Sortie salles U.S: 1er Janvier 2020
FILMOGRAPHIE: Roseanne Liang est une réalisatrice, productrice et scénariste américaine. 2011: My Wedding and Other Secrets. 2020: Shadow in the Cloud.
Excellente surprise que cette petite série B que l'on aime privilégier un samedi soir entre amis; Shadow in the Cloud demeure le digne héritier des années 80. Dans la mesure où la cinéaste, férue d'amour pour le genre, nous concocte une oeuvre modeste mais sincère et au charisme cinégénique. A l'instar de sa percutante partition électro que l'on croirait extraite d'une oeuvre de Carpenter (la musique colle donc aux images dans la mouvance du video-clip) et de sa direction d'acteurs sobrement impliqués dans leur commune aventure périlleuse. Stylisé de par sa réalisation soignée saturée d'une photo davantage flamboyante (le crépuscule de sa 1ère partie cède ensuite à une horizon solaire orangée), Roseanne Liang parvient surtout à donner chair à son univers belliciste à travers sa sagacité de croire à ce qu'elle raconte. Car véritable hommage à un épisode anthologique de la 4è Dimension, Shadow in the cloud transpire l'amour du travail bien fait lorsqu'il s'agit par exemple d'exploiter ses FX en CGI souvent réussis afin de donner vie à des gremlins résolument fascinants (quel charisme délétère !). Car il s'agit bien là de l'attraction majeure du film que la cinéaste exploite discrètement en oscillant expectative et confrontations dantesques dans les airs (et ce avec parfois 1 ou 2 idées démentielles).
Un peu dommage d'ailleurs que le mano a mano final fasse preuve de réalisme perfectible car la séquence délirante, étonnamment fortuite, demeure aussi jouissive que spectaculaire. Ainsi, adoptant en 1er acte le principe du huis-clos exigu lorsque Chloë Grace Moretz embarquée à bord d'un avion se retrouve confinée dans une tourelle, Shadow in the Cloud fait preuve de suspense latent en y plantant son décorum restreint et ses personnages machistes se brimant sans modération de leur invitée surprise. Quand bien même cette passagère clandestine venait d'embarquer avec un mystérieux sac que ceux-ci retiennent avec une curiosité suspicieuse. Ainsi, par petites touches d'appréhension que Chloë Grace Moretz exprime sobrement lorsqu'elle pense voir l'improbable, Shadow in tyhe Cloud conjugue les genres du fantastique et de la guerre à travers des séquences d'actions toujours plus intenses et décoiffantes. Et bien qu'une partie de spectateurs agités risquent d'être déçus par son absence d'esbroufe, tant et si bien que l'action reste au service narratif (rare pour ne pas le souligner !), on ne peut nier les intentions louables de la réalisatrice à renouer avec un cinéma de divertissement fleurant bon l'amour du Fantastique au sens noble. Pour autant, on aurait tout de même préférer que l'aventure incongrue émaillée de séquences vertigineuses (attention à ceux souffrant du vertigo" !) se prolonge d'une bonne vingtaine de minutes tant et si bien que sa durée écourtée laisse tout de même un léger sentiment de frustration (1h15 de bobine sans compter le générique de fin).
A tous les amoureux des années 80 ayant été bercés par de modestes séries B résolument touchantes, intègres, charmantes et réalistes, Shadow in the Cloud est conçu pour vous offrir un moment bonnard en compagnie d'une Chloë Grace Moretz offrant toute la mesure de son talent en baroudeuse intrépide, entre fragilité maternelle et héroïsme (inopinément) stoïque ! On peut même d'ailleurs évoquer un superbe portrait de femme féministe chargée d'humilité, de loyauté et de surpassement de soi. Super sympatoche donc malgré son goût de trop peu pour autant pardonné quand on s'adonne au sacerdoce.
*Bruno