jeudi 1 septembre 2016

Six Feet Under

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.sixfeetunder-france.com

Créé par Alan Ball. 2001/2005. U.S.A. Avec  Peter Krause, Michael C. Hall, Frances Conroy, Lauren Ambrose, Rachel Griffiths, Jeremy Sisto, Freddy Rodríguez, Justina Machado, Mathew St. Patrick,
Richard Jenkins, Lili Taylor, Brenna et Bronwyn Tosh, James Cromwell, Tina Holmes.

Diffusion TV:  3 juin 200121 août 2005


Avant-propos: "Lorsque j'ai regardé (avec beaucoup de craintes, de tension et d'appréhension) le dernier épisode, je me suis vu au final vieillir et Mourir. En l'occurrence, il ne me reste plus qu'à Vivre".

"Le chemin qui mène à la sagesse et au bonheur est long, tortueux et semé d'obstacles"
5 semaines ! C'est le temps qu'il m'aura fallu pour dévorer les 5 saisons de Six Feet Under réunissant 63 épisodes ! Une série inoxydable d'une vigueur dramatique vertigineuse (particulièrement l'ultime saison ! ) sachant que les thèmes universels brillamment autopsiés sont traités sans pathos ni fioriture. A savoir la Vie, l'Amour, la Mort que la famille Fisher côtoie quotidiennement avec un humanisme aussi pugnace que fragile et torturé. Comment s'extirper d'une série dramatique aussi réaliste dans la ferveur des sentiments après avoir vécu aussi intimement les vicissitudes de Nathaniel (père), Ruth, David, Keith, Claire, George, Rico, Vanessa, Lisa, Olivier, Maggie, Billy, Brenda et Nathaniel (Junior - mon personnage fétiche - !) ! ? Ces derniers s'efforçant communément de cristalliser leur destin avec une ambition partagés entre désespoir et fureur de s'affirmer ! Car outre sa leçon de vie et l'hymne à l'amour conjugal que les créateurs nous inculquent sans mièvrerie, la série baigne subtilement dans un anticonformisme caustique sous l'impulsion des témoins familiaux et amicaux (drogue, homosexualité, bisexualité, saphisme, échangisme, inceste, schizophrénie, pédophilie, sadomasochisme, adultère sont traités sans concession ni voyeurisme).


"La vie est simple mais nous insistons à la rendre compliquée". 
Car aussi imparfaite soit-elle, la Famille Fisher incarne avec une sensibilité digne la complexité de notre nature humaine incessamment ballottée entre l'optimisme (nos désirs, nos sentiments amoureux) et le pessimisme (l'angoisse de l'abandon et notre crainte de la mort). La peur de clore ses jours sous le poids de la solitude, sans amour, ni soutien, ni amant. La peur de rater sa vie (sentimentale et professionnelle), la peur de ne plus aimer, la peur de mourir brièvement sans avoir pu concrétiser nos espoirs et nos rêves ! Les créateurs de la série nous plongeant également dans les pensées intimes les plus anxiogènes et malsaines des personnages depuis leur remise en question et leur crainte de l'échec. Par le biais des rapports conjugaux en perpétuel discorde, Six Feet Under tend à souligner qu'au sein de notre société contemporaine nous nous sommes égarés dans l'instabilité, l'égoïsme et la névrose (aussi intelligents et érudits que nous puissions l'être), la lâcheté, le mensonge, le simulacre, car trop individualistes (et donc pas assez à l'écoute de l'autre) quant à notre quête idéale d'amour absolu. Comme il est difficile d'aimer avec sincérité infaillible et d'être autant aimé en retour, comme il est difficile de fonder une famille lorsque l'on enchaîne les erreurs et les échecs et que le manque de confiance en soi tend à nous fragiliser toujours un peu plus au fil de notre cheminement identitaire. La peur, toujours cette peur viscérale, sensorielle ! De vivre, d'aimer, de mourir, de s'affirmer, de s'accomplir, de risquer les défis ! La fougue, l'exaltation amoureuse, ce besoin de tendresse immodérée, la famille Fisher s'y plonge trop vite au fil de rencontres passionnelles où chacun des nouveaux compagnons extériorise ce même sentiment d'indécision, d'égoïsme, de jalousie et de peur de l'échec. Portrait craché de l'être humain tributaire de sa complexité et ses contradictions, de ses défauts et de ses qualités !


"Parfois il suffit d'une série pour atteindre la perfection".
Quant à la mort omniprésente que soulèvent les prologues de chaque épisode (afin de mieux nous interroger sur son absurdité et le sens d'une hérédité aussi fatale !), Six Feet Under l'aborde avec autant de gravité et de poésie que d'humour noir si bien que la peur de trépasser et de perdre l'être cher parviennent constamment à nous rappeler à la raison d'une valeur essentielle ! Celle de chérir l'instant présent au lieu de s'apitoyer sur son sort existentiel. Le fait de côtoyer la mort à chaque épisode nous amène à nous réconcilier avec cette injustice puisque nous ne tenons qu'à un fil et qu'il est donc urgent d'aimer ceux qui nous sont proches et encore en vie. Outre son exutoire mortifère et sa réflexion fructueuse sur la spiritualité et l'athéisme, Six Feet Under constitue également un hymne à la fidélité amicale à travers l'esprit de famille que nous caractérisent fébrilement les Fisher. Car devenant au fil progressif des épisodes des personnages intimes de notre quotidienneté en constante évolution comme s'ils s'agissaient de nouveaux membres de notre famille. Sur ce point, là encore la série frappe TRES fort (et s'avère même sa plus grande réussite !) sachant que TOUS les comédiens criants de spontanéité et de véhémence nous émeuvent et nous bouleversent avec une acuité viscérale parfois inconsolable. Les Fisher devenant de véritables amis, de nouveaux parents qu'on ne demande qu'à daigner protéger au-delà de notre lucarne TV ! Ce qui m'amène à vous souffler un petit mot sur le dernier épisode de la saison 5. Le moment émotionnel le plus ardu (et rédempteur !) que je n'ai jamais subi de mémoire de cinéphile ! Une conclusion déchirante, "dévastatrice" (pour reprendre un terme que j'ai osé "piller" dans une critique), d'une poésie limpide proche de l'enchantement (alors qu'elle ne cesse de cumuler la résultante de destins morbides !). Un cadeau d'adieux pour une famille infortunée unie par les liens du bonheur et du malheur alors qu'elle puise son attachement dans sa facture la plus ordinaire ! On en sort évidemment ébranlé à jamais, aussi bouleversé que grandi (notre perception de la vie et de la mort ayant évolué au fil des saisons !) car il est si bon de vivre et d'aimer notre entourage le plus proche, de s'enthousiasmer pour son prochain avant de s'exiler inévitablement six pieds sous terre ! Car malgré sa cruauté et son injustice, la vie reste belle et si fragile. Répétez-le vous chaque matin car tout a une fin si bien que nous ne savons pas quand l'horloge s'arrêtera...

A Pascal...
Dédicace à Isabelle Rocton et à mon entourage.

J'ai tant reçu de la vie, de joie, de tendresse, de plaisir, d'amitié, de bonheur, de savoir, que ma seule angoisse est de n'avoir pas su donner assez avant de m'endormir...
Jean Marais


Récompenses
Emmy Award 2002 : Meilleur réalisateur de série dramatique pour Alan Ball
Emmy Award 2002 : Meilleur casting pour une série dramatique
Emmy Award 2002 : Meilleurs maquillages pour l’épisode Intimité (A Private Life)
Emmy Award 2002 : Meilleur thème musical pour Thomas Newman
Emmy Award 2002 : Meilleur générique
Emmy Award 2002 : Meilleure participation d’actrice pour Patricia Clarkson
Golden Globe 2002 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Rachel Griffiths
Golden Globe 2002 : Meilleure Série Dramatique
Emmy Award 2003 : Meilleur casting pour une série dramatique
Golden Globe 2004 : Meilleure actrice dans une série dramatique pour Frances Conroy

TANK GIRL

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Rachel Talalay. 1995. U.S.A. 1h44. Avec Lori Petty, Ice-T, Naomi Watts, Don Harvey, Jeff Kober, Reg E. Cathey, Malcolm Mc Dowel.

Sortie salles U.S: 31 mars 1995. France: 12 juillet 1995

FILMOGRAPHIE: Rachel Talalay est une productrice et réalisatrice américaine née à Chicago dans l'Illinois. 1991 : La Fin de Freddy - L'ultime cauchemar. 1993: Le Tueur du futur. 1995: Tank Girl


Echec commercial et critique si je ne m'abuse, Tank Girl est la dernière réalisation de Rachel Talalay, cinéaste à qui l'on doit le médiocre 6è volet de la Fin de Freddy et le non moins sympathique Ghost Machine (Le Tueur du Futur). Librement inspiré du comics éponyme d'Alan Martin et Jamie Hewlett publié en 88, Tank Girl s'affiche en série B décomplexée sous l'impulsion d'une héroïne effrontée évoluant au sein d'un univers post-apo. En 2022, après l'explosion d'une comète sur la terre, une sécheresse s'étale sur une durée de 11 ans. Rebecca Buck, résistante impavide, tente de s'approprier l'eau du dictateur Kesslee au sein de son entreprise hydraulique. Mais lors d'une offensive avec les "éventreurs", Rebecca est retenue prisonnière par les sbires de Kesslee. Soumise à l'esclavage dans une mine, elle tente de s'échapper en dérobant un tank avec l'aide de la prisonnière, Jet Girl (Naomi Watts, étonnamment à l'aise dans un rôle à contre-emploi !).


Spectacle d'action et de fantaisies en roue libre fonctionnant sur l'abattage d'une punk haute en couleurs, Tank Girl insuffle une bonne humeur communicative en la présence de la survoltée Lori Petty (Point Break). Cette dernière endossant la cool attitude d'une militante avec une répartie expansive et un charme sexy gentiment provocant ! Insouciante et stoïque à toutes épreuves de force, Lori Petty exprime une dérision irrésistible dans sa fonction de détenue sans peur ni reproche puis dans son cheminement homérique après s'être libérée de ses chaines. Autour d'elle et au fil de ses rencontres dans un crépuscule aride, des personnages hybrides (les hommes kangourous) vont lui prêter main forte afin de combattre le tyran Kessler. Malcolm McDowell endossant avec un naturel aussi décomplexé l'archétype du dictateur aussi pervers que cruel. Emaillé de séquences d'actions explosives particulièrement réjouissantes et d'idées folingues (à l'instar des gadgets visuels impartis à certaines armes), Tank Girl parvient à amuser le spectateur par son esprit post-nuke cartoonesque où humour potache et violence inoffensive font bon ménage. Rachel Talalay tablant notamment sur le rythme d'une bande-son rock fulgurante (on y croise Portishead, Busch, Hole, Bjork, L7, Devo, Ice-T, etc) et sur des planches animées particulièrement expressives.


"On sauve le monde ... Mais d'abord on boit une bière "
Fun et jouissif, drôle, un brin vulgaire et grotesque, Tank Girl parvient facilement à transcender son schéma narratif classique par le biais de situations pittoresques surgies de nulle part (notamment cette séquence improvisée de music-hall !), de stratégies guerrières planifiées, d'une action étonnamment épique et de la bonne humeur de personnages extravagants assumant pleinement leur fonction clownesque (les hommes kangourous plutôt décérébrés !). Inscrit dans un esprit Bis décomplexé, Tank Girl fait office de série B culte (maudite !) sous le ressort d'un enthousiasme exaltant ! 

E-B

mercredi 31 août 2016

LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site traileraddict.com

"The Day the Earth Stood Still" de Robert Wise. 1951. U.S.A. 1h32. Avec Michael Rennie, Patricia Neal, Hugh Marlowe, Sam Jaffe, Billy Gray, Frances Bavier.

Sortie salles France: 18 Septembre 1952. U.S: 28 Septembre 1951

FILMOGRAPHIE: Robert Wise est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur né le 10 Septembre 1914, décédé le 14 Septembre 2005 à Winchester (Indiana).
1944: La Malédiction des Hommes Chats, 1945: Le Récupérateur de cadavres, 1948: Ciel Rouge. Né pour Tuer. 1949: Nous avons gagné ce soir. 1952: La Ville Captive. 1952: Le Jour où la terre s'arrêta. 1954: Les Rats du Désert. 1957: Marqué par la Haine. 1958: l'Odyssée du sous-marin Nerka. 1962: West Side Story. 1964: La Maison du Diable. 1966: La Mélodie du Bonheur. 1967: La Canonnière du Yang-Tsé. 1972: Le Mystère Andromède. 1975: L'Odyssée du Hindenburg. 1977: Audrey Rose. 1980: Star Trek. 1989: Les Toits. 2000: Une Tempête en été (télé-film)


Grand classique des années 50, le Jour où la terre s'arrêta aborde la science-fiction intimiste pour mettre en garde notre rapport belliqueux avec l'arme nucléaire. Robert Wise imaginant sans esbroufe l'arrivée sur terre d'un extra-terrestre messianique et d'un robot indestructible afin de nous avertir des dangers de nos nouvelles technologies (fusée, bombe atomique) pouvant nuire aux autres planètes. Ces E.T coexistant dans leur galaxie en harmonie pacifiste grâce à une société épargnée de police (substituée par des robots !), d'armes et de guerre. Métaphore sur le péril atomique et le racisme sous l'apparence hostile d'un étranger d'origine inconnue, La Jour où la terre s'arrêta repose sur une mise en scène et une distribution solides pour crédibiliser son contexte alarmiste. Et ce, en dépit de la tenue vestimentaire ringarde des extra-terrestres prêtant aujourd'hui à sourire mais toutefois emprunte de poésie ! Sous l'autorité de son inquiétant regard placide, Michael Rennie soutient le film de sa stature longiligne en porte-parole délibéré à rassembler nos dirigeants afin de leur émettre un ultimatum pour le sort de la Terre. Mais l'homme instinctivement méfiant, parano, farouche et orgueilleux endosse la défensive afin de se prémunir du danger dont il ignore les tenants et aboutissants ! Wise caricaturant nos comportements pleutres et outranciers par le biais du corps militaire et policier ainsi que la meute des journalistes et badauds en mal de sensations. Pendant ce temps, notre extra-terrestre surpris de notre comportement sournois trouve refuge chez une veuve et son fils afin de se prémunir d'un éventuel lynchage et avant d'entrer en contact avec un éminent scientifique.


Réquisitoire contre l'instinct destructeur de l'homme et les dangers de nos technologies avancées, le Jour où la Terre s'arrêta distille un climat trouble d'inquiétude et de suspense sous-jacent pour mettre en garde le destin de notre planète qu'un messie extra-terrestre tente péniblement de sauvegarder. Un film fort et intelligent d'une surprenante audace dans son refus du spectaculaire et dans son interrogation finale dénuée de réponse. C'est dire si Wise doute du bon sens de l'homme ! 

E-B

mardi 30 août 2016

BLOOD FATHER

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

de Jean-François Richet. 2016. U.S.A. 1h28. Avec Mel Gibson, Erin Moriarty, William H. Macy
Diego Luna, Elisabeth Röhm, Thomas Mann, Dale Dickey.

Sortie salles France: 31 Août 2016. U.S: 26 Août 2016

FILMOGRAPHIE: Jean-François Richet, né le 2 juillet 1966 à Paris, est un réalisateur, producteur, scénariste, dialoguiste et monteur français. 1995: État des lieux. 1997: Ma 6-T va crack-er. 2001: De l'amour. 2005: Assaut sur le central 13. 2008: L'Instinct de mort. 2008: L'Ennemi public n° 1
2015: Un moment d'égarement. 2016: Blood Father. 2017: Twice.


Vendu comme le grand retour de Mel Gibson dixit "Premiere" du haut de l'affiche hexagonale, ou lorsque la montagne accouche d'une souris répondit l'écho ! Série B d'action moulée à l'ancienne si j'ose dire, Blood Father constitue un très mauvais divertissement bourrin. Faute à une intrigue aseptique dénuée de toute vigueur dramatique (Spoil ! à l'instar de son épilogue tragique dont on éprouve aucune compassion ! fin du Spoil), à des antagonistes primaires sans charisme animal et surtout au portrait apathique imparti au père et à sa fille buissonnière. Pourchassée par des tueurs du Cartel depuis qu'elle eut incidemment assassinée leur leader (son petit ami !), Lydia, 17 ans, décide de renouer contact avec son père pour lui invoquer de l'aide. Persécutés et menacés, ils n'ont comme seul recourt de s'échapper du cocon domestique pour sillonner les contrées mexicaines entre deux escales dans des chambres d'hôtels. Mais les tueurs sans pitié restent à l'affût de leurs moindres déplacements. 


D'une platitude exaspérante dans son cheminement narratif poussif et d'un rythme langoureux même si quelques affrontements sanglants avivent timidement notre attention (notamment cet incroyable clash automobile auquel un poids lourds viendra percuter de plein fouet un motard !), Blood Father fait pâle figure pour renouer avec les plaisirs coupables des actionner 80. Le plaisir de retrouver le monstre sacré Mel Gibson dans un genre qui le rendit célèbre s'estompe donc rapidement si bien que l'acteur peine à insuffler une quelconque émotion dans sa fonction paternelle en rédemption. Même si sa carrure héroïque titille notre nostalgie et que la virilité de son charisme buriné impressionne encore du haut de ses 60 ans, l'acteur semble peu à l'aise pour s'iconiser en redresseur de tort par le biais de répliques approximatives. Entouré de la présence juvénile de Erin Moriarty en ado instable et décérébrée, cette dernière ne parvient jamais à densifier une fragilité humaniste dans sa personnalité lambda si bien que son amitié évoquée avec son paternel n'apporte aucune empathie à leur réconciliation.


Peu inspiré et d'une étonnante maladresse dans le fond et la forme (même si sa photo ocre esthétise parfois une nature crépusculaire), Jean François Richet vient de commettre avec Blood Father le plus mauvais film de sa carrière entraînant notamment dans sa chute l'acteur emblématique des années 80 même si Mel Gibson tente de sauver les meubles avec un minimum de dignité.  

E-B

Le p'tit mot de Jean-Marc Micciche:
Séance découverte avec le film attendue Blood Father, du frenchie Richet. Au delà du plaisir de retrouver Mel Gibson et de la bonne facture de l'ensemble, j'avoue avoir été déçus par cette série B un peu molle et bavarde...je trouve qu'avec ce type de sujet, deux perso que tout le monde veut gicler, j'ai malheureusement vue trop de bon films dans les années 70 et 80 pour mouiller mon slip. on attendait un film haletant, bourré de temps fort et bourré d'adrénaline, et au final tout ça tire en longueur.

lundi 29 août 2016

CONJURING 2: LE CAS ENFIELD

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Conjuring 2" de James Wan. 2016. U.S.A. 2h14. Avec Patrick Wilson, Vera Farmiga, Sterling Jerins, Frances O'Connor, Madison Wolfe, Lauren Esposito, Patrick McAuley.

Sortie salles France: 29 Juin 2016. U.S: 10 Juin 2016.

FILMOGRAPHIE: James Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie).
2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013: Insidious 2. 2016: The Conjuring 2.


Après le succès international de The Conjuring, James Wan rempile trois ans plus tard pour nous offrir une suite à la mesure de son talent. S'inspirant du cas Enfield auquel une famille anglaise fut persécutée par le fantôme d'un vieillard au milieu des années 70, Conjuring 2 préserve la même recette que son prédécesseur (jump-scare, suspense oppressant, rebondissements, effets-chocs en roue libre) avec une efficacité probablement plus convaincante ! De par la structure de son récit un peu plus subtil et substantiel que son modèle si bien que les situations homériques qui émaillent l'intrigue permettent de se renouveler sans lassitude. James Wan s'appuyant sur l'épreuve professionnelle des Warren à daigner une ultime fois (faute d'instance de retraite) superviser un nouveau cas de demeure hantée ! Dans leur jeu de questionnement spirituel à démêler le vrai du faux émane également une quête identitaire à savoir qui se planque derrière l'esprit démoniaque. Là encore, James Wan parvient à nous surprendre dans un habile jeu de simulacre que constituent la fille aînée, Janet Hodgson (en proie à toutes les suspicions de l'entourage professionnel !) et le fantôme sclérosé !


