lundi 28 novembre 2022

L'Homme qui tua Liberty Valance / The Man Who Shot Liberty Valance

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.fr

de John Ford. 1962. U.S.A. 2h03. Avec John Wayne, James Stewart, Vera Miles, Lee Marvin, Edmond O'Brien, Andy Devine.

Sortie salles France: 3 Octobre 1962

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Ford, (John Martin Feeney), est un réalisateur et producteur américain, né le 1er février 1894 à Cape Elizabeth près de Portland (Maine) et mort le 31 août 1973 à Palm Desert (Californie). 1928 : Napoleon's Barber. 1932 : Tête brûlée. 1934 : La Patrouille perdue. 1939 : La Chevauchée fantastique. 1939 : Sur la piste des Mohawks. 1940 : Les Raisins de la colère. 1941 : Qu'elle était verte ma vallée. 1942 : La Bataille de Midway. 1946 : La Poursuite infernale. 1948 : Le Massacre de Fort Apache. 1949 : La Charge héroïque. 1950 : Le Convoi des braves. 1950 : Rio Grande. 1952 : L'Homme tranquille. 1953 : Mogambo. 1955 : Ce n'est qu'un au revoir. 1956 : La Prisonnière du désert. 1960 : Le Sergent noir. 1960 : Alamo, réalisateur de la 2e équipe. 1962 : L'Homme qui tua Liberty Valance. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1963 : La Taverne de l'Irlandais. 1964 : Les Cheyennes. 1976 : Chesty: A Tribute to a Legend (documentaire).

Considéré comme l'un des plus grands westerns de l'histoire du cinéma et selon certains critiques comme le meilleur film de Ford, l'Homme qui tua Liberty Valance n'a pas usurpé sa place au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain instaurée depuis 2007. Car découvrir pour la première fois ce grand moment de cinéma demeure émotionnellement capiteux, voir même éprouvant (notamment auprès de la brutalité de sa grande violence qu'exerce un Lee Marvin félin injecté de fiel et d'orgueil dans sa posture décomplexée d'omnipotence) eu égard de l'intensité dramatique qui se dégage des tourments des personnages en proie à une réflexion sur l'auto-justice (que tout un chacun peut un jour perpétrer lors d'un concours de circonstances irréversibles) après avoir flirté la valeur pédagogue. James Stewart incarnant avec une classe réservée l'honnête sénateur Stoddard désireux d'éduquer les habitants de la ville de Shinbone dans leur condition à la fois analphabète, inculte et alcoolique. 

Mais après avoir été grièvement blessé par le bandit Liberty Valance lors d'un hold-up, Stoddard demeure le bouc émissaire au moment de s'installer comme cuisinier dans un restaurant et d'y faire la connaissance de Tom Doniphon (John Wayne, impérial de charisme viril dans sa force tranquille et de sureté avant de se laisser submerger par le dépit amoureux) et sa compagne Haillie (Vera Miles résolument radieuse de posture affirmée, divine de volonté et de dignité auprès de ses valeurs morales inscrites dans la rectitude, si douce et tendre lorsqu'elle admire un étranger destiné à révolutionner les mentalités). Ainsi, à travers la caractérisation littéralement hypnotique de ses personnages s'efforçant de rétablir l'ordre et la justice dans une ville livrée à l'anarchie, la médiocrité et l'ignorance dans leur condition soumise, on reste constamment tétanisé de fascination empathique, portée par la puissance du récit vindicatif où la notion de héros est ici galvaudée, biaisée par un retournement de situation bicéphale (en évitant de trop en dévoiler). John Ford, épaulé de sa mise en scène à la fois chiadée, monochrome (noir et blanc immaculé qui plus est 4K !), ultra pointilleuse (les préparatifs des repas dans la cuisine détonnent par son réalisme surmené !), cultivant un climat mélancolique au coeur de cette ville fantôme apprenant peu à peu les valeurs essentielles de la démocratie et du droit de vote dans une société en mutabilité tour à tour technologique et cérébrale. 


Je suis une légende ?
D'une rare puissance émotionnelle alors que John Ford ne cesse de la distiller avec réserve et discrétion, avec parfois l'utilisation du hors-champs ou du non-dit (suffit de saisir les visages des protagonistes mutiques pour lire dans leurs pensées), l'Homme qui tua Liberty Valance est un chef-d'oeuvre universel destiné à perdurer son pouvoir hypnotique sous l'impulsion de son message progressiste profondément humaniste: l'émergence d'une démocratie inculquant aux votants les valeurs essentielles pour diriger en bonne et due forme toute une ville dans le respect des lois, de l'autorité et du civisme. Alors que son personnage principal, symbole de droiture, de résilience et de culture, pour autant tourmenté de son secret inavouable, restera hanté par la perte de son sang-froid après avoir cédé à la riposte expéditive qu'il combattait fermement.  

*Bruno

Ci-joint l'analyse passionnante de Jean-Baptiste Thoret.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire