Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
d'Henri Verneuil. 1959. France. 1h52. Avec Fernandel, René Havard, Ingeborg Schöner, Bernard Musson, Ellen Schwiers, Pierre Louis, Franziska Kinz, Maurice Nasil.
Sortie salles France: 16 Décembre 1959
FILMOGRAPHIE: Henri Verneuil (Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste français d'origine arménienne, né le 15 octobre 1920 à Rodosto (Turquie), décédé le 11 janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.
Record de l'année 1959 puisqu'il engrange plus de 8 844 199 entrées (excusez du peu !), La Vache et le Prisonnier s'est taillé depuis sa sortie triomphante une réputation de grand classique de la comédie populaire comme le souligne également ses multi rediffusions télévisuelles. D'après une histoire vraie aussi insolite qu'improbable, la Vache et le prisonnier relate les pérégrinations champêtres du prisonnier de guerre français, Charles Bailly, accompagné d'une vache allemande, Marguerite, afin de passer incognito devant l'ennemi allemand. Son périple semé d'embûches et de rencontres impromptues vont aboutir à un dénouement particulièrement ubuesque si bien que le récit au suspense subitement progressif s'alloue d'une tonalité inopinément caustique Spoil ! quant aux subterfuges infructueux de Charles à regagner la France de son plein gré fin du Spoil. Incarné par le monstre sacré Fernandel d'une spontanéité sémillante dans celui d'un prisonnier au grand coeur pour autant empoté, La Vache et le Prisonnier conjugue humour et tendresse derrière une sombre page de notre histoire (stock-shots explosifs en sus afin de mettre en exergue le constat alarmiste d'une Allemagne en conflit mondial).
A travers un récit initiatique que le héros inculque d'après l'amour de son animal de compagnie (son "passe-partout"dira t'il !), Henri Verneuil nous interpelle en filigrane sur la condition animale destinée à finir dans nos assiettes lorsqu'il s'agit d'une vache que Charles se promet de respecter en guise d'adieu. A savoir, s'abstenir au final de manger du veau pour le restant de ses jours grâce à leurs sentiments partagés. Poignant et émouvant à travers ses séquences intimistes de tendresse et de complicité amicale, Henri Verneuil évite l'écueil d'une émotion programmée grâce à la sobriété d'un Fernandel profondément attachant (mais jamais mielleux dans son regard grave, voir bouleversé) et à l'intelligence de sa réalisation ne grossissant jamais le trait de la dramaturgie lors des séquences les plus émotives. Alternant les situations parfois cocasses (la tentative de Charles à rebrousser chemin d'un pont que les allemands vont traverser alors que Marguerite refuse à faire marche arrière) avec d'autres moments plus intenses de par son contexte de survie précaire (la démarche couillue de Charles à dérober de la nourriture aux allemands lors d'une nuit diluvienne), La Vache et le prisonnier insuffle un rythme soutenu au sein d'une aventure onirique (noir et blanc expressif à l'appui). Tant auprès des magnifiques décors d'une campagne solaire que nos héros traversent sans se presser que des forêts nocturnes d'un crépuscule tantôt féerique lors des trêves de sommeil.
Réalisé avec une attention scrupuleuse par le maître touche-à-tout Henri Verneuil, La Vache et le Prisonnier s'octroie d'une belle simplicité pour nous narrer une évasion de longue haleine aussi pittoresque que singulière sous l'impulsion sentimentale de l'homme et l'animal. Un message de tolérance en somme, une réflexion sur le végétarisme si je me réfère au triste sort réservé à nos bovins alors qu'ici cette histoire vraie tend à prouver que ces derniers pourraient bénéficier d'un traitement de faveur aussi équitable que le chien et le chat si nous savions en tirer une leçon d'éthique.
Bruno Matéï
2èx
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