mercredi 24 août 2016

Dagon

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdpascher.net 

de Stuart Gordon. 2001. Espagne. 1h38. Avec Ezra Godden, Raquel Meroño, Francisco Rabal, Macarena Gómez, Brendan Price.

Sortie salles Espagne: 31 octobre 2001. Sortie video France: 17 Juin 2003 

FILMOGRAPHIE: Stuart Gordon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Août 1947 à Chicago (Illinois). 1979: Bleacher Bums (télé-film). 1985: Ré-Animator. 1986: Aux portes de l'au-delà. 1987: Dolls. 1988: Kid Safe (télé-film). 1990: Le Puits et le Pendule. 1990: La Fille des Ténèbres. 1990: Robojox. 1993: Fortress. 1995: Castle Freak. 1996: Space Truckers. 1998: The Wonderful ice cream suit. 2001: Dagon. 2003: King of the Ants. 2005: Edmond. 2005: Masters of Horror (le cauchemar de la sorcière - Le Chat Noir). 2007: Stuck. 2008: Fear Itself.

"L'appel fangeux des profondeurs."

Inédit en salles et directement relégué à la case DTV chez nous, Dagon est une série B horrifique qui sort des sentiers battus, adaptée de la nouvelle de H.P. Lovecraft Le Cauchemar d’Innsmouth. Révélé par Re-Animator, From Beyond et Dolls, Stuart Gordon retrouve ici une inspiration noire et féconde : Dagon s’impose comme une véritable perle d’atmosphère macabre, lovée dans un univers côtier d’une perversité redoutable.

Synopsis : Deux couples s’égarent en mer lors d’une tempête soudaine. Quand l’une des femmes est grièvement blessée, le jeune couple gagne la rive pour chercher de l’aide auprès des habitants d’un hameau proche. Mais, séparé de sa compagne, Paul découvre une communauté d’étranges citadins à la démarche dégingandée, à la voix râpeuse, comme rongés par une dégénérescence millénaire.


À partir de ce pitch délicieusement intrigant, baigné d’un mystère palpable et du charisme sinistre des villageois encapuchonnés, Gordon tisse un suspense oppressant, mu par le principe d’un survival sans relâche. Les tentatives d’évasion du héros, piégé dans ce village spectral et labyrinthique, se succèdent avec fièvre, relançant sans cesse l’enjeu de survie - moteur désespéré de sa quête : retrouver l’épouse disparue. L’action rebondit sans répit, nourrie par la diversité de décors glauques et perméables, que Paul traverse à bout de souffle sous une pluie diluvienne. Immersion aqueuse garantie.

Au fil de ce cauchemar éveillé, chaque rencontre devient menace, chaque ruelle une gorge humide prête à l’engloutir. Et quand surgit la fascinante Uxía Cambarro - Macarena Gómez, vénéneuse et terrifiante, regard reptilien à l’éclat de fièvre -, le récit bascule dans un vertige charnel et mythologique. Soutenu par une densité narrative traversée de rebondissements et de révélations traumatiques (jusqu’à ce final explosif, tordant le cou au traditionnel happy end), Dagon nous entraîne vers une abysse aquatique d’une beauté sépulcrale.

Malgré quelques CGI datés, les trucages artisanaux confèrent au film une physicalité viscérale, notamment lors des séquences les plus draconiennes. Certaines scènes de gore poisseux - tel le dépeçage d’un visage en plan serré - flirtent avec l’insoutenable.


Série B formellement soignée, redoutablement ensorcelante, Dagon suinte la moisissure, l'eau et la peur. Gordon transcende un univers malsain pour démystifier le sectarisme d’une confrérie dévote à une divinité amphibienne. Captivant, étrange, terrifiant - sans jamais sombrer dans l’outrance —, il sculpte le cadre de son archipel avec la densité d’un conte baroque et fétide. En définitive, une référence du genre, au parfum de soufre, moite et vertigineux. Peut-être bien la plus belle réussite horrifique de son auteur.

— le cinéphile du cœur noir

18.10.25 4èx. Vost

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