de Rolf De Heer. 1993. Australie/italie. 1h52. Avec Nicholas Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson, Syd Brisbane, Nikki Price, Norman Kaye, Paul Philpot, Peter Monaghan, Natalie Carr.
Sortie en salles en France le 1 novembre 1995. U.S: 26 Avril 2005
FILMOGRAPHIE: Rolf De Heer est un réalisateur, producteur, scénariste et compositeur australien d'origine néerlandaise, né le 4 Mai 1951 à Heemskerk (Pays-Bas). 1984: Sur les ailes du tigre. 1988: Encounter at Raven's Gate. 1991: Dingo. 1993: Bad Boy Bubby. 1996: La Chambre Tranquille. 1997: Epsilon. 1999: Dance me to My Song. 2001: Le Vieux qui lisait des romans d'amour. 2002: The Tracker. 2003: Le Projet d'Alexandra. 2006: 10 canoës, 150 lances et 3 épouses.
En 1995 sort dans une quasi indifférence un long métrage australien d'un réalisateur d'origine néerlandaise. Inondé de récompenses dans divers festivals internationaux, Bad Boy Bubby va rapidement gagner au fil du bouche à oreille un statut d'ovni hybride, dérangeant, beau et sordide à la fois, auquel l'humanisme candide de son protagoniste ébranla son public féru d'anticonformisme.
Le Pitch: Bubby est un homme de 35 ans vivant reclus comme un animal dans son foyer familial parmi l'autorité d'une mégère incestueuse. Emprisonné, maltraité et rendu esclave, il est acculé à y rester cloîtré en compagnie d'un chat de gouttière. Un jour, jalousé des retrouvailles inespérées avec son père alcoolique, il décide de se rebeller et franchir les extérieurs industriels de sa bâtisse.
Eprouvant, profondément malsain et dérangeant, la première demi-heure de Bad Boy Bubby rivalise de déviance à travers son environnement restreint d'un foyer insalubre, là où quelques cafards jonchent le sol parmi la présence d'un chat séquestré dans une cage. Quant à la mère de Bubby, tortionnaire perverse ventripotente, elle abuse sexuellement de son rejeton inculte en lui imposant la journée de rester assis sur une chaise durant ses absences prolongées. Parfois même, elle lui pratique l'étouffement en lui bouchant la bouche et le nez de manière somme toute tranquille ! Pour sortir de sa baraque, elle se déplace en ville à l'aide d'un masque à gaz afin de feindre à son fils que la vie urbaine est empoisonnée à proximité des bâtiments industriels. Abruti par une existence sans compassion, sans amour et surtout sans notion de Bien et de Mal, Bubby perdure son ennui alors que son seul loisir est d'asphyxier un chat domestique en guise de curiosité morbide. Sur ce point, ces séquences dérangeantes extrêmement crues et choquantes sont d'un réalisme épeurant au point de s'interroger s'il s'agit d'un véritable chat volontairement maltraité afin de mieux nous ébranler ! C'est avec l'arrivée inopinée de son père alcoolique que Bubby décide de s'extérioriser en adoptant son attitude de débauche sexuelle auprès de sa mère. Spoil ! Ainsi, après les avoir étouffé durant leur sommeil par vengeance, Bubby découvre enfin le nouveau monde urbain tant redouté ! Fin du Spoil.
Par conséquent, après nous avoir fait vivre dans un souci documentaire (comparable au climat ombrageux et dépressif de Eraserhead de Lynch) le sordide quotidien d'un homme réduit à l'état primitif, le réalisateur nous dirige lentement vers sa quête initiatique. Il d'agit donc d'illustrer le profil d'un quidam arriéré (comparable au monstre de Frankenstein de par son ignorance et sa pudeur déficiente) rencontrant au hasard des rues la jungle de marginaux, d'intégristes, d'artistes bénévoles et de handicapés dystrophiés. Durant ce parcours d'un homme autrefois refoulé et molesté, Rolf De Heer filme donc de façon corrosive le portrait poignant d'un être esseulé perdu au milieu d'une cité urbaine où les citadins occupent leur temps à chercher un intérêt métaphysique à leur existence. A la manière d'un poème illustrant de manière décalée l'absurdité de l'existence humaine, Bad Boy Bubby se décline en magnifique récit initiatique vers le chemin de la raison et de la rédemption. En fustigeant la religion responsable du fondamentalisme, le film est également un hymne à la liberté la plus autonome ainsi qu'à l'épanouissement de l'amour. Dans celui du clochard fasciné par les merveilles du monde, Nicholas Hope époustoufle par son jeu naturel d'un regard empli d'innocence. Durant son cheminement fantasque, il cristallise donc un message de tolérance pour le droit à la différence, une fraternité pour la condition des exclus et aussi une quête identitaire pour l'accomplissement de sa postérité.
