vendredi 2 octobre 2020

Le Commando des Morts-Vivants / Schock Waves

                                                 
                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com
 
de Ken Wiederhorn. 1977. U.S.A. 1h25. Avec Peter Cushing, Brooke Adams, Fred Buch, Jack Davidson, Luke Halpin, D.J. Sidney, Don Stout, John Carradine, Clarence Thomas.

Sortie salles France: 6 Juin 1979

FILMOGRAPHIEKen Wiederhorn est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1977: Le Commando des Morts-Vivants. 1979: King Frat. 1981: Appels aux meurtres. 1984: Meatballs Part 2. 1987: Dark Tower. 1988: Le Retour des Morts-vivants 2. 1993: l'Otage d'une vengeance. 1998: US Marshals: The Real Story (série TV).


Peu avant la seconde guerre mondiale, le haut commandement allemand lança des recherches dans le domaine du surnaturel. Selon une ancienne légende, une race de guerriers, sans armes ni boucliers, tiraient leurs pouvoirs surhumains de l'intérieur de la terre. Alors que la guerre éclata, les S.S. recrutèrent un groupe de scientifiques qui devaient créer un soldat invincible. Les corps de soldats morts au combat furent envoyés à Coblence, dans un laboratoire secret pour diverses expériences scientifiques. Le bruit courut qu'à la fin de la guerre, les forces alliées combattirent des soldats allemands qui tuaient à mains nues. Personne ne sait qui ils étaient et ce qu'ils sont devenus. Mais une chose est sure: de toutes les unités S.S., il n'y en a qu'une que les Alliés n'ont jamais retrouvée.

Première réalisation d’un auteur discret — à qui l’on doit pourtant un petit psycho-killer inédit en salles chez nous (Appels aux meurtres) et une séquelle potache (Le Retour des Morts-vivants 2) — Le Commando des Morts-vivants reste sa plus belle réussite, la plus sèche, la plus tangible. Car sur le thème éculé du zombie, Ken Wiederhorn parvient à forger une série B singulière, bâtie sur le charisme putréfié de ces nazis amphibies et l’exploitation sourde de décors d’étrangeté, pour distiller une atmosphère moite, suffocante, parfois même terrifiante. L’intrigue, simpliste, épouse le canevas du survival : une poignée de vacanciers échouent sur une île après avoir éventré leur yacht contre un cargo fantôme. Sur cette terre claquemurée vit un ancien chef nazi — Peter Cushing, famélique et revêche comme jamais — qui les somme de fuir avant que ne se lève la menace : sous l’eau, un commando de morts-vivants attend, prêt à ressurgir pour achever leur besogne meurtrière.

Ce qui aurait pu se résoudre en bisserie paresseuse s’élève ici en poème mortifère sous l’allégeance d’un escadron invincible, enfanté par le Reich et oublié par l’océan. Drapés de vestons SS, lunettes noires pour bannir la lumière, ces cadavres marchent sans hâte ni faim de chair : soldats jusqu’au bout, ils ne dévorent pas — ils étranglent, ils noient, ils expédient. L’aspect hypnotique de ces guerriers imbibés, l’ambiance glauque et fangeuse d’un hôtel décrépi ou d’un bois marécageux, tout concourt à irriguer la pellicule d’une véracité obscure. Et pour couronner cette angoisse sourde, la bande-son bourdonne, rampante, comme un souffle mauvais qui rôde. Les attaques, d’ailleurs, n’ont nul besoin de gore : seule compte l’atmosphère, macabre et suffocante, qui use les nerfs jusqu’à l’évanouissement. À ce titre, l’interprétation étonne : les victimes, exténuées, vibrent d’une panique à fleur de peau. L’ultime demi-heure serre la gorge : l’un d’eux, claustrophobe, se mutile la raison, précipitant la chute de tous.
 
 
"Le silence des profondeurs SS"
Tour à tour anxiogène, brumeux, putride, Le Commando des Morts-vivants est une plongée en apnée dans les marais d’un îlot maudit, gardé par un vieillard défait et ses fantômes nazis. Outre sa scénographie rugueuse, à la fois olfactive et poisseuse, Wiederhorn signe un cauchemar sans échappatoire. À redécouvrir d’urgence — car ce commando d’outre-tombe hante encore la pellicule, ad vitam aeternam.

*Bruno
23.01.25. 5èx. Vost
02.10.20.
09.07.13. 23 v

Ci-joint la chronique de Mathias Chaput
« Le commando des morts vivants » (titre original « Shock waves ») est un film auréolé d’une réputation très flatteuse et le fait est qu’en le revoyant il est indéniable que la construction scénaristique est parfaite dans ce film…
Dès le début, le spectateur comprend qu’il s’est passé quelques chose de grave, d’inquiétant, avec cette jeune femme retrouvée hagarde dans cette chaloupe ; Wiederhorn est très habile et nous raconte son histoire en faisant une remontée dans le temps…
Le procédé a maintes fois été exploité au cinéma mais ici, il est traduit par une rigueur, un sens de la montée dans l’angoisse crescendo qui fera date ; les comédiens jouent tous à merveille et Peter Cushing, il illumine le métrage dans une apparition fugace mais qui vaut toutes les explications pour bien comprendre le film…
De manière obstinée et méthodique, les zombies SS vont annihiler ou tenter d’annihiler la totalité des touristes avec une froideur, une pugnacité rarement vues dans un film d’horreur des années soixante-dix ; « Shock Waves » est une gigantesque partie de cache-cache qui se transforme en jeu de massacre et étonnamment sans le moindre effet « gore » !
A part quelques maquillages assez craspecs, il n’y a pas une seule goutte de sang versée dans « Shock waves » !
Et cela ne gêne aucunement l’efficacité du film ni ne désamorce l’angoisse provoquée…
Tout comme les protagonistes, le spectateur subit une sensation d’étouffement (à l’instar du jeune homme claustrophobe dans la chambre froide) et le métrage abonde de plans séquences insolites (la vue des poissons dans l’aquarium à maintes reprises, le gramophone au sol, la scène des marécages, la sortie de l’eau légendaire des zombies amphibies)…
Le tout est calibré au centimètre près par un Wiederhorn hyper consciencieux et surtout avec un budget ridicule (seulement 200 000 dollars !), il parvient à faire quelque chose d’exceptionnel avec deux bouts de ficelle ; vous prenez une ile vide de ses habitants, une dizaine de zomblards et autant de premiers rôles pour obtenir un classique du genre qui n’a pas pris une ride même quarante années plus tard…
Sans compter sur des prises de vues sous-marines envoutantes et très bien filmées qui vont emmener encore plus le spectateur en immersion, non là, vraiment c’est du très beau boulot !
Rien à dire de plus « Shock waves » est un pur régal, un OVNI dans le genre du film de zombies et il se distingue par sa singularité et son sens qualitatif dans la réalisation…
C’est du tout bon, que tout cinéphile fan de films fantastiques a obligation de visionner, facile d’accès et doté d’un charme absolu, « Shock waves » n’a pas usurpé sa réputation !
Note : 9.5/10
 
Ci-joint article d'Olivier Père

23 mars 2022

Le Commando des morts-vivants (Shock Waves, 1977) est une petite perle du cinéma d’horreur indépendant américain des années 70, . Cette bande fauchée mais bien photographiée, qui distille un véritable climat d’angoisse et une certaine poésie macabre fit la joie des spectateurs des salles spécialisées dans le fantastique, endroits souvent malodorants et mal famés mais à la programmation riche en surprises (à Paris on se souvient du Brady.) Aujourd’hui ce titre repose au panthéon du cinéma psychotronique, à juste titre.

Des vacanciers échouent sur une île inhospitalière de Floride, où vit dans un hôtel abandonné un ancien commandant SS (Peter Cushing, vieille gloire de la Hammer) qui les met en garde, trop tard, contre le danger qui rôde. Sous les eaux salées et douces de l’archipel sommeillent des zombies nazis, amphibies et photophobes, résidus d’expériences visant à créer des soldats indestructibles et qui vont décimer le petit groupe en commençant par le capitaine du bateau (John Carradine, vieille gloire de Hollywood). Cette intrigue farfelue rappelle les serials et séries B des années 30 et 40 avec des morts-vivants, des Nazis, des savants fous et des îles mystérieuses.

Après cette première incursion dans l’horreur Ken Wiederhorn signera un autre film d’angoisse notable, Les Yeux de l’étranger (Eyes of a Stranger, 1981), un « slasher » avec la géniale Jennifer Jason Leigh dans l’un de ses premiers rôles. Histoire de tueur psychopathe Les Yeux de l’étranger est un hommage réussi aux thrillers hitchcockiens de Brian De Palma (Sisters en particulier), au point que De Palma, très impressionné par la mise en scène de Ken Wiederhorn lui demandera de réaliser sa production Body Double avant de décider de signer le film lui-même, avec le résultat génial que l’on connaît. Les Yeux de l’étranger est techniquement beaucoup plus convaincant que Le Commando des morts-vivants et Wiederhorn témoigne d’un remarquable sens du suspens et des effets choc subtilement dosés, mais la suite de sa carrière ne sera pas à la hauteur de ces deux coups de maître.

Le succès relatif du Commando des morts-vivants marqua les esprits des producteurs et fit des émules en Europe, où l’on vit fleurir au moins deux titres de zombies nazis directement inspirés par le film de Ken Wiederhorn et produits par la société Eurociné : L’Abîme des morts-vivants de Jess Franco (1983) et surtout le lamentable Lac des morts-vivants (1981) situé dans la campagne française et dans lequel trempa Jean Rollin sous le pseudonyme de J.A. Laser.

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