Hormis ces situations de déjà vu recyclées autour des thèmes de la demeure hantée et de la possession démoniaque, James Wan continue donc d'imprimer un indéniable savoir-faire technique, tant par sa mise en scène incisive que de la rigueur du montage et du cadrage. Et afin de rendre plausible cette nouvelle histoire de fantôme fertile en agressions surnaturelles, le cinéaste compte également sur sa solide direction d'acteurs, particulièrement les seconds-rôles infantiles d'une étonnante sobriété dans leur fonction molestée ! (mention spéciale à la néophyte Madison Wolfe). Quant au duo conjugal formé par Patrick Wilson et Vera Farmiga, ces derniers continuent d'afficher le même aplomb dans leur posture notoire de chasseurs de poltergeists avec une cohésion conjugale assez poignante (notamment leur valeur du mariage invoqué auprès de la jeune Janet). Ed Warren étant cette fois-ci sévèrement mis à mal pour sa destinée depuis que son épouse fut préalablement témoin d'une sombre prémonition. Outre l'angoisse savamment entretenue autour de situations mutiques redoutant un terrible danger, l'utilisation du hors-champ sonore est savamment exploité afin de nous faire bondir de notre siège au moment le plus fortuit !


Angoissant, parfois terrifiant (les apparitions de "l'homme tordu" !) et captivant grâce à la structure d'un récit plus étoffé que son modèle et grâce au savoir-faire factuel de son auteur, Conjuring 2 renchérit le "ouh fait moi peur" avec une efficacité optimale si bien qu'il aurait tendance à surpasser la première affaire des Warren ! Ajoutez à cela une splendide photographie contrastant à merveille avec sa scénographie nocturne ainsi qu'une bande-son percutante (entre deux hommages nostalgiques aux Beatles et à Elvis !) et vous obtenez un tour de montagne russe où l'émotion forte laisse finalement transparaître une éloge à l'union conjugale. 

La Chronique de The Conjuringhttp://brunomatei.blogspot.fr/2013/08/the-conjuring.html

E-B

Le p'tit mot de Jean Marc Micciche:
Cycle 'foutre la trouille 1' avec The conjuring 2. On le sait, s'il y a bien un genre où James Wan est vraiment à l'aise c'est avec le fantastique traditionnel, du curieux Dead silence, en passant par l'inégale mais passionnante saga des Insidious, sans oublier le premier The conjuring n'a cessé de retrouver la substantielle moelle de de la peur au cinéma...tous les vieux trucs du cinéma old school mais aussi de vraie tentatives de renouvellement des thèmes tout comme le travail sur le son et le cadre. La grande question que l'on pouvait se poser c'était de quel manière l'expérience du blockbuster Fast and furious 7 allait d'une certaine manière influencé le cinéma d'épouvante. Et force et de reconnaître que James Wan tente une greffe aussi étonnante qu'originale, tenter de faire un film d'action horrifique. La terminologie peut sembler poussive mais force et de reconnaître que Wan sur de ses moyens propose une mise en scène dynamique que seul Raimi (Evil Dead 1 et 2, Jusqu'en en enfer) ou Jackson (Fantômes contre fantômes) avaient réussi. En utilisant les thèmes les plus usités du cinéma d'épouvante, Wan parvient à créer grâce à une mise en scène et un découpage étonnant à créer d'authentiques moments de terreur primitives. Fondu et raccord étonnant, mouvement amples, direction artistiques tout dévoyés à une creer une ambiance de danger et de chaos palpable, James Wan éléve le cinéma de terreur et sa saga The Conjuring à un niveau étonnant. D'autant plus étonnant que sa sortie n'a pas fait dans le vague alors que le challenge a de grande chance de marquer durablement les esprits. Que dire d'autres ? le prologue sur Amytiville et sur Amythiville 2 est déjà en soi un moment de terreur unique, les cinéphiles apprécieront sans aucun doute la subtile citation à Audrey Rose de Robert Wise. Que le film est puritain ? mais étant donné l'angle narratif, on s'en fout un peu. Que le film a beau jouait la carte de l'épouvante, le film n'oublie jamais ses acteurs et que le film reste aussi un beau film d'amour sur un couple....

Le point de vue de Seb Lake:
Trois ans d'attente pour enfin voir la suite du meilleur film d'horreur de ces vingt dernières années,ce Conjuring 2 est construit de la même manière que son prédécesseur, petit prologue d'une de leur affaire (en l'occurrence ici celle d'Amityville),présentation de la famille concernée par leur future enquête puis les événements paranormaux qui s'en suivent,les deux films sont très proches dans leur concept à faire monter la tension en crescendo et une fois de plus James Wan réussi son pari,le film est mené de main de maître, ce qui est encore plus fort de la part du jeune cinéaste c'est que tous les clichés des films de maison hantée sont présents (porte qui claque,jouet démoniaque, jumpscare, possession, voix suspectes etc etc) malgré ça le film est étrangement innovant et se suit avec un grand plaisir. Venons en au bémol du film et il est de taille, ce qui faisait le charme et l'angoisse omniprésente du premier Conjuring c'était la peur ,la vraie peur viscérale, autant vous le dire tout de suite je n'ai pas fait un seul sursaut et à aucun moment j'ai senti la trouille m'envahir,c'est ma seule déception mais qui au final lui fait baisser sa note. En conclusion Conjuring 2 est un bon film d'horreur mais qui n'égale pas le premier opus. 4/6

vendredi 26 août 2016

Le Syndrome de Stendhal / La Sindrome di Stendhal

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Dario Argento. 1996. Italie. 1h59. Avec Asia Argento, Thomas Kretschmann, Marco Leonardi, Luigi Diberti, Paolo Bonacelli, Julien Lambroschini, John Quentin.

Sortie salles Italie: 26 Janvier 1996. Sortie DTV France: 13 Décembre 1999

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


Film à part dans la carrière de Dario Argento si bien qu'il aborde le drame psychologique dans le cadre  du psycho-killer sanguinolent, le Syndrome de Stendhal risque de déconcerter une partie du public néophyte peu habituée aux oeuvres auteurisantes parfois expérimentales, alors que les initiés se délecteront à nouveau de la maestria inspirée du maestro sans toutefois crier au chef-d'oeuvre ultime. Mais ne boudons pas notre plaisir lorsque nous avions affaire à du vrai cinoche horrifique à la fois ludique, envoûtant, intelligent, sulfureux, poétique, macabre. 

Le PitchAnna, jeune policière, souffre du Syndrome de Stendhal après avoir été subjuguée par la beauté d'un tableau. Enquêtant sur une série de viols et d'homicides particulièrement sanglants, elle finit par rencontrer le tueur après avoir été séquestrée et violée par ce dernier. Traumatisée par son agression, elle consulte un psychiatre afin de réprimer ses angoisses et par la même occasion tenter de guérir sa pathologie psychosomatique. Mais le tueur aux aguets n'en n'a pas fini avec elle. 


Nanti d'un rythme languissant pour autant captivant et parfois même envoûtant, Le Syndrome de Stendhal repose sur un climat d'angoisse trouble et d'inquiétude au sein d'un jeu machiavélique du chat et de la souris. De telle manière que le spectateur se laisse emporter par cette introspection schizophrène avec une attention irrépressible. Illuminé de la vénéneuse présence d'Asia Argento (peut-être son plus beau rôle), l'actrice porte le film sur ses épaules dans sa fonction policière d'ange déchue, afin de pallier  aussi le jeu timoré de quelques seconds-rôles (les amants d'Anna) toutefois non dénués de charme bisseux à travers leur attachante maladresse. Or, cette direction d'acteurs qu'Argento manipule  un peu maladroitement (à l'instar de son homologue Fulci) renforce le climat feutré où séduction/répulsion, doute et appréhension ne cessent de se contredire. Car abordant les thèmes du trauma, de l'obsession et du dédoublement de personnalité dans une démarche picturale baroque, Dario Argento dynamise les codes du thriller avec une autonomie plus singulière qu'au préalable (si on écarte l'audacieux et - aujourd'hui - mésestimé Trauma). Si bien que la mise en scène appliquée doit beaucoup de son magnétisme au gré d'une intrigue cérébrale privilégiant les névroses sexuelles d'une héroïne en perdition morale. Empruntant quelques petites influences à Psychose d'Hitchcock et au cinéma de De Palma  (notamment Pulsions), les rapports intimes et obsessionnels qu'entretiennent victime et tueur (leur fascination pour l'art) suscitent une ambiance érotico-morbide aussi dérangeante que fascinante (notamment parmi des excès de violence incisive). Et ce avant de mettre en exergue un cas pathologique en étroit rapport avec son vertige des sens et son hyper sensibilité à ce confondre dans l'illusion.


S'il n'est pas le chef-d'oeuvre escompté comme chaque nouveau projet amorcé par le maître (surtout lors des années 90 avant qu'il ne décline en perdition), Le Syndrome de Stendhal ne laisse jamais indifférent pour nous confier au final quelques séquelles psychologiques sachant qu'après la projo on se surprend de rester hanté par cette étreinte torturée avec le Mal. Argento l'illustrant crument au travers d'une hantise spectrale, d'une contagion morale, d'un cancer incurable que le thème lancinant de Morricone diabolise avec une certaine fragilité sensuelle. A (re)découvrir.


*Bruno. 
09.01.24. 3èx. Vistf 5.1.

jeudi 25 août 2016

S.O.S FANTOMES 2

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com 

"Ghosbusters 2" d'Ivan Reitman. 1989. U.S.A. 1h48. Avec Bill Murray, Dan Aykroyd, Harold Ramis, Sigourney Weaver, Rick Moranis, Ernie Hudson, Harris Yulin.

Sortie salles France: 15 Décembre 1989. U.S: 16 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Ivan Reitman est un réalisateur canadien, né le 27 Octobre 1946 à Komarno en Tchécoslovaquie.
1971: Foxy Lady. 1973: Cannibal Girls. 1979: Arrête de ramer, t'es sur le sable. 1981: Les Bleus. 1984: SOS Fantômes. 1986: L'Affaire Chelsea Deardon. 1988: Jumeaux. 1989: SOS Fantômes 2. 1990: Un Flic à la Maternelle. 1993: Président d'un Jour. 1994: Junior. 1997: La fête des pères. 1998: 6 Jours, 7 nuits. 2001: Evolution. 2005: Ma Super ex. 2011: Sex Friends.


Chronique express (si bien qu'il s'agit d'une aigre déception).

Boudé par la critique de l'époque, une vaine déclinaison littéralement soporifique, faute d'un script épigone tournant à vide, de gags aussi poussifs que lourdingues et d'une implication timorée d'acteurs à bout de souffle (d'ailleurs notre quatuor s'était refusé de rempiler pour une suite avant de se raviser, financièrement parlant).

Bref, une suite indigente d'une vacuité artistique.

La Chronique d' S.O.S. Fantômes: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/sos-fantomes-ghostbusters.html

E-B

mercredi 24 août 2016

DAGON

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdpascher.net 

de Stuart Gordon. 2001. Espagne. 1h35. Avec Ezra Godden, Raquel Meroño, Francisco Rabal, Macarena Gómez, Brendan Price.

Sortie salles Espagne: 31 octobre 2001. Sortie video France: 17 Juin 2003 

FILMOGRAPHIE: Stuart Gordon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Août 1947 à Chicago (Illinois).
1979: Bleacher Bums (télé-film). 1985: Ré-Animator. 1986: Aux portes de l'au-delà. 1987: Dolls. 1988: Kid Safe (télé-film). 1990: Le Puits et le Pendule. 1990: La Fille des Ténèbres. 1990: Robojox. 1993: Fortress. 1995: Castle Freak. 1996: Space Truckers. 1998: The Wonderful ice cream suit. 2001: Dagon. 2003: King of the Ants. 2005: Edmond. 2005: Masters of Horror (le cauchemar de la sorcière - Le Chat Noir). 2007: Stuck. 2008: Fear Itself.


Inédit en salles et directement passé par la case DTV chez nous, Dagon est une série B horrifique sortant des sentiers battus avec l'appui d'une nouvelle de H.P. Lovecraft, "Le Cauchemar d'Innsmouth". Révélé par Ré-animator, From Beyond et Dolls, Stuart Gordon renoue avec l'inspiration si bien que Dagon constitue une perle (atypique) d'atmosphère macabre au sein d'un univers côtier redoutablement pernicieux. Deux couples s'égarent en mer au moment d'une fortuite tempête. Alors que l'une des femmes est grièvement blessée, le jeune couple s'empresse de rejoindre la rive pour alerter la populace du hameau. Sur place, après s'être séparés et avoir vainement tenté un quelconque soutien, Paul finit par aborder quelques étranges citadins à la démarche dégingandée et à la voix râpeuse.


A partir d'un pitch délicieusement intrigant par son climat de mystère palpable et le charisme cynique de villageois encapuchonnés, Stuart Gordon confectionne un suspense oppressant par le principe du survival que notre couple va encourir sans relâche. En décuplant les tentatives d'évasion du héros piégé en interne d'un village spectral et ses rencontres impromptues avec des antagonistes fétides, Gordon relance l'enjeu de survie avec notamment comme alibi la quête désespérée d'une retrouvaille (celle de l'épouse disparue !). L'action ne cessant de rebondir grâce à la diversité de décors glauques et perméables que le héros arpente à perdre haleine sous une intempérie diluvienne. Au fil de son cheminement cauchemardesque où l'on ne cessera d'intenter à sa vie, d'autres surprises l'attendent violemment au tournant quand bien même sa nouvelle rencontre avec l'électrisante Uxía Cambarro (Macarena Gómez aussi fringante que terrifiante dans l'acuité de son regard reptilien !) pourrait changer son destin ! Outre sa densité narrative émaillé de rebondissements et révélations traumatiques (notamment ce final explosif à twists réfutant le traditionnel happy-end), Dagon nous converge lentement vers une abysse aquatique à la beauté sépulcrale ! En dépit de quelques plans CGI complètement foirés (pour ne pas dire dégueulasses !), les autres trucages artisanaux qui empiètent le récit s'avèrent beaucoup plus persuasifs par leur réalisme viscéral lors des moments les plus draconiens ! A l'instar du réalisme poisseux des sévices gores infligées sur des victimes démunies (le dépeçage en plan serré d'un visage humain !).


Série B formellement soignée (si on élude quelques insalubrités en CGI) et redoutablement ensorcelante sous le ressort d'une atmosphère humide, Dagon transcende un univers malsain pour démystifier le sectarisme d'une confrérie adepte d'une divinité amphibienne ! Captivant et terrifiant (les résidents provoquent une réelle appréhension sans gestuelle outrancière !), Stuart Gordon peaufine le cadre de son archipel avec la densité d'un scénario baroque. Une authentique perle du genre au parfum de souffre aussi moite que vertigineux. 

B-M. 3èx

mardi 23 août 2016

CARNIVAL OF SOULS

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com 

de Herk Harvey. 1962. U.S.A. 1h24. Avec Candace Hilligoss, Frances Feist, Sidney Berger, Art Ellison, Stan Levitt, Tom McGinnis.

Sortie salles France: 26 Septembre 1962

FILMOGRAPHIEHerk Harvey est un réalisateur américain né le 3 juin 1924 et décédé le 3 avril 1996. 1962: Carnival of Souls.


Une expérience hallucinée avec le mysticisme !
Véritable film culte au sens étymologique du terme alors qu'il fut un bide en salles, Carnival of Souls gagna sa réputation notoire parmi des fans toujours plus nombreux au fil des décennies. Réalisé avec des moyens précaires sur une durée de trois semaines de tournage, Carnival of Souls constitue une expérience visuelle vénéneuse alors qu'il s'agit de l'unique réalisation de Herk Harvey. A la suite d'un accident de voiture, une jeune femme s'égare dans un dédale urbain peuplé d'étranges quidams. Alors qu'elle vient de trouver un emploi d'organiste dans une église, les phénomènes inexpliqués se multiplient sans qu'elle puisse acquérir une quelconque logique à sa condition esseulée. 


A partir de ce pitch minimaliste, le réalisateur en extirpe un cauchemar éveillé du point de vue de l'héroïne, quand bien même le spectateur aussi désorienté se laisse border par la main par ce maelstrom d'images anxiogènes sorties de son esprit torturé. Par son climat fantasmagorique en roue libre et la posture nonsensique des personnages secondaires, Carnival of Souls laisse libre court à une fantaisie surréaliste dénuée de cohérence. A raison lorsque l'on connait finalement la résolution de l'énigme mainte fois reprise depuis chez d'autres réalisateurs en herbe (Night M. Shyamalan en tête). En faisant référence au cinéma muet, Herk Harvey parvient à susciter l'angoisse et parfois même l'effroi lors des multiples apparitions de spectres (grimés de fond de teint blanc !) que l'héroïne redoute dans sa paranoïa en chute libre. Baignant dans une fascinante atmosphère d'onirisme macabre (notamment ce fameux bal des âmes) que sa photo monochrome exacerbe avec stylisme, Carnival of Souls nous plonge dans une dérive schizo sous l'impulsion de situations affolantes. Le jeu assez amateur des comédiens néophytes et la présence attachante de Candace Hilligoss amorçant un habile contrepoint pour renchérir notre perte des repères. Notamment ce travail retors sur sa bande-son musicale entièrement conçue à l'orgue et de ces bruitages parfois mutiques que l'héroïne ET le spectateur s'interpellent communément !


La vie n'est qu'un long rêve dont la mort nous réveille. 
Bad trip sensitif d'une puissance formelle aussi diaphane que fulgurante, Carnival of Souls est à prescrire à tous les amoureux d'ambiance éthérée sachant que l'onirisme macabre et le baroque se télescopent avec une fluide alchimie ! Source d'inspirations pour des générations de cinéastes (Lynch, Romero et Shyamalan en tête !), cet ovni singulier laisse des traces dans l'encéphale si bien qu'il tend aussi à souligner une réflexion existentielle sur notre perception (chimérique) de la réalité et sur l'éventuelle foi en l'"au-delà" ! (on peut même y déceler une certaine influence chez l'Aldila de Fulci lors d'une itinérance routière !). 

B-M. 3èx

lundi 22 août 2016

GREYSTOKE, LA LEGENDE DE TARZAN

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com 

"Greystoke: The Legend of Tarzan, Lord of the Apes" de Hugh Hudson. 1984. Angleterre. 2h15. Avec Christophe Lambert, Ralph Richardson, Ian Holm, James Fox, Andie MacDowell, Cheryl Campbell, Ian Charleson, Nigel Davenport.

Sortie salles France: 3 Octobre 1984. U.S: 30 Mars 1984

FILMOGRAPHIEHugh Hudson est un réalisateur britannique né le 25 août 1936 à Londres.
1981 : Les Chariots de feu. 1984 : Greystoke, la légende de Tarzan. 1985 : Révolution. 1989 : Le Carrefour des Innocents. 1995 : Lumière et Compagnie (Doc). 1999 : My Life So Far. 2000 : Je rêvais de l'Afrique. 2016: Altamira.


Hymne à la vie, à la faune et à la flore dans son cadre le plus humble et authentique, Greystoke, la Légende de Tarzan transcende toutes les versions portées à l'écran d'après le célèbre roman d'Edgar Rice Burroughs. A contre-emploi d'une lignée de divertissements de séries B immortalisées par l'acteur Johnny Weissmuler, Greystoke imprime avec sa mise en scène classieuse une aventure flamboyante sous l'impulsion d'un souffle romanesque tantôt bouleversant. Si la première partie épique condense en 50 minutes la jeunesse primitive de notre héros éduqué par les singes en forêt africaine, le second acte plus grave bifurque vers le drame existentiel lorsque John Clayton est accueilli dans la riche propriété de son grand-père aristocrate.


Outre sa petite romance partagée avec Miss Jane Porter et sa grande amitié nouée avec Philippe D'Arnot, John s'efforce de trouver un centre d'intérêt à sa nouvelle condition humaine depuis le comportement matérialiste de l'homme esclave de son confort. Réflexion sur notre cupidité humaine à cultiver le profit sous toutes ses coutures et en exploitant les plus faibles, Greystoke se porte également garant de la cause animale lorsque la haute bourgeoisie se soumet d'empailler des animaux pour les exhiber fièrement dans leurs musées d'histoire. Irrespectueux et meurtrier envers l'animal, l'homme moderne se dévoile sous les yeux de Greystoke comme un charlatan mégalo dénué de sens moral. Au-delà des comédiens notoires issus de l'ancienne (Ralph Richardson; Ian Holm) et la nouvelle génération (la sémillante Andie MacDowell du haut de ses 26 ans !), Christophe Lambert constitue LA révélation du film tant celui-ci parvient à donner chair à l'homme-singe avec une vérité humaine aussi vibrante que bouleversante. Tant pour son talent du mimétisme primal que de son expressivité mélancolique à travers la chaleur de son regard candide.


Avec ses décors grandioses de forestation sauvage et l'architecture baroque d'un royaume monarque; Greystoke établit un saisissant contraste entre l'ancienne et notre nouvelle civilisation. A travers le témoignage candide d'un homme singe pétri de valeurs et déférence pour sa famille (celle des primates), Greystoke tend à faire écho à la citation de Ghandi ("on reconnait la grandeur d'une nation à la manière dont elle traite les animaux") pour fustiger la cruauté de l'homme moderne envers son descendant. Une oeuvre magnifique émaillée d'intenses fragments dramatiques sous l'impulsion lyrique du thème classique de John Scott et du jeu viscéral de Christophe Lambert.  

B-M. 3èx

vendredi 19 août 2016

LA MOUCHE NOIRE

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site alamy.com

"The Fly" de Kurt Neumann. 1958. U.S.A. 1h35. Avec Vincent Price, David Hedison, Patricia Owens, Herbert Marshall, Charles Herbert, Kathleen Freeman.

Sortie salles: 29 Août 1958

FILMOGRAPHIE: Kurt Neumann est un réalisateur, producteur et scénariste américain d'origine allemande, né le 5 Avril 1908 à Nuremberg, décédé le 21 Août 1958. 1932: Mon copain le roi. 1935: Solitude. 1937: Espionage. 1939: Island of lost men. 1945: Tarzan et les amazones. 1946 : Tarzan et la Femme léopard. 1947: Tarzan et la Chasseresse. 1950 : Le Kid du Texas. 1950 : Vingt-quatre heures chez les Martiens. 1952: Le Fils d'Ali Baba. 1956: L'Attaque du Fort Douglas. 1958: La Mouche Noire. 1958 : Machete. 1959 : Watusi. 1959 : Counterplot.


Bien avant le chef-d'oeuvre bouleversant de Cronenberg, Kurt Neumann s'était approprié en 1958 de la nouvelle de George Langelaan pour transposer à l'écran les expériences amorales d'un scientifique convaincu de pouvoir sauver le monde de la famine et de la pollution grâce à un désintégrateur ! Ou plus communément appelé de nos jours "téléportation" dans le but de substituer nos traditionnels moyens de locomotion. Après avoir tenté l'expérience sur un chat (désintégré dans l'espace !) et un cochon d'Inde, il décide de servir de cobaye afin de parfaire son ambition et la promulguer au monde. Seulement, au moment d'entrer dans la machine, une mouche s'y est incidemment invitée ! La suite, vous la connaissez, du moins pour ceux ayant déjà découvert la version (organique) de Cronenberg. Ce pitch aussi improbable que débridé, Kurt Neumann nous le conte avec souci informatif par l'entremise d'un long flash-back.


L'épouse du savant ayant été contrainte de le sacrifier selon sa dernière volonté, elle finit par se confesser à la police afin de leur expliquer les conséquences tragiques de l'invention. De par la spontanéité des comédiens aussi rigoureux dans leur émoi et désarroi et sa structure narrative militant la suggestion en retardant au possible l'effet de surprise d'une vision d'effroi, La Mouche Noire nous plonge dans une intrigue ombrageuse où le suspense maintient l'attention. Le savant ayant durant la quasi totalité du métrage un drap noir sur la tête afin de préserver à son épouse son horrible métamorphose, nous nous amusons de notre curiosité voyeuriste sous le joug de l'expectative. Bien que les effets-cheaps feront aujourd'hui sourire le public, la posture aussi convaincante qu'attachante de chacun des interprètes parviennent à les transcender si bien que nous croyons à l'infortune de ce scientifique davantage gagné par la déroute alors que son épouse bouleversée tente vainement de le rassurer. Outre l'aspect captivant de sa narration convergeant à une issue dramatique, on se surprend également de la tournure délirante d'une "chasse à mouche blanche" que nos héros effectuent à perdre haleine dans la maison et le jardin (lors de la transmission de matière, la tête humaine du savant fut transplantée sur l'insecte aujourd'hui en liberté !).


Intriguant, délirant et cauchemardesque (à l'instar de son point d'orgue anthologique d'une cruauté viscérale encore perturbante !), La Mouche Noire continue de perdurer son petit pouvoir de fascination sous l'impulsion de comédiens loquaces (notamment Vincent Price dans un second rôle avenant !) et d'une efficacité narrative signalant en sous texte les dérives technologiques. A redécouvrir avec un oeil aussi distrait que diligent !

B-M. 3èx

jeudi 18 août 2016

POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site actionmovie.kronosline.com 

"Per un pugno di dollari" de Sergio Leone. 1964. Italie. 1h36. Avec Clint Eastwood, Gian Maria Volontè, Sieghardt Rupp, Wolfgang Lukschy, Marianne Koch, José Calvo, Joseph Egger, Antonio Prieto.

Sortie salles France: 16 Mars 1966. Italie: 12 Septembre 1964.

FILMOGRAPHIE: Sergio Leone est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 3 Janvier 1929 à Rome, décédé le 30 Avril 1989.
1959: Les Derniers Jours de Pompéi, 1960: Sodome et Gomorrhe, 1961: Le Colosse de Rhodes, 1964: Pour une poignée de Dollars, 1965: Et pour quelques Dollars de plus, 1966: Le Bon, la Brute et le Truand, 1968: Il Etait une fois dans l'Ouest, 1971: Il était une fois la Révolution, 1973: Mon Nom est Personne (co-réalisé avec Tonino Valerii), 1975: Un Génie, deux Associés, une Cloche (co-réalisé avec Damiano Damiani), 1984: Il Etait une fois en Amérique, 1989: Les 900 jours de Leningrad (inachevé).