Choquant, déstabilisant, glauque, voir malsain lors de sa première partie effrontée, le film de Rolf De Heer adopte une mise en scène singulière inscrite dans la crudité pour y dépeindre avec sensibilité un univers aliénant et débauché. Caustique, désincarné, débridé, poétique, drôle et profondément bouleversant, de par l'interprétation fébrile d'un acteur au jeu infantile, Bad Boy Bubby est un ovni anti-conformiste transcendant le portrait d'un homme chrysalide car découvrant peu à peu les nouveaux repères de son existence. Un chef-d'oeuvre dédié aux laissés pour compte, aux marginaux et aux athées ainsi qu'une déclaration d'amour à la banalité de notre existence inscrite dans le moment présent.
Dédicace à Isabelle et Eugène Rocton, et Philippe Blanc.
*Bruno Matéï
Eprouvant, profondément malsain et dérangeant, la première demi-heure de Bad Boy Bubby rivalise de déviance à travers son environnement restreint d'un foyer insalubre, là où quelques cafards jonchent le sol parmi la présence d'un chat séquestré dans une cage. Quant à la mère de Bubby, tortionnaire perverse ventripotente, elle abuse sexuellement de son rejeton inculte en lui imposant la journée de rester assis sur une chaise durant ses absences prolongées. Parfois même, elle lui pratique l'étouffement en lui bouchant la bouche et le nez de manière somme toute tranquille ! Pour sortir de sa baraque, elle se déplace en ville à l'aide d'un masque à gaz afin de feindre à son fils que la vie urbaine est empoisonnée à proximité des bâtiments industriels. Abruti par une existence sans compassion, sans amour et surtout sans notion de Bien et de Mal, Bubby perdure son ennui alors que son seul loisir est d'asphyxier un chat domestique en guise de curiosité morbide. Sur ce point, ces séquences dérangeantes extrêmement crues et choquantes sont d'un réalisme épeurant au point de s'interroger s'il s'agit d'un véritable chat volontairement maltraité afin de mieux nous ébranler ! C'est avec l'arrivée inopinée de son père alcoolique que Bubby décide de s'extérioriser en adoptant son attitude de débauche sexuelle auprès de sa mère. Spoil ! Ainsi, après les avoir étouffé durant leur sommeil par vengeance, Bubby découvre enfin le nouveau monde urbain tant redouté ! Fin du Spoil.
Par conséquent, après nous avoir fait vivre dans un souci documentaire (comparable au climat ombrageux et dépressif de Eraserhead de Lynch) le sordide quotidien d'un homme réduit à l'état primitif, le réalisateur nous dirige lentement vers sa quête initiatique. Il d'agit donc d'illustrer le profil d'un quidam arriéré (comparable au monstre de Frankenstein de par son ignorance et sa pudeur déficiente) rencontrant au hasard des rues la jungle de marginaux, d'intégristes, d'artistes bénévoles et de handicapés dystrophiés. Durant ce parcours d'un homme autrefois refoulé et molesté, Rolf De Heer filme donc de façon corrosive le portrait poignant d'un être esseulé perdu au milieu d'une cité urbaine où les citadins occupent leur temps à chercher un intérêt métaphysique à leur existence. A la manière d'un poème illustrant de manière décalée l'absurdité de l'existence humaine, Bad Boy Bubby se décline en magnifique récit initiatique vers le chemin de la raison et de la rédemption. En fustigeant la religion responsable du fondamentalisme, le film est également un hymne à la liberté la plus autonome ainsi qu'à l'épanouissement de l'amour. Dans celui du clochard fasciné par les merveilles du monde, Nicholas Hope époustoufle par son jeu naturel d'un regard empli d'innocence. Durant son cheminement fantasque, il cristallise donc un message de tolérance pour le droit à la différence, une fraternité pour la condition des exclus et aussi une quête identitaire pour l'accomplissement de sa postérité.
