mercredi 23 janvier 2013

Répulsions. Ours d'Argent à Berlin, 1965

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

de Roman Polanski. 1965. Angleterre. 1h45. Avec Catherine Deneuve, Yvonne Furneaux, John Fraser, Ian Hendry, Helen Fraser, Patrick Wymark.

Sortie salles France: 7 Janvier 1966. Angleterre: Juin 1965

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais.
1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer 2011 : Le Dieu du carnage.


Conçu par la production comme un film d'horreur lambda, le néophyte Roman Polanski va transformer son oeuvre de commande en drame psychologique auteurisant. Chargé d'une atmosphère anxiogène, lourde et suffocante, Répulsion relate au compte goutte l'introspection déclinante d'un cas de schizophrénie. En l'occurrence, il s'agit d'une jeune manucure introvertie et taciturne, co-habitant avec sa soeur aînée dans un appartement lugubre. Plongée dans le désarroi de la solitude, Hélène est angoissée à l'idée d'être courtisée par la gente masculine. Alors que sa frangine vit une relation extra-conjugale avec un mari infidèle, la jeune femme est importunée par ses gémissements sexuels durant ses nuits de sommeil. Quand le couple décide de partir en villégiature, Hélène est effrayée à l'idée de rester cloîtrée dans l'appartement. Peu à peu, enclin à diverses hallucinations effrayantes, elle perd pied avec la réalité et sombre dans une folie meurtrière irréversible. De pas sa mise en scène à la fois inventive et ambitieuse, Roman Polanski transcende le portrait fébrile d'une jeune schizophrène avec un souci de réalisme aussi éprouvant que dérangeant. Et ce en y effectuant un travail judicieux sur le son (le tic-tac pondéré du réveil, le bourdonnement des mouches, le viol imaginaire d'Hélène éludé d'une moindre vibration ! ) le réalisateur nous transmet une angoisse diffuse toujours oppressante. 


En prime, l'atmosphère feutrée régie au sein de l'appartement est rehaussée d'une odeur putrescente de lapin avarié, tandis que des cadavres humains fraîchement assassinés vont venir amplifier l'odeur faisandée. Immergé à l'intérieur de l'esprit d'une malade mentale esseulée dans ce logement insalubre, le spectateur témoigne de ses moindres mouvements, ses pensées dérangées, ses visions horrifiées, si bien qu'il redoute ses pulsions incontrôlées ! Sans forcer le trait sur l'hémoglobine, les séquences d'estocades meurtrières impressionnent par leur violence implacable. En cinéaste avisé, Roman Polanski maîtrise ses cadres inquiétants en insufflant une indéniable tension au suspense escompté. A ce titre, le crime du bailleur infligé à coups de rasoir est retardé du comportement erratique d'Hélène pour se révéler ensuite d'une crudité difficilement supportable lorsque la peur se relaxe d'une sauvagerie précipitée. Dans un rôle inattendu, Catherine Deneuve accomplit une performance glaçante pour s'immiscer dans la peau d'une meurtrière avec son regard neutre dénué de raisonnement. Enfoui dans un mutisme aliénant laissant s'extérioriser des hallucinations cauchemardesques (les mains s'extirpant des murs d'un couloir pour l'appréhender, ses viols récurrents avec un vagabond !), le spectateur est plongé dans sa psyché torturé avec une vérité humaine confinant au malaise. Peut-être le rôle de sa vie.


Drame de la solitude illustrant sans concession la pathologie d'une jeune victime refoulée, abandonnée depuis l'enfance par la famille et discréditée d'une société machiste, Répulsion autopsie son portrait avec une véracité éprouvante. Outre la prestation transie d'émoi de Catherine Deneuve, ce chef-d'oeuvre inquiétant est notamment affermi d'une mise en scène innovante, car utilisant avec efficacité le cadre de son espace clos et l'effet de suggestion, non exempte d'éclairs de violence cinglants ! A ne pas mettre entre toutes les mains tant son réalisme demeure aussi malaisant que perturbant.

*Bruno
05.01.23. 4èx
23.01.13. 

RécompenseOurs d'Argent à Berlin, 1965


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