrès technologique apte à y transcender les utopies du scientifique le plus cérébral. Au-delà du développement narratif progressivement inquiétant et obscur qu'il faut suivre scrupuleusement, Fred McLeod Wilcox se permet en intermittence de détendre l'atmosphère par le biais de situations cocasses restées dans les mémoires. Tant auprès de Robby le robot (hyper charismatique et si attachant en majordome futuriste), du cuisto guilleret un peu trop porté sur le Whisky que de la fille adulescente du Dr Morbius qu'un lieutenant et un commandant s'opposent gentiment pour un enjeu de drague anthologique. On peut également, et pour parachever, signaler la séquence saillante du monstre invisible se débattant contre les circuits à haute tension à travers une scénographie rutilante. Une confrontation dantesque entre les officiers et le potentiel animal capable de dissoudre ces proies à l'aide de flammes rugissantes. Bref, du cinéma d'anticipation intelligemment ludique, visionnaire et innovant, l'un des plus notoires des années 50.

* Bruno
28.11.18. 3èx
27.02.15. (82 v)

mardi 27 novembre 2018

Calme Blanc

                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site soimarriedamoviegeek.podbean.com

"Dead Calm" de Philip Noyce. 1988. 1h36. Avec Nicole Kidman, Sam Neill, Billy Zane, Rod Mullinar, Joshua Tilden.

Sortie salles France: 23 Août 1989. U.S: 7 Avril 1989

FILMOGRAPHIEPhillip Noyce est un réalisateur australien, né le 29 avril 1950 à Griffith (Australie). 1977 : Backroads. 1978 : Newsfront. 1982 : Heatwave. 1987 : Echoes of Paradise. 1989 : Calme blanc. 1989 : Vengeance aveugle. 1992 : Jeux de guerre. 1993 : Sliver. 1994 : Danger immédiat. 1997 : Le Saint. 1999 : Bone Collector. 2002 : Le Chemin de la liberté. 2002 : Un Américain bien tranquille. 2004 : Welcome to São Paulo - segment Marca Zero. 2006 : Au nom de la liberté. 2010 : Salt. 2014 : The Giver.


Réalisateur hollywoodien plutôt habitué aux produits commerciaux mainstream (Jeux de GuerreSliver, Danger Immediat, le Saint, Bone Collector, Salt), Philip Noyce est tout de même parvenu en 1988 à tirer son épingle du jeu avec Calme Blanc. Un thriller maritime impeccablement ficelé au sein du cadre exigu de bâtiments de navigation si bien que le réalisateur parvient très efficacement à mettre en parallèle deux situations de survie à deux endroits opposés. L'un, l'époux, tentant de s'extirper d'un bateau à la dérive progressivement envahi par la montée des eaux; l'autre, l'épouse, tentant de s'extraire des griffes d'un psychopathe depuis l'absence de son mari parti ratisser l'embarcation étrangère. Car au préalable, ayant eu la clémence de porter secours à un naufragé, unique survivant d'une potentielle contamination alimentaire, l'époux profita de l'assoupissement de celui-ci pour explorer les lieux du bateau jonché de cadavres. Franchement passionnant à travers son suspense ciselé aux situations couramment censées (si on fait fi de ses 2 dernières minutes inutilement éculées et racoleuses), Calme Blanc inquiète et palpite à la fois avec une maîtrise assez dense. Notamment eu égard de l'habile variété des lieux restreints que nos survivants désorientés explorent avec autant de désarroi que de bravoure retorse.


Au-delà de son original contexte de survie confiné en plein coeur d'une mer tantôt agitée, Calme Blanc bénéficie en prime d'une atmosphère parfois envoûtante si je me réfère à sa partition musicale assez ombrageuse, pour ne pas dire ténébreuse que compose Graeme Revell avec souci sensitif. Il sera d'ailleurs récompensé 1 an plus tard au Festival de l'Australian Film Institute Awards. Ainsi donc, le spectateur observe ce cauchemar bicéphale avec une appréhension constamment tangible. Principalement du point de vue chétif de l'épouse usant de stratégies communicatives (les appels en morse que son époux lui inculquera furtivement) et défensives (les diverses armes que renferme le bateau) avec une audace crédible (Nicole Kidman monopolisant l'écran dans une douceur fébrile !). Quand bien même l'époux démuni car complètement isolé dans l'habitacle du bateau étranger s'efforce avec pugnacité de trouver une issue de secours afin d'éviter la mort par noyade. Parfaitement structuré donc grâce à son intrigue fertile en rebondissements (on s'amusera d'ailleurs de la complicité malgré lui du chien à un moment propice de l'action) et subterfuges de survie (notamment en se disputant les commandes de la navigation !), Calme Blanc déstabilise d'autant plus qu'il est uniquement incarné par 3 acteurs magnétiques s'extirpant spontanément du stéréotype en dépit de l'épilogue grand-guignolesque susnommé. La juvénile et ténue Nicole Kidman, la force mature de Sam Neill et l'inquiétant Billy Zane se disputant le pouvoir à jeu égal.


