jeudi 10 novembre 2022

Le Temps du Massacre / Tempo di massacro

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

de Lucio Fulci. 1966. Italie. 1h32. Avec Franco Nero, George Hilton, John M. Douglas, Nino Castelnuovo, Tom Felleghy, Rina Franchetti.

Sortie salles France: 27 Juillet 1967. Italie: 10 Août 1966

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1978: Selle d'Argent. 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantômes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


1966 imprime un tournant dans la carrière de Lucio Fulci. Dans la mesure où après avoir réalisé de nombreuses comédies, le maestro s'essaie au western avec le Temps du massacre au moment de s'inspirer de Sergio Leone depuis la sortie de Pour une Poignée de dollars tourné 2 ans plus tôt. Un western italien (spaghetti reste un terme trivial aujourd'hui obsolète) d'une violence âpre pour l'époque si bien qu'aujourd'hui on reste à nouveau impressionné par son prologue d'une inopinée cruauté horrifique (un homme dévoré vivant par des chiens après une traque sans relâche face à des témoignages voyeuristes dont certains regards pervers ne trompent pas) et la fameuse anthologie du lynchage au fouet que l'acteur Nino Castelnuovo manie avec sadisme eu égard de l'expression perverse de son visage humecté de haine, de jouissance, de tracas, d'épuisement. Pour ce faire, l'acteur demeure redoutablement inquiétant, étrange, dérangeant sous l'impulsion de son faciès maladif à la lisière d'une douce démence. Sa présence magnétique renforçant l'atmosphère trouble qui ressort de ce western franc-tireur inscrit dans une marginalité assumée si j'ose dire.  

Quand bien même Franco Nero lui partage dignement la vedette de par l'intensité de ses yeux azurs en héros redresseur de tort impliqué malgré lui dans une sinistre affaire familiale. L'intrigue demeurant parfaitement efficace, en suspens, auprès de son évolution narrative charpentée rehaussée d'étonnants rebondissements afin de renchérir l'aura de souffre qui entoure nos protagonistes en proie aux règlements de compte intimidants ou punitifs. A l'instar de son massacre final explosif où l'action quasi ininterrompue ravira les amateurs par ses chorégraphies d'une violence relativement décomplexée. Outre l'aspect captivant de son récit redoutablement cruel à travers sa dramaturgie escarpée, on est stupéfiais de l'inspiration de Fulci soignant ses cadres et sa photo scope avec un certain gout pour le baroque (les antagonistes vêtus de costumes blancs, les vallées rocailleuses également nacrées). Celui-ci transfigurant sa scénographie classique dans un modernisme fortuit en faisant preuve notamment d'une surprenante efficience pour relancer l'action vers une direction quelque peu mélancolique quant à l'amoncellement des cadavres exécutés pour des enjeux terroristes.  

Plutôt flamboyant dans une certaine mesure à travers son onirisme baroque (notamment ce plan final avec cette colombe tachetée de sang parcourant le ciel pour imposer sa liberté), Le Temps du Massacre se décline dignement en classique du western italien sous la mainmise de Lucio Fulci déjà inspiré à asseoir sa réputation malsaine de par son goût pour une violence sadienne au service narratif (on milite pour le sens de l'honneur, de la justice et des valeurs familiales) et de ses personnages mutuellement gagnés d'agissements à la fois rebelles et hargneux. 

*Bruno
3èx

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