mercredi 11 septembre 2019

Rose Bonbon

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Pretty in pink" de Howard Deutch. 1986. U.S.A. 1h36. Avec  Molly Ringwald, Harry Dean Stanton, Jon Cryer, Annie Potts, James Spader, Andrew McCarthy

Sortie salles France: 4 Juin 1986

FILMOGRAPHIEHoward Deutch est un réalisateur et producteur de cinéma américain né le 14 septembre 1950 à New-York. 1986 : Rose bonbon. 1987 : L'Amour à l'envers. 1988 : The Great Outdoors. 1992 : Article 99. 1994 : Rends la monnaie, papa. 1995 : Les Grincheux 2. 1998 : Drôle de couple 2. 2000 : Les Remplaçants. 2004 : Mon voisin le tueur 2. 2009 : La Copine de mon meilleur ami.


Ecrit et produit par John Hughes, maître du Teen movie durant la sacro-sainte décennie 80, Rose Bonbon aborde la comédie romantique sous la houlette de Howard Deutch, cinéaste ayant officié dans le registre du divertissement populaire plutôt mainstream (si on en juge les Grincheux 2, Drôle de couple 2, Mon voisin le tueur 2). Ainsi donc, sans jamais rivaliser avec les classiques natifs des années 80 que John Hughes marqua de sa leste empreinte (la Folle journée de Ferris Bueller, Une Créature de Rêve et surtout Breakfast Club), Rose Bonbon dégage un charme et une innocence tout à fait rafraîchissant au sein d'un genre mineur trop fréquemment exposé à la trivialité ou aux convenances. Car prenant pour thème central la déception amoureuse du point de vue d'une ado en émoi sentimental et de son paternel incapable d'assumer son deuil conjugal, Rose Bonbon touche plutôt juste à travers les sentiments fragiles de ces protagonistes assaillis par la remise en question, le doute, la désillusion mais aussi l'espoir et le pardon.


Car c'est à travers la posture sentencieuse de son père, incapable de tirer un trait sur son échec marital, qu'Andre Walsh va pouvoir voler de ses propres ailes afin de transcender sa cruelle déception amoureuse qu'elle venait d'amorcer avec un bourgeois influencé par une mauvaise fréquentation (un comparse suffisant campé par un James Spader juvénile au charisme saillant). Ainsi, grâce à la force de caractère progressive de l'héroïne et à son entourage amical et familial studieusement développé au gré de traits de caractères envieux (le meilleur ami d'André éperdument amoureux d'elle), dépités (le père d'André plongé dans la chimère et le mensonge) ou contradictoires (le nouvel ami d'André à tendance bipolaire), Rose Bonbon existe par lui même pour se forger une personnalité propre. Et si on aurait préféré une réalisation un peu mieux maîtrisée ainsi qu'un rythme un peu plus tonifiant (personnellement il m'a fallu un temps d'adaptation durant la première demi-heure), Rose Bonbon parvient à faire vibrer l'empathie sans une once d'émotion programmée. Notamment en comptant sur le charme ténu, tout en discrétion de la jeune Molly Ringwald davantage touchante, puisque toujours plus expressive à travers son épreuve émotionnelle de se confronter à la complexité de l'amour lorsque la confiance est rompue.


Saturé d'une BO pop / new-wave symptomatique des années 80 autour de tenues vestimentaires aussi rétros que génialement extravagantes (notamment auprès de quelques postiches hirsutes !), Rose Bonbon parviendra à émouvoir sans fard le public réceptif à l'humanisme torturé de ces personnages en requête d'amour passionnel. Une tendre comédie romantique donc bâtie sur la capacité à s'exprimer ouvertement afin de braver la désillusion amoureuse, quelque soit l'âge endossé. 

Dédicace à Thierry Alex Rogan
*Bruno

mardi 10 septembre 2019

Guet-Apens

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Getaway" de Sam Peckinpah. 1972. U.S.A. 2h03. Avec Steve McQueen, Ali MacGraw, Al Lettieri, Sally Struthers, Ben Johnson, Slim Pickens, Richard Bright.

Sortie salle France: 25 Janvier 1973

FILMOGRAPHIE: Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, né le 21 Février 1925, décédé le 28 Décembre 1984. 1961: New Mexico, 1962: Coups de feu dans la Sierra. 1965: Major Dundee. 1969: La Horde Sauvage. 1970: Un Nommé Cable Hogue. 1971: Les Chiens de Paille. 1972: Junior Bonner. Guet Apens. 1973: Pat Garrett et Billy le Kid. 1974: Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia. 1975: Tueur d'Elite. 1977: Croix de Fer. 1978: Le Convoi. 1983: Osterman Week-end.


Parangon du film d'action novateur au sein des Seventies, de par ses éclairs de violence sanguine chorégraphiés au ralenti, Guet-apens exploite le western urbain avec une efficacité optimale. Tant et si bien que, grâce à la mise en scène irréprochable de Peckinpah (qui plus est renforcé d'un montage à couper au rasoir faisant intervenir dans un même temps diverses actions simultanées) et à sa charpente narrative particulièrement musclée (signée Walter Hill svp !), Guet-apens scande le jeu de massacre sous l'impulsion du duo mythique McQueen / MacGraw. Un couple de gangsters en pleine crise conjugale mais sur le qui vive depuis que la police et la pègre auront décidé de les alpaguer à la suite d'un hold-up meurtrier dénué de loyauté. Survival intense donc mené sur un rythme trépidant, de par ses rebondissements en pagaille (le vol du sac et la poursuite qui s'ensuit dans le train, la planque dans la benne à ordure, le règlement de compte final paroxystique, son épilogue inopinément cordial auprès d'un complice métayer - à connotation d'inégalité sociale -) et son humour sardonique parfois hilarant (le malfrat Rudy Butler et sa godiche décérébrée batifolant les amoureux avec une provocation puérile face à l'époux de cette dernière !), Guet-apens ne nous laisse aucun répit au gré des gunfights que s'échangent flics et voyous.


Mais au-delà de l'aspect jouissif de sa violence frénétique anticipée par la force tranquille de McQueen, Sam Peckinpah ne manque pas d'empathie auprès de ses anti-héros en plein doute amoureux. Alors même que leur parcours chaotique leur permettra de renouer les liens sentimentaux grâce au compromis du pardon. Ali MacGraw jouant la concubine à la fois empotée et distraite avec autant de sensibilité que de constance morale à tenir tête à son partenaire machiste et à répliquer en flingueuse justicière. Si bien que Steve McQueen joue le repris de justice aguerri avec un charisme viril proéminent dans son costard noir taillé sur mesure. De par leur jeu naturel inné (si bien qu'ils furent couples à la ville juste après le tournage !), on s'étonne d'ailleurs de prendre autant de plaisir à observer leurs chamailleries sobrement expressives, notamment auprès des moments d'intimité placides où planent les échanges de regards affectés. Peckinpah accompagnant ses moments de pudeur d'une partition musicale aussi chétive que subtilement envoûtante. Alors que quelques instants plus tard, celui-ci ne manquera pas de transgresser les règles de la moralité lorsque Doc décidera de corriger physiquement sa femme à la suite d'un écart extraconjugal.


Chef-d'oeuvre du western urbain à la mise en scène étonnamment moderne, Guet-apens resplendit de 1000 feux sous l'impulsion du duo incandescent Steve McQueen / Ali MacGraw jouant les "Bonnie and Clyde" avec une classe et un humanisme naturellement attachants. Alors qu'en guise de cerise sarcastique, on apprécie autant le charisme bourru d'Al Lettieri en truand ventripotent génialement  présomptueux et condescendant, jusqu'aux éclats de rire nerveux ! 

*Bruno
4èx

lundi 9 septembre 2019

Babycall. Grand Prix, Prix de la Critique, Gérardmer 2012.


de Pal Sletaune. Norvège. 2011. 1h36. Avec Noomi Rapace, Kristoffer Joner, Henrik Rafaelsen, Vetle Qvenild Werring, Bjorn Moan, Torkil Johannes, Swensen Hoeg.

Sortie salles France: 2 Mai 2012. U.S: non daté

FILMOGRAPHIEPal Sletaune est un réalisateur, scénariste, producteur, né le 4 Mars 1960 en Norvège. 1994: Eating Out. 1997: Junk Mail. 2001: Amatorene. 2005: Next door. 2011: Babycall


Six ans après l'excellent thriller féministe Next Door, le norvégien Pal Sletaune renoue avec les ambiances lourdes et contractées afin d'y décrire Spoil !!! la dégénérescence mentale d'une mère de famille traumatisée par un deuil familial fin du Spoil. A la lisière de Répulsions de PolanskiBabycall a tellement convaincu les membres du jury de Gérardmer qu'il repart avec les honneurs du Grand Prix et celui de la critique ! Anna et son jeune fils de 8 ans quittent leur foyer conjugal depuis la cause de maltraitances infligées par un mari abusif. Après avoir emménagé dans un appartement, cette dernière décide d'acheter un babyphone afin de surveiller le sommeil perturbé de son fils. Une nuit, elle entend à travers l'appareil les cris d'un enfant molesté venant de l'appartement voisin.  Drame psychologique, suspense lattent, thriller parano et fantastique diaphane se télescopent afin de jongler avec une intrigue ombrageuse. Car à travers une ambiance anxiogène renforcée par l'aigreur d'une photo désaturée, Babycall nous illustre la douloureuse introspection d'une mère de famille délibérée à protéger son fils d'un ex-mari tyrannique. Ainsi, en jouant la carte du suspense et du mystère interlope planant sur les frêles épaules de l'héroïne, Babycall nous confronte à son désarroi hanté d'incertitude, faute de son esprit torturé, mais pour autant bien consciente de souffrir d'hallucinations incontrôlées.
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Réfugiée dans la solitude d'un appartement restreint pour mieux préserver la fragilité de son fils, Anna va peu à peu se confronter à une série d'évènements inexpliqués et perdre pied avec la réalité ! C'est d'abord le babyphone préalablement acheté chez un commerçant qui émet en intermittence de violents cris d'enfant et de femme brutalisée ! C'est ensuite la visite impromptue dans l'appartement d'un garçonnet étrange et taciturne, camarade influent de son fils. Il y a aussi le conducteur d'un camion réfugié sous le parking du HLM, car transportant dans son coffre ce qui s'apparente à un cadavre empaqueté. Enfin, un assistant social un peu trop envahissant estime suspecter la jeune mère de manquer à sa responsabilité parentale pour interdire son bambin de rejoindre les classes de cours. Malaise sous-jacent, lourd et diffus, ambiance schizo découlant de facteurs contradictoires sont habilement distillés pour nous entraîner vers un drame funèbre profondément intime. Reposant sur les épaules chétives de Noomi Rapace portant le film à bout de bras, celle-ci déploie une sobre intensité dramatique à illustrer le profil versatile d'une mère désemparée, obstinée à sauvegarder l'existence de son enfant, auparavant victime d'un traumatisme. Son comportement terriblement introverti et refoulé, son regard craintif empli d'angoisse et sa perplexité à ne plus savoir dissocier la réalité du fantasme nous désarme de sa solitude meurtrie.


Baignant dans un climat d'angoisse cérébral émanant de l'esprit tourmenté d'une jeune femme en détresse maternelle, Babycall se décline en drame susceptible, transcendé du talent épuré de Noomi Rapace en mère névrosée aussi attentionnée qu'épeurée. Retranscrit avec sensibilité à travers une narration nébuleuse faisant habilement intervenir en second acte un argument fantastique (dont je tairais le thème), cette oeuvre modeste amorce son impact émotionnel auprès d'un épilogue aussi bouleversant que rédempteur.

*Bruno
09.09.19
21.03.12. 151v

RécompenseGrand Prix et Prix de la critique à Gérardmer, 2012. 

dimanche 8 septembre 2019

Nous finirons ensemble

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Guillaume Canet. 2019. France. 2h08. Avec François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Benoît Magimel, Laurent Lafitte, Pascale Arbillot, Clémentine Baert, Valérie Bonneton, José Garcia,
Joël Dupuch.

Sortie salles France: 1er Mai 2019

FILMOGRAPHIE: Guillaume Canet, né le 10 avril 1973 à Boulogne-Billancourt en France, est un acteur, réalisateur, producteur associé, scénariste, dialoguiste et adaptateur français. 2002: Mon Idole. 2006: Ne le dis à Personne. 2010: Les Petits mouchoirs. 2013 : Blood Ties. 2017 : Rock’n’Roll. 2019: Nous finirons ensemble.


