samedi 12 mars 2011

PLAGUE TOWN

                                

de David Gregory. 2008. U.S.A. 1H21. Avec Josslyn Decrosta, Erica Rhodes, David lombard, Lindsay Goranson, James Warke...

L'ARGUMENT: Une famille de touristes américains en voyage en Irlande rate le car qui devait les ramener en ville. À la recherche d’un endroit où passer la nuit, ils découvrent un étrange village, coupé du monde, dans lequel trop de mariages consanguins ont laissé des traces.

POINT DE VUE POSITIF: Première réalisation de David Gregory, également responsable de l'écriture du scénario, "Plague Town", série B discrète et sans prétention renvoit aux ambiances cauchemardesques campagnardes teintées de survival dans la lignée de "Witness", "La Ferme de la Terreur" ou "les Enfants du Mais".

                             

14 ans plus tôt, une femme accouche d'un bébé apparemment difforme et monstrueux qu'un prêtre aura voulu fatalement tuer de sang froid d'une balle de revolver dès sa naissance.
Mais les parents ne l'entendent pas de cette manière et décident coûte que coûte de garder leur progéniture en vie malgré les fermes mises en garde. La famille décide alors de supprimer le prêtre.
De nos jours, un groupe de jeunes touristes s'aventurent malencontreusement dans un village fantasmagorique situé en Irlande où les habitants hagards et sans identité semblent physiquement défigurés et épris d'un irrésistible besoin meurtrier sans livrer aucune concession pour leur victime prise en chasse.

Cette série B venue de nulle part qui établit les bases conventionnelles d'un slasher coutumier avec son lot de clichés inhérents au genre (les protagonistes qui ratent malencontreusement leur bus, leur inquiétude face à un environnement hostile, leur refuge inévitable dans des endroits si lugubres) va insinueusement se démarquer après une mise en condition latente d'un suspense un peu folichon pour bifurquer vers une seconde moitié de métrage complètement inattendue, surprenante, affolante, cauchemardesque, rehaussée d'une ambiance insolite gothique imprégnant tout le métrage, d'une photographie sombre aux variantes du noir et blanc accentuant la pâleur de chaque visages composé et des scènes gores parfois extrêmes, complètement allumées, plutôt efficaces même si la complaisance est parfois de mise (voir l'hallucinante séquence où l'un des meurtriers va massacrer la tronche d'une demoiselle à coups d'enjoliveur de voiture ! la scène est extrêmement violente, brutale, cruelle, intense dans les coups répétés et portés sur la victime, voire à la limite du supportable !)

                                 

Un peu dommage pour les comédiens hasardeux réduits le plus souvent à de la simple chair à pâté (malgré le réalisme des scènes graphiques bien sanglantes), quelques situations convenues comme ce final incohérent dans le refuge de la maison réalisé de manière confuse, un montage maladroit rendant des scènes parfois illisibles et des poncifs gros comme des oeufs d'autruche mais malgré ses défauts énumérés "Plague Town" se révèle un DTV à se procurer absolument pour les amateurs de frissons singuliers et d'ambiance étrange indocile invitant à surprendre et envouter le spectateur embarqué par la main dans une farandole morbide aux allures de cauchemar atypique avec ces séquences et idées incroyables comme les coups de fougères violemment perpétrées aux victimes, les fils de nylon étirés par de 2 petites filles pour sectionner en 2 parties un visage pris en otage, les branchages et feuillages cousus mains dans le visage d'un pauvre homme réduit à l'état de pantin après avoir reçu une balle de chevrotine en pleine joue, le visage dérangeant du bébé à la toute fin et surtout l'apparence hermétique de tous ces habitants anachroniques défigurés, sorte de monstres de foire sortis d'un bal masqué avec leur semi masque camouflant des yeux dénaturés, vêtus d'un accoutrement vestimentaire académique pour ces êtres diabolisés empruntant parfois aux contes de fées nocturnes habitées par la notion du mal.
De surplus, peu aidé par un scénario linéaire 100 fois vus sans véritable surprise, le spectateur sera finalement déconcerté, entrainé, conquis par tous ces évènements soudains et brut de décoffrage, du moins dans cette longue seconde partie énergique amplifiée par une surenchère de violence rêche exarcerbée où les amateurs de gore seront à la fête.
Un chassé croisé haletant, inconfortable, répétitif mais pourtant surprenant dans l'imagination hors normes délivrée d'un florilège de séquences baroques emmêlées dans une partition musicale lourde et oppressante accentuant l'angoisse des évènements décrits.


                            


Une belle surprise à découvrir qui sort du lot habituel des petites productions horrifiques orthodoxes malgré ses maladresses et sa réalisation bricolée.

13.07.10.

DERNIERE SORTIE POUR BROOKLYN (Last exit to Brooklyn)

                        

de Uli Edel. 1989. U.S.A/ Angleterre/ Allemagne. 1H42. Avec Stephen Lang, Jennifer Jason Leigh, Burt Young, Peter Dobson, Jerry Orbach, Stephen Baldwin, Jason Andrews, James Lorinz, Sam Rockwell, Maia Danziger...

L'ARGUMENT: Brooklyn dans les années 1950, où prospèrent corruption et violence. Une galerie d'êtres humains livrés à eux même vont tenter de survivre dans un no man's land sans espoir d'une éventuelle rédemption.

POINT DE VUE POSITIF: Uli Edel est un réalisateur prolifique, scénariste, producteur et monteur allemand responsable d'une pléthore de séries TV, télé-films et longs-métrages concoctés entre 1971 et 2010 côtoyant parfois le pire comme "Body" (1993) avec Madonna ou le meilleur avec "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..." (1981) ou plus récemment "l'Anneau Sacrée" (2004).
Réalisé en 1989, "Last exit to Brooklyn" est l'adaptation du roman, composé de six nouvelles implacables, d'Hubert Selby, décrivant le monde des déclassés du quartier de Brooklyn dans les années cinquante. En 1964 à sa sortie le livre de Selby fut interdit dans plusieurs Etats et un procès retentissant eut lieu à Londres.

                                          

Dans l'Amérique des années 50 au pays des déshérités, une poignée de personnages largués tente de survivre dans un quartier malfamé pour leur quête identitaire éperdue enfouie dans une profonde humanité qu'ils ne parviendront pas à extérioriser et embrasser.
Uli Edel nous entraine sans détour dans une descente aux enfers nonchalante, implacable avec son lot de marginaux aseptisés, aux bas intincts primaires incapables d'éprouver la moindre compassion envers leur potentielle victime. Face à des êtres davantage affaiblis par leur environnement précaire, en perpétuel questionnement existentiel dont l'inégalité sociale ne pourra les remettre au cheminement de la docilité.
Harry Black, syndicaliste rebelle, n’éprouve plus de désir charnel pour sa femme après lui avoir sauvagement fait l'amour (la scène est brute et surprend par son effet de surprise sans concession). En rencontrant Virginia, un travesti, il s’apercevra de son homosexualité. Mais cet amour factice rencontrera une terrible destinée dans une hypothétique tentative de viol d'un adolescent hagard.
Un père de famille italien refusera obstinément à ce que sa fille entame les liens du mariage pour quitter son cocon familial et entreprendre sa nouvelle vie maritale. S'ensuit quelques règlements de compte induits en affrontement physique entre ce patriarche hautain, obtu et bas de plafond et le beau fils à la personnalité anodine sans ambition particulière.
Tralala, une jeune prostituée pulpeuse et paumée va rencontrer un jeune soldat la veille de son départ pour une mission en guerre de Corée. Leur destinée fatale et sans retenue s'épousera dans un abject viol en réunion improvisé, entrepris sur cette chair désincarnée prise de conscience de son échec sentimental.
L'ignorance du danger, la colère réprimande réduite à une aveuglante forme de suicide pour un lynchage permissif démesuré affiné à la bestialité de la bassesse humaine.

                                          

Des personnages meurtris, pathétiques, miséricordieux, déchus en proie à leurs angoisses, leur désir, leur volonté de cueillir et apprivoiser leur âme humaine qui ne feront qu'effleurer un bonheur insondable.
Mis en cause par une éducation éhontée, écornée, sans foi ni loi ou l'homophobie, le racisme, la violence gratuite, les beuveries dans les bars crasseux et les larcins quotidiens s'imposent pour régner en maitre.
Le vice et la haine à chaque étage d'une échelle sociale cimentée dans la pauvreté et la misère affective.

Dans le rôle de Harry Black, Stephen Lang se révèle inné dans son personnage étrange en demi-teinte dans une valeur morale intermédiaire à cause d'une sexualité refoulée et d'un refus de se subvenir à l'autorité dictatoriale. Tour à tour ambigu, révolté, bouleversant dans son regard vide et anxiogène davantage anéanti par la détresse finale d'une solitude inconsolable.
La jeune prostituée Tralala interprétée avec tempérament par la ravissante Jennifer Jason Leigh sait se montrer autoritaire et rebelle mais aussi fragile, blessée, esseulée, violée dans sa propre chair. Elle laissera place à un irrésistible besoin maternel (la scène finale avec le jeune adolescent en motocyclette) après avoir été éprise du sentiment amoureux inabouti.

                                         

"Dernière sortie pour Brooklyn" est un cauchemar âpre, dur et sans espoir, englué dans le désespoir et le destin sans éclat de personnages bouleversants dans leur humanité orientée au bord d'un précipice. Un portrait décadent, désenchantée de l'âme humaine livrée à ses plus bas instincts malsains dont on ne pourra sortir indemne. Beau, triste et sordide à la fois.
22.07.10.

vendredi 11 mars 2011

KICK ASS

                          

de Matthew Vaughn. 2010. U.S.A. 1H57. Avec Aaron Johnson, Christopher Mintz-Plasse, Mark Strong, Chloe Moretz, Omari Hardwick, Xander Berkeley, Michael Rispoli, Clark Duke, Lyndsy Fonseca, Evan Peters...

L'ARGUMENT: L'histoire suit un lycéen que personne ne remarque nommé Dave Lizewski. Il décide de devenir un super-héros alors qu'il ne dispose d'aucune aptitude physique particulière. Envoyé à l'hôpital lors de sa première sortie, il ne renonce pas et sauve ensuite la vie d'un homme, ce qui lui vaut de devenir une célébrité médiatique lorsque la vidéo de son exploit est diffusée sur YouTube.

POINT DE VUE ELOGIEUX: Troisième film d'un acteur, réalisateur, scénariste et producteur à qui l'on doit "Layer Cake" (2004) et "Stardust" (2007).
"Kick Ass" constitue une adaptation du comic book créé par Mark Millar et John Romita Jr.

                         

Un adolescent rêveur mal dans ses baskets décide de devenir un super-héros malgré la normalité de sa force humaine et sa faible corpulence peu taillée pour s'accoutumer d'un tel emploi de sauveur de l'humanité contre l'injustice du mal.
Sur sa route il va rencontrer un duo iconoclaste beaucoup plus radical et professionnel que lui, tandis que la mafia davantage irritée par ce chambardement intempestif s'intéresse d'un peu plus près à ces nouveaux super-héros des temps modernes !


L'ambition première du film "Kick ass" est de donner un bon coup de pied dans la fourmilière de tous ses super-héros névrosés dôtés de pouvoirs surhumains combattant le crime par leur force surnaturelle !
Ici, Matthew Vaughn dépoussière le mythe de manière totalement autre, frontale avec un savant dosage de violence exacerbée par les nombreuses éclaboussures de sang ! Comme si nous avons à faire à une bande dessinée déviante et sardonique conçu prioritairement pour un public adulte et responsable !
Et à ce niveau, le spectateur habitué à ce genre de spectacle tous publics (ou presque) s'en trouve rapidement interloqué par tant d'ultra violence jouissive, estomaquante et de ces personnages terre à terre plus vrais que nature pour la composition d'acteurs de supers-héros !
D'autant plus que la virtuosité des scènes d'action chorégraphiées à la manière d'un John Woo scotchent le spectateur impressionné par la fluidité des séquences mentionnées.
L'énergie déployée de ses scènes rocambolesques est transcendée par une mise en scène survitaminée qui s'empare du récit avec beaucoup d'humour débridée et d'un habile montage d'une inventivité constante.

                                

Là ou le film emporte aussi pas mal de points, c'est dans la caractérisation de chaque personnage singulier, particulièrement bien dessiné, comme le père revanchard campé par un sobre Nicolas cage, surprenant dans sa droiture chevronnée, déterminé à se venger de ceux qui l'ont envoyé 5 ans derrière les barreaux.
Pour se faire, il décide d'inculquer à sa gamine de 11 ans le maniement des armes, l'habileté à combattre à mains nues, supprimer l'ennemi ciblé sans aucun état d'âme et surtout ne faire jamais confiance à personne. Une condition qu'il pourrait malgré tout lui même trahir et ainsi causer la perte de la confrérie.
Cette fillette de 11 ans prénommée Hit Girl, interprétée par la vrombissante Chloë Moretz sera LA star du film !!! Il faut la voir se trimballer en tenue d'écolière pour ensuite se vêtir d'une panoplie de guerrière de manga, bondir fougueusement sur les murs, sauter à perdre haleine et s'éjecter sur l'ennemi avec ses armes meurtrières et autres gadgets élancés sans nullement hésiter une seconde à tuer de sang froid chacun de ses adversaires.
A côté, Kick Ass joué par Aaron Johnson fait pâle figure avec ses deux matraques anodines et son pijama vert digne d'un Star Trek animé !
Mais la conduite du récit amenera malgré tout Kick Ass a reprendre du poil de la bête, démontrer enfin ses véritables preuves et sauver d'une mort certaine l'un de nos super-héros pris à parti !
Quand au 4è larcin, Red Mist interprété par Christopher Mintz-Plasse (Supergrave), il est le méchant ado du film, le traitre rusé ayant pour mission d'infiltrer le groupe et ainsi nuire à cette nouvelle société de supers-héros marginaux (en attendant son éventuelle revanche dans un fatidique 2è volet au vu du clin d'oeil final !).

                                

Enrichi d'une bande son percutante et fantasmée (on y croise autant du Morricone que le dernier tube contemporain), sans jamais oublier l'émotion pour l'attachement causé à nos personnages, "Kick Ass" est un spectacle délirant haut en couleurs jamais vu auparavant (en dehors de Defendor impliqué sur le même principe).
Une sorte d'ovni subversif qui se prend un malin plaisir à transgresser l'interdit, offrant quelque chose d'inédit et de foncièrement original dans l'univers retranscrit par cette poignée d'humains terrestres aux ambitions délurées démesurées.
A ne pas mettre cependant entre les mains de nos plus jeunes qui ne pourraient faire la distinction entre pure oeuvre de fiction ultra fun et jouissive, part de réalité camouflée et jeu vidéo bourrin auquel certaines séquences du film prêtent cette influence virtuelle !

26/07/10.

BLOOD DINER

                                     

de Jackie Kong. 1987. U.S.A. 1H29. Avec Rick Burks, Carl Crew, Roger Dauer, LaNette La France, Lisa Guggenheim, Max Morris, Roxanne Cybelle.

FILMOGRAPHIE: Jackie Kong est une réalisatrice, productrice et scénariste née le 14 Juin 1954.
1983: The Being
1984: Night Patrol
1987: Blood Diner
1987: The Underachievers

                                

Réalisatrice de quatre uniques films, Jackie Kong est surtout connu en France pour avoir réalisé en 1987 cette petite comédie horrifique réalisée sans prétention, Blood Diner.
Une série B ludique qui n'aura pas eu les faveurs d'une diffusion en salle pour se voir directement refourguée dans les rayon vhs des vidéos-clubs des années 80. Non sans un certain succès méritoire auprès des amateurs qui gardent aujourd'hui un souvenir estimable, accentué par l'effet nostalgique du temps révolu.

Un serial-killer illuminé est sur le point de tuer ses deux petits neveux réfugiés à la maison quand la police dépêchée sur les lieux l'exécute froidement de sang froid après brève injonction.
Vingt ans plus tard, les deux frères sains et saufs décident de déterrer le corps de leur oncle pour s'emparer de son cerveau diabolisé, de manière à mieux invoquer la déesse Sheetar, après avoir accompli des rites sacrificiels auprès de jeunes filles dévergondées et végétariennes.

                             

Remake (ou séquelle ?) du fameux Blood Feast, petit classique sommaire du gore ancestral réalisé en 1963 par Herschell Gordon Lewis, Blood Diner se veut une relecture moderne d'un petit mythe de l'horreur réputé pour ses effets gores extrêmes, retranscrite ici dans notre époque contemporaine. La distinction qui sépare nos deux réalisateurs est que Jackie Kong va y injecter harmonieusement une bonne dose de surenchère dans le mauvais goût, le gore rigolard et la vulgarité héritée principalement de Michael Hertz et sa célèbre firme Troma,  responsables de classiques incongrus que les nombreux inconditionnels connaissent pas coeur.

Avec un scénario simpliste sans véritable surprise basé sur la traditionnelle légende égyptienne évoquée dans le film d'origine, Blood Diner souhaite décrire sans effet de zèle mais de manière destructurée les méfaits absurdes de deux frères attardés têtes à claque installés à leur compte dans un snack végétarien. Nos deux acolytes erratiques possédés par le vice et le crime sont particulièrement motivés à décimer (et droguer) un nombre conséquent de jeunes filles végétariennes et lubriques, voir aussi une poignée de péquenots lambdas pour le compte diabolique de la déesse Sheetar.
Alors que leurs exactions immorales et putassières établies selon les règles et coutumes déléguées par leur oncle seront perpétrées dans la joie commune de la tripaille et de la cuisine avariée proposée à une clientèle davantage addicte de chair humaine.
Ajoutez à ce duo saugrenu, un autre couple assez échevelé et pittoresque travaillant pour le compte des forces de l'ordre car chargés d'enquêter sur la vague de crimes commis. C'est à dire un machiste maladroit porté sur les formes charnelles de sa coéquipière de service, une asiatique au caractère un peu effacé il faut bien avouer. 
Cette narration futile attribuant des actes meurtriers récurrents dans une succession de scénettes sans véritable cohésion réussit à faire passer la pilule dans son généreux dosage de sexe, mauvais goût, vulgarité et gore festif avec un sens inventif constamment innovant ! (D'autant plus surprenant que le film est réalisé par une femme assumée !).

                              

De plus, la bonne humeur communicative des comédiens s'amusant de bonne foi et à coeur joie, la variation des décors changeants (le meurtre du couple réuni près d'une grotte, le combat de catch impromptu dans la salle d'un ring, le restaurant végétarien aux couleurs flashy, la salle d'aérobic, la boite de nuit) mis en exergue dans une photographie saturée ajoutent l'impression d'assister à un spectacle souvent amusant, décomplexé et surtout dénué de moralité. Non pas que le fou-rire élogieux soit au rendez vous mais que la cocasserie des scènes grotesques permettent avant tout de nous amuser ou égayer dans un état d'esprit décontracté et conquis.

Aujourd'hui, Blood Diner se révèle sans doute moins percutant au niveau du sens de l'humour grossier, dérisoire et risible mais il reste cependant une sympathique série B ludique qui apporte son lot de situations volontairement débiles dans un esprit immoral et irrévérencieux rappelant les meilleures heures des productions Troma.
L'invention des nombreuses séquences gores assez habilement concoctées dans des FX aussi adroits que modestes, la bonne humeur communicative de nos comédiens incarnés avec fougue et ardeur, l'ambiance festive et insolente omniprésente enrichie d'un atmosphère chatoyante de couleurs polychromes culminant son apothéose dans un final dantesque totalement délirant achèvent d'emporter amicalement notre adhésion.

11.03.11.   3
Bruno Matéï.

                               


jeudi 10 mars 2011

LA RAFLE

                                            

de Roselyne Bosch. 2009. FRANCE. 1H55. Avec : Anne Brochet, Gad Elmaleh, Isabelle Gelinas, Mélanie Laurent, Jean Reno, Sylvie Testud.

L'ARGUMENT: Ce film évoque l'arrestation par des policiers français, le 16 juillet 1942 et la détention au Vélodrome d'Hiver, dans des conditions épouvantables, des treize mille cent cinquante-deux victimes de la rafle du Vél d'Hiv, avant leur déportation, au bout de quelques jours, vers le camp de transit de Beaune-la-Rolande (Loiret) puis le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
                   
POINT DE VUE RESPECTUEUX: Roselyne Bosch est une productrice, réalisatrice et scénariste française.
Son premier essai: "Animal" sorti en 2005 était un thriller européen insatisfaisant qui ne manquait pourtant pas d'ambition.

"La Rafle décrit le destin de 13 152 juifs condamnés à une mort certaine dans les chambres à gaz et fours crématoires commandité par le plus grand criminel nazi de tous les temps : Adolph Hitler.
L'action se déroule à Paris, pendant l'été 1942, la France est sous l'occupation allemande, les juifs sont obligés de porter l'étoile jaune et s'attèlent déjà à subir les regards et réflexions haineuses de quelques voisins français racistes.
Dans la nuit du 15 au 16 juillet, leur destin va basculer à cause d'un accord entre Hitler et le général Pétain qui décideront d'arrêter et de déporter des milliers de juifs.

                     

Le film suivra le cheminement de ces quelques familles emmenées de force dans un gigantesque vélodrome d'hiver qu'on appelait aussi familièrement le Vél’ d'Hiv’ où elles seront stockées et entassées.
Précarité, Insalubrité, chaleur étouffante, pas de nourriture ni eau jusqu'au moment où un groupe de pompiers de Montmarte décideront de leur porter secours et ouvrir les vannes pour hydrater les miséreux. Ils accepteront également de "faire passer" les lettres que certains juifs avaient écrit en les enfouissant discrètement dans leurs poches.
Au bout de deux jours, ils sont déportés dans un camp de concentration, Beaune-la-Rolande, en France avant leur dernière escapade dans un camp d'extermination.

Difficile de rester insensible, inerte et sans voix face à la force d'un tel fait divers aussi abominable dans l'horreur humaine de tout ce qu'il délivre de plus lâche, radical et abjecte.
Mis en scène sans effet de style ni grandiloquence, "La Rafle" est un bouleversant et vibrant témoignage contre un génocide impensable régit par deux nations dont notre cher pays donneur de leçon sera honteusement complice avec l'amabilité des forces de l'ordre. Un ordre totalitaire sournoisement mené par un général français dénué de la moindre aptitude à reconsidérer la dignité humaine et sa propre éthique douteuse.
Le film raconte avec beaucoup d'humilité et de compassion sans discours moralisateur des conditions de vie déplorables et l'organisation hiérarchisée de ces milliers de juifs errants, affamés et assoiffés, totalement désorientés par leur potentiel avenir incertain, réfugiés dans un camp mortifaire suintant la sueur et la puanteur des excréments accentuées par la chaleur estivale d'un sombre été.

                   

Certains de ses enfants réduits à l'esclavage se lieront d'amitié avec quelques infirmières françaises volontaires et le film va également s'attacher à nous familiariser en particulier avec l'une d'entre elles: Annette Monod campée par la délicate et rayonnante Melanie Laurent dans un rôle tout en finesse pour cette jeune volontaire courageuse pleine de pudeur, acharnée à vouloir coûte que coûte porter secours à ces milliers de prisonniers traités comme du vulgaire bétail où même certaines mères juives seront humiliées, bafouées, battues à mort devant les regards apeurés de leurs enfants par une police française extrémiste réduite à l'aveuglante animosité.
Il y a aussi le Dr. David Sheinbaum interprété par un Jean Reno épris d'humanité dans son lourd regard compatissant qui en dit long sur son impuissance à pouvoir élever sa voix contre une dictature fasciste.
Gad Elmaleh dans le rôle du père juif Schmuel Weismann se révèle plutôt étonnant et tout à fait crédible dans la peau d'un personnage humble de père de famille docile, fier de porter ses origines.
Quand à Sylvie Testud dans le court rôle de la mère juive Bella Zygler, elle opte avec son naturel habituel dans un jeu fragilisé envers son profil psychologique face à l'horreur de cette guerre honteuse qui l'entrainera dans une chute tragique.

                   

Malgré un jeu théatralisé si coutumier auprès de nos comédiens traditionnels pour la composition française, "La Rafle" est un film rare qui force le respect dans notre paysage cinématographique si conforme et balisé.
Un drame de guerre profondément émouvant tout en modestie qui interpelle au plus profond des tripes devant l'authenticité d'un récit terrifiant retranscrit avec une belle vérité, consolidé par l'humanité désespérée de chaque personnage (et tous les enfants sont remarquables !).
L'un des plus beaux films Français que j'ai pû voir sur l'holocauste nazi depuis le chef-d'oeuvre de Robert Enrico: "Le Vieux Fusil".
Petit bémol pour le visuel de l'affiche publicitaire terne et stéréotypée qui méritait tellement plus d'honneur et de respect devant la qualité indiscutable du traitement du film.

NOTE: Lors de sa première semaine de diffusion, le film s'est classé premier en France par le nombre d'entrées (812 932 soit 1 350 spectateurs par copie). La fréquentation augmente la semaine suivante avec plus de 900 000 entrées, pour totaliser 2 470 000 entrées en quatrième semaine.

27/07/10.

EVIL DEAD TRAP (Shiryo no wana)

                               

de Toshiharu Ikeda. Japon. 1H40.1988. Avec Miyuki Ono, Fumi Katsuragi, Hitomi Kobayashi, Eriko Na Kagawa.

L'ARGUMENT: Une jeune journaliste reçoit une cassette qu'elle visionne. Après avoir constaté effrayée qu'il s'agissait d'un snuff movie dans lequel une femme se fait sauvagement torturée et lacérée, elle décide de partir à la recherche de l'endroit où a été tourné le film avec l'aide d'une poignée de collaborateurs.
POINT DE VUE ELOGIEUX: Riche d'une carrière de 18 films, Toshiharu Ikedal réalisa son premier film en 1980 et se spécialisa rapidement dans le genre pinku eiga et les films d'exploitation ou d'horreur.
C'est également lui qui s'attelera à l'achèvement de la trilogie avec "Evil-dead trap 3" en 1993 (sans avoir tourné le second volet). Son dernier film "Hasami otoko" dâte de 2005.

                               

Un groupe de journalistes se réunissent dans un hangar désaffecté pour se convaincre de l'authenticité des lieux et découvrir des indices à cause d'une mystérieuse vidéo cassette qu'ils ont reçu par courrier laissant indiquer qu'il pourrait s'agir d'un véritable snuff-movie !

Narration minimaliste, budget réduit, acteurs cheaps, titre vendeur, décor quasi unique et le miracle survint !
Un peu à la manière d'Evil-Dead justement qui misait tout sur l'efficacité de ses scènes d'horreur endiablées grâce à une mise en scène prodigieusement habile et inventive. Ce que sera Evil dead Trap durant 1H40, sans toutefois tomber dans la surabondance d'effets gores chers à Raimi !
On se croirait dans un Alice au pays des horreurs version toute personnelle car cette histoire de tueur masqué trucidant un à un ces protagonistes joue à fond sur une ambiance onirico macabre avec une imagination de tous les instants dans sa recherche esthétique visuelle foisonnante et son travail consciencieusement établi sur une réalisation étudiée. On y croise de multiples références au cinéma de Cronenberg (le final organique), Argento (certains meurtres giallesques, les éclairages criards), Bava (la pendaison à la manière de la scène introductive de la Baie Sanglante) et Bunuel (un chien andalou) comme cette magnifique séquence d'intro où l'on voit en gros plan un oeil crevé, éclaté par la fine lame d'un couteau, laissant s'échapper une eau translucide veloutée. Une séquence quasi identique réalisée en deux, trois plans insolites exécutés de différente manière en modifiant la coloration des filtres. Extremement impressionnant, d'une beauté lacrymale dans sa poésie morbide inconcevable !
"Evil Dead Trap" peut même se permettre d'être considéré comme le précurseur de "Saw" de James Wan tant il s'ingénie parfois à utiliser quelques scènes de tortures diaboliquement agencées !
La suite sera du même acabit ! les meurtres sont évolutifs, imaginatifs, imprévus et surtout traités de manière inhabituelle ! On ne sait jamais dans quel direction les protagonistes vont et viennent et ce qu'il leur adviendra ! A la manière d'un songe réel, ils semblent attirés, décontenancés, emprisonnés dans un environnement hostile qu'ils ne parviennent pas à définir pour se retrouver indéfiniment dans ce même endroit clos et lugubre !

                                 

Les décors industriels de cette usine désaffectée participent pleinement à l'action ! Le réalisateur multiplie les angles de prises de vue irréels, insensés, les cadrages impromptus et des effets de caméra acrobatiques renouvelés.
Certains plans magnifiquement cadrés sont d'une beauté irréellle qui laissent des traces dans l'imaginaire du spectateur comme cette jeune fille réfugiée sur les toits de l'usine à côté d'un filet de fumée polluée en pleine nuit lunaire. Cette image baroque auquel le réalisateur insiste sur la durée de contemplation pourrait évoquer la beauté envoûtante, singulière d'une Nuit du Chasseur de Laughton à titre d'exemple ! L'une des scènes finales architecturale, lumineuse de tonalité or attire aussi notre sens visuel avec cette jeune héroine apeurée disposée au centre de l'espace restreint où l'on peut admirer en toile de fond ce portrait artistique pictural de trois personnages sculptés dans leur nudité !

Malheureusement, aux deux tiers du film, une baisse de régime se fait ressentir. Paradoxalement, l'inventivité de la mise en scène et la richesse des décors baroques s'amenuisent et s'effacent au profit d'une errance partielle. Car les vingts dernières minutes reprennent du poil de la bête dans un foisonnement féérique, horrifico organique à base d'enfantement monstrueux !
On notera aussi l'accoutrement insolite du tueur badigeonné de lambeaux de peinture blanche sur le visage et portant un masque inconvenu. Un tueur méthodique fantasmagorique venu de nulle part qui peut apparaitre à n'importe quel moment de l'action et tuer sa victime de manière étudiée, calculée.

                                

Bercé par une partition musicale mélodieuse et mélancolique se répétant inlassablement, ce qui pourra rappeler aux amateurs les comptines entrainantes des Goblin, "Evil dead Trap" est une perle ovniesque à l'ambiance envoûtante, un cadeau surprise bourré d'idées judicieuses et créatives qui doit tout à sa mise en scène personnelle, la beauté de ces images picturales et la judicieuse exploitation de ces décors de prime abord aigris et dégarnis.
Etonnant, avant gardiste (n'est ce pas Saw !) et étrangement singulier !
01/08/10.

VALHALLA RISING (Le Guerrier silencieux)

                              

de Nicolas Winding Refn. 2010. Danemark/Angleterre. 1H33. Avec Mads Mikkelsen, Gary Lewis, Jamie Sives, Ewan Stewart, Alexander Morton, Callum Mitchell, Andrew Flanagan, Douglas Russell, Gary McCormack, Maarten Steven...

L'ARGUMENT: Pendant des années, One-Eye, un guerrier muet et sauvage, a été le prisonnier de Barde, un redoutable chef de clan. Grâce à l'aide d'un enfant, Are, il parvient à tuer son geôlier et ensemble ils s'échappent, s'embarquant pour un voyage au coeur des ténèbres.

POINT DE VUE REFOULE: Nicolas Winding Refn est un scénariste, réalisateur, producteur et acteur danois. Il s'agit du 7è film d'un jeune surdoué du 7è art qui a sû se révéler avec la Trilogie choc "Pusher" pour ensuite s'adonner librement à l'uppercut frontal "Bronson" !

                          

Je précise tout d'abord qu'il sera difficile d'établir un avis objectif juste après être sorti de la vision d'un tel trip initiatique aussi exigeant, complexe et abstrait que ce "Valhalla Rising" !

Après avoir été libéré de ses lourdes chaines d'un bagne indéterminé, One-Eye, le borgne s'engage dans une contrée inexplorée en compagnie de missionnaires chrétiens et d'un enfant pour la quête errante d'un paradis perdu.

Voilà ce que je pourrai me permettre de résumer après avoir vu cette aventure métaphysique aussi complexe que fascinante.
Une envie subite et irrépressible nous vient alors à l'esprit : retourner dans l'aventure et tenter de comprendre les tenants et les aboutissants d'un voyage mystique inexploré aux confins des ténèbres.
Des guerriers barbares voués à la violence et à la brutalité des combats aux armes lourdes de fer forgé !
Le destin d'une poignée d'hommes ignorants à la recherche d'une terre nouvelle et tenter d'y trouver un havre de paix !
One-Eye est accompagné d'un enfant complice qui l'a aidé à se soustraire de l'esclavage et ensemble ils vont s'aventurer dans ces terres indéterminées en communiquant par télépathie.
"Valhalla Rising" pourrait alors peut-être théoriser une métaphore sur la violence instinctive de l'homme, prisonnier de son corps et de ses facultés physiques à vouloir combattre pour ne semer que mort et désolation. L'homme prisonnier de ses racines du mal à la recherche éperdue d'un chemin rédempteur pour une forme de sagesse permissive. Renouer avec le Bien et trouver un sens à notre existence dans cette Terre infondée sans solution à notre terrain d'entente avec nous même pour cause du sens de la vie.

                            

Nicolas Winding Refn filme ce conte austère et froid avec la magnificence de l'alchimie de vastes décors naturels nuageux, des paysages grandioses et dévastés, une terre sèche et boueuse noircie dans l'obscurité de la violence des hommes parmi des forêts ténébreuses. Un climat sensitivement hypnotique pour l'esprit du spectateur tour à tour désorienté, dérouté, interloqué, intrigué par un environnement aussi lointain davantage proche du néant ou de la libération des âmes perdues !

L'interprétation de Mads Mikkelsen qui ne délivre pas une seule parole de dialogue durant la totalité du métrage est exemplaire pour ne jouer que sur son regard animal de borgne intrépide, sa morphologie menaçante et la posture d'un guerrier habité par la rage de vaincre. Il est un barbare silencieux pour mieux s'approprier les âmes rebelles et rancunières. Il faut le voir se battre la chaine autour du cou contre deux adversaires perfides et lâches et les mettre hors d'état de nuire avec une brutale sauvagerie.
Il a une manière lapidaire d'éventrer un ennemi arrogant d'un coup de couteau et lui extirper avec fermeté ses boyaux chauds et humides dans la douce fraicheur d'une nature matinale silencieuse.

                               

Il est indubitablement évident que "Valhalla Rising" ne pourra plaire à tout le monde, surtout au public non préparé à ce qu'il pourrait être en droit d'assister durant 1H33. On adhère ou on rejette en bloc l'expérience ! Mais pour les retardataires je conseillerais aux sceptiques de retenter l'aventure une seconde fois un jour prochain tant le film semble difficilement accessible au 1er abord autant qu'attrayant et immersif dans la suite des évènements.
De mon avis personnel, il s'agit d'un grand film mystique inexploré et mystérieux qu'une quantité multiple de visions renouvelées pourront sans doute laisser entrevoir de nouvelles formes d'interprétations plus limpides, un niveau de lecture mieux éclairé et adapté dans l'esprit du spectateur.
Quoiqu'il en soit "Valhalla Rising" est une oeuvre atypique sensorielle et sensitive qui demande une exigeance, un effort considérable de la part de son public pour pleinement se laisser happer par l'incroyable beauté esthétique de ses paysages enfiévrés et l'ambiance hermétique d'un récit énigmatique sans réponse apparente à moins d'y voir sa propre foi en l'existence d'un nouveau monde meilleur, autre que sur cette Terre désolée et aride.
L'épopée ne fait alors que commencer !

NOTE: QUE VEUT DIRE "VALHALLA" ?
Valhalla, c’est aussi , la Valhöll, un terme de la mythologie nordique pour nommer la demeure des occis : le paradis viking où les guerriers les plus courageux sont amenés. Dans les fortifications de ce lieu, vit Odin, dans un palais à 540 portes. Il prépare les guerriers à la bataille finale (le Ragnarök.) Pendant la journée, ces guerriers combattent, se tuent, et renaissent pour ensuite, pendant la nuit, se gorger d’hydromel et de chair de sanglier.
Cette histoire donne au dénouement de Valhalla Rising une démultiplication du sens qu'il ne faut pas évoquer ici pour ne pas dévoiler la fin.

01.08.10

Rituals (The Creeper)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Carter. 1977. U.S.A/Canada. 1h40. Avec Hal Holbrook, Lawrence Dane, Robin Gammell, Ken James, Gary Reineke, Murray Westgate, Jack Creley, Michael Zenon.

Sortie salles France: 14 Avril 1982. Canada: 21 Juillet 1977

FILMOGRAPHIE: Peter Carter est un réalisateur et producteur britannique né le 8 Décembre 1933 en Angleterre, décédé le 3 juin 1982 à Los Anglees. 1972: The Rowdyman. 1977: Rituals. 1978: High Ballin. 1980: Klondike Fever. 1982: Highpoint. 


Ils étaient cinq... Pour le bout du monde. Le destin vengeur les avait réuni !

Rituals est un survival à mi chemin entre le notoire Délivrance sorti 5 ans au préalable et le désormais classique, Survivance de Jeff Liberman natif de 1981. Complètement sombré dans l'oubli et disparu de la circulation depuis nos vétustes rayons Vhs, cette oeuvre oppressante à l'atmosphère à la fois moite et poisseuse s'avère pourtant aussi intéressante que subtile à exploiter dignement le genre (trop) souvent tributaire du gore outrancier. Le pitchCinq amis d'enfance s'exilent six jours en forêt pour profiter de la chasse. Mais rapidement, d'étranges évènements pernicieux vont venir perturber l'ambiance estivale de nos vacanciers davantage ébranlés par une succession d'incidents. Dès son préambule, il est inévitable de penser au chef-d'oeuvre de John Boorman puisqu'il empreinte le même environnement hostile d'une nature sauvage qu'un groupe d'acolytes arpentera après qu'une menace invisible s'y soit manifestée. Nanti d'une solide interprétation de seconds couteaux bien connus des amateurs (Hal Hoolbrook/Creepshow, Lauwrence Dane/Scanners - Happy Birthday), Rituals puise sa force dans sa rationalité des faits consciencieusement structurés et par son ambiance anxiogène davantage oppressante.


Ainsi, par touches successives d'accidents volontairement assénés aux protagonistes (le vol des bottes dès la 1ère nuit, la ruche jetée sur le sol pour laisser s'échapper un essaim d'abeilles, les pièges à ours infiltrés dans la rivière), nos baroudeurs vont approcher le sentiment d'insécurité d'une présence invisible particulièrement finaude à les brocarder. Une manière sournoise de les désorienter et ainsi les mettre au défi d'une série d'épreuves aussi dangereuses qu'impromptues. A ce titre, il faut saluer l'habile utilisation des décors décharnés, arides, opaques ou vertigineux, savamment exploités au sein d'une scénographie écolo transcendant l'immensité de ses vastes végétations. Des décors végétatifs étrangement baroques d'où plane un silence pesant si bien que l'expédition de nos héros s'y déroule sous un écrasant soleil. Mais c'est au fil des évènements dramatiques compromis à la mort et à la déchéance que Rituals gagnera en suspense sous tension. Et ce sans jamais céder à l'esbroufe ou au gore, à quelques plans crapoteux près du plus bel effet (j'ai adoré la séquence de la main arrachée par une décharge de chevrotine). 


Le réalisateur maniant la suggestion avec sagacité (la présence menaçante à peine effleurée en caméra subjective reste invisible jusqu'aux dernières minutes), de manière à exacerber une lente descente aux enfers auquel nos personnages sont contraints de s'y repentir. Peter Carter ajoutant en prime une densité pour la psychologie de ses personnages constamment tourmentés et éreintés d'endurer une épreuve de survie depuis que l'un d'eux eut malencontreusement porté Spoil !!! atteinte à la santé d'un de ses patients durant la seconde guerre mondiale Fin du spoil. Dans celui du médecin pusillanime, Lawrence Dane domine un jeu d'acteur fébrile inscrit dans la sobriété en dépit de ses moult vociférations échangées avec son ennemi. Hal Holbrook incarnant avec rigueur ce baroudeur stoïque du fait de sa bravoure pleine de dignité pour autant non exempt d'ambiguïté à travers son revirement moral d'y abdiquer un partenaire gravement blessé. Leur prestance houleuse allouée aux conflits d'autorité amplifiant le caractère tragique, voir franchement pathétique de ce périple cauchemardesque culminant lors d'un final cinglant d'une âpre cruauté.
                                           

Nonosbtant sa réputation de rareté condamnée à l'oubli et dénigrée des amateurs, Rituals s'avère pourtant un très honnête représentant du survival même s'il ne demeure pas à la hauteur de ses illustres précurseurs Délivrance, Sans Retour ou encore Survivance. Sa distribution anti-manichéenne dressant un tableau amère sur la nature humaine, la beauté
inquiétante de ses décors naturels désaturés, l'atmosphère malsaine sous-jacente davantage diffuse concourant à rendre plausible ce cauchemar caniculaire à l'appréhension feutrée. Un tantinet dommage toutefois que son montage y soit perfectible et que le score dissonant, souvent en décalage avec l'action dépeinte, ne soit pas plus ombrageux afin d'y rehausser son potentiel horrifique. 

*Eric Binford
17.08.21. 2èx
09.03.11


mercredi 9 mars 2011

A SERBIAN FILM (Srpski film)

                                                                                  Photo emprunté sur Google, appartenant au site filmsfix.com

de Srdjan Spasojevic. 2010. Serbie. 1h47. Avec Sergej Trifunovic, Jelena Gavrilovic, Katarina Zutic, Slobodan Bestic.

Interdit en salles en France. Sortie Blu-ray: 2 Février 2012

FILMOGRAPHIE: Srdjan Spasojevic est un réalisateur et scénariste serbe né en 1976 à Belgrade.
2010: A Serbian Film. 2012: The ABC of Death ( "R Is for Removed").

                                            AVERTISSEMENT: Interdit aux - de 18 ans. 


Avis à chaud après une expérience immorale aussi jusqu'au-boutiste car nous entraînant dans l'incongru sans aucune retenue ! Srdjan Spasmodique, réalisateur, producteur et scénariste, ayant échafaudé un premier film hybride (trait d'union entre le cinéma d'exploitation et le film d'auteur) scandaleusement décrié partout où il fut projeté dans divers festivals et projections privées. Sans anesthésie, A Serbian Film tente de repousser les limites du trash en dénonçant les pratiques davantage frauduleuses du buziness du sexe consommé sans modération. Un voyage au bout de l'enfer Serbe, une forme d'écho indirect à Combat Schock (révolte, haine et régression dans un climat social bouleversé par les conflits politiques), Bad lieutenant (l'âme souillée en quête d'une rédemption) voir aussi à Bad Biology (l'addiction sexuelle exacerbée jusqu'à overdose). Milos, ancienne star serbe, étalon du X, reprend du service auprès d'une de ses amies pour l'acquisition d'un contrat tenu secret par un producteur. L'entrepreneur véreux étant un fan invétéré des talents sexuels du hardeur. Seulement Milos élude les conditions du contrat et signe en reconnaissance d'un gain faramineux. C'est le début d'un Voyage au bout de l'enfer du sexe et de l'ultra violence... 


A serbian film nous décrit donc la descente licencieuse d'un hardeur autrefois maître de ses désirs, de son équilibre et de ses états d'âme pour une profession marginale aussi dépréciée de l'opinion. Quand bien même la comédienne esclave, soumise, est souvent réduite à un objet de consommation et de domination. En l'occurrence, Milos est en retraite mais contraint de reprendre du service pour subvenir aux besoins de sa famille. Un groupuscule mafieux décide donc de l'asservir pour le compte d'un film porno inspiré de la télé-réalité. Qui plus est, Milos ne sera jamais averti de l'agencement du scénario et de l'affiche des comédiens inconnus. Les conséquences psychologiques seront irrémédiables pour lui face à l'horreur oppressive des situations. Cette nouvelle tendance cinématographique étant façonnée dans le but d'authentifier autant que possible les séquences extrêmes vulgairement mises en boucle. Spoiler ! Les séquences pornographiques sans limite devenant plus obscènes et dénuées de compassion pour les victimes mises à épreuve. Comme celui de faire intervenir une mère et sa fille sans savoir au préalable si nous avons affaire à des comédiennes assumées ou à des quidams pris en otage contre leur gré ! La sexualité mise en exergue de manière bestiale va furtivement s'affilier à une violence permissive afin de rendre complice un Milos désorienté car dérouté de ce climat crapuleux. Un florilège d'exactions improbables vont donc se perpétrer avant de commettre l'irréparable: le meurtre en direct ! Plus communément prénommé snuff movie auquel notre étalon complètement drogué au viagra et ecstasies participera sans modération. Le lendemain du drame, notre cobaye épris de réminiscence et en perte de repère s'aperçoit qu'il a été trompé en visionnant les vidéos laissées en témoignage sur camescope. Mais quand la pire des révélations est à venir, il est déjà trop tard, plus possible de faire marche arrière ! Fin du Spoiler.


Dans une réalisation soignée, à l'instar de son design d'ameublement et de sa photo léchée, le réalisateur Srdjan Spasmodique traite du thème de la pornographie sans concession requise. Un empire du sexe ouvertement dévoilé par le biais de la pellicule pour le mettre en pratique de la manière la plus malsaine et brutale possible ! Le cinéaste y dénonçant un univers davantage corrompu par la demande addictive d'une clientèle insatiable toujours plus exigeante. Jusqu'où peut-on braver les interdits pour satisfaire les pires instincts de la bassesse humaine ? Ce sont surtout dans les pays précaires où le totalitarisme règne en maître que les actes les plus tendancieux sont commis chez une population martyrisée par les guerres civiles entre la Yougoslavie et la Serbie. Certaines scènes tournées en extérieure dans un souci documentaire montrent bien l'état d'esprit d'une démographie discrète où seuls les marginaux sortent librement la nuit (l'agression de Milos par 2 dealers qui s'étaient empressés de violer une mineure). L'impact cinglant du film est de démontrer explicitement qu'à force de mettre en pratique un hardeur plongé dans une sexualité sans limites, un monstre erratique peut en être enfanté. Dans la peau de Milos, l'interprétation névralgique de Sergej Trifunovie s'avère saisissante d'intensité viscérale ! Il faut d'ailleurs le voir la larme à l'oeil lors de l'épilogue traumatique, se permettant au passage d'effleurer notre empathie dans sa condition lamentée !


A serbian Film ne pourra jamais faire l'unanimité, faute de sa radicalité à affronter de manière extrême les pires démons de nos bas instinctsIl s'agit à mon sens personnel d'un témoignage transgressif sur une société malade de ses repères, davantage enracinée dans une solitude si bien que les citoyens se confinent dans une pornographie omniprésente. A Serbian Film s'avérant un cauchemar séminal sous couvert d'une réflexion universelle sur l'identité sexuelle, ses dérives, son influence sur l'image et sa part d'hypocrisie (la femme de Milos lui proposant de se faire baiser comme une "chienne" après la projection d'un X). Un portrait abrupt de notre société contemporaine confinée dans une dérangeante détresse sans toutefois céder outrancièrement à la gratuité (exception faite avec la scène du sexe dans l'oeil aussi grotesque que vaine.). Cet électro-choc émotionnel peut aussi se concevoir comme une projection cathartique, un purgatoire envers la bête qui sommeille en chacun de nous. Au final, il est donc impossible de sortir indemne de cette expérience aussi éprouvante (la partition musicale stridente amplifiant notamment le malaise viscéral !), un métrage borderline comme le fut en son temps l'aussi controversé Cannibal Holocaust.

05.08.10
Bruno Matéï

http://www.scifi-universe.com/critiques/23711-12-a-serbian-film.htm

LE BARON DE CRAC (Baron Prazil)

                                            

de Karel Zeman. 1961. République Tchèque. 1H23. Avec Milos Kopecký, Rudolf Jelínek, Jana Brejchová, Karel Höger, Nadesda Blazickova, Karel Effa, Josef Hlinomaz.

FILMOGRAPHIE: Karel Zeman est un dessinateur et réaliseur de film d'animation tchèque, né le 3 Octobre 1910 à Ostromer en Autriche-Hongrie et mort le 5 avril 1989 à Gottwaldov (Tchécoslovaquie).
1946: Rêve de Noël (Vánocní sen), 1955: Voyage dans la préhistoire (Cesta do pravěku), 1956/57: L'Invention diabolique (Vynález Zkazy), 1961: Les Aventures du baron de Munchausen (Baron Prásil), 1967: Le Dirigeable volé (Ukradená vzducholod), 1974: Sindbad (Pohádky tisíce a jedné noci).









Mêlant la technique du dessin animé et le jeu d'acteurs réels, Zeman s'inspire de divers auteurs de la littérature classique fantastique. Après avoir vécu diverses aventures sur Terre avec son ami l'astronaute Tonik, le baron de Crac est accueilli sur la Lune par Cyrano de Bergerac et les héros des romans de Jules Verne.

  

mardi 8 mars 2011

Bim Stars / The Apple

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinesud-affiches

de Menahem Golan. 1980. U.S.A. 1h30. Avec Catherine Mary Stewart, Vladek Sheybal, Allan Love, Grace Kennedy

Avant-propos: Menahem Golan est un producteur, réalisateur, scénariste et, occasionnellement, acteur israélien. Il est le cousin de Yoram Globus avec lequel il travaille régulièrement. C'est lui le responsable des sympathiques nanars Enter the Ninja, Delta Force et Over the Top.

Dans une époque futuriste, en 1994 (le film ayant été tourné en 1980), le monde est régi par une société du spectacle extrêmement populaire: le BIM crée par Mr Boogalow. Un couple de jeunes chanteurs, Alphi et Bibi (oui, il fallait oser !) sont sollicités à signer un contrat avec l'entreprise et à travailler pour le compte de ce margoulin. La jeune fille accepte tandis que son ami réticent car pris d'hallucinations hérétiques refuse. C'est le clash entre les deux amoureux ! Alphi claque la porte pendant que Bibi va rapidement accéder à la notoriété !

Bienvenue dans l'antre de BIM STAR ! Un refuge mélomane hors norme de par sa scénographie flashy aux éclairages criards auquel évoluent des motards futuristes, des chanteurs égocentriques ou déjantés, des olibrius ou encore des danseurs à moustache chorégraphiant des tubes rock and disco au rythme de mélodies d'amour scolaires ! Enfin, saupoudrez le tout dans une marmite narrative capillotractée revisitant sans complexe l'histoire d'Adam et Eve si bien qu'il faut le voir pour le croire !). Il s'avère donc évident que "Bim Star" (quel titre impayable !) s'inspire du chef-d'oeuvre de De Palma, Phantom of the paradise, voir aussi de The Rocky Horror Picture Show pour tenter de renouer avec le même de degré de folie formelle / auditive aux styles disparates sauf qu'ici la mixture composée de tubes discos, rock FM et mélodies niaises sombrent dans le kitch d'une ringardise bougrement bonnard ! Certaines paroles mielleuses s'avérant aussi épanouissantes que les tubes sirupeux de Chantal goya ou de Dorothée ! Et pourtant, la magie opère sans modération ! Le spectacle enjoué, énergique, pétulant, visuellement fulgurant ne cessant d'amuser la galerie parmi la bonhomie d'acteurs spontanés criants de sincérité.

Rien que l'intrigue semée de rebondissements à la fois débridés et échevelés demeure d'une ineptie puérile digne d'un épisode des Feux de l'amour en mode psychédélique ! Spoils à répétition ! Pour cause: le bellâtre Alphy tente de reconquérir sa belle Bibi soumise aux mains de l'ignoble Boogalow (qui est en faite le Diable en personne). Mais il échouera, faute de l'impuissance de sa milice contestataire. Alphy, désespéré va alors établir la rencontre impromptue d'une bande de hippies (ultra caricaturaux !) confinés sous une grotte sous l'impériosité d'un barbu sectaire (sa défroque préhistorique nous rappellera le "capitaine caverne" !). Alors que dans l'empire du BIM, une afro semi-hystérique et rebelle mais amiteuse, aidera Bibi à s'échapper de la scène pour s'en aller rejoindre son amant vivant reclus chez les fumeurs de joints. Enfin, les amants réunis roucoulent et font un p'tit bébé en vivant paisiblement au sein de la communauté peace and love durant une longue année. Mais la compagnie totalitaire BIM épaulée de son armée futuriste d'hommes en cuir (façon "Village People") s'empresse de récupérer leur idole. Fin du Spoil. Bon, on va s'arrêter là car c'est loin d'être estompé, le pire étant encore à venir ! Autant dire que le spectacle bordélique, aussi désincarné que saugrenu, vaut son pesant de cacahuètes dans le n'importe nawak !

