lundi 31 octobre 2011

2019, Après la chute de New-York / 2019 - Dopo la caduta di New York / 2019, After the fall of New-York


de Sergio Martino. 1983. Italie. 1h36. Avec Michael Sopkiw, Valentine Monnier, Anna Kanakis, George Eastman, Roman Geer, Vincent Scalondro, Haruhiko Yamanouchi, Edmund Purdom, Louis Ecclesia.

Sortie salles France: 11 Janvier 1984. Italie: 22 Juillet 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


En 1981 débarquent en salle Mad Max 2 et New York 1997, deux œuvres charnières de la science-fiction post-apo. Nos voisins transalpins s’empressent alors d’exploiter le filon, surenchérissant dans une frénésie homérique nourrie de bande dessinée et de western spaghetti. Deux ans après les modèles de Miller et Carpenter, Sergio Martino (auteur de quelques classiques tels Torso, La Queue du Scorpion, Mannaja ou Le Continent des Hommes-Poissons) livre sa version belliqueuse du post-nuke. D’autres cinéastes, tout aussi cupides, dévoilent à leur tour des avatars à maigre budget aussi improbables que Le Gladiateur du futur, Les Guerriers du Bronx ou Les Nouveaux Barbares, pour ne citer que les plus fameux.

Synopsis : En 2019, le monde est ravagé par une apocalypse nucléaire, causant la stérilité des dernières femmes. Les Euraks, armée téméraire infiltrée dans les zones irradiées, traquent les rares survivants pour les étudier dans l’espoir de reproduire l’espèce humaine. Exilé en Alaska, un président américain charge le mercenaire Parsifal de retrouver la dernière femme fertile. Celui-ci s’entoure de deux briscards aussi pugnaces que déglingués pour mener à bien cette mission-suicide au cœur des vestiges new-yorkais.


Érigé sous le moule de la série Z (involontairement) pittoresque, faute de budget et d’acteurs chauvins à la trogne risible, 2019, après la chute de New York peut sans conteste se targuer d’être le plus savoureux ersatz rital des classiques susnommés. Car grâce à l’habileté d’un petit maître du bis à la carrière loin d’être négligeable, cette bisserie intrépide transcende ses flagrants défauts par la fertilité d’une action pétulante et de péripéties hautement colorées. Dans la posture gogo de héros en mal de reconnaissance, le film puise son charme dans un décor décharné de carton-pâte et via ses figures grotesques irrésistiblement attachantes : gueules irradiées, braconnier chinois adepte du fouet, homme-singe à l’épiderme boursouflé (inénarrable George Eastman en Sinbad déficient !), borgne humanoïde au lasso métallique, preux mercenaire prêt au sacrifice, valeureux nabot s’éventrant par altruisme, ou encore esclave éprise du cœur du héros mad-maxien.


Dès le préambule, une aura mélancolique plane sur l’horizon diaphane d’un New York azur, porté par un air de trompette funèbre. Martino soigne son univers aride d’apocalypse, appuyé par une voix-off monocorde exposant la situation radioactive avec gravité. Après une mémorable course-poursuite façon auto-tamponneuse, menée par des gladiateurs motorisés, la trame s’aligne sur le canevas de New York 1997 : un héros anarchiste, bellâtre et inexpressif, contraint d’accomplir une mission sous la houlette d’un chef d’État sournois.

Grâce à la bonhomie de nos mercenaires, à la fois rétrogrades et extravagants (le nain sauteur Kirke est devenu, chez certains amateurs, une icône impayable), à l’action en roue libre inspirée de la BD destroy, et au dynamisme du montage, l’aventure dystopique déborde de générosité. Chaque rencontre avec des belligérants en survie ouvre sur de nouveaux tableaux hallucinés. Quelques séquences gores, typiquement italiennes dans leur audace racoleuse, viennent animer les égouts new-yorkais d’une crasse réjouissante. Si cette épopée échevelée s’avère si jubilatoire, c’est aussi grâce à la drôlerie (involontaire) de certaines répliques prononcées avec un sérieux à toute épreuve.

Ajoutons à cela une bande-son tapageuse : bruitages d’armes à feu et de coups de poing tonitruants, typiques du ciné rital, saturés par le score enlevé des frères Guido et Maurizio De Angelis, qui dynamisent jusqu’à l’épuisement les confrontations belliqueuses.


Les nains aussi ont commencé petit !
Efficacement troussé et nerveusement mis en scène sous le sceau d’une "pochette-surprise" narrative, 2019... incarne le pur divertissement décomplexé. Un miracle de ringardise qui pallie ses moyens précaires par un savoir-faire aussi inspiré qu’avisé, et par l’attachante complicité de comédiens cabotins se prêtant au jeu avec une foi inébranlable. Sans prétention (malgré ses élans de plagiat), loufoque, débridé et généreux en portraits de marginaux décadents, errant dans une scénographie rutilante (mention spéciale à ses décors urbains envoûtants), 2019, après la chute de New York demeure le meilleur succédané de Mad Max, porté par une facture Z irrésistiblement latine.

Reste une question improbable en guise de conclusion identitaire :
“Est-ce une faute grave d’être un nain ?!”

* Bruno
01.01.19. 7èx
31.10.11.

Sergio Martino

3 commentaires:

  1. Très bonne question finale.
    Il faut bien admettre qu'entre la zoophilie ou le transexualisme assumés du film (et bien d'autres choses encore), la fameuse sentence : "ce n'est pas de sa faute si c'est un nain !" parait sacrément décalée et gentiment tendancieuse.
    En tout cas, c'est amusant ce besoin qu'on a de qualifier ce métrage de nanar tant il tient quand même sacrément bien la route comme tu le dis et qu'au fond, on peut - presque - le regarder sans ironie.

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  2. Vu au cinéma à l'époque avec une bande d'amis.
    Un moment sympa me revient en mémoire , une empreinte positive.
    de l'eau à couler sous les ponts depuis....
    vais-je me laisser tenter par une soirée revival...
    Dans la même période me revient en mémoire "atomic cyborg" .
    C'était une période faste pour ce genre de films que l'on appelle série B
    aujourd'hui, mais à l'époque ils avaient leur places au même titres que d'autres , comme Mad Max...
    Le critère de qualité se faisait surtout du bouche à oreille dans les bahuts.

    ( dans d'autres salles se faisaient du bouche à bouche , mais cela est une autre histoire).

    PS: ne pas considérer la parenthèse comme un appel du pied à étendre
    les critiques sur des horizons graveleux qui pourrait nuire à l'intégrité
    vertueuse du site, qui n'aboutirai qu' à saturer le serveur et rallonger
    les nuits déjà trop courtes de notre Hôte .

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  3. De la série B comme je les aime ! Avec des nains, des femmes androgynes, des rats, un cyborg avec un oeil bionique : bref, on en redemande !

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