mardi 5 novembre 2013

RAZORBACK

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Russell Mulcahy. 1984. Australie. 1h35. Avec Gregory Harrison, Arkie Whiteley, Bill Kerr, Chris Haywood, David Argue, Judy Morris.

Sortie salles Australie: Avril 1984

FILMOGRAPHIE: Russell Mulcahy est un réalisateur australien, né le 23 Juin 1953 à Melbourne, dans l'état de Victoria.
1979: Derek and clive get the horn. 1984: Razorback. 1985: Arena. 1986: Highlander. 1991: Highlander 2. 1991: Ricochet. 1992: Blue Ice. 1993: l'Affaire Karen McCoy. 1994: The Shadow. 1996: Tireur en péril. 1998: La malédiction de la Momie. 1999: Resurrection. 2003: Swimming Upstream. 2007: Resident Evil: Extinction. 2008: Le Rois Scorpion 2. 2009: Fais leur vivre l'enfer, Malone !


A peine âgé de 31 ans lorsqu'il met en chantier son second long-métrage, Russell Mulcahy ne laisse pas indifférent les membres jury d'Avoriaz qui voient en ce solide artisan un nouveau prodige de la réalisation, et cela même si Razorback repart bredouille d'une quelconque récompense. Si durant sa sortie ciné, le succès s'avère timoré auprès du grand public, c'est du côté des vidéophiles qu'il va finalement se tailler une petite réputation de série B culte. Mixant allègrement fantastique, aventure et horreur malsaine pour le portrait déviant imparti à un duo de rednecks, Russell Mulcahy se réapproprie du bestiaire animalier afin d'accentuer le caractère épique d'un affrontement au sommet. 
Deux portraits d'individus meurtris se télescopent dans Razorback. Celui du jeune Carl, exilé dans le désert australien pour retrouver la trace de sa femme disparue, Beth Winters, journaliste militante pour la cause animale. Et celui de Jack, sexagénaire esseulé, rongé par la vengeance après avoir perdu son petit fils durant une attaque nocturne du sanglier. Ces deux hommes au caractère bien distinct vont livrer chacun de leur côté un combat impitoyable envers la bête. Au milieu de cet affrontement, deux bouseux travaillant dans un abattoir vont se retrouver mêler à cette chasse impitoyable depuis leur tentative de viol commise sur l'épouse de Carl.


Spectacle baroque furibond où l'onirisme crépusculaire se mêle à une nature solaire clairsemée (la traversée hallucinée de Carl au sein du désert aride !), Razorback joue la carte de la singularité en renouant avec des thèmes éculés du cinéma fantastique. Avec une ambition stylisée, Russel Mulcahy agrémente des plages de poésie durant le cheminement aussi hasardeux que belliqueux de deux justiciers rongés par le deuil. Dans la mouvance des Dents de la mer pour le côté démesuré octroyé à la morphologie du sanglier et de Massacre à la Tronçonneuse pour le portrait émis à deux détraqués sadiques (à bord de leur véhicule, ils pourchassent les kangourous durant les nuits de braconnage en les aveuglant sous les feux de projecteur pour les torturer à leur guise !), Razorback est un curieux mélange des genres auquel l'aventure épique redouble d'intensité. En prenant soin de nous attacher aux personnages valeureux, où leur humanisme est fragilisé par leur écorchure intime, Russel Mulcahy nous propulse au sein d'un survival qui voit s'affronter des chasseurs faillibles mais toujours rebelles pour s'opposer au monstre. Tandis qu'une certaine émotion poignante est véhiculée vis à vis de la relation amicale entretenue entre Sarah (la jeune assistante de Jack) et Carl, veuf inconsolable qui réussira grâce à son soutien à retrouver un regain d'affection. Cette dose de romantisme qui enveloppe peu à peu le récit est intensifiée par la magnifique élégie musicale d'Iva Davies.
En ce qui concerne la carrure impressionnante du Razorback, le réalisateur joue la carte de la suggestion et n'abuse jamais d'esbroufe pour divertir le spectateur. Sans doute pour pallier le manque de moyens alloués aux effets-spéciaux, il fait donc appel aux gros zooms en insistant sur sa physionomie afin d'accentuer la férocité de l'animal. Avec l'habileté d'un montage précis et d'une réalisation régulièrement inventive, Razorback réussit le tour de force de crédibiliser son monstre avec l'appui d'une imagerie crépusculaire littéralement ensorcelante. 


