jeudi 1 octobre 2020

Electro-choc

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Human Experiments" de Gregory Goodell. 1979. U.S.A. 1h22. Avec Ellen Travolta, Jackie Koogan, Aldo Ray, Linda Haynes, Geoffrey Lewis.

Sortie salles France: Octobre 1979

FILMOGRAPHIEGrégory Goodell est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1980: Human Experiments, 1995: Mariage Criminel (TV), 1996: Terror in the Family (TV), 1999: Down Will come baby, Cruelle Justice (TV), 2007: Perdus dans la tempête (TV). 
                                    

"Quand une femme cesse de choisir, elle cesse d'être une Femme".
Il s'agit à priori du seul long-métrage du réalisateur méconnu Grégory Goodell exploité au cinéma, bien que certaines sources du net prétendent que le film fut resté inédit en salles. Pour autant, il sera bien présenté en compétition à Paris au festival du Rex en 1979 si bien que l'actrice Lynda Haynes repartit avec le prix d'interprétation féminine. A titre d'anecdote, Electro-choc est également listé dans la rubrique des fameux "vidéos nasties" fondé en 1984 par l'Angleterre puritaine. Le pitchAprès être tombée en panne, Rachel, jeune chanteuse de Cabaret, est témoin d'un massacre commis dans une demeure durant son retour de villégiature. Prise à parti avec le meurtrier, elle parvient toutefois à s'emparer d'un fusil de chasse et le tue en légitime défense. Mais la police dépêchée sur les lieux l'accuse des crimes en série. Ecrouée et incarcérée, elle est embrigadée dans un pénitencier dirigé par l'inquiétant Dr Kline (Geoffrey Lewis, génialement auto-parodique de par son regard de dément faussement courtois) livrant à d'étranges expériences inhumaines sur certaines de ses détenues. Passé son préambule au cours duquel l'héroïne est verbalement provoquée par des machistes libidineux, l'intrigue nous dirige dans le refuge sordide d'une demeure perdue au milieu de nulle part. C'est là que Rachel fait l'horrible découverte d'un massacre perpétré par le fils d'une famille. L'ambiance solaire étouffante et les cadavres ensanglantés disséminés dans des pièces délabrées nous remémorent les climats poisseux des bandes subversives des années 70. Après avoir été arrêtée par la police et jugée  coupable des meurtres d'une famille au complet, elle se retrouve dans une prison dirigée de main de fer par un savant fou aux méthodes expérimentales improbables. Ainsi, durant une bonne partie du métrage, Electro-choc exploite le "Women in prison" tantôt bavard, tantôt ludique, de par ses situations gentiment éculées, et ce parmi le témoignage d'Ellen Travolta sobrement convaincante en détenue candide au charisme magnétique (notamment auprès de son regard azur perçant). 
                                     

Portant le film à bout de bras, ses séances d'humiliation, d'intimidation et d'emprisonnement restrictifs se suivent et se ressemblent d'un oeil distrait. Quand bien même le comportement déficient d'une autre détenue embrigadée dans une cellule nécrosée attise notre curiosité licencieuse. Mais c'est à partir des 2/3 tiers du métrage qu'Electro-choc vaut le coup d'oeil, aussi furtif soit-il ! A savoir que l'une des prisonnières incitera Rachel à s'échapper alors que cette dernière se retrouvera à nouveau cobaye d'une manipulation à base de lavage de cerveau. La narration bifurquant vers une (futile) étude psychologique sur le conditionnement humain destitué d'agressivité morale et physique. Et pour cause, le docteur (directeur de l'enceinte !) tente d'y parfaire son étude sur le comportement humain en matérialisant leur pire terreur, et ce pour les transformer en robot docile dénué d'agressivité. Un thème déjà superbement  traité dans Orange Mécanique vis à vis du personnage d'Alex, délinquant addict contraint de subir par l'oeil le défilement ininterrompu d'images obscènes de violence afin de le purger du Mal. Dans ces deux cas d'expérimentations, l'homme et la femme n'auraient donc plus libre arbitre de combattre leur lutte intrinsèque du Bien et du Mal. De par ce procédé physiologique bestial et immoral à exploiter l'âme au service du Bien, une séquence fort éprouvante provoque la révulsion de par son réalisme cru quasi insupportable. L'héroïne embrigadée dans une cellule dégueulbif (euphémisme !) s'efforçant de trouver refuge à l'intérieur d'un soupirail afin d'échapper à une armada d'insectes et arachnides rampant tout le long de son corps déchiqueté ! Quand au final expéditif aussi capillotracté (pas grand chose n'était vraisemblable dans cette délirante histoire), on se distrait de l'ultime stratégie criminelle du médecin à tenter une dernière fois de manipuler son cobaye pour se débarrasser de son adjointe arrogante. 
                                          

Alternant avec charme et maladresse le sous-genre du WIP et de l'horreur crapoteuse à travers un schéma narratif aussi dégingandé qu'ubuesque, Electro-choc séduit par intermittence jusqu'à son ultime baroud d'honneur vindicatif un poil ironique. Porté à bout de bras par l'étrange et ravissante Ellen Travolta dans une posture névralgique davantage rigoureuse, cette série B d'exploitation laisse finalement une drôle d'impression de curiosité malsaine teintée d'audace, de fantaisie bisseuse et de ridicule. En tout état de cause, une séquence choc littéralement effroyable nous reste dans l'encéphale pour faire office d'anthologie sordide. A découvrir probablement avec indulgence (faute du scénar prémâché), principalement auprès des fans indéfectibles de ciné-bis déviant.  

*Bruno
01.10.20. 3èx
09.06.11.  311 v

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