mardi 12 février 2013

L'EVADE D'ALCATRAZ (Escape from Alcatraz)

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site pariscine.com

de Don Siegel. 1979. U.S.A. 1h52. Avec Clint Eastwood, Patrick McGoohan, Roberts Blossom, Jack Thibeau, Fred Ward, Paul Benjamin, Larry Hankin.

Sortie salles France: 31 Octobre 1979. U.S: 22 Juin 1979

FILMOGRAPHIE: Don Siegel (Donald Siegel) est un réalisateur et producteur américain, né le 26 Octobre 1912 à Chicago en Illinois, décédé le 20 Avril 1991 à Nipoma, en Californie.
1956: l'Invasion des Profanateurs de Sépultures. 1962: l'Enfer est pour les Héros. 1964: A bout portant. 1968: Police sur la ville. 1968: Un Shérif à New-York. 1970: Sierra Torride. 1971: Les Proies. 1971: l'Inspecteur Harry. 1973: Tuez Charley Varrick ! 1974: Contre une poignée de diamants. 1976: Le Dernier des Géants. 1977: Un Espion de trop. 1979: l'Evadé d'Alcatraz. 1980: Le Lion sort ses griffes. 1982: Jinxed.


Pour la 5 fois, la collaboration Eastwood/Siegel converge au chef-d'oeuvre pour un suspense carcéral d'une intensité rarement égalée. Récit véridique de trois taulards ayant réussi à s'échapper d'une forteresse blindée, l'Evadé d'Alcatraz nous retranscrit leur exploit avec une science du suspense incisive !


Dans une mise en scène affûtée à l'efficacité inébranlable, ce modèle du film de prison nous illustre une tentative d'évasion qui relève de l'improbabilité tant le nombre de risques encourues pour chacun des détenus laisse présager la déroute. La manière documenté dont Don Siegel fait preuve pour retranscrire cette escapade charpentée nous immerge de plein fouet dans l'enceinte d'un pénitencier insulaire réputé inviolable. De prime abord, le réalisateur s'attache à nous décrire la condition de vie totalitaire que chaque détenu est contraint de subir sous l'allégeance d'un directeur pointilleux incapable d'indulgence. C'est le notable Patrick McGoohan qui incarne tout en magnétisme le rôle d'un dirigeant impassible auquel son intransigeance ordonne une discipline de fer chez les surveillants. Dans celui du prisonnier rusé et flegmatique, Clint Eastwood impose une posture inflexible afin de se mesurer aux provocations incessantes d'un taulard méprisable et de son directeur impérieux. Loyal et tolérant, il insuffle par ailleurs une dimension humaniste lorsqu'il se prend d'empathie pour un peintre désabusé et qu'il se lie d'amitié avec un archiviste noir condamné pour sa couleur de peau. Enfin, avec sagacité et patience, il détermine une dimension héroïque pour concrétiser un plan d'évasion où aucun détail n'est laissé au hasard (c'est avec un cure ongle que sa stratégie peut de prime abord aboutir !). Pour exacerber cette tension permanente qui émane des agissements frauduleux de prisonniers occasionnant des risques insensés, le score monocorde de Jerry Fielding est constitué d'une partition quasi insonore. Enfin, le point d'orgue impartie à l'insoluble escapade est un moment d'anthologie échevelé où les nerfs du spectateur sont mis à rude épreuve.


Passionnant et éprouvant, l'Evadé d'Alcatraz est un gros morceau de cinéma d'une puissance émotionnelle et d'une rigueur technique infaillible. Le récit authentique d'une seule évasion entreprise avec succès par des détenus utopistes (même si nous ne saurons jamais s'ils s'en sont sortis vivants !) au sein d'une île pénitentiaire intangible. C'est d'ailleurs après cette impensable défaite qu'Alcatraz clôturera définitivement ses portes pour se reconvertir en site historique !

12.02.13. 4èx
Bruno Dussart

lundi 11 février 2013

Citadel. Prix du Public à South by Southwest.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ciaran Foy. 2012. Irlande/Angleterre. 1h24. Avec Aneurin Barnard, James Cosmo, Wunmi Mosaku.

Sortie salles U.S: 9 Novembre 2012

FILMOGRAPHIE: Ciaran Foy est un réalisateur, scénariste, monteur, acteur et producteur anglais.
2001: 1902. 2001: Wired. 2002: The Puppet. 2006: The Faeries of Blackheath Woods. 2007: Scumbot. 2009: Hotel Darklight (segment directeur). 2012: Citadel.


Dans la lignée des Révoltés de l'an 2000 pour son thème alloué à l'enfant martyr, cette modeste série B co-produite entre l'Irlande et la Grande Bretagne privilégie à point nommé un ton désenchanté pour établir un constat social sur la déliquescence des laissés pour compte. Le PitchSuite à l'agression mortelle de son amie par des enfants sauvages, un jeune père de famille sombre dans l'agoraphobie. Epié et menacé par ses meurtriers infantiles, il va tenter de transcender sa frayeur pour sauver sa vie ainsi que celle de son bambin. Imprégné d'une atmosphère à la fois anxiogène et dépressive, et renforcé de l'esthétisme blafard de ghettos défavorisés, Citadel est une oeuvre étrange d'une sensibilité prégnante. Un cauchemar urbain au cours duquel nous suivons l'introspection fébrile d'un jeune veuf traumatisé par la mort de sa compagne lors d'une violente altercation avec de jeunes agresseurs. Souffrant d'agoraphobie et totalement replié au sein de son appartement, Tommy sombre dans une grave paranoïa à force de daigner prémunir coûte que coûte l'existence de son enfant. Sa brève thérapie dans un centre spécialisé et l'aide amicale d'une amie de longue date lui apportent toutefois un frêle soutien, d'autant plus que les sauvageons semblent déterminés à l'appréhender. Mais ce n'est qu'avec l'entremise d'un prêtre accompagné d'un enfant aveugle que Tommy va pouvoir amorcer bravoure et courage afin de réprimer son inévitable frayeur.


