samedi 14 juillet 2018

TOUT LE MONDE DEBOUT

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Franck dubosc. 2018. France. 1h47. Avec Franck Dubosc, Alexandra Lamy, Gérard Darmon, Elsa Zylberstein, Caroline Anglade, Laurent Bateau, Claude Brasseur, François-Xavier Demaison.

Sortie salles France: 14 Mars 2018

FILMOGRAPHIEFranck Dubosc, né le 7 novembre 1963 au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), est un humoriste et acteur français. 2018: Tout le monde debout.


Souvent taxé par les critiques bien pensantes de comédien de pacotille à travers ses comédies populaires bon marché (la trilogie Camping, Disco, Boule et Bill 1 et 2, etc...), Franck Dubosc aurait peut-être décidé de prendre sa revanche contre ses détracteurs avec Tout le monde debout. Tant et si bien qu'il relève la gageure de passer devant et derrière la caméra avec une ambition étonnamment inspirée eut égard du soin de la mise en scène où rien n'est laissé au hasard, comme le confirme notamment son design esthétique taillé dans l'élégance (magnifique éclairages de l'architecture urbaine de Prague) et d'une étude de caractères finement brossée sous le pilier de personnages non dupes. Et le miracle de se produire car Tout le monde debout transfigure la comédie romantique sous l'impulsion du duo Franck Dubosc / Alexandra Lamy irradiant l'écran de leur accointances sentimentale de la 1ère à l'ultime seconde. Le pitch tour à tour cocasse et espiègle nous narre les tribulations d'un séducteur invétéré, Jocelyn, homme d'affaire dénué de vergogne lorsqu'il s'agit d'accoster une nouvelle proie, sa voisine de palier en lui faisant croire qu'il est infirme. Seulement, un beau jour, elle lui propose de rencontrer sa soeur Florence, une paraplégique plutôt radieuse et éloquente. Et donc, afin de mieux la séduire, il continue de se faire passer pour un handicapé jusqu'au jour où il en tombe amoureux. Hanté d'appréhension et de lâcheté, il retarde incessamment sa résolution de lui avouer la vérité en dépit des conseils avisés de sa secrétaire entêtée et de Max, son ami praticien.


Pétillant, féerique, exaltant, passionné, guilleret, féru de charme, de fraîcheur et de drôlerie, Tout le monde debout se déguste à l'instar d'une coupe de champagne comme le cinéma français n'ose plus en produire. Profondément humain, tendre et intelligent car jamais racoleur et encore moins moralisateur lorsqu'il s'agit de prôner un hymne à la différence à travers une liaison amoureuse extravertie que Dubosc, acteur, et Lamy communiquent avec tact et élégance fusionnels, Tout le monde debout  télescope au fil de leur périple romantique rire et larme avec une sincérité intarissable. Le duo incroyablement expressif nous immergeant dans leur dérive sentimentale avec une vérité mise à nu, et ce sans céder aux sirènes d'une émotion programmée si bien que Dubosc jamais avare d'inventions (la piscine customisée) et de revirements (le double jeu de Florence !) relance sans cesse les audiences et bévues amoureuses avec une efficacité en roue libre ! Notamment dans son étonnante capacité à capter avec pudeur les sentiments de ces personnages, tant auprès des silences entre les mots que des réparties fougueuses ou autrement réservées que se partagent le duo singulier. Ajoutez également autour de leurs jeux de drague improvisés d'épatants seconds-rôles (l'irrésistible Elsa Zylberstein en secrétaire névrosée, Gérard Darmon en chirurgien prévenant) se prêtant au jeu du simulacre (feindre en dernier recours et d'un commun accord la condition estropiée de Jocelyn) avec une drôlerie parfois hilarante (principalement Zylberstein en célibataire borderline en diable !). Sans compter l'émouvante participation du grand (et si rare) Claude Brasseur en paternel sclérosé à la fois égoïste, gaillard et impudent.


A travers son hommage plein d'humilité aux infirmes nous prodiguant sans une once de pathos une leçon de vie, et à travers sa réflexion sur la solitude existentielle, le refus de grandir et la quête désespérée de cueillir l'Amour, Tout le monde debout nous frappe droit au coeur avec une émotion vertigineuse (les mouchoirs sont de rigueur à plusieurs reprises, notamment lors de sa dernière image iconique !). Et donc en prime de s'être surpasser face caméra (il s'agit du rôle de sa carrière !), Franck Dubosc a immortalisé de son empreinte son premier essai si bien qu'il s'agit de la meilleure comédie que le cinéma français nous ait offert depuis ces dernières années. 

* Gaïus

Box Office France: 2 221 367 entrées

« Un jour, à cause de l’âge et parce qu’elle ne pouvait plus beaucoup se déplacer, ma mère s’est retrouvée dans un fauteuil roulant. Le fauteuil, symbole du handicap, est devenu une solution parce que, enfin, elle allait pouvoir de nouveau bouger, sortir. Mais elle a objecté : « je ne pourrai pas aller au marché de Noël car il faut monter des marches ». Ça a fait tilt. Ce qui semblait une opportunité devenait donc un obstacle. Et j’ai pensé à tous ceux qui, handicapés, sont confrontés à cela. D’autre part, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire d’amour qui soit fondée sur la différence non pas culturelle ou sociale mais physique. Il y a une question que je me suis souvent posée, qui m’interpelle : et si tu tombais amoureux de quelqu’un d’handicapé ? C’est une vision du futur un peu compliquée, certes. Est-ce que l’amour serait plus fort que la raison ? Je pense que oui et c’est pour cela que j’ai voulu faire ce film1. »

— Franck Dubosc

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