Succès international célébrant l'avènement du Western Spaghetti,  Pour une poignée de dollars fut sifflé par les critiques françaises de l'époque lui reprochant sans doute sa violence et son sadisme au sein d'un climat poisseux de dégénérescence immorale. A l'instar du massacre lâchement perpétré par Ramon et ses sbires contre les Baxter ou lors de leur passage à tabac infligé sur l'homme sans nom. S'inspirant d'un classique d'Akira Kurosawa, Yojimbo, Pour une poignée de dollars dépeint avec stylisme singulier (entendez par là, pour le genre !) la confrontation ardue entre deux clans de contrebandiers quand bien même un étranger américain viendra s'immiscer entre eux pour y semer la zizanie et réparer justice auprès de la population et du gouvernement.


Dans un rôle taillé sur mesure, Clint Eastwood crève l'écran dans sa carrure placide de redresseur de tort inscrit dans la loyauté et la bravoure. Nanti d'un charisme viril à travers l'intensité d'un regard reptilien, il magnétise ses rivaux lors de duels déjà emphatiques (zooms sur les regards en sueur, plans larges et iconiques de tronches insalubres aux yeux perçants) que Sergio Leone peaufinera avec d'autres westerns plus emblématiques (Et pour quelques dollars de plus, Il était une fois la Révolution, Le Bon, la Brute et le Truand et surtout le légendaire et inoxydable Il Etait une fois dans l'Ouest). Dosant efficacement humour noir, drame et action sous l'impulsion de subterfuges qu'exécute en catimini l'Etranger, Pour une poignée de dollars enchaîne les attaques et contre-attaques entre clans avant que ces derniers ne cernent la cause de leur discorde. Fort d'une violence réaliste inhabituelle pour le genre, et outre sa galerie de trognes burinées que les seconds-rôles se partagent de façon viciée, la présence cynique de Gian Maria Volontè renforce à merveille le climat putassier du cadre asséché de l'action ! Littéralement habité par sa prestance impudente, l'acteur se prête au jeu du leader sans vergogne avec une expressivité sadique. Outre le soin imparti à la structure narrative et à l'esthétisme vétuste du climat de désolation (photo sépia à l'appui), Sergio Leone convoque également le maestrio Ennio Morricone pour parfaire l'émotion des enjeux humains. Ce dernier composant avec une ambition sans retenue diverses mélodies par l'entremise d'un lyrisme tantôt solennel, tantôt enjoué.


Bien que Pour une poignée de dollars s'avère le western spaghetti le moins réussi de sa filmographie, Sergio Leone est tout de même parvenu avec ce premier essai à créer et imposer son style si bien que les duels archétypaux qui empiètent parfois l'intrigue font déjà preuve d'une vibrante intensité émotionnelle ! Un classique du genre avant-gardiste dont les effluves du temps ne semblent avoir aucune emprise.  

B-M

mercredi 17 août 2016

IN THE DEEP / 47 METERS DOWN

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Johannes Roberts. 2016. U.S.A. 1h29. Avec Matthew Modine, Mandy Moore, Claire Holt, Santiago Segura, Yani Gellman, Chris J. Johnson, Axel Mansilla.

Inédit en salles en France. Sortie Dtv France: 28 Septembre 2017

FILMOGRAPHIE: Johanne Roberts est un réalisateur, producteur, scénariste américain, né le 24 Mai 1976 à Cambridge. 2016: In the Deep. 2016 The Door. 2012 Storage 24. 2011 Roadkill (TV Movie). 2010: F.  2005 Forest of the Damned. 2004 Darkhunters. 2004: Hellbreeder. 2002/II Alice. 2001: Sanitarium (Video).


Uniquement disponible en Dtv sur notre territoire, In the Deep emprunte la démarche modeste d'une série B pour exploiter à nouveau la peur du requin. En villégiature au Mexique, deux soeurs décident de partir en croisière avec des inconnus rencontrés la veille d'une soirée festive. Pour contempler d'un peu plus près les requins, ces derniers les sollicitent à descendre au fond de l'océan à l'aide d'une cage d'observation. Mais un incident technique contraint les plongeuses à y rester embrigadées en attendant les secours. Alors que les requins sont à l'affût, leur masque de plongée commence à manquer d'oxygène. Sous le principe du survival tendu et oppressant, Johanne roberts surprend habilement dans sa capacité à décupler les situations de danger sans faire preuve d'esbroufe. Si les dix premières minutes présagent le pire dans ses clichés éculés (le dépit amoureux que l'une des héroïnes éprouve, la fiesta arrosée qui s'ensuit pour opérer le deuil), la suite embraye rapidement vers des enjeux de survie à couper le souffle (au sens littéral du terme !).


Fort d'une idée aussi ingénieuse que singulière (embrigader deux plongeuses dans une cage d'acier à plus de 50 mètres de profondeur alors que des requins accourent !), le réalisateur s'avère redoutablement inspiré pour faire monter la pression anxiogène d'une menace binaire (celle des requins et de l'oxygène en instance de ravitaillement). Qui plus est, l'utilisation d'authentiques requins à l'écran nous immerge dans l'action avec un réalisme cauchemardesque ! Nos deux héroïnes démunies s'efforçant de se triturer les méninges afin de solutionner leur espoir d'évasion tout en redoublant de vigilance pour l'hostilité des squales. Véritable descente aux enfers marins, In the Deep dépayse en diable afin d'extérioriser une angoisse viscérale permanente lorsque nos survivantes s'efforcent de s'épauler et de relever les défis avec une stoïcité teintée de désespoir. Spoiler ! Ces dernières s'évertuant à moult reprises à s'extirper de leur geôle pour ratisser quelques mètres de hauteur afin de communiquer aux matelots leur pourcentage (déclinant) d'oxygène ! Fin du Spoiler. En maintenant une perpétuelle pression durant leur épreuve de force (notamment ce risque d'azote contracté dans le sang causant ainsi des hallucinations), Johanne Roberts pousse le vice jusqu'au bout pour culminer vers un final couillu aussi palpitant qu'escarpé (au risque de déconcerter une partie du public).


Filmant l'immensité de l'océan comme un enfer aquatique privé de tous repères, In the Deep immerge de plein fouet le spectateur dans une épreuve de survie aussi haletante que suffocante. Exploitant intelligemment son concept original d'embrigadement restreint à l'intérieur même d'un grand bleu sans échappatoire, Johanne Roberts recourt à un réalisme acerbe pour osciller angoisse et terreur sous l'impulsion solidaire d'héroïnes en perdition (sobre talent des comédiennes fondé sur une expression viscérale ). Une excellente petite surprise donc que les amateurs de requins-tueurs auraient tort de zapper !

B-M