Dominé par la prestance chétive de Aneurin Barnard habité par son expression névralgique, il parvient avec beaucoup d'humanisme désarmé à nous insuffler ces lourdes contrariétés au sein de sa solitude meurtrie. Cette ambiance dépressive émanant de sa psyché névrosée engendrant une inévitable empathie chez le spectateur, d'autant plus intrigué par l'hostilité meurtrière d'une bande organisée. En effet, nous ne saurons jamais dans quel but les enfants encapuchonnés atteints de cécité (on pense d'ailleurs aux mutants défigurés de Chromosome 3, tant pour leur apparence infiniment hostile que leur vocalité éraillée !) décident d'assassiner tous les adultes. Si ce n'est que seuls les quidams dominés par leur propre peur sont systématiquement identifiés et battus à mort. Spoil ! La cause de leur déficience mentale ainsi que leurs pulsions erratiques proviendraient d'une maladie infectieuse d'origine inconnue transmise par la mère de deux jumeaux Fin du Spoil. Sans fioriture, le film réussit avec réalisme cafardeux à y dépeindre un climat de peur palpable au sein d'une banlieue déserté de citadins, d'où seule plane la présence primitive d'enfants martyrs livrés à l'abandon. Son final particulièrement poignant véhiculant également une vibrante émotion pour la destinée précaire de nos héros, mais aussi celle des antagonistes infantiles, victimes malgré eux d'une société individualiste dénuée d'empathie.


Les Enfants du Silence
Réalisé avec autonomie au sein d'un climat malsain constamment éprouvant et dominé par une poignée de comédiens chargés d'humanisme torturé (ou altruiste), Citadel conjugue à travers son récit initiatique désespoir, angoisse et terreur quasi viscérales autour d'un constat social sur la délinquance juvénile. Y découle une oeuvre indépendante aussi fragile qu'austère, d'une efficacité constante (notamment pour l'habileté du réalisateur d'y entretenir le mystère jusqu'à mi-parcours du récit) et à la violence rugueuse, exacerbée d'une force émotionnelle désespérée. Un véritable must du genre, à réserver toutefois à un public averti de par son vérisme éprouvant imparti à l'innocence galvaudée.

*Eric Binford
24.12.21
11.02.13

RécompensesPrix du Public (Midnight Audience) à South by Southwest, 2012
Prix Narcisse au Festival de Neuchâtel, 2012
Méliès d'Argent au Festival de Neuchâtel, 2012
Meilleur réalisateur au Festival du film fantastique de Puchon, 2012
Meilleur son aux Irish Film and Television Awards, 2013

jeudi 7 février 2013

FARGO. Prix de la mise en scène, Cannes 1996

                          Photo emprunté sur Google, appartenant au site blogaudessusducinema.over-blog.fr

de Joel et Ethan Cohen. 1996. U.S.A/Angleterre. 1h38. Avec Frances McDormand, William H. Macy, Steve Buscemi, Peter Stormare, Harve Presnell, John Carroll Lynch.

Sortie salles France: 4 Septembre 1996. U.S: 8 Mars 1996

Récompenses: Prix de la mise en scène, Cannes 1996
Meilleure Actrice (Frances McDormand) et Meilleur Scénario Original (Ethan et Joel Cohen) aux Oscars en 1997.
Meilleur Film Etranger: Australian Film Institute Awards 1996

FILMOGRAPHIEJoel Coen (né le 29 novembre 1954) et Ethan Coen (né le 21 Septembre 1957) sont deux frères réalisateurs, scénaristes, monteurs, acteurs et producteurs américains.
1984: Sang pour Sang, 1987: Arizona Junior, 1990: Miller's Crossing, 1991: Barton Fink, 1994: Le Grand Saut, 1996: Fargo, 1998: The Big Lebowski, 2000: O'Brother, 2001: The Barber, 2003: Intolérable Cruauté, 2004: Ladykillers, 2006: Paris, je t'aime (tuileries), 2007: No country for old men, Chacun son cinéma (sktech: world cinema), 2008: Burn After Reading, 2009: A Serious Man, 2010: True Grit.


                                                    CECI EST UNE HISTOIRE VRAIE
Elle s'est déroulée dans le Minnesota en 1987.
A la demande des survivants, les noms ont été changés.
Par respect pour les morts, tout le reste a été conservé.

Glaçant de savoir que cette histoire d'enlèvement relève d'un fait divers macabre, rehaussé en l'occurrence d'un humour noir grinçant sous la houlette des frères Cohen ! Polar noir illustrant l'équipée risible d'une bande de pieds nickelés appâtés par le gain, Fargo est une peinture acide de la médiocrité humaine. Un vendeur de voitures endetté décide de faire enlever sa femme par deux malfrats pour la somme de 80 000 dollars qu'ils se partageront à part égale ! Ce compromis perfide négocié avec deux nigauds incultes va déboucher sur une sordide hécatombe meurtrière !



Sous le climat enneigé d'une paisible bourgade du Minnesota, les frères Cohen redoublent de sagacité pour nous élaborer un scénario machiavélique au cynisme décapant ! La manigance maladroite impartie à un entrepreneur raté, affilié à deux malfrats rétrogrades, débouche sur une succession de bévues irréversibles ! Sous l'égide d'une chef de police sereine menant son enquête avec aplomb, Fargo dépeint son portrait avec un humanisme payant, en totale décalage avec l'irresponsabilité d'individus cupides englués dans leur paresse. Sous l'oeil finaud de cette policière, les frères Cohen nous illustrent une descente aux enfers implacable où tous les antagonistes se vautrent dans une indolence régressive alors que les témoins innocents périront de leur lâcheté impudente. Si l'étonnante Frances McDormand insuffle une aisance naturelle pour interpréter le rôle flegmatique d'une femme flic intègre, William H. Macy impose un jeu insidieux pour endosser celui d'un père de famille de classe moyenne progressivement avili par sa cupidité. Sans doute le personnage le plus dérisoire, couard et négligent du film, ultime responsable de cette déchéance meurtrière. Enfin, Steve Buscemi et Peter Stormare forment l'improbable tandem de pieds nickelés lunatiques, abêtis par la pop-culture ricaine des soap-opera et de la malbouffe standard.


Bénéficiant d'un scénario charpenté complètement imprévisible et d'une mise en scène formelle fignolant sa nature réfrigérante, Fargo est une perle noire d'une drôlerie macabre particulièrement tragique. Sa peinture peu reluisante d'une Amérique profonde déshumanisée par son inculture laisse en exergue une satire au vitriol de la bassesse humaine. 

07.02.13
Bruno Matéï

mercredi 6 février 2013

JACK LE TUEUR DE GEANTS (Jack the Giant Killer)

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinefantastiqueonline.com

de Nathan Juran. 1961. U.S.A. 1h34. Avec Kerwin Mathews, Judi Meredith, Torin Thatcher, Walter Burke, Don Beddoe, Barry Kelley.

Sortie salles U.S: 13 Juin 1962

FILMOGRAPHIE: Nathan Juran est un réalisateur, scénariste et directeur artistique américain, né le 1er Septembre 1907 à Bucovine (Roumanie), décédé de mort naturelle le 23 Octobre 2002 à Paolos Verdes Estates (Etats-Unis). 1953: La Légende de l'Epée Magique. 1957: La Chose surgie des Ténèbres. A des Millions de kms de la Terre. Le Cerveau de la Planère Arous. 1958: L'Attaque de la Femme à 50 Pieds. Le 7è Voyage de Sinbad. 1961: Jack, le Tueur de Géants. 1964: Les premiers Hommes dans la lune. 1966: The Deadly Mantis. 1967: Billy the Kid. Les Trompettes de Jéricho. Les Aventuriers de l'Espace. 1969: Land Raiders. 1973: The Boy who Cried Werewolf.


Trois ans après l'immense succès du 7è Voyage de Sinbad, Nathan Juran est à nouveau recruté par le  producteur Edward Small pour entreprendre un conte fantastique dans la plus pure tradition féerique ! D'après un roman d'Orville H. Hampton, Jack le tueur de géants est un film d'aventures haut en couleurs parmi ses traditionnelles créatures monstrueuses uniquement animées en stop motion ! A l'instar de Ray Harryhausen, les responsables des effets spéciaux Howard A. Anderson et Jim Danforth s'inspirent ici de son talent inimitable pour nous façonner une palette de monstres exubérants (un cyclope, un géant à deux têtes, un serpent de mer et un dragon hybride !). L'histoire intelligible est un prétexte pour nous confiner dans un univers de magie et d'aventures. Celle de Jack, modeste fermier, qui réussit in extremis à sauver la princesse Elaine des griffes du sorcier Pendragon et de son monstre géant. Seulement, l'alchimiste doué de pouvoirs maléfiques réussit à nouveau à enlever la jeune femme afin de l'embrigader au sein de son château. Déterminé à la libérer, Jack va user de vaillance et bravoure pour s'opposer à Pendragon épaulé de ses sbires diaboliques ! Sur sa route, notre aventurier rencontrera un viking et un garçonnet, mais aussi un gnome enfermé dans une bouteille. C'est grâce aux prestiges magiques du lutin que Jack va ainsi pouvoir déjouer les maléfices du sorcier lors d'un florilège de revirements rocambolesques.


Si Jack, le tueur de Géants accuse le poids des années par ses effets spéciaux archaïques moins perfectionnistes que ceux de Ray Harryhausen, il n'en demeure pas moins un spectacle aussi exaltant qu'enchanteur propre à émerveiller son public de 7 à 77 ans. Le caractère attachant des personnages, la mesquinerie perfide de Pendragon, sa fantasmagorie attractive (l'apparition du petit monstre dans la boite à musique et la danse qui s'ensuit, le premier combat de Jack contre le Cyclope, les facéties du génie) et son rythme haletant continuent de nous enthousiasmer avec une naïveté attendrissante. A titre nostalgique, l'ancienne génération n'oubliera pas de se remémorer sa toute première projection TV diffusée un mardi soir dans le cadre de l'émission d'Eddie Mitchel: la Dernière séance !


A noter que le film est ressorti plus tard dans une version musicale et qu'il fut interdit de projection en Angleterre durant 7 ans, faute de certaines séquences jugées impressionnantes ! En prime, il écopa à travers le monde d'une interdiction au moins de 13 ans !

06.02.13. 3èx
Bruno Matéï

mardi 5 février 2013

The Bay


                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineheroes.net

de Barry Levinson. 2012. 1h24. Avec Will Rogers, Kristen Connoly, Kether Donohue, Frank Deal, Stephen Kunken, Christopher Denham.

Sortie salles U.S: 2 Novembre 2012. Belgique: 21 Novembre 2012

FILMOGRAPHIEBarry Levinson est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 6 Avril 1942 à Baltimore. 1982: Diner. 1984: Le Meilleur. 1985: Le secret de la Pyramide. 1987: Les Filous. 1987: Good morning Vietnam. 1988: Rain Man. 1990: Avalon. 1991: Bugsy. 1992: Toys. 1994: Jimmy Hollywood. 1994: Harcèlement. 1996: Sleepers. 1997: Des Hommes d'influence. 1998: Sphère. 1999: Liberty Heights. 2000: An Everlasting Piece. 2001: Bandits. 2004: Envy. 2006: Man of the Year. 2008: Panique à Hollywood. 2009: PoliWood (documentaire). 2012: The Bay. Prochainement: Gotti: in the shadow of my father.


Et un de plus ! Profitant du filon éculé du found footage, le réalisateur Barry Levinson s'essaie au concept documenteur avec une efficacité inespérée. Car illustrant avec souci d'authenticité la lente propagation d'un parasite chez les citadins d'une côte balnéaire, The Bay adopte l'unité de temps réel pour mieux nous convaincre du péril progressif. Avec l'appui de données scientifiques énoncés par des chercheurs indécis et l'impuissance des médecins de pouvoir dénicher un vaccin afin de déjouer la pandémie, The Bay provoque fatalement une anxiété extensive chez le spectateur. Sans faire preuve de complaisance, Barry Levinson réussit à provoquer une terreur viscérale par le biais des plaies purulentes figurants sur la peau des victimes contaminées (gestation de pustules, cloques et furoncles nauséeux).  L'aspect gluant du parasite, ressemblant au départ à une larve stéroïde, éclot de prime abord dans le ventre des poissons puis grossit rapidement pour muter en une forme de crustacé isopode (à l'instar de Frissons de Cronenberg !). 


C'est donc par l'eau salée de la baie empoisonnée par les ruissellements agricoles et les excréments de poulet, que les baigneurs vont se transmettre communément la bactérie à une vitesse grand V ! Un parasite se nourrissant d'abord de la langue de ces victimes avant de s'empresser de dévorer la chair humaine de l'intérieur du corps (on peut aussi suggérer les effets carnassiers du virus évoqué dans Cabin Fever). Avec une profusion d'images d'archives plutôt glauques et de reportages chocs retransmis par une journaliste scrupuleuse, The Bay nous entraîne dans un cauchemar catastrophiste dont l'homme impuissant ne peut avoir aucun recours pour enrayer la menace. C'est ce sentiment prégnant de réalisme docu illustrant avec une certaine verdeur l'affluence dégénérative des victimes infectées, agonisants dans d'horribles souffrances, qui nous suscite désarroi mais aussi malaise palpable face à l'imagerie gore déployée, même si la dernière demi-heure s'essouffle un tantinet.


