mercredi 14 octobre 2020

Mort un Dimanche de pluie

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joël Santoni. 1986. France. 1h50. Avec Nicole Garcia, Jean-Pierre Bacri, Jean-Pierre Bisson, Dominique Lavanant, Cerise Leclerc.

Sortie salles France: 10 Septembre 1986

FILMOGRAPHIEJoël Santoni est un réalisateur et scénariste français, né le 5 novembre 1943 à Fès (Maroc) et mort le 18 avril 2018. 1974 : Les Yeux fermés. 1974 : La Course en tête. 1976 : Les Œufs brouillés. 1979 : Ils sont grands, ces petits. 1986 : Mort un dimanche de pluie.


"Parfois les gens prétendent que vous êtes une mauvaise personne pour ne pas se sentir coupable de ce qu'ils vous ont fait." 
Réalisé par le méconnu Joël Santoni (les Oeufs brouillés, Ils sont grands ces petits), Mort un Dimanche de pluie fait office de vilain petit canard dans le paysage du thriller français. Car étonnamment malsain et même poisseux et malaisant dès le prémices de l'intrigue (fustigeant de manière à la fois démonstrative et récursive la maltraitance infantile), l'ultime demi-heure se permet carrément de virer à l'horreur pure au sein du psycho-killer à la fois sanglant et oppressant. Nanti d'un cast très convaincant (même si Nicole Garcia manque de spontanéité et de conviction lors de son tête à tête avec le tueur), on est surtout bluffé par la présence à contre-emploi de Dominique Lavanant en mégère tyrannique fêlée du bulbe, qui plus est épaulée de Jean-Pierre Bisson en époux revanchard habité part la psychopathie. Et ce même s'il cède un peu à la caricature outrée lors du règlement de compte final. Quant à Jean-Pierre Bacri, il possède toujours cette force tranquille et de sûreté en bon père de famille ici condescendant auprès d'une classe moyenne mais peu à peu gagné par le remord, faute de se sentir coupable d'un accident de chantier ayant couté la vie à 7 ouvriers. 

Mais un survivant estropié est aujourd'hui délibéré à  planifier un stratagème meurtrier parmi la complicité de son épouse et de sa petite fille afin de se venger du responsable de ce carnage. Jeu vicié d'autorité, de soumission et de manipulation lors de sa 1ère partie nous illustrant le cas de maltraitance de la fille des Briand sévèrement molestée par l'épouse du psychopathe, Mort un Dimanche de pluie surprend par le vérisme de ces exactions punitives, et ce jusqu'au franchissement de l'insupportable. En témoigne cette insupportable vision d'une fillette entièrement nue et ligotée sur une chaise, le visage en berne ! Une séquence résolument malaisante que Dame Censure abdiquerait aujourd'hui fissa de nos écrans en cette période rigoriste dénuée d'indulgence. On peut d'ailleurs prôner le jeu criant de vérité de la candide Cerise Leclerc absolument poignante puis bouleversante en victime martyre confinée dans le mutisme, faute de sa déchéance morale dénuée d'amour, de compassion et de protection.

Thriller horrifique rondement mené et efficacement structuré à travers sa descente aux enfers familiale brute de décoffrage, Mort un Dimanche de pluie détonne par son réalisme rigoureux en dépit de quelques couacs lors du final expéditif (jeu de cache-cache éculé entre la victime et le tueur). Pour autant, sa conclusion tendue demeure cohérente quant à l'idée retorse de se débarrasser de l'ultime bourreau par le biais d'une main innocente révélée par l'empathie amicale. Irréalisable de nos jours, cet excellent divertissement pour adulte demeure étonnamment burné et escarpé, tant auprès de son déchaînement de violence morbide que de son manifeste contre la maltraitance infantile.   

*Bruno
3èx

mardi 13 octobre 2020

Le Dollar Troué

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.com

"Un dollaro bucato" de Giorgio Ferroni. 1965. Italie. 1h38. Avec Giuliano Gemma, Evelyn Stewart, Pierre Cressoy, Giuseppe Addobbati, Franco Fantasia.

Sortie salles France: 10 Juin 1966. Italie: 8 Août 1965

FILMOGRAPHIEGiorgio Ferroni, né le 12 avril 1908 à Pérouse et mort le 17 août 1981 à Rome, est un réalisateur et scénariste italien. 1937 : I tre desideri. 1939 : Terra di fuoco. 1940 : In vacanza con i principini. 1940 : L'ebbrezza del cielo. 1942 : Macario au Far West. 1943 : Arcobaleno. 1944 : Macario contre Fantômas. 1945 : Casello n. 3. 1946 : Sans famille. 1946 : Ritorno al nido. 1946 : Pian delle stelle. 1947 : Tombolo, paradis noir. 1949 : Vivre à la resquille. 1949 : Marechiaro. 1952 : Qualcuno pensa a noi. 1960 : Le Moulin des supplices. 1961 : Les Bacchantes. 1961 : La Guerre de Troie. 1963 : Hercule contre Moloch. 1964 : La Terreur des gladiateurs. 1964 : Le Colosse de Rome. 1964 : Hélène, reine de Troie. 1965 : Le Dollar troué. 1966 : New York appelle Superdragon. 1966 : Trois Cavaliers pour Fort Yuma. 1967 : Wanted. 1968 : Deux pistolets pour un lâche. 1969 : La Bataille d'El Alamein. 1971 : La Grande Chevauchée de Robin des Bois. 1972 : La Nuit des diables. 1975 : Le Dur, le Mou et le Pigeon. 

Découvert en son temps dans le cadre de l'émission de Jean Pierre Dionnet, Cinéma de Quartier, Le Dollar Troué exploite modestement le western spaghetti dans une forme de série B de samedi soir au charme probant. Tout du moins chez l'afficionados du genre vouant un culte pour les westerns italiens que Giorgio Ferroni emballe avec savoir-faire et intégrité, aussi éculé soit son schéma narratif. On peut d'ailleurs rappeler que ce réalisateur touche à tout est signataire des classiques horrifiques Le Moulin des Supplices et la Nuit des Diables. Ainsi donc, de par l'efficacité d'un récit de vengeance basé sur l'expectative au sein d'un univers de corruption (shérif compris !), Le Dollar Troué conjugue action, violence et romance à travers une pléthore de rebondissements assez bienvenus si on fait fi d'une facilité un chouilla grossière lorsque l'ennemi juré de notre héros Gary ne parvient pas à le reconnaître physiquement après l'avoir lâchement assassiné de sang froid quelques temps plus tôt. 

Et c'est le vénérable Giuliano Gemma qui se taille une carrure de vaillant héros exhumé d'outre-tombe depuis l'offrande d'une pièce d'argent que son frère lui offrit avant de trépasser. Quand bien même Pierre Cressoy se fond naturellement dans le corps d'un salopard sans vergogne avec une cruauté altière eu égard de ses exactions punitives commises sur ses ennemis et témoins gênants. Scandé du thème sifflotant de Gianni Ferrio, le Dollar Troué demeure donc un excellent divertissement surfant sur des influence Léoniennes sans pour autant se complaire dans le plagiat de par l'intégrité de Giorgio Ferroni à susciter son amour du travail bien fait (aussi modeste soit son charmant contenu à la lisière du classicisme et du moderne quant aux éclairs de violence un poil sanguine).

*Bruno
3èx

lundi 12 octobre 2020

Le Bison Blanc

                                                 
                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site wild-wild-western.over-blog.com

"The White Buffalo" de Jack Lee Thompson. 1977. U.S.A. 1h37. Avec Charles Buchinsky (Charles Bronson), Kim Novak, Jack Warden, Will Sampson, Clint Walker. 

Sortie salles France: 24 Août 1977

BIOJack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). Avec 47 longs-métrages, le cinéaste aborda tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains sont qualifiés de chefs-d'oeuvre. Pour ses titres les plus notoires, on peut citer Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Il signera en outre une illustre série de films d'action particulièrement violents, le "vigilante movie" parmi son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).


Dans le Dakota, un cow-boy solitaire, véritable légende de son vivant, tente de traquer un bison blanc de taille démesurée en compagnie de deux acolytes. Dans la veine de Moby Dick et de Jaws sorti deux ans plus tôt, le vétéran Jack Lee Thompson surprend agréablement de par son parti-pris d'y communier les genres, entre western classique et fantastique épique sous le pilier d'un monstre animalier. Si bien que le périple de nos héros chevronnés s'apparente à une traque de longue haleine à travers une contrée indienne dangereusement inhospitalière. Celle d'une chasse au monstre érigée en exorcisme rédempteur d'après les cauchemars nocturnes de Wild Bill Hickok puisque faisant office de prémonitions. Après deux violentes échauffourées dans un saloon empestant la fumée et le whisky parmi ces cow-boys avinés, Hickok retrouve un acolyte de longue date qui lui avouera l'existence véritable du monstre en question. Et ce avant de rencontrer sur leur itinéraire un étrange sioux solitaire délibéré lui aussi à faire la peau au monstre. Ainsi, derrière ce western hybride efficacement transplanté dans le cadre du genre fantastique, Jack Lee Thompson s'intéresse sobrement aux relations humaines entre nos trois témoins pourchassant la bête dans des panoramas majestueux. Une vétuste histoire d'amitié qui finira pour autant par se consumer pour en aborder une autre beaucoup plus saine et fraternelle à travers la thématique du racisme que symbolisait le vieux Charlie Zane. Les relations épineuses entre Hickok et ce vieux briscard obtus nous improvisant un conflit de génération où le plus jeune s'avère ici plus ouvert, censé et tolérant, et donc moins anachronique que son ascendant. C'est lors de cette dissension morale que notre héros se laissera finalement séduire par un étranger érudit et humaniste à travers sa culture indienne ritualisée. 


Jack Lee Thompson abordant leurs relations à travers un rythme très soutenu; notamment parmi l'intervention d'une autre tribu hostile à l'étranger indien. Atmosphérique, tant solaire (les scènes de jours) que crépusculaire (les séquences de nuit avec ces éclairages bleutés), les décors naturels faisant notamment office de second-rôle au sein d'une action bicéphale (celle provenant de la menace d'indiens et de cowboys au moment où un bison blanc rode à proximité). Quand bien même le final dantesque, franchement spectaculaire, renoue (de manière plus intense) avec l'action cinglante du prologue lors d'un affrontement terrifiant entre le bison et nos aventuriers. Cette séquence superbement mise en scène nous saisit de vigueur face à la présence disproportionnée de cette créature surgit des enfers. Sans nul doute le moment le plus marquant du film faisant office de cerise sur le gâteau. En dehors d'aimables apparitions bien connues des amateurs (John Carradine lors d'une apparition à la dérobée, Stuart Whitman en alcoolo insidieux, Kim Novak en maîtresse prévenante), l'immense Charles Bronson crève l'écran de son charisme magnétique absolument infaillible. Un regard félin à la fois placide, posé et tranquillement menaçant derrière sa paire de lunette noire ovale. Un look moderniste en fusion avec l'action débridée du récit efficacement charpenté. On retrouve enfin en second-rôle le regretté Will Sampson (Vol au dessus d'un nid de coucou) dans celui de l'indien revanchard à la stature imposante. Un être arrogant et hostile mais rattrapé par sa sagesse de l'âme et du respect des valeurs à travers son éthique de tolérance et de pacifisme.


Solide western anti raciste émaillé de furieux règlements de compte sous l'impulsion de légendes de l'Ouest résolument charismatiques (Jack Warden n'est pas non plus en reste en vieil acariâtre raciste)le Bison Blanc parvient louablement à exercer une fascination prégnante en la présence de la créature modestement exploitée sans fard. Tant et si bien qu'il se dégage de cette excellente surprise une ambiance d'étrangeté délicieusement malaisante, aussi modeste soit le budget de la production s'évertuant à donner chair à l'animal avec un savoir-faire artisanal. A revoir. 

*Bruno
12.10.20. 3èx
14.09.10. 229 v

vendredi 9 octobre 2020

Demons

                                              
                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

"Demoni" de Lamberto Bava. 1985. Italie. 1h29. Avec Urbano Barberini, Natasha Hovey, Karl Zinny, Fiore Argento, Paola Cozzo, Fabiola Toledo.

Sortie salles France: 1er Octobre 1986

FILMOGRAPHIELamberto Bava est un réalisateur et scénariste italien, né le 3 avril 1944 à Rome.
1980: Baiser Macabre. 1983: La Maison de la Terreur. 1984: Apocalypse dans l'océan rouge. 1984: Blastfighter. 1985: Demons. 1985: Midnight Horror. 1986: Demons 2. 1991: Body Puzzle. 2006: Ghost Son.


Si Lamberto Bava n'a jamais réussi à percer dans le cinéma d'horreur pour rivaliser avec le talent de son illustre père, son premier long-métrage, Baiser Macabre, était une belle réussite pour son portrait sulfureux imputé à une veuve psychotique aux penchants nécrophiles. Outre ce classique de déviance macabre, le fils Bava nous concocta notamment 5 ans plus tard une bisserie horrifique entièrement dédiée au gore décomplexé. Produit et scénarisé par son comparse Dario Argento et épaulé du compositeur Claudio SimonettiDemons se compromet au pur divertissement du samedi soir. Et si la génération actuelle risque de s'en gausser en le découvrant la première fois, les cinéphiles puristes des années 80 trouveront encore matière à se divertir face à ce produit d'exploitation typiquement transalpin. Outrance et surenchère étant les maîtres mots du réalisateur délibéré à mettre en exergue l'action cinglante d'un survival en lieu clos afin de pallier sa carence narrative et le jeu caricatural des piètres comédiens. Le pitchDurant la projection d'un film au cinéma, les spectateurs piégés à l'intérieur vont devoir faire preuve de bravoure pour combattre des créatures démoniaques. Leur tâche s'avère d'autant plus ardue que la morsure d'un possédé les contamine vers une folie meurtrière incontrôlée !