Bim Star, film culte au rabais principalement prôné aux USA, constitue donc une curiosité oubliée à découvrir d'urgence chez tous les amateurs de nanars déjantés et de chorégraphies musicales d'un autre âge. Il reste dans son genre une pépite bisseuse aussi impudente que fantasque ! Un pur délire Haribo / Chamalow réunis pour le plus grand bonheur d'OFNI décomplexés. 

Eric Binford

NOTE: En France, le film édité par Hollywood Vidéo comptabilise une durée expurgée d'1h08 alors que la version d'origine est d'1h30. Je vous recommande donc vivement de vous répertorier vers un import us dispo en vostfr (parait aussi qu'il y aurait une version plus longue jamais sortie !).

Dans son ouvrage "Encyclopédie du Cinéma Ringard", François Kahn rapporte l'anecdote suivante :
« Le film a été tourné à Berlin, ce qui explique en partie la lourdeur des chorégraphies et le nombre de figurants moustachus. (...) Les premiers spectateurs de "Bim Stars, the Apple" à Los Angeles s'étaient vus offrir des vinyles de la bande originale. Les ouvreuses durent y renoncer après la première séance : le public se servait des disques comme de frisbees pour viser l'écran. »
La jaquette française proclame très fort que les chansons ont été composées par le pape du funk, Georges Clinton. Attention, il s'agit ici de Georges S. Clinton, homonyme qui entamait là une carrière fructueuse de compositeur de B.O. (Austin Powers entre autres).

08.08.10

QU'EST DEVENUE CHRISTIANE F... ?

Avertissement: Toutes les infos émanent du site WIKIPEDIA

"MOI CHRISTIANE F... 13 ANS, DROGUEE ET PROSTITUEE" (Nous, les enfants de la gare du Zoo)

Christiane Felscherinow

                                         

Christiane Vera Felscherinow, née le 20 mai 1962, adolescente, elle tombe très vite dans la drogue et la prostitution. C'est à la fin des années 1970 que le public a appris à la connaître sous le pseudonyme de Christiane F.

PETITE ENFANCE:
Christiane a grandi dans une famille où elle n'a connu que manque d'affection et violence, battue régulièrement par son père, alcoolique. Cette situation et le caractère soumis de sa mère ont marqué la vie quotidienne de la jeune enfant.
                                       
À six ans, avec sa famille, Christiane quitta la campagne pour Berlin où ils aboutirent à Gropiusstadt, un quartier de banlieue au sud de la ville. Dans l'appartement situé au onzième étage d'un immeuble, les scènes se succédaient. Au cours de l'une d'elles où on la maltraitait, Christiane eut si peur qu'elle se sauva instinctivement par la fenêtre pour se mettre à l'abri, mais sans succès.

MALTRAITANCE:
À côté de tous ces problèmes, il y avait les soucis financiers dont ses parents n'arrivaient pas à venir à bout. Comme à cette époque la maltraitance des enfants était encore un sujet tabou en Allemagne, l'environnement social, et bien sûr l'école primaire que Christiane fréquentait, ne voulait absolument rien voir. Comme son isolement social ne cessait de croître elle tomba finalement dans la toxicomanie.

                                
À l'âge de douze ans, elle avait déjà pris différentes sortes de drogues, comme le haschich, des cachets de différentes sortes et du LSD.

CELEBRITE:
À quatorze ans Christiane, qui s'adonnait déjà à l'héroïne, se prostituait sur « le Kinderstrich » (zone des enfants) dans la gare berlinoise du Zoo. C'est seulement deux ans plus tard que sa mère s'aperçut de la double vie de sa fille et qu'elle essaya de lutter contre sa toxicomanie.

En 1978, à l'âge de seize ans, Christiane Felscherinow intervint devant un tribunal en tant que témoin. Deux journalistes (Horst Rieck et Kai Hermann) du journal allemand Stern la remarquèrent et lui demandèrent d'abord de s'entretenir avec elle pendant deux heures. Au cours de cette conversation, on parla de drogue. Les deux heures devinrent alors deux mois et le résultat fut le livre Wir Kinder vom Bahnhof Zoo (Nous les enfants de la gare du Zoo, ouvrage traduit en français sous le titre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée...), œuvre autobiographique grâce à laquelle la difficile vie quotidienne des drogués, considérée du point de vue d'une toxicomane, a fini par être portée à la connaissance du public.

LE FILM
Le livre fut adapté à l'écran en 1981. Grâce au film la discothèque « Sound », où se sont passées de nombreuses scènes, a été connue du monde entier. À la fin des années 1980 le « Sound » a été ravagé par un incendie ; en 2006 une discothèque du même nom a été créée à Berlin, mais elle n'a rien à voir avec le vieux « Sound ».

Dans le film on voit aussi l'enregistrement d'un concert de David Bowie spécialement réalisé à cette occasion.

                                  
AUJOURD'HUI:
Après des années plutôt agitées passées aux États-Unis et en Grèce, Christiane Felscherinow habite maintenant à Berlin-Neukölln où elle travaille dans la reliure. Dans l'interview la plus récente qu'elle a donnée, elle se dirige droit vers la station de métro Kottbusser Tor, un des lieux de rencontre pour drogués parmi les plus mal famés de Berlin : elle a « encore des affaires à régler ».
                 
Elle a un fils, Jan-Niklas (1996). Juste après sa naissance, Christiane se serait enfin débarrassée de la drogue.

Christiane a joué dans Neonstadt (1981), un film sur la vie des étudiants à la Haute École cinématographique de Munich, et dans Decoder (1983). Ce dernier film a comme thème principal la musique et les sons.

En 2008, on apprend que Christiane aurait perdu la garde de son fils et replongé dans la drogue. Elle est maintenant atteinte de l'hépatite C, faute de la toxicomanie.

En 2013, elle sort une deuxième autobiographie Moi, Christiane F., la vie malgré tout en collaboration avec la journaliste Sonja Vukovic

 
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Natja Brunckhorst, inoubliable interprète de "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..."

À 14 ans, elle est remarquée par le réalisateur Uli Edel qui la choisit pour le rôle de Christiane Felscherinow. Le tournage dure d'août à novembre 1980. Son interprétation y fut saluée tant par la critique que par le public.

Le tapage médiatique autour de sa personne, à la suite du grand succès du film, la prend par surprise. Pour échapper à la pression, elle se rend en Angleterre, où elle poursuit ses études jusqu'en 1986. Elle séjourne ensuite à Paris.

En 1987, Natja Brunckhorst retourne en Allemagne, où elle suit des études d'actrice à la Schauspielschule Bochum. Elle en sort diplômée en 1991. Pendant ce temps, elle tourne d'autres films, relativement inconnus (comme Enfants de pierre ou Babylone). Sa carrière s'interrompt vers 1993/94, alors qu'elle se bat contre un cancer, dont elle guérit.

En 1998, elle écrit pour la première fois un scénario, celui de la série télévisée Einsatz Hamburg Süd. Elle poursuit pendant 26 épisodes. En 2000, Natja Brunckhort apparaît aux côtés de Franka Potente et Benno Fürmann dans le film La Princesse et le Guerrier. Depuis 2002, elle est également apparue dans 105 épisodes de la série Dr. Sommerfeld - Neues vom Bülowbogen.

Natja Brunckhorst vit à Munich avec sa fille Emma, née en 1991 d'une relation avec l'acteur Dominic Raacke qui dura de 1988 à 1993.