Film d'horreur écolo dénonçant les méfaits pernicieux de la pollution et du nucléaire, tout en suggérant ironiquement le terrorisme biologique, The Bay aurait été une banale série B d'horreur s'il n'eut été conçu sous le principe du Found Footage. S'il se révèle sans surprise et inévitablement répétitif, son efficacité émane de la véracité des faits exposés face à une menace bactériologique épouvantablement délétère. Là où Soderbergh échoua de manière pompeuse à daigner nous terrifier avec son virus MEV-1 dans ContagionBarry Levinson s'en tire honorablement en jouant sans compromis la carte du démonstratif épidermique. Et cela fonctionne plutôt efficacement durant une bonne heure de métrage. 

Dédicace à François Most

*Bruno
16.07.22
05.02.13

GRABBERS. Prix du Public au Festival de Neuchâtel.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site tumblr.com

de John Wright. 2012. Angleterre/Irlande. 1h34. Avec Richard Coyle, Ruth Bradley, Russell Tovey, Lalor Roddy, David Pearse, Bronagh Gallagher

Sortie salles U.S: 23 Janvier 2012. Irlande: 10 Août 2012

Récompense: Prix du Public au Festival du film Fantastique de Neuchatel.

FILMOGRAPHIE: John Wright est un réalisateur et scénariste né le 2 mars 1971 à Belfast, en Irlande du Nord.
2009: Tormented. 2012: Grabbers



Récompensé du Prix du Public à Neuchatel et présenté hors compétition à Gérardmer, le second long métrage de l'irlandais John Wright est une comédie burlesque alliée au monster movie trépidant !
Sur une île côtière de l'Irlande, un poulpe géant et ses nouveaux-nés sèment la terreur parmi les citadins réfugiés à l'intérieur d'un pub. 


A partir d'un argument simpliste particulièrement éculé, le réalisateur novice John Wright réussit à tirer son épingle du jeu par un adroit sens de la dérision et du délire borderline ! L'idée majeure de cette fantaisie bougrement sympathique résulte de la manière dont les citadins vont devoir se prémunir de l'hostilité des poulpes extra-terrestres ! Se nourrissant d'eau et de sang humain, ces créatures venues d'une météorite ont la particularité de régurgiter l'alcool des clients éméchées ! Connaissant cette faille, un flic solitaire et une jeune recrue fraîchement débarquée sur l'île décident d'inviter toute la population au pub du coin afin de les inciter à participer à une beuverie improvisée !  Au départ réticents mais rapidement convaincus que l'alcool coulera gratuitement à volonté, les habitants s'empressent d'accourir vers l'établissement. Seulement, à l'extérieur, les créatures belliqueuses décident d'encercler l'open bar pour s'approvisionner en sang humain ! S'ensuit une multitude de quiproquos pittoresques où les clients atteints d'ébriété vont devoir se défendre d'une manière tantôt vaillante, tantôt erratique, faute du whisky ingurgité ! En dépit de son caractère débridé particulièrement cocasse, cette comédie insuffle notamment une sensibilité candide dans la personnalité affable des habitants irlandais ainsi que dans la romance impartie aux deux policiers, O'Shea et Lisa. Dans celui du flic dépité d'une rupture conjugale, Richard Coyle dégage avec une sympathique bonhomie un tempérament loyal de héros malgré lui. Sa collègue Lisa Nolan, incarnée par la pétillante  Ruth Bradley, véhicule de prime abord un charme innocent pour ensuite imposer une extravagance irrésistible quand la jeune fille se voit contrainte de supporter un taux d'alcool disproportionné ! Son aisance naturelle à se comporter comme une héroïne fantasque provoquant divers risques et catastrophes renforce le côté décalé de l'ambiance alarmiste.


Outre l'efficacité du récit mené sur un rythme soutenu, le soin apporté aux FX numériques, la verve des dialogues et la bonne humeur impartie à chaque protagoniste, John Wright se permet notamment de soigner son décor d'archipel en surplombant la splendeur de sa nature irlandaise ! En résulte une excellente comédie fantaisiste tirant justement son charme attractif par sa simplicité candide !

05.02.13
Bruno Matéï

lundi 4 février 2013

Universal Soldier: Le Jour du Jugement / Universal Soldier: Day of Reckoning

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site partage-ddl.com

de John Hyams. 2012. U.S.A. 1h55. Avec Scott Adkins, Jean Claude Van Damme, Dolph Lundgren, Kristopher Van Varenberg, Andrei Arlovski, Mariah Bonner.

Sortie DTV France: 23 Janvier 2013. Sortie salles U.S: 30 Novembre 2012. Russie et Malaisie: 4 Octobre 2012

FILMOGRAPHIE: John Hyams est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1997: One dog Day. 2002: The Smashing Machine. 2003: Fight Day (télé-film). 2006: Rank. 2006: Bull Sessions: The Making of Rank. 2009: The Razzle Dazzle. 2009: Universal Soldier: régénération. 2012: Universal Soldier: le jour du jugement. 2012: Dragon Eyes.


Après une sympathique série B matricielle initiée par Roland Emmerich et deux suites mercantiles en demi-teinte (le 3è épisode plus sombre et violent se révélait plus ambitieux que l'antécédent), Universial Soldier: le jour du jugement continue de s'opposer au caractère docile et pittoresque de son modèle. Déjà responsable du 3è volet, John Hyams nous livre ici un film d'action aussi étrange que furibond, déployant à intervalle régulier des séquences homériques d'une barbarie jusqu'au- boutiste ! Ca démarre sec avec un prologue meurtrier d'une rare brutalité pour le massacre d'une famille prise en otage par une bande de malfrats encagoulés. Passage à tabac du père de famille avec le fer d'un tisonnier puis exécutions de la mère et sa fille, sommairement assassinées d'une balle dans la tête ! Passé cette séquence choc particulièrement crapuleuse, on continue dans la même veine cinglante avec l'entrée en scène d'un barbu renfrogné au sein d'un hôtel de passe en rut ! Coups de chevrotine fugaces envoyés sur chacun des clients alors que certaines de leur partenaire vont se retrouver projetées contre les murs par l'impact des balles assénées.


D'une sauvagerie inouïe dans son ultra-violence pourfendeuse et extrêmement spectaculaire dans ses combats chorégraphiés, le long métrage de John Hyams est une série B d'une audace subversive pour illustrer sans concession la quête identitaire d'une ancienne machine à tuer, délibéré à retrouver ses assaillants. Sans faire preuve d'originalité pour son scénario quelque peu décousu (voir parfois aussi expérimental dans les liens télépathiques qu'entretiennent les UniSol), Universal Soldier: le jour du jugement est suffisamment bien troussé et efficace pour prémunir l'intérêt du spectateur, constamment ébranlé par sa puissance épique ! Course poursuite endiablée contre véhicules, baston interminable entre deux antagonistes au sein d'un foyer délabré ou dans l'enceinte d'un commerce sportif et échanges de tirs méthodiques contre un groupe de mercenaires centralisés en camp militaire. Si l'interprétation reste tout juste honorable et que Scott Adkins tente comme il peut d'insuffler une certaine densité dans sa rancune vindicative, Jean Claude Vandamme véhicule une présence glaçante pour endosser l'icone mystique d'un leader aussi mutique qu'impassible. Alors que son fidèle allié campé par le vétéran Dolph Lundgren fait preuve d'un sarcasme mêlé de mépris afin d'intimider ses adversaires.


D'une férocité aussi incongrue que rigoureuse, Universal Soldier: le jour du jugement est une série B effrontée déployant sans répit des séquences homériques à l'impact foudroyant ! Si son scénario indécis et mal structuré l'empêche de dépasser le stade conventionnel du film d'action, son caractère trouble lié à la quête identitaire et au rapport émotif de nos réminiscences survole notamment une certaine réflexion existentielle. A découvrir sans préjugés pour les amateurs  d'action frontale !

04.02.13
Bruno Matéï

mardi 29 janvier 2013

LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE (The Thing from another world)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Christian Nyby et Howard Hawks. 1951. U.S.A. 1h27. Avec Margaret Sheridan, Kenneth Tobey, Robert Cornthwaite, Douglas Spencer, James R. Young, Robert Nichols.

Sortie salles France: 14 Décembre 1951. U.S: 6 Avril 1951 / 29 Avril 1951

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Christian Nyby est un monteur et réalisateur américain, né le 1er Septembre 1913 à Los Angeles (Californie), décédé le 17 Septembre 1993 à Temecula.
1951: La Chose d'un autre Monde. 1957: Hell on Devil's Island. 1962: Elfego Baca: Six gun Law. 1965: Furie sur le Nouveau-Mexique. 1965: Operation C.I.A. 1967: First to fight.
Howard Hawks est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 30 Mai 1896 à Goshen dans l'Indiana, décédé le 26 Décembre 1977 à Palm Springs en Californie.
1930: La Patrouille de l'aube. 1932: Scarface. 1933: Après nous le déluge. 1936: Brumes. 1936: Les Chemins de la Gloire. 1938: l'Impossible Monsieur Bébé. 1939: Seuls les anges ont des ailes. 1941: Sergent York. 1944: Le Port de l'Angoisse. 1946: Le Grand Sommeil. 1948: La Rivière Rouge. 1951: La Chose d'un autre Monde. 1952: La Captive aux Yeux clairs. 1952: Chéri, je me sens rajeunir. 1953: Les Hommes préfèrent les Blondes. 1955: La Terre des Pharaons. 1959: Rio Bravo. 1962: Hatari. 1966: El Dorado. 1970: Rio Lobo.


Bien avant The Thing de Carpenter, deux réalisateurs s'étaient appropriés du roman de John W. Campbell, Who Goes There ?, afin d'innover dans l'anticipation alarmiste. Car même si Howard Hawks est crédité au poste de producteur, il aurait été en partie responsable de la réalisation prodiguée à Christian Nyby.

Dans une région polaire de l'arctique, des chercheurs vont établir la stupéfiante découverte d'un vaisseau spatiale échoué sur la banquise. Après l'avoir fait explosé, les hommes ramènent à leur base militaire le corps congelé d'un extra-terrestre. Rapidement, la créature en éveil s'échappe et sème la terreur parmi le groupe. 


Ce qui frappe d'emblée en revoyant ce classique de la science-fiction mâtinée d'épouvante, c'est la modernité de sa mise en scène rigoureuse, filmée à la manière d'un reportage pris sur le vif. D'ailleurs, d'illustres réalisateurs comme Ridley Scott et John Carpenter appliqueront plus tard la même recette pour façonner avec véracité leur terreur diffuse d'une menace extra-terrestre (Alien et bien entendu le démarquage The Thing).
Avec un sens habile du suspense sous-jacent, la Chose d'un autre monde est une formidable machine anxiogène privilégiant l'effet de suggestion avec une belle efficacité. L'originalité de son récit confiné au sein d'un décor hivernal réfrigérant et l'aspect hybride de sa créature végétale (en gros, une carotte vivante se régénérant grâce au sang humain), confronte le spectateur à une menace inédite irrémédiablement fascinante. En prime, la dextérité à laquelle les réalisateurs retardent ses furtives apparitions afin de véhiculer l'angoisse, déploie par intermittence des séquences d'agressions particulièrement cinglantes ! Pour preuve, l'altercation avec la chose prise dans les mailles d'un grand incendie se révèle bougrement impressionnante lorsque le feu a décidé de se propager aux alentours de la pièce cloisonnée, pour intenter notamment à la vie de nos équipiers.
La sobriété d'interprétation allouée à chacun des comédiens renforce largement son aspect documenté auquel l'esprit de cohésion va leur permettre avec courage de se mesurer à la menace singulière. Et pour renforcer le caractère épineux de l'enjeu de survie, un scientifique renfrogné a décidé de bafouer sa discipline hiérarchique pour préserver la survie d'une race inconnue !


Irrésistiblement fascinant et inquiétant, La Chose d'un autre monde n'a en l'occurrence rien perdu de sa rigueur technique d'une réalisation novatrice privilégiant un suspense méthodique. Un modèle du genre étonnamment pragmatique et stimulant ! 

29.01.13. 3èx
Bruno Matéï 


lundi 28 janvier 2013

THE COLLECTION

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site geektyrant.com

de Marcus Dunstan. 2012. U.S.A. 1h22. Avec Josh Stewart, Lee Tergesen, Christopher McDonald, Emma Fitzpatrick, Courtney Lauren Cumming.