Tous les défauts majeurs précités sont bien représentatifs du nanar transalpin uniquement destiné à nous divertir en toute simplicité mais avec un sens de générosité affable. L'intérêt de Démons résidant dans son efficacité alerte à nous déployer un florilège de séquences horrifiques dopées à la surenchère. Car ici, à l'image de ces créatures erratiques écumant une bave verdâtre, le gore est tellement grotesque et spectaculaire qu'il nous suscite un irrésistible plaisir jouissif. Quand bien même la partition entraînante de Claudio Simonetti bat la cadence avec une énergie cuisante ! Reposant sur la démesure, Lamberto Bava exploite habilement la scénographie restreinte de son unité de lieu auquel un groupe de survivants doit tenter de s'y extraire pour éviter l'offensive et l'infection d'une horde de démons ! Outre le jeu exécrable des comédiens (mais oh combien jouissifs !), la minceur de l'intrigue empruntant la mise en abyme et surtout la crétinerie des dialogues, Bava se permet d'insérer en interne de son huis-clos des situations si improbables qu'elle provoque la dérision ! A l'instar de cette course effrénée en moto qu'un de nos héros arpente pour traverser la salle par dessus les sièges ! Pire encore, lorsqu'un hélicoptère surgi de nulle part viendra s'écraser sur le toit du cinéma pour terminer son atterrissage en plein coeur de la salle !


Ce grand n'importe nawak assumé imparti au grand-guignol de défouloir permet à Démons d'amorcer une réelle efficacité de par la vigueur de sa réalisation embrayant moult actions débridées. La qualité des FX gores artisanaux et le score tonitruant de Simonetti renforçant notamment le capital sympathie de cet irrésistible classique Bisseux ! 

*Bruno
28.04.23. 8èx
09.10.20. et 10.10.20. 
27.05.13. 144v


mardi 6 octobre 2020

Le Chasseur

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Hunter" de Buzz Kulik. 1980. U.S.A. 1h38. Avec Steve McQueen, Eli Wallach, Kathryn Harrold, Richard Venture, LeVar Burton.

Sortie salles France: 14 Janvier 1981. U.S: 1er Aout 1980

FILMOGRAPHIEBuzz Kulik est un réalisateur et producteur américain né le 23 juillet 1922 à Kearny (New Jersey), décédé le 13 janvier 1999 à Los Angeles. 1949 : Kay Kyser's Kollege of Musical Knowledge (série TV). 1950 : Ford Star Revue (série TV). 1957 : Gunsmoke (série TV). 1958 : Collector's Item (TV). 1959 : Rawhide (série TV). 1961 : Les Accusés (série TV). 1961 : Le Jeune Docteur Kildare (série TV). 1961 : The Explosive Generation. 1962 : Kings of Broadway (TV). 1962 : The Nurses (série TV). 1963 : The Yellow Canary. 1964 : Ready for the People (TV). 1967: Campo 44 (TV). 1967 : La Nuit des assassins. 1968 : Sergeant Ryker. 1968 : Villa Rides. 1969 : La Mutinerie. 1970 : A Storm in Summer (TV). 1971 : Vanished (TV). 1971 : Owen Marshall, Counsellor at Law (TV). 1971 : Brian's Song (TV). 1972 : To Find a Man. 1972 : Crawlspace (TV). 

Film testamentaire de Steve McQueen si bien qu'il meurt 3 mois après son exploitation en salles, Le Chasseur emprunte quelque peu le cheminement de l'Inspecteur Harry à travers une traque infernale que s'oppose notre héros contre les méchants. L'intrigue linéaire s'attardant à nous décrire la quotidienneté musclée de "Papa", chasseur de prime anachronique conduisant maladroitement une vieille voiture faute de son inexpérience routière. Qui plus est, pour ajouter à un peu de piment à l'intrigue (futile), un inconnu vindicatif lui averti qu'il le tuera prochainement au moment même où la compagne de "papa", sur le point d'accoucher, tente de le raisonner pour y fonder une famille. Probablement déprécié par les critiques lors de sa sortie (je ne suis pas allé vérifier en ne comptant que sur mes vagues souvenirs), Le Chasseur ne mérite pas le discrédit aussi mineur soit son contenu surfant sur le succès de la saga Harry Callahan. Car misant sur un humour cocasse à travers des situations saugrenues et sur le jeu décomplexé de Steve McQueen tentant de nous arracher les sourires avec tranquillité, Le Chasseur nous fait passer un agréable moment de détente sous l'impulsion de quelques scènes d'actions assez impressionnantes. 

Car aussi étonnant que cela puisse paraître, la dernière demi-heure beaucoup plus sombre injecte au récit une violence assez brutale à travers ses poursuites urbaines (l'incroyable traque à bord et en externe du métro, la poursuite dans les champs à l'aide d'une moissonneuse batteuse !) et fusillades sanglantes engendrant les dommages collatéraux. Cette brusque rupture de ton nous donnant presque l'impression de se retrouver dans un autre film plus intense, palpitant et impoli (notamment à travers ses seconds-rôles erratiques). Toute juste efficace, le récit soutenu nous esquive la torpeur en compagnie amiteuse d'un Steve McQueen parfois poignant puisque trainant la pate avec un naturel faussement jovial. C'est d'ailleurs peut-être ce qui fait le charme de cette oeuvre d'exploitation de réunir une ultime fois à l'écran un monstre sacré du cinéma d'action au charisme buriné (pour ne pas dire sclérosé du haut de ses 50 ans et de sa grave pathologie cancéreuse) mais néanmoins encore persuasif à travers son sens professionnaliste. D'autant plus que l'acteur adopte une ultime fois le parti-pris de ne pas se prendre au sérieux pour invoquer ses adieux au grand public. 

A tes amours ! 
Curiosité policière aimablement sympathique à travers son cocktail d'humour, d'action et de romance (Kathryn Harrold est d'ailleurs d'une ravissante élégance à travers son naturel sans fard), Le Chasseur nous laisse un léger goût de douce mélancolie à travers l'ultime apparition de Steve McQueen motivé à contenter ses fans avec une poignante anicroche physique. A découvrir, en gardant notamment en mémoire cet émouvant plan final (allégorique) d'un bambin en éveil existentiel alors que son géniteur s'y fige sereinement avec un sourire rassuré.