Haletant, parfois atmosphérique, délicatement angoissant et d'une tension minutieusement diluée, Calme Blanc explore brillamment le survival horrifique à travers l'élément perturbateur du psychopathe implanté ici dans le cadre feutré d'une mer bipolaire. 

* Bruno
3èx

Récompenses: Meilleure musique, meilleure photographie, meilleur montage et meilleur son (Ben Osmo, Lee Smith et Roger Savage), lors des Australian Film Institute Awards en 1989.
Meilleur montage son pour un film étranger, par la Motion Picture Sound Editors en 1990.

lundi 26 novembre 2018

X Tro. Licorne d'Or, Paris, 1983.

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site esplatter.com

de Harry Bromley Davenport. 1983. Angleterre. 1h27 (Uncut version). Avec Philip Sayer, Bernice Stegers, Maryam d'Abo, Danny Brainin, Simon Nash, Peter Mandell.

Sortie salles France: 18 Juillet 1984. U.S: 7 Janvier 1983

FILMOGRAPHIE: Harry Bromley Davenport est un réalisateur anglais, né le 15 Mars 1950.
1976: Whispers of Fear. 1983: X Tro. 1990: X Tro 2. 1995: X Tro 3. 1996: Life among the Cannibals. 1998: Horton, drôle de sorcier. 1998: Erasable You. 2001: L'Enfant Sauvage.


Ovni atypique dans le paysage de la science-fiction, X Tro marqua toute une génération de cinéphiles lors de sa sortie en salles et en Vhs, mais aussi lors de sa diffusion sur la chaîne cryptée Canal +. C'est d'ailleurs l'un des premiers films d'horreur à avoir été programmé en seconde partie de samedi soir, rendez-vous incontournable pour tous les amateurs de frissons ! Auréolé de la Licorne d'Or au Rex de Paris, X tro n'a pas usurpé sa réputation d'objet culte tant le film (continue d')insuffle(r) un pouvoir de fascination étrangement bicéphale. Dans la mesure où il ne cesse de jongler entre l'horreur malsaine et l'anticipation onirique ! Après avoir été enlevé par des extra-terrestre, un père de famille retrouve son foyer 3 ans plus tard pour découvrir que son épouse le trompe avec un amant. Délibéré à protéger son fils, il lui enseigne d'étranges pouvoirs afin de le préparer à rejoindre sa planète lointaine. Si ce bref résumé peut paraître assez banal et nébuleux, le réalisateur réussit à s'extraire de la convenance avec un sens de l'imagination singulière. Ainsi donc, afin de pouvoir retrouver les siens, le père disparu revient sur terre sous l'apparence (inexpliquée !) d'une créature patibulaire pour ensuite violer une femme afin d'être enfanté et retrouver sa forme humaine initiale !
  

Cette séquence malsaine totalement improbable subjugue le spectateur de par son effet de surprise inapproprié et le côté réaliste d'une situation scabreuse n'épargnant pas les détails morbides (excréments sortis du vagin de la victime et cordon ombilical arraché à pleines dents !). Et ce en dépit d'un montage elliptique afin de palier la minceur du budget (tout du moins pour l'élaboration de ses trucages pour autant soignés). Du jamais vu pour l'époque, et encore aujourd'hui aucun réalisateur n'osa dupliquer pareille idée incongrue ! D'autres moments forts, dérangeants ou insolites, émaillent l'intrigue sans prévenir, à l'instar du fils de Sam doué d'étranges pouvoirs télépathiques au cours duquel ses jouets vont prendre vie pour importuner ses proches. Ce côté surnaturel parfois imbitable (Sam et Tony aspirent par la peau des victimes une sève verdâtre de leur métabolisme, quand bien même une femme est réduite à l'état de cobaye afin de féconder des oeufs d'alien !) est d'autant plus accentué des caractérisations équivoques du père amnésique et de son fils complice. Un individu en phase de mutation dont l'unique aspiration semble daigner procréer une nouvelle race d'E.T avant de prendre la poudre d'escampette avec son fils ! Si la réalisation manque de maîtrise et que la direction d'acteur s'avère plutôt timorée, ses défaillances se prêtent plutôt bien au climat d'inquiétude que le cinéaste entretient à l'aide d'un score au synthé aussi dissonant qu'envoûtant !


