de Robin Sykes. 2018. France/Belgique. 1h25. Avec Thierry Lhermitte, Rayane Bensetti, Émilie Caen, Lyes Salem, Cassiopée Mayance.
Sortie salles France: 21 Mars 2018. Belgique: 28 Mars 2018
FILMOGRAPHIE: Robin Sykes est un réalisateur, producteur, scénariste et producteur.
2018: La Finale.
Estampillé "Coup de coeur" Strange Vomit Dolls !
Cure de bonheur et de tendresse anti-sinistrose - alors qu’on aurait pu redouter une comédie sirupeuse, volontiers pathos, au vu d’un sujet aussi grave - La Finale n’a pas volé son Grand Prix à l’Alpe d’Huez. Le premier long-métrage de Robin Sykes nous touche droit au cœur, avec une émotion jamais programmée. Il aborde la maladie d’Alzheimer sous l’angle d’une comédie douce-amère (efficacement rythmée à l’américaine !), magnétisée par le tandem Thierry Lhermitte / Rayane Bensetti, d’une spontanéité irréfragable.
Le récit initiatique s’articule autour de la discorde entre J.B., jeune passionné de basket bien décidé à rejoindre Paris pour sa finale, et son grand-père encombrant, atteint d’Alzheimer. Évidemment, au fil d’un périple houleux semé d’incidents, de rencontres humaines, de quiproquos et de détours absurdes - que Lhermitte enchaîne avec une innocence parfois bouleversante - Roland et J.B. vont peu à peu apprendre à se connaître, au fil de l’empathie croissante de ce dernier, tiraillé entre le questionnement parental, la mémoire affective et la réflexion comportementale.
Si le scénario prévisible ne brille pas par son inventivité, Robin Sykes mise sur le choc des générations, en quête d’amour, de passion et de reconnaissance. Il compte aussi sur le réalisme de leur itinéraire infortuné pour nous faire vibrer avec une bonhomie pudique. Les séquences les plus émouvantes, ou drôles malgré elles, emportent l’adhésion grâce à l’élan vital des comédiens, qui nous transmettent leurs émotions sans jamais forcer la corde sensible.
Et la surprise est réelle, lorsqu’en dernière partie, le film bascule dans une dramaturgie plus marquée, mais toujours sans racolage. On en apprend alors un peu plus sur le passé tragique - pour ne pas dire traumatique - de Roland, aux racines profondes de sa maladie cognitive.
Dans ce cadre de comédie légère menée tambour battant, Sykes cultive un témoignage humble, pudique et tendre sur Alzheimer. Sans voyeurisme, ni blagues acnéennes, il défend les valeurs de l’amour, de l’amitié, de la cohésion familiale… et surtout de la réminiscence, comme outil fragile mais lumineux pour accompagner les malades vers une forme d’allégresse, aussi fallacieuse soit-elle. La Finale prend dès lors tout son (second) sens, lors d’une conclusion anthologique (préparez les mouchoirs !), convoquant un évènement sportif resté dans toutes les mémoires - si bien que “quand on a vu ça, je crois qu’on peut mourir tranquille”.
"Le match d’une vie".
Comédie pittoresque, beaucoup plus tendre et douloureuse qu’elle n’y paraît, La Finale gagne en intensité émotionnelle au fil de son initiation identitaire, autant pour J.B. que pour Roland. Elle arrachera sans doute les larmes aux plus sensibles grâce à la prestation bouleversante de Thierry Lhermitte (Prix d’interprétation indiscutable), d’un naturel troublant - on jurerait qu’il est réellement atteint de cette pathologie. L’acteur soulève le film sur ses épaules, en tandem avec un Rayane Bensetti prometteur, adolescent rebelle à la fringance jamais irritante.
Après l’incroyable surprise Tout le monde debout de Dubosc, La Finale demeure sans conteste LA comédie de l’année 2018. Et Robin Sykes, un talent à surveiller !
* Gaïus
Récompenses:
Grand Prix, Prix d'interprétation masculine pour Thierry Lhermitte au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2018.
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