Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Daughters of Darkness" de Harry Kümel. 1971. France/Belgique/Allemagne. 1h40. Avec John Karlen, Delphine Seyrig, Danielle Ouimet, Andrea Rau, Paul Esser, Georges Jamin.Sortie salles France: 25 Novembre 1971
FILMOGRAPHIE: Harry Kümel est un réalisateur belge, né le 27 Janvier 1940 à Anvers. 1963: Hendrik Conscience. 1965: De Grafbewaker. 1969: Monsieur Hawarden. 1971: Les Lèvres Rouges. 1972: Malpertuis. 1978: Het verloren paradijs. 1985: The Secrets of Love. 1986: Série Rose. 1991: Eline Vere.
"Plus vite. Le jour arrive. Il faut le prendre de vitesse. Accélère. Ne laisse pas la lumière nous surprendre mon amour. Plus vite mon amour, mon amie. Il y a tellement de nuits à aimer. Tellement de nuits; de nuits au creux de mes mains dont jamais nous ne verrons la fin. Plus vite. Vers l'éternité."
Le pitch: Un couple de jeunes mariés louent une chambre d'hôte pour leur voyage de noces. Dans cet hôtel désert, ils font la connaissance d'un étrange couple de femmes et ne vont pas tarder à se laisser séduire.
Si cette oeuvre indépendante hélas peu connu du public demeure une variante inusitée du thème vampirique, il est principalement transcendé de l'inspiration d'une réalisation expérimentale et du talent de son casting, notamment sa sublime actrice principale surgie d'un rêve irréel, Delphine Seyrig. Sur ce point, sa présence aussi épurée que charnelle et vaporeuse y est pour beaucoup afin d'y parfaire un climat envoûtant davantage pénétrant. Et ce sans que le spectateur ne s'aperçoive de son pouvoir d'attraction chimérique qu'Harry Kümel met en pratique avec un brio alchimiste (doux euphémisme).
Pour ainsi dire, l'irremplaçable Delphine Seyrig parvient à nous ensorceler de par l'aura orale de sa voix éraillée et d'un regard pénétrant d'une noirceur résolument classieuse. Qui plus est, son esprit mesquin lointainement inspiré de la comtesse sanglante Elisabeth Bathory ne fait que mettre en exergue un caractère de femme discrètement chafouine, obséquieuse, désinvolte à travers son amour immodérée pour les jeunes filles prudes. Or, à partir d'un argument simpliste bâti sur son emprise de séduction et son désir d'y combler sa solitude, Les Lèvres Rouges réinvente le mythe vampirique à travers son étrangeté indéchiffrable, tant et si bien que l'on ne sait jamais quelle direction sa structure narrative va emprunter. Ainsi, en adoptant une démarche érotique explicite ou sous-jacente, ainsi que l'aspect parfois sanglant de certaines séquences stylisées (on peut d'ailleurs évoquer l'imagerie baroque de Dario Argento), Harry Kümel nous entraîne dans une forme de songe fantasmatique où amour et mort se conjuguent lors d'une éprouvante scène de ménage à 3. Notamment auprès de 2 situations chocs très impressionnantes par sa brutalité rendue ingérable. L'aspect désincarné et l'attitude indolente des protagonistes transis d'émoi renforçant l'atmosphère indicible afin de mettre en exergue le pouvoir inéluctable de cette comtesse influente.
*Bruno
Le vampirisme saphique à son apogée concupiscente.
A la fois terriblement poétique, charnel, sensuel, envoûtant, capiteux et parfois même épeurant auprès de sa violence fortuite, Les Lèvres Rouges demeure une authentique réussite formelle au sein d'un conte diaphane où le saphisme vampirique (quel soif d'amour irrépressible !) domine à sa guise les mâles dans un parti-pris (lestement) perfide. De par la géométrie de sa mise en scène auteurisante et le talent des interprètes (notamment la blonde québécoise Danielle Ouimet avec sa longue chevelure d'or !), les Lèvres Rouges réinvente le genre sous l'impulsion d'un onirisme crépusculaire jamais prévisible. Culte et intemporel si bien qu'il semble difficile de s'extraire de tant de poésie efféminée à l'issue du générique.*Bruno
23.09.20.
23.09.13. (87 v)
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