Certains extra-terrestre ne sont pas nos amis. 
Hermétique, fascinant, malsainX Tro tire parti de sa modestie budgétaire grâce à son inventivité en roue libre et des maquillages artisanaux soigneusement confectionnés (on reste encore impressionné par la morphologie de la créature et l'esthétisme baroque imparti au cadavre d'Analise !). Son ambiance hybride aussi bien déroutante que captivante demeurant l'atout majeur de ce délire bisseux imprégné de vitriol ! Une perle de déviance en somme auquel il est impossible d'y rester indifférent !

Avertissement ! Le dvd édité par Mad Movies reprend la fin alternative imposée par les producteurs. Une conclusion moins onirique et plus grand-guignol que celle diffusée en salles, en vhs et sur Canal +. Il est donc regrettable de ne pas avoir inséré en guise de bonus sa fin initiale beaucoup plus fantasmagorique, éthérée, diaphane !

Dédicace à Dany Dumont

* Bruno
27.12.22. 7èx (vostfr uncut)
26.11.18. 
04.02.14 (278 v)


Récompenses: Licorne d'Or au Festival du film fantastique de Paris, en 1983.
Prix des Meilleurs Effets-spéciaux à Porto, 1984.

vendredi 23 novembre 2018

Le Métro de la Mort

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Death Line/Raw Meat" de Gary Sherman. 1972. Angleterre. 1h28. Avec Donald Pleasance, David Ladd, Sharon Gurney, Christopher Lee, Norman Rossington, Clive Swift.

Sortie salles France: 13 Août 1986 (int - de 13 ans). U.S: Septembre 1976

FILMOGRAPHIEGary A. Sherman est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1943 à Chicago dans l'Illinois. 1972: Le Métro de la mort, 1981: Réincarnations, 1982: Descente aux enfers, Mystérious Two (TV film), 1984: The Streets (TV film), 1987: Mort ou Vif, 1988: Poltergeist 3, 1990: Lisa, After the Shock, 1991: Murderous Vision (TV film).
                                 

Premier essai du réalisateur néophyte Gary Sherman avant de s'être révélé 9 ans plus tard avec son chef-d'oeuvre Réincarnations, Le Métro de la Mort demeure une série B plutôt follingue et insolite. De par son contexte improbable auquel des monstres cannibales croupissent sous un métro et sa scénographie malsaine annonçant les futures ambiances poisseuses de Massacre à la Tronçonneuse  et La Colline a des yeux à l'orée des Seventies. Dans le métro londonien, un couple découvre un homme inanimé sur l'escalier d'un quai. Après avoir informé la police, ils se rendent à nouveau sur les lieux et découvrent que le corps a disparu. Ayant appris que cet éventuel notable eut était porté disparu, l'inspecteur Calhoun mène l'enquête. Mais trois nouveaux meurtres viennent ébranler sa perplexité ! Amateurs de bisseries débridées, méfiez vous de l'affiche initiale résolument kitch et outrancière car annonçant un gros délire cartoonesque avec en tête d'affiche ce gourou sectaire entouré de ses disciples ! Dans la mesure où cette étrange curiosité occultée depuis trop d'années (d'ailleurs, il sort en salles tardivement chez nous !) privilégie l'aspect documenté d'une sordide filiation anthropophage. Scénarisé par Sherman himself, Le Métro de la mort renvoie plutôt à la fable caustique à travers son sous-texte socio-politique, à l'instar d'un  Georges A. Romero frondeur, et ce en pointant du doigt l'immoralité d'un entrepreneur exploitant les défavorisés pour ensuite lâchement les abdiquer faute de faillite financière. Spoil ! Pour cause, au 19è siècle, suite à un éboulement, un groupe d'ouvriers resta coincé à l'intérieur d'un souterrain qu'ils venaient de façonner pour l'achèvement d'un métro londonien. Suite à une crise financière, le projet est avorté et ces derniers restèrent cloîtrés dans leur crevasse pour ne jamais en sortir.


L'horreur sociale qui y émane est que ces ouvriers condamnés à l'oubli sont parvenus à survivre en se nourrissant de chair humaine et de rats d'égout. Réduits à l'état primitif et co-existant dans un environnement crasseux envenimé par la peste, nos SDF vont réapprendre à survivre dans leur taudis déshumanisé. Fin du Spoil. Extrêmement consciencieux à radiographier l'existence intime d'un couple de mutants au sein de leur cocon mortifère, Gary Sherman dépeint avec émotion et appréhension le retour à l'instinct de survie de ces monstres apatrides destinés à croupir, tel des pestiférés, sous les égouts de la ville. Le réalisateur s'attachant à décrire avec une discrète humanité le portrait miséreux de ces nouveaux pauvres livrés à l'autarcie, la solitude, l'incommunicabilité, la famine et l'insalubrité. Ainsi donc, il voue une certaine empathie auprès du patriarche éploré après que sa dulcinée engrossée succomba à la maladie. Du côté de l'enquête que mène l'inspecteur  Calhoun, elle s'avère limite semi parodique tant Donald Pleasance se glisse dans le corps d'un jean-foutiste à l'aide de répliques sarcastiques un chouilla déroutantes. A l'instar de son étrange score dissonant plutôt en décalage avec l'horreur scrupuleusement dépeinte en gros plan. Un leader plus préoccupé à préparer son thé anglais ou à s'imbiber d'alcool avec un adjoint plutôt que de résoudre une affaire criminelle irrésolue depuis trop d'années. Ce n'est qu'avec la disparition d'un notable de classe supérieure (alors que le jour de sa disparition ce dernier sollicita une prostituée sur le quai de métro !) que les forces de l'ordre décident accordent enfin un quotient d'intérêt, notamment grâce au couple juvénile en proie à l'incompréhension et la curiosité, et avant que les services secrets ne tentent d'étouffer l'affaire.


Tourné dans des décors naturels afin d'accentuer sa facture réaliste (sur ce point le film est une authentique réussite immersive sous un éclairage sépia !), Le métro de la mort constitue une excellente bobine horrifique grâce à son parti-pris documenté d'y dépeindre un environnement malsain improbable jalonné d'estocades gorasses (les impressionnants macchabées putrescents sont particulièrement olfactifs !). Bien que son rythme un peu languissant pâti d'un manque de surprises, le récit parfois poignant et intense (notamment auprès de sa dernière partie en mode survival) dégage une forte personnalité sous le pivot de sa thématique politique stigmatisant une société condescendante et élitiste. D'autre part, et pour confirmer les intentions sincères de l'ébauche macabre, le Métro de la mort gagna au fil des décennies un statut culte mérité si bien que le cinéaste Christopher Smith lui rendit hommage en 2004 avec l'excellent Creep (autrement terrifiant, plus contemporain et haletant).

* Bruno
23.11.18. 3èx
09.04.11. 182 v

jeudi 22 novembre 2018

Head-on. Ours d'Or, Berlin 2004.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Fatih Akın. 2004. Allemagne/Turquie. 2h02. Avec Cem Akin, Meltem Cumbul, Sibel Kekilli, Güven Kirac, Catrin Striebeck, Birol Ünel.

Sortie salles France: 21 Juillet 2004 (Int - 12 ans). Allemagne: 11 Mars 2004.

FILMOGRAPHIE: Fatih Akin est un Allemand réalisateur, scénariste et producteur, né le 25 Août 1973, d'origine turque. 2017: In the Fade. 2016 Goodbye Berlin. 2014/I The Cut. 2009 Soul Kitchen.
 2009 Deutschland 09 - 13 kurze Filme zur Lage der Nation (segment "Der Name Murat Kurnaz").
 2008 New York, I Love You (segment "Fatih Akin"). 2007 De l'autre côté. 2004 Visions of Europe (segment "Die alten bösen Lieder"). 2004 Head-On. 2002 Solino. 2000 Julie en juillet. 1998: L'engrenage.