Choquant, déstabilisant, glauque, voir malsain lors de sa première partie effrontée, le film de Rolf De Heer adopte une mise en scène singulière inscrite dans la crudité pour y dépeindre avec sensibilité un univers aliénant et débauché. Caustique, désincarné, débridé, poétique, drôle et profondément bouleversant, de par l'interprétation fébrile d'un acteur au jeu infantile, Bad Boy Bubby est un ovni anti-conformiste transcendant le portrait d'un homme chrysalide car découvrant peu à peu les nouveaux repères de son existence. Un chef-d'oeuvre dédié aux laissés pour compte, aux marginaux et aux athées ainsi qu'une déclaration d'amour à la banalité de notre existence inscrite dans le moment présent.
Dédicace à Isabelle et Eugène Rocton, et Philippe Blanc.
*Bruno Matéï
01.11.11.
Récompenses: Prix Spécial du Jury à la Mostra de Venise en 1993.
Prix du Meilleur Réalisateur, meilleur scénario, meilleur montage et meilleur acteur pour Nicholas Hope lors des Australian Film Institute Awards en 1994.
Prix du Meilleur Film, Meilleur Acteur, Meilleure Mise en scène au Festival du film de Seattle en 1994.
Prix du Public, Prix RFM, Prix des Etudiants, Prix Spécial du Jury au Festival d'action et d'Aventures de Valenciennes en 1995.
Prix Très Spécial à Paris en 1995
Prix du Meilleur Film, Meilleur Acteur, Meilleure Mise en scène au Festival du film de Seattle en 1994.
Prix du Public, Prix RFM, Prix des Etudiants, Prix Spécial du Jury au Festival d'action et d'Aventures de Valenciennes en 1995.
Prix Très Spécial à Paris en 1995
Rolf De Heer |
Je ne connaissais pas ce film, merci Bruno pour cette perle.
RépondreSupprimerC'est bien le film le plus intéressant que j'ai pu voir cette année, voici une baffe
que je ne suis pas près d'oublier.
tout simplement intelligent et d'une maitrise totale.
L'acteur principal est hallucinant ….je compte le revoir ce week-end .
A bullet in The head………,strike
ça me fait super plaisir ! on a regardé ça dimanche dernier entre amis à mon home !
RépondreSupprimerC'est la 2è fois que je le vois, c'est un de mes films préférés. Tout le monde n'a pas été indifférent.
Première fois que je viens sur votre blog et deuxième article que je lis mais quelque claque!
RépondreSupprimerCe films est MYTHIQUE!!! Un chef d'oeuvre.
Merci infiniment pour la découverte!!
Avec plaisir ! ^^
RépondreSupprimerEt puisqu'un bonheur n'arrive jamais seul, je me suis empressé de me fournir un autre film du même réalisateur : " le projet d'Alexandra" de 2003.
RépondreSupprimerque voulez vous, quand on tient un artiste on se fait pas priez deux fois pour parcourir son oeuvre surtout quand elle est atypique et nous fait voir des choses différentes de la doxa conceptuelle et artistique.
Quid de ce film…eh bien je laisserai plutôt le soin à notre ami Bruno , quand il aura le temps de le voir un ces jours et d'en faire la critique.
Ce qui est sûr, c'est que lui aussi ne laisse pas indifférent et confirme un réalisateur doué d'un vrai sens
du cinéma, tant sur l'esthétique que la manière de mettre en scène son scénario.
Je ne peux que vous donner envie de le voir, car même
s'il n'égale pas " Bad boy Buddy" dans la narration extraordinaire d'un pauvre bougre.
il emmène aisément sur un terrain intelligent qui ne devrait pas vous laisser indifférent .
Quel est le projet D'Alexandra? je vous laisse dans le suspense.
Une video trailer est sur Utube.