9 ans après son joli succès public les Petits Mouchoirs, Guillaume Canet rempile pour une suite avec Nous finirons ensemble, hommage selon ses dires à Maurice Pialat à travers Nous ne vieillirons pas ensemble sorti en 1972. Et on peut dire que Canet, complètement transi par ce qu'il filme puisque  infiniment inspiré et perfectionniste, parvient haut la main à surpasser son modèle. Notamment en bouclant son intrigue avec une émotion tellement plus sobre et naturelle si on la compare au final sirupeux des Petits Mouchoirs maladroitement trivial. Hymne à la vie, à la fiesta, à l'amour et surtout à l'amitié, Nous finirons ensemble est un pur concentré de bonheur expansif comme on en voit trop peu dans le paysage français. Si bien que selon mon jugement de valeur, j'ai vécu un moment de cinéma en apesanteur de par son semblant de féerie ainsi que sa puissance d'évocation à travers moult situations que j'ai déjà personnellement vécu de manière aussi juste qu'authentique ! Il va d'ailleurs sans dire que Canet s'avère l'un des meilleurs cinéastes de sa génération à savoir diriger ses acteurs au sein de la comédie française, tant et si bien que chaque séquence semble avoir été quasi improvisée avec souci documentaire. C'est dire si l'immersion du spectateur fonctionne à plein régime à travers ses tranches de vie purement amicales où se télescopent prises de bec, éclats de rire, ébriétés et réconciliations autour d'une crise identitaire d'un sexagénaire plongé dans une lourde dépression.


Tant auprès de sa situation économique, de son ancienne relation conjugale (il est sur le point de divorcer) que de sa nouvelle épreuve  existentielle à devoir franchir le cap de la soixantaine. Faut t'il préciser que l'immense François Cluzet accomplit une fois encore une performance viscérale de par sa vigueur d'expression névralgique à nous insuffler ses sautes d'humeur cyclothymiques ! Outre la posture si justement expressive de ce dernier portant le film sur ses épaules avec autant de fragilité que de résilience dans sa requête du dépassement de soi et du désir de renouer avec la gagne, les autres acteurs qui l'accompagnent, frétillants, communicatifs, fripons, tendres et/ou écorchés, sont à la fête à travers leurs traits de caractère hétéroclites où priment les valeurs de l'amour, de la fidélité et de la cohésion amicale. A l'instar de leurs houleuses relations conjugales ou de leur nouvelle accointance sentimentale (les rapports nouvellement intimes entre Gilles Lellouche et la sémillante Marion Cotillard dans un rôle à contre-emploi de chieuse frondeuse). A la fois drôle, exaltant, lyrique et émouvant parmi la juste mesure de sobriété (aucun acteur ne cède à la caricature ou à l'outrance verbale ou gestuelle), Nous finirons ensemble nous communique un arc en ciel d'émotions bipolaires si bien que le spectateur s'identifie auprès de ces personnages, notamment en se remémorant ses propres réminiscences personnelles que Guillaume Canet parvient à réanimer sur pellicule grâce au vérisme plus vrai que nature de sa mise en scène chiadée et à la ferveur des comédiens constamment en roue libre de par leur force tranquille confondante de naturel !


La fureur de vivre. 
Comédie chorale festoyant autour des thèmes de l'amitié, de la vieillesse et de l'amour sous l'impulsion d'une communion de comédiens transpirant la bonhomie tintée de tendresse, Nous finirons ensemble redore ses lettres de noblesse au "film de potes" avec une intensité émotionnelle infiniment fructueuse dans sa capacité à remettre en question l'éthique du spectateur lui permettant de renouer avec une seconde jeunesse ! 1000 mercis Guillaume pour ce précieux écrin ! 

*Bruno

Box Office: 2 759 831 entrées

vendredi 6 septembre 2019

Amityville 2, "le possédé"

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Amityville 2: The Possession" de Damiano Damiani. 1982. U.S.A. 1h44. Avec James Olson, Burt Young, Rytanya Alda, Jack Magner, Andrew Prine, Diane Franklin, Moses Gunn, Ted Ross, Erika Katz, Brent Katz, Leonardo Cimino.

Sortie en salles en France le 5 Janvier 1983. U.S: 24 Septembre 1982

FILMOGRAPHIE: Damiano Damiani (23 Juillet 1922 à Pasiano di Pordenone) est un écrivain, scénariste, acteur et réalisateur de cinéma italien. 1960: Jeux Précoces, 1961: Il Sicario, 1962: L'Isola Di Arturo, 1963: La Repatriée, l'Ennui et sa Diversion, 1966: La Strega in Amore, El Chuncho, 1968: Una ragazza piuttosto complicata, La Mafia fait la loi, 1970: Seule contre la Mafia, 1971: Confession d'un commissaire de police au procureur de la République, Nous Sommes tous en Liberté Provisoire, 1972: Girolimoni, il mostro di Roma, 1974: Il sorriso del grande tentatore, 1975: Un Génie, deux Associés, une Cloche, 1976: Perché si uccide un magistrato, 1977: Un Juge en Danger, 1980: Goodbye e amen, Un uomo in Ginocchio, 1981: L'avvertimento, 1982: Amityville 2, le possédé, 1985: Pizza Connection, 1986: La Gran Incognita, l'Inchiesta, 1989: Gioco al Massacro, 1990: Il sole Buio, 1992: l'Angelo con la Pistola, 2000: Alex l'ariete, 2002: Assassini dei giorni di Festa.


Trois ans après l'énorme succès d'Amityville, classique de hantise oh combien mésestimé, le producteur Dino De Laurentiis propose de transposer une préquelle au réalisateur italien Damiano Damiani. Oscillant entre le classique film de demeure hantée et la possession sataniste en vogue, Amityville 2 rentabilise également son budget initial pour gagner au fil des décennies une reconnaissance considérable au point que les fans du genre le considèrent aujourd'hui comme le meilleur volet de la saga. La famille Montelli vient d'emménager dans leur nouvelle demeure d'Amityville sur Long Island. Dès leur arrivée, d'étranges évènements se manifestent alors que le fils aîné éprouve une étrange attirance au climat éthéré de la maison. Peu à peu, une force diabolique s'empare de lui pour le posséder et l'influencer à assassiner sa famille.


