lundi 21 juillet 2014

Lifeforce

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Tobe Hooper. 1985. U.S.A. 1h52 (version intégrale). Avec Steve Railsback, Peter Firth, Frank Finlay, Mathilda May, Patrick Stewart, Michael Gothard, Nicholas Ball, Aubrey Morris, Nancy Paul, John Hallam, John Keegan.

Sortie Salles France: 18 Septembre 1985. U.S: 21 Juin 1985

FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantome, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


Série B à gros budget mésestimée à sa sortie, d'autant plus desservie par son échec commercial, Lifeforce s'est depuis taillé une réputation de petit classique de la science-fiction horrifique pour son judicieux alliage des genres, la qualité de ses fx et de son score orchestral ainsi que sa grande efficacité narrative. Le pitchLors d'une mission spatiale, le colonel Tom Carlsen et son équipage explorent un vaisseau spatial réfugié dans la comète de Halley. A l'intérieur, ils y découvrent trois êtres d'apparence humaine confinés dans des caissons de verre. Ces sujets dénudés s'avèrent de redoutables vampires de l'espace déterminés à conquérir notre monde en se nourrissant de notre force vitale. Nanar pour les uns, divertissement de haute tenue pour les autres, Lifeforce ne manque ni de moyens techniques ni d'idées retorses pour captiver le spectateur embarqué dans une trépidante course contre la montre où s'y télescopent vampires extra-terrestres et zombies en rut. D'après le roman de Colin Wilson, le film bénéficie d'une trame originale afin d'explorer le mythe du vampire dans un contexte futuriste. Son aspect insolite émanant de l'origine stellaire à laquelle ces vampires appartiennent. 


Il tire parti d'une indéniable efficacité à multiplier leurs exactions meurtrières afin de converger à une réaction en chaîne produisant ainsi une pandémie dans un Londres en flammes ! Soutirés de leur substance vitale par le simple acte d'un baiser, les citadins possédés se contraignent à leur tour d'embrasser d'autres proies afin de survivre et de sauvegarder la race extra-terrestre. Parmi la présence angélique de la française Mathilda May, Lifeforce est notamment guidé par son aura ensorcelante, son appétit insatiable à dérober nos forces vitales afin de nous anéantir et conquérir notre planète. Sa présence tangible ou éthérée planant durant tout le récit. Filmée dans son plus simple appareil, l'actrice dévoile un charme de sensualité à damner un saint. Sa présence charnelle mais délétère s'érigeant en icone du Mal pour nous convaincre de sa puissance vampirique à connotation sexuelle. Car au-delà de ses ambitions belliqueuses, la vamp recherche également un mâle afin de satisfaire ses désirs, pallier sa solitude et anticiper sa postérité ! Ainsi, à travers l'impuissance des hommes incapables de refréner leur émotion pour résister à son baiser, on peut y voir une métaphore sur la nature vampirique de la femme et leur instinct éminemment séducteur tout un suggérant un discours réflexif sur la vie après la mort. Si on peut émettre quelques réserves sur le jeu cabotin (mais oh combien attachant !) de 1 ou 2 de seconds-rôles (quoique en VO, sa distribution demeure encore plus convaincante), Mathilda May se tire honorablement de son rôle laconique en misant sur l'attrait d'un corps immaculé doublé d'un regard pénétrant. 


Récit audacieux brassant les genres de la science-fiction, de l'érotisme et de l'horreur, Lifeforce réussit à divertir grâce à l'élaboration d'un scénario aussi original que captivant car fertile en péripéties. 
Le soin alloué aux effets-spéciaux (même si aujourd'hui leur aspect mécanique peut parfois paraître obsolète) et aux décors futuristes (le magnifique préambule confiné au sein du vaisseau spatial insuffle une poésie trouble !), et l'implication sympathique des comédiens parachèvent le spectacle d'une grosse série B bourrée de peps et de charme à la sincérité indéfectible. 

*Bruno
30.01.23. 
5èx. vost

vendredi 18 juillet 2014

Parents. Prix de la Critique, Avoriaz 1989

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedemedianoche.cl

de Bob Balaban. 1989. U.S.A./Canada. 1h22. Avec Randy Quaid, Mary Beth Hurt, Sandy Dennis, Bryan Madorsky, Juno Mills-Cockell.

Sortie salles France: 22 Janvier 1989 (Festival d'Avoriaz). U.S: 27 Janvier 1989

FILMOGRAPHIE: Bob Balaban est un acteur, scénariste, réalisateur et producteur américain, né le 16 Août 1945 à Chicago. 1983: The Brass Ring (télé-film). 1989: Parents. 1992: Amazing Stories: Book Five (épisode TV). 1993: My Boyfriend's Back. 1994: The Last good Time. 1995: Legend (série TV). 1997: Subway Stories: tales from the Underground (télé-film). 1999: Strangers with Candy (série TV). 1999: Un Agent très secret (série TV). 2000: Deadline (série TV). 2001: Temps mort (série TV). 2004: No Joking (télé-film). 2005: Hopeless Pictures (série TV). 2005: The Exonerated (télé-film). 2007: Bernard et Doris (télé-film). 2008: Swington (série TV). 2009: Georgia O'Keefe (télé-film).


Traitant du thème de la fragilité de l'enfance, à l'instar de son compère Paperhouse, communément récompensés à Avoriaz, Parents n'a pas usurpé sa réputation de perle culte vantée à l'époque dans les pages de Mad Movies et autres mags spécialisés. Le redécouvrir aujourd'hui prouve à quel point le film de Bob Balaban (réalisateur méconnu issu de la télévision) était pourvu d'une audace rafraîchissante au sein du paysage horrifique. Le pitchMichael est un petit garçon fragile observant la vie avec autant de curiosité que de perplexité. Car le comportement suspect de ses parents l'amène à penser qu'ils pourraient être adeptes du cannibalisme. Sous couvert de pitch original baignant dans l'humour noir et la satire sociale, Parents est avant tout l'étude psychanalytique d'un enfant en perte de repère car découvrant le monde inquiétant des adultes sous un jour nouveau. Du point de vue de sa conscience candide, Michael observe l'existence de ses parents sous un aspect autrement vénal après les avoir surpris dans leur lit entrain de forniquer. Et ce n'est pas l'influence perverse de sa copine d'école, une mythomane intarissable, qui le réconfortera dans sa paranoïa grandissante. 


Au fil de ses observations quotidiennes, son investigation le mènera finalement à la plus horrible des vérités au point de devenir adepte du végétarisme. Ainsi, à travers les éléments horrifiques du cannibalisme et de la perversité, Bob Balaban satirise en diable afin de nous dévoiler l'envers du décor. Celui de la face cachée d'une Amérique d'apparence puritaine mais corrompue par le mensonge et le vice. Avec son ambiance d'étrangeté aussi décalée que dérangeante, le réalisateur nous assène une caricature de la cellule familiale habitée par le cynisme et la passion culinaire, en l'occurrence celle de la chair humaine ! Autour de l'introspection fragile de Michael, un climat lourd et oppressant s'y distille, contrebalancé de l'attitude ironique des parents faussement rassurants. Non dupe de leur hypocrisie, Michael bascule dès lors dans un cauchemar domestique où le danger toujours plus palpable l'incite à se rebeller contre l'autorité rendue hostile à ses yeux. Outre sa réalisation soignée et inventive parfois expérimentale, Parents est largement privilégié de la conviction des interprètes (en parents autoritaires, Randy Quaid et Mary Beth Hurt forment un duo indissociable !). Mais c'est surtout la présence introvertie de Bryan Madorsky qui renforce l'intensité des situations car endossant avec un naturel trouble un enfant gagné par la contrariété et la quête de découverte (ici effroyable).


American Beauty
Malsain et oppressant, dérangeant et cruel (l'épilogue n'y va pas de main morte pour martyriser une fois de plus le bambin !), mais redoublant de dérision et de cocasserie, Parents n'a rien perdu de son insolence et de sa force métaphorique à démasquer l'aspect véreux de la maturité. L'adulte insidieux ayant comme priorité de se nourrir de son prochain afin d'y survivre.

RécompensePrix de la critique à Avoriaz, 1989

*Bruno
21.07.22. 4èx
18.07.14. 

jeudi 17 juillet 2014

DARK WATERS

                                                                 Photo appartenant à Bruno Matéï

de Mariano Baino. 1993. 1h32. Russie / Italie / Angleterre. Avec Valeri Bassel, Mariya Kapnist, Louise Salter, Venera Simmons, Pavel Sokolov.

Sortie salles: 16 Avril 1997

Récompenses: Prix du Public à Montréal, 1997. Vincent Price Award à Rome, 1994.

FILMOGRAPHIE: Mariano Baino est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 17 Mars 1967 à Naples, Italie.
1991: Caruncula (court métrage). 1993: Dark Waters. 2004: Never Ever After (court-métrage). 2010: Based on a true life (court-métrage).


Inédit en salles en France et préalablement sorti en Dvd dans une édition somme toute banale, Dark Waters est le genre de film indépendant desservi par l'ignorance mais dont le bouche à oreille l'aura finalement acheminé vers la perle rare. Aujourd'hui, l'étendard Ecstasy of Films nous fait l'honneur de l'exhumer de sa torpeur dans une copie resplendissante afin de respecter le travail formel accompli par son auteur. Qui plus est, le film nous est aujourd'hui présenté dans une version Director's cut inédite en France et accompagnée de bonus. Je vous recommande d'ailleurs le documentaire "Deep into Dark Waters" revenant sur les conditions de tournage parmi l'équipe technique. Après la mort de son père, Elisabeth se rend sur une île afin d'en connaître un peu plus sur le couvent qu'il finançait depuis son enfance. Sur place, elle y fait la rencontre d'une étrange communauté de nonnes au comportement indéchiffrable. 



Pour son premier et unique essai, l'italien Mariano Baino nous invite à un cauchemar éveillé, un poème sensoriel, une fantaisie morbide d'"Alice au pays des merveilles" égarée dans l'obscurité de chants mortuaires ! Ceux de pleurs de bambins mêlés au braillement d'une créature Lovecraftienne résonnant du fond des catacombes. Envoûtant et déroutant d'un bout à l'autre, Dark Waters est une épreuve fantasmatique hantée par l'aura funeste où chaque image onirique s'imprègne de notre âme pour tenter de nous séduire. Dans la lignée du cinéma d'Argento pour la stylisation d'une imagerie picturale au service d'un onirisme ésotérique, ou celui de Jodorowski pour son côté mystique, dérangeant et provocateur, le film n'est qu'une succession de péripéties diaphanes au fil du cheminement indécis d'Elisabeth. Hantée par d'étranges rêves depuis son enfance et cherchant l'origine de son passé à l'intérieur de ce couvent, c'est un secret de famille auquel elle va devoir se confronter parmi l'entremise des ténèbres. A travers ce huis-clos occulte régi par une assemblée majoritairement féminine et dans la caractérisation fragile de l'héroïne, on peut songer à l'opéra lyrique Suspiria. Notamment à travers sa progression initiatique lorsqu'elle tente de percer le mystère qui entoure ce couvent ! C'est également un soir de pluie qu'Elisabeth arrive dans cet endroit aussi inquiétant qu'attirant et c'est avec le soutien d'une camarade qu'elle va essayer de clarifier sa situation. Sensoriel, insolite, baroque et expérimental, Dark Waters privilégie lui aussi l'extravagance d'une bande-son à contrepoint, le délire visuel et les personnages interlopes plutôt que la futilité d'une intrigue finalement prévisible.


Elisabeth aux Enfers
En créateur d'images oniriques et morbides, Mariano Baino a accompli avec Dark Water un chef-d'oeuvre pictural où l'art gothique et l'expressionnisme ont fusionné afin de parfaire le poème incandescent. A l'instar des bougies qui illuminent chaque catacombes, Dark Water est une invitation au voyage, une odyssée naturaliste avec les ténèbres, une quête initiatique d'une fille confrontée à sa propre morale. Celui de son cheminement spirituel, son combat intrinsèque à favoriser sa nature du bien ou du mal.

Merci à Ecstasy of Films et à Mariano Baino
Bruno Matéï

mercredi 16 juillet 2014

INCENDIES

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site atlasmedias.com

de Dennis Villeneuve. 2010. Quebec. 2h10. Avec Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette, Rémy Girard, Abdelghafour Elaaziz, Allen Altman.

Sortie salles France: 12 Janvier 2011. U.S: 22 Avril 2011

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières.
1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoner


Réalisateur prodige reconnu du public par le thriller haletant, Prisoners, Denis Villeneuve avait pourtant déjà prouvé son talent de technicien avisé avec Enemy, thriller personnel autrement hermétique sur le thème du double, et le film qui nous intéresse aujourd'hui, Incendies.


Drame psychologique dénonçant les horreurs de la guerre, l'obscurantisme, l'instinct de vengeance et le fanatisme religieux, Incendies relate la quête de vérité de deux jumeaux fouinant le passé de leur défunte mère afin de rencontrer un père et un frère qu'ils n'ont jamais connu. Contraints de leur remettre deux enveloppes, Jeanne décide de regagner son pays d'origine, la Palestine, avant que son frère Simon ne la rejoigne. Alternant évènements du présent et du passé à travers de nombreux flash-back, Dennis Villeneuve met en parallèle leur périple et leur investigation de longue haleine dans un pays marqué par la violence de tensions religieuses, tout en retraçant le douloureux parcours de cette mère catholique, abdiquée par sa propre famille après avoir eu l'audace de fréquenter un jeune musulman. A travers ces secrets de famille bafoués par l'intolérance et la barbarie de conflits entre chrétiens et musulmans, le cinéaste dépeint le chemin de croix d'une femme violentée et humiliée, réduite à la déchéance, mais d'une dignité insolente dans sa stoïcité à ne pas se laisser vaincre par la défaite. Quand au cheminement imprécis de Jeanne et Simon, de fil en aiguille, et avec le soutien d'aimables enquêteurs, ils vont réussir à percer la vérité sur leur mère au moment même d'être bouleversés par leur véritable identité. Autour de ce trio galvaudé par la vendetta et le terrorisme, le frère méconnu pâtira notamment de sa révolte belliqueuse avant de se confronter à une révélation des plus licencieuses.


Outre le magnifique portrait maternel asséné à cette femme inflexible, Incendies nous illustre avec autant de retenue que de réalisme éprouvant sa descente aux enfers et celle de ses enfants de la honte. Autour des sentiments d'injustice, de haine et de révolte engendrés par les divergences de religion, Dennis Villeneuve décortique les conséquences dramatiques de la rancoeur et de la vengeance avant de nous réconcilier avec les notions d'amour, de paix et de pardon. Un témoignage éminemment bouleversant pour cette oeuvre fragile dont le climat austère et étouffant nous reste à la gorge bien au-delà du générique de fin. 

Bruno Matéï

Récompenses:
35e Festival international du film de Toronto (Toronto), meilleur film canadien
30e Festival international du film de l'Atlantique (Halifax), meilleur film canadien
25e Festival international du film francophone de Namur (Belgique), prix du public
55e Semaine du cinéma international de Valladolid (Espagne), prix du public, prix du meilleur scénario et prix du jury des jeunes
26e Festival du film de Varsovie (Pologne), Grand prix du jury
40e Festival international du film de Rotterdam (Pays-Bas), prix du public
Prix du Centre national des Arts du Canada
31e Prix Genie, huit statuettes :
Meilleur film
Meilleure réalisation
Meilleur actrice (Lubna Azabal)
Meilleure adaptation
Meilleure direction-photo
Meilleur son d'ensemble
Meilleur montage sonore
Meilleur montage
13e cérémonie des Jutra, neuf prix :
Meilleur film
Meilleure réalisation : Denis Villeneuve
Meilleure actrice : Lubna Azabal
Meilleur scénario : Denis Villeneuve, avec la collaboration de Valérie Beaugrand-Champagne
Meilleure direction de la photographie : André Turpin
Meilleure direction artistique : André-Line Beauparlant
Meilleur son : Sylvain Bellemare, Jean Unamsky et Jean-Pierre Laforce
Meilleur montage : Monique Dartonne
Meilleurs costumes : Sophie Lefèbvre
Prix Lumières 2012 : Meilleur film francophone
Meilleure actrice au Magritte du cinéma

mardi 15 juillet 2014

Horrible (Rosso sangue / Absurd / Antropophagus 2)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloodygoodhorror.com

de Joe d'Amato / Peter Newton. 1981. 1h32. Italie. Avec George Eastman, Annie Belle, Charles Borromel, Katya Berger, Kasimir Berger, Hanja Kochansky, Ian Danby, Ted Rusoff, Edmund Purdom, Carolyn De Fonseca, Cindy Leadbetter, Lucia Ramirez, Mark Shannon, Michele Soavi, Martin Sorrentino, Goffredo Unge.

Sortie salles France: 6 Juillet 1983. Italie: Octobre 1981

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


Un must de l'horreur spaghetti (avec des rognons à moitié cuits !), jalon Z des années 80 parmi son congénère Anthropophagous. 
Un an après le succès d'Anthropophagous, Joe D'Amato rempile avec le slasher spaghetti afin d'émuler une déclinaison encore plus gore que son modèle. Recrutant à nouveau l'acteur Georges Eastman, Horrible pourrait presque faire office de séquelle puisque le tueur ressemble à s'y méprendre au cannibale affamé de chair humaine. A la différence près qu'ici, il est uniquement épris de folie meurtrière pour le plaisir de tuer, quand bien même, on ne sait par quel miracle, il réussit à se régénérer rapidement de ses graves blessures. Paradoxalement, après avoir été pourchassé par un prêtre, c'est également éventré qu'on le retrouve après qu'il eut escaladé la grille d'un portail. Qui plus est, sa nationalité grecque et son exil précipité à l'étranger laisse suggérer qu'il s'agirait de notre anthropophage ! Pourvu d'un pitch aussi ridicule qu'improbable, Joe D'Amato ne s'embarrasse pas de cohérence pour illustrer la dérive meurtrière d'un tueur fou échappé d'un hôpital. Après avoir tué une infirmière, un ouvrier d'entretien et un motocycliste, l'individu part se diriger vers la campagne pour épier en dernier lieu une demeure familiale. C'est dans cette maison reculée qu'il décide de s'y introduire pour s'en prendre à un enfant, une nourrice et une tétraplégique restés seuls à l'intérieur. 


Titre racoleur on ne peut mieux approprié, Horrible surfe sans complexe sur une horreur pornographique, dans la mesure où l'insignifiance du scénario n'est qu'un prétexte pour aligner en intermittence quelques scènes gores aussi gratinées que putassières. A l'instar de cette jeune femme prise à parti dans sa cuisine pour être finalement enfournée la tête dans le four ! Sans doute la séquence réaliste la plus sadique et intense tant la victime tuméfiée invoque le supplice d'une asphyxie interminable face à la combustion ! D'autres meurtres réjouissent également de par leur aspect cradingue (zoom à l'appui !), tel le crane d'un malheureux fendu à la scie circulaire ou le tympan d'une femme transpercée à la perceuse. Comme dans Anthropophagous, les comédiens inexpressifs s'avèrent aussi apathiques dans leur comportement hagard qu'attachants de par leur naïveté candide. Mais la palme du plus mauvais tâcheron émane inévitablement du mioche de 6 ans surjouant l'exubérance à travers ses crises capricieuses et son effroi infructueux (larmes aux yeux en sus) face à l'ogre comme il le prénomme si bien. Beaucoup plus présent à l'écran, Georges Eastman cabotine à nouveau dans sa fonction de tueur sanguinaire insufflant avec sérieux un regard ahuri à travers son apparence lambda. Quand à l'ambiance putrescente qui faisait le sel d'Anthropophagous, elle est ici esquivée au profit d'une angoisse sous-jacente laissant transparaître en dernier acte, et avec bonheur, une terreur haletante (le jeu de cache-cache entamé entre le tueur, l'enfant, la nourrice et la tétraplégique multiplie péripéties de survie et confrontations sanglantes dans un esprit dégénéré !).


Mieux rythmé qu'Anthropohagous mais plus absurde auprès de sa narration capillotractée (comme son titre US le suggérait !) et moins atmosphérique, Horrible privilégie l'horreur sanglante et l'action haletante culminant son apothéose en interne du huis-clos domestique. Ainsi, à travers sa pléthore de  défauts, incohérences et maladresses inhérents à l'entreprise Z, il s'avère d'autant plus charmant à tenter sans distanciation d'émuler ses concurrents ricains en surenchérissant dans les effets gores du plus bel effet artisanal. Qui plus est renforcé d'un score atmosphérique de Carlo Maria Cordio assez envoûtant de par ses tonalités tantôt lugubres, tantôt mélancoliques. A redécouvrir. 

*Bruno
27.04.21
15.07.14
06.03.11
5èx  

vendredi 11 juillet 2014

Le Retour des Morts-Vivants (The Return of the Living Dead)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site projectdeadpost.com

de Dan O'Bannon. 1985. U.S.A. 1h31. Avec Clu Gulager, James Karen, Don Calfa, Thom Matthews, Linnea Quigley, Beverly Randolph, Jewel Shepard, John Philbin, Miguel A. Nunez Jr.

Sortie salles France: 15 Mai 1985

FILMOGRAPHIE: Dan O'Bannon est un scénariste et réalisateur américain, né le 30 Septembre 1946 à Saint-Louis, dans le Missouri (Etats-Unis), décédé le 17 Décembre 2009 à Los Angeles en Californie.
1985: Le Retour des Morts-vivants. 1991: The Resurrected


Sorti la même année que Le Jour des Morts-vivants, à quelques semaines près, Le Retour des Morts-vivants se décline en parodie du mythe que le célèbre scénariste Dan O'Bannon s'entreprend de mettre en image pour une première réalisation. On peut d'ailleurs presque évoquer un coup de maître tant ce dernier s'avère aussi à l'aise et inspiré à exploiter horreur et dérision en interne d'un huis-clos converti en train fantôme ! Si bien que dans un esprit BD clairement hérité des EC. Comics (photo rutilante à l'appui !), le film nous offre une patine visuelle assez cartoonesque pour la tenue vestimentaire impartie aux adolescents punks mais aussi pour le look décalé de certains cadavres putrescents (le zombie liquéfié planqué au sous-sol !), juste après nous avoir rendu un hommage cocasse à la Nuit des morts-vivants.  C'est le sujet de discussion amorcé entre l'employé d'un entrepôt, Frank, et son apprenti, Freddy, afin de convaincre ce dernier que la trame de la nuit des morts-vivants était authentique mais romancée par son auteur puisque contraint par l'armée de ne pas ébruiter sa véracité. Car si à une certaine époque, les morts sont bels et bien revenus à la vie, c'est sous les effluves de déchets toxiques expérimentés par les forces militaires. Stoqués depuis la fin des années 60 dans le sous-sol même de l'entrepôt, Frank invite alors l'adolescent à aller visiter ses conteneurs. 


Mais par une maladresse de ce dernier, une fuite d'un des contenants va libérer le gaz toxique pour les empoisonner et ramener à la vie tous les cadavres à proximité ! Pendant ce temps, les amis du jeune Freddy, une bande de punks gentiment rebelles, s'introduisent dans la nécropole d'à côté pour s'y saouler en attendant son retour ! Divertissant et jouissif en diable, Le Retour des Morts-vivants dégage une énergie insolente de par son concours de circonstances malchanceuses auquel la complicité fraternelle des protagonistes décuplera une fougue offensive. Parmi cette dynamique de groupe, les comédiens expansifs s'en donnent à coeur joie à nous retransmettre leur état de panique face à la menace, quand bien même la bande de Freddy viendra rejoindre nos quatre survivants confinés dans un salon funéraire. Outre ses idées inventives émaillées de gags hilarants (la dégénérescence de Frank et Freddy les réduisant à l'état inversé de vivant-mort, les multiples traquenards invoqués aux ambulanciers et aux policiers !), la truculence des situations émane également du comportement débridé des morts-vivants. Car ici, ils courent massivement vers leurs proies et sont doués de parole pour réclamer de la cervelle qu'ils consomment uniquement afin de se soulager de leur état de décomposition !


Soutenu d'une bande-son rock entêtante et pourvu d'effets-spéciaux soignés assez convaincants, Le Retour des Morts-Vivants doit beaucoup de sa vitalité de par l'habileté d'une intrigue structurée au montage rigoureux et par la complicité impayable des comédiens épatants de spontanéité. Il s'en dégage une telle bonne humeur et un sens de dérision respectueux au genre que les multiples visionnages n'écornent nullement son pouvoir euphorique ! Un classique légitime donc dont le mélange horreur/comédie fonctionne à point nommé, quand bien même le nihilisme de son épilogue nous surprend sans prévenir de son audace sardonique ! 

*Eric Binford
10.09.21. 6èx

jeudi 10 juillet 2014

BLUE RUIN. Prix FIPRESCI, Cannes 2013

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site bdzoom.com

de Jeremy Saulnier. 2013. U.S.A. 1h30. Avec Macon Blair, Devin Ratray, Amy Hargreaves, Kevin Kolack, Eve Plumb, David W. Thompson.

Récompense: Prix FIPRESCI au festival de Cannes, 2013

Sortie salles France: 9 Juillet 2014. U.S: 25 Avril 2014

FILMOGRAPHIEJeremy Saulnier est un réalisateur, scénariste et directeur de photographie américain.
2007: Murder Party. 2013: Blue Ruin.


Après Murder Party, premier essai d'une comédie horrifique restée inédite dans nos contrées, le débutant Jeremy Saulnier s'attaque au Vigilante Movie avec une ambition personnelle puisque Blue Ruin détourne les codes grâce à son intrigue sans repère et à son portrait au vitriol imparti au justicier lymphatique. Ponctué d'ironie saugrenue, le métrage joue autant la carte du naturalisme à travers sa nature sereine, une manière de contraster avec la nonchalance d'un loser aussi maladroit qu'émotif. Avec son attitude irréfléchie, sa timidité et ses exactions criminelles perpétrées avec amateurisme, c'est un peu comme si Le Distrait rencontrait Justice Sauvage ! Venant d'apprendre que le meurtrier de ses parents vient d'être libéré de prison, Dwight décide de l'assassiner en guise de vengeance. Embourbé dans une réaction en chaîne meurtrière, il tente en désespoir de cause de continuer sa dérive punitive en s'en prenant à la famille du meurtrier et en évitant les balles ennemies. 


Récompensé à Cannes du prix Fipresci à la quinzaine des réalisateurs, Blue Ruin allie film noir et cinéma d'auteur afin de tirer parti d'un canevas éculé à toutes les sauces. Si ce film indépendant brille déjà par la structure de sa réalisation peaufinant notamment le cadre environnemental, il permet surtout de transcender le portrait d'un solitaire aigri incapable d'avoir su accepter le deuil parental. Présenté d'abord comme un Sdf vivant reclus dans sa voiture insalubre depuis la mort de ses parents, Dwight va subitement changer de look afin de se fondre dans l'apparence d'un aimable citoyen après avoir appris la libération du meurtrier. Obnubilé à l'idée de se venger sans mesurer les conséquences de ses actes crapuleux, il va se laisser entraîner dans un itinéraire indécis afin de retrouver le vrai criminel, mais aussi se protéger contre l'inévitable riposte. Une contre-attaque familiale de culs-terreux incultes aussi déterminés dans leurs pulsions de haine destructrice ! Gagné par le remord et la paranoïa, Dwight songera même à tenter de préserver le destin de sa soeur si elle était amenée à devenir une cible potentielle !


Avec ses éclairs de violence crue (le 1er meurtre dans les toilettes), ses situations incongrues (l'otage du coffre), ses rencontres amicales de personnages sans morale (la soeur et l'ami d'enfance de Dwight !) et ses moments d'intimisme introspectif, Blue Ruin casse les conventions du film d'auto-défense pour dessiner l'humanisme d'un paumé dépressif incapable de canaliser son émotivité pour remonter la pente de sa déchéance. Une surprenante découverte à la limite de la parodie renfrognée et la révélation d'un acteur hanté par l'échec et le désarroi: Macon Blair !

Bruno Matéï