Inédit en salles en France. Sortie salles U.S: 30 Novembre 2012

FILMOGRAPHIE: Marcus Dunstan est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 9 Septembre 1975 à Macomb dans l'Illinois.
2009: The Collector
2011: The Collection

Une déclinaison inutile de son modèle. A force de tout miser sur l'efficacité de l'action à grosse dose de surenchère et d'esbroufe, on finit par en être lasser. La faute en incombe un peu aussi au scénario éculé multipliant (comme dans le précédent) les invraisemblances. Quand au final vindicatif, il sombre dans le ridicule, comme la  plupart des vicissitudes allouées aux protagonistes. 

Distrayant au second degré pour les indulgents alors que la nouvelle génération sevrée à Saw applaudira une fois de plus !

P.S: le film ne dure qu'1H10 (non générique compris) !



vendredi 25 janvier 2013

THE MAN FROM EARTH (Jerome Bixby's The Man from Earth). Prix du Meilleur Film à Rhode Island, 2007

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site aeriesguard.com

de Richard Schenkman. 2007. U.S.A. 1h27. Avec David Lee Smith, John Billingsley, Ellen Crawford, William Katt, Annika Peterson, Richard Riehle, Alexis Thorpe.

Sortie dvd et blu-ray en France: 5 Juillet 2011. Sortie salles U.S: 13 Novembre 2007

Récompenses: Premier Prix du Meilleur Film, Grand Prix du Meilleur Scénario au Festival de Rhode Island en Août 2007.

FILMOGRAPHIE: Richard Schenkman est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 6 Mars 1958 à New-York.
2000: A Diva's Christmas Carol (télé-film)
2006: Muckraker ! (télé-film)
2007: The Man from Earth
2007: And then came Love


Inédit en salles en France mais distribué en dvd et blu-ray, The Man From Earth est le genre de perle rare honteusement occultée mais favorisée par un bouche à oreille particulièrement expansif. Notamment grâce à son téléchargement illégal pratiqué à travers le monde mais approuvé par le réalisateur lui même.
Récit de science-fiction spéculatif sur les origines de l'univers et de la religion, The Man From Earth est un passionnant cours d'histoire et de philosophie inculqué par l'entremise d'un divin (affabulateur ?).

Sur le point de quitter ses amis, un professeur leur confesse qu'il était un homme de Croc- Magnon ayant survécu depuis des millénaires. Au cours des discussions enflammées, ses camarades dubitatifs et intrigués commencent à douter de son état mental. L'un des leurs fait donc appel à un psychologue pour tenter de définir s'il est saint d'esprit, mythomane ou tout simplement dérangé. En prime, au moment où l'un des thèmes abordés se focalise sur le thème religieux, l'homme prétend être Jésus en personne !


Avec des moyens dérisoires essentiellement établis autour d'un huis-clos intime, le réalisateur nous convie à un aparté symbolisé par un oracle venu de nulle part, délibéré à avouer son éthique auprès de ses fidèles amis ! Au fil de ses discussions passionnelles sur l'intérêt de l'existence (en gros, prodiguer tout simplement le Bien !) et de la foi, le film remet en cause nos valeurs spirituelles sur l'idéologie d'un quelconque Dieu, pointe du doigt le fanatisme religieux et théorise sur la fatalité de la réincarnation. Autour de cet entretien passionnant chargé de mystère insondable, le réalisateur met en évidence le rapport philosophique du bouddhisme auquel l'enseignement du christianisme se serait largement inspiré pour exalter l'humanité. Nos grands philosophes, prosélytes et poètes nous auraient alors inventé des paraboles et des mythes extravagants pour mieux nous orienter vers une sagesse mystique.
A travers cette idée improbable qu'un homme de 35 ans aurait survécu depuis plus de 14 000 ans, le réalisateur aborde notamment une réflexion sur le pouvoir de persuasion et d'imagination. Sur notre inévitable curiosité à tenter de déceler la véracité de propos fantaisistes mais aussi d'y croire fermement si le narrateur en question était réellement céleste. Etrange mais irrésistiblement captivant, le discours théorique de John nous énonce finalement que l'homme est destiné à apprendre, aimer son prochain et respecter les lois de la nature. Notamment que le paradis tant idéalisé s'est érigé sur notre terre (la bonté est ici là où elle doit être !), et que nous ne formons peut-être qu'une seule et unique personne, à moins d'être voué à renaître indéfiniment !


La vie de Jésus
Science-fiction cérébrale bourrée de réflexions passionnantes sur les thèmes de l'existence et la religion, la fatalité de la vieillesse et la peur de la mort, The Man From Earth est une allégorie agnostique sur une forme d'incarnation surnaturelle. Avec des moyens minimaliste érigés sur une unité de lieu, Richard Schenkman réalise une oeuvre universelle, originale, studieuse et sensible, culminant son épilogue vers un coup de théâtre particulièrement poignant. Là où l'amour implore de laisser deux amants en étreinte...

Dédicace à O du Moulin
26.01.13
Bruno Matéï

LE LAC DES MORTS-VIVANTS (Zombie Lake)

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site cult-labs.com

de Julian de Laserna (Jésus Franco) et Jean Rollin. 1981. France/Espagne. 1h29. Avec Howard Vernon, Pierre-Marie Escourrou, Anouchka Lesoeur, Antonio Mayans, Nadine Pascal, Youri Radionow, Burt Altman, Gilda Arancio, Marcia Sharif, Yvonne Dany, Jean-René Bleu.

Sortie salles France: 13 Mai 1981

FILMOGRAPHIE: Jean Rollin (Jean Michel Rollin Roth Le Gentil) est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain français, né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (Seine), décédé le 15 Décembre 2010. 1958: Les Amours Jaunes. 1961: Ciel de cuivre. 1963: l'Itinéraire marin. 1964: Vivre en Espagne. 1965: Les Pays loin. 1968: Le Viol du Vampire. 1969: La Vampire Nue. 1970: Le Frisson des Vampires. 1971: Requiem pour un vampire. 1973: La Rose de fer. 1973: Jeunes filles impudiques. 1973: Christina chez les morts-vivants (une séquence, non crédité). 1974: Les Démoniaques. 1974: Tout le monde il en a deux. 1975: Lèvres de sang. 1975: Phantasmes. 1976: La Romancière Lubrique. 1976: La comtesse Ixe. 1977: Saute moi dessus. 1977: Hard Penetration. 1977: Vibrations sexuelles. 1977: Positions danoises. 1978: Remplissez moi les trois trous. 1978: Petites pensionnaires impudiques. 1978: Lèvres entrouvertes pour sexes chauds. 1978: Hyperpénétrations. 1978: Les Raisins de la mort. 1978: Discosex. 1979: Fascination. 1979: Gamines en chaleur. 1979: Bouches lascives et pornos. 1979: Pénétrations Vicieuses. 1980: Le Nuit des Traqués. 1981: Fugues mineures. 1981: Le Lac des Morts-vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer). 1982: Rêves de sexes. 1982: La Morte-vivante. 1983: Sodomanie. 1983: Folies anales. 1984: Les Trottoirs de Bangkok. 1985: Ne prends pas les poulets pour des pigeons. 1985: Emmanuelle 6. 1990: La Griffe d'Horus (TV). 1990: A la poursuite de Barbara. 1991: Perdues dans New-York. 1993: Killing Car. 1994: Le Parfum de Mathilde. 1997: Les 2 Orphelines Vampires. 2002: La Fiancée de Dracula. 2007: La Nuit des Horloges. 2010: Le Masque de la Méduse.


Tourné en partie par Jean Rollin (Jesus Franco aurait pris la poudre d'escampette au bout de 2 jours de tournage !), Le Lac des Morts-vivants est considéré à juste titre comme l'un des nanars les plus affligeants de l'Hexagone (et de la planète entière s'exclameront les goguenards !). Nanti d'un budget de miséricorde, d'acteurs amateuristes (même Howard Vernon semble totalement évasif !) et d'une réalisation godiche, cette production Eurociné transcende sa nullité par un humour involontaire multipliant les bourdes techniques. Maquillage verdâtre des zombies tantôt criard, tantôt désaturé dès qu'ils s'extirpent de l'eau, piscine camouflée en étang de nénuphars et surtout un jeu d'interprétation constitué en grande partie de bovins du 3è âge quand il ne s'agit pas de jolies potiches dénudées filmées sous toutes les coutures !


Le scénario risible est à lui tout seul une farce saugrenue alliant romantisme infantile, horreur académique et parodie troupière ! Dans un petit village des années 50, des zombies nazis autrefois assassinés et noyés par des résistants français s'extirpent d'un lac pour revenir se venger. La cause de leur damnation provient des messes noires invoquées dans les eaux de l'étang sous le règne de l'inquisition médiévale. Débarquée au village, une journaliste enquête auprès du maire pour connaître les origines de la tragédie que la populace prénomme "le lac des maudits". Enfin, pour insuffler une certaine forme de poésie romanesque à l'intrigue, un flash-back nous remémore qu'un des soldats allemands avait eu une relation idyllique avec une femme française, décédée quelques temps après l'accouchement de leur fille. Revenu aujourd'hui d'entre les morts, l'officier décide de rendre visite à sa fille avec une bonhomie virginale !!!


Jamais ennuyeux car tellement andouille dans les chassés croisés imparties entre zombies délavés et victimes ahuries, le Lac des Morts-vivants est notamment privilégié d'une quantité astronomique de dialogues aussi bien grandiloquents qu'hilarants ! A titre d'exemple, je vous laisse lire l'une des répliques les plus mémorables !
Le maire: Seul le grand feu sacré de l'apocalypse pourrait les réduire en cendres et leur donner la paix éternelle !
Katia: Le grand feu sacré de l'apocalypse, le feu auquel je pense n'a rien de sacré vous voyez ! Au contraire, il est moins mystique mais tout aussi efficace que l'apocalypse ! Pas grand chose ne lui résiste, n'hésitez pas utilisez le !
Le maire: Mais, mais, à quoi pensez vous ?
Katia: Au napalm !
Le maire: Merci, merci Katia ! Vous allez sauvez le village de la destruction et moi du désespoir !


On a retrouvé la 7è compagnie !
Panthéon du Z franchouillard où le grand-guignol troupier se dispute à l'érotisme polisson (le club des baskets est entièrement à poil pour aller faire trempette dans la piscine !), le Lac des Morts-vivants est un nanar suprême que tout aficionados se doit d'expérimenter ! Filmé avec une maladresse et un sérieux stoïques, joué par des métayers plus vrais que nature et des nymphettes décomplexées, cette pantalonnade s'alloue même d'un charme formel dans ses paysages bucoliques et dans sa poésie niaise attendrissante. Ajoutez enfin pour agrémenter la fantaisie grand-guignol un score dissonant résolument envoûtant et vous obtenez un épigone d'outre-tombe des Bidasses en Folie !
A noter l'apparition clin d'oeil du regretté Jean Rollin en victime baba !

25.01.13. 3èx
Bruno Matéï


jeudi 24 janvier 2013

SOCIETY

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrordaily.com

de Brian Yuzna. 1989. U.S.A. 1h35. Avec Bill Warlock, Devin Devasquez, Evan Richards, Ben Meyerson, Connie Danese, Ben Slack.

FILMOGRAPHIE: Brian Yuzna est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né en 1949 aux Philippines.
1989: Society. 1990: La Fiancée du Ré-animator. 1990: Silent Night, Deadly Night 4. 1993: Le Retour des morts-vivants 3. 1996: Le Dentiste. 1998: Progeny, l'enfant du futur. 1998: Le Dentiste 2. 2000: Faust. 2003: Beyond Ré-animator. 2004: Rottweiler. 2005: La Malédiction des Profondeurs. 2010: Amphibious 3D.


En 1989, un réalisateur néophyte élabore une série B détonante sortie de nulle part, dépeignant avec une originalité sans égale une caricature au vitriol de la bourgeoisie ricaine de Beverlly Hills. Sous influence d'un épisode de la 4è Dimension ou des délires organiques d'un Cronenberg, Society est une farce caustique à l'humour noir cinglant culminant sa dépravation sexuelle dans une partouze finale paroxystique ! Perturbé par des cauchemars récurrents, un jeune lycéen issu d'une noble famille consulte un psychologue pour tenter de remédier à ses terreurs nocturnes. Alors qu'il accumule les conquêtes féminines, Billy suspecte l'étrange comportement indécent de sa soeur et ses parents. Pour alimenter ces soupçons, un de ses camarades de classe, David, lui fait écouter une étrange cassette audio auquel ses parents semblent s'adonner à des plaisirs incestueux. Le lendemain, le témoin meurt dans un accident de voiture. Série B d'apparence conventionnelle, desservie par une facture télévisuelle à la mise en scène débutante, Society s'élabore finalement en immense farce macabre dans sa métaphore sur le cannibalisme de la haute bourgeoisie. Empreint de dérision et d'érotisme coquin, la première partie nous décrit une jeunesse huppée de la Californie s'adonnant aux traditionnels conflits machistes pour de futiles flirts avec des potiches sexy. Peu à peu, l'atmosphère paisible mais factice de cette petite bourgeoisie va rapidement changer de ton avec l'attitude parano du jeune Billy.



