jeudi 26 décembre 2019

The Lighthouse. Prix du Jury, Deauville 2019.

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Robert Eggers. 2019. U.S.A/Canada. 1h39. Avec Willem Dafoe, Robert Pattinson, Valeriia Karaman.

Sortie salles France: 18 Décembre 2019. U.S: 18 Octobre 2019.

FILMOGRAPHIE: Robert Eggers est un réalisateur américain né le 7 juillet 1983 à Lee (New Hampshire). 2015: The Witch. 2019: The Lighthouse. 2020: The Northman.


Bad trip capiteux à accoster avec des pincettes !
Ofni maladif issu de l'esprit dérangé de Robert Eggers révélé par le désormais classique The Witch, The Lighthouse emprunte une démarche autrement couillue pour nous communiquer malaise, angoisse, voir même dépression plombante. Et ce quitte à agencer la houleuse expérience en bad-trip suffocant héritière du cinéma indépendant d'Eraserhead parmi ses personnages torturés en proie à la démence. Car tourné en 4/3 dans un superbe noir et blanc crépusculaire, The Lighthouse joue la carte de l'intimité la plus licencieuse lorsque deux gardiens d'un phare vont se disputer l'autorité 4 semaines durant en escomptant l'arrivée des secours. Or, faute d'une tempête trop agitée, ils se retrouveront pris au piège au coeur de ce îlot d'un silence trop pesant. Ainsi, difficile d'exprimer ses impressions subjectives sitôt le générique clôt tant The Lighthouse s'avère quasi indicible dans sa manière autonome d'y instiller un climat de malaise palpable puis pesant au fil de la dissension psychotique entre un jeune matelot et un vieux bourru trop castrateur. Intense affrontement donc entre Willem Dafoe et Robert Pattison (au risque d'ennuyer le public le moins réceptif !), quasi méconnaissable en employé névrosé au confins de la folie, The Lighthouse divisera assurément les spectateurs déroutés par cet enchaînement de palabres d'une violence toujours plus délétère.


Car en jouant sur le folklore de la superstition (le sacrifice d'une mouette invoquant une malédiction), Robert Eggers bâtit une épouvante séculaire éthérée comme on n'en voit peu sur nos écrans. Si bien que, outre sa facture expressionniste extrêmement soignée (on peut également songer au cinéma du muet), il compte principalement sur les postures outrancières de ces comédiens pour nous faire dériver vers une descente aux enfers cérébrale difficilement supportable au risque de l'indigestion (impossible d'en sortir indemne passé l'épilogue radical). Le récit tentaculaire (de par les postures excentriques de nos protagonistes en proie à une déraison presque contagieuse) s'articulant autour des thèmes de la solitude, de l'addiction sexuelle, du désir de communication et du respect d'autrui afin de saisir les tenants et aboutissants du duo obnubilé par un rapport de force toujours plus primitif. Ainsi, à travers leurs élucubrations et divagations davantage avinées, Robert Eggers y apporte un regard à la fois spirituel et lubrique quant à l'interrogation forcenée d'Ephraim Winslow (Robert Pattison) d'atteindre coûte que coûte la lumière du haut du phare afin d'y déceler l'ultime vérité. The Lighthouse pouvant se solder par une métaphore sur l'assouvissement sexuel et la peur innée de l'inconnu (du noir le plus obscur et ténébreux) lors d'une situation de claustration abrutie par la solitude.


Dérangeant, malsain, étouffant, sarcastique et même cocasse (c'est émaillé de ruptures de ton), The Lighthouse a au moins l'opportunité de nous offrir une vraie proposition adulte et singulière à travers le genre horrifique modestement mis en scène lors d'une confrontation psychotique en roue libre. Quitte à faire fuir une partie des spectateurs déroutés par son ambiance pernicieuse (trop) laborieuse... Quoiqu'il en soit difficile d'oublier une telle expérience inusitée, si bien qu'elle est assurément à revoir pour en saisir toute sa sève souffreteuse ! 