Spectacle flamboyant où l'onirisme baroque se dispute à une violence parfois âpre, Razorback mixe les genres avec autant d'efficacité que d'émotion prude. Alors que sa mise en scène, particulièrement douée, transcende l'icône d'une bête d'apocalypse et la pugnacité de nouveaux pionniers jamais à court de renoncement. Un classique indépendant qui n'est pas prêt de s'éteindre !
05.11.13. 5èx
Bruno Matéï

lundi 4 novembre 2013

LES FANTOMES D'HALLOWEEN (Lady in White / La dame blanche)

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site forgottenflix.com

de Franck LaLoggia. 1988. U.S.A. 1h57 (version longue). Avec Lukas Haas, Len Cariou, Alex Rocco, Katherine Helmond, Jason Presson.

Sortie salles U.S: 22 Avril 1988. Angleterre: 16 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Franck La Loggia est un réalisateur, acteur, scénariste, producteur et compositeur américain, né le 12 Janvier 1954 à Rochester, New-York. 1981: Fear no Evil. 1988: Les Fantômes d'Halloween. 1995: Mother


Directement sorti en Vhs à la fin des années 80 et relativement passé inaperçu auprès des vidéophiles, Les Fantômes d'Halloween est une curieuse production d'un réalisateur méconnu puisque uniquement responsable de trois longs-métrages. Baignant dans le climat solaire d'une paisible bourgade ricaine, son prélude nous remémore inconsciemment l'esprit infantile de Spielberg lorsque des enfants farceurs batifolent dans leur quartier en toute insouciance. Mais un évènement dramatique va rapidement obscurcir cette impression de bonheur exaltant avec la réactualisation d'un fait divers crapuleux auquel le responsable n'eut jamais été réprimandé. Car 10 ans au plus tôt, une dizaine d'enfants fut lâchement exécutés par ce dangereux psychopathe. Suite à une mauvaise farce d'Halloween, un garçon embrigadé dans le sellier de son école se retrouve nez à nez avec l'apparition fantomatique d'une fillette. Précédemment violentée et assassinée, elle décide de rentrer en contact avec Frank afin qu'il puisse l'aider à retrouver la paix pour dévoiler au grand jour l'identité du meurtrier. Victime lui aussi d'une sauvage agression par ce même assassin, Frank va tenter de le démasquer avec l'entremise de son frère et d'une intrigante dame blanche. 


Ce qui au premier abord parait édénique avec les Fantômes d'Halloween, c'est son esprit de bonhomie hérité du conte fantastique si bien que les enfants en seront les principaux témoins. Particulièrement Frank, gosse docile élevé par un père prévenant mais bouleversé depuis la disparition de son épouse ! Et le jeune fils de se retrouver embarqué dans une situation improbable particulièrement alerte pour sa propre survie ! En confrontant l'amertume des fantômes plaintifs, l'innocence d'un gamin prude et les nouvelles stratégies horrifiques d'un criminel en fuite, les Fantômes d'Halloween oscille les genres parmi l'interférence de traits d'humour (les broutilles quotidiennes imparties aux grands parents de Frank depuis que l'aïeul consomme ses cigarettes en catimini). En prenant son temps pour structurer un cheminement narratif peu surprenant mais parfois cruel, le cinéaste fait également preuve d'une dramaturgie inattendue lorsqu'un présumé coupable est sur le point de retrouver sa liberté. En illustrant l'Amérique des années 60 corrompue par le racisme et la motivation expéditive d'une victime inconsolable, Frank Lallogia ternie à nouveau l'apparence aimable de cette bourgade que l'on s'était idéalisé au premier abord. Mais surtout, il met en exergue les affres d'un enfant fragile confronté à sa raison existentielle. Préalablement sauvé in extremis d'une mort certaine et opposé aux apparitions spirituelles des fantômes, Frank n'aura de cesse pour un si jeune âge d'affronter ses craintes afin de prêter main forte à une mère et une fille désunies ! En jouant sur la légende urbaine de la dame blanche, le réalisateur tente notamment d'agrémenter une petite énigme autour de ce symbole, ici redresseur de tort. Alors que le final ne manquera pas de provoquer une émotion poignante face au ton résolument féerique, libérateur de la situation.