Plongé dans une psychose toujours plus contraignante, le lycéen va peu à peu remarquer l'attitude inconvenante de certains proches de son entourage mais aussi celle de sa propre famille. Certains citadins semblent en effet avoir un penchant fétichiste pour toute déviance sexuelle, alors que la mère bedonnante d'une de ses amies éprouve un penchant obsessionnel pour les mèches de cheveux ! Si Brian Yuzna se révèle en l'occurrence un réalisateur novice peut adroit dans le maniement de sa caméra, il réussit à instaurer un climat d'inquiétude et d'étrangeté d'une manière palpable ! Le comportement versatile ou interlope de certains des antagonistes, la découverte macabre de témoins assassinés et leur résurrection imposée nous assaillent de doutes et de questionnements laissés en suspens. Avec une certaine habileté, le réalisateur réussit donc à nous façonner un long-métrage atypique, gros bordel incongru au cours duquel son point d'orgue orgasmique va arborer une audace visuelle hallucinée ! Ce bouquet final cartoonesque, où des corps dénudés se combinent à d'autres pour pratiquer des échanges sexuels et cannibales, est transcendé par les FX de Screaming Mad George ! Et on peut dire que l'équipe s'en est donné à coeur joie pour nous confectionner des séquences (gluantes) de transformation corporelle encore jamais vues au cinéma ! (les corps se décomposent en masse gélatineuse ou se synthétisent d'une manière destructurée !)


La grande bouffe
Drôlement sardonique, inquiétant et dérangeant, Society s'érige en satire sociale pour illustrer le cynisme de la haute bourgeoisie s'adonnant uniquement aux plaisirs de la chair ! Déployant dans sa dernière partie des effets-spéciaux d'une inventivité ahurissante, cette petite perle incongrue n'a toujours rien perdu de sa verve insolente et de son mystère insoluble. 

*Bruno 
24.01.13
17.09.22

mercredi 23 janvier 2013

Répulsions. Ours d'Argent à Berlin, 1965

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

de Roman Polanski. 1965. Angleterre. 1h45. Avec Catherine Deneuve, Yvonne Furneaux, John Fraser, Ian Hendry, Helen Fraser, Patrick Wymark.

Sortie salles France: 7 Janvier 1966. Angleterre: Juin 1965

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais.
1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer 2011 : Le Dieu du carnage.


Conçu par la production comme un film d'horreur lambda, le néophyte Roman Polanski va transformer son oeuvre de commande en drame psychologique auteurisant. Chargé d'une atmosphère anxiogène, lourde et suffocante, Répulsion relate au compte goutte l'introspection déclinante d'un cas de schizophrénie. En l'occurrence, il s'agit d'une jeune manucure introvertie et taciturne, co-habitant avec sa soeur aînée dans un appartement lugubre. Plongée dans le désarroi de la solitude, Hélène est angoissée à l'idée d'être courtisée par la gente masculine. Alors que sa frangine vit une relation extra-conjugale avec un mari infidèle, la jeune femme est importunée par ses gémissements sexuels durant ses nuits de sommeil. Quand le couple décide de partir en villégiature, Hélène est effrayée à l'idée de rester cloîtrée dans l'appartement. Peu à peu, enclin à diverses hallucinations effrayantes, elle perd pied avec la réalité et sombre dans une folie meurtrière irréversible. De pas sa mise en scène à la fois inventive et ambitieuse, Roman Polanski transcende le portrait fébrile d'une jeune schizophrène avec un souci de réalisme aussi éprouvant que dérangeant. Et ce en y effectuant un travail judicieux sur le son (le tic-tac pondéré du réveil, le bourdonnement des mouches, le viol imaginaire d'Hélène éludé d'une moindre vibration ! ) le réalisateur nous transmet une angoisse diffuse toujours oppressante. 


En prime, l'atmosphère feutrée régie au sein de l'appartement est rehaussée d'une odeur putrescente de lapin avarié, tandis que des cadavres humains fraîchement assassinés vont venir amplifier l'odeur faisandée. Immergé à l'intérieur de l'esprit d'une malade mentale esseulée dans ce logement insalubre, le spectateur témoigne de ses moindres mouvements, ses pensées dérangées, ses visions horrifiées, si bien qu'il redoute ses pulsions incontrôlées ! Sans forcer le trait sur l'hémoglobine, les séquences d'estocades meurtrières impressionnent par leur violence implacable. En cinéaste avisé, Roman Polanski maîtrise ses cadres inquiétants en insufflant une indéniable tension au suspense escompté. A ce titre, le crime du bailleur infligé à coups de rasoir est retardé du comportement erratique d'Hélène pour se révéler ensuite d'une crudité difficilement supportable lorsque la peur se relaxe d'une sauvagerie précipitée. Dans un rôle inattendu, Catherine Deneuve accomplit une performance glaçante pour s'immiscer dans la peau d'une meurtrière avec son regard neutre dénué de raisonnement. Enfoui dans un mutisme aliénant laissant s'extérioriser des hallucinations cauchemardesques (les mains s'extirpant des murs d'un couloir pour l'appréhender, ses viols récurrents avec un vagabond !), le spectateur est plongé dans sa psyché torturé avec une vérité humaine confinant au malaise. Peut-être le rôle de sa vie.


Drame de la solitude illustrant sans concession la pathologie d'une jeune victime refoulée, abandonnée depuis l'enfance par la famille et discréditée d'une société machiste, Répulsion autopsie son portrait avec une véracité éprouvante. Outre la prestation transie d'émoi de Catherine Deneuve, ce chef-d'oeuvre inquiétant est notamment affermi d'une mise en scène innovante, car utilisant avec efficacité le cadre de son espace clos et l'effet de suggestion, non exempte d'éclairs de violence cinglants ! A ne pas mettre entre toutes les mains tant son réalisme demeure aussi malaisant que perturbant.

*Bruno
05.01.23. 4èx
23.01.13. 

RécompenseOurs d'Argent à Berlin, 1965