mercredi 30 décembre 2020

Quai des brumes

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marcel Carné. 1938. 1h31. Avec Jean Gabin, Michèle Morgan, Michel Simon, Pierre Brasseur, Édouard Delmont, Aimos, Robert Le Vigan. 

Sortie salles France: 17 Mai (ou 12 Septembre) 1938. U.S: 29 Octobre 1939.

FILMOGRAPHIE: Marcel Carné est un réalisateur et scénariste français, né le 18 août 1906 à Paris, décédé le 31 octobre 1996 à Clamart. 1929 : Nogent, Eldorado du dimanche. 1936 : Jenny. 1937 : Drôle de drame. 1938 : Le Quai des brumes. 1938 : Hôtel du Nord. 1939 : Le jour se lève. 1942 : Les Visiteurs du soir. 1945 : Les Enfants du paradis. 1946 : Les Portes de la nuit. 1947 : La Fleur de l'âge (inachevé). 1950 : La Marie du port. 1950 : Juliette ou la Clé des songes. 1953 : Thérèse Raquin. 1954 : L'Air de Paris. 1956 : Le Pays d'où je viens. 1958 : Les Tricheurs. 1960 : Terrain vague. 1962 : Du mouron pour les petits oiseaux. 1965 : Trois chambres à Manhattan. 1968 : Les Jeunes Loups. 1971 : Les Assassins de l'ordre. 1974 : La Merveilleuse Visite. 1977 : La Bible. 1991 : Mouche (inachevé). 

Considéré comme l'une des oeuvres les plus célèbres de l'histoire du cinéma, Quai des Brumes n'a point usurpé sa légendaire réputation, dans la mesure où l'ayant découvert pour la toute première fois ce soir (j'ai tellement honte mais comme on dit si bien: "il n'est jamais trop tard" ^^), je reste transi d'émoi sous l'impulsion du couple proverbial Jean Gabin / Michèle Morgan. Histoire d'amour passionnelle entre une jeune paumée de 17 ans et un déserteur de 34 ans, Quai des Brumes est illuminé de ce duo mythique transperçant l'écran à chacune de leurs fébriles apparitions. Et si le spectateur néophyte doute encore de la magie du 7è art, il ferait mieux d'aller jeter un oeil sur ce bouleversant mélo que Marcel Carné transfigure à l'aide d'une atmosphère crépusculaire napée de brouillard à proximité d'un port feutré. De par sa photo expressionniste et ses décors exigus peu recommandables car notamment fréquentés par des marginaux, criminels et ivrognes sans repères, Quai des Brumes est un régal formel tant le noir et blanc parvient à poétiser ses images opaques, notamment à travers la suavité de Michel Morgan (quelle douceur de miel dans son regard virginal !) éprise d'amour pour un Jean Gabin bourru et indomptable mais rapidement fervent d'amour pour cette fragile inconnue (quelle force de caractère infaillible en soldat stoïque !). 

Quand bien même dans celui du salaud chafouin dénué de scrupule, l'immense Michel Simon moleste sa filleule avec une jalousie fielleuse. Ainsi, autour de ce trio maudit apte à se confronter pour un enjeu sentimental, trois truands arpentent les alentours afin de retrouver un certain maurice, l'ancien amant de Nelly (Michèle Morgan) subitement disparu. Outre l'intensité de son récit davantage houleux mais un brin prévisible quant au dénouement tragique (un écueil vite pardonné), Quai des Brumes demeure avant tout un film d'acteurs au diapason épaulé des (insatiables) dialogues ciselés de Prévert. Jean Gabin et Michèle Morgan parvenant à nous communiquer leurs ardents sentiments avec un naturel résolument trouble. Tant et si bien que l'on reste ensorcelé par leurs tourments amoureux où s'y mêlent cependant tendresse, espoir et bienveillance à travers leurs étreintes soyeuses. Cette chaleur humaine si communicative et davantage prédominante, nous la ressentions de  manière somme toute alchimique sous l'oeil onirique de Marcel Carné auscultant leurs états d'âme avec une délicate innocence romantique. Tels des enfants dociles d'avant guerre emportés par l'ivresse de sentiments davantage incontrôlables. 


"La tendresse est une soie enveloppante et infroissable."
Chef-d'oeuvre de romance éperdue sublimé par la puissance de son atmosphère baroque littéralement envoûtante, Quai des Brumes nous transfigure dans sa facture monochrome l'un des plus beaux couples d'amants que le cinéma nous ait offert. Jean Gabin / Michel Morgan marquant de leur empreinte inextinguible une insoluble histoire d'amour compromise par le vice, la convoitise, l'hypocrisie et la lâcheté. Et ce en compagnie d'un fidèle compagnon canin que Gabin apprivoise malgré tout, tout le long de son parcours précaire. C'est d'ailleurs auprès de l'échappée furtive du chien que Carné conclue son récit culminant vers une solitude indécise.    

*Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire