jeudi 8 mai 2014

Silent Running

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Douglas Trumbull. 1972. U.S.A. 1h29. Avec Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin, Jesse Vint, Steve Brown.

FILMOGRAPHIE: Douglas Trumbull est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 8 Avril 1942 à Los Angeles. 1972: Silent Running. 1978: Night of Dreams. 1983: Brainstorm. 1983: Big Ball. 1983: New Magic. 1985: Let's go. 1985: Tour of the Universe. 1989: Leornardo's Dream. 1990: To Dream of Roses. 1993: In Search of the Obelisk. 1996: Luxor Live. 1996: Theater of Time.


"Une forêt dans le vide".
Échec public à sa sortie mais ardemment défendu par la critique, Silent Running marque les débuts de Douglas Trumbull à la réalisation — maître des effets visuels de 2001, Rencontres du troisième type, Star Trek, Blade Runner, et plus récemment The Tree of Life de Malick. Bien avant l’excellent Brainstorm, Trumbull abordait déjà la science-fiction comme territoire de révolte, livrant une diatribe douce-amère sur la préservation de notre écologie terrestre. En 2001, l’humanité a déjoué le chômage… en sacrifiant une large part de la faune et de la flore. L’État américain, dans un geste d’abdication absolue, décide par le feu nucléaire de se débarrasser des dernières réserves végétales. Dans l’espace, un vaisseau devient l’ultime sanctuaire : une forêt artificielle, abritée sous des dômes, que le botaniste Freeman Lowell tente de préserver avec une dévotion quasi mystique. Sommé de tout détruire, il choisit de désobéir — et pour cela, doit se débarrasser de ses trois compagnons humains. Aidé de ses androïdes ménagers, il tente alors de recréer un semblant de vie, une île fragile, malgré l’immense solitude.


Anticipation sombre fustigeant l’inconscience des civilisations modernes, Silent Running est un cri d’alarme, un chant désespéré pour la sauvegarde de la nature. Freeman Lowell, replié sur lui-même, incapable de trouver l’écho de ses convictions chez ses pairs, commet l’irréparable : non par folie, mais par amour. Son geste, qu’il ne pourra jamais se pardonner, devient l’ultime appel d’un homme abandonné, incapable de réveiller les consciences — gardien impuissant d’une biosphère sacrée, confiée jadis par quelque créateur. Avec une grande simplicité et une poésie poignante — notamment dans ces scènes intimes entre Freeman et ses deux robots, devenus ses élèves, ses enfants — Trumbull signe le témoignage bouleversant d’un homme perdu dans l’infini. Trois petits androïdes sensibles comme seules compagnies, et au fond, ce silence immense. Cette solitude, cette mélancolie sourde qui imprègne chaque recoin du film, vient frapper en plein cœur — avec l’espoir déchirant de ne jamais voir se réaliser un futur aussi déshumanisé. Les chansons habitées de Joan Baez, et surtout l’interprétation poignante de Bruce Dern, accentuent cette douleur tragique : l’amertume d’un monde où l’indifférence, le profit et le mépris de la vie ont triomphé.


"La solitude des arbres perdus".
D’une émotion fragile, comme notre héros condamné à l’errance, à la contrition et au sacrifice, Silent Running est un poème d’amour fou à la nature menacée, un avertissement sur les périls d’un progrès sans âme. Il en émane un cinéma épuré, d’une mélancolie bouleversante — jusqu’à cette dernière image gravée dans les mémoires.

BM
2èx

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire