jeudi 14 novembre 2013

La Résidence / la residencia /The house that screamed/Gli orrori del liceo femminile

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

de Narcisso Ibañez Serrador. 1969. Espagne. 1h40. Avec Lilli Palmer, Christina Galbo, John Moulder Brown, Pauline Challoner, Tomas Blanco, Candida Losada, Mary Maude.

Sortie salles France: 9 Août 1972

FILMOGRAPHIE: Narciso Ibanez Serrador est un scénariste, producteur et réalisateur uruguayen, né le 4 Juillet 1935 à Montevideo (Uruguay).
1969: La Résidence. 1976: Les Révoltés de l'An 2000


Chef-d'oeuvre d'épouvante gothique à l'aura perverse d'autant plus trouble qu'elle découle du refoulement de jeunes collégiennes (défilé d'actrices particulièrement vénéneuses), La Résidence est un acmé de l'angoisse où l'ombre du tueur giallesque plane derrière les murs d'une geôle scolaire.

Le pitch: Thérèse, nouvelle collégienne d'un internat du sud de la France, est confrontée à la discipline d'une directrice n'hésitant pas à flageller les filles insolentes. Alors qu'Isabelle part rejoindre une nuit le fils de l'administratrice, elle disparaît sans laisser de traces. 


Pour tous les amoureux d'épouvante séculaire à l'ambiance gothique littéralement ensorcelante, La Résidence est une clef de voûte ibérique d'une puissance émotionnelle diaphane. Car à travers la claustration d'un pensionnant de jeunes filles sévèrement perturbées par la dictature d'une matriarche (en tenue étriquée d'Ilsa Fraulein, Lili Palmer vampirise, éructe d'ambiguïté masochiste), Narciso Ibanez Serrador nous plonge dans les racines de la perversité sous la mainmise du conservatisme et d'une sociopathie. Préfigurant les figures baroques de Suspiria (la scénographie prégnante est constituée d'un internat pratiquement féminin, la directrice s'accoutre d'une posture aussi rigide que Miss Tanner et l'expérimentation des meurtres s'influence de stylisme charnel), La Résidence possède ce même magnétisme environnemental où le mal semble s'être infiltré en interne des murs. Ainsi, en pleine possession de son talent de conteur (cheminement ombrageux en crescendo) et de maîtrise technique (mouvements de caméra fluides), Narciso Serrador y transcende un univers mortifère extrêmement immersif, de par la caractérisation effrontée des personnages que du point de vue d'un assassin invisible constamment voyeur. Et donc, à travers l'ombre du suspect et de l'austérité de l'enseignante, la manière latente dont le réalisateur y façonne un sentiment d'oppression s'avère résolument incisive si bien que l'effet de suggestion prime le plus souvent avant la cruauté des exactions (flagellations punitives sur les enseignantes rogues, meurtres vertigineux auprès des plus candides).


Ainsi, sous le même mode opératoire de Psychose, le réalisateur distille une montée progressive du suspense en jouant sur l'angoisse d'une menace sourde et se délecte à broder une relation (limite) incestueuse à travers les rapports intimes de la directrice et de son rejeton pubère. D'autre part avec une audace encore plus insolente qu'Alfred Hitchcock, le cinéaste ose ce que l'on ne pouvait prévoir. Au climat malsain diffus instauré par la directrice saphique (quinquagénaire attirée par les jeunes collégiennes d'autant plus amoureuse de sa comparse sadienne), la contagion du vice semble propager la plupart des pensionnaires. Tant auprès de leurs coucheries récurrentes avec un paysan, de leurs fantasmes sexuels lors d'une séance de couture ou encore de la draguerie de l'une d'elles sous la douche face à la gouvernante en émoi. Autant dire que derrière ce portrait d'étudiantes insidieuses s'y cache un malaise existentiel causé par l'intolérance, le fanatisme religieux et le fétichisme d'une mégère interlope. Quand au point d'orgue révélateur, Narciso Serrador enfonce le clou du nihilisme afin d'y transcender une anthologie de l'effroi l'obscurantiste  (d'ailleurs, un certain Lucky McKee a du s'en inspirer pour brosser l'introspection meurtrière de May). Qui plus est, l'ultime image littéralement dérangeante sera conçue pour nous hanter bien au-delà du générique final. 


Profondément pervers, poisseux et malsain mais terriblement immersif de par son pouvoir de fascination irrépressible, La Résidence sublime au possible sa scénographie gothique au sein d'une résidence rubigineuse. Sa splendide photo sépia renforçant l'aura vénéneuse de ses collégiennes en rut, faute de l'endoctrinement de leur hiérarchie asexuée. Démonial, déviant et effronté à travers une terreur vertigineuse qu'on se délecte à revoir, ad vitam aeternam. 


*Bruno
14.11.13. 3èx

1 commentaire:

  1. Chef-d'oeuvre d'épouvante gothique découvert grâce a toi ... oohhh merci

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