Photo empruntée sur Google, appartenant au site daysarenumbers.net
de John Boorman. 1977. U.S.A. 1h58. Avec Linda Blair, Richard Burton, Louise Fletcher, Max Von Sydow, Kitty Winn, Paul Henreid, James Earl Jones, Ned Beatty.
Sortie salles France: 25 Janvier 1978. U.S: 17 Juin 1977
FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni).
1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.
"J'ai trouvé particulièrement stimulante l'idée de faire un film qui s'appuyait sur l'attente d'un public préexistant. Chaque film exige un effort pour rejoindre son public et c'est pourquoi le cinéma est si souvent répétitif: la répétition est gage de succès. J'ai trouvé qu'il serait honnête de prendre en charge cette attente du public et de la remodeler, de l'aider à se réorienter, plutôt que de le satisfaire avec la réédition d'un produit familier". John Boorman
Quatre ans après le foudroyant traumatisme planétaire, l'Exorciste, John Boorman s'entreprend de réaliser une suite à contre-courant, dans le sens où il souhaite avant tout s'écarter du grand-guignol révulsif de son modèle. Echec commercial cinglant auquel le public s'attendait sans doute à une forme de remake encore plus horrifiant, le film est à nouveau boudé lorsque son réalisateur en modifie le montage (ainsi qu'un final plus spectaculaire) pour le réexploiter en salles. Enquêtant sur les circonstances troubles de la mort du père Merrin, le prêtre Amont décide de rentrer en contact avec la jeune Regan durant des séances d'hypnose synchronisées afin de rencontrer le démon Papuzu.
Visuellement éblouissant durant le voyage initiatique entrepris en Afrique par le père Amont, l'Exorciste 2: l'hérétique, joue la carte du dépaysement vertigineux lorsque ce dernier doit par exemple, par hypnose synchronique, s'infiltrer à l'intérieur de crevasses d'une montagne pour témoigner d'un exorcisme commis sur l'enfant Kokumo. Réflexion métaphysique sur la nature du Mal, le film de John Boorman bouscule les règles de la convention et redouble d'originalité à tenter d'expliquer les fondements maléfiques du diable Papuzu sous l'apparence hostile d'une invasion de sauterelles. Avec audace, le réalisateur prend donc le risque de dérouter le spectateur avec son lot de séances d'hypnose récurrentes (mais parfaitement synchronisées !), auquel Amont et Regan, tentent de renouer contact (parfois même pas télépathie !) avec Papuzu. La seconde partie, plus ésotérique mais irrésistiblement captivante, nous entraîne vers l'expédition du père Amont, chargé de retrouver Kokumo afin de démystifier la présence du Mal. A grands renforts d'illusions spirituelles et de symboles tribaux, le film nous mêle notamment à un protocole sur la symbiose des sauterelles afin de déjouer leurs enjeux destructeurs. En prime, le climat tropical qui martèle cette contrée aride va venir amplifier l'aura mystérieuse qui y découle où l'écologie joue un rôle majeur.
En ce qui concerne le choix des comédiens, on est heureux de retrouver la jeune Regan du haut de ses 16 ans, ici plus affirmée à insuffler un jeu spontané sous l'entremise de l'illustre Linda Blair. Qui plus est, l'actrice photogénique dévoile un charme de sensualité en osmose avec certaines plages d'onirisme durant son cheminement synchronique (sa présence symbolique sur le toit de son immeuble parmi une nuée de colombes !). Si Richard Burton peut parfois prêter au cabotinage (le prologue au cours duquel une possédée s'immole devant sa posture exorbitée !), il réussit à monopoliser une présence transie d'émoi et de stupéfaction face à son dessein hasardeux. On aurait peut-être aimé une prestance un peu moins monolithique dans ses audaces stoïques mais l'acteur, imprégné d'inquiétude, insuffle malgré tout une densité humaine ensorcelante.
Plongée fascinante dans les tréfonds du Mal au rythme mélodique de l'inoubliable partition de Morricone, l'Exorciste 2 réfute la redite et peut donc se targuer d'être l'une des rares suites à avoir su tenir tête à un panthéon diabolique dans une autonomie auteurisante. Esthétiquement envoûtant dans ses nuances ocres, le film n'oublie pas de provoquer une vraie émotion face à la nouvelle destinée de Regan et de culminer vers un final apocalyptique faisant office d'anthologie (FX prodiges à l'appui !). Pour parachever, et comme le soulignait le journaliste de l'époque, Pierre-André Arène, il est temps de redécouvrir cette oeuvre complexe mais passionnante et profondément originale !
06.11.13. 3èx
Bruno Matéï
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