"Trouver le bonheur, c'est exploser le carcan des cultures et des générations, se fracasser aux libertés artificielles, se perdre dans des bras". Bredele.
Probablement passé inaperçu en France (et sans doute ailleurs) en dépit de ses nombreux prix internationaux, Head-on est ce que l'on prénomme un uppercut émotionnel à travers son histoire d'amour écorchée vive contée ici avec souci d'authenticité au point d'en sortir aussi sonné que désorienté. Car d'une extrême violence dans les rapports passionnels que se dispute le couple destroy (Cahit, alcoolique marginal autodestructeur en perdition morale; Sibel, jeune fille instable et immature avide de liberté faute du conservatisme de sa famille musulmane !) et dans les pugilats lors de soirées d'ébriété où sexe, drogue, alcool coulent sans modération, Head-on nous entraîne de manière sournoise dans une descente aux enfers bicéphale. Dans la mesure où le réalisateur prend d'abord soin de nous attacher au couple turc en ascension amoureuse en décrivant avec souci de vérisme leur glauque quotidien aussi bien sordide que décomplexé. Leur appart insalubre se condensant à une moisson de déchets alimentaires, canettes de bière et mégots humectés disséminés à même le sol que le couple dégénéré assume sans complexe.


Baignant dans une photo hyper naturelle sublimant au passage les contrées turcs (dont celle d'Istanbul en seconde partie), Head-on nous fait suivre le parcours à la fois chaotique et initiatique de ses amants d'infortune hurlant leur douleur et leur désespoir avec une rage humaine bipolaire ! (le récit étant scindée en 2 actes que l'on ne voit pas arriver !). Ainsi donc, à travers ce maelstrom d'imagerie très agressive, tantôt cocasse, tantôt dramatique, et de musicalité rock, orientale, punk opérée dans les pubs et boites de nuit, le spectateur reluque leur déchéance avec une contrariété sensiblement malsaine. Pour autant, parmi le regard incandescent de Cahit en voie de mutation morale et l'insouciance de sa dulcinée férie d'expériences interdites, Head-on sublime l'essence de l'amour avec un grand A. Celui incontrôlé que l'on ne voit pas arriver si bien que de nouveaux sentiments rédempteurs sont amenés à nous transformer ad vitam, et ce de manière à reconsidérer notre destinée autrefois galvaudée. Or, ici la tournure des évènements erratiques finit incidemment par se solder par une tragédie, ce qui convergera à sa seconde partie beaucoup grave, cruelle, désespérée, voir même insoutenable (pour les plus sensibles d'entre nous) que le spectateur subira avec une désillusion névralgique incontrôlée. Les rôles dérangés s'inversant promptement au fil d'un nouveau cheminement existentiel autrement rigoureux que chacun apprivoisera ensuite indépendamment dans la quiétude et la sérénité, faute d'une culpabilité commune rongée de remord, faute de remise en question et de quête de rédemption.


Bouleversant mélo punk destroy d'une crudité épineuse au point d'y laisser de graves séquelles cérébrales lors de sa dernière partie escarpée, Head-on transfigure le sentiment amoureux parmi l'étude comportementale d'un couple pulsatile divisé entre une culture intégriste et l'émancipation irrépressible de dévorer la vie en s'autorisant tous les excès possibles. Au-delà de sa structure narrative atypique jouant avec machiavélisme avec notre émotivité ramifiée, le couple Birol Ünel  (sosie de Jean-Louis Aubert en plus charnu) / Sibel Kekilli (Game of Thrones et quelques pornos) immortalise l'écran de leur empreinte subversive avec une déchirante vérité humaine. 

Pour public averti 
* Bruno

Un grand merci à Cine-Bis-Art !

Récompenses:
Prix ​​du film bavarois 1998, Meilleur nouveau réalisateur
2004 Ours d'or au Festival du film de Berlin
Prix du cinéma européen 2004 , Meilleur film, Prix du public
Prix Golden Orange du Festival de film Orange 2007 à Antalya 2007 , Meilleur réalisateur
Prix du film bavarois 2007 , meilleur réalisateur
Prix ​​LUX 2007 du cinéma européen décerné par le Parlement européen
Festival de Cannes 2007 , Meilleur scénario
Ordre du mérite de la République fédérale d'Allemagne 2010 (Verdienstorden der Bundesrepublik Deutschland) pour sa contribution à la description des problèmes des germano-turcs.
Golden Globe Award 2018 , meilleur film en langue étrangère

mercredi 21 novembre 2018

Point Break : Extrême limite

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Point Break" de Kathryn Bigelow. 1991. U.S.A. 2h02. Avec Patrick Swayze, Keanu Reeves, Gary Busey, Lori Petty, John C. McGinley, James LeGros.

Sortie salles France: 28 Août 1991. U.S: 12 Juillet 1991.

FILMOGRAPHIE: Kathryn Bigelow est une réalisatrice et scénariste américaine, née le 27 Novembre 1951 à San Carlos, Californie (Etats-Unis). 1982: The Loveless (co-réalisé avec Monty Montgomery). 1987: Aux Frontières de l'Aube. 1990: Blue Steel. 1991: Point Break. 1995: Strange Days. 2000: Le Poids de l'eau. 2002: K19. 2009: Démineurs. 2012: Zero Dark Thirty. 2017: Detroit.


Succès commercial international (dont 1 351 132 entrées rien qu'en France), Point Break n'a point usurpé sa réputation de film culte auprès des fans tant Kathryn Bigelow est parvenue à communier film sportif et action policière avec une efficacité en roue libre. Car si l'intrigue s'avère simpliste (un jeune agent du FBI infiltre une communauté de surfeurs afin de démasquer une bande de braqueurs émérites), la cinéaste parvient habilement à la structurer à travers un contexte original d'épreuves sportives à couper le souffle. Tant auprès des vagues déferlantes que nos surfeurs chevauchent sur leur planche avec stoïcité que de leurs sauts en parachute d'un réalisme résolument vertigineux. Le spectateur ayant la trouble impression de s'immerger parmi eux, sous les vagues ou dans le ciel, avec une sensation d'ivresse exaltante ! On retrouvera d'ailleurs en intermittence une autre forme d'épanouissement délicieusement envoûtant à travers les rapports sentimentaux de Johnny (Keannu Reeves) et Tyler (Lory Petty, pétillante et ténue avec une douceur de miel !) sous l'impulsion du score fragile de Mark Isham (que l'on préserve longtemps en mémoire). Des moments intimistes pleins de pudeur et de tendresse d'une intensité capiteuse à nous rendre amoureux !


Autant avouer que comme la soulignait la tagline de l'époque, Point Break c'est du 100% adrénaline sans équivoque possible ! Si bien qu'au-delà de ses séquences sportives au souffle épique, Point Break regorge en prime de scènes d'action percutantes de par sa violence assez escarpée et le brio du montage que Kathryn Bigelow gère à la perfection, et ce sans jamais se laisser guider par une esbroufe racoleuse. Chaque scène d'action s'exprimant à travers les stratégies illégales des braqueurs autant motivés par leur soif d'émancipation que de leur goût immodéré pour l'ivresse des sensations fortes. On peut d'ailleurs évoquer à titre d'anthologie la poursuite à pied que Johnny perdurera afin de rattraper un braqueur en pénétrant communément par effraction dans de nombreux foyers domestiques. Une longue endurance subjective filmée caméra à l'épaule avec un art consommé du réalisme immersif ! Mais si Point Break s'avère aussi grisant, fun et jouissif, il le doit autant à son casting spontané flirtant avec une éthique spirituelle à travers leur addiction pour les sensations les plus couillues. La confrontation attachante mais équivoque que se partagent Keanu Reeves (même si un poil trop lisse dans son rôle juvénile) et Patrick Swayze s'avérant toujours plus intense au fil de leur trahison amicale engendrant en second acte une inimitié héroïque. Enfin, à travers les rapports si solidaires de Johnny et de l'agent Angelo Pappas, on peut également prôner la présence charismatique de Gary Busey en faire-valoir bonnard d'une touchante loyauté envers sa jeune recrue. 


Lyrique, envoûtant, romantique, violent, homérique sans que jamais l'action ne s'essouffle en cheminement de filature, Point Break est parvenu à renouveler le cinéma d'action avec une originalité assez burnée. Tant et si bien que chez un vulgaire tâcheron le ridicule aurait été de rigueur. Et donc, plus inspirée que jamais, Kathryn Bigelow est parvenue à imprimer de son empreinte musclée l'un des meilleurs actionner des années 90. 

* Bruno
3èx