mardi 20 mai 2014

Link. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 86.

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

de Richard Franlin. 1986. Angleterre. 1h46 (2h05 version longue). Avec Elisabeth Shue, Terence Stamp, Kevin Lloyd, Steven Garnett, David O'Hara, Joe Belcher.

Sortie salles France: 5 Mars 1986

FILMOGRAPHIE: Richard Franklin est réalisateur et producteur australien, né le 15 Juillet 1948 à Melbourne (Australie), décédé le 11 Juillet 2007. 1972: Belinda. 1973: Loveland. 1975: The True Story of Eskimi Nell. 1976: Fantasm. 1978: Patrick. 1981: Déviation Mortelle. 1983: Psychose 2. 1984: Cloak and dagger. 1986: Link. 1991: FX 2, effets très spéciaux. 1994: Un Agent très spécial (télé-film). 1995: Hotel Sorrento. 1996: Brillliant Lies. 1997: One way Ticket (Télé-film). 1999: Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle: la découverte (télé-film). 2003: Visitors.


Hit vidéo des années 80 déjà réputé par son Prix Spécial du Jury à Avoriaz, Link emprunte la thématique du singe tueur sous le moule de la série B. A juste titre, car ce slasher simiesque rondement mené ne démérite pas de par son originalité et l'efficacité d'une mise en scène aussi nerveuse qu'inventive. Le pitch: Une étudiante en zoologie est engagée comme stagiaire au sein de la villa du professeur Phillip. A l'arrivée, elle fait la connaissance de deux chimpanzés et de l'orang-outang, Link, faisant office de majordome. Après avoir passé une première journée houleuse parmi l'autorité acariâtre de son propriétaire, Jane Chase se retrouve isolée dans sa demeure en son absence inexpliquée. Toujours plus inquiète, elle finit par se rendre à l'évidence qu'un incident a intenté à la vie du professeur et doit se confronter à l'hostilité toujours plus insolente de Link. Divertissement intelligent dénonçant l'exploitation de l'homme sur le primate à des fins scientifiques (ce dernier pourra-il un jour transcender l'intelligence de l'homme ?), Link renouvelle les codes du slasher et du survival avec une vitalité inspirée. De par la vigueur d'une réalisation virtuose multipliant travellings aériens et exploitant à merveille les recoins du huis-clos, par la construction d'une dramaturgie toujours plus oppressante et par l'interprétation spontanée de la débutante Elisabeth Shue épaulé d'un orang-outang aussi ambigu qu'inquiétant.


Par conséquent, la grande réussite de ce jeu du chat et de la souris intenté entre une jeune fille et un singe émane inévitablement du jeu étonnamment crédible de ce dernier. Link, orang-outang en pleine ascension de maturité, décidant de se rebeller et de se venger de l'autorité de son maître après avoir décelé qu'il était voué au sacrifice. Mais la manière subtile dont Richard Franklin inculque le jeu de la comédie auprès de l'animal s'avère véritablement troublante si bien que ce dernier véhicule une présence particulièrement ombrageuse auprès de son regard sournois et de son comportement autonome livré à la provocation (il est accoutré d'un costard et fume le cigare afin de mieux dévoiler sa suprématie !). Retranchée dans la grande propriété, Jane Chase devra donc user de stratagème et de persévérance afin de se défendre contre son autorité meurtrière. L'intrigue habilement structurée distillant de prime abord un climat d'inquiétude lattent lorsque l'héroïne doit démystifier l'absence prolongée du professeur et assurer le maintien de l'ordre parmi l'insolence des trois primates. Mais c'est après avoir compris le caractère frondeur et nuisible de Link qu'un jeu perfide de domination s'installera entre les deux adversaires, quand bien même quelques invités surprises feront les frais de leur soudaine intrusion. L'action s'avérant ensuite toujours plus effrénée, criminelle et intense du fait de l'agressivité toujours plus véloce de l'animal envers l'étranger (avec une course poursuite anthologique entre Link et le duo de survivants !).


Conçu sur le caractère palpitant du survival multipliant sans répit péripéties et chausse-trappes après nous avoir habilement caractérisé la relation des personnages scientifiques, Link adopte la franchise du divertissement avec efficacité, originalité et intelligence. Son caractère irrésistiblement ludique étant notamment scandé du score de Jerry Goldmisth privilégiant les accents fantaisistes afin d'ironiser sur la prédominance du tueur simiesque. Avec une ultime image en suspens en guise d'épilogue sardonique.

RécompensePrix Spécial du Jury, Avoriaz 1986

*Eric Binford
27.01.22. 5èx. Version Longue, vostfr



lundi 19 mai 2014

Le Dernier Testament / Testament

   Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Lynne Littman. 1983. U.S.A. 1h28. Avec Jane Alexander, William Devane, Rossie Harris, Roxana Zal, Lukas Haas, Philip Anglim, Lilia Skala.

Sortie salles France: 13 Juin 1984. U.S: Novembre 1983

FILMOGRAPHIE: Lynne Littman est une réalisatrice, scénariste et productrice, née le 26 Juin 1941 à New-York, USA. 1973: In the Matter of kenneth. 1980: Once a Daughter. 1983: Le Dernier Testament. 1999: Freak City (télé-film). 1999: Having our say: the delanys sister's 100 years (télé-film).


Sorti la même année que Le Jour d'Après de manière autrement confidentielle, Le dernier Testament prend le contre-pied du trauma post-apo de Nicholas Meyer pour décrire les effets collatéraux d'une bombe nucléaire sur la population civile. Si bien qu'ici, point de catastrophe spectaculaire et de visions morbides de victimes décharnées sous les effets radioactifs, Lynne Littman optant la sobriété afin de mettre en exergue la fragilité humaine de sa tragédie. Ainsi, dans une petite banlieue de San Francisco, les habitants sont soudainement avertis d'un message télévisuel leur indiquant que des engins nucléaires viennent d'exploser sur leur territoire. Une mère de famille, dont l'époux vient de s'absenter, tente de préserver ses enfants quand bien même le nombre de victimes commence à progresser. Inédit en Dvd (tout du moins à ce jour du 01.06.23), Le Dernier Testament est une modeste production aussi méconnue que l'identité de sa réalisatrice mais qui s'avère pourtant digne d'intérêt de par sa puissance dramatique littéralement intolérable. Car en privilégiant à tous prix la force de suggestion au mépris de l'esbroufe,  Lynne Littman dénonce les effets dévastateurs de la bombe nucléaire avec une pudeur émotive forçant le respect. 


Si bien qu'ici point de pathos pour nous bouleverser d'une situation aussi catastrophiste (bien que cette bourgade de San Francisco n'eut jamais été directement touchée par une explosion !) mais une retenue à imposer un sentiment de désespoir inscrit dans la constance, la décence, lé résilience au sein de l'unité familiale. Par conséquent, ce qui intéresse surtout l'auteur, c'est le cheminement courageux d'une mère de famille pour préserver la vie de ses trois enfants avec son refus de s'y morfondre lorsque ses proches sont voués à l'inévitable. De par son destin galvaudé, la réalisatrice brosse un superbe portrait maternel où accablement et lutte pour l'espoir ne cessent de s'entrechoquer à l'aide d'une dimension humaine davantage difficilement supportable. Car rendue garante depuis l'absence professionnelle de son mari, Carol tente de relever tous les défis moraux pour survivre après les effets secondaires de la radiation. Ainsi, en jouant la carte de l'intimisme la plus prude et laconique, Lynne Littman nous fait pénétrer dans la loyauté de cette famille parmi la responsabilité infantile car y accordant une belle place pour leur solidarité de dernier ressort. Qui plus est, ce qu'il y a d'inévitablement bouleversant, implacable, puis déchirant à travers ce chemin de croix tragique, c'est d'observer en toute impuissance le calvaire psychologique d'une mère toujours plus accablée par la mort de ses progénitures. Et de compter sur le souvenir, la foi (après l'avoir dénigré), la filiation, le soutien, et surtout la rigueur mentale afin d'y tolérer coûte que coûte cet inépuisable fardeau en dépit de l'idée défaitiste de tentative de suicide.


A la fois Bouleversant, déchirant et traumatisant par sa dureté rubigineuse, son refus de concession et sa cruauté irréversible; éprouvant par son climat (subtilement) moribond sous l'impulsion d'un acting remarquable de dignité (Jane Alexander force l'admiration à travers son épreuve de force interminable au point de nous arracher les larmes de délivrance); Le Dernier Testament est un douloureux réquisitoire contre l'holocauste nucléaire inscrit dans une pudeur humaine à fleur de peau. Une oeuvre foncièrement sensible et fragile dédiée au sens de la famille à redécouvrir fissa afin de témoigner de son exceptionnelle rigueur émotionnelle au gré d'une narration programmée (sciemment prévisible) allant droit à l'essentiel. Si bien que son pouvoir dramatique en crescendo demeure aujourd'hui rigoureusement intact.

*Bruno
4èx vostf

jeudi 15 mai 2014

PONTYPOOL

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Brice McDonald. 2008. Canada. 1h35. Avec Stephen McHattie, Lisa Houle, Georgina Reilly, Harant Alianak, Rick Roberts, Daniel Fathers.

Sortie salles France (l'Etrange Festival): 5 Septembre 2010. Canada: 6 Septembre 2008 (Festival de Toronto).

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Bruce McDonald est un réalisateur, producteur, acteur, scénariste et monteur canadien né le 28 Mai 1959 à Kingston, dans l'Ontario, Canada.
1989: Roadkill. 1996: Hard Core Logo. 1997: Platinum (télé-film). 2007: The Tracey Fragments. 2008: Pontypool. 2010: Ma Babysitter est un vampire.


Inédit en salles, en dehors de sa sélection dans certains festivals, Pontypool est donc passé discrètement par la case Dtv parmi l'entremise d'un bouche à oreille plutôt élogieux ! A partir du concept en vogue du film d'Infectés (et/ou de Zombies, on ne sait plus trop ce qu'il en est !), cette série B de facture visuelle très "Carpenter" (format scope, unité de lieu et de temps, comédiens hyper photogéniques) est un ovni d'une audace inouïe dans sa manière d'aborder le thème éculé. Au sein d'une station de radio, l'animateur Grant Mazzie et ses deux standardistes diffusent leur programme traditionnel quand l'un de leur collaborateur parti en reportage décrit par téléphone un évènement des plus improbables ! Une horde de patients ont encerclé le cabinet de leur médecin et se comportent comme des déments atteints de cannibalisme ! C'est le début d'une nuit de cauchemar que nos animateurs vont de tenter de déjouer à l'aide de leur propre dialecte ! Amateurs de bizarreries saugrenues imprégnées d'ironie, préparez vous à suivre une expérience hors du commun dans ce huis-clos anxiogène où la menace externe s'avère aussi singulière qu'incompréhensible. Du moins, c'est ce que laisse penser la première partie du film, non exempt de bavardages un peu rébarbatifs afin de distiller une ambiance d'inquiétude latente.


Imaginez le contexte aussi grotesque qu'invraisemblable ! Un nouveau virus d'origine inconnue s'empare de l'esprit des citadins par l'entremise du dialecte oral ! Je m'explique : dès que vous prononcez certains mots spécifiques durant vos conversations (prioritairement les plus affectueux), une menace invisible s'infiltre en vous pour prendre possession de votre cerveau et vous plonger dans une folie meurtrière incontrôlée ! Subitement atteint de démence, et répétant incessamment le mot contaminé, vous devenez une sorte de zombie gesticulant à répétition nombre de divagations, et vous vous empressez d'écouter les paroles de vos voisins afin de vous transmettre le germe ! Réfugiés dans une station de radio, nos trois héros vont donc tenter de se prémunir contre cette menace en évitant de bavasser entre eux, quand bien même, dehors, une foule de quidams enragés commencent à encercler leur station ! Face à cette situation cauchemardesque et apocalyptique (dehors, les incidents en masse se multiplient !), ils vont peu à peu se laisser gagner par la paranoïa et s'efforcer de se réfugier dans le mutisme ! Alors que l'une des standardistes était préalablement infectée, ils vont également s'employer à déchiffrer un remède pour s'y protéger et par la même occasion désinfecter la population ! Réussir à retranscrire une situation improbable dans le domaine du crédible, c'est ce qu'à réussi à entreprendre son réalisateur avec l'alibi de la satire et de la complicité de solides comédiens. Avec l'efficacité du pouvoir de suggestion, Bruce McDonald réussit notamment à distiller une ambiance d'étrangeté toujours plus insaisissable et un climat d'angoisse subtilement diffus afin de faire plonger le spectateur dans l'aberration ! La poésie, l'oxymore et le sens des mots, leur incohérence et effet de contradiction nous plongeant toujours plus dans une situation de psychose !


Parlez vous français ?
Avec pas mal d'ironie et nombre d'idées aussi retorses que débridées, Pontypool ressemble à s'y méprendre à un épisode long format de la 4è dimension. Indubitablement, il ne plaira pas à tous, l'action et le gore s'avérant quasiment absents et son rythme plutôt languissant. Mais la manière atypique dont le cinéaste aborde son sujet, l'effet de surprise inopiné qui en découle et surtout sa crédibilité qu'il réussit finalement à cristalliser redorent la symbolique du film culte ! Une expérience hors-norme faisant office de farce sarcastique et qui ne peut laisser indifférent quelque soit l'opinion encourue ! 

Bruno Matéï
2èx

mercredi 14 mai 2014

THE LOST

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site nerdalors.fr

de Chris Sivertson. 2005. U.S.A. 1h59. Avec Marc Senter, Shay Astar, Alex Frost, Megan Henning, Ed Lauter, Robin Sydney, Michael Bowen, Dee Wallace-Stone.

Sortie salles U.S: 18 Mars 2008. Sortie Dvd France: 4 Mars 2009

FILMOGRAPHIE: Chris Sivertson est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
2001: All Cheerleaders Die (co-réalisateur). 2006: The Lost. 2006: The Best of Robbers. 2007: I know who killed me. 2011: Brawler. 2013: All Cheerleaders Die.


Premier long, premier coup de maître par l'auteur du méjugé I Know who killed me ! (les Razzie Awards s'en souviennent encore !). Inédit en salles chez nous, The Lost est le genre de péloche sortie de nulle part (bien que tirée d'un roman de Jack Ketchum et produit par Lucky McKee !), vous laissant en état de collapse sitôt le générique écoulé ! Un concentré de violence et d'adrénaline que Chris Sivertson maîtrise avec dynamisme dans sa mise en scène expérimentale exploitant notamment l'architecture d'appartements au design moderne (teintes rouges criardes et noir profond contrastent avec le psyché névrosé du tueur). Autant dire que le réal est plutôt inspiré à fignoler une bande d'ultra-violence méchamment sardonique dans son concept jusqu'au-boutiste à dépeindre le comportement d'un marginal sans vergogne. Il faut dire que ce portrait sulfureux est largement privilégié par la présence magnétique de Marc Senter. Affublé de vêtements ténébreux et maquillé de noir sous les yeux, l'acteur impose une présence new-wave exubérante et véhicule une palette d'émotions contradictoires face à la gente féminine, car alternant accalmies de tendresse et accès de démence ! Le soir d'un feu de camp, Ray Pye et un couple d'amis (des ados paumés trop influençables !) abordent près d'un étang deux jeunes inconnues. Il décide de s'en débarrasser en les assassinant d'un coup de fusil. Quatre ans plus tard, Ray et ses complices restent en liberté car n'ayant pas été incriminés, mais un inspecteur sur le qui-vive commence à suspecter le comportement effronté du jeune leader.  


C'est une descente aux enfers que nous convie Chris Sivertson à travers le portrait d'un sociopathe rongé d'égotisme et de jalousie obsessionnelle envers les femmes. Phallocrate indécrottable, junkie à la petite semaine, ses seules occupations tournent autour du sexe, de la drogue et de l'alcool. Outre sa flânerie quotidienne, sa convoitise principale est d'asservir les minettes insouciantes en accumulant les conquêtes jusqu'au jour où l'une d'elles décide de lui tenir tête afin de se rebeller ! La peinture réaliste que le réalisateur projette à travers une paisible banlieue ricaine est notamment hétérodoxe car elle dévoile une population politiquement incorrecte (à l'instar de la relation non assumée qu'un sexagénaire entretient avec une fille de 18 ans !) où la jeunesse inculte, en quête de coqueluche, est livrée à l'abandon. Dans l'art de conter son récit et une montée progressive de la tension, Chris Sivertson distille une ambiance malsaine d'autant plus vénéneuse du fait du comportement pervers de Ray Pye. Ses jeux de drague improvisés avec des potiches écervelés et surtout sa nouvelle aventure entamée avec une compagne versatile nous place dans une situation inconfortable, sachant que cette dernière voue une fascination morbide pour ce bad boy burné ! Et il aura fallu une contre-attaque féminine pour que ce dernier pète un plomb et se transforme en ange de la mort afin d'accomplir son dernier baroud d'honneur !


Orange Mécanique
Transgressif, malsain et hystérique, The Lost provoque remous et effroi face à l'autorité erratique d'un faux rebelle en pleine crise rancunière. La manière caustique dont Chris Sivertson brode son portrait est notamment privilégié par la vigueur d'un montage redoutablement percutant et l'interprétation hallucinée de Marc Senter (son personnage symbolise une bombe à retardement !). L'explosion de violence finale qui émane de la frustration du tueur risque sévèrement de vous ébranler la rétine car elle déploie la férocité gratuite d'un tempérament capricieux gagné par l'omnipotence. Une satire au vitriol en somme d'un rejeton criminel de nos sociétés modernes, traversée d'une BO rock endiablée !

Pour public averti !

Bruno Matéï
2èx

Le point de vue de Mathias Chaput:
Alors que l’on commençait à assister à une popperisation scénaristique de la part des métrages sortis outre Atlantique, « The Lost » arrive à point nommé et tombe à pic pour redorer le blason des productions « Mi underground – mi entertainment grand public ».
Ce qui frappera d’abord le spectateur, c’est la qualité de la mise en scène !
Des trouvailles incroyables tout le long du film, des comédiens impliqués comme rarement dans leurs rôles, une puissance émotionnelle et un jeu émotif décuplés de manière glaçante, on sent bien que rien n’a été laissé au hasard…
Le personnage principal de Ray surdimensionne l’aspect de dangerosité du psychopathe qu’il incarne, et le réalisateur dresse un portrait sans compromis ni fioritures d’une certaine Amérique, un peu à la manière de Wes Craven dans « The last house on the left » sorti trois décades auparavant, mais en beaucoup mieux et plus pervers !
Ici toutes les conventions et les codes précédemment instaurés volent complètement en éclat !
Un flic presque pédophile d’une soixantaine d’années qui couche avec une lycéenne à peine majeure, des jeunes désoeuvrés et totalement hors parcours, l’alcool, la cocaïne et la dépravation sont légions et ce, en permanence !
Des plans-séquences incroyables de maitrise technique, des travellings graciles et un déroulement scénaristique crescendo confèrent sans nul doute à faire se différencier « The Lost » des autres œuvres…
Il ne s’apparente à aucune autre mais se vit comme une expérience, non sans un certain malaise, certes, mais au final sans grandiloquence ni complaisance, et après tout ? N’est ce pas cela que l’on attend d’un film de ce genre ?
Quant aux vingt dernières minutes, je vous préviens tout de suite, ça déménage !
Pas un temps mort, pas une once de pitié, mais plutôt une approche de la psychopathie et de la pathologie d’un serial killer, magnifiée par des coups d’éclats abrupts dans un déchainement d’ultra violence !
LE film dont les Etats Unis avaient besoin pour « déflétrir » un style qui devenait exsangue et famélique…
Une petite bombe à visionner impérativement pour tout fan aguerri en la matière !
10/10
Dédicace à Pierre et Bruno

mardi 13 mai 2014

LA REINE MARGOT. Prix du Jury à Cannes, 1994

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Patrice Chéreau. 1993. France/Allemagne/Italie. 2h38 (version intégrale). Avec Isabelle Adjani, Vincent Perez, Jean Hugues Anglade, Daniel Auteuil, Virna Lisi, Dominique Blanc, Pascal Gregory, Claudio Amendola, Miguel Bosé, Asia Argento, Julien Rassam, Jean-Claude Brialy, Jean-Philippe Ecoffey, Thomas Kretschmann, Bruno Todeschini, Emmanuel Salinger.

Sortie salles France: 11 Mai 1994

FILMOGRAPHIE: Patrice Chéreau est un réalisateur, scénariste, acteur, metteur en scène d'opéra et de théâtre français, né le 2 Novelmbre 1944 à Lézigné (Maine-et-Loire), décédé le 7 Octobre 2013 à Clichy (Hauts-de-Seine).
1974: La Chair de l'orchidée. 1978: Judith Therpauve. 1983: L'Homme Blessé. 1987: Hôtel de France. 1991: Contre l'oubli. 1994: La Reine Margot. 1998: Ceux qui m'aiment prendront le train. 2000: Intimité. 2003: Son Frère. 2005: Gabrielle. 2009: Persécution.


Deux millions de spectateurs en salles ! En redécouvrant le film, c'est à se demander comment une oeuvre historique aussi mortuaire ait pu rassembler autant de monde ? Car La Reine Margot fait office de pavé dans la mare dans notre paysage audiovisuel (il s'agit bien d'une oeuvre historico-horrifique !), d'où les critiques mitigées de l'époque, et en dépit de son Prix du Jury décerné à Cannes. Car il faut bien l'avouer, et avertir notamment un public non averti, La Reine Margot incombe au vertige, au malaise viscéral et sous-jacent, car l'oeuvre toute entière transpire le sang et les larmes dans un conflit de religions. Autour de cette reine volage adulée par les hommes, la mort règne par des complots politiques et trahisons compromis au sein même de sa famille.
1572. La guerre de religions entre catholiques et protestants fait rage. Afin de réconcilier les Français, Catherine de Médicis décide de marier sa fille, la catholique Marguerite de Valois, la "reine Margot", avec le protestant Henri de Navarre, le futur roi Henri IV. Au cours de la nuit de la Saint-Barthélemy, alors que le sang coule à flot dans les rues de Paris, la "reine Margot" sauve du massacre le seigneur de la Môle. Entre Margot la catholique et le protestant la Môle naît une passion qui fera basculer leurs destins.


Toute cette débauche sanglante au cours duquel Margot témoigne en impuissante lui permet de s'initier lentement à la tolérance et la compassion, elle qui n'accordait au préalable qu'intérêts pour sa personne et sa beauté. A travers ses conflits religieux incessants et sa passion amoureuse avec le protestant la Môle, Marguerite de France évolue brusquement dans un univers barbare plein de bruit et de fureur où mensonges et trahisons n'auront de cesse de lui nuire afin de provoquer la mort auprès des siens. C'est aussi le portrait d'une famille inscrite dans l'hypocrisie pour la soif de pouvoir que nous relate passionnément Patrice Chéreau, quand bien même les trois frères de Margot sont épris d'un amour incestueux. D'ailleurs, au sein de ces jeux de manigance et de raison d'état menés par sa propre mère, Charles IX en subira malencontreusement les frais lors d'un empoisonnement à l'arsenic restée dans toutes les mémoires. Avec réalisme, le réalisateur insiste sur la déchéance physique de la victime, l'homme suintant de sang car condamné à une lente agonie, et se résignant en dernier ressort à trouver réconfort dans les bras de sa soeur. Si Patrice Chéreau nous avait déjà préalablement impressionné lors du massacre de la Saint-Barthélémy en sublimant un climat de folie particulièrement baroque (choeurs religieux à l'appui !), l'empoisonnement de Charles IX nous impose un malaise aussi viscéral que vertigineux. Et d'enfoncer le clou de la poésie morbide et de la poisse familiale lors d'un final dépressif SPOILER !!! où Marguerite de Valois repartira esseulée en compagnie d'un macabre souvenir ! fin SPOILER


La mariée sanglante
Baroque et exubérant (à l'instar du jeu erratique de Jean-Hugues Anglade !), macabre et fétide, La Reine Margot fascine et répulse à la fois par son atmosphère funèbre prédominante et la présence iconique d'une Adjani entachée de sang. Sa distribution prestigieuse (dont moult figurants en costume dominicain), ses décors d'architecture flamboyante et sa mise en scène ambitieuse configurent un film malade inscrit dans la dégénérescence d'une affaire familiale. On pardonne donc facilement ses quelques longueurs et bavardages redondants (du moins dans la version de 2h38 !) et on préserve en mémoire le portrait sinistré d'une mariée sanglante repentie dans la prudence et la solitude. 

Récompenses: Prix du Jury, Cannes 1994
Prix d'Interprétation féminine: Virna Lisi.
César de la Meilleure Actrice: Isabelle Adjani.
César du Meilleur Second Rôle Masculin: Jean-Hugues Anglade
César du Meilleur Second Rôle Féminin: Virna Lisi
César de la Meilleure Photographie: Philippe Rousselot
César des Meilleurs Costumes: Moidele Bickel

Bruno Matéï
2èx



    vendredi 9 mai 2014

    LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI (Las brujas de Zugarramurdi)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Alex De La Iglesia. 2013. Espagne. 1h52. Avec Javier Botet, Mario Casas, Carmen Maura, Hugo Silva, Carolina Bang, Macarena Gomez.

    Sortie salles France: 8 Janvier 2014. Espagne: 27 Septembre 2013

    FILMOGRAPHIE: Álex de la Iglesia, de son vrai nom Alejandro de la Iglesia Mendoza, est un réalisateur, scénariste et producteur de film espagnol né le 4 Décembre 1965 à Bilbao (Espagne).
    1992: Action mutante, 1996: Le Jour de la bête, 1997: Perdita Durango, 1999: Mort de rire, 2000: Mes Chers Voisins, 2002: 800 Balles, 2004: Le Crime Farpait, 2006: La Chambre du Fils (segment), 2008: Crimes à Oxford, 2010: Balada Triste. 2013: Les Sorcières de Zugarramurdi.


    Trois ans après son chef-d'oeuvre Balada Triste, Alex de la Iglesia se permet de souffler un peu avec Les Sorcières de Zugarramurdi en nous proposant aujourd'hui une récréation conçue sur la fantaisie et la gestuelle des protagonistes avant de peaufiner un scénario des plus modestes. Comédie fantastique menée à 100 à l'heure par des comédiens en émoi et au charisme cartoonesque, ces sorcières venues d'Ibérie relance la tradition du rituel avec exubérance et idéologie féministe. Avant d'atteindre la frontière française, trois braqueurs et le fils de l'un d'eux sont kidnappés par un trio de sorcières au sein de leur demeure. Au même moment, deux policiers et l'ex femme d'un braqueur essaient de retrouver leur trace. Avant l'arrivée des invités pour la grande cérémonie, nos otages vont tenter de s'y échapper avant de périr sur le bûcher.  


    Un pitch des plus simplistes pour un fil narratif sans véritable surprise qu'Alex De La Iglesia outrepasse avec sa traditionnelle insolence dans son lot de quiproquos et situations délirantes. Jouant beaucoup sur l'extravagance des personnages (notamment deux apparitions surprises aussi décharnées que gargantuesques !) et le look criard des sorcières (elles crèvent littéralement l'écran dans leur physionomie ensorceleuse et on peut mentionner la posture ultra sexy de la jeune Carolina Bang !), le réalisateur élabore un carnaval frénétique où les décors gothiques (la demeure des sorcières) ou caverneux (le repère de la grotte) en imposent autant dans leur esthétisme flamboyant ! Conçu comme une véritable guerre des sexes où tout le monde en prend pour son grade (principalement les hommes !) et se rejette la faute sans pouvoir déclarer forfait, Les Sorcières de Zugarramurdi nous propose un spectacle épique quand les forces du Mal se déchaînent contre la cause masculine. Démarrant sur les chapeaux de roue avec un braquage parodique des plus effrénés (véritable moment d'anthologie !), le film va quasiment adopter cette ligne de conduite décomplexée quand nos protagonistes vont user de bravoure et d'audaces afin de s'épargner les châtiments des sorcières, et avant que l'une d'elles ne succombe brusquement au coup de foudre ! Parfois empreint de lyrisme (la sublime messe musicale de la confrérie !), Alex De La Iglesia fignole avec souci du détail un univers aussi féticheur qu'onirique culminant avec l'apparition dantesque d'une divinité matriarche.


    Femmes au bord de la crise de nerf !
    Si l'intrigue aurait gagné à être mieux charpentée et que sa frénésie déployée ne s'avère pas aussi probante que dans ses oeuvres les plus notoires, Alex De La Igesia est suffisamment insolent, imaginatif et provocateur pour remédier ses lacunes et mettre en exergue une fantaisie endiablée inscrite dans l'inégalité des sexes. Un conflit de pouvoir où misandres et phallocrates se disputent la victoire dans la rancune et l'esprit de sédition. Une manière sarcastique pour Iglesia de se railler des rapports masochistes du couple quand l'amour est partagé entre désir de soumission / domination. Que la fête commence !

    Bruno Matéï 

    jeudi 8 mai 2014

    SILENT RUNNING

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Douglas Trumbull. 1972. U.S.A. 1h29. Avec Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin, Jesse Vint, Steve Brown.

    FILMOGRAPHIE: Douglas Trumbull est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 8 Avril 1942 à Los Angeles.
    1972: Silent Running. 1978: Night of Dreams. 1983: Brainstorm. 1983: Big Ball. 1983: New Magic. 1985: Let's go. 1985: Tour of the Universe. 1989: Leornardo's Dream. 1990: To Dream of Roses. 1993: In Search of the Obelisk. 1996: Luxor Live. 1996: Theater of Time.


    Echec public lors de sa sortie mais largement plaidé par la critique, Silent Running est la première réalisation de Douglas Trumbull, également responsable des effets visuels de 2001, Rencontres du 3è Type, Star Trek, Blade Runner et récemment The Tree of Life de Malick. Bien avant l'excellent Brainstorm, le cinéaste avait déjà tâté de la science-fiction pour dépeindre une diatribe envers la préservation de notre écologie terrestre. En 2001, le monde a réussi à déjouer le chômage en détruisant une grosse partie de la faune et de la flore. A l'aide d'une bombe nucléaire, l'état américain décide finalement de se débarrasser des dernières ressources végétatives. Dans l'espace, un vaisseau spatial reste l'unique refuge d'une forêt artificielle que le botaniste Freeman Lowell tente de préserver amoureusement sous des dômes. Contraint de les détruire par ordre de ses supérieurs, il décide d'enfreindre la loi mais doit d'abord se débarrasser de ses trois coéquipiers. Avec l'aide de ses androïdes ménagers, il tente de refonder un semblant de vie sous son île et en dépit d'une profonde solitude.


    Anticipation pessimiste fustigeant le comportement inconscient de nos civilisations modernes, Silent Running est un cri d'alarme envers la protection de la nature. A travers la passion d'un botaniste replié sur lui même car incapable de pouvoir compter sur l'entraide de ses compères, Freeman Lowell ira jusqu'à commettre l'irréparable afin de préserver son jardin naturel et la faune qui y coexistent. Ce passage à l'acte criminel qu'il ne pourra jamais se pardonner est avant tout le cri de désespoir d'un homme réduit à la solitude car incapable de réveiller les consciences pour la préservation de la biosphère qu'un créateur nous aura confié. Avec une grande simplicité et beaucoup de poésie (toutes les séquences intimistes impliquant Freeman et les deux robots, notamment dans sa fonction d'éducateur), Douglas Trumbull nous relate le bouleversant témoignage d'un homme reclus au fond de l'espace et ayant comme seules compagnies trois minis androïdes doués de sensibilité. Ce sentiment d'isolement, ce climat mélancolique qui imprègnent tout le récit se répercutent avec une force imparable sur notre conscience, en espérant ne jamais témoigner d'un futur aussi déshumanisé ! Les morceaux musicaux chantonnés par Joan Baez et surtout l'interprétation poignante de Bruce Dern exacerbent cette notion tragique où l'issue d'espoir s'avère des plus restreintes. L'acteur exprimant avec beaucoup d'humanisme une amertume profonde quant à l'insanité d'une société préconisant indifférence d'autrui, profit économique et irrespect de l'environnement.


    D'une émotion fragile, à l'image de notre héros condamné à l'errance, à la contrition et au sacrifice, Silent Running constitue un poème d'amour fou envers la préservation écologique, tout en mettant en garde les dangers du progrès technologique. Il en émane un moment de cinéma épuré à la mélancolie bouleversante, à l'instar de sa dernière image gravée dans les mémoires Spoiler ! (la solitude du robot attelé à entretenir un dernier bout de forêt véhicule un onirisme fragile !). Fin du Spoiler

    BM
    2èx

    mercredi 7 mai 2014

    ENEMY (An Enemy)

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site care2.com

    de Denis Villeneuve. 2013. Canada/Espagne. 1h35. Avec Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Isabella Rossellini, Sarah Gadon, Jane Moffat, Joshua Peace.

    Sortie salles U.S: 9 Janvier 2014

    FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières.
    1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners.


    Réalisé la même année que Prisoners mais finalisé en amont, Enemy relate la confrontation ambiguë d'un professeur d'histoire avec son propre sosie, un acteur de cinéma prénommé Anthony. Alors que ce dernier s'avère affirmé et plutôt volage avec sa femme, Adam, lui, est inversement timoré et sexuellement contrarié par l'attitude versatile de sa compagne. Fasciné par la ressemblance avec son double, Adam décide de rencontrer l'épouse d'Anthony sans l'avertir.


    Ce résumé elliptique n'est qu'une ébauche d'un thriller aussi tortueux qu'une expérience schizo de David Lynch. Principalement dans l'ambiance impénétrable au cours duquel nos personnages évoluent, leur expression chargée de non-dits et de comportements indécis ne faisant qu'amplifier un sentiment de malaise sous-jacent. Avec souci esthétique dans l'architecture d'une cité urbaine tentaculaire, Denis Villeneuve nous invite à une descente aux enfers où la suggestion de la mise en scène bouscule nos habitudes pour nous entraîner vers une expérience introspective. Celle de scruter les états d'âme de deux hommes en contradiction morale et de tenter d'y comprendre leurs tenants et aboutissants intimistes ! Si de prime abord, le film peut dérouter par son aspect austère et dépressif réfutant la conformité, Enemy insuffle au fil de son cheminement psychologique une attention de plus en plus affirmée de notre part. Conçu à la manière d'un dédale schizophrène où deux hommes vont s'affronter afin de récupérer leur propre identité et peut-être sauver leur couple, Enemy oppose le refoulement et la frustration sexuelle lorsque l'adultère interfère au sein du couple. Complexe et spéculatif (le symbole féminin de l'araignée apparaît à trois reprises et semble personnifier la névrose d'un des sosies), Dennis Villeneuve compose un thriller singulier beaucoup trop habile et abstrait pour en saisir toutes ses subtilités au premier visionnage. Emaillé d'indices parfois scrupuleux (écoutez bien certaines lignes de dialogues imparties aux personnages féminins !), le film laisse en exergue un drame psychologique SPOILER !!! sur le moi inconscient, la perte d'identité, l'aliénation, le sentiment de culpabilité et le refus d'assumer ses pêchers. FIN SPOILER


    Formellement étrange dans l'esthétisme sépia d'une cité urbaine chargée de silence, Enemy est notamment habité par le talent magnétique de Jake Gyllenhaal (dans un double rôle interlope) et les présences diaphanes de Mélanie Laurent et Sarah Gordon. Un thriller métaphorique aussi vénéneux que cérébral dans son alliage de mystère diffus. 

    Dédicace à Jenny Winter
    Bruno Matéï

    mardi 6 mai 2014

    DEVIATION MORTELLE (Roadgames)

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site kieranmasterton.tumblr.com

    de Richard Franklin. 1981. 1h41 (version intégrale). Australie. Avec Stacy Keach, Jamie Lee Curtis, Marion Edward, Grant Page, Thaddeus Smith, Steve Millichamp.

    FILMOGRAPHIE: Richard Franklin est réalisateur et producteur australien, né le 15 Juillet 1948 à Melbourne (Australie), décédé le 11 Juillet 2007.
    1972: Belinda. 1973: Loveland. 1975: The True Story of Eskimi Nell. 1976: Fantasm. 1978: Patrick. 1981: Déviation Mortelle. 1983: Psychose 2. 1984: Cloak and dagger. 1986: Link. 1991: FX 2, effets très spéciaux. 1994: Un Agent très spécial (télé-film). 1995: Hotel Sorrento. 1996: Brillliant Lies. 1997: One way Ticket (Télé-film). 1999: Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle: la découverte (télé-film). 2003: Visitors.


    Réalisée entre Patrick et Psychose 2, Déviation Mortelle est une curieuse série B que Richard Franklin élabore à la manière d'un thriller mâtiné de cocasserie. Aujourd'hui sombré dans l'oubli, ce road movie surfe avec efficacité sur un suspense hitchcockien en suggérant les méfaits meurtriers d'un serial-killer sévissant sur les routes australiennes. Témoins de quelques éléments intrigants après s'être assoupi près d'un motel (un sac poubelle reniflé par son chien, une silhouette suspicieuse derrière un rideau), Patrick Quid, chauffeur livreur de viande, décide de suivre à la trace un mystérieux van dont le conducteur pourrait s'avérer le dépeceur d'une jeune fille.


    Tout l'intérêt de l'intrigue se concentre donc sur les supputations du routier persuadé d'avoir campé près du lieu d'un crime et été témoin d'une présence hostile la veille de son voyage. Epaulé de son animal de compagnie, un dingo d'Australie à qui il s'adresse en bavassant, Patrick sillonne les contrés désertiques à bord de son camion afin de retrouver la trace d'un mystérieux véhicule de couleur bleue ! Durant son itinéraire, outre les rencontres impromptues avec des conducteurs zélés (ce qui nous vaut d'ailleurs quelques poursuites automobiles inconscientes) et les autorités de la police pour un contrôle de routine, il aborde notamment deux auto-stoppeuses dont une jeune fille imprudente (Jamie Lee Curtis, sobrement sexy et sensuelle à l'aube de ses 23 ans !). Emaillé de situations cocasses plutôt folichonnes, Richard Franklin joue notamment sur le caractère paranoïaque du chauffeur lorsque ce dernier se persuade d'avoir débusqué le vrai coupable. Jusqu'à la fin (exubérante dans son lot de rebondissements !), le cinéaste s'évertue notamment à semer le doute sur la culpabilité du conducteur de van, quand bien même les forces de police commencent à suspecter le comportement instable du camionneur ! Porté sur les épaules de Stacy Keach, l'acteur réussit pleinement à insuffler de la sympathie à son personnage de routier peu retors (il multiplie les gaffes lors de son périple) mais indéniablement courageux lorsqu'il s'agit d'alpaguer un tueur en série, d'autant que ce dernier se joue un malin plaisir à le faire accuser de ses sévices.


    Mike Hammer et Laurie Strode en perdition !
    Malgré le ton inapproprié d'un score musical aux accents westerniens (! ?), un humour parfois pataud et le côté prévisible de certaines situations, Déviation Mortelle se suit agréablement comme une sympathique curiosité, à l'instar de l'apparition inopinée de Stacy Keach, parfaitement à l'aise dans la peau d'un routier sur le qui-vive !

    Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction !
    Bruno Matéï

    lundi 5 mai 2014

    SPIDER-MAN

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Sam Raimi. 2002. U.S.A. 2h01. Avec Tobey Maguire, Willem Dafoe, Kirsten Dunst, James Franco, Cliff Robertson, Rosemary Harris.

    Sortie salles France: 12 Juin 2002

    FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
    1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


    Premier volet de la trilogie à succès de Sam Raimi, Spider-man peut enfin bénéficier d'une adaptation ciné à la hauteur de la bande dessinée de Stan Lee. A l'aide d'effets-spéciaux numériques prodigieux et de l'interprétation innée de Tobey Maguire (l'acteur extériorise un regard expansif dans sa nouvelle fonction héroïque et dégage beaucoup d'humanisme dans ses contrariétés !), Sam Raimi rend hommage au super-héros de notre enfance avec un sens homérique justifiable. Car ici, outre le côté vertigineux des séquences d'action à couper le souffle (à l'aide de ses jets de toiles d'araignées, le super-héros bondit d'immeubles en immeubles avec une incroyable vélocité !), Spider-man tire avant tout parti de la caractérisation de ses personnages superbement dessinés. 


    Durant 2h00, le réalisateur s'attarde donc à dépeindre le cheminement moral de son super-héros, adolescent préalablement maladroit et timoré, mais aujourd'hui vaillant et reconnu comme un illustre sauveur de l'humanité ! Ses pouvoirs surhumains, il les doit à la morsure d'une araignée génétiquement modifiée ! Une nouvelle stature à double tranchant puisque plus tard la populace n'hésitera pas à le suspecter de complicité avec son plus haut rival (le Bouffon Vert !), quand bien même ce dernier lui proposera un pacte afin d'unifier leurs exploits ! Entre l'amour d'une fille qu'il chérit en secret et l'amitié qu'il partage avec son meilleur camarade de classe, Peter Parker doit faire face à la mort de son oncle qu'il décide de venger en endossant la combinaison de justicier masqué. Au cours de son parcours héroïque de redresseur de tort, il va rapidement se confronter au bouffon vert, un savant pernicieux délibéré lui aussi à se venger auprès de ses anciens patrons et à dicter sa loi sur la ville de New-York. D'un côté, la vengeance est un argument favorable lorsque l'unique ambition est de protéger les plus faibles contre la délinquance criminelle. De l'autre, elle est un vecteur d'aliénation quand un chercheur déchu de ses fonctions professionnelles se laisse gagner par la rancune et ses névroses psychotiques ! (Norman Osborn souffre de dédoublement de personnalité depuis l'échec de son expérience scientifique !). Alternant moments d'intimisme et bravoures spectaculaires, Spider-man réussit donc avec efficacité à nous retranscrire les états-d'âme du jeune Peter Parker contraint d'exercer une tache rigoureuse dans sa nouvelle existence d'ado au risque de compromettre son entourage. C'est donc au sens du sacrifice et à sa remise en question héroïque que doit se confronter Spider-man afin de mieux préserver la vie des siens et au risque de passer à côté de l'amour de Mary Jane ! Kirsten Dunst endosse ce rôle avec beaucoup de sensualité candide et une certaine naïveté puisque peu habile à discerner de prime abord les sentiments amoureux de son partenaire. 


    En attendant un 2è opus beaucoup plus émotif, lyrique et ambitieux, Spider-man inaugure sa trilogie avec dignité pour la dimension humaine d'un héros en questionnement et déploie un savoir-faire technique vertigineux lorsqu'il s'agit de retranscrire ses envolées épiques ! Du grand spectacle calibré mais inscrit dans la mesure, l'action s'avérant toujours justifiée car au service des motivations contradictoires des protagonistes. 

    La critique de Spider-man 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/01/spider-man-2.html

    Dédicace à Carlina Zombiela
    Bruno Matéï
    2èx

    vendredi 2 mai 2014

    POLTERGEIST

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site discreetcharmsandobscureobjects.blogspot.co

    de Tobe Hooper. 1982. U.S.A. 1h55. Avec Heather O'Rourke, Craig T. Nelson, JoBeth Williams, Zelda Rubinstein, Dominique Dunne, Oliver Robins.

    Sortie salles France: 20 Octobre 1982. U.S: 4 Juin 1982

    FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
    1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


    Grand classique des années 80, Poltergeist est la réunion inattendue de deux grands auteurs du cinéma fantastique, celui de Steven Spielberg attaché au poste de producteur, et celui de Tobe Hooper confié à la réalisation. Sans revenir sur la polémique qui entoura la véritable paternité du métrage, on sent bien que Steven Spielberg y a apporté une certaine contribution dans la caractérisation idéaliste d'une famille aisée cohabitant en harmonie et dans la peinture d'une paisible banlieue inscrite dans la bonhomie. Avec l'originalité d'un scénario structuré, Poltergeist perdure son pouvoir attractif dans son alliage d'onirisme, d'humour et d'horreur, quand bien même l'attachante complicité des comédiens nous immerge de plein pied dans leur désarroi. En insistant sur la cohésion de cette famille aujourd'hui désunie, Tobe Hooper attache une grande importance à décrire leur fragilité après que l'une de leur fille eut été enlevée par des esprits frappeurs. Et de quelle manière ! Retenue prisonnière via l'écran de télévision, Carol-Anne tentera de communiquer avec ses parents afin d'implorer leur aide. A travers cette idée judicieuse, on peut notamment y déceler une métaphore sur le pouvoir de l'image et notre accoutumance à rester river devant la TV ! (les parents Freeling s'endorment devant leur poste quand ils ne se disputent pas le choix d'une chaîne lorsque le voisin bénéficie d'une même télécommande !). 


    Avec l'intervention de spécialistes en parapsychologie, cette famille subitement frappée par une cause surnaturelle va devoir compter sur leur soutien afin de débusquer leur fille de l'au-delà. Sous couvert de l'archétype de la maison hantée et des esprits frappeurs qui importunent cette aimable famille, le réalisateur met notamment en exergue une réflexion spirituelle sur la vie après la mort (non dénuée de poésie dans le discours réconfortant des matriarches clairvoyantes), tout en rendant hommage à nos défunts lorsque les cadavres y sont profanés. L'efficacité imparable de Poltergeist émane donc de cet habile dosage d'horreur spectaculaire (à l'instar de son point d'orgue paroxystique où les forces du Mal se déchaînent !), d'onirisme (certaines apparitions surnaturelles, la dimension incandescente de l'au-delà !), d'humour pittoresque (la première partie privilégie le comportement cocasse des parents face au spectacle des incidents inexpliqués) et de moments d'intimisme plein de pudeur (la Spielberg touch est passée par là et le score sensible de Goldsmith intensifie l'émotion fraternelle des protagonistes !). Qui plus est, la mise en scène avisée utilise habilement l'artillerie lourde des effets spéciaux sans jamais empiéter sur le fil narratif. Outre le charisme indéfectible alloué aux parents Freeling (Craig T. Nelson et JobBeth Williams forment un couple vertueux plein d'humilité !), le charme innocent de la petite Carol-Anne endossée par Heather O'Rourke et l'autorité maternelle de Tangina Barrons incarnée par Zelda Rubinstein apportent un supplément crédible face à cette situation de conflit paranormal ! 


    Spectaculaire, impressionnant, drôle et parfois terrifiant, Poltergeist n'a pas volé sa réputation de grand spectacle horrifique sous couvert d'une satire sur le contrôle des médias (au final, la famille Freeling se débarrasse définitivement du téléviseur !). Pour parachever, le savoir-faire indiscutable de Tobe Hooper (et de Steven Spielberg ?) élève(nt) l'entreprise au modèle de mise en scène ! 

    Bruno Matéï
    5èx

    jeudi 1 mai 2014

    APOCALYPSE 2024 (A Boy and his Dog)

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site apocalypsezone.com

    de L. Q. Jones. 1975. U.S.A. 1h31. Avec Don Johnson, Susanne Benton, Jason Robards, Tim McIntire, Alvy Moore, Helene Winston.

    Sortie salles France: 21 Avril 1976. U.S: Novembre 1975

    FILMOGRAPHIE: L. Q. Jones est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 19 Août 1927 à Beaumont, Texas (Etats-Unis).
    1964: The Devil's Bedroom. 1975: Apocalypse 2024. 1978: L'Incroyable Hulk (série T.V. 1 Episode: On the Line.


    Authentique film culte peu connu du public et rarement diffusé à la TV, Apocalypse 2024 est notamment l'occasion de retrouver dans un tout jeune rôle le héros de Miami Vice: Don Johnson ! Quand à l'identité du réalisateur, plus connu en tant qu'acteur dans ses rôles de western, il est uniquement responsable de deux longs-métrages dont un premier essai resté inédit en France !
    Récit post-apo décrivant les vicissitudes d'un survivant et de son chien, Apocalypse 2024 réussit de prime abord à retranscrire avec peu de moyens un univers de désolation après que la 4è guerre mondiale eut éclaté. Communiquant par télépathie avec son animal de compagnie, Vic tente de survivre dans un désert aride parmi l'hostilité de rescapés réduits à la famine. Alors qu'une autre population cohabite dans le monde souterrain, il va tenter d'y pénétrer par l'entremise d'une jeune inconnue qu'il souhaitait préalablement violer. Pendant leurs moments d'intimité et après s'être protégés de la horde des hurleurs, Quilla en profite pour le persuader de rejoindre l'autre monde contre l'avis du chien.


    A travers les éléments de comédie noire et d'anticipation pessimiste, L. Q. Jones réalise ici un ovni aussi déroutant qu'attachant. D'abord par l'échange de conversations entretenues entre l'homme et son animal de compagnie doué ici de parole, sachant que ce dernier s'avère beaucoup plus lucide et érudit que son maître ! Ensuite par la dystopie assénée à deux univers distinctes, celui de la surface où tentent de survivre dans la sauvagerie les marginaux les plus défavorisés (on songe inévitablement à Mad-Max 2 !), et celui du monde souterrain où une société plus aisée s'efforce de trouver un fécondateur afin de favoriser leur procréation. Avec un humour plein de sarcasme (le chien Blood vole la vedette à tout le monde dans son sens de la répartie caustique mais aussi sa pudeur à respecter les mauvais choix de son maître !) et l'extravagance de personnages plutôt décalés (chaque habitant de Topeka est peinturluré d'un maquillage laiteux sur le visage !), Apocalypse 2024 mêle la farce satirique au post-nuke en soulignant le caractère dépendant de nos besoins sexuels (Vic est totalement tributaire de ses instincts lubriques !). Certaines mauvaises langues pourraient d'ailleurs reprocher le caractère misogyne de l'intrigue puisque la place de la femme est réduite ici à une fonction perfide et sournoise (sans parler d'objet de soumission dans sa 1ère partie !) afin de renverser le pouvoir et obtenir le trône ! A travers le cheminement indécis d'un rescapé machiste et maladroit, délibéré à épargner son chien pour accoster un monde meilleur, c'est également un récit initiatique que nous relate le réalisateur tout en mettant en évidence une solide histoire d'amitié.


    Pittoresque et attachant, étrange et fascinant, Apocalypse 2024 réussit à sortir de la routine dans une tentative iconoclaste de dépoussiérer le genre avec audace, intelligence et ironie mordante (voir l'impensable épilogue confiné dans la farce macabre). La complicité amicale qu'entretiennent l'homme et son chien est une nouvelle fois l'occasion de souligner la fidélité indéfectible qui unissent le maître et l'animal. Une perle rare à faire connaître au plus grand nombre !

    Bruno Matéï
    3èx