mardi 1 novembre 2022

A l'Ouest rien de nouveau / All Quiet on the Western Front

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Edward Berger. 2022. Allemagne/U.S.A/Angleterre. France. 2h28. Avec Daniel Brühl, Albrecht Schuch, Felix Kammerer, Moritz Klaus, Aaron Hilmer, Edin Hasanovic.

Diffusé sur Netflix le 28 Octobre 2022

FILMOGRAPHIEEdward Berger est un réalisateur, producteur et scénariste allemand né en 1970 à Wolfsburg, Lower Saxony. 2001: Frau2 sucht HappyEnd. 1998 Gomez - Kopf oder Zahl. 1995: Wanderbread. 1994 Smelly Dinners. 1993 Sidewalk Hotel. 1992 Strait-Jacket. 2007: Windland (TV Movie). 2012: Mutter muss weg (TV Movie). 2011 Ein guter Sommer (TV Movie). 2014: Jack. 2019: All my loving. 2022: A l'Ouest rien de nouveau. 


Un message anti-guerre d'une puissance formelle et morale peu commune.
Impossible de sortir indemne d'un tel fiasco mortifié sitôt le générique mutique clos (parti-pris digne afin de rendre ultime hommage aux 17 millions de morts). Une descente aux enfers donc aussi immersive que vertigineuse eu égard de l'extrême réalisme des affrontements belliqueux d'une barbarie ad nauseam. Edward Berger relatant la fin de la 1ère guerre mondiale du point de vue germanique comme si vous y étiez (euphémisme si j'ose dire tant l'expérience s'avère éprouvante, pour ne pas dire écoeurante même si on m'avait prévenu que l'horreur était émétique). Et il faut sans doute remonter à Il faut sauver le soldat Ryan pour renouer avec un tel degré d'intensité dramatique, de tragédie électrisante et de folie paroxystique au gré d'affrontements primitifs aussi interminables qu'épuisants. Là où il n'y a ni bons ni méchants en cas de guerre internationale. Si bien que les Allemands sont tout simplement perçus comme des hommes aussi apeurés par la violence omniprésente (la leur et celle des autres) et sa contagion qui en émane inéluctablement. 


A l'instar du chemin de croix du jeune recrue Paul traversant les bombes, les balles et ses charniers de cadavres avec un humanisme inévitablement sentencieux quant à son fébrile témoignage d'assister impuissant à l'apocalypse des pièges à tranchées. La force du récit émanant de son apprentissage avec la déchéance morale. Son regard candide puis coupable à se substituer en animal sauvage comme le démontrent sans logique ses camarades et rivaux combattant armes à la main dans un élan patriotique résolument suicidaire (ou désaxé, c'est selon). D'une durée de 2h28, A l'ouest rien de nouveau ne nous laisse que peu de répit, entre scènes d'anthologie horrifiantes, aparté intimistes et compromis entre nos leaders militaires totalement déconnectés de la situation chaotique comme le souligne son final ubuesque lorsque le général Friedrichs décide de poursuivre une ultime guérilla en dépit de l'armistice fraîchement signée. 


Formellement sublime par son onirisme à la fois serein (le contraste établi avec la nature matinale ou crépusculaire), étrange puis mélancolique (surtout dès que l'armistice est adoubé), faute d'une aura morbide aphone planant sur les épaules de soldats épuisés de faim, de fatigue et de (dé)goût de se battre, A l'Ouest rien de nouveau dénonce sans ambiguïté l'absurdité de la folie guerrière auprès de l'exploitation outre-mesurée de ses recrues préalablement appâtés par l'héroïsme du patriotisme. Dénonçant sans ambages la guerre dans toute son insalubrité nécrosée au point que chaque détail nous agresse la vue parmi la fragilité d'un désespoir plus imposant lors de sa dernière demi-heure désarmante de non-sens, A l'ouest rien nouveau nous détourne le regard d'une imagerie horrifique jamais glorifiante (aucun héroïsme à l'horizon, que des visages livides martyrisés par la violence). De par son réalisme tranché aussi poisseux qu'intolérable. Si bien qu'un seul désir nous martèle l'esprit dès le générique clos: l'envie de prendre une douche, ou mieux, serrer longuement nos proches, avec amour, réconfort et beaucoup, beaucoup de tendresse. 
Pour public averti (mais à diffuser d'urgence dans tous les lycées du monde). 

*Bruno

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