jeudi 3 novembre 2011

LE SANG DU VAMPIRE (Blood of the Vampire)


de Henry Cass. 1958. Angleterre. 1h24. Avec Donald Wolfit, Vincent Ball, Barbara Shelley, Victor Maddern, William Devlin.

FILMOGRAPHIE: Henry Cass est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique né le 24 Juin 1902 à Londres, décédé en 1989.
1949: La Montagne de Verre.
1950: Jennifer. Vacances sur Ordonnance.
1951: Histoires de jeunes femmes.
1955: Windfall. No Smoking.
1956: Bond of Fear.
1957: Professor Tim. Booby Trap.
1958: Le Sang du Vampire.
1960: The Hand.
1965: Give a Dog of Bone.
1968: Happy Deathday.


La même année que la sortie du chef-d'oeuvre, le Cauchemar de Dracula, le réalisateur anglais Henry Cass entreprend un film d'épouvante traitant du même thème vampirique mais abordé cette fois-ci d'un point de vue scientifique. Puisque dans le Sang du Vampire, notre savant fou, accompagné d'un traditionnel assistant difforme, est contraint de réapprovisionner son corps de sang humain en usant de transfusions sanguines. D'après un scénario de Jimmy Sangster (habituellement crédité à l'écurie Hammer) et produit par l'illustre duo Monty Berman / Robert S. Baker (l'Impasse aux Violences, Jack l'Eventreur), le Sang du Vampire détonne par son ambiance malsaine démonstrative et son originalité à renouveler le mythe du suceur de sang.

En Transylvanie, en 1874, un homme est exécuté après avoir été accusé de vampirisme. Son fidèle assistant réussit cependant à exhumer son corps avec l'aide d'un scientifique pour lui rendre la vie grâce à une transplantation cardiaque. Malgré sa résurrection, l'homme qui avait ingéré un sérum pour pouvoir rester en vie a subi une infection sanguine. Six ans plus tard, directeur d'un asile psychiatrique, il décide de continuer ses sinistres travaux avec la collaboration d'un médecin. 
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Avec l'entremise d'un scénario de prime abord orthodoxe, Henry Cass réussit avec une certaine audace à détourner le thème du vampire en quête de sang vierge dans le profil imparti au mythe du savant fou. Un scientifique contraint de pratiquer de multiples transfusions sanguines sur des cobayes humains au point de vidanger leur corps famélique. Le lieu baroque et sordide d'un asile psychiatrique surveillé par des gardes et accompagnés de dobermans affamés, réussit à créer une ambiance inquiétante particulièrement tangible. La photographie criarde aux teintes jaunes sépia et au rouge pourpre va accentuer ce sentiment d'hostilité palpable jusque dans le laboratoire de Callistratus, environnement barbare suintant la mort putride de cadavres moribonds. L'efficacité du récit s'établit notamment sur les rapports conflictuels d'un jeune médecin (leur relation houleuse ne manque pas de mordant dans leur divergence) contraint de subvenir à un directeur utopiste en quête d'immortalité.  Tandis que la présence enjôleuse de la charmante Barbara Hershey va apporter un soutien affectueux auprès de son amant voué au chantage. Il y a aussi l'assistant difforme Karl, endossé par l'acteur Victor Maddern, (tout droit sorti d'un "bossu de la morgue" ibérique !). Sa présence iconique exacerbe à volonté l'ambiance gothique tout à fait hybride dans son raffinement putassier.
Si le Sang du Vampire se révèle aussi captivant et particulièrement intense dans les enjeux des protagonistes, il le doit beaucoup à la géniale interprétation de Donald Wolfit, incarnant avec plaisir masochiste le rôle d'un savant fou immoral. Un être abject obsédé à l'idée de survivre en soutirant le sang de victimes innocentes. Sa mégalomanie arrogante, son faciès ténébreux mis en valeur par de larges sourcils et surtout son regard sournois irradient l'écran de ses cyniques exactions.
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Baignant dans un climat glauque et malsain agencé autour d'un univers gothique digne des productions Hammer, Le Sang des Vampires est un petit trésor vintage rehaussé par la conviction des comédiens et d'un récit habilement structuré (à une incohérence près comme ce final vite expédié pour la sauvegarde du héros). On sera d'autant plus surpris pour l'époque du caractère brutal octroyé à certaines dérives sanglantes, à l'image de ces chiens insatiables dévorant ardemment deux protagonistes désoeuvrés. 

Dédicace à Artus Films 
03.11.11.  3.
Bruno Matéï

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