vendredi 19 avril 2019

L'Auberge Rouge

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Autant Lara. 1951. France. 1h45. Avec Fernandel, Françoise Rosay, Julien Carette, Marie-Claire Olivia, Jacques Charon, Nane Germon.

Sortie salles France: 19 Octobre 1951

FILMOGRAPHIE: Claude Autant-Lara, ou Claude Autant, est un réalisateur français, né le 5 août 1901 à Luzarches et mort le 5 février 2000 à Antibes. 1931 : Buster se marie. 1931 : Le Plombier amoureux. 1932 : L'Athlète incomplet. 1933 : Ciboulette. 1937 : L'Affaire du courrier de Lyon (coréal). 1938 : Le Ruisseau (coréal). 1939 : Fric-Frac (coréal). 1940 : The Mysterious Mr Davis. 1941 : Le Mariage de Chiffon. 1942 : Lettres d'amour. 1943 : Douce. 1946 : Sylvie et le Fantôme. 1947 : Le Diable au corps. 1949 : Occupe-toi d'Amélie. 1951 : L'Auberge rouge. 1952 : Les 7 péchés capitaux. 1953 : Le Bon Dieu sans confession. 1954 : Le Blé en herbe. 1954 : Le Rouge et le Noir. 1955 : Marguerite de la nuit. 1956 : La Traversée de Paris. 1958 : Le Joueur. 1958 : En cas de malheur. 1959 : La Jument verte. 1960 : Les Régates de San Francisco. 1960 : Le Bois des amants. 1961 : Tu ne tueras point. 1961 : Le Comte de Monte-Cristo. 1961 : Vive Henri IV, vive l'amour. 1963 : Le Meurtrier. 1963 : Le Magot de Josefa. 1965 : Humour noir. 1965 : Journal d'une femme en blanc. 1966 : Nouveau journal d'une femme en blanc. 1967 : Le Plus Vieux Métier du monde. 1968 : Le Franciscain de Bourges. 1969 : Les Patates. 1973 : Lucien Leuwen (Serie TV). 1977 : Gloria.


Grand classique d'après-guerre réalisé par le proverbial Claude Autant Lara (La Traversée de Paris, Le Comte de Monte-Cristo, la Jument Verte, les 7 pêchers capitaux, le Rouge et le Noir),  L'auberge Rouge s'inspire d'un fait divers morbide survenu en Ardèche entre 1805 et 1830. Un couple d'aubergistes accompagné d'un complice auraient dépouillé et tué plus de 50 clients sur une période de 23 ans. Ils finissent par être guillotinés le 2 Octobre 1833 sur le lieu même de leurs antécédentes exactions. Ainsi, sous la houlette de Claude Autant-Lara, ce dernier décide d'en tirer une comédie macabre avec en tête d'affiche le notoire Fernandel plus guilleret que jamais dans celui d'un moine ballotté tous azimuts entre aubergistes sanguinaires et clients avinés. Étonnamment cocasse, délirant, folingue, voir même surréaliste (si bien que la romance improbable entre la jeune complice meurtrière et un novice chrétien s'avère aussi ironiquement attachante qu'immorale), l'Auberge Rouge se décline en irrésistible farce sardonique en dépit d'une 1ère partie un brin laborieuse selon mon jugement de valeur.


La complicité euphorique des comédiens s'en donnant à coeur joie dans les exclamations jouasses (notamment auprès d'une scène hystérisante à déjouer le moine d'y quitter l'auberge !), l'extravagance de Fernandel (à travers ses mimiques pleutres) cumulant stratagèmes de survie (l'hallucinante séquence du mariage parmi le témoignage de convives en léthargie) et quiproquos impayables d'une folle originalité nous donnant le tournis au sein d'une photo monochrome immaculée. A l'instar de ces magnifiques décors enneigés particulièrement envoûtants, quand bien même les 3/4 quarts des autres décors (internes et externes auprès des plans serrés) ont entièrement été tournés en studio. Bref, sa scénographie hivernale dépaysante s'avère bluffante de réalisme onirique ! Et donc à la revoyure, c'est à dire plus 68 ans après sa sortie, l'Auberge Rouge dégage une atmosphère débridée à la fois burnée et atypique de par son enchaînements de situations cintrées (pour ne pas dire cartoonesques !) auquel un moine épeuré de finir en rôtisserie s'efforcera de secourir une poignées de voyageurs n'ayant rien saisi de l'extrême situation d'urgence. C'est donc une comédie survoltée que nous fricote Claude-Autant Lara avec un goût prononcé pour la dérision macabre corsée (son incroyable épilogue mortifère !) que Fernandel monopolise avec une (irrésistible) appréhension en roue libre. Entre sournoiserie de désespoir et vaillance de dernier ressort !


Un grand classique populaire d'une fraîcheur cocasse abrasive à faire pâlir de jalousie la dernière comédie mainstream surfant la majeure partie sur leurs acquis cupides. 

*Bruno

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