Attachant et agréable à suivre mais néanmoins perfectible, Les Fantômes d'Halloween aurait pu être plus passionnant à travers ses sombres thématiques si la mise en scène chétive et une direction de seconds rôles parfois timorée eurent été plus maîtrisés. Pour autant, la beauté naturelle de certaines images, l'onirisme formel qui en découle tantôt, la bouille attachante du jeune Lukas Haas et surtout la volonté du réalisateur à ternir son récit emportent l'adhésion. 

Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-fiction
04.11.13. 3èx
Bruno Matéï

jeudi 31 octobre 2013

Henry, portrait d'un serial-killer

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site gallerytheimage.com

"Henry: Portrait of a Serial Killer" de John Mc Naughton. 1986. U.S.A. 1h23. Avec Michael Rooker, Tom Towles, Tracy Arnold.

Sortie salles France: 6 Février 1991

FILMOGRAPHIE: John Mc Naughton est un réalisateur américain, né le 13 Janvier 1950 à Chicago. 1984: Dealers in Death. 1986: Henry, portrait d'un serial killer. 1991: Sex, drugs, Rock and Roll. 1991: The Borrower. 1993: Mad Dog and Glory. 1996: Normal Life. 1998: Sexcrimes. 2000: Condo Painting. 2001: Speaking of sex. 2004: Redliners. 2009: Backstabbers. 2013: The Harvest.


Ce film s'inspire de fait réels. Ce n'est pas une histoire vraie proprement dite. Les aveux d'un certain Henry ont servi à faire ce film. Aveux qu'il a niés, par la suite. Otis et Becky sont des personnages fictifs. 

Interdit en salles durant 4 ans par la censure américaine et estampillé X, Henry est le premier long-métrage du réalisateur John Mc Naughton. Inspiré du personnage d'Henry Lee Lucas, tueur en série responsable de plus de 199 meurtres, le film dépeint la dérive meurtrière d'un duo d'anciens taulards, des marginaux résolument reclus de leur condition miséreuse. D'un côté, Henry, le plus influent, est un tueur méthodique extériorisant sa rage sur les innocents depuis le traumatisme de son enfance galvaudée par une mère prostituée. De l'autre, Otis est un badaud écervelé facilement influencé par le vice et la perversion. A bord de leur véhicule, ils sillonnent les quartiers nocturnes afin d'assassiner au hasard d'une rue des citadins. Au coeur de ce duo indocile, la soeur d'Otis, Becky, tente de se faire une place dans leur appartement restreint et s'efforce à chercher un petit boulot de strip-teaseuse avant de tomber amoureuse d'Henry. Car épris d'empathie et d'identification pour ses confidences martyrs, Becky eut été préalablement victime d'une enfance incestueuse vis à vis de son géniteur. A travers le teint blafard d'une photo granuleuse ainsi que le souci documentaire d'une réalisation expérimentale,  John Mc Naughton nous immerge au sein d'un cauchemar urbain profondément glauque et crapuleux. Ainsi, le climat poisseux, particulièrement prégnant, s'avère si malsain qu'à la sortie de la projo nous nous sentions physiquement pollués par cette débauche où la saleté du sang et les cris d'agonie résonnent encore tel un écho !


