mardi 5 novembre 2013

RAZORBACK

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Russell Mulcahy. 1984. Australie. 1h35. Avec Gregory Harrison, Arkie Whiteley, Bill Kerr, Chris Haywood, David Argue, Judy Morris.

Sortie salles Australie: Avril 1984

FILMOGRAPHIE: Russell Mulcahy est un réalisateur australien, né le 23 Juin 1953 à Melbourne, dans l'état de Victoria.
1979: Derek and clive get the horn. 1984: Razorback. 1985: Arena. 1986: Highlander. 1991: Highlander 2. 1991: Ricochet. 1992: Blue Ice. 1993: l'Affaire Karen McCoy. 1994: The Shadow. 1996: Tireur en péril. 1998: La malédiction de la Momie. 1999: Resurrection. 2003: Swimming Upstream. 2007: Resident Evil: Extinction. 2008: Le Rois Scorpion 2. 2009: Fais leur vivre l'enfer, Malone !


A peine âgé de 31 ans lorsqu'il met en chantier son second long-métrage, Russell Mulcahy ne laisse pas indifférent les membres jury d'Avoriaz qui voient en ce solide artisan un nouveau prodige de la réalisation, et cela même si Razorback repart bredouille d'une quelconque récompense. Si durant sa sortie ciné, le succès s'avère timoré auprès du grand public, c'est du côté des vidéophiles qu'il va finalement se tailler une petite réputation de série B culte. Mixant allègrement fantastique, aventure et horreur malsaine pour le portrait déviant imparti à un duo de rednecks, Russell Mulcahy se réapproprie du bestiaire animalier afin d'accentuer le caractère épique d'un affrontement au sommet. 
Deux portraits d'individus meurtris se télescopent dans Razorback. Celui du jeune Carl, exilé dans le désert australien pour retrouver la trace de sa femme disparue, Beth Winters, journaliste militante pour la cause animale. Et celui de Jack, sexagénaire esseulé, rongé par la vengeance après avoir perdu son petit fils durant une attaque nocturne du sanglier. Ces deux hommes au caractère bien distinct vont livrer chacun de leur côté un combat impitoyable envers la bête. Au milieu de cet affrontement, deux bouseux travaillant dans un abattoir vont se retrouver mêler à cette chasse impitoyable depuis leur tentative de viol commise sur l'épouse de Carl.


Spectacle baroque furibond où l'onirisme crépusculaire se mêle à une nature solaire clairsemée (la traversée hallucinée de Carl au sein du désert aride !), Razorback joue la carte de la singularité en renouant avec des thèmes éculés du cinéma fantastique. Avec une ambition stylisée, Russel Mulcahy agrémente des plages de poésie durant le cheminement aussi hasardeux que belliqueux de deux justiciers rongés par le deuil. Dans la mouvance des Dents de la mer pour le côté démesuré octroyé à la morphologie du sanglier et de Massacre à la Tronçonneuse pour le portrait émis à deux détraqués sadiques (à bord de leur véhicule, ils pourchassent les kangourous durant les nuits de braconnage en les aveuglant sous les feux de projecteur pour les torturer à leur guise !), Razorback est un curieux mélange des genres auquel l'aventure épique redouble d'intensité. En prenant soin de nous attacher aux personnages valeureux, où leur humanisme est fragilisé par leur écorchure intime, Russel Mulcahy nous propulse au sein d'un survival qui voit s'affronter des chasseurs faillibles mais toujours rebelles pour s'opposer au monstre. Tandis qu'une certaine émotion poignante est véhiculée vis à vis de la relation amicale entretenue entre Sarah (la jeune assistante de Jack) et Carl, veuf inconsolable qui réussira grâce à son soutien à retrouver un regain d'affection. Cette dose de romantisme qui enveloppe peu à peu le récit est intensifiée par la magnifique élégie musicale d'Iva Davies.
En ce qui concerne la carrure impressionnante du Razorback, le réalisateur joue la carte de la suggestion et n'abuse jamais d'esbroufe pour divertir le spectateur. Sans doute pour pallier le manque de moyens alloués aux effets-spéciaux, il fait donc appel aux gros zooms en insistant sur sa physionomie afin d'accentuer la férocité de l'animal. Avec l'habileté d'un montage précis et d'une réalisation régulièrement inventive, Razorback réussit le tour de force de crédibiliser son monstre avec l'appui d'une imagerie crépusculaire littéralement ensorcelante. 


Spectacle flamboyant où l'onirisme baroque se dispute à une violence parfois âpre, Razorback mixe les genres avec autant d'efficacité que d'émotion prude. Alors que sa mise en scène, particulièrement douée, transcende l'icône d'une bête d'apocalypse et la pugnacité de nouveaux pionniers jamais à court de renoncement. Un classique indépendant qui n'est pas prêt de s'éteindre !
05.11.13. 5èx
Bruno Matéï

9 commentaires:

  1. Bruno, chaque que je me dis que je vais cesser de commenter ton blog( tu vas te lasser à force c'est vrai ) tu me sors un film que j'adore, et j'ai aussitôt l'envie d'y aller de mon petit mot accompagné des souvenirs qui vont avec !
    La preuve aujourd'hui : Razorback ! Un film que j'ai vu la première fois un midi au ciné-vidéo club du collège...un film qui même s'il est sérieusement marqué par son époque (les 80's toutes de bleues électriques et de tubes néons) conserve pour moi son aspect dépaysant et étrange.

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  2. Mais qu'est-il arrivé à Mulcahy pour qu'il en vienne à pondre des DTV infréquentables tels que "Le Roi Scorpion 2" ? Ça me laisse pantois !
    Superbe critique, Cher ami !

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  3. Tes commentaires sont un délice Laurent, sache le car je les lis attentivement !

    On se le demande ami Hugues, clair qu'il est bien loin le temps de Razorback et d'Highlander ! Merci de me lire Hugues ! ^^

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  4. Mulcahy nous a quand même tourné "Ricochet" un nanar de haute volée..A voir sans complexe !
    je crois que je mate ton blog tous les jours Bruno :
    - Parce que franchement je ne sais pas comment tu fais pour réussir à regarder un film différent par jour, chapeau.
    - Parce que j'y redécouvre des films que j'adore et ça me donne souvent envie de les revoir
    - Parce tes critiques sont globalement assez positives
    - Parce que je ne sais toujours pas ce que veut dire "pugnace" même si à chaque fois je me dis que je vais chercher la def mais que je ne le fais jamais.
    Voila deux minutes sur ton blog, le matin avec un café,c'est cool..même si j'ai lâché Facebook je mate ton blog assez régulièrement, curieux de savoir quel sera le film du jour...
    seul petit bémol, si je peux me permettre, tu commence à avoir des petits tics d'écriture (comme le fameux "pugnace" justement)...moi par exemple dans mes com des mots s'égarent souvent parce que j'ai la flemme de relire, désolé.
    enfin continue à vivre ta passion tu as bien raison

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  5. lol Laurent, "pugnace" veut dire combatif tout simplement ! Mais tu sais, j'apprends régulièrement 2 à 4 mots par semaine depuis 3 ans ! J'ai un carnet spécifique où sont répertoriés plus de 1100 morts que j'ai retenu par coeur ! ^^

    Pour les petits tics, on en a tous, j'en ai déjà causé avec certains critiques !

    Justement, je voulais en parler de Ricochet qui est vraiment un nanar inmanquable, c'est totalement fun et débridé et Lithgow en fait des tonnes !

    Merci Laurent ^^

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  6. merci de corriger ! 1100 morts ! Là j'ai aussitôt cru que tu étais un tueur en série ! ^^

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  7. Un très bon souvenir qu'il faudrait que je remate, un "dents de la mer" terrestre !

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