D'après l'épineux scénario de Tommy Lee Wallace reprenant comme modèle le fait-divers morbide du massacre de la famille DeFeo, la fascination vénéneuse qu'exerce cet opus est entièrement allouée au portrait instable d'une famille dysfonctionnelle. Si bien que le père mécréant est un sexagénaire irascible particulièrement violent, la mère empathique est une catholique pratiquante contrainte de subir ses chantages sexuels et brutalités corporelles, quand bien même leurs progénitures doivent tolérer leurs récurrentes chamailleries autour du repas familial. Passé le premier quart d'heure déployant furtivement une succession de phénomènes paranormaux à tendance ostentatoire, l'ambiance hostile se distille peu à peu vers un climat oppressant davantage palpable. Ainsi, c'est du côté de la personnalité viciée de l'aîné des fils des Montelli que la trame va se concentrer. A cet égard, personne ne peut oublier la fameuse séquence incestueuse durant laquelle Johnny séduit avec malice sa soeur compatissante. Et ce avant que celle-ci ne soit rongée par un tacite remord. Un moment d'intimité subtilement glauque et dérangeant jouant lestement sur le suggéré, le cinéaste employant le sous-entendu d'échange de regards complices bâtis sur la séduction diaphane. Bien avant cette relation incongrue, un autre moment fort est à souligner lorsque Johnny est subitement en proie à la possession démoniaque de l'entité s'emparant brutalement de son corps. Si bien qu'à l'aide d'une caméra subjective multipliant les angles de vue en lévitation ou en rotation, la victime est pourchassée à travers la maison jusqu'à s'isoler en interne de sa chambre, étalée torse nu sur son lit pour supplier la force de ne pas le violer ! Une séquence terrifiante très convaincante d'autant plus suggérée par un enchaînement de plans subjectifs !


Ainsi, durant la majorité du récit, c'est donc la lente possession démoniaque de Johnny que le réalisateur radiographie au compte-goutte par le biais d'un climat fuligineux des plus insidieux. Avouons sans peine que Damiano Damiani réussit là à surpasser son modèle à travers une mise en image beaucoup plus réaliste, car d'autant plus poisseuse et fascinante en jonglant incessamment entre les sentiments d'angoisse, d'impuissance et de terreur. Même la prestance des comédiens s'avère plus intense car réussissant à exprimer au mieux leurs sentiments de névrose, de contrariété, de honte et de perversité au sein d'une cellule familiale en progressive déliquescence. En particulier la jeune soeur démunie endossée par Diane Franklin puisque peu à peu rongée d'amertume de par sa culpabilité d'être devenue objet sexuel l'instant d'une soirée interdite. Quand à Jack Magner, il y incarne mesquinement le rejeton diabolique isolé du monde extérieur car compromis au Mal avec ce que cela sous entend de vice immoral afin d'avilir sa soeur et offenser Dieu en personne. Et si la dernière partie surfant sur le filon de l'Exorciste s'avère moins percutante à travers son air de déjà vu, elle réussit tout de même à susciter une inquiétude dérangeante auprès du profil martyr du tueur juvénile mis à l'épreuve auprès d'un enjeu de rédemption en se référant à l'héroïsme de dernier ressort du prêtre résigné à le libérer du mal. Ainsi, en évitant intelligemment de sombrer dans le grand-guignol, l'ultime séance d'exorcisme s'avère aussi concise que graphiquement révulsive sous l'impulsion de maquillages artisanaux du plus bel effet viscéral ! (son visage se craquelant en lambeaux de chair devant nos yeux !).


Toujours soutenu du score lancinant de Lalo SchiffrinAmityville 2, le possédé fait parti de ses rares réussites parvenant à supplanter son modèle grâce à sa rigueur subversive où l'aura à la fois malsaine et anxiogène s'avère résolument perméable. Une préquelle très efficace donc dans son alliage de déviance perverse, d'angoisse diffuse et de violence glaçante si bien que le massacre de la famille est également restitué avec une cruauté éprouvante ! Enfin, le jeu magnétique de l'inquiétant  Jack Magner s'avère inoubliable de par son impuissance et son appréhension morale à canaliser sa démence qu'il nous communique sans effet de manche. A redécouvrir d'urgence ! 

10/10

Note: Le film ne fut tourné dans la maison initiale où les faits s'étaient déroulés mais dans une autre demeure dont les intérieurs ont été érigés en fac-similé.

* Bruno
06.09.19. 4èx
11.08.11. 162 v

jeudi 5 septembre 2019

Frère de sang 2

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Basket Case 2" de Frank Henenlotter. 1990. U.S.A. 1h30. Avec Kevin Van Hentenryck , Judy Grafe, Annie Ross , Heather Rattray , Chad Brown , Beverly Bonner , Alexandra Auder

Sortie salles U.S: 5 Octobre 1990

FILMOGRAPHIEFrank Henenlotter est un réalisateur américain de films d'horreur né le 29 août 1950 à New-York. 1982: Frères de sang. 1988: Elmer, le remue-méninges. 1990: Frères de sang 2. 1990: Frankenhooker. 1992: Frères de Sang 3. 2008: Sex Addict.


8 ans après avoir été révélé auprès des amateurs de déviance horrifique avec le ravageur Frère de sangFrank Henenlotter s'impose une modeste séquelle avec Frère de sang 2. Du B movie trash underground que ce dernier continue d'assumer dans son refus du conformisme si bien que seul compte pour lui déviance, vulgarité et provocation à travers le schéma d'un cartoon live bête et méchant. Ainsi, après leur défenestration; Duane et son frère Belial sont transportés à l'hôpital pour y être soignés. Mais après avoir tué un des infirmiers et pris la fuite, ils sont aimablement hébergés par la tante de Duane qui accueille en secret une étrange communauté de marginaux. Des laissés pour compte d'apparence monstrueuse que la société policée refuse d'insérer. Duane et son frère tentent alors de cohabiter au sein de cette communauté au moment même où un trio de journalistes cupides s'efforcent d'y opérer un juteux scoop.


Sans jamais rivaliser avec la qualité de son modèle, authentique film-culte étonnamment percutant et couillu dans sa disparité des genres; Frère de sang 2 réfute la redite pour nous proposer un écrin autrement singulier qu'Henenlotter ose transgresser, entre grotesque et mauvais goût débridé. Soufflant cependant le chaud et le froid, de par le côté routinier des mises à mort rehaussé pour autant d'une inquiétante scénographie d'un stylisme baroque (le colloque entre Duane et le journaliste dans la pénombre d'un bar dégage une ambiance de film noir étonnamment hybride !); Frère de sang 2 ne manque pas d'idées vrillées (notamment la pathologie d'un certain protagoniste !) pour surprendre le spectateur embarqué dans une monstrueuse parade aussi déconcertante que facétieuse. Quand bien même Henenlotter continue de développer les profils des frères siamois, particulièrement Duane toujours aussi avide d'indépendance et d'aspiration conjugale auprès de la fille de sa tante. Quant à son petit frère impotent (au maquillage de latex un peu plus élaboré !), il poursuit ici son périple meurtrier en guise de vengeance. A savoir, supprimer les journalistes délateurs avant d'y fricoter également l'amour auprès d'un binôme féminin. Henenlotter y injectant par cette occasion inusité une dérision salace effrontée par le biais d'un coït aussi graphique que dérangeant !


Ainsi donc, avec une modeste efficacité, Frank Henenlotter parvient à rendre gentiment ludique cette séquelle folingue en tablant surtout sur la hiérarchie carnavalesque des monstres de foire tentant de cohabiter avec les frères siamois avec une décontraction (délibérément) grotesque. Et ce avant qu'Henenlotter n'opère un virage à 180° pour ébranler leur sérénité en optant un retour à la case départ pour la condition uniforme de Duane / Belial ! Une séquence finale caustique aussi hallucinante que profondément dérangeante, assurément le moment le plus marquant de cette sympathique récréation potache. A réserver toutefois aux aficionados de curiosité barrée !

*Bruno
05.09.19. 3èx
12/09/16. 113 v

mercredi 4 septembre 2019

La Fièvre au corps

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Body Heat" de Lawrence Kasdan. 1981. U.S.A. 1h53. Avec William Hurt, Kathleen Turner, Richard Crenna, Ted Danson, J.A. Preston, Mickey Rourke.

Sortie salles France: 24 Février 1982. U.S: 28 Août 1981

FILMOGRAPHIELawrence Kasdan est un producteur, scénariste, réalisateur et acteur américain né le 14 janvier 1949 à Miami Beach, Floride (États-Unis). 1981 : La Fièvre au corps. 1983 : Les Copains d'abord. 1985 : Silverado. 1988 : Voyageur malgré lui. 1990 : Je t'aime à te tuer. 1991 : Grand Canyon. 1994 : Wyatt Earp .1995 : French Kiss. 1999 : Mumford. 2003 : Dreamcatcher. 2012 : Freeway et nous.


Thriller torride autour d'un duo d'amants fébriles emportés par la vague du crime passionnel, La Fièvre au Corps rend hommage au film noir des années 50 avec une efficacité certaine à défaut de
révolutionner le genre. Car si le classicisme de sa première partie opte le déjà vu (il s'agit du même schéma meurtrier que le Facteur sonne toujours 2 fois), la maîtrise de la mise en scène posée et surtout le jeu assez magnétique du duo lubrique William Hurt (en avocat véreux coureur de jupon) / Kathleen Turner (en vamp perfide atteinte de nymphomanie) parviennent pour autant à instaurer un suspense latent prenant toute son intensité lors de sa vénéneuse seconde partie. Si bien que Lawrence Kasdan s'alloue d'un scénario solide pour nous surprendre au gré rebondissements imprévisibles d'une diabolique habileté, à l'instar de son étonnant dénouement plutôt immoral.


Outre l'aspect ludique de son intrigue criminelle soigneusement narrée et d'un érotisme ardent lors de son 1er acte régi en vase-clos étouffant, La Fièvre au corps s'avère davantage captivant auprès du témoignage de l'avocat insidieux pris dans les mailles du soupçon et de la culpabilité eu égard de ses adjoints à l'affût du moindre indice. D'une cruauté inouïe quant aux véritables propos pernicieux de sa maîtresse vénale, La Fièvre au corps ne cessera donc lors de sa seconde partie à décrédibiliser la parole de l'avocat emporté dans la tourmente de la duperie et du simulacre. Si bien qu'à ce jeu de pouvoir entre amants corrompus y émane le portrait d'une veuve noire impitoyable quant à ses ambitions cupides dénuées d'une once de compassion.


Baignant dans un climat solaire rubigineux à travers les ébats impudents du duo en rut, la Fièvre au Corps affiche un climat d'érotisme sulfureux derrière l'hommage sincère au film noir. Quand bien même William Hurt et Kathleen Turner envoûtent sans fard l'écran avec une complicité amoureuse terriblement mielleuse. A (re)découvrir. 

*Bruno
3èx

mardi 3 septembre 2019

Série noire pour une nuit Blanche. Prix spécial du jury, Cognac 85.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Into the Night" de John Landis. 1985. U.S.A. 1h48. Avec Jeff Goldblum, Michelle Pfeiffer, Stacey Pickren, Carmen Argenziano, Dan Aykroyd, Bruce McGill, Dedee Pfeiffer, Richard Farnswort.

Sortie salles France: 22 Mai 1985

FILMOGRAPHIEJohn Landisest un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 3 Août 1950 à Chicago (Illinois, Etats-Unis). 1973: Schlock. 1977: Hamburger Film Sandwich. 1978: American College. 1980: The Blues Brothers. 1981: Le Loup-garou de Londres. 1983: Un Fauteuil pour deux. 1983: La Quatrième Dimension. 1985: Série noire pour une nuit blanche. 1985: Drôles d'espions. 1986: Trois amigos ! 1986: Cheeseburger film sandwich. 1988: Un Prince à New-York. 1991: l'Embrouille est dans le sac. 1992: Innocent Blood. 1994: Le Flic de Beverly Hills 3. 1996: Les Stupides. 1998: Blues Brothers 2000. 1998: Susan a un plan. 2010: Cadavres à la pelle.


Une merveilleuse comédie policière à travers une balade stellaire jonchée de rencontres patibulaires, de cadavres, de majordomes et de villas huppées.
Réalisateur reconnu comme un maître de la comédie décalée tout en ayant percé dans le cinéma d'horreur, le film musical et le polar avec un mutuel brio, John Landis ne perd rien de son savoir-faire avec Série noire pour une nuit Blanche récompensée du Prix Spécial du Jury à Cognac. Car maîtrisant à nouveau les ruptures de ton comme personne, John Landis nous régale d'une délicieuse intrigue criminelle truffée d'éclairs de violence, de fantasmagorie et de cocasserie à travers le cocktail d'un survival à perdre haleine. Qui plus est, magnifiquement filmé de nuit au coeur d'une cité urbaine bon chic bon genre, ce dernier y transcende la forme à travers ses villas et hôtels luxueux que Jeff Goldblum et Michelle Pfeiffer arpentent afin de déjouer les menaces tous azimuts. Dans la mesure où un quatuor de tueurs israéliens et d'autres clans mafieux sont à leur trousse afin d'empocher 6 émeraudes que Diana passa en fraude avec la complicité de son amant. Au même moment, dans un concours de circonstances aléatoires, Ed Okin se réfugia à l'aéroport depuis ses problèmes d'insomnie, faute d'avoir témoigné de l'adultère de son épouse. Mais c'est lors d'une tentative de kidnapping que nos deux héros vont se rencontrer et se prêter main forte pour un mutuel enjeu de survie. Pour ce faire, ils mettront en oeuvre leur cohésion amicale le temps restreint de deux nuits blanches. 


Ainsi donc, à travers sa moisson de péripéties et rebondissements en pagaille, ses gags hilarants et ses instants de cocasserie émaillés de plages de tendresse, Serie noire pour une nuit blanche est d'autant mieux illuminé de la complémentarité sentimentale de Jeff Goldblum / Michelle Pfeiffer en voie d'étreinte amoureuse. Celui-ci endossant avec une sobriété nuancée le rôle d'un cadre à la fois introverti et taiseux auprès de son épouse infidèle, quand bien même son parcours tumultueux avec sa nouvelle compagne lui permettra de braver les dangers en faisant preuve de bagout audacieux et d'héroïsme toujours placide. Juvénile, sémillante et sexy, Michelle Pfeiffer se fond dans le corps d'une escort girl pour autant étonnamment loyale, solidaire et indulgente quant aux rapports précaires avec son partenaire timoré plongé dans l'univers insoupçonné de la pègre meurtrière. Si bien qu'il est étonnant de constater combien John Landis s'affranchit des interdits en injectant par intermittence à son intrigue pittoresque des scènes de violence tranchées en totale contradiction avec son climat décalé de douce folie. A l'instar de la vigoureuse panique finale dans l'aéroport, pur moment d'anthologie de par son action erratique où se disputent dans la cacophonie, flics, malfrats et héros à nouveau pris en otage.


Série noire pour deux nuits blanches
C'est donc une nouvelle fois un incroyable divertissement hybride que nous offre généreusement John Landis à travers cette comédie policière effrontée déployant une pléthore de situations débridées sous l'impulsion d'antagonistes extravagants en proie aux diamants verts d'un couple emporté par la fougue d'un conte de fée aussi bien pailleté que macabre. Un régal à revoir sans se lasser. 

10/10

*Bruno
3èx

lundi 2 septembre 2019

Puppet Master, The Littlest Reich. Grand Prix Gérardmer, 2019

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sonny Laguna et Tommy Wiklund. 2018. U.S.A. 1h29. Avec Thomas Lennon, Jenny Pellicer, Nelson Franklin, Charlyne Yi, Michael Pare

Sortie en VOD, U.S: 17 Août 2018

FILMOGRAPHIE: Sonny Laguna est un réalisateur et scénariste américain. 2018: Puppet Master: The Littlest Reich. 2015 We Are Monsters. 2012 Cabin of the Death. 2011 Blood Runs Cold. 2010 Madness (Video). Tommy Wiklund est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: Puppet Master: The Littlest Reich. 2015 We Are Monsters. 2012 Cabin of the Death. 2010 Madness (Video). 2006 Jag såg min bäste vän dö (Video).


12 è volet de la franchise créé par Full Moon, Puppet Master the littlest Reich s'apparente à un épisode lambda de la saga Vendredi 13 de par l'ossature de son pitch sans surprise, dénué d'enjeux dramatiques, ses situations aussi routinières qu'éculées et ses meurtres métronomes que le duo Sonny Laguna / Tommy Wiklund met en exergue sans passion. Et ce en dépit d'un cast convaincant d'autant bien dirigé et de la qualité des FX nanti de maquillages ultra gores. Seul véritable intérêt de cette franchise (ultra) mineure puisqu'elle ne se contente de nous divertir qu'à travers ses scènes chocs sardoniques souvent percutantes et inventives à défaut de nous immerger dans un huis-clos de tous les dangers dénué d'intensité dramatique et de rebondissements (en dépit de son épilogue bizarroïde avec l'intervention de Toulon). Quant à son inexplicable Grand Prix décerné à Gérardmer, il restera pour moi aussi injustifié que les surfaits Dream Lover, Patrick et Darkside, les contes de la nuit noir primés à Avoriaz, quand bien même sa facture téléfilmesque (épaulé d'un scope inutile !) renforce un peu plus le côté aseptique de l'entreprise.

*Bruno

vendredi 30 août 2019

Insomnia

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christopher Nolan. 2002. U.S.A. 1h58. Avec Al Pacino, Robin Williams, Hilary Swank, Maura Tierney, Martin Donovan, Paul Dooley, Nicky Katt.

Sortie salles France: 6 Novembre 2002. U.S: 24 Mai 2002

FILMOGRAPHIE: Christopher Nolan est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 30 Juillet 1970 à Londres en Angleterre. 1998: Following. 2000: Memento. 2002: Insomnia. 2005: Batman Begins. 2006: Le Prestige. 2008: The Dark Knight. 2010: Inception. 2012: The Dark Knight Rises. 2014: Interstellar.


Thriller implacable d'une intensité dramatique à la fois vertigineuse et bouleversante, Insomnia est le genre d'épreuve cinématographique à marquer d'une pierre blanche, à l'instar de ces modèles Seven et le Silence des Agneaux qu'on ne présente plus. Car nanti d'un scénario en béton explorant une confrontation cérébrale en acmé entre Al Pacino, en flic véreux désemparé (magnifique jeu d'acteur tout en sobriété viscérale !), et Robin Williams, en tueur perfide tirant les ficelles d'un odieux compromis criminel (un rôle à contre-emploi parvenant dès sa 1ère apparition à nous faire oublier  ses traditionnelles mimiques fringantes), Insomnia ne nous laisse aucun répit de par le magnétisme de son intrigue sournoise fertile en rebondissements. Tant et si bien que Christopher Nolan parvient à nous hypnotiser de la manière la plus vériste et immersive lorsqu'un flic et un tueur sont contraints de collaborer à la suite de leurs bévues criminelles où l'innocence en paya le lourd tribus. Ainsi, à travers les thèmes du simulacre et de la corruption, de la culpabilité et du remord, ce dernier dresse le douloureux portrait d'un flic désabusé, faute de ses actions préjudiciables d'avoir oser falsifier des preuves afin de faire condamner les pires criminels aux tendances pédophiles.


Tout le récit savamment structuré titillant au compte goutte les états d'âme de l'inspecteur Will Dormer en proie à une imparable insomnie depuis sa culpabilité d'avoir accidentellement causé la mort de son confrère lors d'une course-poursuite avec le tueur en plein brouillard. D'ailleurs, de par son climat à la fois hivernal et montagneux, Insomnia s'avère également un film d'ambiance crépusculaire comme on en voit trop peu dans le paysage du thriller hollywoodien. Si bien que Christopher Nolan maîtrise à la perfection ses cadres naturels (comme l'incroyable poursuite sur les rondins de bois !) auquel évolue ces protagonistes hantés par la disparition d'une adolescente battue à mort pour un mobile sentimental. Et si Insomnia s'avère aussi intense et psychologiquement éprouvant, il le doit autant à l'ampleur de sa progression narrative davantage substantielle que du témoignage avisé de la jeune inspectrice Ellie Burr fascinée par la notoriété exemplaire de Dormer mais davantage suspicieuse, et donc sur le qui-vive, quant à son éventuelle complicité meurtrière. La présence rassurante d'Hilary Swank en inspectrice novice cultivant peu à peu un climat d'amertume épris de gravité lors de son investigation personnelle à reconsidérer les faits relatés.


Une tragédie humaine
Grand moment de cinéma au sein du thriller noir d'une rigueur psychologique à la fois étouffante,  escarpée et bouleversante, Insomnia ne nous laisse pas indemne à travers sa vibrante réflexion sur la corruption humaine si bien que l'intégrité d'un homme se juge ici à la manière dont il défiera sa propre lâcheté. Un drame humain en somme, profond, puissant et inoubliable que le score fragile de David Julyan gradue avec une infinie mélancolie.

*Bruno
2èx

Récompense: London Film Critics Circle Awards 2003 : Réalisateur britannique de l'année pour Christopher Nolan

jeudi 29 août 2019

Witness

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Peter Weir. 1985. U.S.A. 1h52. Avec Harrison Ford, Kelly McGillis, Lukas Haas, Josef Sommer, Jan Rubes, Alexander Godunov, Danny Glover.

Sortie salles France: 22 Mai 1985. U.S: 8 Février 1985

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur australien, né le 21 Août 1944, à Sydney, Australie.
1974: Les Voitures qui ont mangé Paris. 1975: Pique-nique à Hanging Rock. 1977: La Dernière Vague. 1981: Gallipoli. 1982: l'Année de tous les Dangers. 1985: Witness. 1986: Mosquito Coast. 1989: Le Cercle des Poètes Disparus. 1990: Green Card. 1993: Etat Second. 1998: The Truman Show. 2003: Master and Commander. 2011: Les Chemins de la Liberté.


"Un flic qui en sait trop. Sa seule chance: un témoin de 8 ans qui en a vu trop."
Immense auteur d'origine australienne à la filmo irréprochable, Peter Weir surprend avec Witness si bien qu'il s'essaie au film de commande hollywoodien que David Cronenberg et John Badham refusèrent initialement. Et si on est loin de la qualité formelle et narrative de ses chefs-d'oeuvre naturalistes (les auteurisants La Dernière Vague / Picnic à Hanging Rock), Witness ne manque pas de densité à travers les composants de la romance et du thriller que le duo incandescent Harrison Ford / Kelly McGillis anime avec passion. Pour ce faire, Peter Weir leur fait confronter le choc des cultures à travers la communauté rigoriste des Amish qu'un flic est contraint de fréquenter depuis sa faction auprès d'un bambin malencontreusement témoin d'un meurtre crapuleux. Ainsi, alors qu'il se retrouve grièvement blessé lors d'une balle perdue, il est aimablement soigné et accueilli par l'hospitalité de Rachel, la mère du bambin, et le père de celle-ci, précisément psycho-rigide lorsqu'il s'agit d'honorer ses directives religieuses.


Au-delà de l'intensité de quelques scènes d'action remarquablement montées; principalement lors de son point d'orgue aussi tendu qu'haletant; Witness privilégie l'essence romantique d'une liaison impossible, faute d'une culture religieuse ultra conservatrice et de l'épreuve du deuil à considérer (l'époux de Rachel venant de trépasser en ouverture du récit). Imprégné de douce tendresse et d'ambiguïté à travers les non-dits et les regards fébriles désireux d'y croquer la pomme, Witness dégage un climat semi élégiaque autour du couple en émoi, et ce sous l'impulsion du score épuré de Maurice Jarre. Harrison Ford et Kally Mc Gillis insufflant une fragile expression humaine à travers leur complicité amoureuse si bien que l'on peut d'ailleurs évoquer le "coup de foudre" lorsqu'ils cèdent finalement à leurs étreintes frénétiques que Peter Weir filme toutefois avec beaucoup de pudeur et de mutisme dans les échanges de regard. Et donc, en y opposant la violence urbaine d'une société incivique avec la violence puritaine d'une secte religieuse, Peter Weir y façonne un mur entre ces 2 microcosmes, de par leur éthique infiniment contradictoire et leur refus de moindre concession si bien que l'amour n'aura pas lieu d'être. 


Bien que perfectible, moins réaliste que prévu (notamment auprès du meurtre dans les toilettes) et parfois un brin caricatural (la posture altière de certains tueurs ou celle autrement rigide de certains Amish), Witness explore le thriller romantique avec assez d'efficacité, d'intensité et d'intelligence pour y dénoncer les dommages collatéraux de la violence.

*Bruno
3èx

mercredi 28 août 2019

La Fiancée du Vampire

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine-songes.com

"House of dark Shadows" de Dan Curtis. 1970. U.S.A. 1h37. Avec Jonathan Frid, Grayson Hall, Kathryn Leigh Scott, Roger Davis, Nancy Barrett, John Karlen.

