de Eugenio Martin. 1972. Angleterre/Espagne. 1h30. Avec Christopher Lee, Peter Cushing, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Julio Pena, Helga Line, Telly Savallas.
Récompense: Médaille CEC en 1972 au Festival International de Catalogne, à Sitges.
FILMOGRAPHIE: Eugenio Martin est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1925 à Grenade.
1965: L'uomo di Toledo. 1966: Les Tueurs de l'Ouest. 1969: La vida sigue igual. 1971: Les 4 Mercenaires d'El Paso. 1972: Terreur dans le Shangaï express. 1973: La Chica del Molino Rojo.
Bisserie ibérique bien connue des cinéphiles des années 80 puisque le film sortit au prémices de la VHS, Terreur dans le Shangaï Express allie harmonieusement science-fiction et épouvante d'après un pitch inspiré de The Thing. En chine, un paléontologue fait la stupéfiante découverte d'un fossile mi-humain, mi-singe. Il décide de le rapatrier à Moscou en empruntant le train. Mais à bord, une série de morts mystérieuses commence à ébranler les passagers, les victimes étant retrouvées aveugles.
Série B modeste aux moyens minimalistes mais transcendée d'une imagination sans borne et le talent de ces illustres interprètes (Christopher Lee et Peter Cushing se partagent la vedette avec un habituel snobisme alors que Telly Savallas cabotine en cosaque castrateur !), Terreur dans le Shangaï-Express joue la carte du divertissement efficient avec énormément de charme. C'est de prime abord l'aspect débridé des motivations de la créature ainsi que sa physionomie rubigineuse qui fascinent le spectateur. Car sous son apparence glauque et velue se cache un extra-terrestre exilé sur terre depuis des millions d'années. Son but: nous annihiler par l'intelligence de notre cerveau en l'absorbant pour se nourrir de nos connaissances. Par son regard rutilant, elle hypnotise chacune de ses victimes jusqu'à ce que leurs yeux ensanglantés soient rendus aveugles ! En prime, à l'instar de La Chose, et pour mieux détourner l'attention de ces ennemis, elle possède la faculté d'usurper les corps humains par le simple esprit de sa pensée. Ce pitch génialement improbable, Eugenio Martin le trousse avec une ironie macabre (à l'instar de l'intégriste insidieux prêt à corrompre son âme pour le prix de la vérité !) et un sens de l'action horrifique fertile en rebondissements. D'autant plus que le lieu de claustration s'avère bien choisi afin d'y diluer l'angoisse. Car à bord du Shangaï-express, depuis que les cadavres pleuvent, la paranoïa se distille peu à peu auprès des passagers et ne cessent d'interroger un duo de scientifiques à l'affût. D'ailleurs, au fil de leur investigation pour démystifier l'objectif de la chose, ils iront de découvertes en révélations (comme le fait que la mémoire de la chose est uniquement confinée à l'intérieur de l'oeil !). Enfin, pour parachever, le réalisateur culmine vers une issue catastrophiste (déraillement ferroviaire à l'appui !) où les morts récalcitrants vont se relever pour importuner les vivants !
Le Monstre aux yeux rouges
Nanti d'un scénario fantasque multipliant les idées extravagantes et campé par des vétérans notoires issus de l'horreur vétuste, Terreur dans le Shangaï-Express épouse un cachet bisseux parmi le soin de maquillages modestes mais qualitatifs et de l'originalité d'une mélodie entêtante. Son esprit iconoclaste d'allier science-fiction alarmiste et horreur cheap au sein d'une scénographie inédite renforcent le caractère débridé d'une série B bonnard aujourd'hui considérée comme culte. Et c'est à ne rater sous aucun prétexte.
Bruno Dussart
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire