mardi 7 mai 2019

Johnny Guitare

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site wikipedia.org

de Nicholas Ray. 1954. U.S.A. 1h45. Avec Joan Crawford, Sterling Hayden, Scott Brady, Mercedes McCambridge, Ward Bond, John Carradine, Ernest Borgnine.

Sortie salles France: 27 Mai 1954

FILMOGRAPHIE: Nicholas Ray, de son vrai nom Raymond Nicholas Kienzle, est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 7 août 1911 à Galesville (Wisconsin) et mort le 16 juin 1979 à New York (New York).1949 : Les Amants de la nuit. 1949 : Les Ruelles du malheur. 1949 : Secret de femme. 1949 : Roseanna McCoy, (non crédité). 1950 : Le Violent. 1950 : Born to Be Bad. 1951 : Les Diables de Guadalcanal. 1951 : The Racket. 1952 : La Maison dans l'ombre. 1952 : Le Paradis des mauvais garçons. 1952 : Les Indomptables. 1952 : Androclès et le Lion. 1954 : Johnny Guitare. 1955 : À l'ombre des potences. 1955 : La Fureur de vivre. 1956 : L'Ardente Gitane. 1956 : Derrière le miroir. 1957 : Jesse James, le brigand bien-aimé. 1957 : Amère Victoire. 1958 : La Forêt interdite. 1958 : Traquenard. 1959 : Les Dents du diable. 1961 : Le Roi des rois. 1963 : Les 55 Jours de Pékin. 1968 : Œdipe Roi. 1975 : Wet Dreams - segment The Janitor. 1976 : We Can't Go Home Again. 1980 : Nick's Movie ou Lightning Over Water, coréalisé avec Wim Wenders.


Grand classique du genre considéré comme l'un des meilleurs westerns dit traditionnel, Johnny Guitare est illuminé par les présences vampiriques de Joan Crawford et de Mercedes McCambridge se disputant le pouvoir avec une provocation perfide si je me réfère à la plus déloyale habitée par une rancoeur punitive. D'ailleurs, il s'avère que sur le tournage les 2 actrices se détestaient tant au point de s'y crêper le chignon à renfort de règlement de compte sournois (prioritairement Joan Crawford à contre-emploi de sa loyauté fictive). Nanti d'un solide scénario à l'intensité dramatique truffée de rebondissements, Johnny Guitare aborde les thèmes de la jalousie, du mensonge, du faux semblant et de la félonie sous le catalyseur d'une romance impossible que convoite la diabolique Emma secrètement amoureuse du bandit Dancing Kid. Or, alors que Johnny Guitare refait surface afin de rendre visite à sa bien-aimée d'autrefois Vienna, Kid espère lui conjurer son amour en dépit de son refus péremptoire et de sa réputation de tenancière marginale potentiellement complice d'un hold-up meurtrier fraîchement opéré.


Diabolisée par Emma épaulée de sa troupe de justiciers, Vienna tente vainement de prouver son innocence afin de laver son honneur. Ainsi donc, à travers cette intrigue insidieuse où l'influence de masse, les malentendus et la lâcheté sont légions afin d'y démasquer une éventuelle coupable au caractère digne, Nicholas Ray sublime son récit à travers une étude de caractères contradictoires. A savoir, se laisser influencer par une diabolique leadeuse rarement à court de preuves ou accorder le bénéfice du doute auprès de Vienna prise dans les mailles d'un concours de circonstances infortunées mais délibérée à se défendre et rétablir la vérité au grand dam de son impuissante solitude. A moins qu'elle ne compte en dernier ressort sur l'amour de Johnny reluquant dès le départ ces règlements de compte verbaux avec une prévention scrupuleuse. Et donc, à travers les agissements résolument perfides d'Emma assoiffée de haine meurtrière, Nicholas Ray ne fait qu'illustrer les conséquences dramatiques de sa jalousie, de ses mensonge et de sa vengeance lorsque celle-ci se résigne à influencer tout son entourage afin d'emporter la mise.


Western (étonnamment) féministe peuplé de seconds-rôles perplexes en proie au doute et à une remise en question morale (notamment auprès des questions de la présomption d'innocence et de la peine de mort), Johnny Guitare cultive une puissance de fascination sous l'impulsion luminescente de 2 actrices au sommet se disputant l'inimitié avec une audace héroïque à double tranchant. Du grand et beau cinéma, noble, romantique, lyrique, grave et puissant à travers sa tournure dramatique. 

*Bruno

lundi 6 mai 2019

Le Cerveau

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.com

de Gérard Oury. 1969. France. 1h55. Avec Jean-Paul Belmondo, Bourvil, David Niven, Eli Wallach, Silvia Monti, Raymond Gérôme, Jacques Balutin, Henri Attal.

Sortie salles France: 7 Mars 1969.

FILMOGRAPHIE: Gérard Oury (Max-Gérard Houry Tannenbaum) est un réalisateur, acteur et scénariste français né le 29 avril 1919 à Paris, décédé le 20 Juillet 2006 à Saint-Tropez.
1960: La Main Chaude. La Menace. 1962: Le Crime ne paie pas. 1965: Le Corniaud. 1966: La Grande Vadrouille. 1969: Le Cerveau. 1971: La Folie des Grandeurs. 1973: Les Aventures de Rabbi Jacob. 1978: La Carapate. 1980: Le Coup du Parapluie. 1982: L'As des As. 1984: La Vengeance du Serpent à Plumes. La Joncque (inachevé). 1987: Levy et Goliath. 1989: Vanille Fraise. 1993: La Soif de l'or. 1996: Fantôme avec chauffeur. 1999: Le Schpountz.


5 547 305 entrées à sa sortie si bien qu'il se classe N°2 au Box-Office français (et ce en dépit de la déception des producteurs qui espéraient plus après les antécédents succès du Corniaud et de la Grande Vadrouille), Le Cerveau est tout à fait symptomatique du savoir-faire de Gérard Oury  condensant avec son efficacité traditionnelle, comédie, action, aventures et romance sur un rythme sans répit. Inspiré de l'attaque du train postal Glasgow-Londres, Le cerveau exploite donc le film de casse sous l'impulsion d'un casting 4 étoiles parmi lesquels les duos Bourvil/Belmondo, David Niven/Eli Wallach. Quatre comédiens cosmopolites jonglant entre exubérance, charme, maladresse et héroïsme illégal avec une fringance à revendre. Et très sincèrement ces duos inopinés fonctionnent à merveille de par leur inimitié marginale à daigner s'approprier une fortune dans un climat d'insolence et de cocasserie parfois proche du cartoon. Quand au rôle le plus drôle, on peut avouer que paradoxalement Eli Wallach vole la vedette à l'illustre Bourvil en truand perfide habité par une jalousie maladive eut égard de la beauté gracile de sa soeur italienne que certains prétendants osent aborder. Les meilleurs gags découlant de sa posture irascible, obsessionnelle, paranoïaque, volontairement outrée.


Ainsi, si le script s'avère de prime abord sans surprise (2 duos de malfrats vont se disputer un butin sans savoir qu'au même moment ils opérèrent le même stratagème), dès que le fameux casse du train entre en jeu (soigneusement mis en scène par ailleurs !), le cheminement narratif va emprunter un virage autrement inventif, fou et décomplexé à travers une moisson de quiproquos fondées sur le simulacre et le trompe-l'oeil. Chaque protagoniste s'opposant à leur doute et à leur perplexité avec une savoureuse dérision si bien que les rôles vont notamment s'inverser à un moment propice du jeu du chat et de la souris lorsque Arthur et Anatole (Belmondo/Bourvil) prétendent découvrir la véritable identité du cerveau ! Et si cette comédie folingue davantage trépidante ne provoque pas tant de drôlerie escomptée, l'aventure loufoque et assez débridée la compense largement grâce au savoir-faire inventif d'Oury jamais avare d'idée saugrenue (l'incroyable feux d'artifice improvisé dans les jardins du château donne lieu à une séquence onirique du plus bel effet). Notamment en comptant enfin sur l'aimable complémentarité de Bourvil et Jean-Paul Belmondo très à l'aise en malfrats burnés, sans compter la présence fortuite de David Niven étonnamment frais et spontané en cerveau retors jamais à court de charme (sa relation naissante qu'il entamera avec la soeur de Frankie incarné par la très sensuelle Silvia Monti )


Superbement mené avec des moyens considérables (le film possède le plus gros budget de l'époque) et rythmé sous l'impulsion d'un cast alerte et d'une trame policière davantage rocambolesque auprès de ses revirements vertigineux, le Cerveau se décline en spectacle populaire festoyant si bien qu'il n'a pas pris une ride par sa mécanique de séduction infaillible.

*Bruno
2èx

vendredi 3 mai 2019

Les Aventures de Rabbi Jacob

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site medias.unifrance.org

de Gérard Oury. 1973. France. 1h41. Avec Louis De Funès, Claude Giraud; Henri Guybet, Renzo Montagnani, Suzy Delair, Marcel Dalio, Claude Piéplu, Janet Brandt, Miou-Miou, Popecke.

Sortie salles France: 18 Octobre 1973

FILMOGRAPHIE: Gérard Oury (Max-Gérard Houry Tannenbaum) est un réalisateur, acteur et scénariste français né le 29 avril 1919 à Paris, décédé le 20 Juillet 2006 à Saint-Tropez.
1960: La Main Chaude. La Menace. 1962: Le Crime ne paie pas. 1965: Le Corniaud. 1966: La Grande Vadrouille. 1969: Le Cerveau. 1971: La Folie des Grandeurs. 1973: Les Aventures de Rabbi Jacob. 1978: La Carapate. 1980: Le Coup du Parapluie. 1982: L'As des As. 1984: La Vengeance du Serpent à Plumes. La Joncque (inachevé). 1987: Levy et Goliath. 1989: Vanille Fraise. 1993: La Soif de l'or. 1996: Fantôme avec chauffeur. 1999: Le Schpountz.


1 au Box-Office avec 7 295 811 entrées et archi rediffusé à la TV, les Aventures de Rabbi Jacob est le classique populaire de la démesure. Tant et si bien que 2 ans après son coup d'éclat La Folie des Grandeurs, le maître Gérard Oury signe à nouveau un modèle du genre de par son savoir-faire infaillible à exploiter un scénario retors (qu'il écrivit en compagnie de Danièle Thompson) prétexte à aventures rocambolesques menées à tombeau ouvert. Le pitch: à la suite d'un concours de circonstances malchanceuses, l'industriel Victor Pivert se retrouve mêlé à un kidnapping auprès du révolutionnaire Mohammed Larbi Slimane. Parvenant à échapper à ses agresseurs mais pris en otage par ce dernier, Victor finit par se retrouver à l'aéroport d'Orly afin de fuir avec lui le pays. Mais alors que la police, son épouse (craignant une infidélité !) et les terroristes tentent de les appréhender, Victor et Slimane parviennent à usurper l'identité de rabbins dans les toilettes de l'aéroport pour mieux les semer. Une folle cavalcade les attend à travers les villes de Paris et au sein d'une synagogue. Comédie d'aventures à la fois folingues et endiablées que Gérard Oury mène avec une ambition outre-mesure, les Aventures de Rabbi Jacob prolifère les rebondissements, gags en pagailles et courses-poursuites improbables sous l'impulsion de têtes d'affiche totalement déjantées !


Car en y semant la zizanie entre terroristes, policiers, rabbins, jeunes mariés et épouse contrariée, nos héros Victor et Slimane sont contraints de s'adapter à la culture juive que Victor exècre en raciste irascible. Ainsi donc, à travers le thème de la haine de l'étranger, Gérard Oury en extrait une satire irrésistible auprès de l'abattage de De Funès plus en forme et téméraire que jamais à travers ses grimaces, verbigérations et mimiques hilarantes en se fondant dans l'identité d'un étranger néophyte. Accompagné de Claude Giraud étonnamment à l'aise en contestataire faussement torve, celui-ci s'improvise preneur d'otage (au bon coeur) avec une dérision amiteuse. Constamment drôle et cocasse, badin et épique à travers son action en roue libre parmi lesquelles des cascades d'un réalisme impressionnant et une partie de danse improvisée (quel numéro décomplexé !), les Aventures de Rabbi Jacob détonne par son concentré d'humour inventif où le sens du détail confine au cartoon live. A l'instar de la poursuite survoltée implantée dans l'usine à chewing-gum que Gérard Oury mène à la perfection de par le dynamisme du montage et l'énergie à revendre des acteurs batifolant le cache-cache tous azimuts. Et pour parachever, quoi de mieux que de clôturer cette folle et vertigineuse escapade à proximité d'une église, à travers la tendresse du mariage et de la réconciliation conjugale.


Complètement azimuté car d'une énergie insolente et d'une drôlerie sémillante, les Aventures de Rabbi Jacob préserve son intensité comique sous l'impulsion dévastatrice de comédiens dégénérés se coursant tous azimuts sous un pilier narratif ramifié. Une pochette surprise expansive donc au sein de ses genres hétéroclites. 

*Bruno
3èx

jeudi 2 mai 2019

Dragged Across Concrete. Prix Sang neuf, Beaune 2019

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de S. Craig Zahler. 2018. U.S.A/Canada. 2h39. Avec Mel Gibson, Jennifer Carpenter, Vince Vaughn, Laurie Holden, Michael Jai White, Udo Kier, Tory Kittles.

Sortie en Italie le 3 septembre 2018 (Mostra de Venise 2018).
Sortie salles U.S: 9 octobre 2018. Beyond Fest: 22 mars 2019. Interdit - 16 ans.
Sortie salles France: ?

FILMOGRAPHIE: S. Craig Zahler est un réalisateur et scénariste américain né en 1973 à Miami, Floride. 2015: Bone Tomahawk. 2017: Section 99 (Brawl in Cell Block 99). 2018: Dragged Across Concrete.


Révélé par Bone Tomohawk et Section 99S. Craig Zahler n'en finit plus de surprendre avec ce 3è long, Dragged Across Concrete. Polar longiligne d'une durée exceptionnelle de 2h39 (ah ouai quand même !), le récit s'articule autour d'un juteux compromis entre deux flics suspendus à la suite d'une bavure. A savoir, daigner dérober le magot d'une bande de braqueurs afin de pallier leur 6 mois de suspension et ainsi subvenir aux besoins de leur famille. Prenant son temps à planter son contexte vénal parmi la caractérisation des voyous afros et des deux flics réputés pour leur bravoure mais pour autant pénalisés par leur hiérarchie lors d'une filature musclée, S. Craig Zahler poursuit une démarche Tarantinesque à travers ses dialogues ciselés, sa soul-music entêtante (mais jamais envahissante) et sa structure narrative savamment planifiée. Le tout transcendé d'une étude psychologique plutôt fouillée et avisée, tant auprès de la fidèle amitié de ce duo subitement influencé par le gain en lieu et place de survie (alors que l'un d'eux se contredit par sa réticence), que de certains seconds-rôles que Zahler ne manque pas de substantialiser. Surtout si je me réfère au sort précaire d'une jeune maman (Jennifer Carpenter plutôt poignante dans sa force d'expression affligée) en proie à un implacable chantage et malencontreusement employée au mauvais moment, au mauvais endroit.


Emaillé de réparties et situations cocasses (Vince Vaughn dégustant son sandwich dans l'habitacle de sa voiture en un temps record de 98 mns selon l'aveu de son acolyte Mel Gibson !) avant de bifurquer vers un virage autrement noir et dramatique, eut égard des impitoyables revirements impromptus s'enchaînant en crescendo, Dragged Across Concrete laisse un arrière goût amer de souffre à travers sa sombre désillusion. Et ce même si l'épilogue un brin salvateur ne s'avère pas si tragique passé son intensité dramatique escarpée. Niveau casting, Mel Gibson (affublé d'une moustache) s'en sort enfin avec les honneurs puisqu'il nous dévoile ici la pleine mesure de son talent en flic sexagénaire influent sur le point d'approcher la retraite mais délibéré en l'occurrence à sauver son train de vie instable en privilégiant le bonheur de sa famille. Fort de son charisme aujourd'hui strié et de son tempérament viril, Mel Gibson magnétise l'écran avec une sobriété exemplaire. Quant à la posture aussi râblée de son compère Vince Vaughn, il y esquisse un être plus vulnérable et moins expérimenté à risquer sa vie pour la mise des lingots d'or. Flic un peu plus intègre mais pour autant séduit par cette transaction commerciale, Vince Vaughn s'avère parfaitement convaincant à travers la palette de ses sentiments de doute, de crainte et d'amour pour sa future épouse. On peut également souligner 2 mots sur la posture spectrale des braqueurs affublés de lunettes de soudeur, cagoules et vêtements noir lors de leur violent braquage puisque sans pitié lorsqu'il s'agit d'y sacrifier des vies afin de tenir lieu de leur prospérité. Armé de silencieux lors de leurs exactions meurtrières à répétition, les amateurs pourraient prêter une certaine filiation au fameux Assaut de Carpenter dans la manière insolite dont Zahler fait preuve afin de mettre en exergue le flegme de ses tueurs sans vergogne nous suscitant trouble et émoi anxiogène eut égard de leur cruauté déloyale.


Sans vouloir parfaire le chef-d'oeuvre mais en persévérant d'imprimer sa propre personnalité en dépit de ces influences déjà exploitées lors de ces 2 précédents métrages, Dragged Across Concrete transpire la sincérité d'un cinéma de genre révolu. Celui du Buddy movie cool et hargneux car peu à peu irrigué d'éclairs de violence d'une âpre brutalité (jamais outrancière) que des marginaux à la dérive existentielle engendrent par leurs actions vénales. Poignant et radical.  

*Bruno

Récompense:
Festival international du film policier de Beaune 2019 : Prix sang neuf

mercredi 1 mai 2019

Le Grand Chemin. César meilleure actrice, Anémone.

                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

de  Jean-Loup Hubert. 1987. France. 1h45. Avec Anémone, Richard Bohringer, Antoine Hubert, Vanessa Guedj, Christine Pascal, Raoul Billerey, Pascale Roberts.

Sortie salles France: 25 Mars 1987

FILMOGRAPHIEJean-Loup Hubert est un réalisateur et scénariste français né le 4 octobre 1949 à Nantes. 1981 : L'Année prochaine... si tout va bien. 1984 : La Smala. 1987 : Le Grand Chemin. 1989: Après la guerre. 1990 : La Reine blanche. 1993 : À cause d'elle. 1997 : Marthe. 1999 : Duel. 1999 : Pulpeuse fiction. 2004 : 3 petites filles.


Porté par les talents épurés d'Anémone et de Richard Bohringer, communément récompensés d'un César, Le Grand Chemin est une jolie chronique rurale à travers l'initiation d'un jeune garçon parti 3 semaines en villégiatures chez une amie d'enfance de sa maman. Or, la véritable intention de cette dernière découlait de sa séparation conjugale qu'elle n'ose lui avouer à son âge aussi apprenti, alors qu'elle est aussitôt sur le point d'accoucher de son 2è enfant. Nanti d'un climat très particulier de par son parti-pris documenté d'illustrer sans fioriture une banalité quotidienne paysanne, Le Grand Chemin peut surprendre par sa crudité (mise à mort et dépeçage d'un lapin, insecte écrasé au pied, vers de terre jetés sur un mur, coït d'un jeune couple face aux enfants voyeurs, violence conjugale auprès de l'époux alcoolique, discours salace et curiosité sexuelle de la petite Martine depuis la rencontre de Louis). Tant et si bien que le spectateur non averti risque d'y être dérouté. Dans la mesure notamment où le réalisateur réfractaire aux conventions se refuse à y dépeindre une émotion programmée au gré des batifolages du jeune Louis constamment brimé par la friponne Martine en tenue légère parfois provocatrice.


Dans la manière radicale de radiographier ses enfants au tempérament naturel irrécusable et évoluant dans un environnement champêtre un peu sauvage, Jean-Louis Hubert joue la carte du vérisme au risque d'occulter son émotion escomptée. Notamment grâce à la sobriété d'expression des jeunes acteurs Antoine HubertVanessa Guedj étonnamment naturels à travers leur complicité amiteuse si bien que l'on prêterait une allusion au chef-d'oeuvre Jeux Interdits de René Clément, de par leurs rapports étroits avec le sens de la vie et de la mort. D'autant plus qu'ils résident à proximité d'un cimetière qu'ils arpentent régulièrement en guise d'ennui et de découverte insolite. Ainsi, en dépit d'un score un brin pathétique par moments, le Grand Chemin touche juste à mettre en exergue les thèmes de l'éveil initiatique et de la démission parentale. Tant auprès du jeune Louis soudainement abdiqué par son père et donc livré à lui même que du couple Marcelle / Pello jamais remis de la mort de leur progéniture. C'est donc à travers l'attachement progressif de Louis (natif de la ville) que ces derniers vont parvenir à accepter leur deuil en lui enseignant auprès de ses interrogations récurrentes les valeurs de la force de l'âge, de l'amitié et de l'amour avec l'appui désinvolte de Martine.


Gros succès à sa sortie (4è au Box-Office avec 3 177 560 entrées), Le Grand Chemin aborde la comédie dramatique avec une retenue d'émotions à la fois fructueuse et déroutante auprès du spectateur non averti. En tout état de cause, on ne peut nier la sincérité de l'auteur portant un regard subtilement tendre pour ces protagonistes adultes et infantiles grâce à sa digne modestie. 

A Anémone et Christine...

*Bruno

Récompenses:
César 1988 du meilleur acteur pour Richard Bohringer
César 1988 de la meilleure actrice pour Anémone
Prix Georges de Beauregard 1987

lundi 29 avril 2019

Dolores Claiborne

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Taylor Hackford. 1995. U.S.A. 2h12. Avec Kathy Bates, Jennifer Jason Leigh, Judy Parfitt, Christopher Plummer, David Strathairn, Eric Bogosian.

Sortie salles France: 11 Octobre 1995. U.S: 24 Mars 1995

FILMOGRAPHIETaylor Hackford est un réalisateur et producteur américain né le 31 décembre 1944. Il est marié à l'actrice Helen Mirren. 1980 : Le Temps du rock'n'roll. 1983 : Officier et gentleman. 1984 : Contre toute attente. 1986 : Soleil de nuit. 1988 : Hail! Hail! Rock 'n' Roll (documentaire musical). 1988 : Everybody's All-American. 1993 : Les Princes de la ville. 1995 : Dolores Claiborne. 1998 : L'Associé du diable. 2001 : L'Échange. 2005 : Ray. 2010 : Love Ranch. 2013 : Parker. 2016 : The Comedian.


Drame psychologique transplanté dans le cadre du thriller à suspense d'après un célèbre roman de Stephen King, Dolores Claiborne est une adaptation très réussie de Taylor Hackford sous l'impulsion magnétique du duo Kathy Bates / Jennifer Jason Leigh. Celles-ci soulevant du poids de leurs épaules l'intrigue substantielle avec une intensité dramatique tantôt poignante, tantôt bouleversante. Le Pitch: à la suite de la mort de la richissime Vera Donovan, son intendante Dolores Claiborne est suspectée d'avoir provoqué sa mort en la poussant dans les escaliers. De retour dans sa région d'enfance, sa fille aujourd'hui journaliste tente de renouer les liens avec elle depuis l'autre mort accidentelle de son père auquel Dolores fut finalement déculpabilisée. Mais n'ayant jamais cru à une thèse accidentelle, le détective John Mackey compte bien aujourd'hui prendre sa revanche pour enfin mettre sous les verrous Dolores Claiborne.


De par l'ossature de son récit en suspens alternant efficacement présent et flash-back afin de lever le voile sur l'ambiguïté identitaire de Dolorès, tout en y radiographiant à jeu égal le profil torturé de sa fille sujette à la dépression, Dolores Claiborne captive sans fard jusqu'au dénouement crépusculaire faisant intervenir lors d'une aura onirique le croissant d'une éclipse. Magnifiquement incarné par Kathy Bates en femme caractérielle partagée entre sa force tranquille et sa rage interne d'avoir autrefois subi les maltraitances de son époux alcoolique, quand bien même Jennifer Jason Leigh lui partage la vedette parmi l'intensité d'une discrétion fragile eut égard de son obscur passé entretenu avec celui-ci, Dolores Claiborne donne lieu à un très attachant numéro d'acteurs dénué d'effets de manche. Car si l'intrigue s'avère à mi-parcours assez prévisible, son intensité psychologique perpétuelle et le brio à laquelle Taylor Hackford tisse son latent suspense autour de ses personnages proscrits donne lieu à une passionnante affaire familiale. Entre violentes réparties, crises de larmes, rancoeur, non-dit et aigreur mélancolique. La force narrative découlant des thèmes de l'injustice, du faux semblant, de la maltraitance, de la perversité et du traumatisme que mère et fille vont tenter de dénouer avec une contradiction bipolaire. Ces dernières ayant un sentiment commun de solitude épaulée du poids de la rancoeur et de la culpabilité à travers leur faille de communication amorcée depuis la tragédie familiale.


Remarquablement mené au travers de son suspense ciselé que Kathy Bates et Jennifer Jason Leigh mènent spontanément dans une puissance d'expression frondeuse, Dolorès Claiborne traite de la mort, de la résilience et de l'amour maternel avec une vigueur dramatique particulièrement sensible. Car c'est ici en  renouant avec les démons d'un passé éhonté que la famille en berne pourrait s'octroyer la rédemption en dépit d'un acte criminel condamnable par la juridiction. 

*Bruno
2èx

Récompense: Prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour Ellen Muth au Festival international du film de Tokyo 1995.

vendredi 26 avril 2019

Manon des Sources. César meilleure actrice de second rôle - Emmanuelle Béart

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site chacuncherchesonfilm.fr

de Claude Berri. 1986. France/Italie/Suisse. 1h54. Avec Yves Montand, Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart, Hippolyte Girardot, Élisabeth Depardieu, Margarita Lozano, Yvonne Gamy, Ticky Holgado.

Sortie salles France: 19 Novembre 1986

FILMOGRAPHIE: Claude Langmann, dit Claude Berri, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur français, né le 1er juillet 1934, décédé le 12 janvier 2009. 1964: Les Baisers (segment « Baiser de 16 ans »). La Chance et l'amour (segment « La Chance du guerrier »). 1966: Le Vieil homme et l'enfant. 1968 Mazel Tov ou le Mariage. 1969: Le Pistonné . 1970: Le Cinéma de papa. 1972: Sex-shop. 1975: Le Mâle du siècle. 1976: La Première fois. 1977: Un moment d'égarement. 1980: Je vous aime. 1981: Le Maître d'école. 1983: Tchao Pantin. 1986: Jean de Florette. Manon des sources. 1990: Uranus. 1993: Germinal. 1996: Lucie Aubrac. 1999: La débandade. 2001: Une femme de ménage. 2004: L'Un reste, l'autre part. 2006: Ensemble, c'est tout. 2009: Trésor.


Sorti 3 mois après sa première partie, Manon des Sources rameute à nouveau le public en masse si bien qu'il se hisse 2è au box-Office, juste derrière Jean de Florette avec 6 645 596 entrées. Pour rappel, le 1er opus rassembla 7 224 195 entrées. Réunissant les nouvelles têtes d'affiche Hippolyte Girardot (excellent de sobriété et de sagesse en prétendant philanthrope), Ticky Holgado et surtout  l'indomptable Emmanuelle Béart en Némésis sauvageonne, Manon des Sources délivre ici tout son potentiel dramatique à travers une motivation punitive que Manon complote secrètement avec rigoureuse amertume. Car timorée, fuyante, introvertie et taciturne depuis son inconsolable traumatisme d'avoir perdu son père pour un vulgaire enjeu cupide, celle-ci distille une bouleversante émotion fortuite à travers sa névralgie morale cédant parfois à de foudroyantes crises de larme, entre dépit et rancoeur de l'injustice. La puissance de l'intrigue finement charpentée résidant notamment dans la caractérisation d'autres personnages en proie (depuis toujours) à la lâcheté du mutisme mais aujourd'hui délibérés à s'y confesser sous l'influence d'un incident sanitaire majeur et de Manon bientôt sujette à extérioriser toute la vérité. De son côté, frappé d'un coup de foudre pour cette dernière plutôt farouche à son égard, Ugolin lui conjure de la rendre heureuse de par ses sentiments passionnels et ses richesses matérielles.


Daniel Auteuil s'avérant ici autrement plus expressif à travers ses ardents désirs d'amour, de sexualité et de délivrance. Quand bien même le Papet observe la posture folingue d'Ugolin avec une méfiante perplexité. Sans se complaire dans le jeu de la séduction pour y tisser une toile autour d'Ugolin, Manon fricote un stratagème autrement réfléchi en y punissant par l'occasion tous les habitants de sa région. Au-delà du latent suspense imposé à sa cruelle vengeance, l'intrigue finira par atteindre des sommets d'acuité émotionnelle lors de sa seconde partie résolument renversante. Tant et si bien que Claude Berry totalement maître de sa mise en scène posée nous transcende une succession de règlements de comptes verbaux et rebondissements capiteux sous le pivot d'une filiation maudite. Les revirements dramatiques à répétition s'enchaînant de manière fluide car soumis au fil narratif d'une surprenante subtilité. Le fameux point d'orgue révélateur intervenant lors de l'aparté entre le Papet et une vieille amie aveugle, morceau d'anthologie d'une cruauté émotionnelle à son apogée. Ou comment se prendre de véritable empathie auprès du vrai responsable de cette tragédie filiale frappé soudainement d'une confidence improbable au point d'y louer sa culpabilité.


Grand moment de cinéma frappé d'une vigueur dramatique en crescendo, Manon des Sources clôt magistralement le diptyque de Pagnol à travers la densité d'un récit reptilien où chaque personnage évoluera en fonction d'une commune prise de conscience morale afin de restituer la dignité de Manon et des siens. Chef-d'oeuvre d'élégies morales aux âmes tourmentées, Manon des Sources atteint enfin des sommets d'acuité sous l'impulsion magnétique d'Yves Montand bouleversant d'accablement à travers la tare de sa culpabilité où seul Dieu pourrait l'absoudre de ses odieux pêchers. Inoubliable par sa beauté funèbre affligée. 

*Bruno2èx

Récompenses: César de la meilleure actrice dans un second rôle - Emmanuelle Béart
César du meilleur acteur - Daniel Auteuil

jeudi 25 avril 2019

Jean de Florette. César du Meilleur Acteur: Daniel Auteuil.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site amazon.fr

de Claude Berri. 1986. France/Suisse/Italie/Autriche. 2h01. Avec Yves Montand, Gérard Depardieu, Daniel Auteuil, Elisabeth Depardieu, Margarita Lozano, Ernestine Mazurowna, Armand Meffre.

Sortie salles France: 27 Août 1986

FILMOGRAPHIE: Claude Langmann, dit Claude Berri, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur français, né le 1er juillet 1934, décédé le 12 janvier 2009. 1964: Les Baisers (segment « Baiser de 16 ans »). La Chance et l'amour (segment « La Chance du guerrier »). 1966: Le Vieil homme et l'enfant. 1968 Mazel Tov ou le Mariage. 1969: Le Pistonné . 1970: Le Cinéma de papa. 1972: Sex-shop. 1975: Le Mâle du siècle. 1976: La Première fois. 1977: Un moment d'égarement. 1980: Je vous aime. 1981: Le Maître d'école. 1983: Tchao Pantin. 1986: Jean de Florette. Manon des sources. 1990: Uranus. 1993: Germinal. 1996: Lucie Aubrac. 1999: La débandade. 2001: Une femme de ménage. 2004: L'Un reste, l'autre part. 2006: Ensemble, c'est tout. 2009: Trésor.


Succès triomphal lors de sa sortie en 1986 si bien qu'il se classe n°1 au box-Office avec 7 224 195 entrées, Jean de Florette est la réunion de talents hors-pair. Tant auprès de son auteur Claude Berri  (Le Vieil Homme et l'Enfant, Tchao Pantin, Germinal) que du trio Montand / Depardieu / Auteuil  (récompensé d'un César pour son interprétation précisément chafouine). Tiré d'un célèbre roman de Marcel Pagnol publié en 1963 après avoir été porté à l'écran une première fois par ce dernier en 1952, Jean de Florette est un hymne à l'horticulture et à la nature provinciale que Claude Berri s'applique à mettre en image avec une tendre motivation. Car formellement flamboyant auprès de sa nature solaire d'un or incandescent et narrativement dense à travers l'épreuve de force du métayer Jean de Florette s'évertuant, parmi l'appui de son épouse et de sa fille, à labourer ses champs et élever ses lapins en guise de prospérité, son dessein lui fait confronter deux paysans aussi machiavéliques qu'insidieux, Ugolin influencé par son oncle Le Papet.


Ces derniers avides de cupidité tentant de s'approprier ses terres avec une amabilité obséquieuse. Yves Montand en maître influent, et Daniel Auteuil en complice couard, se partageant la vedette avec une avarice finement détestable. Affublé d'une bosse dorsale, Gérard Depardieu se taille la carrure de Jean de Florette avec une détermination physique et morale forçant le respect. Car aussi retors qu'intelligent dans sa démarche horticultrice, celui-ci prolifère les ingénieux stratagèmes afin de nourrir sa famille en dépit des caprices d'une nature erratique et de sa futile naïveté à se laisser berner par l'amitié perfide du conseiller Ugolin. On peut également saluer la modeste expression fragile d'Elisabeth Depardieu en épouse affectueuse discrète et combattante, ainsi que la présence naturelle de la petite Ernestine Mazurowna d'une sobre justesse à observer dans le mutisme les agissements fétides de ses deux voisins sans vergogne (à l'instar du préambule meurtrier sans équivoque que le Papet intentera sous un coup de colère).


Drame familial davantage intense et rigoureux à travers le douloureux portrait d'un ambitieux paysan amoureux de ses terres et résolument délibéré à soulever des montagnes en dépit de ses mauvaises influences, Jean de Florette scande l'amour de la nature à travers une intrigue pernicieuse esquissant deux profils mesquins d'une rapacité jamais démonstrative. D'où l'intelligence et la dextérité de Claude Berri à consolider ce tragique enjeu d'avidité au gré d'une intensité dramatique jamais programmée. En attendant d'y découvrir impatiemment la vengeance de Manon des Sources  lors du second volet, Jean de Florette fait désormais office de grand classique du cinéma français d'une poignante sincérité. 

*Bruno
2èx

Récompenses: 1986 : Prix de l'Académie nationale du cinéma pour Claude Berri
1987 : César du meilleur acteur pour Daniel Auteuil pour Jean de Florette et Manon des sources
1988 : British Academy of Film and Television Arts (BAFTA) :
Meilleur Film
Meilleur acteur dans un second rôle pour Daniel Auteuil
Meilleur scénario adapté pour Claude Berri et Gérard Brach
1988 : Prix du London Film Critics Circle du Meilleur film étranger (en)

mercredi 24 avril 2019

Une Affaire de Famille. Palme d'Or / César Meilleur Film Etranger.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Hirokazu Kore-eda. 2018. Japon. 2h01. Avec Lily Franky, Sakura Andō, Mayu Matsuoka, Kirin Kiki, Kairi Jyo, Miyu Sasaki.

Sortie salles France: 12 décembre 2018. Japon: 8 Juin 2018

FILMOGRAPHIEHirokazu Kore-eda est un réalisateur japonais né le 6 Juin 1962 à Tokyo. 1995 : Maborosi. 1998 : After Life. 2001 : Distance. 2004 : Nobody Knows. 2006 : Hana. 2008 : Still Walking. 2009 : Air Doll. 2011 : I Wish, nos vœux secrets. 2013 : Tel père, tel fils. 2015 : Notre petite sœur. 2016 : Après la tempête. 2017 : The Third Murder. 2018 : Une affaire de famille. 2019 : La Vérité.


"La solitude et le sentiment de n'être pas désiré sont les plus grandes pauvretés."
Drame familial d'une intensité dramatique que nous ne voyons jamais arriver, Une affaire de Famille n'a point dérobé sa Palme d'Or ni son César du Meilleur Film Etranger de par le brio épuré de Hirokazu Kore-eda portant à l'écran un douloureux récit familial avec une pudeur bouleversante. Car décrivant la quotidienneté peu recommandable d'une famille reconstituée éduquant leurs enfants dans une éthique marginale (chaparder dans les magasins), Une Affaire de Famille s'avère d'une fatale cruauté eu égard de sa tournure dramatique dénuée d'espoir. Et si le récit met du temps à se mettre en place au premier abord pour y planter son décor domestique, et que le spectateur s'adapte lentement aux us et coutumes de ses personnages incultes, c'est pour mieux nous ébranler lors de son revirement narratif (2 incidents fortuits où tout basculera !) davantage attachant car d'un humanisme écorché vif si je puis me permettre. La grande force du film découlant notamment de la dextérité du metteur en scène à radiographier la moralité de chaque personnage, entre sentiments sournois et pudeur romantique. Notamment auprès de la nouvelle recrue qu'ils s'efforcent de tendrement protéger depuis sa condition molestée.


Ainsi, cette famille de fortune tente donc de s'unifier et de se construire malgré tout, humainement parlant, par des moyens miséreux, et par le truchement d'un code de conduite illégal. Car cohabitant dans la précarité en dépit d'emplois prolétaires que 3 membres d'entre eux tentent de perdurer, ils sont pour autant contraints de gruger et d'inculquer à leurs enfants cette action préjudiciable. Vibrant hommage à la fraternité d'une famille infortunée victime de leur inconséquence, témoignage poignant sur la vieillesse et au temps qui passe à moindre échelle, Une Affaire de Famille  insuffle une bouleversante réflexion sur le sens de l'amour parental du point de vue de cette unité victime de démission, de mensonge, de chômage et de maltraitance si on évoque le cas de la dernière adoptive, Yuri. Car chargés de secrets qu'ils peinent à avouer à leurs rejetons (entre cupidité et profit), les parents seront confrontés à leur propre vérité pour se remettre ainsi en question en tentant en désespoir de cause de se racheter une conduite parentale autrement intègre. Ainsi, c'est donc au fil de leur quotidienneté commune semée de bévues, au fil de leur ascension familiale (quantitative) que ces derniers parviennent néanmoins à y cultiver des valeurs de tendresse, de partage et d'amour dans une autonomie sournoise difficilement concevable.


Une oeuvre magnifique donc pleine de délicatesse (notamment dans la fragilité des échanges de regard, dans les silences entre les mots et les remords à moitié pardonnés) et de dureté eut égard des conséquences dramatiques de cette famille en berne tentant d'y (ré)concilier amour et tendresse. Un cri d'alarme, un déchirant désespoir humaniste que le réalisateur met en exergue parmi l'acuité de la suggestion à travers ses postures faussement sereines. Le dernier plan évocateur, aphone, s'avérant par ailleurs sans équivoque à travers l'amertume d'une innocence sacrifiée. 

*Bruno

Récompenses: Festival de Cannes 2018 : Palme d'or
Festival international du film d'Antalya 2018 : Meilleur réalisateur7
César 2019 : César du meilleur film étranger

Box-Office France : 728 905 entrées

mardi 23 avril 2019

Le Narcisse Noir

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Black Narcissus" de Michael Powell et Emeric Pressburger. 1947. Angleterre. 1h40. Avec Deborah Kerr, David Farrar, Kathleen Byron, Jean Simmons, Sabu, Judith Furse, Flora Robson.

Sortie salles France: 20 Juillet 1949. Angleterre: 24 Avril 1947

FILMOGRAPHIE: Michael Powell est un réalisateur britannique, né le 30 septembre 1905 à Bekesbourne, décédé le 19 Février 1990 à Avening, Gloucestershire. 1937: A l'angle du monde. 1939: L'Espion noir. 1939: Le Lion a des ailes. 1940: Le Voleur de Bagdad. 1940: Espionne à bord. 1941: 49è parallèle. 1942: Un de nos avions n'est pas rentré. 1943: The Volunteer. 1943: Colonel Blimp. 1944: A Canterbury Tale. 1945: Je sais où je vais. 1946: Une Question de vie ou de mort. 1947: Le Narcisse Noir. 1948: Les Chaussons Rouges. 1948: The Small Back Room. 1950: La Renarde. 1950: The Elusive Pimpernel. 1951: Les Contes d'Hoffman. 1955: Oh! Rosalinda ! 1956: La Bataille du Rio de la Plata. 1956: Intelligence Service. 1959: Lune de Miel. 1960: Le Voyeur. 1961: The Queen's Guards. 1964: Le Château de Barbe-Bleue. 1966: They're a Weird Mob. 1969: Age of Consent.


"Nul ne pèche par un acte qu'il ne peut éviter." 
Réputé pour sa beauté plastique exceptionnelle alors qu'il fut réalisé en 1947; Le Narcisse Noir est un objet filmique difficilement apprivoisable au 1er regard. Car de mon point de vue strictement subjectif et l'ayant découvert sur le tard, il s'agit d'une oeuvre insaisissable de par la subtilité de son atmosphère éthérée tantôt vénéneuse, tantôt envoûtée, et d'un cheminement narratif à la fois imprévisible, sporadique, tentaculaire. Le pitch: une poignée de soeurs anglicanes sont recrutées par un général indien à diriger un couvent, un dispensaire et une école dans son palais situé à hauteur d'une falaise hymalayenne. Peu à peu, et depuis la présence de Mr Dean et d'un jeune général, Soeur Rose et Soeur Clotilde sont troublées par ses autorités masculines. Entièrement voué à la psychologie névrosée de ses nonnes dépaysées par un panorama disproportionné, Le Narcisse Noir traite du refoulement sexuel avec une trouble ambiguïté.


Tant auprès de l'inimitié de Soeur Rose et de Clothilde hantées par le désir sexuel, que du personnage frigide de Mr Dean difficilement domptable à travers son machisme rigide (le final s'avérant d'autant plus cruel faute de son empathie éprouvée pour l'une d'elles). Emaillé de séquences baroques à la limite du surréalisme (notamment auprès du regard littéralement ensorcelant de soeur Rose gagnée par la folie punitive), Le Narcisse Noir jongle avec le drame psychologique parmi la trouble intensité du non-dit et des regards tacites. Sa beauté flamboyante omniprésente renforçant le caractère hermétique de ces pertes identitaires en proie à l'émancipation que Rose et Clothilde se contredisent parmi la complexité du passé secret. Sans anticiper l'action sobrement mise en place sous l'impulsion d'un environnement naturel à la lisière de la féerie, Michael Powell et Emeric Pressburger parviennent donc à fasciner à travers les thèmes universels de l'amour et de la sexualité que des nonnes s'interdisent en lieu et place de foi religieuse. Ainsi, en traitant de l'inégalité des sexes, Le Narcisse Noir oppose le pouvoir hermétique de son immense cadre naturel (symbole de liberté absolue) avec l'autorité des hommes en quête de discipline, de rédemption (l'alcoolisme de Mr Dean), d'appui féminin et d'éventuelle liaison amoureuse.


Une réflexion sur la morale chrétienne et la complexité des rapports contradictoires entre les 2 sexes. 
Difficile d'accès au premier abord selon mon propre jugement de valeur, Le Narcisse Noir me parait riche d'intensité et de beauté diaphane à travers ses caractérisations cérébrales compromises par le refoulement, la névrose, le désir et la discipline chrétienne. Un objet inclassable en somme aussi bien candide que sulfureux à revoir plusieurs fois pour en saisir toute son essence capiteuse. Car étrange, déroutant, ineffable et subtilement oppressant, il laisse en mémoire de saisissantes images baroques à travers les thèmes de la jalousie, de la pulsion sensuelle et de la folie amoureuse que l'obscurantisme finit par engendrer chez les êtres les plus précaires.  

*Bruno

Récompenses: Oscars 1948
Oscar de la meilleure photographie pour Jack Cardiff
Oscar de la meilleure direction artistique pour Alfred Junge
Golden Globes 1948
Golden Globe de la meilleure photographie pour Jack Cardiff

lundi 22 avril 2019

L'Armoire Volante

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Carlo Rim. 1948. 1h30. Avec Fernandel, Berthe Bovy, Pauline Carton, Germaine Kerjean, Marcel Pérès, Louis Florencie, Henry Charrett, Gaston Modot, Annette Poivre, Antonin Berval.

Sortie salles France: 23 Octobre 1948

FILMOGRAPHIECarlo Rim (Jean Marius Richard) est un romancier, essayiste, scénariste, réalisateur et dessinateur de presse français, né à Nîmes le 19 décembre 1902, mort le 3 décembre 1989 à Marseille. 1948 : L'Armoire volante. 1951 : La Maison Bonnadieu. 1952 : Les Sept Péchés capitaux, pour le sketch : La gourmandise. 1953 : Virgile. 1954 : Escalier de service. 1956 : Les Truands. 1957 : Ce joli monde. 1959 : Le Petit Prof. 1963 : Treize contes de Maupassant (série TV). 1965 : Don Quichotte (feuilleton TV). 1976: Le Sanglier de Cassis.


Peu diffusé à la TV, l'Armoire Volante est une formidable comédie d'humour noir fondée sur un scénario charpenté fertile en quiproquos que Fernandel enchaîne avec une appréhension en crescendo. Et pour cause, sa tante Léa vient de décéder sur la route d'un périple en compagnie de deux de ses déménageurs. Paniqués, ils décident de la planquer dans son armoire en avertissant le neveu Alfred. Or, durant une pause, le camion est dérobé par des voleurs. Délibéré à retrouver le corps de sa tante; Alfred usera de moult stratagèmes afin de retrouver l'armoire. Dosant habilement rebondissements à répétition et idées retorses, l'Armoire Volante est une succulente comédie macabre n'ayant rien perdu de sa fraîcheur de par son concept improbable jouant avec les codes d'une chasse au trésor si j'ose dire.


Fernandel se démenant comme un demeuré à retrouver cette fameuse armoire (vendue à prix d'or lors d'un moment clef d'une vente aux enchères !) en dépit de la perplexité de son entourage aussi dubitatif que craintif pour sa pathologie mental. Sans outrance, et à contre emploi de son jeu extravagant dans l'Auberge Rouge, Fernandel insuffle un jeu subtil à travers ses sentiments d'appréhension, de paranoïa, de désarroi et de tendresse pour sa tante que l'armoire lui engendre cruellement. Car cumulant la déveine sous l'impulsion d'une intrigue débridée ne cessant de le ballotter tous azimuts, celui-ci s'improvise investigateur de dernier ressort avec une force de caractère subitement chétive. La police étant notamment avertie de la disparition du corps... Ainsi donc, sans faire preuve d'essoufflement,  l'Armoire Volante perdure sa mécanique à suspense grâce à l'imagination en roue libre de son concept (gentiment) sardonique, pour autant non dénuée de tendresse lors de sa conclusion salvatrice (en suspens !) que nombre de scénaristes reprendront par la suite quelque soit le genre abordé.


Une perle de comédie noire savamment troussée.

*Bruno

vendredi 19 avril 2019

L'Auberge Rouge

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Autant Lara. 1951. France. 1h45. Avec Fernandel, Françoise Rosay, Julien Carette, Marie-Claire Olivia, Jacques Charon, Nane Germon.

Sortie salles France: 19 Octobre 1951

FILMOGRAPHIE: Claude Autant-Lara, ou Claude Autant, est un réalisateur français, né le 5 août 1901 à Luzarches et mort le 5 février 2000 à Antibes. 1931 : Buster se marie. 1931 : Le Plombier amoureux. 1932 : L'Athlète incomplet. 1933 : Ciboulette. 1937 : L'Affaire du courrier de Lyon (coréal). 1938 : Le Ruisseau (coréal). 1939 : Fric-Frac (coréal). 1940 : The Mysterious Mr Davis. 1941 : Le Mariage de Chiffon. 1942 : Lettres d'amour. 1943 : Douce. 1946 : Sylvie et le Fantôme. 1947 : Le Diable au corps. 1949 : Occupe-toi d'Amélie. 1951 : L'Auberge rouge. 1952 : Les 7 péchés capitaux. 1953 : Le Bon Dieu sans confession. 1954 : Le Blé en herbe. 1954 : Le Rouge et le Noir. 1955 : Marguerite de la nuit. 1956 : La Traversée de Paris. 1958 : Le Joueur. 1958 : En cas de malheur. 1959 : La Jument verte. 1960 : Les Régates de San Francisco. 1960 : Le Bois des amants. 1961 : Tu ne tueras point. 1961 : Le Comte de Monte-Cristo. 1961 : Vive Henri IV, vive l'amour. 1963 : Le Meurtrier. 1963 : Le Magot de Josefa. 1965 : Humour noir. 1965 : Journal d'une femme en blanc. 1966 : Nouveau journal d'une femme en blanc. 1967 : Le Plus Vieux Métier du monde. 1968 : Le Franciscain de Bourges. 1969 : Les Patates. 1973 : Lucien Leuwen (Serie TV). 1977 : Gloria.


Grand classique d'après-guerre réalisé par le proverbial Claude Autant Lara (La Traversée de Paris, Le Comte de Monte-Cristo, la Jument Verte, les 7 pêchers capitaux, le Rouge et le Noir),  L'auberge Rouge s'inspire d'un fait divers morbide survenu en Ardèche entre 1805 et 1830. Un couple d'aubergistes accompagné d'un complice auraient dépouillé et tué plus de 50 clients sur une période de 23 ans. Ils finissent par être guillotinés le 2 Octobre 1833 sur le lieu même de leurs antécédentes exactions. Ainsi, sous la houlette de Claude Autant-Lara, ce dernier décide d'en tirer une comédie macabre avec en tête d'affiche le notoire Fernandel plus guilleret que jamais dans celui d'un moine ballotté tous azimuts entre aubergistes sanguinaires et clients avinés. Étonnamment cocasse, délirant, folingue, voir même surréaliste (si bien que la romance improbable entre la jeune complice meurtrière et un novice chrétien s'avère aussi ironiquement attachante qu'immorale), l'Auberge Rouge se décline en irrésistible farce sardonique en dépit d'une 1ère partie un brin laborieuse selon mon jugement de valeur.


La complicité euphorique des comédiens s'en donnant à coeur joie dans les exclamations jouasses (notamment auprès d'une scène hystérisante à déjouer le moine d'y quitter l'auberge !), l'extravagance de Fernandel (à travers ses mimiques pleutres) cumulant stratagèmes de survie (l'hallucinante séquence du mariage parmi le témoignage de convives en léthargie) et quiproquos impayables d'une folle originalité nous donnant le tournis au sein d'une photo monochrome immaculée. A l'instar de ces magnifiques décors enneigés particulièrement envoûtants, quand bien même les 3/4 quarts des autres décors (internes et externes auprès des plans serrés) ont entièrement été tournés en studio. Bref, sa scénographie hivernale dépaysante s'avère bluffante de réalisme onirique ! Et donc à la revoyure, c'est à dire plus 68 ans après sa sortie, l'Auberge Rouge dégage une atmosphère débridée à la fois burnée et atypique de par son enchaînements de situations cintrées (pour ne pas dire cartoonesques !) auquel un moine épeuré de finir en rôtisserie s'efforcera de secourir une poignées de voyageurs n'ayant rien saisi de l'extrême situation d'urgence. C'est donc une comédie survoltée que nous fricote Claude-Autant Lara avec un goût prononcé pour la dérision macabre corsée (son incroyable épilogue mortifère !) que Fernandel monopolise avec une (irrésistible) appréhension en roue libre. Entre sournoiserie de désespoir et vaillance de dernier ressort !


Un grand classique populaire d'une fraîcheur cocasse abrasive à faire pâlir de jalousie la dernière comédie mainstream surfant la majeure partie sur leurs acquis cupides. 

*Bruno

jeudi 18 avril 2019

Rémi sans famille

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Antoine Blossier. 2018. France. 1h48. Avec Maleaume Paquin, Jacques Perrin, Daniel Auteuil, Virginie Ledoyen, Jonathan Zaccaï, Ludivine Sagnier, Albane Masson, Nicholas Rowe.

Sortie salles France: 12 Décembre 2018

FILMOGRAPHIE: Antoine Blossier est un réalisateur français. 2011 : La Traque. 2014 : À toute épreuve. 2018 : Rémi sans famille.


Nouvelle adaptation du roman français d'Hector Malot écrit en 1878, Rémi sans Famille parvient à réanimer la flamme du conte familial à travers ce formidable récit d'apprentissage, de constance et de résilience du point de vue d'un orphelin éduqué par l'inoubliable saltimbanque Vitalis. D'une fulgurance formelle enchanteresse à travers une splendide photo tantôt solaire, tantôt réfrigérante, Rémi sans famille est un régal pour les yeux et le coeur, aussi cruel soit son cheminement de survie que Rémi, Vitalis, joli coeur et Capi arpentent avec un courage teinté de désespoir. Et donc, cette nouvelle adaptation classieuse a beau surfer sur les bons sentiments avec un air de déjà vu (surtout auprès de ceux ayant été traumatisés par l'anime des années 80), le miracle opère dans son florilège de vicissitudes soigneusement contées et illustrées avec parfois un sens féerique digne des meilleures prods US (score solennelle à l'appui proche de l'ambiance d'Edward aux mains d'argent).


De par la sobre expression des acteurs (Daniel Auteuil et Jacques Perrin sont irréprochables dans leur humble paternité teintée de fragilité, quand bien même Maleaume Paquin distille une assez convaincante empathie dans la peau de Rémi) et le talent avisé du cinéaste Antoine Blossier soignant le cadre durant chaque séquence, Rémi sans Famille oscille charme et émotions en militant pour la protection de l'enfance, et, à moindre échelle, pour la cause animale. Notamment pour le traitement infligé auprès d'une vache lors du 1er acte ainsi que les rapports affectueux que Rémi entretient avec le singe Joli Coeur et le chien Capi). Ainsi, c'est surtout à travers l'attachant personnage de Vitalis que l'émotion fait naître ses instants les plus justes et bouleversants lorsque celui-ci se résigne à sacrifier sa propre vie afin de prémunir le destin si précaire de Rémi (il ne connait pas ses parents depuis sa naissance alors que sa famille d'accueil fut contrainte de démissionner faute de l'autorité d'un père sournois). Délibéré à retrouver sa vraie famille durant un périple ardu que Vitalis ne cessera d'aiguiller avec un sens des valeurs impartis à la pédagogie, Rémi franchira nombre d'épreuves morales et physiques afin de regagner sa dignité et ainsi asseoir sa réputation de chanteur prodige.


Si cette adaptation française n'arrive jamais à la cheville de l'inoxydable anime japonais des années 80, le sobre talent des interprètes (même si certains seconds-rôles peuvent prêter à la caricature) et le brio du réalisateur parviennent à réactualiser ce récit universel avec une émotion souvent payante. Tant et si bien qu'il s'avère difficile de retenir ses larmes auprès de ses instants les plus cruels pour autant illustrés avec une certaine retenue afin de ne pas trop effleurer le pathos. Un formidable mélo donc que petits et grands (enfants) ne manqueront pas de s'étreindre auprès de son message salutaire militant pour les valeurs familiales (parmi les notions de courage, de culture et d'amour) sous le pivot de la protection d'une enfance maltraitée.     

 *Bruno

Box Office France: 857 515 entrées