Dédicace à Thierry Savastano

*Bruno

FILMO (suite): 1972 : L'Homme qui vint dîner (TV). 1973 : Incident on a Dark Street (TV). 1973 : Le Fauve. 1973 : L'Homme qui s'appelait Jean (TV). 1973 : Pioneer Woman (TV). 1974 : Remember When (TV). 1974 : L'Inquiétant Ronald (TV). 1975 : Cage Without  Key (TV). 1975 : Matt Helm (TV). 1975 : Babe (TV). 1976 : L'Affaire Lindbergh (TV). 1977 : The Feather and Father Gang (série TV). 1977 : Never Con a Killer (TV). 1977: Corey: For the People (TV). 1977 : Kill Me If You Can (TV). 1978 : Ziegfeld: The Man and His Women (TV). 1979 : Tant qu'il y aura des hommes (série TV). 1980 : Le Chasseur. 1983 : Rage of Angels (TV). 1984 : George Washington (série TV). 1985 : Kane and Abel (feuilleton TV). 1986 : Prisonnières des Japonais (TV). 1987 : Her Secret Life (TV). 1988 : Trop jeune pour jouer les héros (TV). 1989 : Le Tour du monde en quatre-vingts jours (mini-série TV). 1990 : Poker d'amour à Las Vegas. (série TV). 1992 : Cadeau d'adieu (TV). 

vendredi 2 octobre 2020

Le Commando des Morts-Vivants

                                                 
                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com

"Schock Waves" de Ken Wiederhorn. 1977. U.S.A. 1h25. Avec Peter Cushing, Brooke Adams, Fred Buch, Jack Davidson, Luke Halpin, D.J. Sidney, Don Stout, John Carradine, Clarence Thomas.

Sortie salles France: 6 Juin 1979

FILMOGRAPHIEKen Wiederhorn est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1977: Le Commando des Morts-Vivants. 1979: King Frat. 1981: Appels aux meurtres. 1984: Meatballs Part 2. 1987: Dark Tower. 1988: Le Retour des Morts-vivants 2. 1993: l'Otage d'une vengeance. 1998: US Marshals: The Real Story (série TV).


Peu avant la seconde guerre mondiale, le haut commandement allemand lança des recherches dans le domaine du surnaturel. Selon une ancienne légende, une race de guerriers, sans armes ni boucliers, tiraient leurs pouvoirs surhumains de l'intérieur de la terre. Alors que la guerre éclata, les S.S. recrutèrent un groupe de scientifiques qui devaient créer un soldat invincible. Les corps de soldats morts au combat furent envoyés à Coblence, dans un laboratoire secret pour diverses expériences scientifiques. Le bruit courut qu'à la fin de la guerre, les forces alliées combattirent des soldats allemands qui tuaient à mains nues. Personne ne sait qui ils étaient et ce qu'ils sont devenus. Mais une chose est sure: de toutes les unités S.S., il n'y en a qu'une que les Alliés n'ont jamais retrouvée.

Première réalisation d'un auteur méconnu à qui l'on doit tout de même un excellent psycho-killer demeuré inédit en salles en France (Appels aux meurtres) et une séquelle de sinistre mémoire (le Retour des Morts-vivants 2 !), Le Commando des Morts-vivants s'avère sa réussite la plus prégnante. Car sur le thème éculé du Zombie, Ken Wiederhorn réussit à nous concocter une série B originale bâtie sur le charisme singulier de ces nazis putréfiés et sur l'exploitation judicieuse de ses décors d'étrangeté insufflant une atmosphère terriblement anxiogène, voir parfois même épeurante. L'histoire simpliste adoptant le terrain connu du survival si bien qu'une poignée de vacanciers sont contraints de trouver refuge dans un hôtel désaffecté après avoir percuté un cargo avec leur yacht. Mais sur cette petite île vit reclus un ancien chef nazi (Peter Cushing, étonnamment revêche à travers une posture famélique !) qui leur ordonne de quitter les lieux au risque de s'opposer à une dangereuse menace. Car sous l'eau, un commando de morts-vivants sont à nouveau prêts à s'y extirper pour perpétrer leurs exactions meurtrières ! Par conséquent; à partir d'un concept inédit (le rôle imparti à des zombies nazis ensevelis sous l'océan depuis leur guerre sous-marine !), l'intrigue emprunte le canevas du psycho-killer avec son lot régulier de meurtres perpétrés lors de sa seconde partie. 


Or, ce qui aurait pu converger au produit conventionnel se transfigure ici en poème mortifère sous l'allégeance d'un escadron de morts-vivants invincibles enfantés par le régime Hitlérien. Accoutrés d'un veston militaire estampillé S.S. et de lunettes noires afin de se prémunir de la lumière, ces cadavres se distinguent également par leur démarche tranquille et de sureté tout en bannissant leur traditionnel goût pour leu cannibalisme. Uniquement destinés à combattre et exterminer leurs ennemis, ils se contentent donc d'étrangler ou d'y noyer leurs victimes avec une force tranchée ! Outre l'aspect aussi bien ensorcelant que terrifiant de ces soldats humectés régis autour d'une île mutique, l'ambiance feutrée, glauque et malsaine émanant des décors décharnés de l'hôtel ou du bois marécageux irrigue la pellicule de sa véracité occulte ! Et pour transcender cette atmosphère d'angoisse diffuse obscurcie d'un ciel constamment nuageux, l'incroyable bande-son ombrageuse s'insinue dans chacune des séquences avec une tonalité bourdonnante ! Qui plus est, les attaques cinglantes ne recourant jamais au gore pour nous ébranler si bien qu'en l'occurrence seule compte l'ambiance macabre tant perméable que les victimes redoutent avec un épuisement à bout de nerf. Sur ce point, on reste également étonnamment surpris de la qualité de l'interprétation, surtout lorsque les victimes tentent désespérément d'échapper à la mort avec une intensité névralgique affolante. L'ultime demi-heure demeurant d'ailleurs davantage haletante pour la survie de ces rescapés, notamment lorsque l'un d'eux souffre d'une claustrophobie littéralement ingérable au point d'intenter à la survie de ses compagnons. 


Tour à tour anxiogène, glauque, angoissant, terrifiant et surtout immersif en diable, le Commando des Morts-vivants est une plongée en apnée dans les marécages d'un îlot maudit parmi la garde d'un vieillard solitaire destitué de ses fantômes nazis. Outre l'atmosphère viscérale et olfactive de sa scénographie incroyablement rubigineuse, Ken Wiederhorn traite son sujet avec un sérieux imperturbable en illustrant cette résurrection morbide sans échappatoire possible. A redécouvrir de toute urgence tant et si bien que ce commando d'outre-mer semble errer à travers la pellicule pour l'éternité. 

Bruno
02.10.20. 4èx
09.07.13. 23 v

Ci-joint la chronique de Mathias Chaput
« Le commando des morts vivants » (titre original « Shock waves ») est un film auréolé d’une réputation très flatteuse et le fait est qu’en le revoyant il est indéniable que la construction scénaristique est parfaite dans ce film…
Dès le début, le spectateur comprend qu’il s’est passé quelques chose de grave, d’inquiétant, avec cette jeune femme retrouvée hagarde dans cette chaloupe ; Wiederhorn est très habile et nous raconte son histoire en faisant une remontée dans le temps…
Le procédé a maintes fois été exploité au cinéma mais ici, il est traduit par une rigueur, un sens de la montée dans l’angoisse crescendo qui fera date ; les comédiens jouent tous à merveille et Peter Cushing, il illumine le métrage dans une apparition fugace mais qui vaut toutes les explications pour bien comprendre le film…
De manière obstinée et méthodique, les zombies SS vont annihiler ou tenter d’annihiler la totalité des touristes avec une froideur, une pugnacité rarement vues dans un film d’horreur des années soixante-dix ; « Shock Waves » est une gigantesque partie de cache-cache qui se transforme en jeu de massacre et étonnamment sans le moindre effet « gore » !
A part quelques maquillages assez craspecs, il n’y a pas une seule goutte de sang versée dans « Shock waves » !
Et cela ne gêne aucunement l’efficacité du film ni ne désamorce l’angoisse provoquée…
Tout comme les protagonistes, le spectateur subit une sensation d’étouffement (à l’instar du jeune homme claustrophobe dans la chambre froide) et le métrage abonde de plans séquences insolites (la vue des poissons dans l’aquarium à maintes reprises, le gramophone au sol, la scène des marécages, la sortie de l’eau légendaire des zombies amphibies)…
Le tout est calibré au centimètre près par un Wiederhorn hyper consciencieux et surtout avec un budget ridicule (seulement 200 000 dollars !), il parvient à faire quelque chose d’exceptionnel avec deux bouts de ficelle ; vous prenez une ile vide de ses habitants, une dizaine de zomblards et autant de premiers rôles pour obtenir un classique du genre qui n’a pas pris une ride même quarante années plus tard…
Sans compter sur des prises de vues sous-marines envoutantes et très bien filmées qui vont emmener encore plus le spectateur en immersion, non là, vraiment c’est du très beau boulot !
Rien à dire de plus « Shock waves » est un pur régal, un OVNI dans le genre du film de zombies et il se distingue par sa singularité et son sens qualitatif dans la réalisation…
C’est du tout bon, que tout cinéphile fan de films fantastiques a obligation de visionner, facile d’accès et doté d’un charme absolu, « Shock waves » n’a pas usurpé sa réputation !
Note : 9.5/10

jeudi 1 octobre 2020

Electro-choc

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Human Experiments" de Gregory Goodell. 1979. U.S.A. 1h22. Avec Ellen Travolta, Jackie Koogan, Aldo Ray, Linda Haynes, Geoffrey Lewis.

Sortie salles France: Octobre 1979

FILMOGRAPHIEGrégory Goodell est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1980: Human Experiments, 1995: Mariage Criminel (TV), 1996: Terror in the Family (TV), 1999: Down Will come baby, Cruelle Justice (TV), 2007: Perdus dans la tempête (TV). 
                                    

"Quand une femme cesse de choisir, elle cesse d'être une Femme".
Il s'agit à priori du seul long-métrage du réalisateur méconnu Grégory Goodell exploité au cinéma, bien que certaines sources du net prétendent que le film fut resté inédit en salles. Pour autant, il sera bien présenté en compétition à Paris au festival du Rex en 1979 si bien que l'actrice Lynda Haynes repartit avec le prix d'interprétation féminine. A titre d'anecdote, Electro-choc est également listé dans la rubrique des fameux "vidéos nasties" fondé en 1984 par l'Angleterre puritaine. Le pitchAprès être tombée en panne, Rachel, jeune chanteuse de Cabaret, est témoin d'un massacre commis dans une demeure durant son retour de villégiature. Prise à parti avec le meurtrier, elle parvient toutefois à s'emparer d'un fusil de chasse et le tue en légitime défense. Mais la police dépêchée sur les lieux l'accuse des crimes en série. Ecrouée et incarcérée, elle est embrigadée dans un pénitencier dirigé par l'inquiétant Dr Kline (Geoffrey Lewis, génialement auto-parodique de par son regard de dément faussement courtois) livrant à d'étranges expériences inhumaines sur certaines de ses détenues. Passé son préambule au cours duquel l'héroïne est verbalement provoquée par des machistes libidineux, l'intrigue nous dirige dans le refuge sordide d'une demeure perdue au milieu de nulle part. C'est là que Rachel fait l'horrible découverte d'un massacre perpétré par le fils d'une famille. L'ambiance solaire étouffante et les cadavres ensanglantés disséminés dans des pièces délabrées nous remémorent les climats poisseux des bandes subversives des années 70. Après avoir été arrêtée par la police et jugée  coupable des meurtres d'une famille au complet, elle se retrouve dans une prison dirigée de main de fer par un savant fou aux méthodes expérimentales improbables. Ainsi, durant une bonne partie du métrage, Electro-choc exploite le "Women in prison" tantôt bavard, tantôt ludique, de par ses situations gentiment éculées, et ce parmi le témoignage d'Ellen Travolta sobrement convaincante en détenue candide au charisme magnétique (notamment auprès de son regard azur perçant). 
                                     

Portant le film à bout de bras, ses séances d'humiliation, d'intimidation et d'emprisonnement restrictifs se suivent et se ressemblent d'un oeil distrait. Quand bien même le comportement déficient d'une autre détenue embrigadée dans une cellule nécrosée attise notre curiosité licencieuse. Mais c'est à partir des 2/3 tiers du métrage qu'Electro-choc vaut le coup d'oeil, aussi furtif soit-il ! A savoir que l'une des prisonnières incitera Rachel à s'échapper alors que cette dernière se retrouvera à nouveau cobaye d'une manipulation à base de lavage de cerveau. La narration bifurquant vers une (futile) étude psychologique sur le conditionnement humain destitué d'agressivité morale et physique. Et pour cause, le docteur (directeur de l'enceinte !) tente d'y parfaire son étude sur le comportement humain en matérialisant leur pire terreur, et ce pour les transformer en robot docile dénué d'agressivité. Un thème déjà superbement  traité dans Orange Mécanique vis à vis du personnage d'Alex, délinquant addict contraint de subir par l'oeil le défilement ininterrompu d'images obscènes de violence afin de le purger du Mal. Dans ces deux cas d'expérimentations, l'homme et la femme n'auraient donc plus libre arbitre de combattre leur lutte intrinsèque du Bien et du Mal. De par ce procédé physiologique bestial et immoral à exploiter l'âme au service du Bien, une séquence fort éprouvante provoque la révulsion de par son réalisme cru quasi insupportable. L'héroïne embrigadée dans une cellule dégueulbif (euphémisme !) s'efforçant de trouver refuge à l'intérieur d'un soupirail afin d'échapper à une armada d'insectes et arachnides rampant tout le long de son corps déchiqueté ! Quand au final expéditif aussi capillotracté (pas grand chose n'était vraisemblable dans cette délirante histoire), on se distrait de l'ultime stratégie criminelle du médecin à tenter une dernière fois de manipuler son cobaye pour se débarrasser de son adjointe arrogante. 
                                          

Alternant avec charme et maladresse le sous-genre du WIP et de l'horreur crapoteuse à travers un schéma narratif aussi dégingandé qu'ubuesque, Electro-choc séduit par intermittence jusqu'à son ultime baroud d'honneur vindicatif un poil ironique. Porté à bout de bras par l'étrange et ravissante Ellen Travolta dans une posture névralgique davantage rigoureuse, cette série B d'exploitation laisse finalement une drôle d'impression de curiosité malsaine teintée d'audace, de fantaisie bisseuse et de ridicule. En tout état de cause, une séquence choc littéralement effroyable nous reste dans l'encéphale pour faire office d'anthologie sordide. A découvrir probablement avec indulgence (faute du scénar prémâché), principalement auprès des fans indéfectibles de ciné-bis déviant.  

*Bruno
01.10.20. 3èx
09.06.11.  311 v

mercredi 30 septembre 2020

And now the screaming starts !

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Roy Ward Barker. 1973. Angleterre. 1h31. Avec Peter Cushing, Herbert Lom, Patrick Magee, Stephanie Beacham, Ian Ogilvy. 

Sortie salles France: ?. Angleterre: 27 Avril 1973

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010. 1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1967: Les Monstres de l'Espace. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts.

Produit pas la Amicus, concurrente anglaise de la Hammer Films, And now the screaming starts ! empreinte la voie de l'épouvante gothique à l'orée des années 70. Décors naturels et domestiques de toute beauté quant à sa forme aussi gracieuse qu'étrange (notamment auprès de cette fameuse petite nécropole clôturée d'un enclos). Et s'il n'arrive jamais à la cheville des plus beaux spécimens de l'écurie Hammer,  faute d'une première partie au suspense timoré de par l'attrait routinier des déambulations de l'héroïne partagée entre hallucinations, cauchemars nocturnes et évènements bien réels, sa seconde moitié décolle enfin pour ne plus lâcher l'attention du spectateur. Et ce depuis la révélation d'un rebondissement d'une belle intensité dramatique eu égard du sort Spoil ! d'un couple de métayers pris à parti avec l'impériosité du Lord Henry Fengriffen des décennies plus tôt fin du Spoil. Ainsi, en abordant les thèmes de la machination surnaturelle tributaire de vendetta, And now the screaming starts ! s'extirpe du divertissement lambda, notamment auprès du jeu dépouillé des comédiens physiquement distingués. Stephanie Beacham portant le récit à bout de bras à travers sa fragilité toujours plus démunie d'y être une victime toute désignée. 

Son désarroi progressif insufflant une dramaturgie factuelle quant à la cruauté de son dénouement escarpé. Ainsi, c'est à partir de l'intervention de Peter Cushing en psychiatre renommé (témoin oculaire de la déchéance morale du couple) que l'intrigue lève enfin le voile sur sa fameuse énigme de revenant manchot tout en développant les postures interlopes ou chétives des personnages sévèrement malmenés par une main baladeuse. C'est d'ailleurs le reproche que l'on pourrait opérer lors de sa première partie lorsque cette dernière ne cesse d'y harceler la jeune Catherine parmi le témoignage d'un bûcheron patibulaire (affublé d'une tache de vin sur le visage). Le spectateur perplexe se questionnant fréquemment sur l'intérêt majeur de cette fumeuse histoire de main coupée s'en prenant au jeune couple Fengriffen. Mais comme précisé plus haut, tout rentrera dans l'ordre de manière résolument explicative quant aux motivations de la main baladeuse moins délétère (si j'ose dire) qu'elle n'y parait. Le récit accordant finalement pas mal d'intérêt aux tenants et aboutissants d'une victime précaire au destin galvaudé (le flash-back insidieux s'avérant le moment le plus dur et oppressant du film sous l'impulsion d'un Herbert Lom horripilant). 

Perfectible assurément de par l'agencement de son intrigue répétitive lors du 1er acte, And now the screaming starts ! ne déploie que l'étendue de son modeste talent lors de sa deuxième moitié beaucoup plus captivante et haletante quant à l'oppression dramatique de ses funestes projets. Efficace, un chouilla angoissant (quelques visions d'effroi) et beaucoup plus magnétique au fil d'un rythme autrement intrépide, le divertissement gothique parvient donc in extremis à se racheter une conduite lors de sa vendetta d'outre-tombe ouvertement détaillée. A découvrir (même si on a connu Roy Ward Barker plus inspiré). 

*Bruno
2èx

mardi 29 septembre 2020

Flic ou Zombie

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinememorial.com

"Dead Heat" de Mark Goldblatt. 1988. U.S.A. 1h25. Avec Treat Williams, Joe Piscopo, Lindsay Frost, Darren McGavin, Vincent Price. 

Sortie salles France: 29 Juin 1988

FILMOGRAPHIEMark Goldblatt est un monteur et réalisateur américain. 1988 : Flic ou Zombie. 1989 : Punisher. 1992 : Marshall et Simon (serie TV). 


Ils n'ont que 12 heures pour remplir leur mission morbide ! 
Planquez vos miches, ça va grave flinguer dans les quartiers de viande ! 

Aussi modeste soit ce pur divertissement du Samedi soir; Flic ou Zombie fait probablement parti des meilleures séries B horrifiques des années 80 de par l'habileté de Mark Goldblatt à éluder à tous prix le ridicule à travers son thème casse-gueule. Car traiter du mythe du zombie sous le mode de la comédie à la fois cocasse et sardonique est une gageure que peu de cinéastes sont parvenus à relever (Ré-animator, Le Retour des Morts-Vivants, Brain Dead, Bad Taste pour citer les plus notoires). Le pitch nous illustrant l'investigation d'un duo de flics aux méthodes musclées depuis une série de hold-up perpétrés par des malfrats increvables. Ainsi, au fil de leur enquête, ils découvrent qu'une machine inventée par un milliardaire parvient à réanimer les morts 12 heures durant. Qui plus est, pour épicer l'intrigue d'une certaine tension dramatique, le duo zombifié n'a que 12 heures pour retrouver le ou les responsables de cette diabolique invention. L'un d'eux s'allouant d'ailleurs d'une putréfaction physique dégénérative du fait de son sacrifice instauré lors de la 1ère partie à l'aide de maquillages artisanaux plutôt réussis. 

C'est également un des points positifs de Flic ou Zombie que de nous esbaudir face au réalisme de ses FX à l'ancienne (à 1 ou 2 plans foirés près). Par conséquent, à la revoyure quelque décennies plus tard, on est aussi surpris de constater l'incroyable énergie que dégage son action pétaradante sous l'impulsion de gun-fight en roue libre ! Les impacts de balle produisant sur les chairs déchiquetées de généreuses  éclaboussures de sang ! Et à ce niveau de jubilation Mark Goldblatt s'en donne à coeur joie d'y émailler son fulgurant récit de séquences d'action terriblement nerveuses si bien que le complexe en est toujours banni. Ajouter à cette aventure folingue modestement simpliste mais toujours efficace la complémentarité enjouée (pour ne pas dire la "cool attitude") de Treat Williams / Joe Piscopo endossant avec ferveur et charisme (naturellement) séducteur un duo de flics teigneux dans leur condition putrescente. Sans compter la présence iconique de Monsieur Vincent Price en personne dans celui du milliardaire cupide dénué de vergogne ! Un peu dommageable toutefois que l'acteur sclérosé par son âge avancé soit aussi apathique à travers son jeu condescendant.  

Totalement dénué de prétention et nerveusement emballé (on reste scotché et fasciné par ses scènes d'action ultra violentes, à l'instar du carnage liminaire !), Flic ou Zombie demeure un divertissement bonnard qui donne la pêche et le sourire 1h20 durant ! 

*Bruno
2èx

lundi 28 septembre 2020

La Loi de la Haine

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com 

"The Last Hard Men" de Andrew V. McLaglen. 1976. U.S.A. 1h33. Avec Charlton Heston, James Coburn, Barbara Hershey, Jorge Rivero, Christopher Mitchum, Michael Parks, Larry Wilcox.

Sortie salles France: 14 Juillet 1976

FILMOGRAPHIEAndrew V. McLaglen est un réalisateur anglo-américain né à Londres le 28 juillet 1920, décédé le 30 août 2014. 1956 : Légitime Défense.1956 : Man in the Vault.1957 : The Abductors.1960 : Les Pillards de la forêt.1963 : Le Grand McLintock. 1965 : Les Prairies de l'honneur. 1966 : Rancho Bravo. 1967 : Rentrez chez vous, les singes ! 1967 : La Route de l'Ouest. 1967 : Le Ranch de l'injustice. 1968 : La Brigade du diable. 1968 : Les Feux de l'enfer. 1968 : Bandolero ! 1969 : Les Géants de l'Ouest. 1970 : Chisum. 1971 : Le Dernier Train pour Frisco. 1971 : Fools' Parade. 1971 : Rio Verde. 1973 : Les Cordes de la potence. 1975 : Liquidez l'inspecteur Mitchell. 1976 : La Loi de la haine. 1978 : Les Oies sauvages. 1979 : La Percée d'Avranches. 1980 : Les Loups de haute mer. 1980 : Le Commando de Sa Majesté. 1983 : Sahara. 1989 : Retour de la rivière Kwaï. 1991 : SAS : L'Œil de la veuve. 

En dépit d'un schéma narratif éculé dénué de surprises, La Loi de la Haine est suffisamment bien mené et interprété pour ne jamais céder à l'ennui. Les monstres sacrés Charlton Heston (le shérif) et James Coburn (le salopard) s'affrontant de manière belliqueuse si bien que la grande violence de leurs actions illégales (la loi du talion) rappelle le cinéma de Peckinpah (ralentis à l'appui). On reste d'ailleurs interloqué par le sadisme de son final oppressant quant aux sorts indécis de nos 2 rivaux toujours aussi accablés de haine et de rancoeur. Et puis quel charisme strié que ces acteurs d'antan jouant les cowboys avec une soif de colère acharnée ! Le pitch nous relatant la traque infernale du capitaine Sam Burgade contre Zach Provo après que celui-ci se soit échappé de sa geôle. Pour épicer l'intrigue et renforcer un enjeu humain, la fille du capitaine vient d'être kidnappée par Provo en guise d'appât. S'ensuit dès lors un jeu de cache cache entre eux à travers l'élaboration de pièges de fortune disséminés dans leur périmètre champêtre. Outre l'efficacité de son action sanglante étonnamment réaliste (les giclées de sang sont concises mais probantes), on reconnait le savoir-faire de l'habile artisan Andrew V. MacLaglen ayant déjà largement fait ses preuves dans le registre du western (ou encore du film de guerre). Et si La Loi de la Haine demeure tout à fait dispensable puisqu'il n'invente rien en dépit de sa forme triviale, les afficionados du genre passeront un bon moment devant ce divertissement rugueux osant exploiter une violence graphique depuis l'influence de Peckinpah.  

*Bruno

vendredi 25 septembre 2020

Le Diable, tout le temps

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Devil All The Time" de Antonio Campos. 2020. U.S.A. 2h19. Avec Tom Holland, Eliza Scanlen, Mia Wasikowska, Robert Pattinson, Sebastian Stan.

Diffusé sur Netflix le 16 Septembre 2020

FILMOGRAPHIEAntonio Campos est un producteur, scénariste et réalisateur américain d'origine brésilienne né en 1983 à New-York. 2002 : I Pandora (court). 2005 : Buy It Now (court). 2007 : The Last 15 (court). 2008 : Afterschool. 2012 : Simon Killer. 2016 : Christine. 2020 : Le Diable, tout le temps. 

           "Que l'on s'efforce d'être pleinement humain et il n'y aura plus de place pour le mal."

Film choc s'il en est, de par sa (grande) violence erratique et son climat malsain perméable où plane la présence du diable au coeur d'une bourgade champêtre faussement tranquille, le Diable, tout le temps ne nous laisse pas indemne à travers sa descente aux enfers ramifiée, dénuée de rédemption. Quasi irracontable, le récit ultra noir s'articule autour des agissements sans vergogne d'une poignée d'antagonistes habités par le vice lors d'un incessant chassé-croisé, et ce avant leur rencontre aléatoire. Le tout dépeint à travers divers époques, notamment afin de scruter l'évolution des personnages, en particulier le jeune Arvin éduqué par un père rigoriste psycho-rigide, catalyseur du destin galvaudé de son chérubin. Arvin demeurant le personnage le plus anti-manichéen dans sa position binaire de victime / coupable (et vice-versa). Ainsi donc, à travers les thèmes du faux-semblant, du traumatisme (celui de la de la guerre ou d'une enfance martyr), du fanatisme religieux (notamment auprès de l'intervention d'un prêcheur en second acte), de l'auto-justice (une purification par le sang) et de la déchéance morale de par ces exactions crapuleuses dénuées de raison et de pitié, Le Diable, tout le temps insuffle un climat méphitique aussi irrespirable que reptilien eu égard de son réalisme à biaiser la réalité des faits lors d'un concours de circonstances infortunées. 