Or, en autopsiant sans concession le portrait de deux assassins arriérés, littéralement vautrés dans le meurtre, Henry... constitue une épreuve de force morale toujours plus dérangeante de par sa gratuité profondément perverse. Car en position de voyeur, nous sommes contraints de témoigner de l'existence triviale du trio de chômeurs (Otis va vite abdiquer son poste de pompiste au fil de son cheminement meurtrier) et surtout d'espionner par l'oeil de la caméra leurs méfaits criminels par le truchement de leurs errances nocturnes. La contrainte de subir leur quotidienneté misérable et surtout d'assister à leurs exactions sanglantes provoquant un malaise viscéral tangible du fait de son traitement hyper réaliste. Ainsi, en évitant toute forme de racolage, John Mc Naughton filme de manière crue des meurtres brutaux à l'aide d'une caméra vhs qu'Otis se divertit à préserver en mémoire. Alors que du point de vue de Henry (l'être le moins licencieux car jamais assouvi de sadisme), les crimes sont souvent établis hors champs en nous proposant simplement d'en découvrir la résultante des mutilations. Qui plus est, les flash-back émis au son des hurlements des victimes rehaussent l'aspect cauchemardesque de l'esprit dérangé d'Henry, prisonnier de ses pulsions vengeresses et torturé par ces démons. On s'étonne d'ailleurs de lui éprouver un chouia d'empathie pour le rapport à la fois amical et affectueux entretenu avec Becky, et ce juste avant de renouer avec ses pulsions malades.


Incarné par des comédiens transis de vérité à travers leur dégénérescence immorale, Henry... provoque autant de fascination pour l'aspect reportage infligé à sa mise en scène que de dégoût pour la représentation radicale du duo de serial-killers irrécupérables. Glaçant et psychologiquement perturbant du fait de son épineuse intensité (telle ce massacre d'une famille filmé en mode "VHS" !), rarement un film d'horreur n'aura décrit avec autant de vérisme et véracité l'introspection pathétique de deux monstres humains. 
Pour public averti.

L'avis de Mathias Chaputhttp://horrordetox.blogspot.fr/2011/03/henry-portrait-of-serial-killer-de-john.html

*Bruno
31.10.13. 3èx


mardi 29 octobre 2013

IMPULSE (Pulsion Homicide)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviescreenshots.blogspot.com

de Graham Baker. 1984. U.S.A. 1h31. Avec Meg Tilly,  Tim Matheson, Hume Cronyn, Bill Paxton, John Karlen, Claude Earl Jones.

Sortie salles U.S: 28 Septembre 1984

FILMOGRAPHIEGraham Baker est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1981: La Malédiction Finale. 1984: Impulse. 1988: Futur Immédiat, Los Angeles 1991. 1990: The Recruit. 1991: Ni dieu ni maître (Born to Ride). 1999: Beowulf


Trois ans après la Malédiction Finale et pour une seconde fois Graham Baker renoue avec la série B fantastique militant ici contre la pollution chimique. Dans une petite ville bucolique, suite à un séisme, leurs habitants sont soudainement épris d'accès de démence incontrôlée ! Série B modeste ayant connu son petit succès auprès des vidéos-clubs des années 80, Impulse est notamment une nouvelle occasion pour Meg Tilly de renouer avec le genre après s'être fait remarquée un an au préalable dans Une Nuit trop noire et Psychose 2. Avec un pitch de départ accrocheur digne d'un épisode de la 4è Dimension, Graham Baker ne manque pas d'audace pour illustrer la lente dégénérescence "schizo" de citadins contaminés par un produit toxique. Ainsi, c'est à travers le personnage de Jennifer que nous allons suivre cette folie collective après qu'elle eut reçu un appel de sa génitrice. Dans des propos incohérents extrêmement virulents, cette dernière s'en prend violemment à elle pour lui reprocher d'être responsable de sa dépression. Quelques minutes plus tard, la mégère se tire une balle dans la tête mais y survit in extremis ! Avec l'aide de son mari, Jennifer retourne dans sa région natale pour se rendre à l'hôpital auprès d'elle afin de tenter de saisir les motivations de son suicide. Au même moment, d'étranges évènements surviennent auprès de la population, les habitants semblant épris de pulsions immorales !


Avec cet argument prometteur décuplant nombre d'incidents débridés, Impulse dégage un parfum de souffre assez fascinant du point de vue des protagonistes renouant avec leurs bas instincts ! A l'image de ce médecin délibéré à couper le tube d'oxygène d'une patiente de façon irrégulière pour mieux observer ses instants d'agonie ! Alors qu'un peu plus tard, le shérif régional ne vas pas hésiter à abattre d'une balle dans le dos un adolescent suspecté de vol à l'étalage ! Cette succession d'accidents volontaires dénués de raisonnement nous confine donc dans un cauchemar halluciné où notre pauvre Jennifer (Meg Tilly dégage une belle fragilité émotionnelle) tentera de préserver sa famille en guise de survie. Rehaussé du climat champêtre d'un soleil écrasant, Impulse insuffle des sentiments troubles d'inquiétude et de rire nerveux lorsque les victimes intoxiquées sont incapables de pouvoir réfréner leur accès d'irascibilité ! Cette psychose collective n'épargnant aucun citadin, Jennifer semble de plus en plus compromise à protéger ses proches, à moins que la résolution de cette pandémie n'y soit enfin divulguée. Que nenni ! Graham Baker réfutant le happy end salvateur et enfonçant le clou du nihilisme lors d'une conclusion glaçante Spoiler ! où les autorités du gouvernement seront directement mises en cause afin d'étouffer l'affaire ! Fin du Spoil


Série B fantastique écolo non dénuée de maladresses de par sa réalisation parfois hésitante et auprès des réactions parfois incohérentes des personnages, Impulse joue la carte du délire incongrue à travers son thème alarmiste lié à la pollution, et ce afin de mieux nous surprendre. Le caractère attachant des protagonistes (comédiens de seconde zone au visage familier !), son climat versatile et surtout l'audace impartie à certains moments scabreux (les échanges de regards lubriques entre un adulte et une adolescente) renforcent la nature saugrenue de cet ovni injustement méconnu. 

Dédicace à Christophe Colpaert
29.10.13
Bruno Matéï


lundi 28 octobre 2013

L'HOMME AU MASQUE DE CIRE (House of Wax)

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site fearsforqueers.blogspot.com

d'André De Toth. 1953. U.S.A. 1h28. Avec Vincent Price, Paul Picerni, Frank Lovejoy, Phyllis Kirk, Carolyn Jones, Charles Bronson.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: André De Toth (Endre von Toth) est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine austro-hongroise, né le 15 Mai 1912 à Mako (Csongrad), décédé le 27 Octobre 2002 à Burbank (Californie). 1942: Le Livre de la Jungle (réalisation de 2è équipe). 1944: Dark Waters. 1947: Femme de feu. 1947: l'Orchidée Blanche. 1951: Le Cavalier de la mort. 1952: Les Conquérants de Carson City. 1953: L'Homme au Masque de cire. 1954: Chasse au gang. 1955: La Rivière de nos amours. 1959: La Chevauchée des bannis. 1960: Contre-espionnage. 1961: Les Mongols. 1963: l'Or des Césars. 1968: Enfants de salaud.


"L'un des plus beaux films en couleurs dans l'histoire du cinéma d'épouvante", à découvrir impérativement en HD !

Remake d'un petit classique oublié des années 30, l'homme au Masque de Cire va largement dépasser son modèle sous la houlette d'André De Toth, cinéaste plus habitué aux westerns traditionnels que de l'épouvante gothique. Pourvu d'un Technicolor resplendissant et de l'interprétation magnétique du monstre Vincent Price, ce chef-d'oeuvre inspiré du Fantôme de l'Opéra suscite toujours la même fascination, sans tenir compte du procédé 3D révolutionnaire de l'époque. Le PitchRégisseur d'un musée de cire, Henry Jarrod voue un amour immodéré pour ses mannequins de cire. Un soir, son associé cupide décide d'incendier l'établissement afin de toucher une prime d'assurance de 25 000 dollars. Porté disparu, Henry élabore une vengeance diabolique au sein de ses nouvelles créations. 


Ainsi, à travers la vengeance morbide d'un sculpteur entièrement voué à sa passion, André De Toth livre un classique d'épouvante d'une santé florissante auprès de sa réalisation alerte prenant soin de tailler une carrure à ses divers personnages. Que ce soit notre "monstre au masque" accompagné de sbires disciplinés (dont l'un d'eux est incarné par le tout jeune néophyte Charles Bronson !), l'investigatrice Sue Allen (très convaincante dans son rôle de limier scrupuleuse !) et son fidèle amant, ou encore les policiers fureteurs aux réparties sarcastiques. Chacun de ces protagonistes s'impliquant dans l'action avec intégrité pour faire progresser les évènements dans une notion de suspense habilement dosée. L'amour désespéré que porte Henry pour son (nouveau) modèle féminin et l'enquête suspicieuse menée par cette dernière (Sue Allen) demeurant les principaux moteurs émotionnels où leur confrontation s'avèrera toujours plus intense et risquée ! Outre l'esthétisme raffiné imparti à sa scénographie gothique du musée de cire, l'Homme au masque de cire est donc rehaussé d'une intrigue solide (même si classique) alternant rebondissements horrifiques, humour noir et étude policière. Au delà de la prestance sacrée de Vincent Price, artiste maudit féru d'amour pour sa "Marie Antoinette", la fascination exercée est notamment décuplée par les mannequins historiques qui jalonnent le musée dans une reconstitution minutieuse afin de mieux coller à la réalité des faits exposés. Cette aura fantastique sous jacente qui enveloppe le récit est d'autant plus trouble quand on sait que sous l'apparence étrangement humaine de ces figures encaustiques s'y planque un cadavre humain !


Au-delà de son attrait irrésistiblement ludique, son incroyable rutilance formelle et la densité des personnages, l'Homme au Masque de cire aborde en sous-texte une réflexion sur l'art perfectible, la quête du sensationnalisme au sein de l'entertainment (le public en quête d'émotions toujours plus intenses !) et surtout la passion dévorante allant à l'encontre de la raison. Or, sous l'allégeance indéfectible de Vincent Price et de ces fameux mannequins de cire, cette vengeance macabre s'est également immortalisée en classique inoxydable !

*Bruno
29.02.24. 6èx
28.10.13. 


samedi 26 octobre 2013

TOP SECRET !

                                          Photo empruntée sur Google appartenant au site fan-de-cinema.com

de Jim Abrahams, Jerry et David Zucker. 1984. U.S.A/Angleterre. 1h30. Avec Val Kilmer, Lucy Gutteridge, Billy J. Mitchell; Christopher Villiers, Michael Gough, Sydney Arnold, Jim Carter, Omar Sharif, Peter Cushing, Jeremy Kemp.

Sortie salles France: 26 Septembre 1984. U.S: 8 Juin 1984


FILMOGRAPHIE: David Zucker est un réalisateur, producteur, scénariste, acteur, cascadeur américain, né le 16 Octobre 1947 à Milwaukee, Wisconsin (Etats-Unis). 1980: Y'a t-il un pilote dans l'avion ? 1984: Top Secret. 1986: Y'a t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? 1988: Y'a-t'il un flic pour sauver la reine. 1991: Y'a t'il un flic pour sauver le président ? 1993: For Goodness Sake. 1998: BASEketball. 2003: Mon boss, sa fille et moi. 2003: Scary Movie 3. 2006: Scary Movie 4. 2008: An American Carol.
Jim Abrahams est un scénariste, réalisateur, producteur et acteur américain, né le 10 Mai 1944 à Shorewood. 1980: Y'a t-il un pilote dans l'avion ? 1984: Top Secret. 1986: Y'a t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? 1988: uand les jumelles s'emmêlent. 1990: Roxy est de retour. 1991: Hot Shots ! 1993: Hot Shots 2. 1997: Au risque de te perdre. 1998: Le Prince de Sicile.
Jerry Zucker est un producteur, réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 11 Mars 1950 à Milwaukee, Wisconsin. 1979: Rock 'n' Roll Hgh School. 1980: Y'a t-il un pilote dans l'avion ? 1984: Top Secret. 1986: Y'a t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? 1990: Ghost. 1995: Lancelot. 2001: Rat Race.


Quatre ans après le succès phénomène Y'a t'il un pilote dans l'avion ?, le trio Jim Abrahams, David et Jerry Zucker récidive dans la parodie afin de rendre hommage en l'occurrence à l'espionnage et l'action belliqueuse. Pour anecdote, l'apparition clin d'oeil d'Omar Sharif (franchement à l'aise dans un rôle aussi grotesque !) est d'ailleurs une note d'intention au film d'espionnage homonyme de Black Edwards réalisé en 1974. Comédie débridée au non-sens que n'aurait pas renié les Monty Python, Top Secret brasse tous azimuts les classiques vintage des années 40/50 (la Grande Evasion, le Magicien d'Oz, l'Homme qui en savait trop, Stalag 17) et les produits modestes des années 80, à l'instar de l'inénarrable le Lagon bleu, gros succès "fleur bleue" des années 80. A travers la simplicité d'un scénario improbable (avec l'aide de résistants, un chanteur de rock va tenter de faire évader un savant notoire emprisonné en Allemagne de l'Est pour l'achèvement d'une arme secrète), nos réalisateurs perpétuent leur tradition du pastiche cartoonesque avec toujours autant de verve impayable.


En comptant un gag visuel ou verbal toutes les 15 à 20 secondes, Top Secret ne peut pas concourir à la perfection de l'hilarité. Mais l'abattage des comédiens (Val Kilmer en tête, imitant spontanément Elvis Presley dans la peau de Nick Rivers !), les numéros musicaux chorégraphiés avec entrain et sa frénésie visuelle lorgnant vers le fantastique (la démarche et le langage verso du bibliothécaire incarné par Peter Cushing, la scénographie d'un saloon subitement régie sous la mer !) nous plongent dans un délire anarchique où l'absurdité est à son apogée. Si les éclats de rire ne sont pas aussi probants que leur indémodable premier chef-d'oeuvre, les ZAZ ont tout de même procréé l'objet culte d'une farce impétueuse !

26.10.13
Bruno Matéï



vendredi 25 octobre 2013

LES REVOLTES DE L'AN 2000 (¿Quién puede matar a un niño? / Who can kill a child ?)

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinaff.com

de Narciso Ibanez Serrador. 1976. Espagne. 1h50. Avec Lewis Fiander, Prunella Ransome, Antonio Iranzo, Miguel Narros, Maria Luisa Arias, Marisa Porcel, Juan Cazalilla.

Récompense: Prix de la Critique à Avoriaz, 1977

Sortie salles France: 2 Février 1977. Espagne: 26 Avril 1976

FILMOGRAPHIE: Narciso Ibanez Serrador est un scénariste, producteur et réalisateur uruguayen, né le 4 Juillet 1935 à Montevideo (Uruguay).
1969: La Résidence. 1976: Les Révoltés de l'An 2000 



Longtemps resté inédit en Dvd en France, les Révoltés de l'An 2000 est une perle rare d'un cinéaste discret natif d'Espagne, bien qu'ayant déjà ébranlé les cinéphiles avec un premier chef-d'oeuvre de perversité gothique, la RésidenceSur une petite île, un couple de vacanciers doit affronter une ribambelle d'enfants tueurs. Cette trame aussi linéaire qu'improbable s'érige sous la caméra de Narciso Ibanez Serrador en acmé d'effroi de par sa tension éprouvante. La force incisive de ce cauchemar hermétique émanant de son thème lié à l'enfance meurtrie et de sa mise en scène alerte réfutant la moindre gaudriole grand-guignol ! A l'instar de son générique abominable laissant défiler des images d'archives de crimes de guerre perpétrés contre eux ! Cette introduction hautement dérangeante est une illustration barbare de ce que l'humanité peut envisager de pire sur leur progéniture en cas de génocide ! Passé cette turpitude, le film va y extraire une fable contestataire auprès de ces bambins motivés à passer à l'action du talion contre la cruauté de l'homme !


Quoi de plus banal qu'un garçonnet innocent batifolant avec ses fidèles camarades au sein d'une ruelle ! Sauf qu'en l'occurrence, leur environnement insulaire duquel ils sont originaires est épargnée de moindre présence parentale ! Ainsi, à travers un sens du suspense lattent et la confection avisée du climat de mystère, le réalisateur tisse une toile d'araignée autour d'un couple d'itinérants complètement désorientés par le mutisme pesant des citadins. Pour autant, c'est parmi le témoignage de deux survivants qu'ils vont pouvoir mesurer la gravité du danger ! Si bien qu'ici, les bambins fripons à la bouille angélique tuent sans la moindre hésitation tout étranger majeur ! Outre le fait que l'hostilité meurtrière provient de ces chérubins à tête blonde, aucune justification nous est divulguée pour leurs exactions vengeresses ! (même si on peut suggérer qu'ils se transmettent leur haine par télépathie). Ainsi, ce refus d'explication rationnelle augmentera le malaise diffus que le spectateur perçoit avec aigreur, quand bien même l'apparence "anodine" des enfants nous embrigade dans une situation de grande impuissance. Et donc, cet enjeu de survie que le couple devra déjouer désespérément s'avère d'autant plus malsain que la rigueur qui y émane les contraint de riposter avec une violence intolérable. Néanmoins, on en dira de même des enfants goguenards capables d'exercer des sévices indécents contre l'étranger (le vieillard battu à mort à l'aide d'un bâton, le jeu de la serpe sur cette même victime, la défunte déshabillée par des enfants ricaneurs, le lynchage collectif du père que sa fille eut provoqué). De par son âpre réalisme ainsi qu'une dimension psychologique davantage éprouvante, Narciso Ibanez Serrador y élabore une impitoyable descente aux enfers pour la frêle destinée de nos héros. A l'instar de son final nihiliste atteignant une intensité dramatique sans compromis !


Il est né l'enfant du miracle, Héritier du sang d'un martyr.
Inquiétant, dérangeant, effrayant et d'une cruauté inouïe, Les Révoltés de l'an 2000 constitue une épreuve de force d'une rare puissance émotionnelle et d'évocation (à l'image insensée du foetus exterminant de l'intérieur de l'abdomen sa propre génitrice, il fallait oser pareille idée tordue ! ). Ainsi, l'originalité burnée de son scénario, la rigueur de son climat désespéré et le jeu étrangement naturel des bambins n'auront jamais été aussi convaincants pour transcender la thématique de l'enfant tueur ! Et si un jour leur révolte aurait lieu, serions nous capables d'enrayer pareille menace planétaire ?

Note: Faute d'une violence jugée pénible, la Finlande et l'Islande ont interdit le film dans leur contrée.

*Bruno
25.10.13. 3èx

La critique de Mathias Chaputhttp://horrordetox.blogspot.fr/2011/07/les-revoltes-de-lan-2000-de-narciso.html
La critique deThierry Carterethttp://www.arkepix.com/kinok/DVD/SERRADOR_Narcisso/dvd_revoltesan2000.html