vendredi 22 novembre 2013

La Baie Sanglante / Reazione a catena / Ecologia del delitto

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site 50ansdecinema.wordpress.com

de Mario Bava. 1971. Italie. 1h24. Avec Claudine Auger, Luigi Pistilli, Claudio Camaso, Anna Maria Rosati, Chris Avram, Leopoldo Trieste, Laura Betti.

Sortie salles France: 22 Mars 1973. Italie: 1971

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).il va inventer 13 manières de tuer

 
Véritable chef-d’œuvre du néo-giallo, avant-coureur du psycho-killer que Sean S. Cunningham reprendra de façon bien plus triviale (Vendredi 13), La Baie Sanglante traverse les décennies sans faillir, portée par un pouvoir de fascination ancré dans une nature automnale, théâtre macabre d’une hécatombe meurtrière.

Le pitch : après le meurtre d’une comtesse et de son époux, leur fils - rejoint par deux couples sans scrupules - tente de s’emparer de leur propriété, située en bordure d’une baie. À partir d’un scénario machiavélique jalonné d’une succession de meurtres d’un gore cru, Bava redouble d’efficacité pour orchestrer le jeu de massacre d’une poignée d’antagonistes aussi cupides que véreux. Ce qui saisit d’emblée, lorsqu’on se replonge dans les eaux troubles de La Baie Sanglante, c’est ce contraste abyssal entre la beauté rassurante de la nature et la cruauté frontale des meurtres (avec ces zooms insistants sur les chairs tailladées).

Face aux agissements vils de personnages cyniques s’entretuant pour transformer ce havre en station balnéaire bétonnée, Bava esquisse une métaphore acide sur le viol de la nature. Comme si la baie, blessée, observait leur mépris avec une tristesse rageuse - appuyée par un score élégiaque. La baie devient présence spectrale, mémoire silencieuse de la profanation. Et pour accentuer encore le chaos, quatre adolescents égarés y pénètrent par effraction… et paient leur curiosité après la découverte d’un noyé.

Ce scénario implacable, toujours plus jouissif dans les stratégies perfides déployées par cette faune humaine décadente, Bava le dirige avec une maestria géométrique et un sens du cadre sépia (azuré pour les séquences nocturnes) à couper le souffle - surtout en Blu-ray. La poésie macabre de ses visions, à la fois oniriques et morbides, fascine davantage encore lorsqu’elle se conjugue à un jeu de lumière sensuelle, éveillant une émotion trouble, presque charnelle. Et ce, jusqu’à l’ironie burlesque d’un épilogue dérisoire, accompagné d’un score primesautier.
 

"Sous les feuillages, la mort sourit".
Porté par le score inoubliable de Stelvio Cipriani et par la mise en scène stylisée de Bava, La Baie Sanglante s’impose comme une pierre angulaire du cinéma d’horreur, où l’audace gore flirte avec l’élégance d’un érotisme macabre. L’efficacité brutale de son scénario, peuplé de figures lamentables d’antagonistes rustres, exacerbe sans relâche son pouvoir émotionnel, chargé d’une dérision caustique anti-capitaliste. Une œuvre d’art à l’état brut, à redécouvrir d’urgence tant son pouvoir de fascination hante l’esprit avec un plaisir masochiste inextinguible.

— ton cinéphile du cœur noir
22.11.13. 
20.02.24. 7èx. VF car version anglaise doublée



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