*Bruno

Récompenses:
Festival de Cannes 2019 :
sélection dans la section Quinzaine des réalisateurs
Prix FIPRESCI (Quinzaine des réalisateurs)
Festival de Deauville 2019 : Prix du jury

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mercredi 25 décembre 2019

Retour à Zombieland

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Zombieland: Double Tap" de Ruben Fleischer. 2019. U.S.A. 1h39. Avec Woody Harrelson, Jesse Eisenberg, Emma Stone, Abigail Breslin, Rosario Dawson, Zoey Deutch.

Sortie salles France: 30 Octobre 2019. U.S: 18 Octobre 2019

FILMOGRAPHIE: Ruben Fleischer est un réalisateur américain né le 31 octobre 1974. 2009 : Bienvenue à Zombieland. 2011 : 30 minutes maximum. 2012 : Gangster Squad. 2018 : Venom. 2019 : Retour à Zombieland.


On prend les mêmes et on recommence sous la houlette de Ruben Flescher, signataire du 1er opus ayant créé la surprise auprès des fans de récréation horrifique adeptes du "savoir savourer  les petites choses". Tant et si bien que l'on aurait pu craindre ici la redite poussive avec cette tardive séquelle puisque réalisée pile poil 10 ans plus tard. Que nenni, car toujours aussi efficace en terme de légèreté de ton, aussi modeste et peu avare en idées saugrenues sous l'impulsion de persos extravagants gentiment fripons, Ruben Flescher parvient presque à égaler son modèle à travers ses traditionnels ingrédients festoyant autour d'une traque aux Zombies pour rire. Des macchabée grimés de pustules car plus véloces et pugnaces qu'au préalable afin d'épicer l'exaltante aventure si bien qu'on les surnomment "T 800" en référence directe à Terminator 2. Et ce en militant à nouveau pour les valeurs de l'amitié, de la pop-culture (hommage probant à Elvis Presley dont Tallahassee ne jure que par son icone !) et de la solidarité sous couvert de récit gentiment initiatique si je me réfère à la dissension sentimentale de Columbus et Krista quelque peu compromis par l'intrusion d'une potiche "rose bonbon" irrésistiblement décervelée (Spoil ! j'étais d'ailleurs si ravi de la retrouver lors du dernier acte paroxystique fin du Spoil).


Ainsi donc, à travers le road movie que nos héros arpentent entre 2 trêves pour retrouver la trace de la soeur de Krista entichée d'un hippie vegan afin d'y rejoindre un havre de paix (la tour de Babylon !), Retour à Zombieland créé la constante sympathie. Non pas que les rebondissements et péripéties folingues qui empiètent le récit simpliste fassent preuve d'un enthousiasme galvanisant, mais la décontraction communicative du cast aussi cocasse qu'autrefois parvient à transcender la trivialité à travers leurs rencontres aléatoires auprès de survivants aussi bonnards (à l'instar de l'intervention semi-parodique des sosies de Tallahassee et de Columbus !). Et si le final homérique s'avère peut-être moins intense, efficace et surprenant qu'escompté, les sens de l'amitié de nos héros plus unis que jamais et l'étreinte romantique que renoue le couple Columbus / Krista pallient ses menues carences avec une attachante émotion. Enfin, en guise de cerise sur le gâteau, on déplore tout de même le clin d'oeil imparti au personnage de Bill Muray lors du générique de fin, faute d'une mécanique du rire timidement convaincante, à défaut de sa fougueuse action gore généreusement étalée. Mais loin de bouder notre plaisir, Retour à Zombieland était suffisamment fun, gore, décomplexé et amiteux pour rester sur une impression (presque) aussi assouvie que son modèle.


Ci-joint la chronique de son modèle: http://brunomatei.blogspot.com/2019/08/bienvenue-zombieland.html

*Bruno