Car derrière le vernis de la banalité se tapi parfois la plus effroyable des révélations. Les victimes, fragiles et démunies, sombrant dans le piège d'un jeu de dupe et de manipulation face à l'imposture du Mal le plus fourbe. Des personnages obsédés par l'idée de la mort, du sacrifice et de la résurrection au nom d'une cause divine ou personnelle (le couple de serial-killers perpétue la mort pour se croire libre et ainsi vaincre leur peur du trépas). Or, à travers cette série d'homicides inéquitables étalés sur des décennies, Arvin aura décidé en dernier ressort d'y perpétrer sa vengeance personnelle, faute de l'éducation catholique d'un père obscurantiste lui ayant inculqué dès son jeune âge la loi du talion de la manière la plus agressive, vicieuse et retorse. Ces personnages communément véreux ayant comme point commun de se connaître, de s'aborder ou de s'entrevoir grâce à l'influence du Mal qu'ils cultivent en eux-mêmes depuis leur enfance. Et ce derrière la réflexion d'une cause ou d'une démission parentale émanant d'une idéologie démiurge au sein d'une Amérique profonde ultra pratiquante (ils ne vivent que par Dieu pour la plupart d'entre eux). 


Messe Noire. 
De par son climat austère dénué de tendresse et de quiétude, Le diable, tout le temps pèse lourd sur notre moral pour tenter "d'affectionner" un récit aussi morbide dénué d'espoir. Tant et si bien que son final en suspens inopinément poignant laisse en mémoire le destin interrogateur d'un ange exterminateur potentiellement acquitté par une cause divine ou (inversement) châtié selon la position  (spirituelle ou athée) du spectateur. En tout état de cause, le Diable, tout le temps est à réserver à un public préparé, tant et si bien qu'il demeure délicat d'estimer un requiem aussi nihiliste sur la déchéance humaine depuis leur perte d'innocence. 

*Bruno

mercredi 23 septembre 2020

Les Lèvres Rouges

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Daughters of Darkness" de Harry Kümel. 1971. France/Belgique/Allemagne. 1h40. Avec John Karlen, Delphine Seyrig, Danielle Ouimet, Andrea Rau, Paul Esser, Georges Jamin.

Sortie salles France: 25 Novembre 1971

FILMOGRAPHIEHarry Kümel est un réalisateur belge, né le 27 Janvier 1940 à Anvers. 1963: Hendrik Conscience. 1965: De Grafbewaker. 1969: Monsieur Hawarden. 1971: Les Lèvres Rouges. 1972: Malpertuis. 1978: Het verloren paradijs. 1985: The Secrets of Love. 1986: Série Rose. 1991: Eline Vere. 


"Plus vite. Le jour arrive. Il faut le prendre de vitesse. Accélère. Ne laisse pas la lumière nous surprendre mon amour. Plus vite mon amour, mon amie. Il y a tellement de nuits à aimer. Tellement de nuits; de nuits au creux de mes mains dont jamais nous ne verrons la fin. Plus vite. Vers l'éternité."

Produit entre la France, la Belgique et l'Allemagne, Les Lèvres Rouges est une oeuvre atypique du mythe vampirique si bien que le réalisateur belge Harry Kümel y apporte sa touche personnelle avec un goût prononcé pour l'esthétisme charnel. Ainsi, le soin accordé à son imagerie lascive et à ses teintes bleutées d'une nature crépusculaire laissent en mémoire un recueil de plages fantasmagoriques à damner un saint. De là à dire qu'il s'agit d'une oeuvre culte imprégnée d'onirisme gracile, il n'y a qu'un pas. 

Le pitchUn couple de jeunes mariés louent une chambre d'hôte pour leur voyage de noces. Dans cet hôtel désert, ils font la connaissance d'un étrange couple de femmes et ne vont pas tarder à se laisser séduire. 

Si cette oeuvre indépendante hélas peu connu du public demeure une variante inusitée du thème vampirique, il est principalement transcendé de l'inspiration d'une réalisation expérimentale et du talent de son casting, notamment sa sublime actrice principale surgie d'un rêve irréel, Delphine Seyrig. Sur ce point, sa présence aussi épurée que charnelle et vaporeuse y est pour beaucoup afin d'y parfaire un climat envoûtant davantage pénétrant. Et ce sans que le spectateur ne s'aperçoive de son pouvoir d'attraction chimérique qu'Harry Kümel met en pratique avec un brio alchimiste (doux euphémisme).


Pour ainsi dire, l'irremplaçable Delphine Seyrig parvient à nous ensorceler de par l'aura orale de sa voix éraillée et d'un regard pénétrant d'une noirceur résolument classieuse. Qui plus est, son esprit mesquin lointainement inspiré de la comtesse sanglante Elisabeth Bathory ne fait que mettre en exergue un caractère de femme discrètement chafouine, obséquieuse, désinvolte à travers son amour immodérée pour les jeunes filles prudes. Or, à partir d'un argument simpliste bâti sur son emprise de séduction et son désir d'y combler sa solitude, Les Lèvres Rouges réinvente le mythe vampirique à travers son étrangeté indéchiffrable, tant et si bien que l'on ne sait jamais quelle direction sa structure narrative va emprunter. Ainsi, en adoptant une démarche érotique explicite ou sous-jacente, ainsi que l'aspect parfois sanglant de certaines séquences stylisées (on peut d'ailleurs évoquer l'imagerie baroque de Dario Argento), Harry Kümel nous entraîne dans une forme de songe fantasmatique où amour et mort se conjuguent lors d'une éprouvante scène de ménage à 3. Notamment auprès de 2 situations chocs très impressionnantes par sa brutalité rendue ingérable. L'aspect désincarné et l'attitude indolente des protagonistes transis d'émoi renforçant l'atmosphère indicible afin de mettre en exergue le pouvoir inéluctable de cette comtesse influente.


Le vampirisme saphique à son apogée concupiscente.
A la fois terriblement poétique, charnel, sensuel, envoûtant, capiteux et parfois même épeurant auprès de sa violence fortuite, Les Lèvres Rouges demeure une authentique réussite formelle au sein d'un conte diaphane où le saphisme vampirique (quel soif d'amour irrépressible !) domine à sa guise les mâles dans un parti-pris (lestement) perfide. De par la géométrie de sa mise en scène auteurisante et le talent des interprètes (notamment la blonde québécoise Danielle Ouimet avec sa longue chevelure d'or !), les Lèvres Rouges réinvente le genre sous l'impulsion d'un onirisme crépusculaire jamais prévisible. Culte et intemporel si bien qu'il semble difficile de s'extraire de tant de poésie efféminée à l'issue du générique.

*Bruno
23.09.20.
23.09.13. (87 v)