Sortie salles France: 11 Août 1971

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie). 1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


Estampillée Dan Curtis, une perle oubliée transpirant à chaque plan de son amour pour le Fantastique néo-gothique. 
Adaptation ciné de sa célèbre série TV Dark Shadows comprenant plus de 1000 épisodes de 1966 à 1971 (un record pour une série fantastique alors qu'elle reste inédite dans l'hexagone !), La Fiancée du Vampire demeure une excellente variation du mythe à travers un scénario aussi bien prosaïque que novateur, eu égard de la condition à contre-emploi du vampire dandy lassé de son existence éternelle. Ainsi, en y télescopant un gothisme archaïque avec un style contrairement moderne, de par le réalisme des séquences chocs parfois gores (signés Dick Smith, excusez du peu !), de sa direction narrative inopinément scientifique et de la posture contrariée des personnages beaucoup moins altiers que dans une prod Hammer, Dan Curtis, maître mésestimé du Fantastique (on lui doit tout de même le chef-d'oeuvre Trauma), redouble d'ambition formelle et d'idées retorses pour rendre grisante son récit de vampires transcendée du charisme strié des comédiens bourrus.


Tant et si bien que Dan Curtis ne laisse nulle répit au spectateur pour le divertir intelligemment sous le pilier de péripéties à répétition et de rebondissements inopinés (notamment auprès du sort de certaines victimes sacrifiées instauré lors de sa dernière partie rocambolesque). Ainsi, de par son ambiance flamboyante d'étrangeté gothique (épaulée, en bonne et due forme, d'une splendide photo rutilante) s'y extrait fréquemment des séquences de pure poésie. A l'instar de l'apparition d'une victime féminine affublée d'une robe blanche pour mieux aguicher son ancien amant ou faire perdre le contrôle de deux policiers en voiture. Et si l'épicentre narratif réexploite le concept académique du vampire féru d'amour pour sa future dulcinée (sosie de son ancêtre épouse), Dan Curtis s'avère constamment inspiré, inventif (notamment auprès de petits détails dépoussiérant les codes du genre, tel l'arme d'une arbalète ou encore la déambulation du garçonnet dans la piscine désaffectée et sa manière crédible de s'insurger contre le trépas) et maître des situations pour dépasser les convenances. D'ailleurs, dans le rôle du vampire insidieux en quête de rédemption et accompagné d'un pleutre domestique sentencieux, Jonathan Frid s'avère génialement magnétique à travers ses yeux noirs d'une posture patibulaire à contre-emploi du vampire snobinard.


Beaucoup trop méconnu et occulté, même auprès des fans du genre selon mon analyse personnelle, La Fiancée du Vampire réactualise efficacement le mythe du vampire gothique à travers une démarche moderne étonnamment payante quant à la vigueur de ces images d'une poésie baroque et la sobriété de son casting aux p'tits oignons constitué (pour la plupart) des mêmes acteurs de la célèbre série des années 60. Un excellent divertissement donc que le mésestimé (j'insiste !) Dan Curtis essuiera à nouveau dans une certaine indifférence publique et critique. 

*Bruno2èx

mardi 27 août 2019

Nimitz, retour vers l'Enfer

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Final Countdown" de Don Taylor. 1980. U.S.A. 1h43. Avec Kirk Douglas, Martin Sheen, Katharine Ross, James Farentino, Ron O'Neal, Charles Durning, Soon-Tek Oh.

Sortie salles France: 9 Juillet 1980

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Don Taylor est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 13 Décembre 1920 à Freeport, Pennsylvanie (Etats-Unis), décédé le 29 Décembre 1998 à Los Angeles (Californie). 1969: 5 hommes armés. 1971: Les Evadés de la Planète des Singes. 1973: Tom Sawyer. 1977: L'île du Docteur Moreau. 1978: Damien: la malédiction 2. 1980: Nimitz, retour vers l'enfer.


"Décembre 1980, le porte avions nucléaire Nimitz disparait dans le pacifique avec ses 6000 hommes pour réaparraitre en 1941 !" 

Même si j'avoue avoir une préférence pour son binôme Philadelphia Experiment (car beaucoup mieux rythmé, intense et surprenant à travers ses péripéties à répétition), Nimitz, retour vers l'enfer reste un bon divertissement en prime d'avoir été un beau souvenir d'ado grâce à son matraquage publicitaire juste avant sa sortie officielle. Tant et si bien qu'au-delà de m'avoir fait bougrement fantasmé à la radio lors d'une villégiature parentale, il cumule chez nous un joli succès commercial avec 1 026 152 entrées. Modeste série B d'anticipation prenant pour thème le voyage temporel, Nimitz relate l'étrange odyssée du porte-avion nucléaire USS Nimitz subitement transporté en 1941, la veille de l'attaque du Pearl Harbor par les japonais. Ainsi, après avoir repêché en mer un sénateur et sa secrétaire, puis kidnappé l'aviateur japonais responsable de leur naufrage, ils vont tenter d'empêcher l'attaque du Pearl Harbor en dépit de certaines voix discordantes.


Aussi minimaliste soit l'intrigue, car d'autant plus dénuée d'intensité et de suspense à travers ses enjeux humains, politiques et bellicistes, Nimitz, retour vers l'Enfer se suit sans ennui grâce au savoir-faire de l'habile artisan Don Taylor (on lui doit tout de même Les Evadés de la Planète des Singes, L'Ile du Dr Moreau et Damien, la Malédiction) prenant son temps à narrer son histoire sous le pilier d'un attachant casting (Kirk Douglas, Martin Sheen, Katharine Ross, James Farentino et Charles Durning s'avérant communément irréprochables à travers leur perplexité interrogative). Don Taylor s'efforçant de rendre le plus crédible possible son contexte improbable de par l'aspect documenté de sa réalisation au grand dam des effets-spéciaux clairsemés (un simple trou noir lors de 2 séquences crépusculaires). Ainsi, si la génération actuelle aura bien du mal à se passionner pour ce paradoxe temporel chiche en rebondissements cinglants (si on élude son empathique effet de surprise final), celle des années 80 s'y contentera à nouveau sans réserve avec une pointe de mélancolie.

*Bruno
3èx