Photo empruntée sur Google, appartenant au site 50ansdecinema.wordpress.com
de Mario Bava. 1971. Italie. 1h24. Avec Claudine Auger, Luigi Pistilli, Claudio Camaso, Anna Maria Rosati, Chris Avram, Leopoldo Trieste, Laura Betti.
Sortie salles France: 22 Mars 1973. Italie: 1971
FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).il va inventer 13 manières de tuer
Véritable chef-d'oeuvre du néo giallo, avant-coureur du psycho-killer dont Sean S. Cunninghan reprendra le concept de manière autrement triviale (Vendredi 13), la Baie Sanglante supporte le poids des décennies de par son pouvoir de fascination érigé sous une nature automnale, théâtre macabre d'une hécatombe meurtrière. Le pitch: Après le meurtre d'une comtesse et de son époux, leur fils et deux couples sans vergogne vont tenter de s'emparer de leur propriété située à proximité d'une baie. A partir d'un scénario machiavélique alignant une succession de meurtres d'un gore assez cru, Mario Bava redouble d'efficacité afin d'illustrer le jeu de massacre d'une poignée d'antagonistes aussi cupides que véreux dans leur requête d'une vaste propriété. Ce qui frappe d'emblée quand on se replonge dans les eaux troubles de La Baie Sanglante, c'est le contraste saisissant impartie à la beauté rassurante de la nature et la cruauté des meurtres outranciers qui en découle (zooms insistants sur les plaies entaillées).
Car face aux agissements putanesques de personnages cyniques s'entretuant pour l'acquisition d'un lieu touristique, Mario Bava y dépeint une métaphore sur le respect de l'écologie. Comme si la baie semblait éprise de rancoeur et d'imprécation face à l'attitude désinvolte de ces étrangers. Car en bafouant ce lac par leurs exactions sanglantes ainsi qu'un viol pour le transformer en station balnéaire (voire, une plaque de béton !), la baie semble observer leur mépris avec mélancolie (score élégiaque à l'appui). Ainsi, au coeur de ce pathétique conflit entre amants bornés, et pour rajouter le côté disproportionné de ce massacre organisé, quatre jeunes ados vont pénétrer par effraction dans la propriété puis faire les frais de leur curiosité après la découverte d'un noyé. Ce scénario implacable toujours plus jouissif dans les stratégies perfides émises par nos énergumènes, Mario Bava le dirige avec une maestria géométrique et un sens visuel sépia (et azuré pour les séquences de nuit) qui laisse pantois d'admiration (tout du moins en Blu-ray). La poésie macabre de ses images oniriques ou morbides demeure d'autant plus envoûtante auprès d'un jeu nuancé de lumière sensuelle pour nous susciter une trouble émotion. Et ce jusqu'à l'ironie délibérément grotesque d'un épilogue tristement dérisoire, score primesautier à l'appui.
Ecologie du délit.
Au score inoubliable de Stelvio Cipriani qui enveloppe le récit et à la mise en scène stylisée de Bava, La Baie Sanglante s'édifie en pierre angulaire du cinéma d'horreur où l'audace gore se compromet à l'élégance d'un érotisme macabre. L'efficacité cinglante de son scénario impliquant une galerie assez pitoyable d'antagonistes rustres exacerbant sans répit son pouvoir émotionnel chargé de dérision caustique anti capitaliste. Une oeuvre d'art au sens le plus épuré à redécouvrir d'urgence tant son trouble pouvoir de fascination nous hante l'esprit avec plaisir masochiste inextinguible.
*Bruno
22.11.13.
*Bruno
22.11.13.
20.02.24. 7èx. VF car version anglaise doublée
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