samedi 19 novembre 2011

Hatchi (Hachi, A Dog's Story)


de Lasse Haelstrom. 2009. U.S.A. 1h32. Avec Richard Gere, Sarah Roemer, Joan Allen, Cary-Hiroyuki Tagawa, Jason Alexander, Erick Avari, Robert Capron, Daviana McFadden, Kevin DeCoste.

Sortie en salles en France le 9 Juin 2010. U.S: 18 Décembre 2009

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lasse Haekstrom est un réalisateur et scénariste suédois, né le 2 Juin 1946 à Stockholm (Suède). 1975: A Guy and A gal. 1985: Ma vie de chien. 1991: Ce cher Intrus. 1993: Gilbert Grape. 1995: Amours et mensonges. 1996: Lumièe et compagnie. 1999: l'Oeuvre de Dieu, la part du Diable. 2000: Le Chocolat. 2001: Terre Neuve. 2005: Une vie inachevée. 2005: Casanova. 2006: Faussaire. 2009: Hatchi. 2010: Dear John. 2012: The Danish Girl.

D'après une histoire vraie.
Le véritable Hachikō est né à Ōdate, au Japon, en 1923. Il est mort en mars 1934.
Une statue de bronze trône aujourd’hui à sa place habituelle, en face de la gare de Shibuya.

Je vois déjà venir certains lecteurs ricaner à la vue de cette affiche jugée puérile, mettant en vedette un acteur glamour, ancienne gloire d’Hollywood, le regard attendri posé sur un toutou façon peluche. Et pourtant, dans sa forme canonique, assumant de cibler un public familial, le réalisateur de Gilbert Grape évite admirablement le pathos lacrymal qu’on redoute souvent dans ce type de production. D’autant plus qu’il s’agit ici du remake d’un film japonais méconnu, Hachikō Monogatari, réalisé en 1987 par Seijirō Kōyama. Attention toutefois au crève-cœur inconsolable que nombre de spectateurs éprouveront, désarmés, impuissants !

Le pitch : en revenant du travail, un professeur de musique universitaire trouve sur son chemin un chiot errant. Par empathie, il décide de le ramener chez lui, contre l’avis de son épouse. Peu à peu, une amitié se noue entre les deux compagnons. Surnommé Hatchi en raison de ses origines japonaises, le chien accompagne chaque matin son maître jusqu’au quai de la gare et revient l’attendre chaque soir après sa journée de travail. Les mois passent, leur relation s’épanouit… jusqu’au jour où le destin décide de les séparer.

Une histoire simple de prime abord - standard, diront les indécis - car centrée sur le lien viscéral unissant un maître et son chien fidèle. Mais dans son refus lucide de la complaisance, le réalisateur suédois Lasse Hallström nous convie à redécouvrir cette rencontre étonnante que chacun de nous connaît, ou a déjà vécue, avec un animal de compagnie. Ce rapport tendre, si affectueux, qu’on peut tisser avec un chien entièrement voué à vous rester fidèle. Et ce, jusqu’à votre dernier souffle. Hatchi nous raconte cela - cette relation qui transcende l’amitié, l’amour, la reconnaissance, au nom d’une fidélité commune, muette et sacrée.

La première partie, succession de séquences touchantes sans jamais verser dans la mièvrerie, illustre l’union complice d’un sexagénaire attendri par l’humanité bouleversante de son compagnon canin. Chaque matin, Parker se rend à la gare pour enseigner la musique à l’université. Et chaque matin, Hatchi l’accompagne jusqu’au quai, puis revient l’attendre le soir, patiemment, sur la place. Les commerçants, d’abord intrigués, finissent par observer avec bienveillance ce rituel empreint d’une loyauté farouche.

Mais un jour, un événement brutal vient tout bouleverser. La seconde partie, abrupte, inopinée, bifurque vers le drame, avec une sobriété bouleversante. Sans appuyer ni souligner, une séquence discrète vient marquer la bascule. La douleur, ici, ne se montre pas - elle s’insinue, insidieuse, muette, irrémédiable.

Dans un rôle inhabituel, Richard Gere incarne avec un flegme lumineux ce professeur de musique, épanoui dans sa vie conjugale comme professionnelle. Sa relation chaleureuse, presque enfantine, avec Hatchi nous touche lors de scènes anodines, portées par des élans d’une tendresse noble. Le chien - en réalité interprété par trois Akita Inus selon l’âge d’Hatchi - est sobrement filmé, qu’il s’agisse de moments graves ou joyeux. Son regard d’innocence, sa bonhomie instinctive, sa patience infinie, ne peuvent que bouleverser un spectateur contemplatif, sensible à cette fidélité sans faille. Peu à peu, l’émotion devient irrépressible, jusqu’au bord de l’insoutenable - selon la sensibilité de chacun, et l’amour porté à la cause animale. Puisque hélas je suis incapable de revoir le film avec tout le courage du monde. Ce Samedi 19 Novembre 2011 restera donc pour moi une date aussi mémorable qu'épineuse que mon coeur est incapable d'extraire.

"Une fidélité proverbiale à part entière".
Récit authentique prônant les valeurs d’amour et de dévotion entre un homme et son chien, Hatchi nous désarme le cœur - à vif ! - en acceptant la cruauté d’une destinée inéquitable. Portrait pudique d’une complicité altruiste, brisée par la mort mais unifiée à nouveau dans une dimension quasi spirituelle. Un drame bouleversant, d’une acuité émotionnelle rare, qui, en évitant les pièges du film à larmes, atteint une forme d’épure. En marge de cette émotion fragile, presque impitoyable, la partition au piano, timide et discrète, vient souligner sans insister la demi-teinte de l’ensemble.

Et ainsi, au fil de cette histoire aussi modeste qu’immense, Hatchi nous submerge d’un flot d’émotions incontrôlables, profondes, rigoureuses - pour ne pas dire traumatiques, chez celles et ceux nouant un lien indéfectible avec le monde canin.

À Hatchi, Barney et Harvey, mes héros…
 
— le cinéphile du cœur noir
 
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Dédicace à Gilles Roland, Selena de Sade et Isabelle Rocton.
19.11.11
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Ci-dessous, la critique de mes amis Luke Mars et Gilles Roland
http://darkdeadlydreamer.blogspot.com/2011/11/hachi-dogs-tale-aka-hachiko-dogs-story.html?showComment=1322205834540#c3807275587435140473
http://www.shunrize.com/wordpress/critique-hatchi

L'avis de mon ami Mathias Chaput:

Il est des films intemporels que l’on n’oublie jamais, des films si bouleversants qu’ils hantent notre mémoire à jamais, des films d’une force émotionnelle qui balayent tout et qui nous bloquent en quelques minutes où nous avons l’impossibilité de retenir nos larmes : « Hatchi » fait partie de cette race très fermée de métrages…
« Philadelphia », « Le cercle des poètes disparus » sont du même calibre mais « Hatchi » dégage un pouvoir émotionnel encore plus intense que ces deux films…
D’une intensité mélodramatique et d’un jeu d’acteurs bien rôdé (on s’attache très vite aux personnages, le chef de gare, le vendeur de hot dogs, la libraire), on s’habitue à une routine très touchante et de voir ce chien au beau milieu de tout ce petit monde qui parait gentillet et émouvant (le cadre, les habitudes, les saisons qui défilent, filmés intelligemment et sans la moindre redondance)…
Et lorsque tout s’écroule (après la première heure) un sentiment indicible comme une brise glaciale qui nous balayerait littéralement, la c’est le DRAME qui prend place !
Et c’est terrible…
« Hatchi » a une force instantanée de faire virer à 360 degrés la quiétude qui s’était immiscée, la complicité absolue entre un homme et son chien pour aboutir au film le plus lacrymal de tous les temps, à la sensibilité impénétrable et au cœur gros comme ça, nous collapsant de pleurs sans discontinu…
Niveau technique, la mise en scène est très correcte et les décors sont parfaitement adaptés au film…
Richard Gere est bouleversant et prouve une énième fois qu’il est un grand acteur…
Le chien Hatchi est adorable, bref ce film est sublime, superbe et fascinant, mais très difficile en même temps : il en ressort une impression terrible, comme rarement vue au cinéma…
En un mot : DECHIRANT.
on est RETOURNéS !

Note : 10/10
Paix éternelle à Lady, Labelle, Ursa et Barney
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10 commentaires:

  1. Très belle critique,qui rend justice à l'étonnante palette de sentiments que procure le film. De plus, j'aime beaucoup ton style très poétique, qui convient à merveille au ton du long-métrage. Et merci encore pour la dédicace et pour l'insertion du lien. Ça me fait vraiment plaisir !

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  2. infiniment touchee, merci Bruno, et vraiment émue de t'avoir fait vivre cette emotion en te faisant decouvrir le merveilleux Hatchi.

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  3. Je ne te remercierais jamais assez ! sans ton influence, je n'aurais sans doute jamais osé regardé ce film bien trompeur sous ses apparences anodines

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  4. Eh ben tu m'as donné envie de le voir immédiatement. Belle critique Bruno

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  5. Merci Kevin, voit le et revient me donner tes impressions ! ^^

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  6. Très beau film effectivement, il m'a procuré autant d'émotions que le maginifique Antartica de 1983. Très vivement conseillé pour tous les amoureux des chiens et/ou des cinéphiles qui recherchent l'émotion devant leur écran.
    Belle critique Bruno.
    Vjack

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  7. Superbe critique simplement.Je vais le regarder tu peux en être sûr!

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  8. tres beau film et magnifique critique qui rends justice a ce film meconnu

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